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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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A cada cerdo le llega su San Martín | FT NADIE
Benicio M. De la Fuente
Benicio M. De la Fuente
Since : 19/11/2021
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A cada cerdo le llega su San Martín | FT NADIE Appn
Age : 50 ans
Statut : Célibataire, mais vieux garçon lui va mieux
Job : Pasteur
Habitation : Imogen, dans le temple ou une petit bicoque située non loin
Disponibilité : Toujours
Jeu 17 Fév - 5:20
   
 
A cada cerdo le llega su San Martín
Le petit bureau de poste est bondé aujourd’hui. Il semblerait que le train de marchandise ait eu un jour de retard, alors les guichets sont pris d’assaut. Au milieu d’honnêtes citoyens pouilleusement habillés se traînent donc des trappeurs dont on ne voit pourtant jamais la gueule, foules d’inconnus plus dissipés et bruyants que la moyenne. En les observant se gausser, Benicio comprend pourquoi le bureau de poste a instauré des horaires spéciaux pour accueillir ce genre d’individus. Leur odeur, elle aussi, est à peine supportable.

Alors qu’il se couvre le nez d’un mouchoir blanc, une silhouette bien familière se glisse dans la foule. Le panier à la main, Nadie revient étrangement tôt des courses. Et cela n’est pas une bonne nouvelle.
Depuis quelques semaines maintenant, la poste délivre à une femme qui a retrouvé un nom les nouvelles d’une inconnue peu fréquentable. Avec le golden cat qui promet de rouvrir ses portes, les filles de mauvaises vies tournent autour d’Imogen comme des mouches attirées par une carcasse puante. Elle viennent pour rompre la paix des ménages - même le sien : les vieilles connaissances de Nadie ne sont pas vraiment fréquentables et n’ont que faire de tâcher de leur fange la réputation d’une femme mariée. Fier opposant de ce régime lubrique, le bon pasteur ne saurait tolérer de telles retrouvailles. Il avait donc pris la décision de cacher le courrier de Nadie.
Mais la bonne Tace - si mal nommée - n’avait pas voulu lâcher l’affaire. Elle s’était acharnée, cherchant encore et toujours à obtenir des nouvelles visiblement laissées en suspens depuis leur dernière rencontre. Qu’est-ce que Nadie avait bien pu lui dire ? Cette information, il la lui arracherait durant un rendez-vous dont il avait convenu avec elle, forgeant une réponse en se faisant passer pour son épouse. Il attendait donc la confirmation de sa venue, renfermée dans ce télégraphe.

Tu arrives tôt, tu as déjà fini ? Je croyais qu’on devait se retrouver dehors. “ Avant d’avoir sa réponse, la foule avance d’un pas. C’est déjà à son tour - pas le temps de reculer ni d’improviser. Il fera de son mieux pour ne pas se trahir.
L’agent de poste lui tend quelques lettres et finit, comme pour l’achever, par un télégramme. — Celui-ci est adressé à mada-
Oui - oui je sais. “ Il n’aime pas couper la parole, mais avec la petite brune à ses côtés, il préfère ne pas laisser l’employer poursuivre. “ Merci. “ Une fois le petit morceau de papier prestement récupéré des mains qui le lui tendait, il enterre le billet sous les autres enveloppes qu’il tient, comme un as qu’on voudrait cacher à la vue d’un adversaire trop curieux. “ Allé, profitons en pour rentrer tôt.
Avec plus d’entrain qu’il ne le faut, il quitte la pièce en esquivant les corps et les peaux. L’air frais qui l’accueille au dehors lui redonne l’aplomb dont il pensait manquer. Il inspire un grand coup, les bottes dans la boue, se redressant de toute sa hauteur pour regagner un peu de prestance.

Confiant, il se tourne vers Nadie, curieux de voir si elle a percé son petit jeu à jour. — Tu as l’air tendue, ça va ?

:copyright: Laueee

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Benicio M. De la Fuente
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Nadie
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Age : 36 ans
Statut : épouse du pasteur d'Imogen
Job : paroissienne dévolue
Habitation : proche de l'église d'Imogen
Disponibilité : Toujours disponible
Lun 21 Fév - 6:50


A cada cerdo le llega su San Martìn

@Benicio M. De la Fuente

La remarque vite interrompue du guichetier n’a pas échappé à Nadie. Pas assez courageuse pour faire un scandale, elle ouvre une bouche ébahie de stupeur et se renfrogne en lui emboîtant le pas. La jeune mariée se fraie dans le sillon du grand complet noir de son pasteur pour échapper à la foule odorante. Comme dans la vie, il lui évite coups d’épaules et batailles inutiles. Mais à l’instant où elle met le nez dehors, c’est à nouveau sa méchante assurance qui la saisit. « Discuter » avec Benicio n’est pas exactement ce qu’on s’imagine. En tout cas, pour Nadie, c’est comme jouer aux dames avec le diable.

« Je vais bien » assure-t-elle d’une voix calme. Sa figure digne a toujours bien dissimulé la tempête sous son crâne. « Tu me liras ma lettre ? » demande-t-elle en figeant instantanément ses yeux noirs de colère dans ceux de l’espagnol.

S’ils sont contraints aujourd’hui de supporter les pestilences des trappeurs peu hygiénistes qui s’entassent à cet horaire dans le bureau de poste, c’est parce que Nadie n’a pas été récupérer leur correspondance la veille comme chaque mardi. Prétextant avoir dû s’occuper de cette vieille Mrs Fowl, victime d’un souffle au cœur ou quelque chose comme ça, elle avait malencontreusement évité de s’acquérir de cette corvée pourtant inscrite au planning. « Elle allait mal » avait-elle expliqué en rentrant les mains vides. Quoi qu’il en soit, grâce à ce stratagème, Benicio avait dû se rendre à la poste le lendemain pour recevoir son télégramme, jour même où Nadie fait le marché à deux pas du bureau de poste.
Tout d’abord il y a eu la vieille, et puis la journaliste et pour finir cette gentille éducatrice qui semble aussi s’être égarée loin de sa tribu. Une farandole de femmes lettrées qui semblaient envoyées par les ancêtres pour l’avertir. Kathleen avait dit que c’était étrange, qu’elle devrait clarifier la situation. C’était une dame de confiance.
Depuis que « Ruby » avait un nom et que les villageois connaissaient sa petite réputation, la jeune épouse reçoit de nouveaux droits. On lui demande de signer des papiers, d’attester de certaines choses et on lui adresse aussi du courrier. Qu’elle ne peut, malheureusement, pas lire elle-même.

La rue est bondée. Les moutons traversent l’étreinte, guidés par un berger qui ne compte pas son temps. Les étals du marché débordent sur le passage, la voix de Nadie peine à couvrir celles des fermiers venus s’échanger des herbes et monnayer une part de gibier. L’adjoint du shérif semble maîtriser sommairement cette situation familière qui bouscule tous les jeudi la quiétude de la petite bourgade.
« Je pense que Tace m’a écrit, tu peux me lire ma lettre à la maison ? »  
Cette phrase, sortie presque sans un accrochage, est de toute évidence préparée.
Sa robe entièrement grise redonne de la rigueur à sa silhouette, mais ses mèches d’enfant perdu balayent sauvagement ses yeux. L’impassibilité de ses traits peine à ne pas trahir son amertume. L’enquête qu’elle mène contre son propre mari touche à son point culminant.

La puanteur semble moins l’atteindre que Benicio, sinon qu’elle grimace en dépassant les présentoirs des trappeurs qui sentent les entrailles et le sang. Pour suivre le pasteur dans l’avenue, elle doit presser le pas.

Lorsqu’elle a compris que son esposo n’avait aucune intention de lui enseigner la lecture, Nadie a ressenti pour la première fois une terrible blessure d’orgueil. A vrai dire ça n’était pas exactement la première : il lui avait déjà parlé de ses parents, en Espagne, qui n’apprendraient jamais son existence pour des raisons insultantes. Le courrier, c’était encore autre chose. Qu’elle le veuille ou non, Benicio était son relai au monde et sans lui elle n’était toujours « personne ». Il lui volait ce qui lui revenait de droit, son rang, gagné par le nom. Ses lettres adressées à elle.
Toutefois, à focaliser sur ces lettres, Nadie n’en était pas plus aguerrie. Affronter Benicio, au fight ou par la discussion, le confronter à ses petites frauduleries, ce n’était pas possible. Il la tuerait.

Si elle découvrait qui lui écrit, qui se souciait d’elle, elle saurait enfin qui sont ses premiers alliés. Tace est un nom du passé qui lui rappelle une putain avec qui elle a vécu plusieurs mois au bord de la rivière, à l’époque où le bordel l’employait comme bonne à tout faire. Une espagnole elle aussi tiens, qui lui avait montré des ricochets et partageait ses écureuils. Une fille gentille, une pas bête, qui écrivait pas mal de chansons. Elle avait même une guitare. A coup sûr, elle vit encore dans le coin et elle connaît assez de monde pour entendre parler de sa vieille copine indienne et de son mariage bigarré.

« Je connais Tace, on a...habitait ensemble » déroule-t-elle toujours l’air de rien « attend je prend du navet... »

Ces femmes attentives qu’elle rencontre, qui l’avertissent, elles sentent sa peur. La plupart des épouses sont familières de la peur de leur mari à cette époque, à cause de ce qu’ils font ou à cause de ce qu’il sont. Aucune d’elle n’imagine toutefois à quel point Nadie a peur de Benicio. Quand il se contrarie, elle voudrait mieux partager la caverne d’un gros ours brun. Il ne la bat pourtant pas tellement, mais son venin est bien plus éprouvant.

Les bras encombrés de son panier rempli (les commerçants sont sympas avec elle, les habitants de proximité la traite déjà en épouse de notable), elle s’engage avec lui vers l’église où une horde de paroissiens attendent le jeune pasteur de pied ferme. Le radicalisme de ses derniers serments en inspirent quelques uns à prendre les choses en main pour qu’Imogen reste une ville honorable.

« Donne le courrier, l’institutrice a dit qu’elle peut venir me lire mes lettres si tu es occupé. »

La main tendue, elle l’attend. Il n’y aucune malice dans son regard, que la stoïcité d’une jeune guerrière mentalement préparée.
Ce qu’il lui vole, ce dont il a décortique quand il pique ses colères ou qu’il la sermonne avec mépris, c’est sa beauté. Au sens plus large qu’une chevelure ou un désir capricieux, Benicio parvient à insinuer dans son esprit les pattes velues d’une honte très catholique. Pour se changer le soir, elle se cache de son regard, saisie d’une pudeur qui ne lui ressemble pas. La passion est devenu un acte de soumission, loin de son indomptable nature. Les mots qu’ils lui jettent font plus mal que les claques. Quand elle pense à son passé, elle sent une gêne. Elle questionne ses choix, sa moralité, elle perd sa force à cause de son esprit embrouillé. Sa rage de vivre se délite dans cette maison étroite.

Le boucher hèle Benicio en agitant le bras, le tablier tout tâché de sang frais. Il y a encore du grabuge à cause du troupeau mais les garçons sont déjà là pour réinstaller le mobilier de l’église.

Le temps suspendu, Nadie regarde Benicio, consciente que la lettre qu’il tient est la cinquième. Cette bohémienne de Tace s’accroche, l’institutrice lui a appris à reconnaître les lettrages de son nom et les formes arrondies de son écriture. Or, si Tace insiste tant, c’est bien que quelqu’un lui répond.

« Tout va bien ? » demande Person, le boucher, appuyé par le regard de son junior et du quincailler.
Nadie
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Benicio M. De la Fuente
Benicio M. De la Fuente
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Lun 21 Fév - 22:20
A cada cerdo le llega su San Martín
Le regard qu’elle pose sur lui le glace un instant. Elle aussi sait jouer - elle espionne, elle fomente, suivant l’exemple qu’il lui donne. Enfin, sûrement qu’elle en a berné d’autres comme ça. En tout cas, Benicio ne s’attendait pas à ce qu’elle se rebiffe en pleine rue.
Hein ? De quoi tu parles ? “ Il fait l’idiot, véritablement surpris par ce revirement d’émotion qui se lit sur le visage de Nadie. Elle a les yeux noir, elle aussi, sans lumière quand la colère les voilent. Son regard l'effraie, elle arrive même à lui faire tourner la tête. Un vague souvenir lui revient, celui d’une route trop longue, d’un homme qui le fixait, et d’une tombe jamais creusée. Parfois, il lui semble que sa petite femme est possédée.

Mais après la peur vient la vexation. Il la suit d’abord comme son ombre, puis, comme une vague menace qui la surplombe. Pris au piège dans la foule, il se sent plus à l’étroit qu’entre les quatres murs de sa maison - là-bas, il a tous les droits, et sur elle, plus d’empires encore. Même s’il aimerait l’y traîner par le col, avec tous les curieux qui les entourent, il préfère mâcher sa colère le temps de la route. Il se veut silencieux, discret, mais il irradie de frustration, trop droit dans son manteau épais, lui qui est si souvent penché.
Ah, merveilleux, merveilleux… “ Il écoute à peine ce qu’elle lui dit, de peur qu’elle ne le fasse enfin exploser par la remarque de trop.

Il la suit de plus en plus près, jusqu'à ce qu’enfin, elle se retourne pour lui faire face, le stoppant net comme David avec sa fronde. Son insistance l’irrite et la main qu’elle tend est une insulte de plus à l’égo du pasteur qui peine à ne pas grimacer. Le silence dans lequel se fait cet affrontement est glaçant. Aucun des deux camps ne semble vouloir céder, mais l’un se bat avec peut-être plus de grâce que l’autre.

Benicio se penche enfin. Prêt à cracher son venin. Entre alors Person, son fils et le quincailler ( Benicio ne les avait même pas remarqué ).
Il se redresse immédiatement, affichant un sourire candide qui creuse des sillons dans ses joues tombantes. — Pardon, je ne vous ai pas entendu arriver - oui, oui, tout va bien, c’est juste qu’avec la barrière de la langue, vous savez, nous étions en train de - attendez un instant. ” Il se tourne de nouveau vers Ruby. “ Je te donnerais la monnaie des courses une fois rentré, promis “ Retour sur le trio. “Eh bien, on dirait que les animaux sont plus pieux que certains… “ Il regarde au loin un troupeau de moutons fraîchement virés du temple. Les bêtes soutiennent son regard avec la même audace que la mendiante dont il baisse doucement la main. “Vos garçons en ont encore pour longtemps ? “ A croire que le diable lui interdit l’entrée de sa maison. Il voudrait être au calme, loin du monde. Elle s’en sort encore une fois trop bien.
Le temps de tout remettre en ordre ? Oh…Euh…. ” Le fils, plus rapide, chuchote tout bas presque seulement pour l’oreille de Nadie “ vingt minutes.[/i] “
Superbe, merci ! ” Benicio n’écoute pas vraiment. Il se tourne plutôt vers sa compagne, lui jetant un regard insistant pour qu’elle soutienne le mensonge à venir. “ Bon, au moins, cela tombe bien, il fallait que nous rendions visite à Madame Levesque. Cela nous laisse tout le temps de -
— [b]C’est bien la dame qui vit à l’entrée de la ville ?
” S’enquit le quincailler. Personne n’ose acquiescer. Tout le monde en ville sait que monsieur Rogers et madame Levesque sont plus proches l’un de l’autre qu’ils ne le sont de leurs époux respectifs.
Vous savez, vous pouvez aller déposer vos courses chez vous, les bestiaux ne sont rentrés que dans le temple. ” Le boucher insiste poliment.
Pas de réponse. Benicio n’offre qu’un sourire figé et trop poli à son interlocuteur. Il est à bout, mais heureusement, il peut jouer des barrières de la langue. Ils se diront qu’il est simplement bête et Espagnol, comme sa femme est illitrée et nehiyaw. “ A tout à l’heure, donc.” Personne ne demande son dû quand le pasteur s’éclipse, poussant sa petite épouse avec une main qu’il colle entre ses omoplates.

Alors qu’ils s’éloignent, il se penche un peu au-dessus de son épaule. — Dis moi : est-ce que si nous n’étions pas en pleine rue, tu aurais eu le cran de me réclamer ton courrier ?” Derrière eux, la vie du marché ne leur parvient plus qu’en échos. La route s’étend devant eux et les badauds disparaissent petit à petit, virevoltant seulement autour des étales de viande, comme le font les vautours.
Ce n’est pas la peine de demander des nouvelles de ton amie, je lui ai dit que tu ne souhaitais plus la voir.” Il continue d’avancer, cherchant des yeux une ruelle qui pourrait les mettre à l'abri des curieux. “ Tu crois que je me suis battu tout ce temps contre la réouverture du lupanar pour que tu ailles renouer avec ses putains ? Et en plus tu me fais une scène en public…” Il la pousse sans sommation entre deux maisons.
L’impasse est remplie de caisse de bois, restes des cargaisons trop lourdes qui attendent qu’on viennent les récupérer. “ Tu avais quelque chose d’important à lui dire, peut-être ?

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Nadie
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Mar 22 Fév - 0:58


A cada cerdo le llega su San Martìn

@Benicio M. De la Fuente

Alors qu’elle tente de freiner la cadence précipitée du golem dans la rue, sa ténacité s’asphyxie. Par-dessus son épaule, elle tente de se défendre dans des bredouillements de contestation. Le stratagème s'est effondré sur lui-même, elle n’en croit pas ses oreilles.
« C’est pas, non, ne, c’est pas la peine, je » il ne la laisse pas en placer une complète. « D’accord mais, attend ! »
Poussée sans précaution dans l’impasse encombrée, Nadie se cogne au premier gros caisson entreposé-là et renverse les navets. Sa tête évite de quelques pouces le crochet rouillé d’un clou découvert dans une latte de bois. Saisie par ce règlement de compte qu’elle espérait justement éviter, elle ouvre des yeux de lapin pris dans les phares de la cavalerie. Même si elle n’a pas perdu l’équilibre, la distance qui les sépare est le témoin de la force avec laquelle il l’a projeté.
Les genoux cotonneux, elle s’arme de bravoure pour affronter l’ouragan qui s’en vient.

« Non, non, j’ai rien de spécial » souffle-t-elle en essayant vainement de contourner les navets et Benicio pour ne pas tourner le dos à la ruelle. « je pensais juste que... » En se collant au muret, elle se cramponne à l’anse du panier. « ...tu répondrais après m’avoir lu...enfin...tu me lirais mes... »

Devant la vieille, Nadie ne faisait pas autant de manière pour exprimer sa rage envers le mari cachottier. Un coup de poing sur la table à manger avait fait trembler les couverts dans leur tiroir quand elle avait vu la quatrième lettre, signée du même lettrage. « Il répond quoi ? Pourquoi elle parle de pas venir avant la foire ? » ses tourments prenaient la forme de dizaines de questions qui tournaient au-dessus de sa tête comme un meurtre de corbeaux.

Son courage se noie dans une flaque de boue, derrière le cabas et sa petite ombre chétive. En tendant le cou, elle essaie d’apercevoir un passant du hasard derrière l’espagnol furieux. Hélàs, tout Imogen s’agglutine dans l’allée principale. Pour l’empêcher de s’approcher, elle soulève le panier débordant devant sa poitrine comme un bouclier.

« C’est la fille...l’institutrice...elle m’a dit que tu cachais quelque...que tu agissais bizarre-ment. » Même s’il est injuste de mêler cette pauvre Kathleen Kierney à leur drame, rejeter la faute sur quelqu’un d’autre est une échappatoire qui ne se refuse pas. Nadie est incapable de lever le ton quand elle sait de quoi il est capable. « elle veut juste m’aider... »

Le soir, ses questionnements s’évanouissent comme elle, la tête sur l’oreiller. Il arrive que l’épuisement la cogne tellement brutalement qu’elle en perd pratiquement connaissance en se déshabillant ou en grimpant sur le lit. Au matin, elle a encore le cerveau tout embrumé d’un sommeil de plomb et Benicio doit la pousser hors de la maison, comme il la couche. Pendant la journée, il lui arrive de perdre la notion du temps ou d'oublier comment elle s'est rendu quelque part.

Par œillade furtive, elle surprend son regard furibond et fixe aussitôt la pointe de ses chaussures. Le panier est arraché, elle s’y accroche un peu avant de le laisser se retirer du débat. Par automatisme, elle cache sa figure derrière ses mains libérées, redoutant la gifle et surtout l’escalade. Il n’a même pas formulé une seule excuse, un seul mensonge qu’elle aurait pu habilement découdre, point par point, jusqu'à une vérité qui le soulagerait. A présent, elle ne quémande que sa clémence en se faisant plus petite encore dans son ombre.

« Je veux juste recevoir de mon courrier comme toi, comme Kathleen, comme les gens. Je savais pas que elle était p..., je l’a connu juste quand elle faisait de la guitare d’Espagne. » L’aversion de Benicio pour les prostituées ne déroge pas totalement avec sa propre interprétation du problème. Malgré cela, c’est le monde dont elle vient. Il lui blâme tellement les oreilles avec le bordel et ses putains qu’elle s’en demande s’il n’a pas peur, lui, de recroiser quelqu’un. Elle arrive à avoir honte d’épisodes de son passé qu’il ignore, où sexualité et survie formait un drôle de cortège. La paranoïa l'empêche de raisonner jusqu'au bout.
« Te fâche pas, te fâche pas, on peut nous voir... » murmure-t-elle en se renfonçant dans l’angle. "S'il te plaît, mon cœur, calme toi, Benicio..."

Les sabots de deux percherons claquent le chemin boueux à l’approche d’une diligence. Un aboiement la fait sursauter.

« Pardon, d’accord ? Pardon. » S'il y a un dieu, elle lui adresse toutes ses prières pour que la conversation n'aille pas plus loin. Nadie regarde vers la rue, alerte. « Je sais que tu fais comme il faut faire. »


Nadie
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Benicio M. De la Fuente
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Mar 22 Fév - 2:17
   
 
A cada cerdo le llega su San Martín

Quoi ?! “ Pendant qu’elle balbutie, il affûte ses crocs. Ses suppliques n’y font rien, il voit rouge. Par même ses mots doux ne l’atteignent, dans sa bouche ils sonnent si faux. Elle ne sait pas se tenir, elle ne sait pas ce qui est bon pour elle. Pour eux. Pour lui. Et il ne la laissera pas tout gâcher.
Le nom de Kathleen, bien trop répété, achève l’humeur du pasteur qui déjà lève la main. Il va la frapper, il le sait, et fort. Il en a envie - et elle fait tout pour, non ? - alors à quoi bon se retenir ? Ce sont les larmes de trop pour la pauvre Nadie qui ne sait plus utiliser ses propres armes : en chouinant et en jouant aux martyrs, elle s’est condamnée. Trop d’honnêteté l’a ruiné - mais ça, Benicio se passera bien de lui faire savoir.

Heureusement, la carriole qui approche la sauve de son poing. Mais elle n’est pas encore tout à fait sauvée : la main qu’il étale contre ses lèvres, il la serre autour de sa mâchoire, quitte à lui bleuir les joues. Plaqué avec elle contre le mur, on dirait presque qu’il veut l’écraser de tout son poids.  — T’aider pour quoi, au juste ? Hein ? Pourquoi tu veux son aide ?! “ Il essaye de murmurer, mais on dirait qu’il ne peut s’empêcher de vociférer. “ Tu n’as pas assez de la mienne peut-être ? Et tout ce que je fais pour toi, tu t’en fous ?! Tu es une ingrate, Nadie, une pauvre petit ingrate doublé d’une idiote ! J’assure notre survie, je sauve ta réputation, et toi, tu vas pleurer dans les jupons d’une métisse ?! Tout ce que tu mérites, c’est que je t’enferme à double tour dans le grenier. “ Il souffle sa rage à en baver. Dans son regard brille le reflet d’une pulsion qu’il rêve d’assouvir. “ Parfois j’aimerais t’étrangler.
Dans un râle, il finit tout de même par se détacher d’elle, prenant quelques pas de recul pour retrouver ses esprits. Mais il n’a plus l’air d’un homme, juste d’une bête en cage qui fait les cent pas, dégouté que des barreaux le séparent du dompteur qu’il aimerait becqueter. “ J’essaye de t’aimer, d’être quelqu’un de bien pour toi, mais tu me rends la tâche difficile. Très difficile. “ Il s’arrête pour la regarder et, de nouveau, la colère monte. Sauf que cette fois, la calèche est passée.

C’est sur sa gorge qu’il se jette et qu’il serre, serre et serre encore. Elle a le visage rouge et les yeux inondés - mais cela ne lui fait plus d'effet. “ ça ne te suffit pas d’avoir un toit sur la tête et de quoi manger dans ton assiette ? Il faut en plus que tu ailles fouiner…Tu sais que ça n’a jamais été bon pour toi, tu le sais pourtant, si tu n’étais pas allé dans ce bureau.. . “ La rancoeur revient avec les souvenirs, fautes toujours ramenées sur le tapis : il faut bien qu’Eve ait quelque chose à se reprocher.  “ Tu veux mourir, c’est ça ? Parce qu’à ce rythme, toi et moi, nous serons bientôt pendus. Rappelle-toi, Nadie, tu n’es pas innocente toi non plus ! “ Il la secoue un peu, comme pour la ramener à la vie “ Il y a la petite putain dont tu as creusé la tombe, et ses frères à qui tu as éclaté le crâne. Tu te rappelle de ça ? C'est toi qui les a massacré ! “  Voyant la couleur de son visage changer, il finit par desserrer sa prise, puis, la laisse tout bonnement tomber au sol.

Pour ne pas hurler, il se mord le poing, si fort qu’il y laisse une trace. Il souffle bruyamment, comme s’il pouvait expulser toute la rage qu’il a au dedans.
Presque calmé, il s’en va enfin la relever en l’attrapant comme une poupée de chiffon. Ses deux mains encadrent de nouveau son visage pour la forcer à lui faire face.  “ Je vais écrire une lettre signée de ton amie. Demain tu l’améneras à ton institutrice et tu lui feras lire. Tu la rassureras, tu lui diras que je suis un bon mari, et toi une bonne épouse, d’accord ? Tu vas réparer tes bêtises. Sinon… Sinon…. “ Il s’épuise. Non, il ne peut pas tuer mademoiselle Kearney, la menace n’est pas crédible. On la connait bien trop dans les parages - c’est une dame de bonne famille, quoique que la moitié de son sang fasse perdre à son âme de la valeur. “ Tu l’aimes bien, Nuttah, non ?
Pas besoin de plus filer la menace, elle l’a très bien compris.

Tu veux que je sois gentil avec toi et tes petites amies ? Alors épargne moi tout ça. Fait en sorte que je n’ai pas l’impression d’être le seul à travailler pour notre bonheur et notre secret. Je ne veux pas regretter de t’avoir tiré du trou d’où tu viens.


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Benicio M. De la Fuente
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Mar 22 Fév - 4:49


A cada cerdo le llega su San Martìn

@Benicio M. De la Fuente

L’air rentre dans sa bouche dans des aspirations sifflantes sur le chemin de la maison. Une main contre la gorge, elle ne pipe plus un mot et rive son attention sur des choses très quotidiennes. Les roulis de la langue natale bariolée du pasteur ne sont plus si amusants. Ses mots lardent Nadie comme des couteaux, même quand elle ne les comprend plus. En apnée, elle range les courses dans leur maison et débarrasse la table. Le repas ne tarde pas à cuire, elle se hâte d’en préparer une part pour la vieille veuve. L’envie furieuse d’éclater en sanglot lui remonte au bord des lèvres mais elle tient bon pour servir à son monstre la pitance de midi.

Aucun son ne dépasse plus sa mâchoire serrée. En enveloppant la part réservée dans un torchon propre, elle essaie de faire encore moins de bruit pour ne pas perturber cette très, très fragile accalmie. Il n’a jamais été aussi en colère après elle, c’est tout ce qu’elle arrive à réaliser. L’horrible logorrhée lui siffle encore dans les tympans. La plaie ouverte saigne abondamment, aussi invisible qu’elle fait mal. Sa peau ne marque pas si facilement mais elle sent la poigne de Benicio lui broyer la mandibule et presser les doigts dans ses joues, contre ses dents. Comme assignée à cet ordre de silence, elle n’arrive plus à parler depuis.

Ce n’est qu’habillée de pied en cap et son colis sous le bras qu’elle indique, par un toussotement, qu’elle quitte l’habitacle de leur grand carnage pour s’acquitter de ses obligations. La réponse, aussi abstraite qu’elle soit, ne semble pas s’y opposer.
Sur tout le trajet de la rue, elle s’efforce de ne pas renverser de jus en occultant toute la vitalité des rues. En manquant de trébucher sur un porcelet en liberté, la bonniche à bout de nerf croit craquer. Dans cet état fébrile, elle réussit miraculeusement à traverser le marché et à descendre jusqu’à la maisonnette décrépie de Mrs Edith.

Une fois la porte refermée seulement, ses nerfs cèdent et elle s’effondre sur le seuil avec son compotier dans les mains.



***



Au fond de la méridienne rembourrée de coussins brodés, Nadie revoit encore l’animal se mordre le poing pour ne pas rugir. La tasse de thé tinte dans sa coupelle, elle souffle dessus et lui trouve un goût différent. Un nouveau hoquet lui secoue les épaules. La vieille dame pose une main amicale sur son épaule. Sa peau est toute tâchée et ridée, comme sa voix râpeuse.

« Maintenant, est ce-que vous allez mieux ? »



***



« Pas la peine de paniquer, je sais où est la petite. »

Traverser Imogen a été un parcours du combattant pour la veuve septuagénaire qui ne sort presque jamais sauf une fois par semaine, pour la messe. Ce dadais d’adjoint se précipite pour l’aider à monter les marches du perron où le shérif interrompt sa discussion avec le pasteur.

« Veut pas dire ce qu’elle a, n’arrête pas de pleurer depuis son arrivée, toujours pas repartie » déclare Edith, essoufflée mais ravie d’avoir parcouru tout ce chemin pour distribuer ses gauloiseries au nez et à la barbe des trois hommes. Même le père Cogburn lève son train pour lui céder une chaise.

Une après-midi entière s’est écoulée pour que la grand-mère comprenne qu’il s’agit d’un chagrin d’amour. Comment ne pas faire le lien avec ses noces toutes fraîches dans l'église de son pasteur ? Son Julien aussi avait vingt ans de plus et qu’est ce qu’il a pu la faire pleurer. Mais la petite n’a pas de coquards comme la mère à Philip du pré à sapins, c’est tout ce qui compte.
Avec la lenteur qui caractérise les personnes d’un certain âge, Edith, « l’étrangère » qu’on l’appelait, accepte un verre d’eau et une cigarette qu’elle peine à allumer malgré la bonne volonté du mexicain.

« Mon Julien, vous vous en rappelez Clayton ? Il était pas bien loquace non plus. » Ses lèvres plissées crapotent un gros nuage de fumée blanche. Edith fumait à l’ancienne. « M’enfin, jeune homme, je sais que vous êtes pasteur mais...ça fait de la peine de voir une gamine dans cet état. Je sais pas comment on traite les femmes chez-vous mais une bonne conversation, ça ne prend pas tellement de temps et ça règle tout. Votre femme parle pas anglais mais elle a besoin de votre temps comme vos ouailles. »

Avec un sourire d’ancien admirant les erreurs déjà commises se répéter, elle lève le nez pour voir les sourcils de Benicio.

« Julien, il disait faut pas se coucher fâchés. Quarante cinq ans qu’il est mort ! -et on a déjà fait la réservation pour le caveau partagé. »

La légèreté de la dame fait frémir la moustache de Jacob qui ne peut plus s’empêcher de pouffer.

« -Où ça, Mrs Fowl, elle est chez vous ?  Pasteur, on vous laisse y aller seul ? » Tous inconscients du danger, ils s’amusent des affres qui semblent le lot d’un mariage récent. Le pasteur devrait s’en sortir sans bras armé.

« Oh oui, partez devant, je dois me reposer avant le retour... »



***



La course de l’ancienne prend du temps. Nadie s’est perdue dans les songeries douloureuses de sa matinée et n’a pas vu l’heure tourner. Elle s’inquiète tout à coup que la pauvre dame qui a tellement pris soin d’elle aujourd’hui, malgré l’acidité avec laquelle la jeune femme du pasteur peut la traiter parfois, se soit rompu le cou ou tourner la rotule en descendant le trottoir. De toute façon, la lumière du jour commence à disparaître derrière les pins et il faut penser à rentrer à la maison.

Sa précédente tentative de fuite s’est soldée par une frayeur toute dissuasive. Une frayeur très similaire à celle qu’elle a pu ressentir dans la ruelle quelques heures auparavant. En sortant de la maison, elle souffle. A la pensée seule du dîner, elle a le cœur qui s’affole.
La lueur d’une lanterne qu’elle tient à la main balaye la pente herbeuse par laquelle on accède à cette adresse. Nadie claque la porte derrière elle, la même robe grise enroulée d’un châle en mailles noires. Les balancements de la lampe éclairent ses jupons et le sentier mal entretenu.
La route la plus courte, celle empruntée par Edith, traverse toute l’avenue principale d’Imogen jusqu’à l’église. Toutefois, il y a une route un peu plus longue dans un écrin de nature où la lanterne s’enfonce. Elle n’est pas pressée de rentrer, même si elle rentre. Elle ne sait pas s’il l’a cherché, s’il a remarqué son absence et même s’il est déjà rentré. Son esprit apeuré ne peut qu’imaginer ce qu’elle croit être le pire, qu’il l’attende de pied ferme dans la cuisine.

A peine arrivée dans les hautes herbes, elle ôte ses chaussures et les prend dans sa main. A l’horizon, les pins noirs du domaine Beaver se dressent comme une frontière. Les coassements des grenouilles résonnent dans la nuit tombante. Tout au bout de ce détour qui enlace la ville au lieu de la couper en deux, elle n’a qu’à pousser la grille du cimetière et rejoindre la maison par l’arrière. Sa main caresse les fleurs des champs boursouflées qui se couchent sous la brise.

Libérée de ses chaussures, Nadie se fraye agilement un passage sans déranger la végétation. Son retour s’insinue le long des clôtures où ruminent les animaux. Le clocher de l’église est visible par-dessus les toitures.


Nadie
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Benicio M. De la Fuente
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Mer 23 Fév - 6:27
   
 
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Les mains dans les poches, Benicio joue avec la doublure fatiguée de son manteau. Il tire sur les fils qui peinent à maintenir la couture déjà mainte fois reprise, comme si percer un petit trou dans le tissu pouvait lui permettre d’y fourrer toutes ses pensées. A le voir déambuler comme ça, la tête baissée et la bouche qui se tord, on dirait un enfant qui vient de prendre la fessée. Il cuit dans sa honte, repensant sans plaisir à la leçon que lui a fait mrs. Fowl. Avec l’adjoint et le sheriff comme témoin, le discours de la veuve lui avait semblé terriblement plus vicieux - mais aussi plus efficace. Les femmes, d’après Benicio, calculent toujours ce genre de choses. A défaut d’être le sexe fort, elles palient à leur frêle carrure par la ruse. Celles qui ont été mère sont encore plus à craindre : elles connaissent trop bien les faiblesses des Hommes qu’elles élèvent depuis le berceau.
L’inquiétante idée d’avoir attirée l’attention sur leur vie privée ne le réjouit pas non plus. Heureusement, il n’est que le cadet des soucis d’une ville qui connaît des mariages en apparence bien moins heureux. Être un homme d’église à ses avantages. Surement que Clayton, Jacob et Edith ne diront rien. Parce que “ça ne le caractérise pas”. C’est une erreur de parcours, comme l’a si bien dit l’ancêtre au “jeune homme” ( il souffle en repensant à ce sobriquet ridicule ). En tout cas, la leçon est apprise : la discrétion est, à partir d’aujourd’hui, de mise.

Arrivé à la porte de Mrs. Fowl, il tape un coup. Puis deux. Puis trois. — Nadie ? “ Le silence lui répond. Il essaye d’ouvrir, mais le verrou à été enclenché.  “ Hostia… “ Comme le bon bœuf qu’il est, Benicio rumine encore sa colère.

* * *

Le clocher sonne, étouffant le chant d’une nature qui se réveille à l’heure où les Hommes s’enferment chez eux. Mais Dieu n’est qu’un écho dans la chapelle du diable : les animaux n’ont que faire de cet appel à la prière trop vite oublié. Les oiseaux qui crachent leurs dernières notes ne s’arrêtent pas, même pour les vêpres.

Les herbes hautes ondulent au vent comme des danseuses, couchées sous les pas de Nadie. Dans les fourrés, elles s’agitent aussi, presque dotées de leur propre vie. Mais elles cachent mal leur marionettiste, bien que son noir pelage le rende presque invisible dans les ténèbres qui doucement s’abbatent sur la campagne : un chien la regarde à l’auret des bois. Le molosse qu’un trappeur a dû perdre sur le marché ne bouge pas de son poste de garde, comme s’il attendait qu’on l’appelle. Qu’elle l’appelle. Il remue même la queue en la voyant et pleure comme un chiot à qui on n’aurait pas appris la patience.

Il disparaît seulement quand une autre ombre pénètre dans la nef de verdure, s’invitant à cette messe païenne sans pourtant y avoir été convié.
Mignone, tu es perdue ? “ Un homme à la barbe crasseuse, le fusil à la main, la regarde avec des yeux ronds. Avec toutes ses peaux empilées sur sa vieille carcasse, on dirait un ours - mais son visage pourtant hideux arrive à faire coexister une étrange douceur dans son expression effarée. “ Tes chaussures sont trouées ?

Au loin, une voix résonne, hurlant un nom que son accent déforme. Le trappeur lève la tête. “ Ruby, c’est toi ? “ Il la regarde un instant avant de finalement placer ses mains autour de sa bouche, criant par-dessus les toits. “ Ici ! Ici ! “ Puis, il lui fait de nouveau face, lui offrant un sourire édenté.  “ Tu veux un biscuit ?
Benicio ne tarde pas à les rejoindre, essoufflé d’avoir trop crié.  — Ah…Merci mon brave…J’ai cru que-
Vous avez vu un chien passer ? “ La main pleine de galettes, il en donne deux à la petite nehiyaw.
Par là-bas je crois.” Benicio pointe au hasard un chemin, tâchant de ne pas se vexer des manières désastreuses de son bienfaiteur.
Heureusement, l’inconnu a mieux à faire que de le questionner : il s’en va tranquillement vers les bois pour y disparaître. Le silencieux embarras qu’il laisse derrière lui apaise au moins un peu le pasteur qui se contente de soupirer.

Je reviens de chez le sheriff. ” Les vaches tranquillement paissent, se foutant bien de leur conversation. “ Madame Fowls était là-bas, elle aussi. ” La remarque est un peu plus acide que la première, comme s’il voulait lui reprocher d’avoir dérangé la pauvre dame, en plus de l’avoir mis au banc des accusés. “ Tu ne peux pas t’enfuir à chaque fois que les choses ne vont pas comme tu veux. ” Il s'appuie sur un des piquets, pas encore tout à fait remis du chemin traversé au pas de course.  “ Mais ce n’est pas grave. J’ai compris la leçon. ” Laquelle ? Il ne le dira pas. En une après-midi, il ne s’est sûrement pas racheté une conscience.
Montre ton cou. ” Sans vraiment lui demander la permission, il appuie deux doigts contre sa joue pour lui faire tourner la tête. La peau de sa gorge se tend, faisant à peine dépasser du col gris une tâche rouge. — Je t’ai préparé un bain. On va s’occuper de ça.

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Lun 4 Avr - 4:52


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Le portillon grince et ils traversent le cimetière sans que Nadie ne verse rien à la conversation. La rencontre avec le chien l’a saisie, comme la paume du pasteur qui lui a massé la carotide ce matin. Hirsute et aussi dégoûtant que le maître, pourtant l’horrible cabot ne l’a pas fait s’enfuir. Elle n’a pas crié et n’a pas bougé d’un pouce, elle qui déteste tellement les chiens. - Plutôt, elle fait une différence conséquente entre les chiens des blancs (incluant toutes les races qui exclue la sienne) et les chiens de son peuple. Ceux-là, elle les aimait beaucoup, en souvenir. Ils avaient un statut un peu sacré en plus d’être les meilleurs compagnons de chasse. La tribu de son père en avait cinq. Ils hurlaient pendant les chants. - Ce chien qui couinait dans le sous-bois lui semble porter le plus sinistre des messages. La fatigue lui fait croire qu’elle l’a déjà vu en rêve.

« J’ai vu le chien » avait-elle dit sur la route où Benicio se tenait les côtes, ce méchant croque-mitaine qu’elle commence à trouver vieux. Le trappeur était déjà loin de toute façon. « Il est énorme. »

Le geste de son mari quand il lui attrape le col ne lui plaît pas. Il n’était pas aussi brutal au début. Sa rancune ne traînait pas aussi longtemps. Depuis que le projet du mariage a été prononcé, il ne s’adresse à elle que sur un ton autoritaire et il ne lui raconte plus d’histoire. Il n’essaie même plus de la faire rire, trop confortable en sa présence pour effacer sa personnalité morbide.
Pour retourner à la maison, ils remontent le sentier qui séparent les tombes et poussent la grille de la cour de Jaime. Sa maisonnette rabougrie complète le domaine que l’église couvre entièrement de son ombre le matin. Apercevant le front du vicaire affairé sous sa fenêtre, la jeune épouse du pasteur lève une main pour le saluer -et signifier à Benicio qu’ils ne sont toujours pas seuls, que quelqu’un est encore réveillé. Il est possible que le jeune homme austère ne l’ait pas remarqué mais on voit sa lanterne allumée dans le soir tombant. A cet instant tout ce qui compte c’est que rien ne perturbe le calme imposé par la fonction des serviteurs du Christ.

Avant de passer la porte qu’il lui tient, Nadie jette un regard par-dessus son épaule pour voir si le chien ne les a pas suivi. Le seul chien à l’horizon est toujours le molosse stupide et obèse du vicaire. Elle passe le seuil et hume l’air renfermé de la maison où Benicio a laissé infuser sa colère tout l’après-midi. En trempant la main dans l’eau du bac, elle découvre sans surprise que son bain est glacé. Ce n’est pas le genre de torture qui la fait reculer.

« Non, ça laisse pas de marque » soupire-t-elle comme si, enfin, l’intimité retrouvée lui déliait la langue sur le vrai business. En défaisant le lacet de sa coiffe, elle détache aussi l’épingle qui unit son col. A vrai dire, il y a quelques empreintes grises, sa peau ne bleuit pourtant pas si facilement mais Benicio a vraiment beaucoup de force. Assise sur le lit, elle enlève ses chaussures sans qu’on lui demande, et tandis ce qu’il s’affaire sûrement à faire semblant de laisser traîner ses yeux ailleurs, les innombrables nœuds qui tiennent ses jupons entre eux tombent. « J’ai toujours du tissu jusque là, ça va, c'est caché » ajoute-t-elle en voulant lui raccommoder, sinon des excuses, un apaisement.

En entrant dans le bain, un frisson glacé lui remonte à la racine des cheveux mais elle s’immerge sans attendre jusqu’au-dessus de la bouche. Le moindre bruit qu’il fait en bougeant, en respirant, en touchant à quelque chose ou en froissant ses vêtements la met en alerte. Toute son énergie est tendue dans un seul but : changer de chapitre. Dépasser cette stupide histoire de lettre qui n’est pas si importante finalement pour ramener le calme à la maison.
Les paroles d’Amitola sont bien loin dans son esprit.

Sauf que ce qui fonctionnait à une époque semble avoir perdu tout son pouvoir. Dans le reflet de l’eau, elle voit son ombre quand il passe près. Le baquet qui leur sert exceptionnellement de baignoire est posé, comme à l’habitude, à côté du lit, en face du poêle. La plupart du temps, une bassine en faïence suffit amplement et ne requiert pas autant d’allers-retours à la pompe. Suspendue à l’escalier, la robe blanche du mariage déjà dépouillée de ses ornements. Nadie veut en faire un vêtement utile. Le liseré de broderie noire qu’elle a commencé s’arrête, inachevé, prêt pour une autre soirée d’ennui. Elle regarde son ouvrage suspendu et se frotte juste un peu de savon sur les mains et se frotte le cou et les épaules. Sa peau est déjà propre, tous les jours elle efface les traces de poussière qui lui brunissent les joues.  

« Tu me fais peur » dit-elle quand il s’approche. Ses yeux très sombres à cause de la lumière rencontrent ceux de l’espagnol que le même phénomène rend obscurs. Mais les mots lui ont échappés et tout ce qu’absorbe son regard noir, c’est la peur.  


Nadie
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Lun 4 Avr - 19:46
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Le silence de la maison retombe sur ses épaules, l’enveloppe presque comme une couverture. Dans sa tête, le chien noir pourtant trotte encore, un peu comme Nadie qui laisse couler ses vêtements au sol, comme si elle se débarassait de sa propre peau. Mais il ne soutient pas son regard, moins courageux que fasse au molosse. Sobre, la nudité lui fait peur, on dirait - il n’y a que celle de sa malheureuse fiancée qui trouve un tant soit peu grâce à ses yeux. La remarque qu’elle lui fait ne lui arrache donc qu’un râle, tentant tout bonnement d’éviter la question. Il finit même par se lever, et s’en va vers commode dont il tire un linge.
C’est la première fois depuis longtemps qu’il ose lui faire dos. Le bruit de l’eau qui coule entre ses doigts, qu’elle envoie en vague sur son visage, lui donne l’impression qu’un océan les sépare. Cela ne l'effraye pas. Au contraire. Il se dit que la distance les protège un peu de ce qui risque de suivre.

L’air toujours sévère, ou plutôt, fermé, il s’approche de nouveau de la beignoire pour poser à son rebord le chiffon blanc. La remarque de Nadie ne l’empêche pas de donner ses ordres. — Je Sais. Trempe ça dans l’eau et laisse le autour de ton cou. ” Le froid ne peut que faire du bien et limiter les marques ( ce qui les arrange tous les deux ).
Il sait à quel point elle le craint. Il le voit tous les jours dans ce regard qu’il commence à peine à comprendre. Des fois, elle flanche quand il s’approche d’un peu trop prêt ou qu’il ne sourit plus. On dirait qu’elle se perd dans les minutes qu’elle passe à récurer pour s’imaginer ailleurs. Loin, peut-être ? Ruth faisait pareille quand elle étendait le linge dans le vent, sur une ligne d’horizon si plate, dessinée par une immensité pesante. Elle ne l’entendait pas quand il l’appelait. Il savait bien qu’elle ne le voulait pas.

Ses pas lourds résonnent encore sur le plancher. Lentement, il tire une chaise qu’il amène plus prêt du bac et de sa nageuse. Il se laisse presque tomber sur l’assise, lui-même épuisé par cette journée. — Mais j’ai l’impression qu’il le faut - te faire peur, je veux dire. ” Il s’appuie sur le rebord du bac. “ Sinon tu exploses. Comme la dernière fois. ” Il n’a pas besoin de citer l’incident. La grange est encore pleine des restes de son terrifiant sauvetage. “ J’aimerais te faire confiance, mais on dirait que tu essaies de fuir, tout le temps. Tu fais tout ce que je te dis de faire, c’est vrai, mais à chaque fois, tu en deviens malade. Ou tu vas faire quelque chose dans mon dos - comme avec l’institutrice. ” Il appuie son menton dans la paume de ses mains, pensif alors que ses yeux fixent ceux de de Nadie. “ Toi aussi tu me fais peur, mais pas pour les même raisons. ” C’est vrai, tout ce qu’elle a fait pour lui, elle l’a fait sous la contrainte - sauf peut-être quand elle a massacré ces pauvres bougres à l’église, mais là, encore, elle lui a fait peur. Benicio n’est jamais content. Convaincu de rien si ce n’est de ses propres doutes. Cela le rend égoïste. Ou plutôt, fou. L’amour qu’il a pour elle le rend étouffant, à se demander si c'en est vraiment. Lui n’en doute pas ( il est même convaincu de ce qu’il doit faire pour le rendre perrain ).
Qu’est-ce que nous aurions fait si Kathleen avait trouvé quelque chose dans ces lettres, hein ? N’oublie pas, nous sommes tous les deux dans cette affaire jusqu’au cou. J’essaye juste de te protéger de toi-même. ” Il insiste sur cette dernière notion, persuadé de justifier sa colère et son emportement du matin. “ J’aimerais ne pas avoir à faire tout cela, mais c’est ma place d’époux que d’assurer ta sécurité, quoiqu’il en coûte. Si je ne te dis pas tout, c’est aussi pour t’épargner. Comme ça, tu n’as pas à mentir, pas autant que tu le dois déjà. Ça fait longtemps que tu es partie de chez toi, mais on dirait que tu ne comprends pas tout à fait comment le monde fonctionne, ici. Si je te laissais faire, ils te mangeraient toute crue. ” Pourtant ce n’était pas à lui qu’elle avait dû sa survie ces dernières années. Cependant, Benicio, se figurant qu’elle avait grandi dans une auberge puis au Golden cat, imaginait qu’elle ne connaissait rien de la vraie vie en société, celle qui demande de la structure, des mensonges, et de la raison ( comme si elle ne connaissait pas déjà ces concepts ). “ Et il m’en coûte, parce que je t’aime. Vraiment, je te le jure.

Il soupire, pas tant par frustration que par fatigue. — Mas je peux tout te dire, si c’est ce que tu veux vraiment. Je peux partager avec toi les lettres, tout ce que tu voudras, mais il faudra que tu apprennes à garder des secrets. Tu crois que Kathleen aurait eu de la pitié pour toi si elle avait appris ce que tu as fait avec Mr. Fraser, ou ce qu’on a fait aux corps des frères de la petite ? Non. Personne ne te sauvera. On ne peut compter que l’un sur l’autre. Tu comprends ça ? J’étais en colère parce que j’ai eu peur, moi aussi. ” Lui, lui, lui. Toujours lui. Cette confession sonne juste à ses oreilles, mais pas tant à celle de la raison.

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Mer 6 Avr - 3:48


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Ce flot de paroles lui dénoue un peu le ventre. Les longues palabres sont toujours annonciatrices d’une trêve. Elle grelotte mais elle sait qu’il regrette.

« Je ne suis plus malade » assure-t-elle.

A la surface de l’eau froide, ses genoux forment deux collines bigarrées. Les canicules de Silverstone sont bien loin de ces valons. Dehors le vent souffle à travers les sapins et il fait froid. La couleur de ses lèvres devient petit à petit plus bleutée.
Il tirait encore les ficelles de la vérité d’une manière trop rhétorique pour elle. Comment expliquer son geste autrement que par l’envie de réussir à lui échapper en renouant avec d’anciennes connaissances ? Pendant cette longue proposition consacrant enfin son désir brûlant de lire ses lettres et d’accéder à la de liberté du nouveau monde, Nadie renonce petit à petit à la lecture qui n’est finalement pas quelque chose de tellement important. Pas quelque chose sur lequel elle devrait insister. De toute façon, le froid saisit tout ses nerfs et elle n’arrive pas à trouver quelque chose de mieux à répondre pour réchauffer la situation.

« Je m’enfuis plus. Promis. Je suis désolé. » Contrairement à l’époux qui rejette les gestes d’affection qu’elle voulait bien lui prodiguer, Nadie est soulagée d’entendre qu’il l’aime de nouveau. En tout cas si elle l’écoute, et elle l’écoute. Ses petits acquiescements ponctuent le sermont structuré du pasteur. « Pardon, je pensais pas. » Elle ne sait pas quoi dire de plus pour abonder dans son sens. Qu’il dise la vérité ou pas n’a plus beaucoup d’importance, il est toujours vainqueur en parole. Plus il la dévisage, ou la sonde, penché à sa hauteur, moins elle soutient son regard tenace et immobile car elle n’a pas la force de le défier à nouveau. « Je t’en parle d’abord. » Comme un chat qui comprend sa place dans la grange, elle s'étire à plat ventre devant lui pour avoir l'air le moins menaçante possible. Elle ne survivrait pas à un combat avec le plus fort.

Le temps devient long. Benicio lui assure qu’il lui donnera de quoi se sécher quand « ce sera bon » et donc Nadie attend. Sur sa tête, de grosses gouttes gelées roulent jusqu’aux pointes de ses cheveux et tombent dans l’eau. Elle pense que le bain est un message qui concerne une autre histoire et plutôt que de lui demander de la libérer, elle tient bon.
Plusieurs minutes s’écoulent avant son premier éternuement. Le front posé contre ses genoux, elle bascule longuement dans un état vaguement subconscient, dans la contemplation de sa propre peau hérissée par la température. Les bruits de la vaisselle et du papier lui parviennent de loin.

« C’est bien, non ? » demande-t-elle enfin après de longs quart d’heure immergée. Quand elle se redresse pour sortir du bac et s’envelopper dans le linge, ses dents commencent à claquer et des tremblements que l’eau dormante retenait lui secouent les mains, la bouche et les genoux. Couverte et enveloppée dans ce grand linge blanc, elle se précipite sur la pointe des pieds jusqu’au foyer. Elle approche ses mains tellement près des flammes qu’elle peut les sentir lécher ses doigts glacés. Son souffle s’est accéléré en même temps que son poux en elle quémande désespérément un peu de chaleur au pied de la cheminée.
Peut-être qu'il n'y avait rien de plus vulnérable qu'elle en ce moment.

Les pieds dans les cendres, elle éternue encore. Nadie sait que c’est une punition, même s’ils sont réconciliés. Le cycle s’est déjà répété. Il faut toujours que quelqu’un paye.

« Est-ce que » son souffle hachure ses mots « le vicaire mange là ? »


Nadie
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Benicio M. De la Fuente
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Elle sort de son bain encore grelottante, faisant une ligne presque droite vers le peoele. l’eau qui lui glisse des cheveux tombent en goûtes et frémisse sur les pierres chaudes. Ses torts sont tous pardonnés maintenant qu’elle a présenté ses excuses et que l’eau froide a nettoyé ses péchés - il espère aussi que ça lui a remis les idées en place ( même si c’est sa tête qu’il aurait dû plonger de le bain aujourd’hui ). En tout cas, il se sent apaisé, comme son père l’était quand le silence revenait dans sa maison.

’Pas que je sache. ” Déjà affairé avant même que Nadie ne l’ai rejoint, Benicio fouille l’étagère qui lui sert de vide-poche. Sur la table de la cuisine ( qui n’est finalement qu’une prolongation du salon ) sont entassées plein de petits papiers, certains plus jaunis que d’autres. La poignées de lettres qu’il tient à la main viennent rejoindre ce désordre de mots, finalement couronné par le télégramme reçu ce matin.  “ Mieux vaut qu’il se repose et qu’il prépare son sermon, demain il se charge de la messe du matin. “ Debout, penché au-dessus des missives avec ses petites lunettes vissées sur le nez, il interrompt un instant son manège pour jeter un regard d’incompréhension vers nadie. “ Si tu as froid, tu devrais t’habiller. “  Ses yeux retournent à la lettre.
 — ’Chère amie, le croque mort m’a dit que tu t’es mariée. Félicitations. Avec un point d”interrogation. J’attends de tes nouvelles. ”Il en attrape une autre qu’il lit prestement, puis une troisième, puis une quatrième. Enfin arrive dans ses mains, à la suite d’une longue litanie, le télégraphe qu’il cherchait.  “ ’Quand pourrons-nous nous voir ? Il faut que je te parle. Pas chez toi. Signé - tu t’en doutes - toujours le même nom. ” Il sourit quelques secondes seulement, comme un tic nerveux.  “ ’Je me demande bien ce qu’elle a à te dire - Ah ! Voilà le courrier de ce matin… ” Il remets un peu mieux ses loupes devant ses yeux et approche le petit carton blanc de sa face, pour être sûr de n’écorcher aucun mot. “ ’Vendredi. Seize heures. Porte de la ville. ” Ce biais ne fait pas grand sens, déclamé sans contexte - alors, Benicio lève une fois de plus la tête.  “ Ah - oui, pardon. J’ai emprunté ta plume pour lui répondre. Enfin, je n’ai surtout pas précisé qui répondait. Bref, nous avons convenu d’un rendez-vous avec ton amie. “ Le petit tas de papier s’en retourne aussi vite dans les étagères, et ses lunettes, dans la poche de son veston.  “ Voilà pour les lettres.

Ses promesses remplies, il ne bouge pourtant pas de son pupitre invisible, comme enchaîné au bout de la table. Il guette la réaction de Nadie. “ Je pensais partir seul, mais maintenant, je crois que je préférerais que tu m'accompagnes. “ Présenter comme une proposition, cette bien terrible demande laisse le choix de la réponse, mais pas du résultat. “ Comme je te l’ai dit, Jaime se charge de la messe demain. Il est déjà au courant, je me suis occupé de lui donner les directives cet après-midi. “ En lisant la réponse de la putain de silverstone, il n’avait pas eut d’autres choix que d’avancer son départ : voilà un rendez-vous qu’il ne voulait pas manquer. Il avait prétexté un enterrement ( assez ironiquement ) pour se défaire quelques jours de son devoir.
Qu’en dis-tu ? “Cela ne ferait sûrement pas de mal à Nadie, elle qui voulait tout savoir et tout faire.

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Les épaules enveloppées dans son linge, Nadie se hâte de passer la tête à travers sa grande chemise blanche qui dissimule bientôt dans ses plis la nudité malvenue d’une épouse dans une pièce à vivre. Le froid ne la quitte pas en même temps qu’elle éponge l’eau qui dégouline sur sa peau, avec les tissus qu’elle empile jusqu’au bouton de son col, pour redevenir présentable. En écoutant les bribes de sa lecture, jetées au visage comme des pierres coupantes, elle agrafe les manches de son pourpoint en jolie soie claire puis ajuste sa jupe noire de veuve au-dessus des chevilles. De petites agitations secouent ses épaules, encore glacée par la baignade, et elle se frotte les bras pour chasser le baiser de la mort.

« Peut-être que, pas besoin  » dit-elle sans (vouloir) comprendre s’il la menace ou s’il l’invite sincèrement. « Toi tu peux comme lui dire que je vois plus les gens comme elle, et elle va partir. Si toi tu lui dis, elle va bien comprendre. »

Son couteau décapite les carottes d’un seul coup sec qui fait craquer la botte. Sonnée par la correspondance de Benicio avec son amie de longue date, elle ne s’est même pas vue aller à la cuisine et commencer à préparer le repas. Un instant, elle suspend son coupe-coupe grossier au-dessus des épluchures sans se rappeler de ce qu’elle mijote. Tout ce dont elle se souvient, c’est qu’elle va très bientôt revoir Tace. Il vient de le dire. Sa grosse voix résonne encore dans sa tête. Tous ses petits arguments ont été vite essoufflés et elle ira à ce rendez-vous dès demain, « l’air de la campagne lui fera du bien. »
Au-dessus de son évidoir, elle se retourne vers Benicio qui l’ignore de nouveau, remplie de détresse. N’osant pas l’interpeler, elle regarde à nouveau ses légumes, puis la casserole où déjà s’entassent quelques râpures d’oignons et des dés de blettes. L’épouse toute respectable s’empresse de verser dans la soupe quelques rondelles oranges et s’en va apporter le pot jusqu’au four. Elle s’agenouille à nouveau devant le foyer et déplace le crochet en fer qui permet de suspendre des pots au-dessus des flammes. Dans le même silence confus, elle découpe quelques morceaux du poulet cuit d’hier. On ne lésine pas sur la viande dans l’assiette chez les Delafuente.

« Ce...bâtard, ce croquemort... » commence-t-elle à murmurer au terme d’un long vacarme silencieux où ni l’un ni l’autre n’osait renchérir sur le châtiment. « Il faut qu’il,  besoin d’aller lui parler...à elle...de moi, que moi, je... » La colère l’essouffle toujours, graduellement, comme les premières vagues qui précèdent un tsunami. Sa rage, désorientée, s’abat sur le premier coupable qu’elle désigne à son malheur, un autre que celui qui n’est pas possible à combattre. « Les langues qu’on devrait couper... » Elle frappe son plan de travail du poing, submergée par l’impuissance. Fille de rituels très différents d’ici, Nadie peine à dissimuler ses passions. Même si elle réussit à se faire taire avant de dérailler, sa respiration s’élève et on l’entend à travers les crépitement du feu, lutter contre l’envie de crier (ou de pleurer, peut-être).

La panique se mélange avec d’autres choses, elle atténue sa voix en continuant à houspiller. « Que, pour me dire quoi ? Qu’est ce que tu veux, qu’est ce qu’elle veut dire... pourquoi... » Consciente d’être toujours un peu en danger, elle tue ses hostilités en étouffant sa voix, doucement. Quand elle entend grincer le pied de la chaise de Benicio, elle sursaute tellement que son couteau manque de lui échapper des mains. Elle le pose même, et fait deux pas en arrière.

Le froid et les ordres ne l’ont pas débarrassé de sa répugnance à approcher les sales affaires de Molina. Ce qu’elle veut c’est la femme du pasteur, les politesses et le repos de se savoir à l’abri. Les doigts recroquevillés au fond du tiroir l’ont fait fuir sans une hésitation, en s’imaginant assassiner une autre gamine, elle est secouée d’un horrible dégoût.

« C’est bientôt prêt. »

En s’éloignant des plats comme s’il voudrait inspecter ce qu’elle prépare avec un couteau à viande, elle place aussi une main devant sa bouche pour s’excuser d’avoir brisé le silence tacite d’une conversation qui avait déjà eu un terme clair.


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La petite sainte désavouée ne semble pas comprendre qu’elle n’a pas vraiment le choix que de partir. Les menaces, cette fois, ne sont pas en l’air - comme dans cette ruelle où comme un citron il l’a pressé contre le mur. Benicio ne lève qu’un sourcil quand il la voit partir pour se mettre tel un automate devant son plan de travail. On croirait voir une simple scène conjugale, à cela près que c’est un meurtre dont on discute et non du linge mal étendu.
Il lève les yeux au ciel en entendant les murmures discrets de sa campagne. Il n’a même pas envie de savoir ce qu’elle dit, en ayant déjà trop fait pour son humeur et le cou de la plaignante. Elle peut bien se plaindre, c’est une chose de femme, après tout. Cela ne changera pas les plans qu’il a pour elle.
J’arrive. ” Lance-t-il en se levant pesamment de la chaise dans laquelle il s’était effacée en attendant qu’elle ait fini son office.

* * *

Le soleil tape déjà fort malgré l’heure matinale. Le froid surprenant des matins d’été leur souffle quand même dessus et dans les grandes esgourdes de Becky qu’elle n’arrête pas de faire vriller. La capeline du manteau de Benicio claque comme les rênes qu’il tient entre ses mains, accompagnées des chœurs de leur bardas qui cliquette à chaque caillou que rencontrent les roues de leur embarcation. Ne manque que le bruit de leur conversation, encore absent de leurs lèvres pour cet énième voyage. Comme ses parents l’étaient, on dirait qu’il sont vraiment mariés, maintenant.

Bientôt, Silverstone apparaît à l’horizon, tâche brunâtre dans cet après-midi jaune et bleu. — Tu te rappelles bien de ce que je t’ai dit ? ” Par bonne mesure, il préfère tout de même répéter. “ tu l’amène vers le grand arbre, loin de la ville. Trouve une excuse. Ne mange que le raisin qu’il y a dans le panier. Je vous attendrais là-bas “ Il pince les lèvres un instant avant d’arrêter le chariot aux portes de la maigre cité. Il n’est pas tout à fait seize heures. “ Je te fais confiance, d’accord ? “ C’est ce qu’elle avait demandé. Benicio était prêt à la pardonner ( Ah ! ) si elle remplissait à bien cette ultime tâche.

Il la laisse descendre et met entre ses mains un panier garni de raisins et de biscuits. “ Le grand arbre, hein ? Fais la parler là-bas. “ Le fusil posé à ses pieds lui assure, dans tous les cas, qu’il les retrouvera. Sans un mot de plus, juste un regard, il fait demi donc tour et s’en va vers l’horizon, laissant Nadie avec le vent qui bat sa jupe.

Tace ne tarde pas à poindre le bon de son nez. L’accueil qu’elle réserve à la petite autochtone est chaleureux, mais pas tout à fait joyeux. On la dirait plutôt rassurée de voir sa camarade en un seul morceau. Comme elle la serre fort dans ses bras épais, c’est presque elle qui lui romprait maintenant le dos. Mais elle n’a jamais été bien délicate, de toute façon. — C’est quoi cette tenue ? ” Elle se force à rire en tirant sur la manche bien repassée de Nadie. Mais son sourire s’estompe dans une moue pressée. On dirait qu’elle a trop attendu ce moment. “ Tu vas bien ? ” Elle pèse ses mots quand ses mains fouillent déjà les poches de son manteau trop large. Une lettre apparaît au bout de ses doigts, sortie trop hâtivement peut-être malgré ses gestes tremblants. “ Comment tu es venue ici ? ” Elle se force de nouveau à sourire.   “ Je suis contente de te voir.

Dans un sursaut, comme si elle se rendait compte de ce qu’elle avait entre les mains, elle tend enfin l’enveloppe épaisse à sa comparse. “ On m’a donné ça pour toi. Je l'ai pas lu, elle me l'a demandé. Tu sais lire, toi ? Elle m'a dit que tu dois pas la donner à ton mari. D’ailleurs, il faut pas que tu restes là-bas. ”  

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Sam 28 Mai - 0:29


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Engourdie par le sommeil du poison, Nadie s’est laissé habiller et embarquer sans plus poser aucune question. Pendant le trajet qu’il ont à parcourir, elle s’endort et sa tête qui ballotte trouve appui contre le bras du conducteur. A chaque halte dans la plaine sauvage, pour manger ou dormir, ses yeux désorientés peinent à s’ouvrir et elle obéit, à la voix et à l’œil, comme une pendule automate.
Fidèle aux dernières consignes, qu’ils n’ont pas cessé de répéter, encore et encore, elle est cramponnée à son panier garni comme un très beau nœud sur l’anse en osier. Il peut lui faire confiance, elle lui assure d’un hochement de tête. L’humeur noire qu’il porte depuis le comté voisin jusqu’à celui-ci ne désépaissit pas, Nadie le sent. C’est un piège, un examen, il teste sa foi, sa bonne foi, la seule qui compte, celle qu’elle peut encore lui porter. Une certitude à la clé, si elle échoue, peut-être ne reverra-t-elle jamais Imogen ni le soleil. Il l’enfouira dans son tiroir, pour moisir.

La charrue s’éloigne sur le sentier, de plus en plus petite, jusqu’à devenir un minuscule point noir dans l’horizon. Un long soupir descend ses épaules. Que doit-elle dire au juste ? Elle attend sous l’arbre en picorant déjà le raisin qui sert de Cheval de Troie pour les biscuits drogués. D’une main un peu hésitante, elle soulève le linge pour regarder les gâteaux. Du bout de l’ongle, elle détache quelques graines et examine la pâte sablée et ses petits cristaux. Elle en jette un dans l’herbe haute. Au loin, elle aperçoit enfin une silhouette qui s’approche. Le visage familier de Tace se distingue enfin dans le mirage ensoleillé.

Ses remarques sur son vêtement la font sourire à nouveau, sans qu’elle réponde. « Oui » dit-elle simplement, pour dire que tout va bien. « Je suis contente moi aussi. » Elle a l’impression d’avoir toujours le front plongé dans l’eau, la lumière l’éblouit et ses paroles sont décalées. Mais la présence de Tace lui redonne une vitalité que seuls certains amis arrivent à susciter chez elle. Elle touche la jupe boueuse de sa vieille copine en redécouvrant les traits changés de son visage.
Par le passé, Tace et elle ricanaient au coin d’un feu au bord d’une rivière par-ici. Elles imitaient les bourgeoises de Silverstone. C’était il y a longtemps. Il n’y a jamais eu de gravité dans leur amitié, seulement deux filles qui s’entraident pour passer l’hiver.
« Qui ? » demande-t-elle en penchant la tête. « Qui t’a donné ? »

Nadie recueille doucement l’enveloppe et se rassoit dans l’herbe. Les deux femmes respectent un silence remplit d’angoisse et leurs deux paires d’yeux sont rivés sur le cachet. Son cœur bat très fort, elle peut le sentir jusqu’au fond de ses dents. Elle défait le ruban de sa coiffe d’une main et pose le chapeau de paille à côté d’elle.

« Qu’est ce qu’il y a avec mon mari ? » dit-elle encore, sans la moindre conviction dans la voix, en jetant tout autour d’elle un regard périphérique.

Le cachet craque dans sa main et elle baisse le nez. La lettre se déplie entre ses mains, couvertes de petits anagrammes entrecroisés qu’elle contemple en silence pendant encore quelques secondes.

« Lis. Vite fait. » Elle tend la lettre à Tace. « Je t’autorise. Je ne sais pas encore bien. »

La leçon prise deux jours auparavant ne la dissuade pas. Elle surveille la lande et les toits lointains de la ville, prête à arracher le feuillet des mains de son amie pour l’avaler tout rond s’il le faut. Elle mâche les pépins du raisin en écoutant d’une oreille attentive, les yeux fuyants.


Nadie
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Ven 3 Juin - 1:48
   
 
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L’air presque songeur de sa comparse n’invite pas Tace à la rêverie. Elle la regarde maintenant comme une drôle de chose avec sur son visage le vestige d’un sourire qui doucement se décompose. Nadie n’a pas l’air si inquiète - on la croirait même dans le coton.
C’est une dame de la campagne, je l’ai rencontrée y a quelques semaines. “ Le cachet craque entre les mains visiblement plus pressées de la jeune mariée. “ Ruth. Je crois que c’est ça son nom. “ Elle avait entendu quelqu’un l'appeler du bout de la rue la dernière fois qu’elles s'étaient vues ( Un mari ou un frère inquiet avait mis fin à leur conversation ). Elle venait vendre ses légumes aux marchés le jeudi à six heure, à peu près au moment où Tace faisait une pause dans son tapinage quotidien pour faire les courses de la semaine. Madame Caldwin, de son nom complet, lui faisait bien sûr toujours une ristourne pour mieux l’amadouer. La pauvre péripatéticienne n’en savait rien, mais ses deux dernières rencontres manquaient cruellement de naturel.

Donne. “ Aussi curieuse qu’inquiète, la demoiselle ne se fait pas prier pour lire ce biais qu’elle a trop longtemps gardé dans sa poche. Elle aurait voulu tenir parole, mais vu que Nadie lui accorde ce vis, elle précipite l’échec de son entreprise en dépliant le papier tacheté. Elle se dit qu’au moins, comme ça, elle pourra vraiment aider - petit Jésus peut bien le lui pardonner.
Je commence : ‘Madame Molina, je prie pour que cette lettre vous parvienne. Les nouvelles qu’elle porte sont ben’ - pardon - ‘sont bien terribles - mais pas autant que le destin qui vous attend si jamais vous deviez douter de ma bonne foi’ “ Tace fronce déjà les sourcils en désapprobation et lève les yeux de la lettre avec plus de questions que de réponses. Heureusement qu’il ne lui reste qu’à lire la suite pour en découvrir plus.  “ ’Pardonnez mon manque de manière, vous l’aurez bien compris, je serais directe : vous êtes en danger. Vous devez quitter au plus vite votre foyer et l’homme avec qui vous le partagez. Je sais qu’au cours de ces dernières années, votre mari, qui fut aussi le mien, a tué nombre de jeunes femmes. ’ “ Une pâleur cadavérique tombe sur le front de la pauvre fille qui peine même à lire. L’hésitation lui coud les lèvres tandis que l’incrédulité lui fait ouvrir grand les yeux. On dirait que ses pupilles s’amenuisent à force de lire, car elle ne s’arrête pas. Elle ne parle seulement plus.  

A son tour, elle tente de décortiquer l’enveloppe encore pleine de papiers. Elle en tire un plus fin, jauni et gribouillé d’encre, puis un autre - des notes, des articles, rien qu’elle ne lit vraiment. Elle passe seulement d’une phrase à une autre, ouvrant parfois la bouche.
Tu savais tout ça ? “ Sa voix craque un peu. Sa question est rhétorique : dans sa caboche, elle ne s’imagine pas une seule seconde que Nadie ait eu vent de quoique ce soit. Cette histoire est bien trop sombre pour un pique-nique dominical.

Un peu tremblante, elle reprend finalement la première lettre qu’elle relit d’une traite, par bonne mesure. Ses mains tremblent un peu sur leur prise. “ ‘J’ai bien des preuves de ses méfaits - qui sont nombreux. J’ai d’ailleurs ajouté à cette enveloppe plusieurs pages de son journal que j’ai arrachées et traduites pour vous. Vous reconnaîtrez sûrement son écriture.
Avec ou sans nouvelles de vous, je compte d’ici une semaine partager tout ce que je sais avec les autorités locales. Si vous souhaitez me rencontrer, je réside pour le moment à l’auberge de Swilling's Mill, non loin de Silverstone. Demandez à voir Mr. Montez à la réception.

Je ne mens pas. Vous ne méritez sûrement pas de finir comme ces pauvres filles.
“  

Après le choc, c’est une sorte de folie trépignante qui saisit le corps de Tace. Elle se lève d’un coup, ne sachant comment attraper sa jupe, ni vers où marcher. — Tu vas pas rentrer chez toi hein ? Tu sais quoi, tu vas venir chez moi, et demain on part voir Madame Caldwin, comme elle a dit. Hein ? Viens, on y va. “ Oubliant le panier au sol, c’est la main de Nadie qu’elle vient chercher, la tirant comme pour l'emmener avec elle vers la ville et ses rues bondées, loin du vide hébétant de ces paysages sauvages.

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« Tu savais tout ça ? »

Entraînée dans le sillon que Tace taille à travers la ville, Nadie lève mollement la tête vers les toitures de Silverstone. Son visage est fermé. La rue l’oblige à tordre les hanches et les épaules pour se frayer un chemin entre les diligences et les coups de coudes. La gymnastique des servantes, se dit-elle. Toute la route, elle a jeté par-dessus son veston des regards inquiets. Que dirait-il en rejoignant le point de rendez-vous pour ne pas les y trouver ?

Elle n’a pas voulu lui montrer sa réticence, après avoir éclipsé sa question d’un hochement négatif de la tête. Comment saurait-elle « tout ça » ? Alors, sans argumenter, elle accepte de suivre la jeune-femme et rassemble ses jupons et son panier. Pourtant, son coeur ne se soulève pas comme si les portes de la liberté s'ouvraient pour elle. Juste avant de lui prendre la main, elle jette discrètement derrière elle le petit crucifix qui pend autour de son cou. A l’église, elle le dépose sur un coin de son bureau pour lui signaler qu’elle a fait le ménage dans ses affaires personnelles.

« Où est ce que tu habites ? » demande-t-elle, brisant le mutisme qui s’est emparé d’elle pendant la lecture de la lettre.
-Encore un petit effort, tu vas voir, ça rien à voir avec le tipi qu’on avait à l’époque, -tu t’en souviens ?

Le palace de Tace apparaît enfin, une auberge miteuse dans le bog qui n'a même pas d'enseigne. En revoyant les sentiers boueux que vomit la tourbière, elle se rappelle avoir fait la queue pour une pitance bienvenue, il y a quelques mois.

« On s’est rencontré là » lâche-t-elle avant de monter les marches du perron. Elle tend le bras pour désigner l’artère principal où il avait stationné son chariot. « Il donnait la soupe aux pauvres. »
-Repense pas à ça, petite sœur, c’est pas…aller on rentre. » Tace à la frousse, Nadie va pas lui donner tort. Les articles de journaux avaient l’air détaillés.

L’espagnole est saluée chaleureusement par quelques crapauds qui mouillent dans leur bière, une plèbe que Nadie commence à abhorrer. Reine dans ce royaume, Tace tape quelques mots avec le patron pendant que l’épouse secourue se glisse sur la banquette en bois d’une table déjà occupée par un type endormi. Sa copine lui apporte un tout petit verre d’alcool marron.

Nadie reprend, comme si rien ne l’avait interrompue. « Je l’avais déjà vu avant, tu sais. A Imogen, moi, lavandière. Il m’a regardé des fois… » Elle signe quelque chose devant son visage « vraiment gentil. Il m’a regardé longtemps et il s’est cogné dans un…une… »
Tace la regarde et il y a vraiment beaucoup d’émotions dans son regard, Nadie n’arrive pas à le soutenir.
-Quel fils de pute…, elle semble hésiter. Et tu… ? Puis elle se ressaisit et vide son verre d’une traite. Je vais aller prévenir Isidore, on va pas te laisser toute seule, tu t'en fais pas pour ça.
Nadie boit doucement en la regardant se lever et quitter la table pour monter à l’étage en lui faisant signe d’attendre sagement. Une fois seule, elle marmonne.
« -Tu comprends pas. »

« Ah les gâteaux » s’exclame Isidore en lui arrachant le panier des mains, au seuil de la piaule. Il ne se présente pas plus, ne précise pas s’il est un client, un amant, son mac ou un cousin. Sans plus de cérémonie, le compagnon de Tace pose la corne d’abondance sur ses genoux et se remplit les joues de sablés qui crissent entre ses dents et constellent sa bouche de miettes. Nadie le regarde fixement, les yeux écarquillés.

« N’ai pas peur de ce guignol » vient Tace à sa rescousse.

Elle refuse la cigarette qu'on lui offre.

« Répète-moi qui voir, encore, le rendez-vous. »

Tace lui glisse la lettre sur le sous-main mais retient un peu les feuillets sous ses doigts noircis.

-C’est pas le gars que tu penses, ma biche, j’aurais pas cru dire ça une fois mais je pense que t’étais mieux lottie avec la crevure » soupire-t-elle dans une référence évidente et codifiée à William Fraser. « Est-ce qu’il t’a…enfin, tu vas bien quoi, comme on dit ? »
Nadie n’a d’yeux que pour l’enveloppe rosée.

« Il est un monstre » dit-elle.

Un silence s’installe entre les deux femmes. Tace cherche dans le visage de son amie un éclat qui semble s’être amoindri. Ses paroles l’inquiètent, elle ne lâche pas.

« Quoi ? »
« Benicio, il est un monstre. Il peut avoir l'air bon, il peut entrer dans ta tête, il a soif pour le sang.  Personne ne peut arrêter, il va venir... » La voix de Nadie est si basse qu’on l’entend à peine dans les mastications de l’ivrogne. Elle se fond presque en un murmure. « Tu dois faire attention à toi, Tace. Il est un homme qui est très dangereux. Rien peut l'arrêter, il va me trouver. Il va te tuer, toi, il va tuer Ruth, ...et après... »

Comme à son habitude, Tace fume autant qu’elle fulmine. Elle n’aime pas avoir des problèmes, et elle n’aime pas qu’on fasse des crasses à ses amis. Nadie est une gentille fille, drôle, joueuse, sérieuse, elle le sait parce qu’elle la connaît. Elle connaît aussi le sort que certains hommes jettent sur ses sœurs. Jamais elle n'a entendu l'indienne avoir aussi peur, pas même quand elle pleurait à cause de la crevure. Des pauvresses comme ça, elle en a vu d'autres, et elle est pas la dernière à savoir que ce qui se passe derrière les murs d'une maison, c'est souvent le pire. Elle doit être à bout de nerf.

« Isidore veille au grain » grince Isidore en agitant son arme de poing au dessus de sa tête.

Nadie reste seule avec le guignol qui s’empiffre en surveillant la fenêtre pendant que Tace s’absente pour rencontrer un client. Elle a promis aux deux compères de faire attention sur la route. Son visage collé au carreau, Nadie observe la démarche de chaque passant sous les réverbères. Les cendres de la lettre sont cachées sous le tapis avec l’allumette. Les articles de journaux, eux, sont précieusement cachés au fond de son corsage noir.

Quand elle se retourne pour regarder son gardien, elle le découvre profondément endormi. A ses pieds, il ne reste plus que les raisins.


Nadie
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Benicio M. De la Fuente
Benicio M. De la Fuente
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A cada cerdo le llega su San Martín | FT NADIE Appn
Age : 50 ans
Statut : Célibataire, mais vieux garçon lui va mieux
Job : Pasteur
Habitation : Imogen, dans le temple ou une petit bicoque située non loin
Disponibilité : Toujours
Ven 3 Juin - 21:32
   
 
A cada cerdo le llega su San Martín
Malgré le vent frais, le soleil, lui, tape fort - si fort qu’on dirait qu’il va tomber du ciel pour s’abattre sur les tête découvertes, et même celles chapotées ( son Cordobes est une véritable boîte à sardine qui lui chauffe la caboche ). Les yeux plissés pour défier une fois de plus l’astre brûlant, la carriole laissée à l’ombre d’un ravin n’est qu’un qu’un petit point à l’horizon.
Comme à son habitude, Becky ne bronche pas, tout à fait immobile, si ce n’est pour ses oreilles qui, de temps à autre, se dressent contre le vent. Benicio, lui, râle bien plus que la mule. D’un geste pressé, il froisse d’ailleurs la poche de son veston pour y chercher sa montre. L’heure qu’il déchiffre au cadran lui fait plisser le nez.  — Qué diablos hace?
Dans un soupire, il se redresse, sans prendre la peine d’époussiérer son complet noir ( maintenant gris ). Ce qu’il n’oublie pas, en revanche, c’est de prendre sa carabine avec lui.

Dans ce petit désert à peine verdoyant, il avance comme un Don Quixote qui aurait compris que ses géants ne sont que des moulins. Totalement à découvert, il n’a pas peur d’aller jeter un coup d'œil vers l’arbre presque sec sous lequel aurait dû l’attendre sa petite sainte et la vipère qu’elle devait fouler du pied. De toute façon, il sait qu’il n’y trouvera personne.
Les mains sur les hanches, observant le ciel plutôt que l’horizon, il a l’air pensif. La croix qui brille sous le soleil rappelle malgré tout son regard à la terre.

Maldita sea...

* * *

Celui-ci ? ” L’armurier pointe le plus petit des colts, une sorte de jouet sans chambre et à deux coups. Il lui a dit qu’en termes de discrétion, il n’y avait rien de mieux : il tient aisément dans la plus petite des poches et son recul n’est pas grand. C’est le prix, qui, au final, est un peu plus impressionnant.
ça fera l’affaire. Vous savez, c’est juste pour dissuader. Je veux continuer de pouvoir visiter le bog sans que ces voyous ne reviennent nous asticoter. C’est surtout pour ma femme que j’ai peur.   ” Le vendeur acquiesce d’un air grave, sûrement pour sceller la transaction et faire passer la brûlure de la facture. Mais le porte-monnaie bien léger de Benicio, lui, n’oublie pas.

* * *

- Y por cierto, sabes dónde está ? Tace, tu sais ? Recuerdes ? La niña del Bog que vivía con mi esposita ?   ” Le type avec qui il converse depuis un bon quart d’heure le regarde avec des yeux rouges. Il gratte sa barbe mal taillée, un peu confus face à la tournure qu’à pris cette conversatio. Il faut dire que Cristobal Pérez est surtout là pour le repas que lui a offert le pasteur, en plus de pouvoir pleurer ses péchés sur son épaule.
Tace ? Espera…Ah ! Si ! Claro que si - Vive en un albergue no lejos de aquí con un güey con quien comparte la habitación - Porque usted me pregunta esto? ” Le pauvre gaucho s’insurge un peu, pressé de reprendre sa confession.
Porque Nadie quería darle noticias. Me parece que Tace es un amiga muy querida a su corazón. Eso es porque necesito su dirección. Tu la conoces ? ” Le type hésite un instant, comme un gamin timide qui n’ose donner sa réponse de peur qu’elle soit mauvaise.  “ Vale, es una confesión, puedes decir que te fui a las callejeras, Dios te perdonará.

* * *

L’auberge aux volets roses n’a de remarquable que cela. La petite frimousse qui apparaît entre deux rideaux est bien plus jolie et, toujours, aspire le regard du pasteur. Comme la première fois qu’ils se sont vus, il marche avec la foule, mais sa tête est tournée vers elle, seulement vers elle. Elle doit sûrement l’avoir aperçu maintenant. Alors il va enfin à contre sens. Il avance cette fois sans qu’aucun obstacle ne vienne taper sa gueule déjà trop cassée.
Ses pas le mènent jusqu’au porche du taudis, là où il peut la voir, mieux que tout à l’heure. Immobile, un soupir lui affaisse les épaules. On ne saurait dire s’il est agacé, ou rassuré. — Je vais monter. ” Elle ne peut pas l’entendre, mais elle peut sûrement lire sur ses lèvres. De toute façon, elle doit se douter qu’il ne va pas rester planter là. Alors, calmement, il entre dans l’auberge. Encore une fois, personne ne l’arrête, et personne ne lui pose de questions. C’est d’ailleurs à peine si on le regarde quand il prend les escaliers pour aller à l’étage. Ce qui est merveilleux avec les endroits de passe ou les hôtels de bas quartier, c’est que tout le monde se fiche bien de ce que vous y faites. Un pasteur peut y donner les derniers sacrements pour un voyou qui se vide de son sang. Il peut aussi venir sauter l’une des filles, cela ne fait pas de différence pour un tenancier qui ne veut pas connaître ses clients.No questions asked, comme disent les américains.

S’il se souvient bien, Nadie était perchée deux fenêtres sur la droite, un étage au-dessus du sol. Il prend donc les escaliers qui mènent à un couloir ponctué de portes. Quand il repère enfin la bonne, c’est bien poliment qu’il tape contre le bois jaune avant de faire tourner la poignée.
Nadie ? ” Il entre sans plus de cérémonie, sans vraiment se demander si quelqu’un l’attend derrière la porte. Peut-être qu’elle les a déjà tué ? Peut-être que c’est lui qu’elle va tuer ? Il n’en sait trop rien, mais une curiosité malsaine le pousse à connaître la réponse de ce bien grand mystère.

Le type posté à l'entrée le fait un instant sursauter. Mais en voyant le sommeil profond dans lequel il semble plongé ( et sa pâleur ), les inquiétudes de Benicio s’envolent. — Tu les as tué ? ” Il se tourne vers la petite épouse, les sourcils levés. “ Où est Tace ? “ Comme si c’était une souris qu’il cherchait, il jette des coups d'œil dans chaque coin de la pièce et pousse même le vis jusqu’à ouvrir grand un placard - mais il ne trouve aucune trace de de la putain.
Bon… “ Ses deux yeux noirs se posent une nouvelle fois sur Nadie, détaillant sa figure et sa posture. Il ne se retourne qu’un instant pour vérifier que le lit sur lequel il veut s'asseoir n’est pas trop loin. “Qu’est-ce qui s’est passé ? “ Cette curiosité mal venue brise un peu le masque de sévérité qu’il s’était bâti. A vrai dire, il n’a pas vraiment l’air en colère. “Pardon. Tu en a peut-être encore gros sur la conscience - je ne m’attendais pas à ce que quelqu’un finisse le panier entier, j’aurais dû te dire. Ce n’est pas grave tu sais. Ce n’est pas une mauvaise mort. “ Si le pauvre Isidore respire encore, ce n’est pas pour bien longtemps. Passé une certaine dose, le laudanum est un poison assez efficace.  “Attend. Tu as fait exprès ? “ De plus en plus surpris, il acquiesce doucement en regardant le macabé, lisant dans les silences de Nadie les réponses qu’il attend et anticipe peut-être. Mais après tout, elle n’en est pas à son premier empoisonnement ( juste le deuxième.). “On peut faire passer ça pour un suicide. Il se diront que c’est lui qui l’a tué.

Gentiment,  il se penche pour attraper le poignet de Nadie. Ses mains d’étrangleurs ne serrent pas, cette fois - mais il insiste tout de même pour qu’elle s’assoit, elle aussi. — Viens. Viens à côté de moi. “ En recoiffant les mèches brunes de sa complice avec plus de tendresse qu’il n’a eu pour elle durant ces derniers mois, c’est un baiser presque paternaliste qu’il pose sur son front.  — Alors ? Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?

:copyright: Laueee

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It was real and I repent : All those messages you sent, clear as day, but in the night... Oh, I couldn't get it right
Benicio M. De la Fuente
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