CODAGE PAR AMATIS

Depuis son intégration au sein des Borden, Penelope s'était retrouvée bien plus entourée qu'elle ne l'a jamais été. Et pas uniquement à cause de son statut qui lui donnait une immunité non négligeable. Penny n'avait jamais vraiment eu d'amis, plongée dans une éternelle rébellion contre son destin de jument vendue au meilleur prix. Elle n'avait jamais connu l'empathie, la bonté et l'esprit de communauté, si cela ne touchait pas ses adorables petits frères. Les seuls gardiens de la once d'humanité dans le coeur de la blonde, qui se savait capable d'affection uniquement a cause de leurs existences. C'était de l'histoire ancienne, a partir du moment où elle a mit les pieds au sein du campement, elle s'était immédiatement sentie chez elle. Un sentiment qu'elle a adopté sans regret quand Cole lui a demandé sa main.

A l'époque, le gentil géant l'avait frappé de sa présence et son allure, mais c'est peu après son mariage qu'elle s'était rapproche de lui. Il était extrêmement facile pour elle de communiquer avec lui, était aussi souriant que d'une patience des glaciers, et semblait compatir a ses pauvres problèmes de petite fille riche alors qu'il avait eu une vie autrement plus difficile que la sienne, de façon purement objectif. Penny était capricieuse, mais pas stupide. Elle avait pourtant l'impression que le Baron appréciait sa compagnie. Sans qu'elle ne comprenne vraiment pourquoi ni comment, elle avait fini par le considérer comme son meilleur allié, son ami le plus proche et également son confident. Elle ignorait si il rapportait toutes ses paroles ah chef  -elle n'en aurait pas grand chose à faire- mais au moins jamais il ne la jugeait, lui manquait de respect, ni même au niveau de son intelligence. Et surtout, jamais il ne lui mentait ou la couvrait d'un paternalisme pseudo protecteur. Il était honnête et droit dans ses bottes. Jamais Penny n'avait eu la chance de croiser quelqu'un aussi comme lui dans sa vie d'avant.

C'est pour ça, qu'elle entre dans sa roulotte aujourd'hui comme quasiment tous les jours. Elle a son petit fauteuil, une petite table ou parfois elle apporte un thé et son livre, et il semble que c'est une petite routine à eux. Et parfois, comme aujourd'hui, elle tape ses petits talons avec colère et s'assit lourdement, son petit visage défiguré par ses sourcils froncés et sa moue boudeuse. Évidemment Tusitala le remarque -elle a tout fait pour- et elle s'enfonce dans le fauteuil avec humeur.

"I thought life will be different when I eloped from where I'm from. But I guess everything is the same everywhere I go."

Son talon cogne une paire de fois sur le sol de sa roulotte avant qu'elle ne se lève pour faire face au géant.

"Tell me my friend : is that true that matter what I do, what I try, who I am, never ever will men fear me ?!" Elle croise les bras. "that's moronic. I'll do whatever is in my reach for this family but you and Cole are the one who will be feared ?!" Elle laisse échapper un grognement de frustration en levant les yeux au ciel. Miss Penny a parfois du mal avec la réalité.

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Tusitala a toujours le sourire paisible, les yeux doux, et même un fond de tendresse dans le regard. Penelope ignore vraiment d’ou ça vient, ou ce qu’elle a fait pour mérité un tel traitement, mais elle se sent toujours incapable de faire subir son courroux à son grand ami. Il subit les foudres en passant au travers, elle serait bien incapable de lui en vouloir pour une quelconque raison. Le gentil géant s'éclipse, pour revenir avec thé et biscuits. Une toute autre personne, surtout quand elle est d’une humeur pareille, elle l’aurait probablement accusé l’inconscient de vouloir faire exploser ses corsets à essayer de l’engraisser. Mais non Tusitala ne recevra même pas un regard noir, elle le laissera s’asseoir a ses côtés alors qu’il essaye de lui expliquer la situation.

Penelope n’aime pas les leçons, bien qu’éduquée les percepteurs qui essayaient de lui enseigner les bonnes manières, le piano et la lecture lui ont toujours couru sur les nerfs. Mais depuis qu’elle est chez les Borden, elle a compris qu’elle manquait cruellement de leçon de vie. Particulièrement chez un homme qui a été aux ordres d’un homme comme son père - comme elle. Il est plus sage qu’elle, plus d’expérience, plus de bouteille. Et même une petite dame égocentrique arrive à le reconnaître. Elle l’écoute sans l’interrompre, confirmant ses doutes de petite dame fière.

“I can put on the work.” Fit-elle, ses petits doigts autour de la anse de sa tasse de thé. “You know… I never saw a dead body when I was living at my father’s. I never heard a gunshot, never believed the world would be so dangerous. But still, I think any criminals we bring alone are a much better person than my father even was. And corpses are not quite as scary and I thought it would be.”

Son petit doigt se lève avec élégance alors qu’elle porte son thé à ses lèvres. Ses grands yeux bruns semblent réfléchir.
“So… that’s all it takes. I can make them fear me, I just have to make them swallow their pride. Even if they won’t show it, I’ll make them soil their pants thinking about me.” Conclue-t-elle en posant son dos sur le dossier de sa chaise, souriant avec confiance. “I mean, how complicated would it be? Surely, not that much, right ? I already burnt a shop, married a fool -a very frightening fool- and I got you as my friend. Now it’s just me being clever. And I’m very clever.” Nouvelle gorgée de thé. Pas le moindre doute dans sa voix.

“It’s quite strange actually…” Fit-elle un peu songeuse. “...to think in another life, so many things would separate us. Having you being a slave, and not my friend… the same man that listen to me right here ? That’s nonsense. I’m glad I eloped. This world is insane.”

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Les compliments avaient rapidement plu dès qu’il a été clair pour les Borden que Cole avait mis le grappin sur Penelope. Elle se souvenait -pas vraiment nostalgique- du jour de leur mariage ou elle a été comblée d’attention et d’affection sur son charmant minois, ses grands yeux noirs, sa frimousse de petite souris, et probablement aussi de l'énorme toilette luxuriante qu’elle portait.  Sa beauté était visiblement un sujet d’accord commun au sein du gang, et c’était probablement pour ça qu’on l’avait gardé d’ailleurs -quitte à subir la fille de riche du coin, autant pas prendre la plus laide. Mais son intelligence, elle, trouvait rarement grâce aux yeux des gens. Sans se douter qu’elle était probablement entachée par les moult caprices qu’elle pouvait faire, Penelope s’en trouvait néanmoins quelque  peu outrée. La française était certaine que son cerveau était au moins aussi joli qu’elle. Même le chef ne pouvait pas remettre en question sa vivacité d’esprit et ses talents de déduction. Et pourtant, cela semblait passer éternellement au second plan.
Tusitala qui confirme son intelligence, en toute logique, a le don de lui arracher un franc sourire. Penelope était facile à satisfaire quand on la caressait dans le sens du poil. Chose que le Baron savait faire avec une facilité alarmante. Penny aurait pu se demander si c’était pas juste une tentative de la manipuler, mais même si sa mésaventure avec son mari lui avait fait les pieds à ce niveau-là, rien chez son ami semblait transpirer la même attitude. Le premier indice étant qu’il n’avait absolument rien a gagné de se mettre Penelope dans la poche : elle y était déjà dès qu’elle a échangé son sang avec Cole.

Elle grogne vaguement en sirotant son thé chaud quand il annonce tout de go que la seule raison qu’elle aurait de terrifié autrui, c’est à cause de la présence de deux hommes imposants dans son entourage. Et c'est d’autant plus frustrant pour la jeune fille quand elle sait que c’est parfaitement vrai. “Indeed.” Fait-elle avec morosité.

Cependant l’annonce d’une idée la fait tiquer. Outre les compliments qu’elle reçoit, elle offre les siens volontiers pour ses hommes et femmes qui sont avec elle dans cet univers étrange dans lequel il lui semble marcher sur des œufs de poule. Tusitala est d’une patience des glaciers, et l’estime forte qu’elle a pour lui n’est aucunement feinte. Et surtout, lui aussi est d’une intelligence redoutable. Il n’est pas uniquement un excellent contrebandier doublé d’une armoire à glace qui peut faire plier autrui d’un haussement de sourcil, si ce n’est pas d’un très vilain crochet du droit.

Alors quand il lui confit sur une opportunité pour asseoir son pouvoir, la jeune Penelope en manque de faire tomber sa petite tasse en porcelaine qu’elle s’empresse de reposer sur la petite table de fortune.
“Oh my ! Do tell me my friend !  What are we going to do ? Stealing? Blackmailing ? What about threatening ?! ” Son sourire est difficilement dissimulable, alors qu’elle se régale d’avance de travailler en tandem aux côtés d’un homme qu’elle admire bien plus qu’elle n’a jamais aimé son propre père. Il faut dire que jamais le Baron ne lèverait la main sur elle, lui.