Alors qu’ils s’endormaient l’un et l’autre dans le chaud rayon de soleil automnal qui baignait le perron, Clayton rompit le silence en apercevant du mouvement au bout de la rue principale.

-Hey, regarde...c’est Mako. Mako !
-Mrhm !? sursauta Jacob, en pleine digestion sur sa chaise.

La silhouette d’un petit cheval familier s’engageait vers eux, avec son cavalier qu’on avait pas vu dans le coin depuis belle lurette. Jacob redressa son chapeau, tombé sur son nez, et lui adressa un signe de la main. Toute la cendre de sa cigarette était tombée sur son jean pendant que le mégot restait collé à sa lèvre.

-...Rube Burrow  ! s’exclama Jacob qui avait immédiatement reconnu la viande saucissonnée sur les flancs de Numee. Déjà ?

Quelques jours auparavant, les shérifs avaient confiés à Makoyepuk Blackfoot la mission de neutraliser Rube Burrow. Le fugitif était formellement identifié comme le déserteur qui avait abattu un adolescent dans une gare après une partie de poker. La prime était favorable à une capture « vif » car Burrow devait être livré aux militaires afin qu’on dicte sa condamnation.
Alors que le chasseur de prime arrivait à leur hauteur, Jacob se leva prestement pour aller examiner la capture. Le pauvre salaud avait le visage en compote mais on reconnaissait encore ses cheveux blonds filasses et sa cicatrice sans équivoque.

-Toujours aussi plaisant de faire affaire, lança Jacob à Makoyepuk en le regardant jeter la carcasse sifflante en cellule. Il verrouilla la porte.

Quoi qu’il pouvait être impressionnant pour l’imogénois lambda, Jacob se laissait facilement impressionner par les chasseurs de prime. Ces citoyens ordinaires ayant choisi de traquer les têtes pour plus de fortune que de gloire avaient toujours l’air de vivre des vies plus excitantes. Makoyepuk en particulier, qui le dépassait d’une tête et de beaucoup de sagacité. De prime abord, Jacob l’aurait mis en cellule aussi, dans le doute. Mais Clayton semblait bien l’aimer. Aussi, Jacob sentait que le flou ethnique qui l’entourait mettait Makoyepuk à l’aise.    

Le chasseur de prime n’attendit pas davantage pour aller échanger des politesses avec Clayton sur le promontoire. Jacob en profita pour décrocher la dernière affiche concernant Rube qui décorait le bureau et rassembler la somme qui revenait au trappeur autochtone.

-250, 270 et 300…, recompta l’adjoint précautionneux en remettant à Makoyepuk une liasse de billets.

Un troupeau de moutons bêlant à tue-tête envahit toute la rue principale, guidé par deux cow-boy et leur chien. Les deux bergers saluèrent la petite équipe tandis ce que leur armée de bovidés grimpait ici et là sur les perron, encerclant Numee, sautant dans la fontaine et tentant d’entrer dans chaque établissement ouvert. Jacob souleva dans ses bras un gros mouton qui tentait une percée dans le bureau du shérif pour le remettre dans la rue.

-Je vais les suivre avant qu’on en retrouve cinquante dans l’église comme la semaine dernière, maugréa-t-il. Il posa une main sur l’épaule de Makoyepuk. Viens m’voir avant de partir, j’ai encore du travail pour toi si tu cherches.

Au bout de la rue, le pasteur commençait déjà à faire des signes paniqués dans leur direction. Jacob détacha Keanu pour l’engager au pas parmi les boules de laine récalcitrantes.

-Viens me voir à la cabane ce soir ! Clayton te dira où c’est ! Prend une canne à pêche ! cria-t-il pour que les bêlements ne couvrent pas sa voix. J’arrive, Pasteur Scott !

***

Le soleil couchant teignait les bords de son chapeau d’un bel orangé. Quand son partenaire du soir était arrivé sur son terrain avec son vieil âne, le gendarme hawaïen était accroupi dans ses choux. Lorsqu’il n’appliquait pas les lois du comté, Jacob essayait tant bien que mal de se faire un logis accueillant. Pendant un an, il avait retapé petit à petit son cabanon à front de lac et construit le ponton où Makoyepuk et lui se tenaient maintenant. La coque renversée d’une barque attendait d’être peinte devant la maisonnette aux fenêtres bleues. Deux poulettes gambadaient dans ses rangées de haricots ou perchées sur le fil à linge. Sa vaisselle était propre, sa maison aussi, le lit était fait et son cheval était bien dessellé dans son enclos.

Le moulinet de sa canne à pêche faisait un petit cric en déroulant la ligne. Jacob portait encore ses gants de jardinage.

« Non mais vous avez que ce mot à la b-merci » dit-il en prenant un peu de tabac. « Vous les chasseurs de prime » se reprit-il, « et combien ? Est ce que ça va payer- » il lécha le rebord de sa feuille à rouler « -cher ? » Il alluma l’embout très mal ficelé dans un brasier noirâtre. « Bon sang et votre sens du devoir dans tout ça ? » Ses yeux pleins de reproche tinrent encore le regard de Makoyepuk une seconde avant de devenir rieurs, et qu’il s’esclaffe.

L’idée d’imaginer un chasseur de prime avec le sens du devoir le faisait mourir de rire. Il lui donna une tape déplacée et amicale dans le dos. « Oui mon vieux, ça peut payer très cher même, ça peut t’acheter une maison si ça réussit. »

Il sortit de sa poche un gros grillon qu’il tendit à Makoyepuk en désignant sa canne à pêche du menton. Lui même en accrocha un au bout de sa ligne. Les grillons faisaient de bons appât, ils attiraient de meilleurs poissons, mais qu’ils étaient compliqués à attraper. Il avait passé des heures, en caleçon au beau milieu de la nuit, à leur courir après dans son jardin.

Le lac était magnifique à la tombée du soir. Jacob était rapidement tombé amoureux de cette étendue d’eau qui l’avait consolé du Mexique. Bien-sûr c’était incomparable à la mer mais il était heureux de vivre à nouveau près d’une étendue d’eau. Tous les soirs il fumait un petit cigare en contemplant le paysage, sur le perron de sa maison.

« Clayton veut pas en entendre parler mais j’crois qu’on a du grand banditisme à domicile » mâchonne-t-il sur sa vieille clope humide « du type de Jessie James si t’as le tableau. »

Sa ligne s’agite tout à coup et il fléchit aussitôt les genoux pour ne pas perdre sa ligne. A la surface de l’eau, de petits clapotis signalent la détresse de l’animal ferré. La crécelle de son moulinet le coupe dans ses explications. « Attend me déconcentre pas » prie-t-il à l’impassible Makoyepuk en menant une lutte contre ce qu’il devinait être une belle barbote jaune. Petit à petit, coup par coup, relâche après bataille, il remonte à lui le beau 600 grammes qui suffoque désespérément. Sourire aux lèvres, il l’agite devant Mako. « Encore une ! C’est fou le manque de diversité dans ces lacs ! Il y a que trois espèces ! » Enfin, peut-être quatre ou cinq mais pas plus.

Sans se dépêcher de rompre le suspense, il achève le poisson en lui éclatant la tête sur le ponton et le balance dans un seau posé derrière eux. Satisfait, il s’attire un tabouret et s’assoit tranquillement pour finir sa clope et assister à la première prise de son invité.

« Tourne les épaules comme ça de gauche à droite, faut que ta ligne remue un peu. » Il fumote en jalousant la carrure du chasseur de tête. « ...bref, j’ai besoin de parler à quelqu’un pour avoir le coeur net et en parler avec Clayton. En fait tu vois, je surveille des types. J’ai appris qu’ils se baladaient avec une fille indienne y a pas très longtemps. » Croyant voir la ligne se tendre, il se penche en avant. « C’que j’aimerais c’est discuter avec elle, savoir si elle va bien, peut-être lui poser quelques questions sur ses fréquentations et voilà. »

Jacob tenait ses informations de sources variées, qu’il recoupait avec la passion du détective. Que tout son petit troupeau d’irlandais disparaissent tout à coup quelques jours lui avait paru louche. Cette histoire de train, lue dans le journal, ne l’avait pas immédiatement amené à faire la connexion. En revanche, quand un informateur dont il avait le secret lui avait admis qu’on avait bien vu une petite autochtone parmi les bohémiens, son cerveau avait commencé à chauffer.

« Du coup j’ai demandé au type des diligences qui m’a informé que oui, un jour il avait bien amené une petite squaw à Imogen -c’est qu’on en voit pas souvent, tu m’excuse. A part toi et...ta fille. Bref il m’a dit qu’elle était arrivée de Silverstone et moi je pense qu’elle y est en ce moment. » N’était-ce pas de là-bas que le train était parti ?

« Moi je peux pas bouger d’ici pour le moment. Mais toi, des fois, tu vas à Silverstone. »

Il supposait aussi, un peu bêtement, que la gazelle allait préférer parler à Makoyepuk qu’à lui.
Son canif se déplia dans un petit clic et Jacob entreprit de vider son poisson, qui serait aussi leur repas. « Tu restes manger ? »

Le plan lui convient. Il y a longtemps qu’il n’a pas profité d’une soirée entre copains. Même si Makoyepuk est encore un inconnu, leur rendez-vous lui rappelle son grand frère, l’insatiable Kalani, que Dieu doit garder là-bas à Sacramento. Mais contrairement au blackfoot, ce gredin (qui lui manque, terriblement) est un excellent pêcheur, meilleur que Jacob. Les Kalawai’a ont ça dans le sang.

Abandonnant à son invité la tâche d’éventrer leur dîner, Jacob relance sa ligne.

« Je suis pas sûr... » maugréé-t-il entre ses dents. « A mon avis...ça sent la mafia. Tu sais ce que c’est ? La mafia irlandaise. Aucun de ces salopards ne me dis la vérité, ils se pointent pas au marché des trappeurs et...leur artisanat...est à chier... » Les genoux fléchis, il prend appui sur ses abducteurs rompus à l’exercice pour contrôler la prise. Du coude, il désigne à Makoyepuk la besace qu’il a réquisitionné à ce petit roquet de « Byrne ». Il range ses hameçons à l’intérieur, ceux qu’il fait lui-même avec des plumes de faisan. « De là, les routes autour de leur campement ont jamais été aussi dangereuses...enfin ils me prennent pour un con. »

Les bandidos parcouraient chaque Etat de ce continent et on ne pouvait pas s’étonner de la moindre attaque de diligence de nos jours. Toutefois, leur crépuscule avait été annoncé et la pinkerton veillait à leur mener la guerre, une guerre que Jacob partageait. Après tout, ce sont des sales types de ce genre qui l’ont poussés à renoncer à sa vie de sultan sur la plus belle île du monde.
Il remonte un autre poisson, identique, qu’il tue de la même manière avant de le jeter aux pieds de Makoyepuk.

« J’vais préparer le feu. On va s’éclater le bide. »

Sous les arbres, il récolte un peu de bois sec et s’en va en allumer le barbecue. Au bord de l’eau calme, il a disposé quelques bidons de métal. Il en prend un et dispose son petit bois dessus, méthode mexicaine. Armé de ses allumettes, il défie les éléments du vent et de la fraîcheur pour réussir à embraser enfin, à renfort de sa flasque de rhum, les petits branchages récalcitrants.

Bon hôte, il sert à son camarade autochtone une rasade d’une superbe liqueur qu’il a pioché dans le magot d’une bande de fraudeurs. « Ah mais tu bois pas, c’est ça ? » Il soupire. « C’est que tu connais pas le breuvage qu’on fait à la maison...ma femme, elle faisait ça avec du rhum en pressant un ananas, je pouvais boire ça jusqu’à m’évanouir. »
Même s’il ne l’a pas vu depuis une éternité, Jacob pense toujours à Iolani, sa première épouse. Il se demandait si elle avait trouvé quelqu'un d'autre ou si elle l'attendait encore. Ils se sont quittés si vite... Il a même baptisé une de ses poules préférées d'après elle.
« Tu sais que j’me suis marié, la première fois, j’étais encore un môme. Une fille...tellement jolie... il n'avait pas pu résister, les pieds dans le sable, à son sourire enjôleur, et elle...au début ça a pas été facile, mais trois gamins on a eu tous les deux. Mon petit Kai, la grande Akela et puis ma douce Soo que j’avais appelé comme ma mère. » Tandis ce que Makoyepuk s’occupe de cuire le poisson, il savoure un de ses éternels cigarillos en lui en propose même un. « Tiens - C’est à cause de bâtards comme ces putains d’irlandais que j’ai perdu ça. » Brutalement ouvert aux confidences, il s’assoit dans son hamac. « Tu sais pas c’que j’aurais donné pour avoir ma fille à la maison comme toi. C'était y a plus de quinze ans mais j'y pense encore. »

Inconscient des résonances que ses propos peuvent avoir chez un guerrier apatride de la trempe de Makoyepuk, il s’enfonce dans son manteau en expirant une fumée âcre.

« À mon avis, ces gars, ils sont derrière les attaques de diligences de l’année dernière. Et des cadavres qu’on a trouvé dans la crique. Ils ont l’air de rouler sur l’or ces salauds... »

Il n’a aucune preuve de ce qu’il avance, juste un sentiment pertinent alimenté par leur attitude louche. Leurs femmes se pavanent en ville, ils foutent le bordel au saloon, on les voit pas vraiment à la messe (il ne saisit pas bien la nuance du catholicisme). Surtout, leurs affaires ont l’air de carburer et pourtant, on leur a jamais acheté ne serait-ce qu’une paire de mocassins.

-C'est une saleté de gang.

L’adjoint émérite s’enfonce dans la toile suspendue, les pieds flottants au-dessus de l’herbe humide et la tête enfoncée dans son col. La perspective de remettre le cap sur la péninsule le fait sourire mais il a déjà renoncé depuis longtemps. Où qu’il soit allé, le paniolo vagabond a toujours trouvé son petit bonheur. Jacob a abandonné le projet de retrouver sa première famille quand il a pu en fonder une seconde. Bien-sûr, il lui arrive, quand il retape les murs de sa maisonnette, d’imaginer pouvoir loger tout son petit monde. A son âge toutefois, il n’imagine pas que Dieu lui redonne une chance de vieillir entouré des siens de cette manière.
“Ça fait trop d’temps” avance-t-il “...depuis j’en ai fais d’autres, avec ma petite Maria.” Particulièrement fier d’avoir contribué à la mise au monde d’autant d’enfants, il adresse un regard complice à Makoyepuk. “Cinq de plus, à Sacramento, avec ma petite femme. ’Enfin c’était encore un bordel celle-là.”

Les paroles de son ami (c’est acté) résonnent avec ses préoccupation. Effectivement, l’intendance du comté a bien peu de moyen pour lutter contre le crime. En dehors de sa propre contribution, les moyens de son enquête sont bien en-deça de ce qu’il lui faudrait. Une moue dubitative lui plisse la bouche. “Clayton est un bon gars” commente-t-il sans nier que son brave shérif est un frein à ses investigations. Seul, Jacob ne peut pas porter l’affaire à la Pinkerton.
Il se lève pour tourner un peu le poisson dont la chair commence à rosir. Un fumet appétissant s’élève de leurs prises, ainsi qu’une entêtante odeur de rhum.

“J’ai un peu merdé” confesse-t-il tout à coup, le regard dans les flammes. “Ce gars, Byrne...le petit brun, tu sais” il imite un instant la dégaine d’un Kilian O’Reilly en écartant les genoux comme un cobw boy. “On s’est battu un soir et j’lui ai peut-être bien pété la gueule.” L’anecdote, aussi inquiétante qu’elle soit, le fait pouffer. Il se rappelle de la surprise du petit fouille-merde quand il l’a envoyé au tapis à coup de tatane. Un crachat fuse de sa bouche et s’éclate au sol comme une comète. “Peut-être bien que je l’ai vraiment laissé moche ce soir-là.”
Sous des airs de faux-calme, Jacob est connu dans sa propre famille pour une impulsivité qui l’entraine aux devants des problèmes. Dans les bars où son frère le baladait, on l’avait déjà vu briser du plus gros que lui et sa présence, toute dissuasive, permettait à Kalani de négocier des contrats avec les vachers du coin sans craindre l’escroquerie.
“Enfin, c’est lui qu’avait commencé.”
A moins que ?

“Viens on rentre.” L’air du soir commence à fraîchir, il a le nez gelé. A Makoyepuk, il tend un des deux poissons brochés et attrape son verre pour l’accompagner vers sa petite demeure. La façade toute blanche est encore envahie de plantes grimpantes. Sur le rebord de la fenêtre, une tasse de café vide. D’un coup d’épaule, il pousse la porte qui résiste un peu mais fini par les inviter. Jacob ne vit que dans une seule pièce. Son lit est poussé dans un coin, près d’une petite table carrée et d’une chaise. Un coffre au pied de la couche contient tous ses vêtements et quelques effets. Son arme de service est posée sur une étagère. La cheminée chauffe encore, il jette seulement une bûche pour raviver ce feu-là.

“Qu’est ce que t’as besoin d’aller au clandé, toi ? Y a pleins de nanas à qui tu dois plaire.” Dans son cas personnel, trouver des copines n’a jamais été un souci et pas besoin de se ruiner. Kalani lui en voulait un peu pour ça. Quand il est arrivé à Imogen, il a flirté un peu avec la fille de son logeur, avant de trouver ce petit coin tranquille. Depuis, d’Anne à Myriam, il n’a qu’à lever la tête pour voir toutes les jolies pépées que le comté lui présente. “T’as pas quelqu’un à me présenter ? Je commence à m’faire vieux, je partagerai bien la maison avec une mignonne. A mon âge. Une petite loutre pour s’occuper de mes poules quand je suis pas là.” Il rit et rempli encore leurs verres. Même s’il sort une assiette à Makoyepuk, il commence pour sa part à manger sa poiscaille à même la brochette.

“D’ailleurs !” La bouche pleine, il fouille la poche de sa veste d’un air de chercher quelque chose. “J’ai trouvé ton truc” maugréé-t-il, en souvenir d’une après-midi fastidieuse à fouiller ensemble dans les archives de Clayton. Il extraie de son blouson un morceau de papier jauni et soigneusement plié. L’avis de recherche est ancien. Il l’a découvert dans le dernier endroit qu’ils n’avait pas exploré, une boîte qui puait la pisse derrière les cellules. D’une main, il déplie le feuillet et lit une annotation manuscrite laissée par le shérif à l'époque. “M. B, traqué les fugitifs dans la pinède, Moonstone Pond, laissé pour mort dans “un coffre à jouet”. Il souffle du nez et lui tend. “..., c’est ton truc ?”

Le temps a abîmé les portraits mais on déchiffre encore les deux noms et le prix. Une somme vraiment enviable pour un jeune chasseur de prime.

“C’est eux ton couple mixte ?”