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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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I've lived my life by one adage | FT FILIPPA
Makoyepuk Blackfoot
Makoyepuk Blackfoot
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Age : 38 ans
Statut : Veuf, père d'une fille qu'on lui a volé, monsieur est un vagabond
Job : Chasseur de prime
Habitation : Officiellement, Imogen, officieusement, un peu partout
Mar 22 Fév - 4:00
   
 
I've lived my life by one adage
and that's don't fuck with demons!
Il fait trop froid au dehors, alors pour une fois, les chiens de garde ont été rentrés : quand les Hennessy ne reçoivent pas, c’est généralement dans la cuisine que les bâtards qu’ils emploient se retrouvent. Par respect, presque par pudeur, ils se limitent souvent à cette pièce. Ils y sont plus à l’aise de toute façon - il y a des chaises, une table, et parfois de la nourriture. Katherine est d’ailleurs en train de manger les morceaux d’un poulet que les invités de la veille n’ont pas fait totalement disparaître. Liam a dit de se servir, après tout.

Avachie sur sa chaise, elle regarde Makoyepuk et Brian jouer aux cartes dans un silence presque religieux. — Madame Hennessy m’a dit que tu avais un job aujourd’hui. “ Elle mord dans la viande, creusant un peu plus la balafre qui lui scie la lèvre et le nez. Elle sait ménager le suspens bien qu’on pourrait croire à sa mine toujours inexpressive qu’elle n’a aucun sens du drame. Elle adore qu’on lui pose des questions et savoir mieux que les autres.
Makoyepuk abat deux cartes sans lever sa tête du jeu. — Et c’est maintenant que tu me le dis ? “ La gamine acquiesce en mâchant bruyamment. " ça consiste en quoi au juste ?
Elle déglutit. — Escorte de convoi.
Makoyepuk souffle et, finalement, abandonne un instant sa partie pour fixer la petite maline.  — Mais encore ?
Brian prend bien sûr l’avantage pendant ces quelques secondes d'inattention et remporte au passage la manche en ramassant toutes les paires. — Elle parle des Italiens. Ils veulent aller récupérer la paperasse que Fraser a semé au vent dans la région.
Katherine mord une dernière fois dans la cuisse luisante et déjà bien entamée. Mais parler la bouche pleine ne lui fait pas peur. — Je crois que c’est la miss que t’accompagnes. Elle est pas commode. Elle fait la gueule tout le temps.
Un peu comme toi quoi ? “ Brian, qui a voulu tenté un trait d’humour, est puni de son audace par un coup de coude que lui acène la fausse bonne. En se défendant comme il peut, il continue son discours “ Je crois que la première destination c’est le ranch Baxter. Faut que t’ailles cueillir la Rinaldi à son épicerie.
Makoyepuk a l’air pensif en distribuant les cartes. — A quelle heure ?
Katherine regarde l’horloge, l’air de rien. — Dans cinq minutes.
Le brave ( qui n’en est plus vraiment un ) se lève de sa chaise en un bond, enfilant avec empressement manteau et chapeau. Il n’a même pas le temps d’injurier l’assistance qui se moque et rit bruyamment.

Il passe par la porte de derrière sans prendre le temps de correctement la fermer. Les tire-au-flanc le feront pour lui. Trop pressé, Il préfère sauter sur le dos de son petit cheval gris.
Mais avant qu’il puisse détaler, un papier jeté en boule par la fenêtre lui atterrit sur le coin du visage, puis, entre ses mains. Sur le parchemin est grossièrement dessinée une carte ( un enfant aurait pu faire ce gribouillage ). C’est peut-être sommaire, mais c’est toujours mieux qu’une adresse écrite pour un analphabète. — Prend mon cheval ! “ Lui hèle l’artiste.

Avec deux Pintos et son barda, Makoyepuk prend donc la route du quartier latin, suivant les indications colorées du schéma. Le temps de se perdre, il arrive bien évidemment avec quelques minutes de retard dans l’arrière cours de la boutique, déconcerté par le bruit et l’odeur qui émane de ce qu’il imagine être les cuisines. Ou l’arrière boutique ? Peu importe, en tout cas, il toque à la porte, feignant d’être sûr de lui.

Mademoiselle Rinaldi ? “ On dirait bien que non. La personne qui lui ouvre a surtout l’air d’un vieil italien, du genre pas commode ( mais trop âgé, Dieu merci, pour cogner un peau rouge qui vient réclamer sa fille. Ou sa nièce ? Ou sa petite-fille ? Décidément, il n’a aucune idée de rien ). — Je viens de la part de la famille Hennessy. Est-ce que mademoiselle est dans le coin ?

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Makoyepuk Blackfoot
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Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
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I've lived my life by one adage | FT FILIPPA Boeq
Age : 29 ans
Statut : La revanche a fait d'elle son épouse, personne ne sait qui des deux deviendra veuve
Job : Cuisinière officiellement | Nouvelle comptable des Hennessy en compagnie de Wyatt Smith | Réalise des petits boulots illégaux avec un groupe d'italiens de Silverstone | Ancienne contaiuola de la famille Rinaldi
Habitation : Petit étage en piteux état au-dessus de l'épicerie de ses grands-parents, Silverstone
Disponibilité : Dispo [1/3]
Lun 28 Fév - 21:43


I've lived my life by one adage

@Makoyepuk Blackfoot

Filippa était prête ; pas son repas. Au milieu de la table de l’arrière-boutique de l’épicerie, un fichu aux couleurs d’un rouge délavé était garni de provisions organisées dans un joyeux chaos. Des bocaux de tomates séchées côtoyaient des tartines (avec un pain datant d’il y avait quelques jours) d’épinards, de jambon fumé et d’un fromage de brebis si vieux que ni l’odeur, ni son allure ne permettait une identification certaine. Nonna s’activait comme un beau diable, empilant à qui mieux mieux, tout en sachant pertinemment qu’on ne pourrait pas le nouer correctement. Sa petite-fille tâchait d’analyser la carte dessinée à la volée par un Alessio « qui connaissait bien la région, t’inquiète ! ».  
Malheureusement, tout comme Filippa, son appréciation des distances était approximative et ses qualités en dessin moindres. La napolitaine soupira en se massant le front, incapable de déchiffrer son charabia. L’italienne était née et avait grandi dans la ville et dans ce coin paumé des États-Unis, rien ne ressemblait plus à un arbre qu’un autre arbre. Comment voulait-il qu’elle s’y retrouve avec ça ? « J’espère que mon compagnon de route sera plus doué que moi en plein air, » songea-t-elle tandis que ses doigts se mirent à pianoter contre le bois de la table. Voilà une nouvelle inconnue qu’elle n’appréciait guère dans l’équation. Cet inconnu que Pearl lui mettait dans les pattes. Ce n’était pas Wyatt, déjà, le seul dont - étonnamment - elle s’était trouvée proche ses dernières semaines. Le bougre montrait plus d’assiduité à l’inclure dans leur clique qu’elle ne l’aurait cru. La joie craintive, sûrement, de ne pas être seul à la barre des comptes et de pouvoir rejeter la faute sur elle en cas de pépin. Elle ne lui en voulait pas, c’était là les bases de la survie.

« Je ne vais pas manger tout ça, tu sais, » lança-t-elle à sa grand-mère en jetant un bref regard vers la montagne de denrées.

L’aïeule n’en avait que faire et s’obstinait. Ses mains ridées frémissaient légèrement. Ses yeux étaient fixes, comme deux petites olives noires fripées laissées au fond d’un bol blanc. Elle cligna des yeux et c’est toute sa peau froissée par le temps qui s’anima. Un frisson. Une appréhension. Filippa n’avait pas besoin d’être dans sa tête pour deviner ce qu’elle ressentait ; elle le ressentait également.

« Non, mais tu t’es vue ?! » finit par s’agacer nonna pour chasser son inquiétude. « Un vrai chpilabip* ! Maigre comme un clou ! »

Pour assurer son propos, elle pinça le bras de la comptable.

« Hé ! » protesta cette dernière en se dégageant.

De l’autre côté de la porte, les clients bavassaient avec nonno qui tenait la boutique. Malheureusement, sa voix faussement malicieuse ne parvenait pas à imprégner l’épicerie comme d’ordinaire.

Nonna tira sur les quatre coins du tissus sans parvenir à fermer complètement le baluchon. Il y avait toujours un bocal pour se casser la figure ou un des coins pour se désolidariser du groupe. Elle jura, siffla entre ses dents, invoquant ses ancêtres et même ses ennemis, mais rien n’y fit.
Filippa attrapa sa main polie par les années.

« Assieds-toi, » lui demanda-t-elle. « Et que ça saute, aller. »

L’aïeule finit par obtempérer en soufflant longuement, son autre main appuyée contre ses lombaires. Ses petits yeux noirs étaient alourdis par des cernes presque aussi épaisses que ses paupières ; les mêmes que Filippa s’imaginait avoir lorsqu’elle - si elle atteignait son noble âge -.

« Ça va aller, » tenta-t-elle de la rassurer, maladroitement, en posant son autre main sur la sienne.

Nonna fit claquer sa langue derrière ses dents, mais resserra l’étreinte de ses doigts. Elle secoua la tête, un air revêche accroché au visage.

« Peuh ! » cracha-t-elle en secouant la tête. « Les paroles, les paroles, les paroles ! Qu’est-ce que tu en sais, hein ? Rien du tout ! »

Elle se renfrogna en se massant le dos d’une main.

« Ce n’est pas en toi que je n’ai pas confiance… Mais dans les autres. On ne sait même pas qui vient avec toi. Tu ne pourrais pas emmener Dino ? Ou Vitale et Alessio ? » plaida-t-elle à nouveau, inlassable depuis que Filippa était rentrée au bercail avec la mission des Hennessy.

La napolitaine ferma les yeux et expira bruyamment par le nez.

« Je sais, je sais ! » la coupa nonna en resserrant son châle sur ses épaules voutées. « Mais moi, j’aurais préféré, voilà. »

Filippa savait à quoi elle pensait. La dernière fois qu’ils s’étaient séparés…

« Eh ben, toujours les mêmes qui bossent ici ! » s’agaça faussement nonno en faisant claquer la porte dans son dos. « Ça bavarde pendant que je trime ! Toujours les mêmes qui bossent... »

Il déposa des cagettes pleines de mâches encore couvertes de saletés par terre.

On toqua à la porte.

Nonno, imperturbable, commença à jeter les brins dans un sceau d’eau.

« Ça a toqué ! » piailla nonna.

« Quoi ? » rétorqua nonno, un peu hagard.

« Ça a toqué ! Non, mais c’est pas possible il est sourd comme un pot celui-là ! »

« Je te jure, Pippa, quand j’ai demandé sa main, son père m’a dit « t’as qu’à tout prendre ». Bah ma parole j’aurais dû y laisser la langue, tiens ! »

Il ouvrit la porte.

Nonna s’écria :

« Sorbole ! »*

L’expression de pure surprise peinte sur son visage suffit pour que Filippa se retourne vivement sur sa chaise.

Dans l’encadrement de la porte, une haute silhouette se détachait. Elle plissa des yeux. Elle reconnut immédiatement le natif qui accompagnait Pearl comme un chien avec son maître depuis la mort de Fraser. Son nom, en revanche, était un mystère. Pendant ce temps là, nonna hyperventilait. Malgré leur présence depuis plus de cinq ans au beau milieu de ces terres sauvages, les Rinaldi n’avaient pas rencontré énormément d’autochtones. Et comme sur les italiens, il circulait les pires rumeurs sur eux.

« Questo è il tuo fidanzato ? »** demanda nonno en sourcillant devant l’imposant chien de garde.

« Sfortuna ! Non potevi portarci qualcuno da casa, vero ? Uno come la piccola Trotta, non è molto bello, ma è di Montecassino ! Ma cos'altro mangia ? Non so niente di cosa mangiano... Ma cosa aspetti ? Riportalo indietro ! Eh, miseria, ma che miseria… »***

Nonno se décala pour laisser entrer le natif qui dû se courber légèrement pour passer par la porte.

« Ma no ! » soupira la napolitaine. « Non hai sentito ? È degli Hennessy. »****

« Ma cosa ne so io ? Non faccio schifo, dice ! »*****, rouspéta nonno en se lissant la moustache.

Si nonno était plutôt décontracté, nonna, elle, était passé de la confusion à la méfiance en un clignement d’yeux. Comme un vautour déplumé, elle s’était levé pour rôder autour de leur invité, accrochant ses petits yeux noirs sur chaque parcelle de son corps pour le jauger.

Leur différence de taille amusa derechef Filippa qui jeta un coup d’oeil à nonno. Lui aussi la regardait et tous les deux dissimulèrent un sourire. Les yeux sombres de son grand-père pétillèrent sous ses épais sourcils blancs - nonna devrait bientôt lui tailler, leur petite-fille s’étonnait que cela ne soit pas déjà fait, d’ailleurs -.

« Vous avez failli être en retard, » commenta Filippa de sa voix sèche en resserrant le foulard sans couleur qui tenait ses cheveux.

« Oh dai, è buono Pippa ! Si siede un po’ ? Vuole da bere ? »******


La comptable balaya sa proposition d’un revers de main.

« Se vogliamo arrivare prima che faccia buio, dovremo partire adesso. »*******

Les vaines tentatives de retarder l’échéance se muèrent alors en vifs encouragements. Les routes en pleine cambrousse n’étaient pas sûres la nuit tombée. Après un bref baiser sur la joue piquante d’une barbe mal rasée de nonno et un autre sur celle poncée par le temps de nonna, ils furent flanqués à la porte.

La touffeur de l’été avait laissée place à un automne précoce et brusque. Sous son manteau mainte et mainte fois recousu, Filippa frissonna avant de resserrer l’étoffe contre elle. Ce qui n’était pas une mince affaire puisqu’elle avait les bras chargées des provisions imposées par nonna et la hanche lourde d’un sac rempli de conserves. La peur de manquer tenait au ventre des Rinaldi.

« Ciao quand même, » finit-elle par saluer son compagnon d’infortune.

En voulant lui tendre la main, des bocaux roulèrent dans la poussière. Un râle venu de très loin s’échappa de ses lèvres et elle roula des yeux.

« Bonne idée, les sacoches, » lâcha-t-elle en remarquant les sacs accrochés à la selle des chevaux qui renâclait devant le petit jardin encore gorgé d’été - lorsqu’elle reviendrait, elle ne doutait pas que le froid aurait anéanti les tomates tardives -.

Encombrée, elle suivit l’autochtone et se déchargea de sa charge avec un soupir de contentement. Puis, elle revint sur ses pas, ramassa ce qui était tombé et le fit disparaitre dans la sacoche, affichant toujours son air mi-sévère, mi-digne d’européenne contrite. « On ne mourra pas de faim, au moins. »

Il y avait longtemps qu’elle n’était pas montée à cheval. Ce n’était pas son activité favorite, malgré les affaires de sa famille, et elle préférait truquer les courses plutôt que d’y participer. Néanmoins, elle se rendit compte qu’elle n’était pas trop rouillée. Elle se hissa lestement et flatta distraitement l’encolure de la bête.

« Je vous suis. »

Elle avait le plan d’Alessio dans son sac, mais en plus d’avoir trop honte pour le sortir, il était maintenant enterré sous les sandwich et les bouteilles de citronnade.

Quel malheur que ni nonna, ni elle, n’ait pensé à un flacon d’eau bénite.





*Argot napolitain désignant quelqu'un de très maigre
*Misère !
**C’est ton fiancé ?
***Malheur ! Tu n'aurais pas pu nous ramener quelqu'un de chez nous, non ? Quelqu'un comme le petit Trotta, il n'est pas très beau, mais il vient de Montecassino ! Mais qu'est-ce qu'il mange en plus ? Je n'en sais rien moi, de ce qu'ils mangent... Mais qu'est-ce que tu attends ? Fais-le rentrer ! Olala, misère, mais quelle misère...
****Mais non ! Vous n’avez pas entendu ? Il vient de la part des Hennessy.
*****Mais qu'est-ce que j'en sais moi ? Je pipe rien à ce qu'il raconte !
******Oh, aller, c'est bon Pippa ! Il s'assoit un peu ? Il veut boire un coup ?
*******Si nous voulons arriver avant la nuit, il va falloir qu'on parte maintenant.





Filippa Rinaldi
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Makoyepuk Blackfoot
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Jeu 3 Mar - 10:54
   
 
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Il ne comprend pas grand chose de ce qui se raconte dans cette cuisine qui lui paraît trop petite pour lui et l’assemblée qu’elle contient. Il y a au mur comme sur la table trop d’instruments et d’aliments qu’il ne connaît ni ne reconnaît : l’étrange sensation d’être entré dans un autre monde par le biais de cette petite porte le frappe. Tout ce qu’il sait, c’est que le parfum de ce que la vieille a préparé n’est pas désagréable, loin de là.
Lui aussi, d’ailleurs, la regarde avec une certaine curiosité. A force de trop de coups d'œil jetés par les deux parties, il penche même la tête sur le côté, comme pour lui demander ce qu’elle cherche. Heureusement, de la part d’italiens, ce genre de comportement l’amuse plus qu’autre chose.
Mais ils sont interrompus dans leur silencieuse conversation. La remarque, quoique sèche, de la grande brune est comme une bouée jeté à la mer : il peut enfin se rattacher à quelque chose de tangible dans cette conversation faite de brouhaha chuintant. Alors il lève la tête et les sourcils, interloqué mais pas vraiment surpris.   — Et moi je pensais que vous seriez déjà prête. “ Ces quelques mots à peine soufflés ne semblent pas achever la bonne humeur du grand-père, ni même mettre fin aux dialogues de la fourmilière latine. Lui qui s’attendait à s’engouffrer l’antre de bandits à la face verdâtre, c’est une famille tout ce qu’il y a de plus normale ( ou presque ) qui dévoile devant lui un peu de son quotidien mouvementé. Pour peu, il s’en amuserait. Rien à voir avec les Hennessy, songe-t-il.

Un baiser sur la joue du vieillard en guise d'au revoir ( et L’énorme baluchon de nourriture, aussi ) lui rappelle que certains foyers sont plus chaleureux que d’autres. Décidément, les Italiens se démarquent des Américains de bien des façons - aucune de celles auxquelles les rumeurs l’avaient préparé. C’est d’ailleurs par curiosité - autant que par goujaterie - qu’il observe Filippa trimballer tout son barda jusqu’aux chevaux, curieux de voir si d’autres manières pointeront le bout de leur nez. Hélas, seul un mot inconnu lui arrache un “ah ?” intrigué. Il faut croire que, comme l'observation des oiseaux, l'apprentissage de la culture italienne est long et fastidieux.
Makoyepuk. “ Répond-t-il en se pointant du doigt. Il s’imagine bien qu’elle ne lui a pas demandé son prénom, mais dans le doute ( et puisqu’il ne sait pas quoi dire ), autant en profiter pour se présenter.

* * *

La route est silencieuse, faite de paysages plus que de conversations. Il semblerait que les deux voyageurs n’aient pas un goût prononcé pour le bavardage. A force de bayer pour s’occuper, l’homme de main semble pourtant enfin enclin à briser leur silence contemplatif.
Tu sais que là où on va, c’est hanté ? “ Cette question n’en est pas vraiment une - il la voit plutôt comme un tremplin pour l’histoire qui va suivre. “ Il n’ont pas dû te dire, les patrons, ou peut-être qu’ils ne savent pas - mais à Imogen, c’est ce que tout le monde dit. “ C’est bien vrai. Les rumeurs vont bon train quand il n’y a qu’une poignée de crédules pour les alimenter. Tout le monde ressasse cette histoire, comme si c’était la dernière nouvelle à la mode ( peut-être la plus excitante, en tout cas ) : du boucher jusqu’au garçon de ferme, on ne parle que du fantôme qui erre sur ces terres. “ Ils disent que c’est la propriétaire qui a disparu il y a peu, qu’elle apparaît la nuit et chasse ceux qui voudraient lui prendre sa maison. D’ailleurs, le terrain n’a toujours pas été vendu. “ Il marque une courte pause, pensif, comme s’il se questionnait lui-même sur ce qu’il croit ou non. Le bénéfice du doute, voilà qui est plus prudent. “ Enfin, c’est peut-être seulement Fraser qui a trouvé une solution pour qu’on ne touche pas à son butin. “ Il hausse les épaules.

Ah. On est arrivé. “ Cette constatation est lâchée sans joie particulière. Il faut dire que la petite bicoque qui apparaît à l’horizon ne fait pas vraiment envie - conjuguée avec cette histoire de dame blanche, Makoyepuk se voit mieux monter une tente que de mettre un pied dans cette maison. “ Au moins on va pouvoir laisser les chevaux au pré. “ Les clôtures branlantes qui cisaillent la terre ne font que souligner l’ironie stoic de cette remarque.  
Il descend enfin de cheval, étirant ses jambes qui trop d’heure son restées arquées autour des flancs de Numees ( elle aussi, ravie de ne plus trimbaler ce poids, souffle ).

C’est quoi qu’elle t’a donné ? “ La question ne lui semble pas claire, alors il se reprend. “ Dans le bocal. “ Il a faim. Ses regards furtifs vers la saccoche de la jeune femme l’ont de toute façon trahit depuis bien une demi-heure.


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Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
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Jeu 17 Mar - 23:38


I've lived my life by one adage

@Makoyepuk Blackfoot

Le paysage était écrasant. Filippa était minuscule. Du moins, se sentait-elle insignifiante face à ces étendues infinies et terribles dont les collines rondes roulaient jusqu’à l’horizon dans un dégradé de jaunes, de verts et de bruns. À l’ouest, le ciel encore bleu de jour était découpé par les crêtes des Grey Hills, coiffées de quelques nuages à la grisaille menaçante. À l’ouest, rien, si ce n’était la ligne de chemin de fer invisible qui devait serpenter, elle aussi désireuse de s’échapper de West Esperanza.
L’italienne était née à Naples. La seule immensité lui étant familière était celle de la mer Méditerranée, domptée par des siècles de ports, de navires, de frontières. Lorsqu’elle admirait autrefois l’horizon, elle se la représentait sur une carte, parfaitement contenue entre l’Italie, la France, l’Espagne et les pays du nord de l’Afrique, dans un cocon rassurant de finitude et d’ordre. Quant à la ville, elle était définie, palpable, tangible. Entre les rues pavées et les bâtiments colorés, il n’y avait que les hommes à craindre.
Ici, elle se sentait dévorée par cette immensité muette et sauvage qui la ramenait à sa propre petitesse. De partout, elle se sentait menacée, cible facile, au milieu de ce rien qui ne pouvait pas la cacher. Elle détestait ça.

Filippa n’appréciait guère les sorties en dehors de Silverstone. Cette cambrousse la mettait mal à l’aise. Mal à l’aise parce qu’elle ne la maîtrisait pas. Ce qui n’était certainement pas le cas du natif. Après tout, il devait être né dans un buisson pas très loin d’ici, alors. Peut-être même parlait-il aux loups et aux corbeaux. En tout cas, c’était ce que les villageoises d’Imogen avaient prétendu - en étant parfaitement sobres - au mariage de Nadie et du père de la Fuente. L’idée aurait pu faire sourire la comptable, mais le sourire ne lui venait plus aussi facilement qu’auparavant. Aussi, se contenta-t-elle de se redresser sur sa selle en ouvrant un peu ses épaules pour se donner une contenance. Il était hors de question que l’homme de main des Hennessy ne soit témoin de son embarras. « Comment s’appelle-t-il, déjà ? » se demanda-t-elle en guettant l’horizon à la recherche d’une invisible menace. « Marlo ? Mapokepik ? Super. J’espère que je n’aurai pas à l’appeler. » Elle se fit en tout cas la promesse de l’interpeler par des moyens détournés qui n’incluaient pas son prénom.

Après des heures d’un silence trop plein de cris d’animaux (et d’autres froissements non identifiés), la voix de l’autochtone résonna comme un choeur au milieu d’une cathédrale ; soudainement et avec un écho amplifié par les soupirs mutiques. Filippa haussa des sourcils.

« Ah, » répondit-elle simplement.

Sur son visage se peignit une moue dubitative. En parfaite cartésienne - du moins tentait-elle de s’en convaincre -, la jeune femme n’accordait généralement aucun crédit ni aux fantômes, ni aux astrologues (tous à mettre dans le même sac). Malheureusement, son inclinaison terre-à-terre se heurtait à son éducation italienne. Et il n’y avait rien de plus superstitieux qu’un napolitain. Entre les chapeaux qu’on ne pouvait poser sur les lits, les coins de table auxquels il ne fallait pas s’asseoir et l’huile d’olive qu’il ne fallait pas renverser, elle avait été biberonnée bien malgré elle aux croyances irrationnelles. Évidemment, les esprits en faisaient partie. Comme pour son malaise précédent, elle préféra feindre l’indifférence - ce qu’elle faisait de mieux -.

« Une chance qu’on ne veuille pas lui prendre, sa maison, alors. »

Seulement l’argent prétendument caché dans la cheminée.

La constatation de Mukopak (non ce n’était toujours pas ça) attira son attention sur un flanc de colline désolé où l’herbe sèche, rasée par les vents, fouettait à peine les flancs malmenés d’une bicoque abandonnée. Elle n’avait pas encore l’air en trop mauvais état. Quelques volets cassés qui se balançaient mollement en grinçant. Une façade noircie par elle ne savait quoi. La vision ne l’effrayait pas - des fermes comme celles-ci, elle en avait croisées des dizaines depuis son arrivée à Silverstone -, néanmoins elle ne put empêcher les petits cheveux noirs de sa nuque de se dresser. « Sûrement à cause de son histoire à dormir debout… » se rassura-t-elle en sautant de cheval à son tour.

Elle souffla par la nez à la remarque de son compagnon du jour. L’état pitoyable des clôtures lui arracha un secouement de tête.

« Vous devriez plutôt me demander ce qu’elle ne m’a pas donné, » soupira-t-elle en ouvrant la première sacoche. « Poivrons marinés. » Elle sortit le premier bocal. « Tomates confites. » Le deuxième. « Aubergines grillés. » Impossible de prendre le troisième pot.

À farfouiller dans son bardas, elle tintait plus que la cloche de l’épicerie un samedi matin. Elle finit par mettre la main sur ce qu’elle cherchait : la carte grossière d’Alessio et surtout, la liste des destinations à visiter.

« Como se - heum - Comment ça s’appelle ? Où nous sommes ? »

Elle s’étonnait d’ailleurs que cet endroit ait un nom et que les gens parviennent à s’y rendre (l’idée même que l’on souhaitait venir ici pour autre chose que de régler des comptes la surprenait). Après tout, comment faisait-on pour naviguer au milieu de nulle part ? Le fait était qu’elle avait tout de même hâte de rayer le premier nom.

En se retournant pour presser sa réponse, elle remarqua le regard vorace du natif vers ses petits bocaux colorés qui dépassaient du sac.

« Vous avez faim ? On partage si vous voulez. Sarà più leggero, tiens. »

Elle repartit dans son excavation et en ressortit deux gros pains enveloppés dans des serviettes couvertes de farine.

« Calzone, » lui indiqua-t-elle en lui en tendant une.

Elle cala le chausson encore enveloppé sous son bras pour ouvrir le pot de poivrons marinés. Mais ses mains encore moites de la chevauchée de cessaient de riper sur le couvercle. « Je n’y crois pas. C’est encore nonno qui a fermé ça ! Avec ses mains comme des parpaings… » Par pudeur, elle se tourna vers son cheval pour se soustraire au regard curieux de Maripok (toujours pas). Elle enveloppa sa main dans le bas de son manteau. Sourcils froncés, dents serrées, muscles bandés et « gnnn » étouffés contre son palais, ses doigts se crispèrent jusqu’à faire jaillir une veine bleutée sur sa tempe.

« Cazzo di coperchio*, » rouspéta-t-elle dans sa barbe en reprenant son souffle.

L’effort manqua de lui faire échapper la calzone toujours coincée entre son bras et ses côtes.

Un poc.

Enfin, elle sentit son biceps se détendre tandis que le couvercle se laisser tourner. Elle manqua d’échapper un soupir de soulagement, mais le ravala pour présenter le bocal au natif, comme si de rien n’était.

« Peperoni, » désigna-t-elle en tendant le pot vers lui. « C’est ce que je préfère. »

Déjà la marinade lui grippait le nez de souvenirs lointains, mais joyeux, de dimanches matins d’été ensoleillés. Cette fois, le sourire s’invita sur ses lèvres, mais par réserve, elle préféra le dissimuler derrière le chausson qu’elle mordilla.

Une goutte tomba sur son crâne.

Par réflexe, sa main libre vint pour toucher ses cheveux avant de se raviser au dernier moment, prête à pester contre l’oiseau qui avait osé se décharger sur elle. Cependant, son regard noir croisa la teinte toute aussi sombre de la nuée qui tapissait le ciel. Depuis leur départ, les nuages s’étaient agglutinés contre les côtes des Grey Hills, mais elle avait été si concentrée sur la route (et les potentiels coyotes qui auraient pu les agresser), qu’elle n’avait pas réellement remarqué la météo.

Une nouvelle goutte vint s’écraser contre ses bottines plates. Elle pesta en rangeant son pot de poivrons. Les souvenirs retournèrent à la marinade aigre.
Le temps de refermer la sacoche et de la prendre son sous bras, le ciel s’abattait sur eux et Filippa eut la désagréable impression d’être un saumon remontant un cours d’eau tandis qu’elle se rapprochait de l’indigène d’une démarche chaloupée (lestée par les rayons entiers de l’épicerie qu’elle traînait dans son sillage).

« Il faut s’abriter ! Dentro ! » cria-t-elle pour couvrir le bruit de l’averse en désignant la maison du doigt.

Dans la tempête, la silhouette de la ferme déserte avait des allures fantomatique, toute faite de grincements. Un frisson la ressaisit. Ses côtes grelottèrent.

« Juste le temps que ça passe ! On cherchera l’argent de Fraser, » se sentit-elle obligée d’ajouter.

Plus pour se rassurer qu’autre chose.



*Putain de couvercle




Filippa Rinaldi
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Makoyepuk Blackfoot
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Ven 18 Mar - 3:25
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Le défilé de bocal lui dessine un sourire inquiet sur le visage : tout à l’air délicieux, mais la grand-mère a clairement prévu de quoi nourrir un régiment. Jamais il n’a vu autant de provisions pour un si court voyage. C’était donc ça, les petits cliquetits qu’il avait entendu sur la route… — Eh bah… Elle pensait que tu allais mourir de faim ?
Quoiqu’il en soit, participer à l’effort de guerre pour réduire la charge des montures ne l’embête pas le moins du monde. — On est au ranch Baxter. “ Il balance l’infos tout en inspectant les denrées si généreusement offertes par les italiens. Décidément, il les apprécie de plus en plus.

Évidemment qu’il prend le petit pain qu’elle lui offre, croquant dedans sans même se préoccuper des ingrédients que ce mets contient : à ce stade, il fait confiance à la forme et l’odeur. Et il n’est pas déçu : L’espèce de pâte cuite, frite, on dirait, lui rappelle un plat qu’il connaît. Ce qu’il y a à l’intérieur, en revanche, le surprend tout à fait positivement. Il hoche d’ailleurs la tête comme pour féliciter nonna, et peut-être même l’Italie toute entière, d’avoir ce savoir-faire culinaire. C’est bien meilleur que les gamelles qu’on sert dans les auberges, en tout cas.
Par contre, comme la demoiselle commence à s’épuiser sur le bocal d’un autre mystère culinaire, Makoyepuk a soudainement comme l’impression de ne pas mâcher assez vite pour proposer son aide. Il l’a déjà laissé se battre contre leur festin, peut-être qu’il peut cette fois se montrer un peu plus sympathique. Alors, il déglutit - difficilement - et, la voix un peu enrouée après cette prouesse, s’essaye à la gentillesse. — Tu veux un coup de m-
PLOC. Les pepperoni apparaissent sous son nez. Alors forcément, il se sert.
Mais encore une fois, pas le temps de mâcher. Voilà que la pluie tombe.

Il se relève d’un bond, prenant sous son bras au moins sa vieille winchester avant de s’en aller dans l’antre du diable ( peut-être qu’il y croit un peu, finalement ). — C’est juste au cas où. “ Pas besoin de plus d’explications, cela le sauve de la gêne et de l’eau qui leur toque le crâne.

Pourtant, c’est sans empressement qu’il entre dans la maison déserte, chuchotant quelques prières le plus bas possible. Un rapide coup d'œil par l’embrasure de la porte lui fait regretter la course qui l’a menée jusqu’ici : l’intérieur est aussi terrifiant que l’extérieur, si ce n’est plus. Le linceul de poussière qui recouvre les meubles et le sol donnent des airs fantomatiques à ces lieux. La tête de cerf qui décore le mur reste la pièce de résistance. Quoique, la cheminée, cracheuse de cendre avec sa gueule béante, pourrait le détrôner.
Mais un autre détail accroche le regard de l’homme de main - tragique élément qui va au-delà de l’attraction de maison hantée : sur le parquet reste encore la trace aujourd’hui noirâtre d’un combat dont on ne connu jamais le dénouement.

Il essaye de ne pas avoir l’air trop sur ses gardes quand il rentre enfin dans la pièce à vivre. Pourtant, il ne peut s’empêcher de temps à autre de regarder par-dessus son épaule.Il évite aussi comme il peut l’impression de flaque sur le bois, l’enjambant même quand il le faut. — On dirait qu’il n’y a personne. On va pouvoir s’y mettre.
Presque aussitôt, il se met à vider la bibliothèque, ouvrant de temps à autre un ouvrage pour voir si les pages n’ont pas été creusées. — Où tu penses qu’il aurait pu cacher son magot ? On va devoir retourner la maison entière à ce rythme. “ Il se surprend même à soulever le tapis du salon - presque pour rire de sa propre déclaration.
Alors, quand il trouve une trappe juste en dessous, il lève les sourcils et ouvre grand les yeux, véritable masque de la surprise. — Ah. Ça ressemble à une piste.

Bienheureux de sa hasardeuse découverte, il tire sur l’anneau rouillé qui fait office de poignée - mais il s'essouffle vite, comme sa camarade avec son bocal de boudin italien. — Hm. C’est fermé à clef. “ Cette perspicace réflexion ne les mène pas plus loin que leur trouvaille : c’est un nouvelle chasse au trésor dans laquelle ils doivent se lancer, une qui leur ferait presque oublier leurs histoires de fantômes. En même temps, plus vite le travail est fait, plus vite ils peuvent filer ( enfin, si la pluie s’arrête ).

Doucement, le soleil décline à l’horizon, derrière les nuages déjà sombres se préparent de plus grands ténèbres. Dans le fond, il le sait : cet orage n’est pas prêt de s’arrêter. La nuit risque d’être longue. Bientôt, il faudra allumer une bougie pour voir ne serait-ce que le bout de son nez. — Aux grands maux les grands remèdes. Recule s’il te plait.
Quand il enclenche le fusil de son chien et qu’il vise le verroux de la cave, on comprend bien qu’il est plus boucher que médecin. Sans plus de sommations, il tire donc dans trape, faisant voler une planche en éclats.
Mais quand le silence retombe, il est vite remplacé par le bruit de pas si léger qu’on dirait juste le vent qui s’engouffre dans le ventre de la maison et la fait craquer. Makoyepuk se tourne immédiatement vers mademoiselle Rinaldi, comme une chouette ( les yeux ronds ). — C’était quoi ça ?

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Lun 21 Mar - 21:16


I've lived my life by one adage

@Makoyepuk Blackfoot

Un premier pas dans la masure. Le plancher grinça sous sa semelle. La maison était douloureusement vide. Douloureusement car, partout où le regard s’accrochait, des reliquats de vie laissait dans leur sillage un souvenir impossible à saisir. On devinait dans l’entrée, baignée de la lueur grise de l’extérieur, les contours d’une commode aux tiroirs arrachés. Un cadre photo renversé. Un napperon crasseux abandonné au sol.
Filippa songea à leur maison, à Naples. Était-ce tout ce qu’il restait, de l’autre côté de l’océan ? Une masure efflanquée, laissée à la merci des pilleurs ? Elle ne doutait pas que les propriétés luxueuses de la Morue avaient bien vite était réquisitionnées par les Mazzarella, mais… la sienne ? Là où elle et ses frères étaient nés ? Là où, enfant, elle avait appris à lire et à compter avec Mario ? Où, tous les deux, avaient pris l’habitude de cacher leurs secrets sous une latte du parquet pour éviter que leurs plus jeunes frères ne les trouvent ? Quelqu’un avait-il fini par les dénicher ou demeuraient-ils ensevelis sous la poussière du temps qui passait ? Et le jardin ? Que restait-il des tomates, des concombres, des poivrons ? Du bonheur et de l’horreur qui imprégnait mieux les murs que le plus capiteux des parfums ?
Elle ne savait ce qu’elle préférait : voir leur foyer dépérir, ouvert aux quatre vents, ou bien le savoir habité par des étrangers.

Filippa resta interdite sur le pallier, toute dégoulinante de l’averse. L’eau qui gouttait formait des petits cercles foncés dans la poussière. Le rez-de-chaussée était plongé dans la pénombre. En clignant des yeux pour les habituer, les contours troubles d’un escalier apparurent. Il plongeait dans la noirceur de l’étage. En bas, les bouches béantes des portes ouvertes vers d’autres pièces mystérieuses étaient pleines de noir. Elle s’interdit de regarder plus longtemps, craignant que la maison ne l’observe en retour.

Le natif avait interrompu ses prières marmottées pour explorer d’un pas prudent l’intérieur. Arrivée au milieu du hall, il se figea, le nez au sol. Brinquebalant tout son fatras, Filippa clopina à sa hauteur.
Sur le parquet, la cendre n’avait pas eu le temps de recouvrir une tache sombre qu’on devinait autrefois poisseuse si elle avait été découverte plus fraîche. L’italienne fronça le nez et resserra sa prise sur les anses de ses sacoches. L’odeur était désagréable.

« Sûrement une euh… puzzola ? Vous savez l’animal noir et blanc… Poilu avec un air méchant ? Qui ne sent pas bon ? Je n’ai pas le mot en anglais. »

Le cartésianisme en dernier rempart. L’explication réaliste pour se rassurer. La frustration, également, de se sentir limitée par son ignorance. Vitale lui avait appris, pourtant, ce fichu mot. Pourquoi ne s’en souvenait-elle pas ?

L’homme de main des Hennessy se mit au travail rapidement, Filippa sur ses talons. Tandis qu’il éventrait la bibliothèque - chaque livre abandonné soulevait une tornade de poussière à leurs pieds -, elle déposa ses sacoches par terre après avoir renoncé à les accrocher aux chaises brisées. La table, elle, tenait encore debout. D’imaginer que quelqu’un puisse y avoir été attablé pour boire une soupe il y avait quelques semaines était un exercice auquel la comptable n’était pas très bonne. Le ranch Baxter, lui avait dit son compagnon de route. Elle cocha le nom sur sa liste avant de la ranger dans sa poche.

« Fraser était intelligent, » elle se tapota la tempe de l’index. « J’imagine qu’il n’a pas caché son argent dans la cheminée… »

Elle y passa tout de même la main qu’elle en ressortie bredouille après quelques secondes de fouille, couverte de suie et de toiles d’araignée.
Un souffle haché fit frémir ses narines. Son coeur remonta jusqu’à ses lèvres.
Elle secoua son bras comme elle put pour se dégager des filaments gluants - en priant pour que leur habitante ne se soit pas glissée dans sa manche - en vain. En désespoir de cause, elle s’essuya contre le mur poisseux. Un frisson de dégoût remonta le long de son échine. De l’index, elle tira sur le col de sa robe pour s’assurer qu’aucune bestiole ne grimpait dans ses sous-vêtements.

Lorsque Markopak (?) lui demanda de s’écarter, elle lui obéit plus par réflexe qu’autre chose - toujours plus accaparée par sa recherche de l’araignée que de l’argent du pasteur -. Aussi, lorsque le coup de feu retentit, elle écarquilla des yeux. Sa main se porta d’instinct sur son beretta accroché à sa ceinture. Les échardes voltigèrent autour d’eux et Filippa protégea son visage dans son coude. Cela ne suffit pas à l’empêcher de tousser tant elle respira les semaines de crasse accumulées là.

Reniflante, elle épousseta les plis de sa robe sans couleur et se rapprocha du rebord de la trappe.
Une échelle de meunier partait du rebord, mais il faisait trop sombre pour qu’ils puissent distinguer où elle allait. Dans le trou, il faisait noir comme dans un four. Un souffle frais vint lui effleurer le visage, laissant voltiger les cheveux qui s’échappaient de son chignon.

Des petits pas.

Son regard alarmé croisa celui du natif. Sur son visage ébahi, une expression de pure surprise. Ainsi, il avait l’air bien moins intimidant que lorsqu’il s’était présenté à l’épicerie. Il semblait plus jeune. Un petit garçon.
En réponse, elle haussa les épaules et leva les mains devant elle.

« Pas moi, » se défendit-elle en fronçant les sourcils. « La puzzola ? Peut-être ? »

Tous les deux se turent, aux aguets, durant une bonne minute. Mais on n’entendit rien d’autre que le bois craquer. Elle soupira.

« Sûrement le vent, » éluda-t-elle.

Oui, c’était sûrement ça.

Pour la forme, elle jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule. Personne.

La porte laissée ouverte ne laissait plus rentrer que la lumière spectrale du crépuscule, à moitié dévorée par l’averse. Les gouttes de pluie griffaient le toit comme des ongles.

Filippa - qui s’était accroupie pour espérer voir quelque chose au fond de la cave - se redressa pour aller fermer la porte. En passant devant les escaliers ténébreux, elle pressa le pas, l’estomac tordu. Elle attrapa un chandelier poussiéreux abandonnée sur la commode de l’entrée et allongea les jambes pour retourner dans le salon. Elle réprima un frisson en bougeant les épaules.

Les allumettes furent un peu compliquées à dénicher. Elle dut sortir l’intégralité de ses sacoches pour mettre la main dessus. Évidemment, elles étaient tombées au fond.
La flamme qui creva la noirceur de la pièce la fit plisser des yeux tandis qu’elle allumait les trois chandelles. Puis, elle se rapprocha de la trappe. Un vent glacé tourbillonnait en bas. Elle l’entendait.

« Procédons par ordre, » décréta-t-elle en jetant un regard circulaire sur la pièce. « On commence ici. Ensuite, on fera les autres pièces du rez-de-chaussée. Après, la cave. »

Les rares meubles de la salle à manger étaient un bon début. Mipokepak (elle y était presque) avait déjà fouillé la bibliothèque, aussi se lança-t-elle dans l’étude approfondie de la table (rien n’était caché dessous), des chaises (idem) et du buffet. Elle ouvrit les portes vitrées.

Il y eu un grand bruit.

Le verre éclata en cascade. Pour la deuxième fois de la soirée, la comptable plongea son visage dans son coude en reculant.

L’intégralité de ses tripes remonta dans sa gorge lorsqu’elle se sentit basculer en arrière.

La trappe.

« Oh cazzo ! »* s’étrangla-t-elle.

La chute ne fut pas bien longue, les « o » de son dernier mot soupiré n’eurent même pas le temps de s’étendre. Le choc lui vrilla les omoplates.
Étalée sur le dos, elle geignant en toussotant, le souffle coupé. Ses poumons comprimés refusaient de se gonfler tandis qu’elle ouvrait la bouche grand comme une carpe sortie de l’eau. Elle roula sur le côté en se tenant les côtes, le nez et les yeux dans la poussière.

« Sto… sto bene, » cracha-t-elle en tentant de s’asseoir. « Ma che tonta, non è possibile ! »**

On ne s'humiliait jamais mieux que soit même et Filippa venait de toucher le jackpot.

D’un revers de manche, elle chassa les saletés et les larmes de ses cils en maugréant dans sa langue maternelle comme autant d’invocations maléfiques.

Au fond du trou, il faisait aussi noir qu’une nuit sans lune. Un vent froid lui secoua les cheveux et elle leva le visage vers le salon. Le puit de lumière grise était à peine moins sombre que là où elle était tombée. Ses yeux s’écarquillèrent.

« La scala ! » s’alarma-t-elle. « È rotta ! Je ne peux pas remonter ! »***

Elle se releva difficilement et s’étira de tout son long pour tenter de toucher du bout des doigts les derniers barreaux branlants encore rattachés à la structure. Elle en était bien loin.

Un rire.

Elle se retourna vivement vers les profondeurs de la cave. Elle n’y voyait rien. Mais elle devait être aussi visible qu’une luciole dans la nuit.

« Spaghetti. »

Elle fronça les sourcils.

« Quoi ? » demanda-t-elle, un brin éberluée. « Je n’en ai pas ! Il aurait fallu faire bouillir de l’eau, ce n’est vraiment pas pratique… Et puis, ha un sacco di scartoffie che lo attendono, no ? »****

Le fait que l'autochtone connaisse les pâtes la surprenait plus qu'il ne s'en préoccupe à cet instant précis.




*Oh putain !
**Je vais bien. Mais quelle cruche, ce n’est pas possible ça !
***L’échelle ! Elle est cassée !
****On a d’autres chats à fouetter, non ?



Filippa Rinaldi
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Makoyepuk Blackfoot
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Mer 13 Avr - 1:10
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Makoyepuk fronce les sourcils et plisse les yeux, comme si cela pouvait l’aider à mieux comprendre les balbutiement de l’italienne. Quelle drôle de langue, tout de même. Heureusement qu’elle appuie ses accusations avec la description du fautif, faisant claquer des doigts le brave qui a enfin une vague idée de la bestiole qu’elle décrit. — Ah ! Oui - hm…áápiikayi… Merde. “ Le tout c’est qu’ils se comprennent, alors Makoyepuk abandonne vite ses efforts de traduction, visiblement pris de la même amnésie que sa collègue. De toute façon, il y a plus urgent - et cela l’arrange bien de blâmer la faune du coin. C’est mieux qu’un esprit ou un squatteur ( Merci Mademoiselle Rinaldi ).

Le focus étant revenue sur l’affaire Fraser, tous deux se mettent donc au travail. Sans grande précaution, il fouille les quelques commodes de la cuisine qu’il vide de leurs couverts et autres ustensils, puis désosse de leurs tiroirs pour y chercher un double fond. Toute la poussière que ce bazars remue le fait éternuer bruyamment. Heureusement, le chandelier que ramène sa comparse lui rend la tâche plus facile, et ce décor, un peu moins lugubre. Les ombres qui dansent sur les murs décrépis de cette bicoque, en revanche, lui arrachent quelques coups d'œil par-dessus son épaule. Il lui semble que quand il ne les regarde pas, les ombres que projettent les flammes grandissent et prennent des formes étranges. Mais peut-être que c’est juste de la paranoïa.

Le bruit assourdissant d’une vitre qu’on éclate, puis, celui d’une chute, lui fait pousser un cri. Il fait volte face, passant immédiatement de son regard la pièce au peigne fin. Lui qui s’attendait à surprendre une de ces banshees dont lui ont parlé les irlandais, il ne voit qu’une rivière de verre, mais surtout, pas de Filippa. Ses soupçons confirmés, il file vers le trou percé dans le sol, suivant les plaintes qui, déjà, s’élèvent de la cave.
Est-ce que tout va bien ? “ Vu qu’il n’a pas compris un traître mot de ses premières déclarations, il se hasarde à poser la question, se demandant bien si ce ton agité et cette enfilade de mots trop rapidement prononcés ne sont pas les symptômes d’une mauvaise blessure. Les bizarreries qu’elle déclame le convainquent. “ Tu t’es cogné la tête ? De quoi tu parles ? ” Tout ce qu’il a compris, c’est qu’elle ne pouvait pas remonter.
Quoiqu’il en soit, l’idée de ramener une italienne complètement sonnée à Liam et Pearl ne l’enchante pas : il tient à sa paie et aux dix doigts de sa main - alors il s’active. “ Attend, bouge pas ! “ Les planches grincent au dessus de la tête de la pauvre prisonnière d’une cave certainement maudite si on en croit Evil Dead alors qu’il file vers les commodes toutes retournées, espérant y trouver au moins un linge à lui tendre.
Goatman. “ Gronde une voix venue d'outre-tombe. La porte d’entrée s’y met aussi et claque, poussée par une bourrasque de vent. Makoyepuk ne sait plus où donner de la tête, ne sachant s’il doit dégainer son colt ou tout simplement se mettre à prier.
Oooh non, non, non, non, non. “ Il se redresse prestement, Ne quittant pas la porte d’entrée des yeux tout en essayant de se donner un peu de courage en se disant qu’il n’est pas seul dans cette sale affaire ( et puis cela lui évite de cumuler trop de témoins de sa couardise ) “ Miss Rinaldi, Relevez-vous, vite, vite vite. “ Avec grand empressement, il lui tend un chiffon pas vraiment digne d’une corde, presque allongé au sol pour espérer qu’elle l'atteigne.“ J’ai rien trouvé de mieux ! “ Elle ne l’a pas encore roupillé, mais makoyepuk se permet de le faire avant elle, se laissant emporter par sa propre peur.


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Mer 20 Avr - 0:24


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@Makoyepuk Blackfoot

Les reins plus moulus que les tomates de ses sauces, Filippa se palpait en grimaçant, à la recherche d’un os brisé ou d’un tendon déchiré. Par chance, hormis un vilain hématome sur le coccyx, elle n’écoperait que de quelques bleus de-ci, de-là. L’italien, à défaut d’avoir bonne réputation, était coriace.
Le visage du natif ne tarda pas à apparaître au sommet de l’échelle. Il faisait trop sombre pour que l’on puisse distinguer ses traits, simple silhouette noire se détachant du gris de l’arrière-plan. Il n’y avait que ses cheveux de jais dont la raideur brillait faiblement, Raiponce de contrebande qui serait passée trop tôt chez le coiffeur.

Pressée contre le mur par une noirceur dans son dos, toutes les fibres de Filippa étaient tendues vers ce compagnon salvateur qui pouvait tout aussi bien lui tendre la main que la laisser moisir au fond de son puit. Suspendue à son bon vouloir, elle se détestait d’avoir été si maladroite. Cela n’était pas dans ses habitudes. Comment avait-elle pu trébucher ainsi ? Avec des doigts distraits, elle effleura son épaule couverte de cendres.

« Ça va, ça va ! » balaya-t-elle ses inquiétudes en faisant un signe de la main droite.

Une vive douleur lui pinça le coeur avant de s’étirer le long de ses côtes. Elle cligna fort des paupières pour se débarrasser du voile blanc qui était tombé sur ses yeux. « Non, ce n’est pas cassé, » se rassura-t-elle en gonflant la poitrine pour s’en assurer. Déjà, la sensation s’estompait.

« Euh, non ? » s’étonna-t-elle en fronçant les sourcils. « De quoi vous parlez, vous ? C’est vous qui - hé ! »

La silhouette de son compagnon de route disparut subitement, laissant à sa place le carré de lumière terne. Elle le distinguait mieux désormais que ses contours s’en étaient allés, laissant sa seule lucarne sur le monde cruellement vide et elle, toute petite et aveugle dans son trou de pénombre.
Les planches grincèrent tout autour tandis qu’il se déplaçait. Une seule certitude, il s’éloignait de la cave. Cernée par des oeillères, si ce n’était pour les planches poussiéreuses du seul morceau de plafond qu’elle pouvait observer, l’italienne guettait la surface. La tête renversée sur sa nuque lui promettait un bon torticolis le lendemain.

« Qu’est-ce que vous faites ? » demanda-t-elle, une main encerclant sa bouche pour la faire porter. « Vous m’entendez ? »

Elle tâcha de ne pas laisser poindre l’alarme qui menaçait de la faire trembler. Les bras croisés sur sa poitrine, ses mains frottaient contre le tissu de sa robe. Une tentative inconsciente de se rassurer ; de se réchauffer aussi, pour lutter contre le souffle glacé qui semblait provenir des entrailles de la maison. Un doigt froid lui caressa la nuque.
L’entièreté de son corps s’ébroua dans un frisson de frayeur. Son coeur s’arrêta un instant pour repartir de plus belle et si ce bien que sa vision en fut brouillée. Ses muscles se ramollirent avant de se bander aussi sec. Elle fit volte-face, les bras croisés devant elle comme ultime bouclier.

Rien.

Rien si ce n’était la noirceur impénétrable du sous-sol qui courrait sans qu’elle ne puisse s’imaginer jusqu’où.

Ce fut à cet instant précis qu’elle entendit la porte claquer en grand.

« Qu’est-ce que vous faites ? » finit-elle par s’inquiéter.

« Il s’est tiré, » songea-t-elle. « C’est certain. Il a pris ses clics et ses clac. Oh, le salopard ! » Encore un regard par-dessus son épaule. Son souffle haché filtra par sa bouche entrouverte. Ses poumons ne se remplissaient pas. Elle étouffait. Son coeur s’affolait, comme les ailes des colibris que la Morue gardait dans sa volière autrefois. Les cheveux sur sa nuque se hérissaient. « Du calme, » s’intima-t-elle. Mais elle se hissait sur la pointe des pieds, toutes griffes dehors contre le bois moisi, pour tenter d’attraper le dernier barreau de l’échelle. Elle était loin du compte. « Qui va s’occuper de nonno et de nonna ? Le crevard ! Si Alessio avait mieux dessiné cette fichue carte, j’aurais pu leur indiquer où j’allais… Foutu pays ! Foutu Alessio ! Foutu… »

« Makoy- » soupira-t-elle entre le murmure de crainte et le sifflement acide.

La serviette se déroula vers elle, plus belle encore que la tresse blonde de la princesse des contes de fées. L’empressement dans la voix de Makoyepuk (la peur avait assez bien stimulé sa mémoire) et la pesanteur qui grouillait dans son dos la motiva à s’activer. Après quelques bonds infructueux (lorsque ses doigts ne glissaient pas le long du tissu, ils le manquaient complètement tandis qu’elle s’écrasait contre les planches de bois), elle finit par se saisir du morceau de chiffon à pleines mains. Une crainte ridicule lui intimait de ne pas laisser les pans de sa robe trainer derrière elle (quelques mains spectrales auraient pu s’en saisir) tandis qu’elle appuyait ses semelles contre le mur. Mais elle était trop occupée à s’accrocher à la nappe rance avec la force du désespoir pour remonter ses jupons.
Enfin, lorsque ses pieds ripèrent contre l’échelle délabrée, elle s’y appuya juste assez - toujours tractée par l’homme de main des Hennessy - pour soulager les bras de son compagnon d’infortune.

Lancer de dé:

Jamais elle ne fut plus heureuse de s’écraser dans le verre brisé qui jonchait encore le plancher. À quatre pattes, les coudes appuyés contre le sol, la comptable respirait avec une profondeur fébrile qu’elle se dépêcha de dissimuler derrière une quinte de toux simulée (ah, satanée poussière).
Toute échevelée, elle s’assit sur ses talons et tachant de reprendre des inspirations contrôlées malgré ses côtes qui s’entrechoquaient.

Sans trop que la napolitaine ne comprenne pourquoi, Makoyepuk semblait aussi troublé qu’elle, le visage marqué par une angoisse qu’elle ne parvenait pas à identifier. Au-dessus de son épaule, elle remarqua la porte ouverte à la volée qui claquait contre le porte-manteaux tordu. L’odeur de la pluie s’engouffrait à grandes goulées dans l’entrée. Elle frissonna en serrant ses bras contre elle.

« Merci, » murmura-t-elle en levant les yeux vers lui, le souffle toujours un peu laborieux. « Je… »

Filippa n’allait pas lui dire qu’elle l’avait traité de tous les noms d’oiseaux en son for intérieur alors qu’elle avait cru qu’il avait pris la poudre d’escampette.

« Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » lui demanda-t-elle en se redressant, bien heureuse de détourner l’attention. « Je vous ai entendu parler. Il y a quelqu’un d’autre ? »

Elle plissa les yeux, un brin suspicieuse, avant de jeter un regard circulaire autour d’elle. Mais il n’y avait pas âme qui vive dans le salon. Sûrement une discussion en tête à tête avec un grand esprit. Elle en avait vu un, une fois, dans un cirque itinérant. Un sacré attrape nigaud.
Spontanément, elle remarqua l’écart entre le vaisselier qui avait éclaté et la trape. Un mètre. Elle avait tant reculé que ça ? Ses sourcils se froissèrent.
Dehors, la pluie griffait toujours les fenêtres.

« Commençons par fermer ça… » marmotta-t-elle pour elle-même, pressée de remplir le silence lugubre de la maison et de supplanter le hurlement du vent.

Elle referma la porte et regretta finalement la voix des bourrasques ; le peu de lumière crépusculaire également, d’ailleurs. Désormais, l’entrée était rongée par la nuit.
L’estomac de Filippa remonta dans sa poitrine. D’un pas long - on frôlait le trottinement - elle se dépêcha de revenir dans le faisceau du chandelier comme une luciole vers une lanterne. La lumière vacillante des flammes étirait des ombres tordues sur les murs. Les toiles d’araignées devenaient gigantesques. Les meubles devenaient des monstres.
Le visage de Makoyepuk apparaissait cerné, creusé. Ses yeux, fiévreux.

« Faisons un feu, » décréta-t-elle. « On est encore guarda come sei zuppo d’acqua…* Enfin, vous voyez ? »

Elle désigna sa robe et ses cheveux encore trempés par l’averse. Son court séjour dans la cave glacée n’avait pas arrangé son affaire ; elle se retenait de claquer des dents. Combien de fois avait-elle entendu nonna la harceler pour ne pas qu’elle sorte de la maison les cheveux mouillés ? « C’est comme ça qu’on attrape la mort ! » Et pire encore, leur casse-croûte avait été interrompu par la pluie.

« On ne va pas pouvoir sortir de si tôt, » cette constatation lui donnait envie de s’enfuir à toutes jambes, « et personne ne va venir chercher par ici. Enfin, j’espère. »

Elle traîna la carcasse de sa sacoche au sol, laissant une grande traînée au milieu des débris et des saletés, pour la rapprocher de l’âtre. Puis, elle entreprit de ramasser des pieds de chaises brisés (il n’y en avait que deux, ce qui n’était pas lourd) pour les jeter dans le foyer. Dans sa valise infernale, nonno avait pris soin de glisser un petit paquet d’allumettes. L’attention, toute bête, lui arracha un petit sourire et lui pinça le coeur.

Malheureusement, la grosse tache d’humidité sur le couvercle ne lui dit rien qui vaille. Avec une grimace courroucée, elle entreprit de frotter une allumette. Puis deux. Puis trois. Toutes se brisèrent sans bruit, ramollies par la pluie. Après les avoir utilisées une première fois, elle les avait laissées au contact du tissu trempé en les reposant. « Ah ça bien sûr, il fallait s’en douter ! » persifla-t-elle mentalement toujours agenouillée devant l’âtre. « Non potevano essere caduti sul fondo della borsa, no ! Merda !** » De frustration, elle laissa sa langue claquer contre son palais.

Toute étranglée de fierté, elle se refusa à lever le nez vers Makoyepuk. Lui savait allumer un feu tout seul, c’était certain. C’était d'ailleurs sûrement un rite de passage ou quelque chose comme ça.

Pour s’affairer à autre chose, la comptable entreprit de sortir les victuailles de sa besace détrempée. Chaque bocal déposé sur les lattes grinçantes couinait avec un écho étrange dans ce grand squelette vide. Les flammes frémirent. Et elle aussi.


*Trempés comme des soupes
**Elles n'auraient pas pu retomber au fond du sac, ça non ! Merde !



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Makoyepuk Blackfoot
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Mar 7 Juin - 20:12
   
 
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La porte se referme et Makoyepuk ne sait toujours pas quoi répondre à la Rinaldi. Est-ce qu’il y a quelqu’un d’autre ? D’après l’expertise religieuse du Blackfoot, il dirait clairement que oui. Mais est-ce que les Italiens croient seulement aux esprits ? Il en doute. Quoique, à ce qui parait, ils aiment bien le Cristencroi ( Christ en croix ), et avec ce qu’à compris le brave des Saints, il se dit que ça doit être à peu près la même chose.
En attendant de trouver une bonne accroche pour sa réponse, l’homme de main acquiesce plus vivement à la nouvelle proposition de la demoiselle. — Oui. Comme tu dis. Tsá áakanistooyi ?... “  En fouillant dans les copeaux de bois que son fusil a dispersé en confetti,  Il jette toujours de temps en temps quelques œillades par-dessus son épaule. Mais cela ne l’empêche pas de faire un beau bouquet de parquet qu’il dépose loin de la tâche brune, aux pieds de sa camarade d’infortune. Elle n’a plus qu’à faire son office.

Superbe. J’en suis ravi “ L’ironie au bout de la langue, un peu piqué par sa propre peur, le blackfoot regarde Filippa craquer une allumette. Puis deux. Puis trois. Elle aussi s semble finalement se vexer, comme si la mauvaise humeur était contagieuse ( comme si quelque chose jouait avec leurs nerfs ). Pas étonnant en même temps, avec ou sans intervention paranormal : ce qui devait être une mission rapide et efficace se transforme maintenant en un véritable cirque - et sur le ring, ils jouent le rôle des puces savantes ( ils sautent à chaque fois que claque une porte ou un volet ).
Quand sans un mot elle abandonne finalement sa mission pour faire état du garde manger, Makoyepuk pince les lèvres et souffle.  — Anniksi ómahksíkaapiikoaiksi, maatásstssimaiksaawaayi ohpokisstssimáa’tsiistsiyi… “ Si elle se permet de baragouiner en latin, lui ne se gêne pas non plus. En tout cas, Il râle en passant de nouveau en revue sa sélection de bâtons, tirant un à la courte paille celui qui, d’après quelques sciences de la survie, lui paraît plus à même de ne pas s'effriter entre ses mains. Une fois cela fait, il le fait rouler entre ses paumes.
Putain ! “ Hélas, le bois pourris s’use plus qu’il ne frotte contre les autres morceau de porte. En poussant un sifflement digne d’un serpent, c’est un peu honteux ( mais surtout vexé ) qu’il finit par sortir un briquet amadou  “ Pardon pour le gros mot. “ A-t-il vraiment besoin de s’excuser auprès de ce genre d’individu ? Elle a dû en entendre d'autres - mais bon, autant lui rendre la politesse dont elle fait preuve ( par moment)  .
Il se penche à peine pour attraper deux trois livres dont il déchire les pages pour venir les fourrer dans le petit bûcher qu’il réarrange en conséquence. Puis, en frottant son pouce contre la petite roulette de fer, le bout de corde auquel tout cet appareil est ficelé devient une braise qui à son tour enflamme le papier. “ Voilà, au moins ce sera plus dur à souffler que les bougies. “ Il ne sait pas vraiment s’il dit ça pour rassurer sa collègue, ou s’il adresse cette mise en garde aux esprits.

Heureusement, la nourriture apaise les coeurs. Un instant silencieux, c’est le cliquetis des pots de bonnes choses qui lui font oublier les mots d’outre-tombe qu’il a entendu et les fantômes qu’il s’imagine. Il se rappelle des mets que lui a présentés l’italienne et, par curiosité ( surtout par faim ), se dit qu’un repas ne serait pas de trop pour retourner affronter les forces du mal. Cela lui donne une bonne raison de ne pas décamper, en plus de la menace hennessy qui pèse au-dessus de leur tête ( ils ne peuvent pas décemment revenir les mains vides ).
Sans pour autant lâcher son fusil, il se penche pour récupérer un de ces poivrons qui lui avait tant plu tout à l’heure.  — Bon… “ Il avale d’une traite le petit bonbon salé. L’air pensif, ne sachant trop quoi dire dans cette situation plus que tendue, il se contente de faire un bilan silencieux des possibles planques, ainsi que des dégâts occasionnés. Puis, après un temps, et surtout histoire d’oublier un peu sa prison hantée, c’est vers le dehors que s’aventure son regard.

La pluie qui roule sur les fenêtres fait danser les montagnes. Tout est gris, tout est plat, si ce n’est quelques poteaux de bois blancs qui dessinent une perspective. Une petite croix faite de bric et de broc se détache aussi du néant, dernière trace de vie dans cette maison ( comme c’est ironique ). Il se demande ce qui peut être enterré là. Peut-être la fermière. Peut-être un animal. Ou peut-être un trésor ?
Makoyepuk se relève d’un bond.  — Il y a une tombe dehors. “ Qui aurait envie d’aller y creuser pour trouver le cadavre d’une vache ou d’un cheval ? Il lui semble que s’il devait cacher quelque chose que personne d’autre ne devait jamais trouver, il enterrait ses secrets dans un cercueil, six pieds sous terre.  
Il s’approche de la fenêtre et, d’un geste vif de la main, invite Filippa à faire de même. — Tu la vois là-bas ? Si on trouve une pelle et - “ L’orage gronde.



:copyright: Laueee


Traduction : 1. “ Qu’est-ce qu’elle raconte ?…” 2. “ Ces européens, ils ne savent pas allumer un feu sans allumettes…”
Makoyepuk Blackfoot
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Filippa Rinaldi
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Jeu 9 Juin - 22:51


I've lived my life by one adage

@Makoyepuk Blackfoot

Filippa avait beau tenter de se persuader du contraire - dans un idéal hypocrite tout catholique d'ascétisme, de spiritualité et d’abnégation (il suffisait de regarder leurs cathédrales) - elle était matérialiste. 
Il y avait certes de vilains aspects à verser dans une telle philosophie (l'envie d'accumuler, le désir des belles choses, le besoin de se sentir à l'aise, à l'abri derrière des remparts de bois rares et de bijoux), mais également une force qui passait pour la plupart au second plan, avalée par les défauts que l'on portait à ce trait de caractère.
Car Filippa trouvait du réconfort dans les objets familiers qui l'entouraient. Y compris ces ridicules pots en verre qu'elle voyait tous les jours dans leur arrière-boutique de fortune et qui se trouvaient désormais ici, avec elle, au milieu d'une ferme abandonnée, perdus au milieu de rien, charriés dans cette carcasse branlante par la pluie et la force des choses. 
En les disposant précautionneusement sur la table, elle imaginait le labeur de nonna et de nonno qui lui avaient préparé toutes ces provisions avec dans l'idée qu'elle mangerait probablement sans s'arrêter pendant les quelques jours que durerait le voyage. « Il y en a au moins pour trois semaines, » constata-t-elle, plus avec de tendresse que d'agacement. 

Dans son dos, Makoyepuk (ça rentrait bien finalement) s'acharnait à son tour au-dessus de leur tas de bois de fortune en baragouinant à qui mieux mieux. Ainsi, l’un comme l’autre étaient certains de ne pas se comprendre. « Décidément pas la flèche la mieux taillée du carquois, » songea-t-elle en l'observant s'échiner. Qu'elle ne sache pas allumer un feu avec trois brindilles et une pierre était compréhensible ; elle ne parcourait pas les steppes crinière au vent en vivant de chansons et d'eau fraîche. Lui en revanche... n'était-il pas un chasseur de prime qui vivait à la dure ? « En voilà une paire de vainqueurs, » pensa-t-elle en retournant à ses bocaux, amère surtout envers elle-même de constater ses limites, elle qui se sentait toujours au-dessus du lot. 

Sans le regarder, elle essuya les excuses du natif du geste vague de la main accompagné d'un « Bah ! » signifiant qu'elle ne lui en tenait pas rigueur. Elle avait grandi avec six frères et elle-même se laissait aller à quelques grossièretés lorsque son tempérament l'emportait sur son calme de façade. Elle s’en voulait après et ne tardait jamais à se repentir le dimanche avant la messe. Il était plus grave pour elle d’offenser ainsi que de planter du plomb de la cervelle. Le premier n’oeuvrait pour rien quand le second l’était toujours pour les siens.

La boule qui s'était formée dans son estomac sans qu'elle s'en aperçoive se dénoua lorsqu'elle entendit le crépitement- faible - du feu qui commençait à prendre. 
Sans se dépêcher (alors qu'elle mourrait d'envie de se réchauffer les mains), elle apporta quelques bocaux à côté du foyer et s'assit sur ses talons. Ses doigts étaient bien blancs par rapport au reste de sa main, comme si elle avait porté des mitaines jusqu'à maintenant. La comptable les plia en les approchant des flammes, ravalant une grimace alors que les fourmis crispaient ses articulations pour se répandre jusque sans ses paumes. 

« J’espère… Je suis gelée, » avoua-t-elle en se mordant l’intérieur de la joue.

Elle ne s’en était pas rendue compte jusqu’à présent. « L’adrénaline, » réfléchit-elle. Elle frissonna en se rappelant sa chute dans la cave. D'ailleurs, des élancements dans ses côtes la firent grimacer.

Makoyepuk se rapprocha, curieux, des bocaux. Il les inclinait légèrement en arrière pour, plus que déchiffrer les étiquettes (ce qui aurait été vain tant l’encre avait coulé et la langue, étrangère pour lui), observer les contenants. Il n’hésita pas bien longtemps à attraper les pepperoni qu’il goba comme si de rien. Du coin de l’oeil, la comptable maussade observa sa réaction.

Rien.

Pas un hochement de tête, pas d’oeil brillant, pas de « c’est très bon, merci ! ». À peine un froncement de sourcils avant qu’il ne se détourne des bocaux pour regarder pensivement par la fenêtre.
Vexée plus que de raison, la napolitaine mordit sans un mot dans son reste de calzone froid. La sauce à la viande avait mouillé tout l’intérieur du chausson. Il n’était plus du tout croustillant. « Voilà ce qui arrive, hein… J’aurais dû le manger tout de suite. »

Dehors le vent hurlait. La pluie projetée contre les vitres semblait vouloir se glisser à l’intérieur. Les silhouettes grises et tordues des arbres ressemblaient à de maigres géants à travers la brume. Malgré l’obscurité grignotant le ciel, il n’est pas difficile de s’imaginer l’environnement. Une immense étendue plane et eux, posés au milieu de tout ça, comme une verrue sur une joue.  
Dedans, la maison répondait à la tempête. Agonisante, malmenée par les éléments, elle criait si bien que Filippa se demanda un instant si le ciel n’allait pas leur tomber sur la tête.
Un crac plus gros que les autres lui fit brutalement lever le nez en l’air.

La voix de l’autochtone manqua de la faire sursauter. Ses longues jambes l’amenèrent vivement jusqu’à la fenêtre. Le parquet grinça sous ses pieds.
Son dîner toujours à la main, elle se leva à contre-coeur pour aplatir son nez contre la fenêtre. Leurs souffles embrumaient un peu mieux la vitre (comme s’ils y voyaient déjà assez clair). Sa langue claqua contre son palais d’agacement et du poing, elle essuya la buée.

Les yeux plissés, elle peina à voir la fameuse tombe.

« Il fait noir comme dans un four... Où ça ? »

Elle suivit approximativement l’endroit que désignait son compagnon d’infortune et après vingt bonnes secondes à fouiller la nuit, elle finit par voir la terre retournée et la croix renversée.

« Oui, je la vois maintenant, » souffla-t-elle. « Oui, oui, bonne idée ! »

Une nouvelle bourrasque fit trembler toute la carcasse de la ferme. En se retournant, Filippa se trouva nez à nez avec leurs ombres éclaboussant les murs.

Il y en avait trois.

Tous ses organes tombèrent dans ses jambes. Le sang s’évapora de ses joues.

Un clignement d’yeux.

Il n’y avait plus que sa silhouette et celle de Makoyepuk, si grande qu’elle se tordait jusqu’au plafond. Dans la pièce, il n’y avait personne. Personne. Sous la table. Vers les bibliothèques éventrées. Dans les coins. Non, non. Personne. Dans la faible lumière du feu, les trous béants de la cave et de la porte menant vers le couloir paraissaient plus noirs encore. Comme des bouches dont on ne verrait pas les dents. Comment avait-il pu partir sans qu’elle ne le voit ?
Elle se tourna vers le natif, en quête d’une paire d’yeux aussi écarquillés que les siens, mais il était encore tourné vers l’extérieur. Il allait la prendre pour une timbrée. Comme Zio. Muette comme une tombe, la comptable observa les ombre frémir au rythme des flammes.

Elle n’avait pas trop envie de chercher une pelle, maintenant. Ni de finir sa calzone. Une boule s’était formée dans sa gorge. Ses doigts tripotèrent sa médaille de baptême et son gournegel*. « Tu es ridicule ! » s’intima-t-elle pour se ressaisir. « Prends deux secondes pour te regarder, c’est du n’importe quoi. Tu as halluciné, voilà tout. C’est la fatigue. » Malheureusement, il en fallait plus pour la rassurer.

« Les pelles, on les range dans les caves ici aussi, non ? » tenta-t-elle sans pour autant s’aventurer près de la trappe.

Elle avait tout oublié de l’impolitesse de Makoyepuk et se trouvait bien heureuse de ne pas être seule dans cette antre abandonnée.

Le vent leur aboya dessus une nouvelle fois. La maison se contorsionna en riant. Le parquet craqua à l’étage.

« Vous êtes sûr qu’il n’y a personne d’autre ? » insista-t-elle d’une voix rapide d’où ressortait un peu plus son accent. « Vous n’avez pas répondu, tout à l’heure. »

Du coin de l’oeil, elle lui jeta un regard suspicieux. Peut-être ne devait-elle pas être aussi heureuse que ça de sa présence. Il comptait peut-être la zigouiller pour récupérer l’argent de Fraser au nez et à la barbe des Hennessy. Ciel, on ne retrouverait son regard qu’après plusieurs jours, en étant optimiste. « Être enterrée à Silverstone ? Oh non, plutôt crever ! » se lamenta-t-elle en s’imaginant pourrir dans le sol sec de la petite colline dépouillée.
Elle avait été trahie avant. Elle savait. Elle savait. Elle savait. Elle devait savoir. Pour ne plus se laisser piéger. Sinon quoi ? Sinon quoi, hein ? Que resterait-il ?
Il y avait bien une petite voix qui lui murmurait que s'il avait voulu l'envoyer manger les pissenlits par la racine, il l'aurait laissé au fond de son mausolée sous la maison, mais elle ne l'entendait pas.
Sous son manteau, elle sentait le poids rassurant de son pistolet. On mettrait plusieurs jours à travers son cadavre, à lui aussi. Peut-être même que personne ne le chercherait.

Un nouveau grincement - sans vent, cette fois -, l’arracha au tourbillonnement paranoïaque qui envenimait son esprit.

« Il y a quelqu’un, » asséna-t-elle ; la colère prenait le pas sur la peur. « À l’étage. Vous parliez avec quelqu’un tout à l’heure, pas vrai ?! »

D’un pas, elle s’éloigna de Makoyepuk. Jusqu’alors, leurs épaules se touchaient. Désormais, ils étaient tout aussi isolés l’un que l’autre dans cet océan de noirceur qui voulait les engloutir.

Tout comme eux, la maison avait faim.



*argot de Frosinone qui désigne le pendentif en forme de corne d’abondance




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Makoyepuk Blackfoot
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Mar 9 Aoû - 19:15
   
 
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Oui, hélas, souvent - et surtout malheureusement pour eux - les gens rangent leur pelle dans les granges ou les cave. Makoyepuk jette d’ailleurs un regard vers le trou béant qui grignotte le plancher et hoche silencieusement la tête en guise de réponse. — Je vais nous faire une corde. “ A deux doigts de s’attaquer aux rideaux du salon ( déjà bien piteux état ), le vent souffle une nouvelle fois sur leur triste entreprise - littéralement - stoppant net leur progression. La maison bouge, elle grince - on dirait même qu’elle respire. Mais quand elle se tait, c’est pire encore. Le calme avant la tempête. D’ailleurs, le tonnerre ne doit pas frapper loin, puisque Filippa commence à perdre son sang froid.
.
L’atmosphère est électrique, le ton monte vite, laissant l’homme de main quoi. Lui qui les pensait enfin sortis de là ( quitte à braver la tempête à cheval ), voilà que leur association tourne à la mutinerie. Mais la distance qu’elle met entre eux le vexe presque plus que les certitudes qu’elle aboie. — Mais qu’est-ce que tu racontes ? Non ! Je n’ai parlé à personne. J’ai juste - j’ai cru entendre quelqu’un, c’est tout. Mais c’était sûrement le vent. “ De toute façon il n’a pas bien compris les injonctions que cette voix d'outre-tombe lui a lancé. Mieux vaut ne pas trop donner de crédit à tout cela. “ Crois moi, si les Hennessy voulaient se débarrasser de toi, ils t’auraient jeté dans une boite, voilà tout. “ Il ne connaît que trop bien le sort réservé à leur ennemi, celui-là même qu’il a subi il y a plus de dix ans - et il est efficace. Les assassinat n’ont pas toujours besoin d’être poétique, ou même complexe. “ Et puis, c’est toi qui tout à l’heure, en tombant, a commencé à dire n’importe quoi. “ C’est bien vrai : la faute n’était pas que sienne - elle lui avait fait bien peur en commençant à débiter sa recette ritualistique italienne.
Sérieusement... “ Il soupire, les mains sur les hanches, comme un vagabond face à un carrefour. Quelle voie prendre ? Il n’aimerait pas se tromper et finir avec un plomb dans l’aile ou un bocal brisé sur le coin de la tête. “ Je veux juste récupérer l’argent et partir d’ici, c’est tout. “ Et c’est bien vrai. Makoyepuk aime le travail bien fait - mais s’il est vite fait, c’est encore mieux.

Tu veux que je fouille l’étage pour te prouver que tu as tort ? “ Il y a un peu d’audace et de dédain dans cette proposition qui tient plus de la pique que d’un élan d’empathie. Accusé à tort, il reste blessé dans son honneur, le poussant dans un courage presque compétitif ( tant pis pour le travail vite fait ) : il n’a pas grande envie d’aller explorer là-haut, mais puisque c’est son travail et qu’on le remet en cause, il va au casse-pipe avec au moins un peu de détermination.
Ce dont il ne se rend pas compte, c’est que la petite bicoque grinçante se moque bien d’eux - peut-être même qu’elle se nourrit de leur colère.

Sans attendre aucune réponse de la part de la demoiselle, il attrape une latte de bois enflammée qui lui fera office de lampe et passe à côté d’elle presque un la bousculant. Sans se laisser le loisir de se poser plus de question, il grimpe les marches deux à deux et s’élance dans le couloir sombre et poussiéreux, artère du cœur battant de cette petite ferme trop vivante.
Il y a quelqu’un ? “ Évidemment, personne ne répond jamais à cette question, alors, tout fusil dehors, il commence à enfoncer l’enfilade de portes qui habillent le couloir. “ Tu vois, mademoiselle Rinaldi, rien du tout ! “ Il continue son bonhomme de chemin dans le fracas des gonds qui grincent et du bois qui claque, à peine arrivé à sa troisième porte, mais déjà victorieux ( en tout cas, dans sa tête ).   “ Pas un chat ! “ Il frappe encore “ Je te l’ai dis, il n’y a personne d’autre que nous - juste le bruit du vent. “ et sûrement un esprit. “ Est-ce qu’on peut aller chercher cette pelle, maintenant ? “ Hélas, la porte qui lentement s’ouvre derrière lui ne semble pas aller en adéquation avec son plan. Derrière lui se profile une figure sombre, aussi grande que maigre.
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Mer 17 Aoû - 22:18


I've lived my life by one adage

@Makoyepuk Blackfoot

L’arrière de la tête de Makoyepuk a des allures de cibles. La maison murmure. Le bruit de son crâne qui éclate. Le sang pour nourrir mon parquet ; il ne craquera plus, comme ça. Tu te sentiras mieux, écoute. Tu ne seras plus menacée, d’accord ? Il ne restera plus que toi. Toute seule. Comme ça tu ne craindras rien, promis. L’acier de son pistolet est froid contre ses doigts tièdes.

Ses paumes se sont réchauffées grâce au feu allumé par l’autochtone.

Filippa expire profondément par la bouche. Fiévreuse, sa main gauche vient masser son front, juste entre ses sourcils. Ils sont douloureusement froncés.
Lorsqu’elle rouvre les yeux, son compagnon de route a disparu à l’étage, avalé par l’obscurité du couloir. Elle entend encore vaguement ses pas, à l’étage. Le bois gémit. Sa voix résonne également, lointaine, étouffée. Comme s’il s’était trouvé derrière un épais mur de briques. S’il est avec quelqu’un, il ne te le dira pas, évidemment. Tu vas te faire rouler dans la farine. Comme avant. Comme la dernière fois.
Naples apparaît dans le reflet de la vitre. Il y a du sang dans les rues.
La jeune femme écarquille des yeux, pétrifiée. Son souffle s’est gelé.
Un éclair violet fait disparaître le mirage pour la laisser apparaître, elle. Durant la fraction de seconde où elle est visible, elle a l’impression de se déliter. Dans la vitre sale, sa mère exsangue.

La lumière lugubre s’éteint soudainement.

Il fait noir. Son souffle dans ses oreilles. Ses yeux tentent d’accrocher la moindre miette de lumière. Les bougies ont fondu. Le feu est mort. Ses mains s'enroulent autour de ses bras, entourant sa poitrine d'un maigre bouclier.

Dans un craquement de tonnerre, c’est toute la maison qui est hilare.

« Makoyepuk ? » appelle-t-elle en s’éclaircissant la voix. Elle tremble. « Makoyepuk ? »

Il t’attend en haut, en embuscade. C’est ton sang qui va lustrer mes planches. Elle sort son beretta. Les deux mains sur la crosse pour se rassurer. En haut, l’homme de main des Hennessy ne parle plus.
Elle se laisse engloutir dans la pénombre.

Sans visibilité, l’odeur de poussière et de moisissure est plus fort encore. Elle fronce le nez. Les toiles d’araignée caressent son visage et ses épaules comme des doigts fantomatiques.

« Merda, » chuchote-t-elle pour elle-même en tentant de se débarrasser des fils gluants.

Malgré ses pas de loups, chaque grincement a des allures de vaisselle qu’on brise. Dans la cage d’escalier, on entend mieux le bruit de la pluie. Une fenêtre doit être brisée. Une lumière grise baigne l’étage. Les ombres sont anguleuses, pointues, contre les murs.
Filippa n’a pas besoin de se retourner pour deviner la noirceur dans son dos. Les cheveux sur sa nuque se hérissent.

L’envie d’appeler Makoyepuk est encore là, coincée dans sa gorge, mais rien ne sort. L’italienne craint le moindre bruit. L’écho que sa voix pourrait avoir.

Un nouvel éclair illumine l’étroit couloir. Il y a trois portes les unes à la suite des autres.

Et devant la dernière, une ombre immense, squelettique se casse en deux pour pénétrer dans la pièce.

La respiration de la napolitaine meurt sur ses lèvres.

Sans demander son reste, elle dévale les escaliers.

« Santissima madre natura, Cristo Santo*, » jure-t-elle dans un souffle haletant. Chaque marche descendue trop brusquement hache ses mots menus. « Fanculo questa merda, sono fuori.** »

Le sol se dérobe sous ses pieds.

Elle ouvre la bouche pour hurler, mais le cri a à peine le temps de jaillir qu’elle fait un plat dans - elle l’a deviné - la cave.

Étourdie, elle grogne en se mettant à quatre pattes. D’instinct, sa main se porte à son arcade. Elle est poisseuse. Tous ses os tremblent du choc.

« Gnh, » geint-elle en chancelant.

La tête lui tourne. Des éclairs lumineux éclatent derrière ses orbites.

« Cazz’, » marmonne-t-elle en se tenant le front.

De l’autre main, elle se tient au mur pour progresser plus profondément dans les entrailles de la maison.

Maintenant, elle n’a plus le choix.


*Jésus, Marie, Joseph, Seigneur
**Qu’ils aillent au diable, je me casse




Filippa Rinaldi
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Makoyepuk Blackfoot
Makoyepuk Blackfoot
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Statut : Veuf, père d'une fille qu'on lui a volé, monsieur est un vagabond
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Jeu 8 Sep - 15:01
   
 
I've lived my life by one adage
and that's don't fuck with demons!
Soudain éveillé ( lui qui ne ce souvient pas d’avoir fait un somme ), il regarde avec curiosité le coin de pièce devant lequel on l’a placé - parce qu’il est sûr que ses jambes ne l’ont pas menée là. Enfin, même s’il s’imagine mal être somnambule, il ne peut attester d’un mal de crâne qui pourrait trahir l’intervention d’un ennemi : tout cela est bien mystérieux, comme ces voix sans corps et ces portes qui claquent à tout vent.
La panique frappe à peu près dix secondes après son retour à la réalité, quand il se rend compte que la pièce dans laquelle il est avachi n’est autre qu’un placard - et pas le plus grand qu’il ait connu. Tout cela lui rappelle une mésaventure hivernale - il fait d’ailleurs étrangement froid, comme ce jour où Apisi l’a trouvé dans la malle d’un trappeur ( courtoisie des Henessy ).
Mais vu que, cette fois, il ne compte pas y passer la nuit, c’est à grand renfort de coup de pied, puis d’épaule, que Makoyepuk s'échappe de son potentiel tombeau. Le verrou cède, suivit d’un cri de guerre lancé par un brave qui tente désespérément de l’être.

Mais il n’y a pas un chat, même pas un meuble, dans cette pièce complètement vide. Face au silence, l’homme de main se sent étrangement bête - voir déçu - puis, de nouveau inquiet. C’est comme apercevoir la queue d’un puma avant que la bête ne disparaisse : on sait que le danger rôde sans savoir d’où il vient.
Cette fois, le doigt sur la gâchette ( il ne commettra pas la même erreur ), il avance avec précaution dans le couloir. Hélas, seul le vent semble vouloir lui tenir compagnie : pas de squatter à l’horizon, ni d’italienne. Le temps semble comme suspendu.
 — Mademoiselle Rinaldi ? “ Sa gorge nouée de stresse le brûle quand il parle. En tout cas, pas de réponse qui aurait pu rendre sa douleur moins vaine, la maison demeure paisible. On dirait presque que les heures ont défilé entre son dernier souvenir ( celui de claquer une porte) et son réveil. A moins qu’il soit encore en train de dormir et que tout cela ne soit qu’un mauvais songe ( comme ça lui rendrait la vie facile ! ) ?
Ce qui est sûr, en tout cas, c’est qu’en descendant les escaliers, il prit à chaque marche pour ne pas tomber sur une flaque de sang.

Mattsistáa’isttohkohpi’yiwa… “ Il n’y a qu’un trou béant à ses pieds qui le regarde comme l'œil unique d’un cyclope. Un peu de sympathie pour la pauvre immigrée teinte sa voix d’une pitié presque solennelle. Mais de la peine, il en a un peu pour lui aussi : parce qu’il va bien falloir qu’il aille à sa suite pour la ramèner à Silverstone, s’il ne veut pas refaire l’expérience du placard avec ses patrons ( peut-être que cette fois, il le mettrons directement en terre ).
Pour se donner un peu de baume au cœur, Makoyepuk s’imagine qu’elle profité de son malheur pour chercher une pelle.

S’assurant qu’aucun débris ne va lui raccourcir les chevilles,  l’homme de main fait littéralement un saut dans l’inconnu, atterrissant dans la poussière pendant que ses genoux encaissent le choc comme il peuvent. Son premier bilan tombe :  — Putain - il fait noir comme dans le cul d’un- ours. “  Il ferme les yeux et inspire, songeant à la torche qu’il aurait pu prendre le temps de faire là-haut. “ Bon. “ Et c’est reparti.
Il tâtonne dans les ténèbres et s'accroche aux quelques meubles enturbanés de draps blancs pour ne pas chuter. En posant sa main au hasard entre tout un tas de petites reliques, un son criard se lance et une voix duveteuse essaye d’articuler un drôle de poème. Le cœur de makoyepuk tombe dans son ventre avant qu’il ne se rende compte qu’aucun esprit n’est venu murmurer à son oreille les vérités du monde, mais qu’un gramophone abandonné vient du lui donner la peur de sa vie. L'appareil répète en boucle le mot “ Spagh” . Il n’a aucune idée de ce que ça peut bien vouloir dire.

Les ténèbres s'épaississent et la cave semble rapetisser - Il se tient arqué et, de peur de tirer sur la mauvaise personne, laisse son fusil baissé. Et il a bien fait, puisque la chose qui rampe juste à côté de lui, effleurant ses chevilles, aurait sûrement pu se retrouver avec un peu de plomb dans la tête. La balle part et éclaire la pièce pendant quelques secondes. Makoyepuk a juste le temps de voir une forme sombre et échevelée se traîner au sol.  
Bien évidemment, il tombe à la renverse dans un fracas de bois et de porcelaine, tirant au passage un deuxième coup qui, cette fois, part dans le plafond, et donc, le plancher du premier étage.
Un peu de poussière lui retombe sur la figure tandis que, vaincu, il ne bouge plus, presque satisfait de sa cachette aussi douloureuse qu’improvisée. La queue d’une pelle lui tombe sur le coin du front en guise de final.

:copyright: Laueee


Traduction : “ Elle est encore tombée…”
Makoyepuk Blackfoot
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Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
Since : 30/11/2020
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DC : Irina | Blair
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Age : 29 ans
Statut : La revanche a fait d'elle son épouse, personne ne sait qui des deux deviendra veuve
Job : Cuisinière officiellement | Nouvelle comptable des Hennessy en compagnie de Wyatt Smith | Réalise des petits boulots illégaux avec un groupe d'italiens de Silverstone | Ancienne contaiuola de la famille Rinaldi
Habitation : Petit étage en piteux état au-dessus de l'épicerie de ses grands-parents, Silverstone
Disponibilité : Dispo [1/3]
Sam 29 Oct - 21:35


I've lived my life by one adage

@Makoyepuk Blackfoot

En bas, en bas, en bas. Il n’y a plus de lumière, plus de bruit pour guider Filippa, si ce n’est sa respiration hachée qui gicle de ses lèvres tremblantes. Il fait noir devant. Il fait noir derrière. Sur sa nuque elle sent un souffle, un oeil, un doigt. Assez pour dresser les cheveux sur sa nuque. Retourne-toi. Aller, retourne-toi.
Un frisson la secoue toute entière.

« Ave Maria, gratia plena,* » chuchote-t-elle en griffant sa médaille de baptême.

La napolitaine ferme fort les yeux et continue d’avancer, une main obstinément tendue sur le côté pour effleurer le mur glacé. Elle n’a pas besoin de voir pour savoir que sa respiration se matérialise en brume désincarnée autour d’elle. De son autre main, elle resserre se pelisse et laisse sa paume contre sa gorge. Le sang coule de son arcade sur sa joue. Derrière toi. Derrière toi.

« Dominus tecum… Signore, Signore Signore.** »

Les mots butent contre son palais, s’entremêlent et meurent dans un soupir. Cette maison n’en finit-elle donc jamais ? Dans l’obscurité, elle fait du surplace, comme avançant aveuglément dans des sables mouvants. Ses doigts rencontrent les mêmes lattes, les mêmes échardes, les mêmes défauts. Filippa s’en rend compte. S’entête. Tout sauf se retourner. Elle va finir par arriver au bout.

Il y a une odeur entêtante de citron. D’iode. De glycine fanée. Oh non pas ça. Tout mais pas ça. Le parfum sirupeux l’étrangle, l’étouffe. La gorge pleine de larmes, elle s’obstine à avancer les yeux fermés. Les prières ne parviennent plus à s’échouer jusqu’à elle. Que les souvenirs terribles d’une journée d’été.
L’odeur métallique du sang s’accroche maintenant aux autres. Elle plante ses ongles dans les agrumes, la mer et les fleurs, les déchiquètent, s’en repait.

« No, no, no, no, no, n-. »

Le sanglot la muselle. La culpabilité l'étrangle.

Apri gli occhi, Pippa.

La voix est si douce. Les accents si familiers.

Elle obéit.

Il y a un oeil bleu, écarquillé qui regarde le plafond. Il est comme aveugle et pourtant, il voit tout. Le visage est rongé par les ombres, mais Filippa n’a pas besoin de voir les traits pour le reconnaître.

La Morue baisse soudainement son regard mort vers elle.


*


« Spagh. Spagh. Spagh. Spagh. »

La voix éraillée résonne. Il y a quelque chose qui effleure son corps. Comme un linceul. Une angoisse sourde lui serre les tempes.

« Mmpf, » geint-elle en tentant de s’extirper.

Les coups de feu qui éclatent finissent de lui fouetter les sangs.

Sa main jaillit du drap blanc sous lequel son corps était dissimulé pour attraper - un bras ? Une cheville ? - dont elle se sert pour se tracter de la causeuse dans laquelle elle est roulée en boule. Sous ses doigts, elle reconnaît le daim de la veste. Elle cligne des yeux. Un trou de lumière grisâtre tache le visage de l'autochtone d'un rond clair.
L'angoisse s'évanouit.

« Makoyepuk… »

Sa gorge semble ne pas avoir été huilée depuis des siècles. Sa voix est grave, rocailleuse. Elle tousse en s’en décoller les poumons.

« J- »

Elle ne fait que le regarder, abasourdie et hébétée, ses yeux ronds comme ceux d’une chouette. Il y a mille choses qu’elle aimerait dire, mais l’italien et l’anglais se mélangent et ne signifient plus rien. Il va la prendre pour une folle, si elle lui dit. Alors, elle se tait. Elle-même n'est plus très sûre. Sa tête a cogné, voilà tout.

« Je - tousse tousse - Je déteste cette maison, » finit-elle par asséner. « Je veux partir. »

Et comme pour leur rappeler leur principale mission, elle remarque la pelle qui git à côté de son compagnon d’infortune. Après la peur et les larmes, ses yeux s’agrandissent maintenant d’une indescriptible joie.

« Hai trovato une pala !*** » s’exclame-t-elle en se redressant entre deux quintes de toux.

Même pour fêter les anniversaires, la voix de l’italienne ne vibre pas autant d’allégresse. Elle se saisit du manche et entreprend de se relever, mais un éclair blanc l’aveugle et la force à retomber sur les fesses dans un nuage de poussière.
D’instinct, sa main se porte à son arcade. Le sang a partiellement séché - combien de temps est-elle restée sous le drap ? -, mais la plaie est belle et bien là.

« Ça va, ça va, » grogne-t-elle sans qu’on ne lui ait rien demandé. « Je me suis levée trop vite, è tutto****… »

Après une nouvelle inspiration, elle se redresse - doucement, cette fois - en s’aidant de la pelle. Puis, elle hésite un instant.

« Et vous ? » Blanc. « Est-ce que… ça va ? Pourquoi avoir tiré ? »

La comptable lui jette un regard lourd de sens. L’impression de sentir le regard aveugle de La Morue sur sa nuque le fait grelotter. A-t-il vu quelque chose, lui aussi ?

Elle jette un coup d’oeil à sa droite. La trape se découpe dans un minuscule carré grisâtre pâle.

« Vous pourrez me faire une spinta… Hum… Vous savez ? Je monte là ? »

Elle lui tapote les épaules.



*en latin Je vous salue Marie, pleine de grâce
**en latin, puis en italien Le Seigneur est avec vous… Seigneur, Seigneur, Seigneur
***Vous avez trouvé une pelle !
****c’est tout…




Filippa Rinaldi
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