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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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contre-cœur (clyde)
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Dim 20 Mar - 12:20



you are the mirrored wall
every shut of a door.


***

Encore des oiseaux piaillent dehors.
Le soleil s'est à peine couché. Les nuits hivernales ne donnent envie à personne de s'aventurer au-dehors des bâtisses gelées qu'on réchauffe d'un feu, et bien que le rouge strie encore un peu l'horizon du ciel, Imogen dort. Les Complies de ce soir ont, comme d'habitude, été récitées en comité réduit, à quelques paires d'oreilles attentives craignant suffisamment la colère divine pour braver le froid de la Caroline du Nord - toutes les autres préfèrent souper à l'abri du vent. Jaime ne leur jettera pas la pierre : si ça n'avait pas été pour la cuisine de Nadie et leur rendez-vous d'un silence sacré, il s'y serait dérobé bien volontiers. Après tout, on enterrait sa sœur, hier.

À l'annonce, pourtant, il n'a rien dit. Rien de plus qu'un " merde " glissé dans la paume qui frottait timidement sa barbe de trois jours. Merde, comme on tombe sur le cul en apprenant que tantine s'est foulée la cheville en chutant de cheval. Rien de plus, rien de moins, et c'est là tout le problème : sa petite sœur est morte. Ne devrait-il pas enrager ? Fulminer, implorer au Ciel comme il a pu le faire pour des frères d'arme qui ne partageaient rien d'autre qu'un bout de pain, pas même un peu de sang ? La nouvelle ne lui a rien fait de plus qu'un étonnement sincère, et ses pensées sont allées se loger auprès des vivants. Les Beaver, d'une part, et Clyde, d'une autre, qui n'a même pas pu lui dire adieu. La fratrie était étrangère, pourtant le vicaire a eu plus de chance que son camarade pour un dernier aurevoir. Au même titre que le meurtre, cette injustice pourrait lui retourner les boyaux : mais non. Jaime ne ressent, face à l'affaire, résolument rien. Rien d'autre qu'un vide, un creux qu'il a comblé volontiers avec le potage chaud préparé du jour qu'on a servi à table. Puis les mariés ont pris leurs quartiers, et Jaime est resté là, sur le premier banc devant l'autel, yeux rivés sur la croix. Troublé. Il s'attendait à plus d'émotions, s'étonne de n'avoir encore éclaté nulle part - réalise-t-il seulement la gravité des choses ? Là où les pensées s'accostent et se blessent, s'écorchent et s'entrechoquent, il n'y a dans son crâne que les occupations banales et ordinaires dont il fait son affaire chaque jour durant. Une planche s'arrache à l'arrière du temple, par exemple, il faudrait la réparer.

Étendu au milieu du couloir, Cooper a levé sa grosse tête blanchie par l'âge, semblant curieux des choses que n'entend pas son maître. Celui-ci prie, finalement, comme s'il était croyant (il essaye, pour de vrai), mais le chant des oiseaux triture son esprit, parasite ses pensées. Ces maudits piafs volent du bout du bec ce qu'il adresse au Tout Puissant, et plus ils piaillent, moins il sait pourquoi il prie. La goutte d'eau est l'aboiement guttural du chien, qui cette fois-ci s'est levé, " ferme ta gueule, Cooper ! " Lequel se reçoit une bible sur la croupe, balancée par la rage enfin naissante de son maître. C'était tout, sauf le bon moment pour se mettre à aboyer - et il réalise seulement lorsque la porte de l'église s'ouvre.
Cooper n'aboie jamais.

D'un bond, il s'est levé, le regard mauvais en direction de l'entrée. De ce qu'il sait, Benicio et Nadie ont récemment été agressé (des fanatiques, paraît-il), aussi s'attend-il au retour des malfrats venus pour saccager l'église par ce froid, espérant n'y trouver personne. Mais c'est une silhouette, non, deux silhouettes connues qui passent les portes de la Maison de Dieu.

Clyde ? Pire. Wyatt ?! " C'est vrai, ce dernier n'était pas à l'enterrement.
Sur le veston pincé de son camarade d'enfance, Jaime jurerait entrevoir quelques traces de sang, et à son cou la veine colérique qu'une revanche sanglante n'aurait même pas un peu satisfaite. Quelque chose induit immédiatement, dans le brillant des yeux de l'écossais, que les deux ne sont pas là pour prier. " Hey kiddo ", salue-t-il finalement plus doucement, comme le font les adultes pour masquer les drames aux yeux des enfants. Cooper, quant à lui, n'a pas aboyé à nouveau, et remue la queue tranquillement à côté de sa bible à terre.

Qu'est-ce que vous faites là ? " C'est qu'il aurait aimé cacher la suspicion dans sa voix, mais il semble avoir toujours en travers de la gorge que les oiseaux aient volé sa prière.


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Clyde King
Clyde King
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Habitation : Campement des O'Reilly, Moonstone Pond.
Disponibilité : 3/3
Dim 20 Mar - 22:48
 contre-coeur


Le gosse avait dormi presque toute la journée, se réveillant par moments pour hurler à la mort, terrifié.

Il avait réclamé sa mère pendant des heures, puis son père (pas Clyde, l’autre) ; mais seulement pour trouver un peu de réconfort tour à tour dans les bras de Grace et d’Aoibheann. Ses cris avaient déchiré la lande tant de fois que les oiseaux semblaient avoir quitté la pinède. King quant à lui, s’était mis minable. Six pieds sous terre et plus bas encore, il avait fallu deux seaux d’eau gelée pour le réveiller. Si Matthews s’était fait un plaisir de les lui balancer, le regard désapprobateur qu’elle lui avait adressé en retour s’était avéré plus glaçant encore.

Lorsqu’il fut enfin debout, et après avoir soigné le mal par le mal, Clyde s'empressa d'attraper le gosse encore pleurnichant, avant de quitter le campement sans donner d’explications. Ils allaient avoir besoin d’aide pour régler tout le merdier dans lequel il les avait foutus.

Cette aide se trouvait étonnamment à l’église d’Imogen.

***

L’étrange duo que formaient maintenant l’écossais et son rejeton fut accueilli par un clébard. L’aboiement du chien n’ébranla en rien Clyde, qui resta aussi stoïque qu’à son habitude. Wyatt quant à lui, resserra sa petite pogne sur la main que le hors-la-loi l’obligeait à tenir. La voix de la personne qu’ils étaient venus trouver résonna dans le temple, à en faire trembler les murs branlants de la bâtisse. Face à la silhouette furibonde du vicaire, King leva sa paume libre avant de répliquer : « C’est juste m… nous. »

Wyatt s’élança timidement vers son oncle, pour le plus grand bonheur de Clyde – c’est bien, il arrêterait de chialer un peu. Oh l’écossais n’en voulait pas au gosse, il était juste complètement désemparé. Il ne savait pas quoi faire d’un môme, et plus encore du sien. Si ce n’était pas pour l’âme d’Alice, il l’aurait laissé dans sa petite famille de riches, sans jamais se manifester. Mais ils avaient laissé la blonde crever comme un chien, sans même lever le petit doigt pour arrêter son époux – et il ne supportait pas que le même sort puisse arriver à la chaire de sa chaire.

Suivant le regard de Jaime, Clyde s’empressa de frotter les taches de sang sur son veston. Il se racla alors la gorge et tenta répondre à sa question : « J’ai besoin de ton aide. »

« Nous », précisa-t-il à voix basse, en baissant les yeux sur le petit qui caressait déjà le chien. « Wyatt », le gosse releva la tête, ses grands yeux bleus venant rencontrer le miroir de ceux de son paternel, « …reste jouer ici avec le chien, tu veux ? On va fumer avec Jae, dehors, d’accord ? ». La question (qui n’en était pas une), s’adressait autant au petit qu’au vicaire. Sans un mot, le gosse obéit, entrainant à sa suite le clébard en remontant l’allée jusqu’à l’autel. Dégainant son étui à cigarettes, Clyde entraîna Jaime dehors, non sans manquer de lui en proposer une.

« Samuel Scott à tué Alice, mais je crois que tu le sais déjà ». Il attendait une réponse dans le regard de son ami, tout en fouillant dans sa poche pour trouver ses allumettes. « Disons que je lui ai rendu une petite visite… et Wyatt va rester avec moi à présent. » Il vint frotter l’extrémité enduite de soufre contre la boite, avant d’allumer la cigarette qu’il avait précédemment coincée entre ses lèvres – et garda l'allumette allumée en attendant la validation de Jae. L’articulation maintenant entravée par le clou de cercueil, il en vint au point de sa visite : « J’ai besoin que tu couvre la disparition du gosse... s’il-te-plait ». Si son ton était sec et impérieux, son regard implorait l'approbation de son camarade.

(c) AMIANTE


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1882
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Clyde King
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Lun 21 Mar - 17:11


Lorsque les yeux du môme s'illuminent à la vue de son oncle, Jaime comprend alors seulement à quel point ils étaient voilés. Plane sur les deux silhouette nouvellement arrivées l'ombre d'un événement tragique, pressent-il, et la présence de Wyatt aux côtés de Clyde n'a sûrement rien d'anodin. Les deux garçons se sont-ils jamais rencontrés ? À cette question, le vicaire glisse sans cérémonie ni même un regard quelques doigts dans la chevelure douce de l'enfant, lequel agrippe déjà ses fringues poussiéreuses. L'écossais à besoin d'aide, et Jaime renifle bruyamment. Il reconnaît dans le ton de son ami l'autorité d'un père lorsqu'il s'adresse à l'enfant, celle qui veut bien faire, prendre une place épineuse, supposément charmante, aux yeux du rejeton. Alors quelque chose se noue dans le torse de l'oncle, comme on voudrait le noyer d'une pierre à l'estomac. Soupir lent, silencieux, lorsque l'enfant s'en va jouer avec le chien, exactement comme va le lui demander son père. Cooper accueille les caresses à la tête d'un faible mouvement de recul, puis se décide à tolérer les doigts de l'enfant dans sa fourrure grasse.
Une cigarette, oui.
Bonne idée.

Les doigts pincent sur la denrée, attendent nerveusement le paquet d'allumettes. Ces putains de piafs chantent encore, Jaime les pulvérise d'un regard en direction de l'arbre bordant le cimetière. Samuel Scott a tué Alice, et ça pourrait achever ses nerfs de lâcher - le regard bleu de Clyde vient cogner aux vitres du sien, et c'est sûrement encore la seule chose qui le fait garder constance. Il acquiesce, silencieusement, d'un signe de tête. Il semblerait que tout ce qui n'avait pas bourgeonné en lui depuis l'enterrement fleurisse tout à coup au contact de la rage brûlante de Clyde - c'est vrai qu'il irradie, pour un écossais. Disons que je lui ai rendu une petite visite… Papillonnent lentement les paupières du vicaire. Il s'y attendait un peu. Et Wyatt va rester avec moi à présent. C'est sûrement parce que le tabac vient chatouiller ses naseaux que ses épaules s'abaissent un peu. À peine. À nouveau, Jaime renifle avant d'allumer lui-même sa cigarette ; la première bouffée lui fait l'effet d'un coup de masse, il doit l'avouer. Et c'est pas plus mal. J’ai besoin que tu couvre la disparition du gosse… s’il-te-plait. Le voilà qui se passe une main sur la gueule, frottant la corne irritée de ses paumes contre sa propre joue.

T'as bien fait. " Articule-t-il finalement, après avoir nerveusement mordillé ses lèvres. À l'angle de son visage, les muscles se tordent lorsqu'il tire sur la cibiche, prunelles rivées vers une fenêtre à l'intérieur encore enflammé. " Pour l'autre enflure. " Le mot est faible, mais rien de plus fleuri ne vient. C'est qu'il y avait pensé, à vrai dire, d'aller le déloger et le pendre lui-même à son chandelier. Si Clyde ne l'avait pas fait avant, c'est probablement ce qui se serait passé ; aussi, il adresse enfin un regard à son camarade. Si la compassion n'est pas le fort de l'homme, celui-ci le connaît depuis suffisamment longtemps pour déceler dans ce bleu de givre le brillant de la solidarité. " J't'aiderai. Mais deux choses, avant. " Il a besoin d'y voir plus clair. " Il a rien vu ? " Hochement de tête en direction des portes entrouvertes de l'église. C'est qu'il en voudrait à Clyde d'offrir le même spectacle au garçon qu'il a lui-même offert à sa petite sœur, à l'époque. Le passé n'a pas besoin de reboucler. " Et qu'est-ce que t'as fait du corps ? " Non-pas que le vicaire veuille jubiler d'imaginer la sale tronche de bourgeois au fond d'une fosse à cochons, mais Wyatt a déjà perdu suffisamment de proches comme ça, et sûrement que les Beaver ne se laisseront pas faire aussi facilement. Le gosse leur appartient, l'argent et l'influence rivalisent parfois suffisamment contre les balles des bandits - et de tous, Clyde est sûrement le seul que Jaime ne voudrait pas voir se balancer au bout d'une corde.


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Clyde King
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Mer 23 Mar - 18:42
 contre-coeur


Jaime acquiesça, confirmant que Clyde avait fait le bon choix (en étais-ce seulement vraiment un ?).

L'écossais hocha simplement la tête en retour, convaincu qu'ils se comprenaient - au-delà de la fraternité enfantine qu’ils entretenaient depuis plusieurs années. Ils partageaient malgré eux les mêmes démons, nés de différentes raisons, mais respectivement aussi destructeurs.

Le soupir qui souleva ses épaules en dit long sur sa lassitude, comme le souffle épuisé qu'il laissa s'échapper entre deux bouffées de tabac - vidant ses poumons comme il aurait vidé son sac. Il se revoyait gamin, Brooke (qui s'appelait encore Kane à l'époque) à peine plus jeune que lui - mais déjà à ses côtés. Alice ne faisait pas encore partie de l'équation à cet âge, mais si on lui avait dit qu'ils se retrouveraient là, au lendemain de l'enterrement de cette dernière, à débattre de la mort d'un homme...

Cette idée (celle que, peut-être, ils auraient pu éviter ce malheur), lui noua les entrailles de façon plus douloureuse encore que le tord-boyaux qu'il gardait dans sa flasque.

Jae acceptait de l’aider, mais réclamait de savoir deux choses au préalable. Clyde releva ses yeux trop clairs vers lui, prêt à l’écouter. Est-ce que le gosse avait vu quelque chose ? Il mit quelques secondes à répondre, hésitant : « Non, j’crois pas. Il était à l'étage... on est rev’nu le chercher, après. » Les hurlements du gamin abandonné à son triste sort le hantaient encore - il secoua la tête en y repensant. Non, il n'avait rien vu ; seulement la trogne éclatée de son nouveau paternel (couvert du sang du précédent) venu l’arracher à son foyer. Cette vision le fit frissonner, il serra alors les dents pour masquer son malaise.

Quand le vicaire lui demanda ensuite des précisions sur le corps, Clyde déglutit. Il détacha son regard de celui de son camarade, et observa la cendre de sa cigarette tombée à ses pieds. Désignant du menton l'amas grisâtre, il dit : « ...redevenu poussière, et enterré ». Il préférait se passer de détails, l'odeur de la chaire brûlée lui donnant encore la nausée. Personne ne retrouverait Samuel Scott, son corps carbonisé maintenant enterré au bord d’une route, sans sépulture ni pardon - aucune prière ne fut récitée pour celui qui méritait la damnation éternelle.

Clyde passa soudain son index libre sous ses narines, pour chasser de son nez le parfum fantôme de roussi. Ses mains sentaient l’alcool et la terre, mais c’était toujours mieux. « La baraque est dans un sale état, on peut facilement croire qu'il s'est barré avec le gosse et les objets de valeur », dit-il pour changer de sujet. Il baissa les yeux sur la tâche maintenant marron sur son veston, avant de grimacer : « J'ai besoin de ton aide pour que cette histoire tienne debout, ils vont venir t'interroger... ». Tirant sur sa clope comme s’il ne pouvait s’en passer pour respirer, avant de venir se frotter les yeux de sa main libre, il marmonna en relevant la tête : « J’veux pas qu’ces connards de Beaver mettent la main sur le mioche ».

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1882
1889
Clyde King
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Mar 29 Mar - 12:11



***

Lorsque Clyde affirme que le gosse n'a probablement rien vu, Jaime jette un coup d'œil las dans sa direction. Wyatt est assit par terre, entre les bancs de prière, en plein milieu du couloir menant aux grandes portes du temple restées entrouvertes, et il joue avec le chien, bienheureux d'une présence connue et affectueuse. L'église est immense, au-dessus d'eux, énorme et creuse, protectrice par cette croix de bois surplombant leurs deux silhouettes minuscules et ces vitraux vaguement coloré que le soleil chasse contre le sol. Le tableau a quelque chose de touchant, et si Jaime est très loin d'être un amateur d'art, il ne s'étonnerait pas de retrouver une toile comme celle-ci dans les couloirs d'une galerie : une certaine quiétude anime la scène, une triste mélancolie. L'enfant arraché aux parents pour s'en retrouver un autre, un illustre inconnu au veston tâché, qui cherche un peu de cette paix dont seuls les enfants ont le secret. Celle qui fait abstraction de tout, qui laisse les émotions de l'instant envahir leur petit corps encore trop fragile pour les affronter.

Jaime pousse un soupir.
Et le corps ?

…Redevenu poussière, et enterré. Remember you are dust, and to dust you shall return. Le vicaire acquiesce, rattrapant les yeux clairs de son ami. Il en aurait presque oublié la cigarette qui, pourtant, le sauve d'un naufrage certain lorsqu'il tire à nouveau dessus. Si Wyatt a un peu de lui, il n'imagine pas la tempête qu'a en dedans ce pauvre enfant ; mais dans l'immédiat, c'est l'air troublé de Clyde qui le concerne le plus. Il connaît son ami plutôt à l'aise lorsqu'il s'agit de faire des dégâts pour défendre une cause, ou faire payer à autrui les conséquences de leurs actes. Dans le monde de ceux nés en bas, la cruauté et la violence font partie du quotidien : Jaime s'imagine sans peine à quel point Scott a du supplier pour une vie qu'il savait d'avance perdue. Dans les yeux de l'écossais, le vicaire n'y lit aucune fierté. Seulement un certain dégoût, et la peine de ne trouver aucun soulagement dans la tâche exécutée. Il devait s'attendre à se sentir libéré, mais ne pèse sur lui que la lourdeur du deuil. C'est qu'il en sait quelque chose, Jaime. Une sale impression de déjà vu. La baraque est dans un sale état, on peut facilement croire qu'il s'est barré avec le gosse et les objets de valeur, ça ne l'étonne pas. C'est plutôt bien joué. Les bandes organisées ont ce mérite de faire un travail plutôt propre. Dans le fond, c'est tout ce qui importait à Jaime : qu'on ne puisse ni remonter à Clyde, ni remonter à Wyatt au travers d'un corps laissé à l'abandon. Samuel Scott a disparu. De fait, le vicaire devine la suite. J'ai besoin de ton aide pour que cette histoire tienne debout.

Tu crois ? " C'est que le lien de parenté entre l'enfant et son oncle n'est connu que de trop peu de personnes, il se dit. Mais l'évidence tombe, cependant, au moment où il pose la question : les Beaver. Ils vont venir t'interroger… J’veux pas qu’ces connards de Beaver mettent la main sur le mioche. Vivement, le vicaire acquiesce. " Bien sûr ", pour toute affirmation. " T'as d'jà un plan pour cacher tout ça ? " Tout ça. Le meurtre, la fuite, l'enfant, les interrogations. Jaime imagine que s'il ne dit simplement rien, les choses vont aller de bon train pour tout le monde ; mais. Les Beaver, de ce qu'il en sait, en ont sur le cœur contre Scott. S'ils l'ont laissé faire ce qu'il voulait d'Alice, Jaime imagine la fratrie adoptive de cette dernière vouloir en découdre - et, Jaime doit se l'admettre, il est un affreux menteur. " Dire que j'sais rien, ça leur suffira pas. " Il en est sûr. Après Clyde, il sera le prochain accusé de l'histoire. " Et l'môme ? Comment tu vas faire ? " Cacher un corps est une chose.
Un enfant, c'en est une autre.


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Jeu 26 Mai - 12:17
 contre-coeur
Un plan. Clyde fit glisser ses longs doigts sur son visage fatigué, comme pour chasser toute émotion de ses traits. Pourtant, on pouvait parfaitement lire l’épuisement sur son visage, et la lassitude dans son regard. Non, il n’avait pas de plan – sinon il ne serait pas là, avec le gosse, à espérer que le bon dieu lui accorde (pour une fois) sa miséricorde. King avait agi par colère, par violence, par espoir de vengeance : sans penser qu’il allait devoir assumer son rôle de père en conséquence. À vrai dire, il avait d’abord pensé à Alice, avant de penser à Wyatt. Ce n’est qu’après, une fois le mal fait, qu’il avait réalisé la complexité de la situation ; si Scott avait tué sa propre épouse, qu’aurait-il fait du fils bâtard ?

Jaime semble aussi inquiet que lui, si ce n’est plus encore. Il confirme ses craintes : les Beaver vont remuer ciel et terre pour retrouver Wyatt. Mais pas pour les bonnes raisons ; Clyde sait qu’ils se contrefoutent du môme tout comme ils ont ignoré Alice, la laissant crever sous les coups de son époux. Non, les Beaver vont s’acharner à retrouver le petit pour montrer qu’ils sont intouchables – par principe. Le vicaire le rappelle à la réalité, en lui demandant : Et l'môme ? Comment tu vas faire ?

« Wyatt va rester avec nous au camp », commence à expliquer Clyde, après une longue inspiration. La fin rougeoyante de sa cigarette se balade au bord de ses lèvres, entravant son articulation : « S’ils viennent chercher par-là ils vont être accueillis comme il se doit ». Doucement, il secoue la tête, « j’ai bien pensé le confier à des fermiers, plus loin au nord… ». Clyde s’arrête au milieu de sa phrase, incapable de poursuivre. Naturellement, il tourne la tête vers le petit, qui joue calmement avec le vieux cabot de Jaime. « J’peux pas faire ça à Alice… » Le corniaud ne semble pas s’en préoccuper, ses paupières lourdes commençant à se fermer malgré le mioche qui lui tire les oreilles. « …pas pour l’instant en tous cas. Même si j’crois qu’il mérite mieux que la vie que j’vais lui offrir ». La vie de hors-la-loi n’est pas faite pour un enfant, et Clyde s’en veut de n’avoir que cette option à lui offrir. Mais s’en débarrasser comme d’un cheval boiteux… il a du mal à s’y résoudre, même pour son bien.

« J’sais pas quoi faire pour les Beaver. J’suis pas spécialement en bons termes avec Harry, j’lai jamais été, mais encore moins depuis qu’j’ai « compromis » sa sœur. » Il regarde Jaime un instant, s’attendant à des reproches pour avoir compris la sienne par la même occasion. « Si ça tenait qu’a moi, ils iraient tous rejoindre Scott », conclu-t-il en venant écraser sa cigarette sous sa botte.


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1889
Clyde King
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Mer 29 Juin - 20:53



***

Wyatt va rester avec nous au camp, il se pince les lèvres, le vicaire. L'idée lui déplaît au plus haut point : de ce qu'il a vu, du peu qu'il ait vu du camp O'Reilly, ça n'est pas la place d'un môme. Vivre en pleine forêt entouré d'exécrables personnalités et de bandits, ça n'est pas la place d'un môme. Il se mordille la lèvre nerveusement, poussée au coin par son pouce crasseux. Au bord de ses doigts brûle encore la cibiche qui se refuse à mourir. S’ils viennent chercher par-là ils vont être accueillis comme il se doit. Ricanement : " J'imagine ", sans plus de cérémonie. J’ai bien pensé le confier à des fermiers, plus loin au nord… Les orbes gelées de Jaime se posent enfin sur les épaules de Clyde. Il secoue la tête à la négative ; mauvaise idée, camarade. Finalement, il suit le regard de son ami. J’peux pas faire ça à Alice… Effectivement. …pas pour l’instant en tous cas.

Tandis que les deux hommes regardent le tout petit s'amuser avec les oreilles du vieux cabot, Jaime songe. Il songe tout ce qu'il peut, retourne la situation dans tous les sens. Le plus simple, ce serait que le gamin se barre, définitivement. Avec ou sans Clyde. Alice ou pas Alice. Qu'on lui octroie une vie heureuse, loin du tumulte et de la discorde régnant à Imogen et ses environs. Même si j’crois qu’il mérite mieux que la vie que j’vais lui offrir
Ça, c'est certain. " Grommelle finalement le vicaire de but en blanc, sans une once d'empathie pour son ami. Il ne peut pas se permettre la malhonnêteté : oui, un gosse dans un camp de bandits, c'est absurde. Dangereux, qui plus est. Et Clyde, de tous les corniauds que connaît l'homme d'église, doit faire partie des moins fiables en ce qui concerne la paternité. L'ivrogne fils King, parent d'un enfant de cinq ans. L'histoire a déjà une odeur de bourbon, de poussière et de mort aux rats. Il en sait quelque chose, Jaime. Il sait comment les paters comme celui-ci finissent. Pour autant, Clyde a ce quelque chose de concerné que n'avait pas son propre père : il a la violence, le bagout et l'alcoolisme, mais il a l'honnêteté à travers le poix de sa fourberie. La bonne volonté, en quelque sorte, sinon il ne serait pas là ce soir. Avec un peu de chance, et beaucoup d'aide, peut-être que le malfrat pourra être un père correct ― finalement, se dit-il, la vie en camp aura bon d'ajouter le grain de sel de tout le monde à l'éducation du môme.

J’sais pas quoi faire pour les Beaver. Jaime zieute ailleurs, se détournant du Tout-Puissant surplombant l'enfant et le chien. La question des Beaver est encore trop blasphème pour s'autoriser d'en parler en face de Lui. J’suis pas spécialement en bons termes avec Harry, j’lai jamais été, mais encore moins depuis qu’j’ai « compromis » sa sœur. C'est un mollard nicotiné que crache finalement Brooke dans la poussière bordant les marches du Temple. Mentionner Harry le fait renâcler, car le nom d'Harold Beaver brasse le pire de l'humain qu'a été le vicaire, dix ans auparavant. La mâchoire se tend lorsqu'il tire sur cette cigarette qui ne ressemble bientôt plus qu'à un mégot. Si ça tenait qu’a moi, ils iraient tous rejoindre Scott. " Tout doux ", gronde l'homme d'église, comme un orage qui arriverait de l'Est. " T'as assez d'problèmes comme ça ", et par extension, lui aussi. Ramener le gosse à Imogen, c'est faire preuve de folie, c'est compromettre Jaime à son tour. Le mêler à toutes ces histoires. Si un homme plus sage aurait chassé le O'Reilly ou déjà vendu la mèche, celui-ci ne fait pas partie de la catégorie des têtes froides et personnages de raison. La loyauté et l'aigreur l'emportent sur toute sagesse possible. Son meilleur ami et son neveu ont besoin de lui, et c'est tout ce qui compte.

Écoute, Clyde ", marmonne-t-il, jetant à son tour le mégot dans la poussière. Il invite, d'une main dans le dos, son ami à le suivre à l'abri, dans l'église. " Ch'uis pas un génie de l'entourloupe, moi ", arrivé à la hauteur de l'enfant et du chien, il ramasse la bible que s'est pris Cooper à l'arrivée des deux fugitifs, " mais si j'peux t'dire une chose, c'est qu'tu vas pas être bien reçu dans l'coin. " Un hochement de tête discret envers Wyatt. Il faut être honnête. " J'peux bien t'aider, dans la mesure du possible ", puis il dodeline, mains sur les hanches. " Pour l'môme, surtout, vaut mieux qu'il s'fasse oublier, si tu vois c'que j'veux dire. " Attendre, en silence. Laisser les choses se tasser. Ne pas laisser de traces, jusqu'à ce qu'on estime l'enfant mort, ou disparu à jamais. Finalement, les billes bleues se posent sur les traits épuisés de son ami. Il ne pense plus à Alice, à sa mort injuste, ou à sa famille qui l'a tout bonnement jetée en pâture à la pire ordure qu'il soit pour se laver les mains du gosse. Il pense à Clyde, à cette histoire de merde qui ne sent d'avance pas bon. Il pense à Wyatt, qui a besoin de ce que Jaime Junior n'a jamais eu. Au fond, c'est la peur que le môme finisse comme père et oncle qui le pousse à l'idiotie.

Qu'est-ce que j'dois dire aux Beaver ? "


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Clyde King
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Mer 20 Juil - 19:44
 contre-coeur
Si Clyde est venu trouver Jaime alors même que les Beaver pourraient déjà être à son cul, c'est pour deux raisons : la première, c'est parce qu’il le sait assez concerné par la vie du môme pour l'aider ; la seconde, c'est parce qu’il le sait assez honnête pour lui dire les choses en face.

Ainsi, il n'est pas surpris lorsque le vicaire confirme ses paroles. Oui, Wyatt mérite mieux qu'une vie de hors-la-loi à peine sorti du berceau. Non, Clyde n'a rien d'un père, ni même d'une figure un tant soit peu modèle. Mais ça, il aurait peut-être dû y penser avant.

Il se laisse pousser à l'intérieur de l'église par son ami, tout en l'écoutant faire preuve de plus de sagesse qu'il ne lui aurait soupçonné. Finalement, Jaime lui demande son plan (si on peut vraiment appeler le flot de pensées qui s'entrechoquent dans sa tête ainsi), et Clyde va droit au but : « Nier ça va pas leur suffire. Ils ont beau avoir des sales têtes d'abrutis, ils sont loin d'être cons ces batards… ». L'écossais a un avis bien tranché sur les Beaver, et plus particulièrement sur le paternel et l'ainé de la fratrie, mais ses propres envies belliqueuses s'arrêtent là pour aujourd'hui.

Reprenant un ton plus calme, il chercha à lire une certaine approbation dans le regard de Jaime alors qu'il énonce son intention : « Faudrait que tu leur dises m'avoir vu. Et qu't'as l'môme. » King ne sait pas vraiment comment emmener la suite des choses. Son regard glisse à nouveau sur le mioche, sur ses boucles blondes qui ne lui rappellent que trop celle qu'il a tant aimé. Sans arriver à détacher ses yeux du gosse, il poursuit : « Tu lui fait une jolie tombe à côté d'sa maman. Avec une petite croix, bien comme il faut. » Voilà le plan. Voilà la seule idée un tant soit peu potable auquel a pensé Clyde - mais en l'énonçant tout haut, il commence à douter de sa perspicacité.  « J'ai un ami qui est croque-mort, j'peux m'arranger avec lui pour rendre ça crédible… », explique-t-il en relevant enfin les yeux vers Jaime, comme si quelque chose (ou quelqu'un) le lui autorisait enfin. Max allait le détester de lui demander une chose pareille, mais il avait confiance en l'irlandais et en sa loyauté - après tout, ils étaient tous deux dans la merde jusqu'au cou, et Clyde en aurait fait de même pour son vieil ami.

« S'ils pensent qu'il est mort, ils iront pas l’chercher… »
, conclu-t-il enfin, l'évidence sonnant pourtant tellement faux maintenant dévoilée. Sans vraiment s’en rendre compte, il commence à jouer nerveusement avec la chaine de sa montre à gousset. « J'vais disparaitre avec lui quelques semaines s’il faut, il va me falloir quelques jours, mais j'peux nous trouver de quoi prendre un billet de train... ». A vrai dire, la dernière partie du plan n'était pas si bancale que ça ; il trouverait bien comment se faire de l'argent facile, vite, et bien. « Et puis en revenant, j'peux toujours l'faire passer pour le fils de Grace, lui raser la tête pour qu'il soit moins... », recommence-t-il, sans trop savoir où s'arrêter, sans même prendre le temps de relever le nez de sa propre merde pour savoir ce que Jaime, qu'il est expressément venu consulter, en pense. « ...j’ai pas d’autre plan, donc si t’as une meilleure idée, j’t’écoute… », avoue-t-il à mis-mot.


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Lun 24 Oct - 21:30



***

Dans l'affaire, Jaime se sait empêtré jusqu'au cou. Au moment où Clyde a passé les portes du temple, au moment où il a prononcé les premiers mots annonciateurs d'événements peu joyeux, il a su : il ne pourra jamais avoir la paix. C'est ainsi que le vicaire comprend les choses, face à cet ami d'enfance, à ce frère, qu'il doit désormais couvrir, soutenir. Ça va pas durer quelques jours, cette histoire, ni quelques mois. C'est l'histoire de toute une vie qui est en train de s'écrire. Et c'est couru d'avance que ça va foirer, c'est qu'une question de temps. Un an. Deux ans. Qui sait, d'ici-là, le vicaire ne sera peut-être plus de ce monde pour témoigner des tragédies à venir ; en attendant, de triste spectateur endeuillé le voilà acteur des manigances orchestrées dans le dos de la famille régissant ce minuscule village.
D'épais nuages couvrent le ciel d'Imogen, ce soir.

Nier ça va pas leur suffire. Ils ont beau avoir des sales têtes d'abrutis, ils sont loin d'être cons ces batards… Ça aurait pu lui arracher un rictus mauvais, et un sarcasme amer ; mais Jaime est conscient, bien plus que conscient, des moyens qu'ont les Beaver. Déjà à l'époque, c'était une histoire de hiérarchie, c'était un rapport de force que l'ancien soldat trouvait injuste, persuadé que la famille avait acheté la place de l'aîné dans les rangs de l'armée. Et s'ils ont pu faire ça, que pourront-ils faire d'autre ? Aussi, Jae se pince les lèvres en guise d'approbation, le regard perdu contre les murs de l'église. Faudrait que tu leur dises m'avoir vu. Et qu't'as l'môme. À ces mots, Jaime tourne vivement la tête.

Hein ?! " Incapable de retenir son étonnement ( et la colère qui gronde soudain dans sa voix ), il tonne si fort que le chien et l'enfant en sursautent. Est-ce qu'il a bien compris ce que viens de dire Clyde ? Tu lui fait une jolie tombe à côté d'sa maman. Avec une petite croix, bien comme il faut. " Bordel de... " merde. C'est pire que ce qu'il pensait. King, en plus d'avoir perdu l'esprit, se paye même le luxe de parler petits papiers et accointances. Jaime croit rêver. S'ils pensent qu'il est mort, ils iront pas l’chercher… Pour ça, il ne peut qu'acquiescer. Et c'est ce qui lui fait relativiser soudainement le plan. Son regard de givre chasse le visage de Clyde de sa vue, l'ostracise un temps de ses pensées. Il a beau retourner l'idée dans tous les sens, il ne voit pas de meilleur plan ― rien qui, en tout cas, soit bien différent dans le fond. C'est la forme qui le gêne.

Il se passe une main sur le visage, le vicaire, pendant que Clyde lui déballe son idée comme s'il réfléchissait à haute voix. Quelques pas, d'avant en arrière, pour mûrir une réflexion à son tour. Faire une tombe pour le gosse, quelle connerie. Les Beaver demanderont à voir le corps avant de l'ensevelir, c'est certain, et parler de Clyde, c'est soit directement l'accuser de la mort de l'enfant, soit le faire tomber dans la gueule du loup, tête la première. Wyatt avec. Et puis en revenant, j'peux toujours l'faire passer pour le fils de Grace, lui raser la tête pour qu'il soit moins... Le profond soupir de l'homme d'église se termine sur la tête blonde de l'enfant. Tondue ou non, c'est un fils de Beaver ( c'est un fils de Kane, en vérité ), reconnaissable entre mille. Il hoche la tête de gauche à droite, Jaime, dépassé plus qu'en colère.

Bon sang, Clyde. " J’ai pas d’autre plan, donc si t’as une meilleure idée, j’t’écoute… Évidemment. Et la triste vérité est que Jaime n'a pas d'autre idée non plus. La seule qui lui vienne en tête, il doit regarder son ami droit dans les yeux pour la lui dire. Alors son regard se redresse, brusquement, et vient hameçonner les prunelles bleues de son ami. " À ta place, j'me casserai. Loin. " Très loin. " Et pour un bout de temps. " Pour ne pas dire toujours. Un bruit dans l'annexe de l'église le fait sursauter, regarder vivement en arrière. Mais ce n'est que le craquement sourd du bois de la charpente. Comme s'ils étaient maintenant surveillés et entendu, Jaime se penche dans la direction de son ami, puis murmure désormais, d'une voix étonnement lourde : " Tu tiens à c'gamin ? " Il serre la bible dans sa main. " Alors faites-vous oublier. Le plus longtemps possible. " Enfin, il se redresse, et colle le livre saint dans les mains de son ami. Serment de sa protection, malgré tout. Puis il hoche la tête à la négative, soudain prit de vertiges, comme une culpabilité sans nom qui lui tord le ventre. Enfin, pour que Wyatt n'entende pas la suite, il s'éloigne du chien et de l'enfant pour aller fermer la porte qui mène aux bureaux.

J'enterrerai pas un môme encore vivant. " Peut-être trop superstitieux. Peut-être attendrit, trop plein de bons sentiments, fragile, faible, vulnérable, qu'importe. La tâche lui est impossible. Ce serait comme profaner la mémoire de sa propre sœur que d'enterrer son fils à cinq ans alors que celui-ci respire encore au grand air. " J'participerai aux battues et recherches. Ch'f'rai tout mon possible pour qu'ils le croient mort ― mais tu peux pas m'd'mander d'mettre en terre un cercueil vide. " Ou pire, le cercueil plein d'un petit corps méconnaissable. Clyde n'a pas besoin de lui offrir cette solution pour consolider son idée, le regard en biais de Jaime lui déconseille vivement de le lui en faire part, sans quoi…
… Il ne sait même pas quelle menace profèrent ses yeux, déjà fatigués de toute cette affaire. La mort d'Alice n'était pas suffisante, il fallait en rajouter. Et, finalement, la mort de Scott n'est plus qu'un piètre réconfort pour son cœur meurtri.

Leur cœur meurtri, à tous les deux.
Ça t'va ? "


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Mar 3 Jan - 22:32
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« Ça t'va ? »

Clyde n’a pas vraiment l’impression d’avoir le choix. Il ne peut pas forcer Jae à faire quoi que ce soit – il peut déjà se trouver heureux de le voir accepter de l’aider.

Avec un grognement pour toute réponse, il acquiesce à ce plan foireux. Il va partir, avec le gosse, comme il l’a dit à Jae. Peut-être pas assez longtemps au goût de son ami, mais il peut difficilement faire mieux. Clyde sait que le départ sur le long terme n’est pas encore envisageable, et qu’il devra revenir. Ils ont à peine de quoi fuir, certainement pas assez pour vivre décemment loin du camp. Si Wyatt était plus vieux, ils pourraient vivre sur les chemins et camper la nuit le temps que Clyde trouve un job, n’importe quoi – même une place de garçon de ferme dans un ranch perdu, tant que le gite et le couvert son offerts. Mais avec un enfant de cinq ans, c’est inenvisageable. Non, il peut partir vers l’est, leur payer une chambre à l’auberge pendant quelques semaines, faire profil bas le temps de se faire un peu oublier – mais recommencer une vie ailleurs… « …pas encore… », laisse-t-il s’échapper de son flot de pensées, comme une respiration entre deux bouffées de cigarettes.

Alors que sa propre voix résonne dans la bâtisse, il semble revenir à lui. « Je sais qu’t’as raison », et ça lui coute de l’admettre, Clyde ayant du mal à se remettre en question. « J’vais partir avec le môme. Dès qu’j’ai d’quoi vraiment partir ailleurs, recommencer quelque chose, j’me tire ». Il rend à Jaime son regard en biais. « J’vais pas faire comme avec Alice », dit-il avant de déglutir. Ils savent tous les deux ce qu’il entend par là : chier dans la colle et faire des promesses qu’il sera incapable de tenir. « T’es pas obligé d’me croire, mais j’vais m’ranger ». Doucement, Clyde lève les yeux vers la croix accrochée au-dessus de l’autel. Que dieu lui en soit témoin. « J’peux pas faire mieux pour lui. »

Et comme si cet aveu ponctuait leur entrevue, King hèle son fils. « Wyatt, on y va. Dit aurevoir à ton oncle ». Il tend alors une main vers son vieil ami, comme pour sceller leur accord.


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