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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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all i got (arthur)
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Lun 21 Mar - 16:27



i payed a visit to the sinner
but he said "brother, don't even bother".


***

D'un revers de la manche, Jaime essuie cette goutte au nez qu'il n'arrive pas à renifler. Le froid du dehors transforme son souffle en buée, celle-là même, épaisse, lui revient directement dans la gueule. Dans un effort surhumain pour tenir debout, son bras l'entraîne pourtant dans un tango avec ses propres pieds. La glaise gelée du sol d'Imogen ne l'aide en rien, et s'il n'y colle pas son dos, c'est seulement pour le mur qui se trouvait là par hasard. Brave mur. Le plat de sa main tape fermement contre le bois qui résonne, comme on flatte un cheval ; puis, reconnaissant là-bas l'entrée de son propre logement, il s'y appuie encore jusqu'à rejoindre la porte, ravi à l'idée de retrouver la chaleur (si seulement) de son foyer. Rien qu'une couverture serait le plus beau des cadeaux contre le froid mordant d'un hiver à Imogen.
Bordel, ces températures lui ont pas manqué.

Dans l'escalier qu'il faut monter, il s'assoit sur la deuxième, ou troisième marche, un court temps. Juste ce qu'il faut pour se frotter les yeux, respirer un grand coup, libérer ses pensées de ce qui s'y agite. L'enterrement d'Alice. Le sang sur le veston de Clyde. Les yeux brumeux de Wyatt. Les dernières semaines - jours - qui rejouent en boucle, comme un disque tournerait dans le vide. Pas de sens, la même note, encore et encore, rien ni personne pour relever le bras et interrompre ce vacarme : ça crisse, crisse, bruit blanc à n'en plus finir, comme on écoute la neige tomber sur de la neige. Pointless. Ça finira par l'enterrer sous des couches de poudreuse.

***


La porte grince environ dix, quinze, peut-être vingt minutes plus tard. Les pas dans l'escalier se sont fait lourds, plus du sommeil du brave que du poids de l'alcool, finalement. Pour autant, Jaime empeste des odeurs caractéristiques du saloon : un vieux cuir usé, du tabac froid, l'alcool fort et les encens des demoiselles de pas-bonne-bonne-famille-du-tout. Sa chemise encore imbibée du labeur du jour, et sûrement d'un peu de crasse aussi. D'aucun dirait qu'il pue, lui jure qu'il sent l'homme. L'homme à la bouche pâteuse d'avoir dormi la tête en bas pendant un temps irréaliste. S'assoupir dans les escaliers de chez lui, une grande première (dont il ne sera pas fier demain). La plus grande surprise, en revanche, c'est trouver de la lumière dans sa chambre de garçon : les bougies et lampes sont allumées, là sur la table, là sur celle de chevet, là sur le rebord de l'âtre encore fumant, comme on a alimenté le feu une partie de la soirée. Il plisse les yeux à la (trouble) vision d'un corps attablé - il n'attendait personne ? Puis ça lui revient, finalement, après un bref délai. Oh, c'est vrai.

'Tain, t'es encore là toi ", râle-t-il d'une voix plus grasse que celle à laquelle il s'attendait. Là, , à table et pas couché. La princesse devait lui faire la classe ce soir, et lui, comme un con, a oublié. Pas comme il aurait aimé oublier les récents événements (cette saloperie de mémoire fait bien ce qu'elle veut), hélas. La porte claque derrière lui, et s'il a l'air de mieux tenir sur ses deux pattes, c'est sa gueule patibulaire et ses yeux cernés qui trahissent surtout son état. L'heure, aussi. Et sûrement l'agacement de la princesse. Près du feu, Cooper n'a pas relevé la tête, s'est juste arrêté de ronflé. " J'ai oublié ", en toute simplicité, pas d'excuses ni de justifications. À quoi bon. Arthur est surtout là pour pioncer, après tout. Un pichet d'eau tiède attend encore sur la table, sûrement là pour éponger le flot continu de paroles que le doc' n'aura pas pu évacuer ce soir. Reniflant encore une bonne fois cette goutte qui menace le bout pointu de son nez, Jaime se sert (maladroitement) un verre qu'il finit d'une traite, et la sensation glaireuse au fond de sa gorge froide lui arrache une grimace de dégoût.
Quelle plaie.  


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Arthur Maharaj
Arthur Maharaj
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Mar 22 Mar - 16:47


All i got


Les heures filaient toujours plus vite en hiver qu’en été pour le médecin. Le froid entraînait avec lui son dû d’enfants et de vieillards et Arthur se pressait d’un foyer à un autre avec l’idée mégalomaniaque d’en sauver certains. Chaque médecin avait sa folie des grandeurs et son égo imposant à trimballer de patient en patient, au moins aussi gros que la valise en cuir ou chantaient les outils de soin. Imogen était si petite, avec sa rue principale et les quelques maisons qui avaient continué de pousser autour, qu’en commençant sa journée, Arthur s'était imaginé la terminer rapidement. Pourtant, le temps n’avait cessé de lui glisser du bout des doigts comme un tissu de soi. Le soleil s'était couché depuis bien longtemps lorsqu’il avait rejoint la cahute de son ami et qu’il avait frappé à sa porte dans l’espoir de lui réclamer un café (s’il n’y avait pas de mauvais whisky).


***


C’était le travail qui retenait Jaime aussi longtemps. Le garçon était réputé dans la ville pour sa bonne volonté au travail acharné. Il était du genre à se faire abuser par sa bonté, incapable de dire non à un service gentiment demandé. Arthur, quant à lui, était incapable de se concentrer sur les mots qui dansaient sous son regard fatigué, mal éclairé par une bougie à la cire déjà bien entamée. Il essayait d’ignorer les chuchotements dans son crâne qui faisait remonter les angoisses rendues plus vives par les derniers événements.

La solitude était devenue plus tranchante qu’une lame chauffée à blanc pour un médecin tant entouré. La tranquillité qu’il avait tant appréciée devenait étouffante et dans les ombres dansantes projetées par la flamme de la bougie, Arthur y retrouvait les monstres de son enfance. Il ne pouvait s’empêcher de se demander à qui appartenait le corps démembré par l’explosion qui avait été enterré à la place du sien, dans le cimetière. Une victime anonyme qui avait finalement prouvé son utilité, dépouillée de toute trace de son identité dans les derniers sacrements. Arthur ne pouvait que se noyer dans ses angoisses de délaissement ; on n’envoie pas des battues pour rechercher un mort. Il se contentait d’en vouloir silencieusement à Maxence pour avoir choisi de préférer sa famille à lui et tout ce qu’il avait construit.
C’était le médecin qui avait été regretté ; Arthur n’avait manqué à personne.


***


Les minutes s’étiraient comme de la guimauve et laissaient le temps à Arthur de s’empêtrer et s’étouffer dans ses élucubrations au raisonnement fragile. Il laissait tourner les mêmes pensées encore et encore dans sa tête, cherchant à combler l’indicible par un immuable fabriqué de toute pièce. L’écoulement du temps finissait par lui donner raison et il continuait de relire encore et encore la même page de son livre aux coins de pages cornés et humides, sans jamais en saisir le sens. Empêtré dans son étau d’angoisses que la fatigue accentuait, il restait sourd au bon sens.


***


Ce n’était pas vraiment un réveil. Arthur fut tiré de ses divagations émotives avec sursaut alors que la porte grinçait tranquillement. Le soulagement lui écrasa la poitrine avec la douceur d’un coup franc. Il fut prompt à prendre une grande inspiration pour souffler l’air dans un soupir bruyant. Il n’y avait pourtant rien d’exceptionnel à ce que Jaime Brooke le rejoigne ici. C’était lui qui s'était laissé invité par la chaleur du foyer et des habitudes. L’apaisement du médecin ne fut que de courte durée, vite remplacée par une colère croissante. Le brasier était alimenté par les souffles fatigués et les maigres paroles ingrates de son ami.

« J’ai constaté, oui. » En réponse à la voix lourde et pâteuse de Jaime, celle d’Arthur est cinglante et sèche. Il referma enfin son livre qu’il n’avait pas réussi à avancer de plus d’un chapitre en quelques heures. « Et … ? » Le médecin se leva, repoussant la chaise qui crissa sur le plancher branlant. « C’est tout ce que tu trouves à dire ? » Arthur avait l’habitude de pouvoir toiser quiconque de toute sa hauteur, Jaime était l’un des rares qui ne l’obligeait pas à baisser les yeux. Il ne s’en démonta pas pour tant. « Je t’attends comme un imbécile, pendant que tu vas jouer l’argent que tu n’as pas au poker avec les soûlards de la ville, et tu ne vas même pas présenter d’excuses ? » Les excuses de Jaime n’y changeraient rien, ce n’était pas les siennes dont il avait besoin. Mais Jaime avait le mérite de se trouver sous son nez et de lui permettre de s’agacer dans l’intimité de sa chambre de vieux garçon.

Arthur Maharaj
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Mar 22 Mar - 23:18




***

Une nouvelle rasade d'eau lui coule dans la gorge, et le long du menton aussi. Par réflexe, Jaime se penche en avant pour éviter de tremper ses vêtements, essuie d'un bref revers de paume les quelques gouttes dégoulinant encore. Et … ? Et quoi ? Les joues pleines, le regard incertain, le maître des lieux pose ses mirettes alcoolisées sur le visage assombri de son camarade de chambrée avant d'engloutir ce qui lui rinçait les molaires. C'est que le bougre s'est levé, à la hâte qui plus est - ou seraient-ce les esgourdes du vicaire qui persifflent encore, avec ce même crissement infernal, qui lui font croire à de l'agacement ? D'un coup, Jaime a un mouvement de recul, plus pour faire face au doc' qu'autre chose, le regard lourd pensant sur sa barbe rasée de près. C’est tout ce que tu trouves à dire ? Une profonde inspiration. Froide, qui passe entre ses naseaux humides de la neige dehors, et l'alcool, et l'eau qui s'échappe par il ne sait où chaque fois qu'il prend une gorgée. Comme un réflexe sale, le poing serre le verre, l'épaule s'enclenche à peine en avant. Répète ?, il a envie de murmurer sans la moindre sympathie. Ce n'est pas le moment de lui faire des reproches. Je t’attends comme un imbécile, pas son problème, pendant que tu vas jouer l’argent que tu n’as pas au poker avec les soûlards de la ville, pas son problème, à lui, et tu ne vas même pas présenter d’excuses ? La tête du vicaire s'est arquée vers l'avant. Dans ses orbites creuses, les deux blocs de glace qui lui servent d'yeux vibrent d'une colère froide. La main qui tient encore le verre pointe un doigt souple dans la direction du docteur.

Qu'est-ce que t'en sais, uh ? " Malgré les signaux clairs, le corps reste d'un calme olympien. Chancelant, certes, mais langoureux dans ses gestes qui s'étirent lentement dans l'espace. Un calme avant la tempête. " Qu'est'ce tu peux bien savoir de… " Quelques doigts s'ouvrent sur le verre pour présenter d'un vague geste un concept intangible. Une inspiration, à nouveau, et lorsqu'il expire : " … Tout ça ? " De l'argent. De l'alcool. De ce qu'il fait de son temps tout court, en fait. Merde. Son regard de givre balaye la chambre, et ce n'est que maintenant qu'il se rend compte à quel point la flammèche faiblarde des bougies le gêne : il n'y voit rien dans cette obscurité que la lourde silhouette de son ami vient appuyer. " J't'ai d'mandé ton avis, Arthur ? " Le ton est resté monocorde. Une voix lourde, encore glaireuse qu'il doit râcler pour ne pas s'étouffer avec, et qu'il écrase sur son camarade comme on garde la tête sous l'eau d'un type qu'on essaye de noyer. Elle presse, presse à ses épaules ; ses épaules de grande asperge.

C'est qu'il ploie pas, le connard, il reste droit, bien ancré avec son p'tit cerveau bien garni de génie, son p'tit cerveau de bourgeois qu'a bien eu d'la chance dans la vie. Jaime exècre profondément l'aplomb de ceux nés avec de l'argent. Ceux pour qui la vie est facile depuis le début. Des patients qui meurent ? Qu'est-ce que c'est, des patients qui meurent, à côté d'un massacre permanent injuste, encore et toujours plus débile à chaque putain de jour de ce putain d'Dieu fait. Son souffle s'est fait plus bœuf, tout à coup, comme la flaque d'alcool s'est embrasée au fond de ses pensées, il faut évacuer l'air vicié au risque d'étouffer : il a suffit d'une friction pour passer d'inhibition à combustion.

J'en ai riEN À FOUTRE ", le verre a volé dans la pièce, éclaté en millier de morceaux scintillants à la lumière des bougies, " d'ton putain d'avis ! " Là, il s'est approché. D'un coup, plus près. Si près qu'il sentirait presque la pointe de son nez frôler l'arrête du sien. Si près qu'il contaminerait d'un souffle les synapses clairs du médecin avec son haleine chargée de son poison ambré. Ses joues rougies se déforment en une grimace amère, comme sa mâchoire se serre, puis siffle entre les dents : " Garde ta morale à la con. "

Au juron, le plat de sa main pousse le docteur dans les pieds de sa chaise.


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Arthur Maharaj
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Ven 25 Mar - 18:45


All i got


Pour un homme si souvent confronté à la nature humaine, Arthur perdait tout son bon sens et sa perspicacité quand c’étaient les humeurs de ses proches qu’il devait décortiquer. Même quand elles étaient assez évidentes pour lui crever les yeux (tout du moins celui qui restait). Il avait très vite appris (bien avant d’obtenir son diplôme) qu’il était plus simple de prendre soin des inconnus sans attache plutôt que ces gens qu’on connaissait dans l’intimité que nouait les relations. Il restait insensible à la détresse de Jaime qui se traduisait par de l’irritation (de la rage) et qui a la place ne faisait qu’accroître la sienne. Chacun des tics nerveux de son ami étaient perçu comme une provocation. Arthur était trop enfoncé dans son propre malheur, perdu dans un ego trip, pour ne pas s’imaginer que le monde entier s’était ligué contre lui. Jaime aurait été un patient, sa colère lui serait passée par-dessus la tête. Mais c’était un ami, alors lui aussi voulait le provoquer. Il n’y avait pas de raison qu’il soit le seul à se sentir comme une merde.

Arthur se complaisait de son statut élitiste qui lui était acquit par une naissance fortunée, il se cachait derrière ses privilèges comme derrière un bouclier puisqu’il se savait incapable de riposter autrement. Devant son ami chancelant, il restait droit avec le port de tête qu’une impératrice aurait pu lui envier. Il était tellement concentré sur sa propre colère qu’il écoutait à peine ce que lui disait Jaime. Il l’entendait plus qu’il ne l’écoutait. Le sens des mots glissait avec indifférence sur son égo blessé. Arthur considérait son éloquence médiocre, il ne savait pas toucher avec les mots. À la place, il préférait se montrer odieux dans son attitude. Il ne cilla pas alors que Jaime s’agaçait, gardant un masque de sévérité accrochée au visage.

L’explosion du verre lui arracha malgré tout un sursaut (et un froncement de nez). Arthur se força à ne pas ployer sous les beuglements de l’autre, sous son souffle qui puait le mauvais alcool et la mauvaise soirée. Il n’eut toutefois pas la possibilité de lui ordonner d’arrêter que le médecin tombait en arrière avec un glapissement de surprise. Il crut pendant un bref (une demi seconde) instant que la chaise rattraperait sa chute et son amour-propre. Mais non. Du siège de la chaise (qu’il n’eut pas le loisir d’apprécier bien longtemps), il bascula sur le plancher. La chaise l’accompagna dans la fin de sa chute alors que ses échasses de jambes finissaient de se prendre dedans.

« Putain- » Bien plus de peur que de mal, son coccyx s’en remettrait avant sa dignité. Arthur eut tout de même du mal à se relever, contraint de se battre avec la chaise pour la dégager plus loin (la colère et la honte le rendait idiot). « Très bien, très bien. Désolé ! » Pour ponctuer sa phrase, il redressa brusquement la chaise, faisant claquer ses quatre pieds sur le plancher. Arthur bouillonnait à l’intérieur, de son propre ridicule, et en perdait plus ses mots que d’habitude. Il avait pris soin de mettre de la distance entre lui et Jaime. La proximité le mettait terriblement mal à l’aise en dehors du cadre d’une consultation. « C’est ce que tu veux entendre ? Je te présente mes plus plates excuses pour t’avoir attendu comme un crétin pendant que tu… » Il ouvrit un bras (celui qui ne tenait pas le dossier de la chaise) pour s’aider à trouver ses mots, s’ouvrant à la pièce sans que cela n’ait le moindre intérêt dans sa tirade. « ...Tu t’amusais avec tes amis ? » Le ton ne l’était pas, mais la question se voulait narquoise. « Enfin, comme tu l'as si bien dit, je n’en sais rien ! » Le médecin dégagea son visage de quelques mèches de cheveux qui n’avaient pas été épargnés par la chute. Il réalisait doucement qu’il ressassait comme un idiot. « Et tu n’en as pas grand-chose à faire, c’est vrai. Encore désolé. » Il souffla du nez et se redressa. Arthur lâcha enfin son bouclier de chaise. Il était ridicule. La réalité de la situation commençait à devenir plus palpable. Ses épaules s’affaissèrent. « Ce n’est pas grave, va te coucher. Tu as l'air épuisé. » D’un geste de la main, il balaya la suite.

Arthur Maharaj
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Dim 27 Mar - 20:19




***

Arthur tombe.
Aussi simple est la constatation, la réalisation toute autant évidente ne tarde pas à suivre : Jaime l'a poussé. Le dossier de la chaise a cogné le sol dans un bruit sourd, en même temps que le médecin a juré. Debout, aux premières loges de la scène, le vicaire se tient à peu près droit, regard de molosse en biais, air renfrogné et prêt à en découdre si la tension vient à monter d'un nouveau cran. Mais au moment où le doc' se relève, titubant, ses propres sourcils se froncent dans l'autre sens. Il se croit suffisamment sobre pour connaître le poids de ses actions, et par là, la légitimité qu'a la culpabilité à l'envahir. Elle le rongera sûrement plus fort plus tard ; pour l'heure, ce n'est qu'un picotement désagréable au fond de la poitrine et entre les deux yeux ( ou serait-ce l'alcool qui lui tambourine le crâne ? ). Très bien, très bien. Désolé ! Les mouvements du médecin sont contrariés, brusques, les claquements des pieds de chaise vrillent les tympans, et la mémoire infusée de liqueur peine à se rappeler si oui ou non le vicaire a déjà vu son ami dans cet état. Peu importe d'un autre côté, puisque qu'à l'instant l'attitude lui est hostile et brasse en lui sa propre colère. Deux moulins à eau qu'un même courant alimente.

Je te présente mes plus plates excuses pour t’avoir attendu comme un crétin pendant que tu… Il plisse les yeux, Jaime, attendant la suite. Non-pas colérique cette fois-ci, mais comme s'il comprenait que son camarade cherche ses mots. …Tu t’amusais avec tes amis ? À ça il ouvre la gueule, le molosse, un doigt levé qui jamais ne montera plus haut que la hanche. Plus aucun son ne sort. Allait-il vraiment contredire Arthur sur ses fréquentations ( en réalité inexistantes ) par principe ? C'est qu'il ne pense plus clairement sous le joug de la culpabilité - lui aussi tente bêtement de sauver sa propre fierté, en vain. La colère a, quant à elle, cessé de bouillonner. Tout comme le verre a éclaté, elle n'a été explosive qu'un temps, suffisamment pour aller trop loin selon les critères habituels du vicaire et faire sortir de ses gonds un Arthur fatigué, humilié. Marionnettiste dissimulé au dessus de la scène, elle fait pourtant toujours de Jaime son pantin. Encore désolé.

Et si le médecin tente, avec amertume, d'apaiser la situation ( le vicaire s'attendrait presque à le voir lui tourner le dos, bras croisés ), ses excuses contrariées sonnent comme les accusations d'un procès qu'on assumerait pas entièrement. Les pensées noyées du vicaire sont formelles : on essaye de lui faire passer un message, hm. Lequel ? Impossible de mettre le doigt dessus. On ne peut pas se fâcher pour si peu ( dit-il… ). Main sur la hanche et l'autre dans la nuque, c'est lui qui fait volte-face le premier, puis quelques pas dans le peu d'espace où circuler dans cette chambre étriquée. La colère fait encore trembler ses poings, l'alcool tourner sa tête, et il est sûr, les yeux rivés sur le plancher, que marcher lui fera du bien. Le soupir du médecin attire vaguement son attention, suffisamment pour le repêcher avant qu'il n'aille boire la tasse dans ses réflexions. Ce n’est pas grave, va te coucher. " Bah voyons. " Tu as l'air épuisé. Cette fois-ci, ses mains claquent contre ses hanches ; Cooper en sursaute, lui qui observait la scène tête relevée. Dans un grondement souffreteux, l'animal se lève et s'ébroue, espérant apaiser la situation - sûrement sent-il la colère de son maître revenir au galop. Ironiquement, celui-ci est plus tranquille lorsqu'on lui gueule dessus.

Si t'as des trucs à dire princesse, dis-les ! " Lâche-t-il finalement dans un demi-tour branlant, inconscient d'à quel point la situation frise le ridicule. " Au lieu d'faire ta bonne femme… " Ainsi, il le réalise lui-même : la scène lui rappelle ses propres querelles avec la garce qui partageait quotidien et mauvais caractère il y a quelques années. Un dialogue de sourd, sans aucun fichtre sens. " Tu dis qu'ch'uis un ivrogne, c'est ça ? " Comme s'il comprenait à retardement le monologue que vient de lui sortir son camarade, il comprend surtout ce qui l'arrange. Ou pas, en l'occurrence ; quand il entend ivrogne, il devine père. Cette fois sa dextre dépasse sa hanche, et il pointe un doigt accusateur dans la direction du doc'. " Eh. Ch'uis pas un ivrogne Arthur ! " Sa voix tonne, rauque et pâteuse, mais ce n'est pas après ce dernier qu'il en a. Loin de là. La colère qui gronde comme un estomac creux est dans sa caboche, et lui est directement adressée. La culpabilité s'est bien assise sur ses épaules, et pèse désormais de plus en plus lourd, poussant Jaime dans ses propres retranchements. " Ch'uis pas comme ça d'habitude ! " Son pied envoie valdinguer un outil qui traînait par terre, et il manque de tomber dans la manœuvre, se rattrape seulement parce que l'alcool donne à son corps flasque une souplesse inavouée. " Hein que ch'uis pas comme ça ?! " Son regard n'a rien d'agressif. À vrai dire, les sourcils arqués sont restés en place depuis qu'Arthur a côtoyé le parquet. Vraisemblablement inquiet, comme qui dirait paniqué à l'idée qu'on l'associe aux soulards du coin dont le pater a autrefois fait partie. Dans sa question se dissimule le besoin de savoir : hein que ch'uis pas comme lui ?


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Arthur Maharaj
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Dim 22 Mai - 21:15


All i got


Quand Jaime lui présenta son dos, Arthur crut la conversation terminée (s’il était possible d’appeler ainsi les baragouinages sourds qu’ils s’échangeaient). Après tout, ils n’avaient plus grand-chose d’autres à se dire. Si c’étaient pour s’échanger des insultes et s’étaler leur mauvaise foi réciproque dans la face, il était très certainement plus raisonnable de le faire à des horaires plus respectables. Le médecin n’osa néanmoins pas aller récupérer sa veste et sa valise de suite. Cela lui aurait demandé de se rapprocher de Jaime. Il ne souhaitait pas se présenter à ses patients le lendemain avec un œil au beurre noir ou passer le reste de la soirée (déjà très entamée) à chercher à tâtons sa prothèse qui aurait pu rouler sur le plancher. À la place, Arthur eut un bref mouvement de balancier, d’avant en arrière, pour marquer son hésitation. Enfin, lorsqu’il se décida à y aller, un bruit sourd le coupa dans son élan. Le petit médecin anglais sursauta en même temps que Cooper.

Arthur se redressa vivement, presque honteux de sa piètre tentative de fuite, comme un enfant prit la main dans le sac de bonbons. « Ah… » Son gargouillement se retrouva perdu dans le fond de sa gorge et largement recouvert par les grognements de Jaime. Le surnom qu’il tolérait habituellement parce qu’il servait toujours pour des railleries affectueuses lui arracha un froncement de nez cette fois-ci. Pour s’occuper les mains, mal à l’aise à rester immobile comme un porte-manteau, Arthur épousseta distraitement ses cuisses. Il laissa son regard couler vers son manteau qui patientait, réchauffé par les fesses d’un Cooper qui l’avait trouvé confortable. Ce n’était pas faute d’avoir interdit à l’animal de l’utiliser comme nid.

Si Arthur avait eut à l’esprit une nouvelle tentative vers son bien, il n’y pensa plus face au doigt que Jaime lui présentait. Le médecin n’avait jamais eu cette force de caractère qu’il avait longtemps envié à ses camarades d’études. Il ne s’était jamais montré imposant dans ses convictions et ses idées. Il aimait donner raison à qui voulait tant que cela ramenait le calme et lui évitait de devoir se bagarrer avec autrui. Autant dans la verve que dans les poings. Les reproches de Jaime glissaient à présent sur lui, lui tirant plus de la pitié que de l’exaspération ou de la fureur. Arthur avait déjà capitulé, préférant mettre fin aux hostilités le plus rapidement possible. La fatigue le rendait las et l’agitation de Jaime l’inquiétait pour sa propre sécurité. C’était un outil (ou de la vaisselle) sur lequel son ami se déchainait maintenant parce qu’il lui restait encore un peu de retenue. Nul doute que donner un coup de pied dans quelqu’un était plus efficace pour se détendre et décharger les frustrations de la journée (il paraissait). Arthur n’avait aucun doute sur le fait que Jaime n’hésiterait pas une seule seconde à le frapper malgré cette fameuse grande amitié qui les liait, comme il aimait si bien se le dire. Arthur n’avait jamais été très doué à choisir ses petits camarades.

« Je n’ai jamais rien déclaré de la sorte, Jaime. C’est toi qui le dis. » Le médecin réalisa l’imbécilité de cette dernière réflexion au même instant qu’elle franchit ses lèvres. Il enchaîna, comme si cela pouvait permettre à Jaime d’oublier ce qu’il venait de dire. « Je ne pense pas que tu sois un ivrogne. Je sais bien que tu n’es pas comme ça d’habitude. » Singer les répliques de Jaime l’aidait à reposer la situation, à gratter quelques maigres secondes de répit. À lui donner un peu de temps pour trouver les mots pour apaiser son ami, espérait-il. « Je te présente mes excuses, je suis désolé. » Son regard ne resta pas posé sur Jaime et l’embarras lui chauffa les joues. Arthur n’avait pas le pardon facile quand il s’agissait de l’exprimer à haute voix et avec sincérité, quand il était important. Il parlait moins fort, sa voix était moins posée que les bonnes manières lui avaient apprises. « Je suis désolé si je t’ai donné l’impression de- de t’insulter. Si je t’ai insulté. » Il souffla et se retint de gesticuler sur ses grandes jambes. «  C’est parfaitement inapproprié de ma part- après tout… après tout je suis chez toi. Tu mérites de la tranquillité- d’être tranquille. » Maintenant son malaise le poussait à soliloquer. « Inapproprié, oui. Voilà. C’était idiot de ma part. » Il était plus simple de s’autoflageller. Arthur se détestait pour la facilité avec laquelle il perdait pied. Il aimait mieux son aplomb et son dédain qui le rendait intouchable et moins imbécile, lui semblait-il. Il se pinça l’arête du nez comme pour s’aider à se concentrer. D’une grande inspiration, le médecin retrouva un peu de sa stature.

« Il ne faut jamais se coucher contrarié sous peine de se lever de mauvaise humeur. » Une jolie phrase que sa mère (à moins que ça ne soit sa grand-mère… peut-être les deux) n’avait jamais manqué de lui répéter. Arthur la laissa tomber comme une sentence fluette, sans développer plus. Un dernier acte de paix limpide dans son esprit qui sonnait stupide à voix haute. Il était trop épuisé pour s’en inquiéter. « Alors je vais dormir à l’auberge. Tu mérites bien un peu de tranquillité. » L'angoisses le poussait à se répéter comme un vieux disque abimé. Son ton se voulait léger pour montrer qu’il n’avait pas gardé de rancœur, mais il était certainement teinté d’amertume.  Pourtant, le Snip Saloon lui garantissait le calme gratuitement et un service au standing auxquels peu pouvaient prétendre dans un trou perdu. Les médecins étaient choyés quand ils étaient rares. Surtout ceux qui revenaient des limbes. « Et si tu le souhaites, nous pourrons nous voir demain. Je vais très certainement rester encore un jour ou deux en ville. » Un bien grand mot pour qualifier Imogen. Arthur alla enfin déloger Cooper de son manteau. Il avait la démarche moins assurée que son timbre.

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Mar 28 Juin - 16:14




***

C’est toi qui le dis.
Le regard mute, soudain, et si flottait dans ses prunelles l'ambre du whiskey, c'est le sang qui d'un coup s'y met à bouillir. Le réconfort piètrement recherché dans les paroles de son ami ne vient jamais, et on dirait qu'Arthur lui lance plutôt un seau de neige sur le haut du crâne. Il n'en faudrait pas moins, à vrai dire, pour ramener le vicaire et sa taille aussi grande et ridicule que sa colère à la raison. Si la hargne est remontée d'un cran, les épaules s'affaissent pourtant et dévoilent à nouveau les pages du livre ouvert qu'il est une fois que l'alcool a fait son œuvre : vexé, oui, mais plus encore. Blessé, et coupable. Je te présente mes excuses, je suis désolé. C'est un souffle bœuf qui s'échappe des narines dilatées. Arthur ment, seulement pour s'échapper ― c'est tout ce que vois Jaime, à l'instant. Bien sûr qu'il pense de lui qu'il est un ivrogne. Un ivrogne, un violent, un âne colérique ; tant d'appellations qui collent à la peau comme la poussière encrasse le dessous des ongles et les callosités des mains. Ça part jamais. Et toute la bonne volonté d'Arthur ne pourra rien y changer : il sait, Jaime, et le voit dans son regard apeuré. Les billes noires brillent toujours plus à la lumière des bougies.

Et plus le basané parle, plus les inquiétudes s'ancrent dans la caboche ivre du vicaire. C’est parfaitement inapproprié de ma part-, c'est à lui maintenant de vouloir s'enfuir. En d'autres circonstances, il aurait déjà claqué la porte, abandonnant la conversation ici pour ne pas faire ou dire ce qu'il regretterait. Mais là, il se tient encore raide, mustang agressif grattant le sol du pied, comme un avertissement pour une sentence qui ne viendra jamais. S'il avait pu se faire plus large, plus imposant, il l'aurait sûrement fait ; mais Arthur, en face, lui paraît s'affaisser. Sa grande taille, presque équivalente à la sienne, se réduit lorsque ses prunelles sombres cherchent le sol. Le médecin se tasse, craintif sans doute, et c'est ce qui achève de faire tourner la tête au vicaire ( qui, jusque là, jouait au chien de chasse avec son visage ). Inapproprié, oui. Voilà. C’était idiot de ma part. C'est qu'il fulmine encore, pour autant. L'apaisement n'est que de surface, l'esprit surchauffe encore, siffle comme une théière dans un feu de cheminée - en témoignent les muscles de la mâchoire qui roulent encore au bord de celle-ci.

Il ne faut jamais se coucher contrarié sous peine de se lever de mauvaise humeur.
Fous-toi d'ma gueule… " Marmonne-t-il finalement, pour toute réponse à la tirade. C'est qu'il a l'impression qu'Arthur veut l'embobiner ( dans cet état, le monde est un ennemi ) pour s'enfuir. L'air est chargé de peur, tant et si bien que Cooper fait des allées et venues entre le médecin et sa veste, cherchant à apaiser l'ensemble. Si la silhouette solide du blond se fait toujours menaçante, les yeux suivent pourtant à peine celle plus fluette qui s'en va récupérer sa veste. Alors je vais dormir à l’auberge. Voilà qu'il fuit pour de bon, jugeant sûrement le compagnon trop dangereux à l'heure actuelle. Qui pourrait lui donner tort. Tu mérites bien un peu de tranquillité.
Du reste, il n'entend rien. Rien d'autre que ce bourdonnement alcoolique lui aussi, les vibrations d'un chemin de fer au loin. Il croit comprendre, vaguement, que son ami ne lui en veut pas ; et tout ce qu'il retient, c'est que son ami le craint. Encore, et toujours. La porte n'est peut-être pas encore fermée que le pied cogne dans une chaise, l'envoie se fracasser contre le mur. Seul son perçant le voile des acouphènes.

***


Le soleil décline déjà sur les montages à l'ouest. C'est une douche d'or qui inonde les arbres et sentiers bordant Imogen ; les toits colorés, mal assortis, se drapent tous d'un sépia photogénique. Les teints paraissent plus rayonnants, même celui livide, malade et blanc, du vicaire dissimulé sous son couvre-chef. Bien enfoncé sur le haut de sa tête, celui-là. Les travaux et messes du jour l'ont tenu bien occupé, suffisamment pour ne pas ruminer au-delà du nécessaire la scène d'hier soir. Pour autant, est restée dans un coin de son crâne ( à côté du pivert qui lui tabasse le front de l'intérieur ) la tâche la plus ardue de la journée : dégoter le médecin fuyard de la veille. C'est qu'il déteste devoir se confronter à son propre pathétique, Jaime, mais s'il est déserteur, il n'est pas du genre à esquiver les problèmes non plus. À croire, à vrai dire, qu'il est plutôt du genre à s'y jeter la tête la première.
À l'auberge, on lui indique vaguement les informations essentielles. Si le vicaire a une réputation très relative dans le coin, on sait la confiance que lui attribue le médecin, rare gage que le jeune homme n'est pas totalement à jeter ; aussi, Maharaj est rentré. On lui a attribué une chambre cette nuit et, paraît-il, il s'affaire au petit bureau depuis le milieu d'après-midi. Étonnant, d'ailleurs, qu'il soit arrivé si tard, on a pas l'habitude de le voir par ici ; soit, soit.

Devant son nez, la porte est close. Le vicaire n'a pas ôté son chapeau avant d'avoir toqué, dans un mouvement brusque et précipité. De même, il chasse la neige de ses épaules, comme pour se rendre à peine plus présentable. Il doit se tenir un peu éloigné, sans quoi il ne verrait que le cadre de la porte ; quand cette dernière s'ouvre, son couvre-chef cache son cœur, et il a la tête basse ( et le regard haut ). La salutation à son ami est muette, un simple hochement de tête ; puis il regarde à gauche, à droite, l'air patibulaire. Aucunement l'envie d'être pris pour animal de foire dans cette scène loin d'être à son avantage. C'est qu'au-delà de la mauvaise haleine et de la gueule de bois, la culpabilité pèse encore un poids que l'alcool ne saurait soulager. Chapeau contre torse, comme pour l'aider à supporter cette sensation fantôme, Jaime finit par articuler mollement le plus bas et ridicule des :
… J'peux entrer ? "


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Arthur Maharaj
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Mar 28 Juin - 22:40


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La journée avait été éprouvante. Elle s’était écoulée à un rythme soutenu, trop soutenu pour Arthur qui manquait cruellement de sommeil. La fatigue n’était plus la même qu’avant et il y répondait autrement. Plus difficilement. Son séjour étiré dans la Pinède avait bouleversé les habitudes. Plus rien ne fonctionnait comme avant, et faire semblant n'arrangeait rien. Les insomnies non plus n’étaient plus les mêmes. Au moins le lit du saloon n’était pas trop inconfortable et le déjeuner était chaud. Arthur était parti au petit matin rejoindre une bergerie éloignée de la ville, un peu plus haut dans la montagne. À présent qu’il craignait de voyager seul, il avait partagé le chemin avec quelques femmes (la mère et ses deux filles qui seraient bientôt mariées) venues en ville faire du troc et sauver leurs âmes par la même occasion. L’hiver était particulièrement rude cette année, donc il fallait prier plus fort pour être certain d'être entendu. Les gros nuages de neige devaient filtrer les appels au Très-Saint. Arthur ne priait plus depuis quelques années maintenant. Il promit néanmoins de déposer un cierge au temple d’ici son départ jusqu'à la grande ville. Pour la bergerie et puis pour les autres ouailles aussi. Pour le petit dernier de la lavandière qui était mort-né. Arthur avait appris à prier comme on apprend à compter. Avec rigueur et concentration, jusqu’à ce que cela devienne un automatisme. Par cœur. Il ne savait pas faire autrement et ne s’en inquiétait pas.

Les trajets l’épuisaient. Les longues promenades de minuit ou les déambulations dans les rues de Silverstone étaient loin. Arthur avait délaissé ses vieilles habitudes comme on oublie un jouet qu’on a adoré une fois qu’il a été rangé au grenier. Il se fatiguait vite et quand ses jambes le portaient encore, c'était son esprit qui était réfractaire à toute réflexion trop prenante. Aujourd'hui Arthur s'était gardé occupé. En quittant Imogen il avait échangé avec la mère et ses filles tout au long du trajet. Arthur ne se révélait pas bien doué pour faire remonter les prières au Tout-Puissant, mais il pouvait être une oreille attentive pour écouter les confessions de ses patients. Le médecin avait mis un point d'honneur à repousser la réflexion sur son altercation avec le vicaire, la nuit dernière. Avec une pointe d'amertume, il préférait la repousser de côté, puisque c'était pour le mieux. Il préférait se laisser bouffer sans le réaliser plutôt que de blesser davantage son égo en se voyant y accorder trop de crédit. Il n'en voulait pas à Jaime, à lui-même non plus. Le pauvre garçon n'y était pour rien de toute cette frustration accumulée et mal gérée. Arthur n'y avait pas pensé. À la place, ç'avait mijoté en arrière-plan dans sa caboche alors qu'il soignait les doigts écrasés et les poumons encrassés par le froid et les maux de l'hiver.

Arthur avait offert au Snip Saloon le lapin et la poule qu'on lui avait gracieusement laissé en paiement contre ses soins. Il n'allait pas trimballer la viande jusqu'à Silverstone et cela lui assurait d'être toujours aussi bien accueillit si cela s'avérait nécessaire. Le patron lui avait en effet promis qu'il n'aurait pas un centime à débourser. Promesse qu'il répéta moins d'une heure plus tard après qu'Arthur ait examiné ses pieds rongés par les plaies.

Malgré les bonnes résolutions d'Arthur à s'occuper de la paperasse administrative cet après-midi-là, sa chambre s'était improvisé en cabinet de consultations. Passer du statut de mort à celui de vivant réclamait quelques rectifications dans les registres et beaucoup de courrier à faire transférer. Malheureusement le saloon d'Imogen était ce qui s'approchait le plus à une cour des miracles et un médecin était ce qui s'approchait le plus d'un faiseur de miracles. Arthur était bien incapable de rabrouer de pauvres hommes nécessiteux de quelques soins et de bons conseils.

Aussi, quand on frappa à sa porte, Ronald était en train de se refroquer. Ronald était un très récent chasseur de prime qui, appâté par les promesses de richesses qu'offrait la région pour la capture des truands qui s'attaquaient aux malheureux propriétaires et itinérants, venait ratisser le coin sur son cheval à longueur de journée. Ils étaient nombreux et Arthur n'avait jamais autant examiné de fesses dans un lit d'auberge en si peu de temps. Peut-être que certains se préoccupaient soudainement tant de la santé de leur séant parce qu'ils savaient que le docteur n'était pas parti en camps de vacances après l'attaque du train. Le médecin prit conscience de l'étrangeté de ce drôle de ballet de postérieurs en ouvrant la porte de sa chambre et en découvrant la grande silhouette de son ami, que tous les malheurs du monde semblaient écraser, dans ce cadre trop petit pour lui. Il semblait qu'il peinait à entrer dans le cadre, l'un comme l'autre somme toute. Arthur resta muet d'étonnement, laissant à Jaime l'occasion de parler le premier.

« Ah ! » Semblant réaliser subitement qu'il était, lui aussi, bien trop imposant dans cet espace minuscule, Arthur ne paraissait plus savoir que faire de ses grands bras. « Bien sûr ! J'allais justement - » Il invita Jaime à entrer avant de se reprendre en croisant le regard de Ronald -regard où il ne se passait pas grand-chose. « Oh... Excusez-moi - Comme je vous disais, monsieur Wilson, passez à mon cabinet en ville la prochaine fois que vous vous trouverez près de Silverstone. Ici, je ne peux malheureusement rien faire de plus pour vous aider. » La pommade et les pansements qu'il lui avait collés sur les cuisses ne tiendraient pas longtemps.

Ronald Wilson quitta la pièce non sans un salut au doc' et à son client suivant. Il avait l'assurance et l'aplomb qui incombe aux esprits les plus simples. L'homme mâchonnait ce qui devait être une cigarette et Arthur se demanda où il avait bien pu la récupérer alors que le chasseur de prime s'en allait de sa démarche claudicante de cow-boy.

« Toutes mes excuses ! Entre, installe-toi. » Arthur appuya l'invitation en ouvrant un bras pour lui présenter son humble demeure. Il avait retrouvé son sourire épuisé. « Je ne m'attendais pas à te voir ici, désolé. Pose ton manteau. » Le médecin resta debout, faisant mine de s'occuper à débarrasser son bureau des papiers qui y trainaient encore. Le bout de ses doigts tremblait sous la fatigue qui lui était tombée dessus comme la misère sur le monde en même temps que Jaime était entré. Sa petite session de rangement ne l'aidait toutefois pas à mettre plus d'ordre dans son esprit. « Est-ce que… Tu veux quelque chose à boire ? Il fait froid, tu dois être frigorifié. » Il était aussi important d'occuper le volume sonore. « À moins que tu aies déjà bu quelque chose, bien entendu. Dans ce cas-là, peut-être que tu as faim ? Assieds-toi, ne reste pas debout. »

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Mer 29 Juin - 11:56




***

En chiens de faïence, les deux asperges se dévisagent comme on fixe sur la poussière virevoltante au soleil après une mauvaise nuit. Ils se partagent cet espace qui n'en a plus, et si Jaime en avait eu la place, sûrement qu'il échangerait son poids d'un pied à l'autre. Au lieu de ça, statue de sel, figé sur les yeux noirs de son ami, il constate la même fatigue qui le hante lui-même ( oh, Jaime, si tu savais ). Les cernes contre la peau basanée lui rappellent ce masque creusé et désespéré que portait son ami, quelques mois plus tôt. Les événements se succèdent, se bousculent, tant et si bien que le vicaire peine à se souvenir parfois qu'Arthur aussi revient d'entre les morts. Et derrière sa grande silhouette maigrelette s'affaire la boucle de ceinture d'un cavalier crasseux ; en d'autres circonstances, Jaime se serait détourné et aurait quitté les lieux, refusant d'admettre ce qu'il a vu, mais aussitôt se heurte à son crâne lourd d'ivresse et de fatigue la réalisation qu'Arthur est, bien effectivement, médecin.  

Toutes mes excuses ! Entre, installe-toi.
Il avait déjà mis un pied dans l'embrasure de la porte lorsque le cavalier couvert de sa grosse veste quitte les lieux dans une salutation polie mais muette - rendue par le vicaire qui, comme à son habitude, se contente de hocher la tête. Je ne m'attendais pas à te voir ici, désolé. Les glaciers se posent à nouveau sur le visage épuisé du médecin ; il a, très visiblement, eu une rude journée lui aussi. Pose ton manteau. Mais trop occupé à détailler les lieux sans mot dire, planté au milieu de la pièce tandis que son homologue s'affaire à l'ordonner, Jaime s'heurte encore à une nouvelle réalisation : qu'est-ce qu'il fout là. Qu'est-ce qu'il fout à l'auberge, qu'est-ce qu'il fout dans la piaule d'Arthur alors qu'ils sont vraisemblablement très occupés et qu'on va l'attendre pour souper. Qu'est-ce qu'il espérait dire, faire, réparer, ou alors détruire un peu plus : est-ce pour lui-même qu'il se tient figé ici ? Est-ce pour se convaincre lui-même qu'il n'est pas ce qu'il a été, comme il l'a si bien prétendu hier soir ? Craint-il suffisamment pour sa réputation au point de venir foutre un coup de pression à son ami pour qu'il ne parle pas ? Ce dernier n'a même pas l'air rancunier ( en toute honnêteté, Jaime se méfie des anglais éduqués ), et le poids sur les épaules et le cœur, toujours caché par son couvre-chef, hurle à la raison que ce n'est pas l'agression qu'il est venu chercher. Est-ce que… Tu veux quelque chose à boire ? Il fait froid, tu dois être frigorifié. C'est là qu'il devrait dire, non, désolé, je passais juste voir comment t'allais, bonne soirée, et tourner les talons dans une salutations amicales. Leurs échanges ne sont jamais aussi cordiaux, les mots prennent une teinte plus glacée que l'hiver dehors ( celui-là même siffle derrière la fenêtre ). Les tremblements n'échappent pas au regard, subitement inquiet, du vicaire, qui n'a de cesse d'observer silencieusement chaque recoin de l'endroit ― et, de fait, de son ami. Ami qui s'active, s'affaire, sans arrêter de parler, larguer des mondanités plus absurdes les unes que les autres. Il meuble le silence. À moins que tu aies déjà bu quelque chose, bien entendu. Le silence, Jaime y est très familier. Si les palabres débitent lorsque l'alcool parle pour lui, on le connaît mutin, du genre à communiquer en grognements. Ce silence, il doit être respecté, salué comme s'il était divin ; le flot de paroles du médecin en sont un blasphème. Dans ce cas-là, peut-être que tu as faim ? Et la tension contamine les nerfs à fleur de peau de l'homme d'église.

Arthur. " L'appel, une première fois, ne semble pas résonner dans le crâne du médecin. Assieds-toi, ne reste pas debout. " Arthur. " Une main dépose le fedora bas de gamme sur un coin de bureau dégagé, l'autre saisit sans précipitation le poignet du médecin. Il est surpris, d'abord, par son épaisseur, et ensuite par sa propre poigne, naturellement ferme. Pour autant, les billes givrées ne s'en incommodent pas, attrapent avant tout les orbes noires du docteur. Il tremble sous ses doigts, et si ça n'avait pas été pour la fatigue visible chez lui, Jaime s'en serait probablement voulu à nouveau ( n'est-ce pas déjà le cas, pourtant ? ). Un instant, il force à la fois calme et silence. La tempête fait suffisamment rage dehors pour la laisser s'installer en dedans ; après de longues secondes, les doigts libèrent leur prise, et Jaime recule d'un pas, la veste déjà glissée sur les épaules. " Nadie prépare le souper ", raconte-t-il finalement, ramenant les mondanités irritantes sur le tapis. C'est la seule façon qu'il a trouvé d'enterrer le sujet une bonne fois pour toute. Finalement, le manteau s'échoue sur la chaise du bureau. Dépouillé de sa couverture, Jaime se sent étrangement nu dans sa chemise. Vulnérable, en quelque sorte. Même face à Arthur. Ce dernier est rarement une menace pour sa propre virilité, mais la culpabilité effrite sa contenance d'ordinaire modèle. Il n'est pas fier, le vicaire, oh non. À en juger par son regard fuyant, on pourrait presque le croire véritablement mal à l'aise. Et pas à cause d'Arthur.

Je v'nais voir comment t'allais ", articule-t-il enfin, une main dans la nuque. Malgré les deux invitations du docteur, il n'a pas envie de s'asseoir : il a besoin d'être debout, solide, fort et fiable, à l'instant. Mais si le corps parle à sa place, les mots ne parviennent que difficilement à trouver leur chemin à travers les pensées à la fois honnêtes et meurtries. " Si t'avais pu dormir… " Finalement fatigué de tourner autour du pot, une main passe dans la nuque et fait mine de l'étirer, tandis que le regard chasse ailleurs, cherche une raison valable pour se détourner. " Et euh- aussi, hm. M'excuser. " La sincérité lui écorche la gueule, mais "chasse le naturel, il revient au galop", son éternelle loyauté lui martèle de faire preuve de bon sens et de fiabilité auprès de son ami. Il l'a déjà suffisamment déçu comme ça. " Pour hier. " Comme si c'était nécessaire de le rappeler ; le faire ancre un peu plus la réalité.
Piteux, un peu pathétique aussi, Jaime se frotte l'arrière du crâne, finalement. Comme il a la place, cette fois-ci, le poids du corps passe d'une jambe à l'autre, jusqu'à ce qu'il se décide enfin à s'asseoir, tirant une chaise d'abord pour Arthur, ensuite pour lui-même. La solennité de l'instant lui hérisse le poil ; il en a bien assez par jour au Temple. " Ch'uis pas comme ça d'habitude ", les mots répétés de la veille ont un goût salement amer. " Pour de vrai, hein ", d'un enfant menteur, il a l'air. " C'était, euh. Exceptionnel ", ment-il, "pour de vrai", " Ça r'commencera pas. " Les mains se frottent l'une à l'autre, l'index venant gratter la corne à la base des doigts avec nervosité. Tête basse, Jaime a de nouveau la sensation d'être avec sa bonne femme. Sensation désagréable s'il en est, pour autant nécessaire : il est en repenti. Depuis qu'il a foutu les pieds à Imogen, il s'est juré à lui-même et au Tout Puissant droiture et fiabilité. À quoi bon s'il ne peut pas l'air auprès d'un ami ? Arthur ne mérite pas la scène d'hier. Pas avec tout ce qu'il fait pour le vicaire, en règle générale. Et comme pour prouver sa bonne foi, basée sur sa propre culpabilité qu'il passe son temps à nourrir, Jaime répète une dernière fois :

Ça r'commencera pas…


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Arthur Maharaj
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Mer 10 Aoû - 23:33
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Le silence était souvent l’arme de choix d’Arthur. Un bouclier plutôt qu’une arme en vérité, derrière lequel se protéger avant de riposter. Aussi le docteur n’appréciait pas vraiment de se retrouver face à un Jaime qui utilisait ses méthodes. Les flots de paroles déversés par Arthur ricochaient sur son ami sans lui tirer une réponse ou une réaction. L’inconfort du médecin ne faisait que croître alors il continuait à parler. Un cercle qui n’avait rien de spécialement vicieux ni de vertueux. Un cercle peu efficace et qui leur faisait perdre du temps à tous les deux. Arthur continuait de s’agiter et de babiller, remuant ce qu’il pouvait sur son bureau. Il déplaçait d’un endroit à l’autre son bazar constitué d’une pile de feuilles volantes et de petits carnets aux pages noircies de son écriture.

Finalement le cercle se retrouva brisé par la poigne du vicaire. Arthur se tût complètement, laissant en suspend une phrase qu’il ne terminerait jamais (mais au contenu si vide qu’il la ressortirait assurément un autre jour à une autre occasion). Son regard ne soutint pas celui de Jaime, à la place il coula vers la main de celui-ci. Le poignet d’Arthur serait retombé contre sa cuisse s’il n’avait pas été retenu, comme un poids mort, par son ami. « Ah. Et bien- » Son marmonnement étranglé -presque amusé- peinait à s’échapper de sa gorge. Un moment de flottement s’installa, tout ce que le médecin craignait. Maintenant son malaise était palpable et il se sentait coupable d’infliger ça au vicaire. Ou alors c’était pour son propre intérêt. L’inquiétude raclait au fond de son estomac. Le pauvre homme ne savait pas quoi faire sous peine de le faire mal.

Au moment où Arthur sentit que l’étreinte des doigts de Jaime sur sa peau se faisait plus légère, il tira son poignet vers lui, l’enveloppant dans sa propre main. L’embarras lui piquait le nez plus que les yeux et lui tordait l’estomac. Il ne faisait habituellement pas autant de minauderies devant ses patients les plus expansifs et donc tactiles, se contentant de prendre sur lui sans laisser trop transpirer le dérangement que cela lui suscitait. Puis c’était tout à fait différent dans le cadre d’une consultation. Arthur finit par masser son poignet d’un air absent, presque penaud d’être réprimandé de la sorte maintenant qu’il voyait au-delà du contact initié par Jaime.

Le médecin fit quand même attention à proposer un sourire, quoi qu’embarrassé, plutôt que de continuer à tirer la tronche par inattention parce qu’il se perdait dans le fin fond de pensées anxieuses alimentées par des angoisses infondées. Il poussa l’effort jusqu’à soutenir le regard de Jaime, qui éprouvait plus de difficulté face à ce défi-ci de son côté. Et il était compliqué de lui en tenir rigueur. Arthur se contenta donc d’arrêter de le scruter comme un Marshall à la recherche d’une confession muette, jugeant tout à fait inutile de le mettre plus mal à l’aise. Comme il ne pouvait plus faire semblant de s’occupé, il glissa d’abord ses mains dans les poches de son pantalon pour finalement croiser les bras presque immédiatement après. Enfin Arthur les croisa dans son dos puis fini par abandonner et les laisser balloter à ses côtés.

Peu d’émotions trahissaient ce que l’européen pensait alors que l’homme de foi lui présentait des excuses qui avaient sûrement été beaucoup trop réfléchies. Sans le remarquer, Arthur imitait Jaime alors que celui-ci se frottait la nuque. Son regard aussi était fuyant mais revenait de temps en temps croiser le vicaire en confession. Arthur proposa la moitié d’un sourire, qui se lisait mieux dans ses yeux, pour encourager son ami à aller au bout de sa plaidoirie. L’envie de le rassurer et de balayer les mauvais souvenirs d’un geste de la main était assurément tentant, mais cela aurait sûrement été interprété comme un manque de respect de la part de Jaime. Ce qui n’aurait pas été faux ; ce dernier venait s’ouvrir, il était normal d’écouter. L’exercice était trop difficile pour dénigrer les efforts déployés.

Encore une fois, Arthur recopiait les mimiques de Jaime. Celui-ci prit la peine de s’assoir seulement après que le vicaire se fut installé sur sa chaise. Ce n’était qu’un pur produit du hasard, quelque chose qui n’était pas réfléchis ni mis en scène. Inconsciemment Arthur cherchait à se mettre à l’aise et à rassurer aussi Jaime. Il opina du chef de temps en temps, rarement cependant, pour prouver qu’il écoutait.  

Légèrement penché en avant, un peu plus droit que le repenti écrasé par le poids de la culpabilité qui lui faisait face, Arthur avait malgré lui un sourire doux et timide dessiné sur le visage. L’agitation de Jaime le tracassait évidemment, mais il déployait des efforts considérables pour mettre ses propres soucis de côté.

Il fut tout de même pris au dépourvu en comprenant qu’il allait bien devoir répondre à Jaime. Et encore une fois, Arthur ne pouvait pas simplement proposer de passer l’éponge et de ne plus jamais mentionner cet incident.

« Je sais bien, Jaime. » Arthur se redressa enfin, pour ne plus paraître comme une ombre accablant Jaime de reproches. Il se laissa couler contre le dossier de son siège au confort précaire. « Ne te tracasse pas avec ça. Je sais bien que c’était exceptionnel. » Arthur marqua une pause, une réflexion le frappant apparemment bien vite. « Preuve en est que c’est bien la première fois que nous nous retrouvons dans cette situation ! Non ? » Il sourit, enjoué. « Es-tu sur que tu ne peux pas souper avec moi ? Que je te prouve qu’il n’y a aucun ressentiment ! » Arthur semblait tant emballé, l’idée devait lui paraître excellente. Il se calma cependant rapidement, retrouvant vite sa place au fond de son siège et un peu de tenue. « Le Père De la Fuente t’en tiendra-t-il vraiment rigueur ? » Avec tout le respect (qui était grand) que le médecin éprouvait pour Nadie, il se doutait bien que ce n’était pas elle qui avait le dernier mot dans cette histoire. « Je m’en vais très bientôt et nous avons été tellement occupé, chacun, que nous avons eu peu de temps à consacrer à l’un et à l’autre. Il pourrait comprendre, non ? » Il n’y avait pas de reproche, Arthur défendait simplement ses intérêts avec les arguments qu’il avait. « Je n’insisterais pas plus, évidement. Je ne veux pas te mettre dans l’embarras. Mais pour te prouver que je ne te tiens rigueur de rien, c’est important, non ? Il faut bien que je te remercie pour tes excuses ! Puis la femme de l’aubergiste prépare un ragout et il est excellent. »

Le médecin aurait pu continuer longtemps mais il s’obligea à se taire, ne souhaitant pas froisser Jaime dont la patience devait être mise à mal. Il était rare de voir Arthur badin et il s’en voulu de ne pas offrir un meilleur écho et miroir d’émotions à Jaime, quelque chose de plus raisonnable et attentionné. Il se pencha encore, apparemment ayant du mal à rester en place ce soir, pour effleurer le genou de son ami. « Merci. Pour-... Pour m'avoir présenté tes excuses. Merci, Jaime. » Se sentit-il obligé de préciser. Le médecin considérait ce geste comme un important signe de réconfort.


crédit - ghoest
Arthur Maharaj
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Ven 2 Sep - 18:53




***

Le sourire d'Arthur met presque aussitôt en déroute le vicaire lorsque ses prunelles se redressent sur l'expression sage et bienveillante de son ami. Pas une déroute comme celle à laquelle on pourrait s'attendre venant de lui : il a du charme, oui, mais bien plus que ça. Jaime loge ses iris dans les creux des lèvres comme un cerf fixe le brillant métallique dans un buisson. On dirait presque qu'il ne s'y attendait pas, ou pire, qu'il n'a pas l'habitude d'en voir, et curieux mais apeuré, il n'ose pas s'en approcher. Une curiosité sincère, un étonnement honnête, et une fois la surprise passée, quelque chose qui réchauffe le cœur comme un foyer de cheminée ( ou la brulure d'une balle tirée sans sommation ). Arthur lui sourit, et Jaime perdrait presque pied : il ne sait plus où se mettre sous un regard aussi doux. C'est que personne ne l'a habitué à quelconque compassion ou sagesse des émotions ( est-ce vraiment une histoire d'émotions, ou d'individu ? ) ; aussi, il se râcle la gorge dans son poing, sensiblement étouffé par la tendresse, pour prétendre regarder ailleurs, se cacher un peu. Le sourire tendu a beau être timide et simple, s'est déjà plus que ce à quoi il s'était attendu pour cette soirée. Je sais bien, Jaime. Voilà, le patibulaire relève enfin la tête. Je sais bien que c’était exceptionnel. Preuve en est que c’est bien la première fois que nous nous retrouvons dans cette situation ! Non ? S'il avait plissé les yeux, peu sûr des propos du médecin ( ladite situation étant un peu trop familière pour l'un d'eux ), le nouveau sourire lui en remet un coup, plus fort que précédemment. Il en balbutie un uhm et un euh qui restent en suspend, bien incapable de répondre à la mine enjouée de son ami. Merde, c'est pas si rare que ça, un sourire. Et pourtant, il n'en se représente aucun autre que celui en face. Es-tu sûr que tu ne peux pas souper avec moi ? La relance fait monter le propre coin de ses lèvres, mimique infime et peureuse sous l'ombre de ses fossettes. C'est par le souffle du nez que tout se passe : la patience d'Arthur obtient toujours Jaime à l'usure. Tout deux sont pliables comme de la paille. Et ça fait marrer à constater. Que je te prouve qu’il n’y a aucun ressentiment ! Et trop de joie tue la joie : voilà le vicaire sonné par ce trop-plein d'informations. Arthur recommence à déblatérer pour masquer sa gêne, après s'être muré dans un silence quasi-sacral pendant le repentir du vicaire. Ce dernier bat des paupières, bouche entrouverte, cherchant à nouveau ses mots pour répondre sans qu'aucun son ne sorte, cette fois. C'est surtout les manières d'Arthur qui le fascinent en l'instant, plus que le reste : le voilà de nouveau bien droit sur sa chaise pour s'excuser de s'être emballé. D'un regard en biais, Jaime traduit : son ami l'a déjà acheté, de toute évidence. Et si Arthur a l'air de le comprendre aussitôt, il semble préférer jouer sur une certaine taquinerie.

Le Père De la Fuente t’en tiendra-t-il vraiment rigueur ?  " J'imagine que non ", un marmonnement amusé pour toute réponse. La droiture du médecin, ainsi que sa bonne humeur, tranchent tant avec la posture avachie du vicaire et de ses grommellement que la scène seule étire la blague d'elle-même. Ils ne sont rien d'autres que deux mimes gigantesques, caricatures d'eux-mêmes, et le tableau qui s'est peint dans cette chambre d'auberge a tout d'une pantomime de bas étage ( à en juger par la décoration qui, parce que Jaime l'apprécie sincèrement, pourrait être qualifiée de médiocre ). Je n’insisterais pas plus, évidement. Mais bien sûr. Je ne veux pas te mettre dans l’embarras. " Non, non, t'inqu- " Mais pour te prouver que je ne te tiens rigueur de rien, c’est important, non ? " Bon sang, Arthur... " Râle faussement le vicaire, l'arrête pincée entre son index et son majeur. Il a glissé plus profondément dans sa chaise et a dissimulé ce sourire et cet air ému derrière sa main. Et comme si le médecin avait tout compris de sa gêne, il ajoute : Il faut bien que je te remercie pour tes excuses ! " Oh mon Dieu ! " C'est un rire franc, nerveux mais franc, qui passe les lèvres de l'homme de foi. Il s'est caché plus encore derrière un de ses bras croisés contre son estomac, et regrette presque d'avoir appris la politesse de retirer son chapeau très tôt. C'est que son arcade proéminente ne suffit pas à dissimuler les éclats de son regard. De toute évidence, il n'est pas à l'aise du tout dans cette situation : et aucun doute, il est sincèrement reconnaissant envers son ami d'être à ce point patient. Taquin, même, à en juger par cette lame de la plaisanterie qu'il s'amuse à remuer innocemment ( pense-t-il ). Puis la femme de l’aubergiste prépare un ragout et il est excellent. " Ah bah si l'ragout est excellent. "
Voilà qui change tout.

Il allait se détendre, mais le contact à sa jambe le fait sursauter discrètement ; ça a eu le mérite de chasser la main qui campait devant son visage. Merci. Pour-... Pour m'avoir présenté tes excuses. Merci, Jaime. " Hm. " D'un hochement de tête, Jaime acquiesce ce silencieux " pas d'problème " qu'il a du mal à articuler. Son regard rivé sur la main de son ami posée contre sa jambe, il la fixe un instant, perdu une fraction de seconde dans ses pensées. " J't'accompagne demain matin, s'tu veux. " Nouveau marmonnement, sans relever les yeux sur le médecin. " La messe, les bergers, l'hiver, tout ça, tu piges. " Leur fardeau à tous les deux. Finalement, joueur à sa façon, Jaime envoie une bourrade du pied dans le tibia d'Arthur. Rien de très méchant, rien d'assez fort pour le blesser, mais suffisamment brutal pour chasser la main à son genou ; non, mieux, lui rendre ce contact réconfortant comme il le peut. Voilà le langage qu'il sait parler.

Bon, il arrive ce ragout ou bien ? "


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