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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Ding dong. Here I come to find you | ft. Arthur Maharaj
Irina N. Valanova
Irina N. Valanova
Since : 26/02/2021
Messages : 134
Name : Cendre
Faceclaim : Tilda Swinton
Crédits : behindfairytales (avatar)
DC : Fifi & Blair
Ding dong. Here I come to find you | ft. Arthur Maharaj 6cl0
Age : 25 ans officiellement | 56 ans officieusement
Statut : Veuve. À moins qu'elle ait oublié son mari quelque part ? Ou bien qu'elle n'ait jamais été mariée ?
Job : Princesse, arnaqueuse, terroriste, comédienne, acrobate, danseuse étoile, peintre. Bref, tout ce qui l'arrange.
Habitation : À Moonstone Pound, dans une petite tente de fortune.
Disponibilité : Disponible [3/3]
Jeu 16 Déc - 22:18


Ding dong. Here I come to find you

@Arthur Maharaj


Irina était une excellente dormeuse. À peine ses oreilles - son oreille - effleuraient-elles son oreiller - sa pile de vêtements - qu’elle plongeait dans un profond sommeil que nul n’aurait pu interrompre - sauf une fois, par Mae qui hurlait dans les oreilles de Matthias -. Le sommeil du juste, disait-elle lorsqu’on lui demandait si elle avait bien dormi. Car Irina ne se reprochait jamais rien et aucun cauchemar d’osait jamais peupler ses nuits. Elle leur aurait de toute façon plombé le cul à grand coup de carabine.
Et comme ses nuits étaient bonnes, ses matinées l’étaient aussi. Contrairement à certains membres du gang qui préféraient se couvrir les yeux pour échapper à la lumière du jour, la russe se levait dès que ses paupières frémissaient. Et quoi de mieux pour entamer la journée qu’un bon plongeon dans l’eau glacé du lac ? Cela lui rappelait les bains d’eau froide pour l’Épiphanie. Qu’est-ce qu’elle rigolait bien avec Feodor et Konstantin.

La slave était donc là, nue comme un ver, son nez faisant des bulles dans la vase. L’eau lui chatouillait la peau comme une multitude d’aiguilles, mais elle n’avait pas froid. À la surface, la brume nocturne ne s'était pas encore évacuée. Elle s'accrochait aux rochers et aux branches basses comme des cheveux de femme.

Ce n’était pas vraiment la mi-janvier, mais un peu de ferveur religieuse gratuite n’avait jamais fait de mal à personne.

« Au nom du Père ! »

Elle s’immergea entièrement. Le froid lui givra le cerveau. Elle ressortit en ouvrant grand la bouche. Son souffle chaud s’échappa d’entre ses lèvres.

« Du Fils ! »

Elle plongea à nouveau. Cette fois, l’eau se glissa dans sa tête et dans ses narines.

« Du Saint Esprit ! »

Elle se moucha dans la vase en claquant des dents. La troisième fois sera la dernière.

Irina frissonna toute entière de contentement, ses longs cheveux blonds - désormais d’une couleur étrange puisqu’ils étaient mouillés - devant les yeux, tandis qu’elle regagnait la berge en s’aidant de ses mains. Le monde entier était encore assourdi par le lac. Elle entreprit donc de sauter sur une jambe, la tête penchée sur le côte, pour vider son crâne des algues et des poissons qui s’y seraient glissés. Ses mèches glissèrent le long de sa tempe.
Sur ce monde tordu marchait une silhouette.

« Oh, bonjour Docteur ! »

Le nouvel amant de Mae glissa son regard sombre vers elle. Ses yeux s’écarquillèrent brièvement dans l’aube encore bleue de nuit. Puis, il accéléra le pas. Irina haussa les sourcils.

« Bah quoi ? C’est Mae qui vous a fait quelque chose ? » ricana-t-elle.

Sa voix tressautait tandis qu’elle continuait à faire du cloche pied. Sa chair n’était pas flasque, au contraire elle était sèche comme une vieille carne, mais cela n’empêcha pas les muscles de l’entièreté de son corps de rebondir à l’impact de son talon.

Mais loin de s’arrêter, le médecin enfouit toujours plus son visage dans son écharpe. Son petit trot s’allongea en longues foulées.

« Faut pas le prendre comme ça, dites ! C’était une blague ! Non mais quel humour, je vous jure. Ah, elle s’est débouchée ! L’autre maintenant. »

Elle changea de pied.

Dans l’ombre ténébreuse des pins, il se faufila entre les chevaux.
Tirés brutalement du sommeil par la nouvelle agitation, ils s’ébrouèrent en protestant.
Irina plissa des yeux pour voir le médecin grimper sur le seul cheval dont on avait oublié d’enlever la selle.

« Eh ! » protesta la slave. « C’est Irina ! Mais où est-ce que vous allez comme ça ? »

Ce très cher docteur Maharaj ne demanda pas son reste.
Il talonna cette pauvre Irina qui hennit, s’arcbouta et décampa dans un torrent de boue encore trempée de l’averse nocturne.
La révolutionnaire soupira, ramassa son colt abandonné entre les galets, visa et tira.

Le coup de feu terrifia la jument. L’anglais ne dut d’avoir sa tête encore sur les épaules que grâce à l’écart brutal et parfaitement inattendu (comme toujours) de sa monture. La balle ricocha contre une branche et vint se ficher avec un bruit mou dans l’écorce tendre d’un jeune if.

« Bon eh bien bonne journée j’imagine ! » cria-t-elle à sa suite tandis qu’il disparaissait entre les buissons.

Elle se débarrassa des algues qui lui collaient à la peau et dû même gratter à certains endroits. On séchait vite en plein courant d’air. Les brûlures qui léchaient encore sa peau oscillaient encore dans le rose vif et le banc. Ce n'était pas très joli à voir.
Ses gambettes nues la portèrent jusqu’au feu de camp qu’elle raviva de quelques bûches. Puis, elle entreprit de faire du café en sifflotant.

Quelques minutes plus tard, un froissement de toile lui indiqua qu’un autre brigand se levait. Décidément, on se réveillait de plus en plus tôt par ici.

John avait la mine encore froissée de sommeil. Une trace de couverture barrait sa joue broussailleuse d’une multitude de ridules. Il frotta ses yeux cernés de son pouce et de son index, espérant en chasser la fatigue. Son regard fatigué se posa sur elle une demie seconde avant de se détourner vivement, la main en bouclier.

« Jésus, » jura-t-il en voyant la nymphe. « Je m’y attends toujours et je suis quand même surpris. »

Il lui balança sa veste sur les épaules tandis qu’elle ricannait, le bec dans sa tasse. Son rire fit écho contre le métal rouillé comme une chanson dans un vieil orgue. Elle resserra ses longs doigts atour du cuir. Même si elle ne le disait pas, ses côtes s'entrechoquaient tandis qu'elle s'empêchait de trembler. Le manteau sentait le tabac froid et les bois.

« Princessa, » la salua-t-il en s’asseyant finalement à côté d’elle. « J’ai cru entendre des coups de feu… Saleté de rêves, hein ? Bien dormi ? »

Elle lui versa son café dans une des vieilles tasses émaillées abandonnées sur la table.

« Le sommeil du juste. »

John éclata d’un rire qui le fit tousser.

« Rah, » soupira-t-il. « Voilà des jours que je tousse gras. « T’aurais pas vu le doc dis moi ? Toujours à pioncer avec Mae ? »

La russe trempa ses lèvres dans le café fumant. Le liquide lui brûla la langue et elle grimaça.

« Nan. Il a pris un cheval et il s’est tiré. »

Le père de famille s’étrangla à son tour dans son noir.

« Ah, j’aurais dû te le dire avant. C’est archi chaud. »

Il cligna des yeux.

« Attends deux secondes. Il a pris un cheval. Et il s’est tiré ? »

Irina acquiesça.

« Ouaip. Tu avais pas entendu la première fois ? Peut-être qu’il devrait te regarder les oreilles aussi, non ? Il fait pas bon de vieillir hein ? »


Elle éclata de son rire monosyllabique, toute fière de son trait d’esprit.

« Et toi tu l’as vu faire ? Et tu n’as rien dit ? »

« Ah bah si. Je lui ai souhaité la bonne journée. »

Il pinça l’arrête de son nez entre deux doigts avant de fermer les yeux.

« Il sait où nous sommes. Et ce que nous avons fait. Et s’il allait tout raconter au shérif ? »

Elle balaya ses inquiétudes d’un revers de main.

« Il a pris Irina, » le rassura-t-elle. « Il va pas aller bien loin. Il se fera croquer par un lynx avant d’avoir faire un kilomètre. »

Mae lui en voudrait peut-être un peu, mais enfin. Elle se remettait vite.

« Tu devrais quand même aller le chercher. »


John et Irina se toisèrent en silence durant de longues secondes. Ce fut finalement elle qui leva les mains en signes de reddition.

« D’accord, d’accord, j’y vais ! » soupira-t-elle.

« Mets une jupe d’abord. »

Elle lui présenta son derrière blanc comme neige pour seule réponse.

Une fois vêtue, la révolutionnaire sortit de sa tente en resserrant sa ceinture.

« Je prends ton cheval du coup, » annonça-t-elle sans que cela ne soit une question.

John ouvrit la bouche pour protester, mais s’abstint finalement lorsqu’il vit la russe détacher les rênes et grimper sur le dos de… Elle ne se souvenait plus de son nom.

« Mort ou vif, hein ? » rigola-t-elle avant de s’élancer dans la forêt, laissant derrière elle le camp paisiblement endormi.

Sa mère - ou bien quelqu'un d'autre ? - si elle avait été là, lui aurait sûrement dit de se sécher les cheveux avant de partir à l'aventure si elle ne voulait pas attraper froid. Mais la russe n'avait qu'elle pour se préoccuper de son bien-être. Et cela n'était pas vraiment suffisant.

Le docteur Maharaj avait beau être intelligent, l’intelligence ne suffisait pas avec Irina. Son parcours hiératique laissait des empreintes à peu près de partout sur son passage. Une branche brisée par-ci, des traces de fer par là, de la terre remuée en veux-tu, en voilà.

La piste la mena au-delà des sentiers battus des Grey Hills. Les pins endormis oscillaient doucement sous le vent. La princesse leva le nez pour humer l’air. Ça sentait bon la sève. Le soleil qui se faisait de moins en moins timide éclairait le chemin couvert d'épines de taches lumineuses.

Du petit doigt, elle tenta de se déboucher son autre oreille qui gargouillait encore du lac.

« Docteuuuuur, » chantonna-t-elle. « Caché ou non, j’arrive ! Tu vas te déboucher oui ?! »



Irina N. Valanova
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Arthur Maharaj
Arthur Maharaj
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Lun 7 Mar - 19:27


Ding dong. Here I come to find you

@Irina N. Valanova

TW discours stigmatisant et discriminant à l'égard des personnes ayant des troubles de santé mentale



Arthur n’avait jamais eu un sommeil apaisé.

Ses premières angoisses nocturnes étaient arrivé avant qu’il n’ait dix ans. Il était encore tôt le matin (si tôt que le soleil n’était pas encore levé et que les mouettes dormaient, elles aussi,) quand il avait été réveillé par un poids sur son torse qui lui coupait le souffle. C’était le poids d’une petite fille et d’un petit garçon de son âge environs, assit sur son torse, tous deux habillés dans le style du siècle dernier. Arthur avait craint de ne plus jamais pouvoir respirer et de se noyer dans les jupons des deux enfants. La terreur l’avait empêché autant de réfléchir que de rouspéter (et certainement sa timidité, aussi). Ce qui avait duré moins d’une seconde avait semblé durer de longues minutes. Craignant qu’on le traite de fou, il avait gardé pour lui la rencontre. Pendant de longues années, il avait pensé sa chambre hantée.

Les enfants n’étaient plus jamais réapparus, mais les années avaient invité une silhouette sans visage qui guettait dans l’ombre, accaparant ce que l’imagination voulait bien faire des monstres dissimulés dans une chambre éclairée par la lune.

Les visites du croquemitaine n’étaient pas régulières. Parfois il disparaissait pendant plusieurs années, parfois le répit se comptait en heures. Les recherches n’indiquaient rien et les traitements n’aidaient pas puisqu’aucun mal n’était fait. Contre la terreur sourde, il n’y avait que l’anesthésie des sens. Finalement, il était plutôt simple de garder dans le secret ses rencontres avec le boogeyman.

Les angoisses n’étaient pas toujours motivées par un monstre sans identité. Parfois il n’y avait pas d’ombre pour les justifier, seulement les quatre coups de la vieille horloge du hall. Puis de l’université. Et celle du cabinet. À quatre heures du matin, chaque nuit, Arthur avait les yeux grands ouverts. Toujours suffisamment tôt pour entendre les quatre coups. Une mélodie qui le rendait fou tout autant qu’elle l’apaisait. Pour chaque pendule jeté, le médecin s'était toujours résolu à en acheter une nouvelle. Il n’y en avait pas dans sa chambre. Elle restait dans le couloir.


***


Au milieu de la pampa, il n’y avait pas de coup de pendule. Simplement le chant de la nature comme ultime repère quand le soleil dormait.

Arthur fixait d’un seul œil la toile de la tente au-dessus de sa tête. Il faisait nuit noire et ladite nature était relativement calme autour. Enfin, c'est ce qu’il pouvait en déduire puisqu’il n’y connaissait strictement rien tout ça. Les boy-scouts n’existaient pas encore alors à la place, comme tout enfant de bonne famille, il avait supporté les randonnées du dimanche après-midi et le camping confortable pendant les vacances d’été. C’était la toute l’étendue de ses connaissances en caravanage. Au-dessus de lui, un poids fit ployer la toile et après avoir testé sa résistance, la traversa en trottinant. Arthur imagina un écureuil insomniaque. Quand celui-ci l’abandonna (ce ne fut qu’une question de secondes), le médecin s’en retourna à ses angoisses de mort et d’abandon pour unique berceuse. Il était mort quelque part, et cela ne changeait pas la vie ailleurs.


***


Les corps nus ne l’intimidaient plus comme avant. Un corps sain n’était pas beau comme un corps malade pouvait être laid. C’était simplement un corps et le médecin ne voyait pas plus loin qu’une retranscription de la clinique d’un patient.

Et pourtant… pourtant la vision de la russe vêtue de la parure de sa naissance, se baignant dans l’eau glacée de l’immense lac de montagne, l’avait tout bonnement terrifié.

Alors peut-être que ce n’était pas tant son manque de vêtement qui lui avait glacé les os, mais plus simplement la personne qu’il n’était pas conseillé de croiser de si bon matin (voir jamais). Arthur avait en horreur Irina parce qu’il avait en horreur les fous. Il préférait soigner ce qu’il comprenait, ce qu’il voyait et entendait. Le reste lui faisait peur, comme le monstre pesant dans la nuit. Arthur n’aimait pas qu’ils soient si imprévisibles, si dangereux et bruyants, il n’aimait pas la compassion puante qu’il voulait leur offrir sans y parvenir. Oh, l’idée qu’ils puissent exister ne le dérangeait pas, tant qu’il ne les voyait pas. Arthur aussi les préféraient enfermés et loin de lui.


***


Arthur avait fini par abandonner le cheval quand celui-ci s’était éloigné pour la troisième fois d’un sentier afin de retourner sur un plateau qui n’offrait rien d’intéressant. Le médecin n’avait même pas pu voir ou les premières traces de civilisation (ah… la bonne blague) se trouvait. L'épaisseur des arbres recouvrait l'horizon. Les nuages se jetaient des rochers pour avaler un sol invisible. Il avait abandonné la bête sans un regard en arrière pour elle. C’était bien la première fois qu’il avait le mal des transports sur la terre ferme, et il fallait que cela soit sur un cheval. Comment était-il possible pour cette pauvre bête d’être incapable de marcher droit, mais d’être encore en vie ?

Les randonnées du dimanche ne ressemblaient pas à ça.

Le sol était glissant. Le chemin était serpentueux et maigre. Le flanc de la montagne ne laissait que peu d’imagination à la chute promise au premier geste maladroit. La poussière rendait la marche difficile, Arthur sentait ses semelles patiner et devait jouer de ses grands bras pour trouver son équilibre. Les rares arbres auxquels il aurait pu s’agripper assuraient une chute interminable et très douloureuse. Il essayait d’avancer vite, mais c’était particulièrement laborieux comme exercice. Les ronces avaient fini de réduire en charpie ses guenilles. Entre ses dents, Arthur insultait chaque créature ayant été créées par Dieu. Des plus intelligentes aux plus imbéciles. Les frères O’Reilly n’étaient pas en reste. Il se réconfortait en pensant à ses deux chats qui devaient bien être les seuls à l’attendre dans la ville de Silverstone. L’idée ne le fit pas aller plus vite.


***


Forcément, ce fut la voix de la russe qui raisonna dans le vide de la montagne. Un appel que le versant rendait à la fois proche et lointain. La mélodie était une comptine connue de tous les enfants. Le vent déformait les notes en les crachant aux nuages sous ses pieds. Arthur paniqua, se prit les pieds dans des racines et glissa de moins d’un mètre sur le chemin trop lisse et glissant de terre. Emporté par la gravité, il voulut se rattraper à l’arbre devant lui. Seul rempart contre le vide.

Ce fut évidement un échec.

Le médecin dégringola le flanc de la montagne en se prenant moult cailloux, tiges et branches au passage. Il bouffa plus de mousse et de terre qu’il n’en avait jamais mangé en toute une vie. Cela n’avait strictement rien à voir avec les roulades pour descendre les versants des collines. C’était bien moins agréable et beaucoup plus dangereux. Ses hurlements étaient entrecoupés par des pauses lorsqu’un coup particulièrement douloureux lui coupait le souffle. Au moins, c’était une façon comme une autre (quoique particulièrement efficace !) de fuir la menace O’Reilly.

Sauf que

Arthur déboula dans un nouveau sentier par le raccourci qu’il avait emprunté. Il percuta comme un boulet de canon la silhouette frêle qui s’affairait à regarder ses pieds (et lui mit très probablement un coup de coude dans le menton par inadvertance). Un cheval, occupé à brouter, releva à peine le museau pour les regarder tomber, avalés par encore des mètres et des mètres à rouler bouler comme des boules de pétanques en roue libre. C’était un grand flanc de montagne.


***


Toutes les bonnes choses ont une fin, leur chute aussi finalement. Il était miraculeux qu’aucun des deux ne se soit fracassé le crâne contre un rocher ou un arbre, ou ne se soit fait transpercer le ventre par une branche assassine. Les vêtements d’Arthur étaient en lambeaux et trahissaient en effet le miracle. Quelque part dans cette montagne, un heureux trappeur ou hibou trouverait une écharpe accrochée dans les filets d’un buisson (Arthur était passé à deux doigts de se faire étrangler). Des écorchures zébraient fraichement ses doigts et ses joues, rien de bien grave évidemment, mais tout de très désagréable. La paupière droite du médecin s’entrouvrait sur une orbite vide. Dans un réflexe idiot, Arthur se mit à tâtonner autour de lui, vérifiant qu’il avait bien ses deux jambes et ses deux pieds intacts en même temps qu’il se relevait. Il grogna de douleur, ce n’était pas la peine de se mettre à pleurer ici et maintenant. « Est-ce que tout va bien, je suis sincèrement déso-oh… c’est vous. » Arthur ne pensa même pas à dissimuler ce qui s’apparentait un peu trop à de la déception. Il ne retira pas pour autant la main tendue vers la blessée (par sa faute, mais tout de suite il se sentait beaucoup moins coupable). « Que faites-vous ici ? » Son ton était plus détaché que sec. Dans les cinq étapes du deuil à un karma positif, il arrivait tout doucement à l’acceptation. Arthur tenta de retirer de ses cheveux la mousse et les feuilles qui s’y accrochaient. « Enfin, quand je dis ici... pas ici ici. Mais perdue au fin fond de la montagne plutôt qu'à peler des pommes de terre devant le lac. »

Arthur Maharaj
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Irina N. Valanova
Irina N. Valanova
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Habitation : À Moonstone Pound, dans une petite tente de fortune.
Disponibilité : Disponible [3/3]
Mer 30 Mar - 22:14


Ding dong. Here I come to find you

@Arthur Maharaj


Irina connaissait les bois. Pas ces bois en particulier - même si elle avait assez vagabondé dans les Grey Hills - ; les bois en général.
Pourtant, elle ne reconnut pas l’objet non identifié qui fonçait vers elle à vive allure et ce si bien qu’il laissait derrière lui une importante traînée de poussière à flanc de montagne. La russe fronça les sourcils, plissa les yeux et regretta de ne pas avoir apporté ses jumelles.

« Un ours ? » se demanda-t-elle en croisant les bras, dubitative.

La traînée de poussière prenait en ampleur. Le bruit aussi.

« Une météorite ? »

Peut-être qu’elle pourrait lui donner son nom ?

Elle avait étudié ces histoires de cailloux qui tombaient du ciel avec Simon Pallas lors d’une expédition de Saint Petersbourg jusqu’à Stavropol, à l’époque. Une bien belle bande de bras cassés. Deux hivernages à Simbirsk avec trois étudiants, un taxidermiste et un dessinateur qui n’avaient jamais quitté le saint giron de la capitale impériale.
Simon avait toujours été plus féru de plantes que de roches galactiques, mais cela ne l’avait pas empêché de donner son nom à un groupement de météorites, découvert par un des étudiants. Au moins, ils avaient trouvé quelque chose. Pas comme cet imbécile de Gmelin qui n’avait pas vécu assez vieux pour donner son nom à quoique ce soit. Il n’avait pas voulu se joindre à eux et avait préféré une expédition parallèle pour leur faire compétition. Résultat, il avait fini capturé et Dieu seul savait quoi d’autre par les Ginoukhs. En tout cas, il n’était jamais revenu, lui.

Et si cette expédition lui avait appris quelque chose, c’était que les météorite ne parlaient pas. Or, l’objet non identifié déployait un volume sonore considérable à mesure qu’il se rapprochait. Quel dommage. Pas de nouveau métal rare appelé Valanovite.

« Ah, merde ! »

Le cri s’accompagna d’un rapide mouvement pour tenter d’échapper à l’ours (ou bien à la météorite), mais Irina ne fut pas assez leste.

Quoique cela la fut, elle fut percutée de plein fouet, découpée au niveau des jambes comme un tronc d’arbre par un bucheron. Elle bascula en avant et ne dut la survie de ses dents (qui n’eurent pas le temps de percuter les cailloux de la piste) qu’au mouvement descendant du boulet de canon qui l’entraîna le long de la pente.

Après cela, ce ne fut qu’une succession de « aïe ! » de « ouille ! » et de « blyad ! » alors que ses os et les parties molles de son corps entraient en contact avec tout un tas de choses qui jonchaient habituellement le sol des forêts : pierres, souches, racines et autres écureuils gras d’hiver et pas encore tout à fait sorti de leur hibernation. Dans quelques tentatives - plus hasardeuses que désespérées -, Irina tenta de s’accrocher à quelques branches à la seule force de ses ongles (elle ne récolta que quelques échardes) et bien en essayant de coincer ses pieds au petit bonheur la chance (en espérant que sa jambe de choisirait pas de vivre sa vie loin de son bassin). Malheureusement (ou bien heureusement) pour elle, rien ne parvint à ralentir sa chute si ce ne fut la gravité et quelques vingt mètres de pentes.

La slave finit donc sur le dos, la jupe relevée sur son visage, les cheveux en bataille et plus de humus dans la bouche que sur le tronc des arbres. Le souffle coupé, entre deux toussotements, elle riait de son rire haché. D’une main presque maladroite - à la manière d’une petite fille ne connaissant pas la finesse - elle dégageait les mèches folles tombant devant sa face.

Le petit ami de Mae lui faisait face, main tendue, oeil en moins et vêtements en lambeaux.

Elle ricana. La terre avalée creusait plus profondément les interstices entre ses dents jaunies par les mauvaises habitudes. Le ton presque badin du médecin alors qu’il avait roulé à flanc de montagne sur plus de trente mètres en réussissant l’exploit de ne perdre qu’un oeil était presque comique.

« Oh, monsieur Maharaj ! » s’exclama-t-elle en faisant mine de ne le reconnaître que maintenant. « Drôle d’endroit pour une rencontre ! Il faut sonner le majordome pour un peu de thé, ne croyez-vous pas ? »

La révolutionnaire avait délaissé son gros accent russe pour le troquer contre l’accent délicat et pincé des anglais. Une métamorphose aisée pour celle qui avait l’habitude de se glisser dans des dizaines de peaux différentes.

« Vous avez des techniques d’approches bien cavalières… Non pas que je m’en formalise ! Voyez-vous, je suis de celles qui préfèrent être surprises ! En tout cas, vous pouvez vous targuer d’être le seul qui m’est - littéralement - renversée à plus de cinquante kilomètres heures. Monsieur Maharaj, vous êtes un vrai chauffard ! »

Son rire monosyllabique avait été troqué contre un rire de circonstance - plus velouté, caché par une main que l’on voulait mutine, mais dont les ongles noircis et cassés trahissaient l’extraction -.

Le médecin lui présentait sa main, alors Irina la saisit pour se remettre d’aplomb.

« Oh, non ! » se lamenta-t-elle en remarquant la vilaine déchirure sur sa jupe. « Madame Prescott va m’assassiner ! Il s’agit de la gouvernante, » informa-t-elle Arthur comme s'il eut s'agit d'un aparté. « Elle ne cesse de repriser mes vêtements. Enfin, si papa parvient à marier Orson comme il faut, nous n’aurons plus besoin de nous soucier de ces choses-là… »

Vipère, la main d’Irina vint s’enrouler du poignet jusqu’au bras d’Arthur pour le tenir contre elle. Elle le tint juste assez fort pour lui faire mal.

« Une chance qu’il n’y ait personne dans les parages pour nous voir tous les deux, seuls… Imaginez le scandale ! »

Elle rapprocha son visage crasseux de la nuque tendre du médecin. Son souffle vint chatouiller le mou de son cou, juste derrière l’oreille.

« Plutôt que de peler des pommes de terre ? Oh, mais je vous cherchais, docteur Maharaj. Vous êtes parti sans autorisation. »

Son autre main vint appuyer le chien de son arme de le bas du dos du jeune homme. Clic. Elle sourit.

Puis, elle éloigna brusquement son visage.

« Fausser compagnie à Mae, tut-tut-tut ! » le gronda-t-elle en secouant la tête, jouant à la mère déçue par un vilain garnement. « Vous allez lui briser le coeur, docteur. Vous me brisez le mien, regardez ! »

Avec un « ugh » elle pressa sa main armée contre sa propre poitrine, le visage tordu en une expression de martyr. Après avoir fait mine de défaillir, elle pointa le pistolet devant elle et lui fit signer d’avancer.

« Maintenant, tu vas me faire le plaisir de prendre ton cul et de remonter jusqu’aux chevaux. Sinon, je t’assure que c’est l’autre oeil que je te fais sauter. Ça sera moins facile de prendre la poudre d’escampette comme ça ! »

Elle rigola à sa propre blague. Du menton, elle lui montra par où aller. Son accent de noblesse anglaise s’était étiolé.

« C’était comment avec Irina ? Une vraie plaie, non ? Ce cheval est im-po-ssible. Aller, en route. Je voudrais pas que Mae se réveille et vous voit pas là. Sinon, bonjour la crise de nerfs. Plutôt que les yeux, c’est des oreilles que vous voudrez vous débarrasser. Pouah ! »

Elle crachota une salive brune - pleine de terre - dans la boue avant de passer un ongle entre chacune de ses dents.

« J’en ai encore ? » demanda-t-elle en présentant sa dentition, puis sa langue tirée au médecin.



Irina N. Valanova
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