Quelle belle journée que celle-ci ! Un jour idéal pour voler ces pauvres bouseux d'Imogen. Luke n'est pas particulièrement mieux élevé qu'eux, il est même encore pire mais ça, comme pour à peu près tout, il l'ignore.
Il ne fait pas très beau, c'est même plutôt gris par ici. Au moins on le remarquera moins lorsqu'il prendra la fuite, si vraiment il devait se mettre à filer à toute vitesse. Mais à l'instant présent il est encore loin de se douter qu'il n'y parviendra pas... De temps en temps, une bonne leçon ne peut pas faire de mal.


Luke observe la boutique. Pour tout dire il n'avait pas forcément dans l'idée d'aller y voler avant cet instant. Mais voila, ce petit lance-pierre qu'il voit à l'intérieur lui fait de l'oeil. Il pourrait se le construire lui même mais il risquerait de ne pas viser très droit. Alors le petit chapardeur entre dans la boutique. Il salue à peine le vendeur et profite qu'il soit occupé avec un autre client pour faire le tour du magasin, faisant mine d'observer tout ça. Il se saisit alors de l'objet convoité et le glisse dans sa poche, sans doute un peu trop maladroitement. Sa main est couverte d'un tissu qui cache une petite blessure, ce qui entrave quelque peu ses mouvements. Et puis il n'est pas franchement dans son meilleur jour et... et il pourrait sans doute se trouver un tas d'autres excuses bidon pour justifier ce soudain manque de discrétion.
Il attrape alors deux trois bonbons puis se rend à la caisse. Il fait mine de chercher de l'argent dans ses poches mais n'en ressort qu'une petite bille. L'air déconfit, il se résigne à ne rien prendre finalement. Il n'en a pas les moyens.

C'est lorsqu'il se dirige vers la sortie, seul "client" dans la boutique, qu'il sent une grosse main se poser sur son épaule. Un frisson le parcourt. Gloups.... S'il se fait prendre il lui suffira de jouer son petit tour de chien battu, non ?....... Non ?!

Que serait une matinée de jeudi sans la visite du vieil Horace venu me raconter sa vie. Aujourd'hui, je tache de lui expliquer avec calme qu'une pelle sert à creuser et non  à assommer les rats dans sa cabane.
Mais il ne parvient à faire la relation entre les meurtres en série de rats et le nombre de pelles qu'il m’achète par mois.
Il arrive à m'arracher un sourire. Je dois avoir un fond sentimental. J'ai encore à travailler pour devenir un véritable commerçant...

Et puis mon sourire se crispe. Quelque chose attire mon regard dans ma vision périphérique.... Un enfant est entré. Il est seul. Ce qui est suspect. L'absence d'adulte indique trop souvent un vagabond...
Le gamin est visiblement isolé. Un gang bien rodé aurait formé un trio avec des parents factices.

Je n'écoute plus le radoteur.

Ferme la

Je crois qu'il n'a pas compris et laisse sa bouche édentée ouverte... Faudra que je lui propose un râtelier...

Le gamin a mis la main sur un lance-pierre. C'est le geste stupide et puérile d'un enfant... Je m'éloigne du comptoir et je mets la main sur l'épaule de l'enfant alors qu'il tente une sortie sournoise

Laisse moi deviner... Pas d'argent et tu t'es dit "je me sers"

Il lève vers moi des yeux de chiens battus. Je respecte davantage les chiens qui mordent...

Qu'est-ce que je vais faire de toi...?

Il y a bien le shérif. Mais il risquerait seulement d'apprendre au gamin à jouer au croquet...
Je souris en souvent à une plainte envoyé au marshall...
Plus je suis loin de ce type, mieux je me sens...

Tu sais ce qu'on fait des voleurs chez moi... on les pend... et tu viens juste d'avoir la bonne taille

Je ne cherche pas à faire peur. Je déteste les voleurs, surtout ceux qui se font prendre...

Mais tu as de la chance... je suis en phase de reconversion d’activités...

Mais hors de question qu'il s'en sorte avec une tape sur les mains... Je le traine vers Horace.

Garde le un instant. Imagine que c'est un rat...

J'attrape une ardoise sur la pile de fournitures pour école. Pas beaucoup d'espace... Je vais devoir être bref et précis. Et puis, j'ai un mauvais sourire tout en écrivant et puis je rends au débarras.
J'ai un panier d’œufs plus très frais.
Je tiens d'une main le gamin et de l'autre le panier. Je fixe le vieux.

Prends l'ardoise et une corde. Et suis moi!

Je traine l'enfant devant l'entrée. Je l'attache à un pilier en bois devant l'entrée. Je place le panier d’œufs à coté. J'installe le panneau autour du cou de l'enfant.

Tu vas te rendre compte de la bonté des gens...

J'ajuste avec soin l'ardoise.

NOURRISSEZ UN PAUVRE VOLEUR

Je m'éloigne un peu. C'est suffisant pour des gars s'attroupent pour lancer les œufs pourris sur l'enfant

A prendre les gens pour des cons, on fini par se faire prendre soi-même. Ca lui apprendra à sous estimer ces pécores d'Imogen !

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, et parce qu'il n'a plus trop intérêt à faire le malin devant un gabarit comme Andréas, il se retrouve attaché dehors, un panneau autour du cou. Il ne sait pas lire et n'a donc aucune foutu idée de ce qui est inscrit. Il préfère s'imaginer un truc dans le genre "Ce gamin est accusé d'être beaucoup trop beau. Jaloux, défoulez-vous." C'est bien pour ça qu'il n'y a que des gens moches qui viennent lui jeter les oeufs pourris au visage. Il sait que c'est faux, le commerçant ne lui aurait pas placardé un mot comme ça, même si on sait tous que ce qui est noté est vrai. Non non, Andréas doit lui aussi être un peu jaloux de la jeunesse et la belle chevelure de Luke mais il ne se l'avouera sans doute jamais, préférant affublé Luke d'un tout autre texte pour inviter les gens à le ridiculiser. Mais... mais ce n'était qu'un simple lance-pierre, pas de quoi en faire tout un foin !

Luke doit fermer les yeux de temps en temps pour éviter de se prendre un oeuf doit dans l'oeil. Il sent le liquide pourri lui dégouliner dans les cheveux et sur le visage. L'odeur est elle aussi horrible, à peine plus que celle des pieds de Callicola Jed. Il espère ne pas rester ici trop longtemps mais le temps semble s'allonger à chaque regard qu'on lui lance. Il aimerait disparaitre dans un trou mais c'est chose impossible. Ici il a très peu d'allier, sa bande n'est pas dans les parages. De toute façon elle n'aurait pas pu faire grand chose avec Andréas qui surveille la scène.

C'est le regard obstrué par du jaune d'oeuf qu'il voit Cole débarquer. Espoir ! Son sauveur est là. Il fait déguerpir les gens qui s'en prennent à lui. C'est bien la première fois qu'on fait ça pour lui alors Luke reprend un peu confiance en lui. Il aurait presque envie d'en chialer mais pleurer c'est bon pour les petites filles alors il se retient, préfère se redresser un peu plus et accessoirement bomber le torse.

- Donnez votre prix. Sa première mise à prix ! Que d'émotions aujourd'hui. 3 000 dollars lui semble un bon début.

Tiens donc... ça devient intéressant...
Un jeune gars a fendu la foule vers moi en distribuant de l'argent à la volée. Mieux qu'une matraque pour disperser la foule...
Il trace vers moi comme vers une cible.

« Donnez votre prix. »

Ça me surprend un instant.
Parce que je suis las, j'aurais peut être pu me laisser aller à croire à un acte généreux, mais j'ai entendu les mots précédemment dirigés vers l'adolescent.

« Ne dis rien »

Ce petit merdeux est juste une main d’œuvre aux services d'adultes.

Rien d’étonnant... aucun enfant ne peut survivre seul bien longtemps. Mon regard passe de l'adulte à l'enfant....
Un enfant ou un jeune adulte... je m'interroge. Une pauvre alimentation a du raccourcir sa croissance. A moins que le géniteur n'ait été un avorton...

Je plante mes yeux dans ceux du jeune homme venu en sauveur. Malgré son jeune age, il dégage une certaine autorité naturelle. J'essaie de réfléchir assez vite.
Quel genre de truands utilise des enfants pour voler?... des roms... je ne vois qu'eux.

Il veut monnayer ma proie. Je prends le temps de rallumer une cigarette... Je le regarde de nouveau tout en observant l'espace autour de nous. Je pars du principe que ces gens là se déplacent par vagues. Je ne vois personne de suspect, mais qui sait....

Je parviens à lui sourire à travers les fumeroles de ma cigarette. Je réalise que j'ai gardé le jouet dans ma poche. Je le sors et l'agite sous le nez de l'homme.

Pas d'argent... c'est sentimental pour moi... donc sans prix...

Si cet idiot avait volé de la nourriture, je n'aurais rien dit. Je l'aurais même rattrapé pour lui en donner plus.
Je respecte peu de choses dans cette chienne de vie. Et dans cette liste très courte, il y a les enfants affamés. C'est un sentiment quasi sacré... peut être parce que j'ai connu la faim.

Amusant ce sentimentalisme pour un type comme moi ...

Je redresse la tête. Ce n'est pas le cas ici. Pas d'orphelin abandonné sur les routes qui aurait pu m'atteindre... C'est juste un petit crétin sans cervelle...

Je garde ce gamin à mon service pour me rembourser jusqu'à ce que j'en ai marre... A moins évidement que le marshall ou son père ne viennent le chercher...

Je m'approche pour observer ce joli visage de crapule pas encore amoché.

Je suis prêt à parier une fortune que vous n'êtes ni l'un, ni l'autre.