bannière
Le forum est la propriété du staff et de ses membres. Toute copie, même partielle, est prohibée.

Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

staffeux
Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
staffeux
Makoyepuk est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Kilian, Ichabod, Amelia, Benicio et Howard. PROFIL + MP
staffeux
Pearl Hennessy est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Maxence, Nadie, Jacob et Grace. PROFIL + MP
staffeux
Liam Hennessy est modérateur du forum ! Il se genre au masculin et ses autres comptes sont : Arthur, Chuy, Dino et Maria. PROFIL + MP
staffeux
On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
Never Fade Away
The Mighty Odss
prédéfini
prédéfini
prédéfini
VOTEZ

Le forum a été créé le 10.01.2020. La page d'accueil a été designée et codée par Artemis, pour Artifices. Le reste du design a été pensé et codé par GHOEST.

Toutes les deux heures !


 
AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-39%
Le deal à ne pas rater :
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON AVR-X2800H, Enceinte ...
1190 € 1950 €
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
It's a demon, that's fine | ft. Dino & Mako
Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
Since : 30/11/2020
Messages : 318
Name : Cendre
Faceclaim : Oona Chaplin
Crédits : I-rain (gifs) | Wanderlust (avatar)
DC : Irina | Blair
It's a demon, that's fine | ft. Dino & Mako Boeq
Age : 29 ans
Statut : La revanche a fait d'elle son épouse, personne ne sait qui des deux deviendra veuve
Job : Cuisinière officiellement | Nouvelle comptable des Hennessy en compagnie de Wyatt Smith | Réalise des petits boulots illégaux avec un groupe d'italiens de Silverstone | Ancienne contaiuola de la famille Rinaldi
Habitation : Petit étage en piteux état au-dessus de l'épicerie de ses grands-parents, Silverstone
Disponibilité : Dispo [1/3]
Lun 27 Juin - 22:56


It's a demon, that's fine

@Dino Ricci @Makoyepuk Blackfoot

La nuit était redevenue calme ; Laura avait cessé de hurler.
Coincée entre la forêt à gauche et Dino (dont le coudes lui rentrait dans les côtes) à droite, sur le devant de la charrette, Filippa se contorsionna pour constater que le bâillon imbibé d’éther avait fini par faire son office. Le corps inanimé de l’adolescente était recroquevillé sous une toile de jute. Par précaution, ils avaient tout de même pris soin de la dissimuler un peu mieux entre des sacs de navet et de pommes de terre. Sa lutte de damnée n’avait pas réussi à défaire les liens de ses poignets attachés dans son dos, ni ceux de ses chevilles. En revanche, ses cheveux autrefois attachés jaillissaient de la bâche comme une rivière sombre, plus noire encore que la nuit.
La comptable soupira de soulagement.
 
« Enfin, » maugréa-t-elle en s’emmitouflant dans les pans de son manteau tandis qu’elle se tournait pour se remettre face à la route.
 
Depuis la fin de l’été, l’état de Laura s’était détérioré. D’irritante, la jeune fille était devenue franchement terrifiante lorsqu’elle était descendue de l’escalier en bois extérieur menant à l’appartement des Rinaldi en pont, la tête en bas, devant toute la bonne société du quartier italien. Dino et Filippa pouvaient supporter ses baragouinages incessants, sa lubie dérangeante pour Murphy et ses regards qui devenaient furieux sans raison, mais là, c’était la goutte d’eau. Et le Seigneur savait que la coupe était pleine pour avoir recueilli les prières teintées (détrempées, plutôt) d’agacement de la napolitaine lorsqu’elle Lui demandait pourquoi le ciel (ou plutôt cette raclure de marshall) lui avait fichu cette gamine dans les pattes.
Et finalement, après le happening digne d’une contorsionniste échappée d’un freak show, l’ancienne mafieuse s’était rendue à l’évidence : ils devraient s’aider eux-mêmes.
 
Ses prières, si elles s’étaient égarées sur la chemin caillouteux menant au Paradis, avaient finalement trouvé la route inattendue menant à Makoyepuk Blackfoot, un jour qu’il passait à l’épicerie. 

« Combien de temps de route encore ? » s’enquit-elle en jetant un nouveau coup d’oeil par-dessus son épaule.

Le réflexe paranoïaque était justifié. Elle entendait encore la voix de Dino, un peu plus tôt dans la soirée, la presser de verser un deuxième flacon de somnifère dans la tisane d’herbes calmantes concoctée par Makoyepuk.
Contre toute attente, après de longue minutes à l’observer en coin à la lueur vacillante des bougies, Laura n’avait pas cillé et se bornait à chantonner tout bas la même chanson en boucle. Elle n’avait pas s’empêcher de lancer des coups d’oeil alarmés à Dino « mais les doses auraient suffi à coucher un cheval ! » semblaient dire ses sourcils froncés. « Nous aurions dû en mettre trois… ».

Un souffle glacé fit grincer les arbres. L’écorce craqua. Les branches presque nues bruissèrent. Les cheveux sur les nuques se hérissèrent. Filippa réprima un frisson.

« Non è normale che la tisana non gli facesse niente… » chuchota-t-elle à Dino en retirant une feuille morte qui était tombé sur l’épaule de l’ouvrier. « Qu’est-ce qu’il fait noir, parola mia… »

Elle tendit sa grosse lanterne sur le côté dans un cliquetis de métal qui rejoignit celui du harnachement du double-poney qui tirait péniblement sa charge.
L’ombre de la charrette s’étira, déformée par le mouvement brusque de Filippa. Chaque caillou sur lequel roulait la carriole la faisait osciller et tous les arbres semblaient danser autour d’eux.
Un nouveau grelottement la saisit. Par réflexe, elle se tourna vers Laura.

Elle était toujours là, étendue comme une gisante à côté des légumes racines. « Bien sûr qu’elle est toujours là, » se rassura la comptable. « Où veux-tu qu’elle aille, hein ? Dino l’a aspergée d’éther et elle est attachée. » Sa main trouva tout de même son pistolet attaché à sa ceinture.
La situation lui rappelait drôlement leur escapade estivale avec Dino. À la différence près qu’il faisait plus chaud et que les corps à l’arrière étaient bel et bien morts. Ce qui était bien plus rassurant en un sens.  

Nonna, si elle s’était d’abord apitoyée sur le sort de la pauvre petite (tu te rends compte, avec toutes les horreurs qu’elle a vécu ?) avait vite déchanté lorsque l’adolescente s’était levée en pleine nuit pour uriner sur leur seul et unique tapis. Il avait fallu le frotter pendant des heures et le laisser aérer et sécher une semaine entière. Et c’était alors qu’il claquait dans l’air humide que la grand-mère avait émis l’hypothèse d’un exorcisme.
Naturellement, on avait voulu se tourner vers le père Benicio ou vers le prêtre errant, mais Filippa s’était dit que, si les choses étaient amenées à mal tourner, il aurait été plus difficile de dissimuler le corps. Murphy en aurait eu vent (elle ne savait jamais comment, mais ce type finissait toujours par tout savoir, peut-être savait-il sa semaine de menstruations aussi tiens) et bonjour les problèmes. Ils n’avaient pas besoin de ça. Alors qu’un petit voyage dans les bois.

Une chouette effraie hurla, surprise par la lumière tremblotante de la lampe. Elle planta sur le trinôme ses énormes yeux jaunes, la tête tournée à 360 °. L’italienne ne put retenir un petit sursaut.

« Odio questi boschi…** » murmura-t-elle en se mordant la joue pour se concentrer sur autre chose que les battements saccadés de son coeur.

Filippa n’était pas une grande amoureuse du plein air. En napolitaine aguerrie, elle était plus taillée pour les magouilles et l’hypocrisie des bureaux que pour la nature sauvage et inhospitalière du grand Ouest. Elle se tassa un peu plus contre Dino, s’imaginant soudain que si un pan de sa jupe dépassait de la charrette, des bras tordus (ceux d'un matrax par exemple, elle en avait entendu parlé de cette créature légendaire dans le quartier, mais n'y croyait pas vraiment... ?) viendraient l’arracher du halo de lumière pour l’attirer dans la noirceur de la forêt, comme lorsqu’elle était petite et que ses petits frères s’amusaient à se cacher sous son lit pour attraper ses pieds. Mais rattrapée par son insupportable fierté, elle s'éloigna à nouveau - à peine, simplement pour ne plus être gluée à Ricci -.
Son regard s’accrocha au profil imperturbable de Makoyepuk avant de scruter les espaces mouvant entre les arbres, chaque ombre la promesse d’un danger qu’elle ne voyait pas. Qu’elle ne contrôlait pas.

Mais le plus grand danger était derrière eux. Et elle avait les yeux grands ouverts.


*Ce n’est quand même pas normal que la tisane ne lui ait rien fait.
**Je déteste ces bois.





Filippa Rinaldi
Revenir en haut Aller en bas
Makoyepuk Blackfoot
Makoyepuk Blackfoot
Since : 07/07/2020
Messages : 482
Faceclaim : Kalani Queypo
Crédits : Ghoest
DC : Kilian O'Reilly - Ichabod Walsh - Amelia Burke - Benicio De La Fuente
It's a demon, that's fine | ft. Dino & Mako XIN4
Age : 38 ans
Statut : Veuf, père d'une fille qu'on lui a volé, monsieur est un vagabond
Job : Chasseur de prime
Habitation : Officiellement, Imogen, officieusement, un peu partout
Mar 2 Aoû - 13:48
   
 
congratulations, it’s a demon
L’un des rares points communs entre les Blackfoot et les Italiens, c’est l’amour qu’ils ont pour leur religion - et donc leur tendance à crier au miracle ou à la possession. Si les esprits guident les uns, le dogme, les autres, leurs croyances prévalent largement sur leur culture, devenant même un style de vie rythmé de coutumes et de superstitions ( si on extrapole ). Mais dans le cas de la petite Laura, il n’y a peut-être rien de bien surprenant à parler de démon.

la famille Bianchi - Rinaldi, si bruyante, Makoyepuk ne s’imaginait pas qu’on puisse l’égaler, voir même la dépasser sur l’échelle de la cacophonie. Lui qui était venu un jour à l’épicerie récupérer le “ teint “ ( orthographié Thym ) que Nuttah lui avait demandé, il avait été surpris d’entendre une horde de guerriers beugler à l’étage.
Quand on lui eut timidement expliqué la situation, il ne tarda pas à sauter à la plus logique des conclusion : l’enfant devait être possédé par un mauvais esprit. Sa liste de course allongée de quelques plantes, il se proposa même de pour guider la familia  jusqu’à l’un de ses contacts le plus discret, mais savant dans les choses de l’au-delà.

Et l’y voilà donc, chevauchant dans les bois aux côtés d’un trio tout à fait particulier : Filippa, au commande de l’opération, Dino, au renne, et Laura, saucissonnée dans la carriole. La situation, bien qu’étrange, ne lui paraît pourtant pas si extraordinaire que ça. Après tout, il n’en est pas à son premier nettoyage spirituel - en son temps, il avait lui-même participé à l’une de ces manifestations quand sa tante avait dû se purger d’un mauvais esprit qui la hantait. Parfois, ce genre de rituel nécessite un sacré paquet de cordes et un peu d’amoralité.

Pas longtemps. “ La réponse qu’il délivre à Filippa est aussi brève que vague. Il a l’air grave et sérieux pour mieux cacher sa peur et le doute qui l’habite : est-ce que Apisi loge toujours ici ? Il lui semble bien avoir vu une Sweat Lodge dans ces bois, mais il ne saurait dire si c’est au shaman qu’elle appartient, ou aux apaches qui rôdent dans le coin - et cette idée le terrifie bien plus que la petite contorsionniste.

Le huhulement d’une chouette lui rappelle pourtant que ce sont bien les esprits qu’il faut craindre. Un peu plus pressé, il cogne ses talons contre les flancs de sa monture qui file maintenant au trot. Il part en éclaireur, mais pas trop loin non plus. Dos à ses camarades de route, il veut seulement laisser l’inquiétude lui creuser le visage ( lui qui se retenait depuis tout ce temps ).
Apisi, nítssksinii’pa Kiitaasáak’sski’tsookináan ! Nisto annakaoka, Makoyepuk. “ Son ton presque impatient trahit un peu sa familiarité presque filiale qu’il adopte avec l’homme médecine. Il faut dire qu’ils viennent du même panier, comme disent les pêcheurs, et qu’ils se connaissent depuis trop longtemps pour vraiment se respecter.

Pas de réponse. Makoyepuk arrête son cheval et regarde autour de lui, l’air irrité, puisque la chouette s’est tue. Il a pourtant tort de croire que le shaman doublé d’un camelot pourrait être l’auteur d’une telle farce : il a bien mieux à faire que de terroriser les voyageurs qui vont lui donner son sous de la semaine. Au final, il aurait même mieux valu que tout cela ne soit qu’une farce, puisque dans les bois, résonne maintenant les pas d’une course trop rapide pour être humaine.
Tout au bout du chemin, la tête du brave se dresse comme celle des antilopes qui se savent observées. — Vous avez entendu ? “ Ses yeux se posent en particulier sous le visage moustachu de Dino, celui qu’il pense être le mieux armé des deux italiens. “ Est-ce qu’elle est toujours…derrière ? “ Un mauvais pressentiment lui dit que non. Sa raison, elle, lui murmure qu’il n’est qu’un couard.

:copyright: Laueee


Traduction : “Apissi, je sais que tu essaye de nous faire peur ! C’est moi, Makoyepuk.”
Makoyepuk Blackfoot
Revenir en haut Aller en bas
Dino Ricci
Dino Ricci
Since : 01/03/2021
Messages : 55
Faceclaim : Pedro Pascal
Crédits : Chounette
DC : Liam Hennessy, Arthur Maharaj, Chuy
It's a demon, that's fine | ft. Dino & Mako 628d8a27fb6ef6f6eef3e0baaa2b4405e6303a51
Age : 46 ans
Job : Ouvrier à la Hennessy Company
Habitation : Silverstone
Disponibilité : Incapable de refuser un rp
Jeu 25 Aoû - 13:06
It's a demon, that's fine
Il n’y a pas péché dans l’état de possession

L’hululement de la chouette (à moins que cela ne soit la réaction de Filippa ?) suffit à faire bondir Dino du siège de bois inconfortable de la petite charrette, unique témoin de nombreuses choses bien illégales. Son séant quitta le banc incommode pendant moins d’une seconde. L’ouvrier serra un peu plus fermement ses poings sur les rennes. Le poney qui tirait la carriole avait les oreilles plaquées en arrière et l’encolure dressée à son maximum. Sa queue en panache trahissait son inquiétude croissante. Dino avait passé suffisamment de temps avec des chevaux d’élevage (dans sa vie d’avant) pour savoir que l’animal était dans un état d’angoisse important. Il essayait de se rassurer en se disant que la bête ne réagissait qu’à la propre anxiété du groupe, qu’elle l’absorbait comme une éponge et se gonflait d’épouvante. Tout allait bien.

L’ouvrier se remémorait les détails de la soirée, toutes les étapes déroulées pour s’assurer que ce petit gobelin maléfique vénitien était bel et bien endormi (cassé) au fond de la carriole. Dino se rassurait en s’imaginant le corps endormi d’un sommeil artificiel rouler entre les choux et les patates, brimbalant à chaque fois qu’une roue butait contre un caillou sur la route. Demain matin la gamine aurait des bleus sur le visage et les bras. Sans compter ceux à ses poignets et ses chevilles à cause des corde qui lui sciaient la peau. Dino avait mis un point d’honneur à serrer convenablement les liens (en y mettant toute sa force), allant jusqu’à les humidifier pour s’assurer que toutes les chances soient de leur côté.

Parfois il culpabilisait de cette inquiétude presque païenne à l’encontre d’une pauvre gosse à l’apparence inoffensive,  aussi maigre qu’un coucou.
Puis Dino donnait raison à cette peur insidieuse devant le comportement ésotérique de Laura. Un jour il l’avait surprise prostrée dans l’arrière-cours de l’épicerie, alors qu’il faisait nuit noire malgré la pleine lune qui éclairait toutes les autres ruelles adjacentes à la perfection. Elle chuchotait seule, marmonnant face à quelque chose tapis dans l’ombre qu’elle seule pouvait voir. En s’approchant pour entendre ce qu’elle racontait dans sa transe, Dino avait constaté qu’elle ne grommelait pas un latin conventionnel (le latin conventionnel s’arrêtant, pour lui, à celui qu’on entendait dans les églises). L’adolescente baragouinait du latin à l’envers. Pour conclure cet étrange tableau, armée d’un caillou pointu, Dino avait vu qu’elle gravait sur le sceau en métal des petits bonhommes pendus.
Une autre fois, en rentrant d’une journée de boulot, Dino avait trouvé toutes les chaises de la pièce à vivre entassées sur la table de bois dans une sorte de sculpture qui s’étirait comme une tour de Kaplas. Laura avait accusé une amie imaginaire. De toute façon c’était toujours la faute de Margaret. Laura avait dit à Dino et ses filles que cette fille habitait la maison avant qu’ils n’arrivent et qu’elle voulait la récupérer.
Alors pourquoi pas un exorcisme, au final. Ça ne pourrait pas lui faire de mal.
Tant qu’elle laissait ses meubles tranquilles.

Dino échangea un regard avec Filippa (un bref clin d’œil, plutôt) pour se rassurer. L’inquiétude suintait de son visage et il n’essayait pas de le cacher. La forêt (plus épaisse et dense que la dernière fois qu’il y était, non ?) et la nuit avalaient tout son bon sens et faisaient fondre le peu de sanité qui lui restait. La présence de l’autochtone avec eux ne suffisait pas à amoindrir la peur du noir qui rendait les monstres tangibles et dangereux. Dino faisait le dos rond, les trapèzes tendus à en faire frémir d’effroi un ostéopathe, le cou rentré entre ses épaules.  

Vous avez entendu ? “ Dino se redressa, presque en même temps que la tête du poney qui avait toujours l’encolure étirée. Chacun était tendu comme la corde d’un arc. L’italien retint son souffle pour mieux tendre l’oreille, comme si cela avait un lien de cause à effet. Pas un bruit. Toute la forêt s’était tue, plongée dans un profond silence. Un silence de plombs qui ne fit que croître l’inquiétude dans l’estomac de Dino et qui hérissèrent les poils de sa nuque et ses avant-bras. Il n’y avait plus le bruissement des feuilles que le vent agitait sur les branches, plus d’hululement même lointain. Aucun signe de rongeur qui détalait à cause de la cariole.  “ Est-ce qu’elle est toujours…derrière ? “

Doucement, Dino tourna la tête d’abord vers Filippa avec qui il échangea un regard qui trahissait toutes ses craintes puis vers le fond de la petite charrette. La bâche n’avait pas bougé, elle dissimulait encore l’entièreté de la cargaison. La forme de l’enfant endormie était encore visible, sculptée par les ombres que la lune dessinait. Cela eut le mérite de rassurer l’ouvrier. Après tout, si la gamine n’était plus là elle aurait bien désordonné un peu tout ça. Et ils l’auraient entendu, évidemment. Le poney s’était arrêté, mais il restait alerte. Dino n’y prêtait plus attention, trop occupé à se répéter comme tout allait bien comme un mantra pour s’apaiser. Sa main se referma sur la bâche qu’il tira d’un coup sec, parce qu’il fallait bien en avoir le cœur net.

A défaut d’être net, le cœur de Dino glissa de sa poitrine jusque dans son estomac.

La forme d’un corps allongé fut vite détruite, les légumes qui en étaient la cause roulèrent au quatre coin de la charrette. Une puanteur sans nom sembla avoir été libérée en même temps que Dino avait tiré la bâche. L’odeur de la mort. Aussi Dino constatât les fruits pourris, rongés par la moisissure et les asticots. « Impossible… » Il aurait pourtant juré que, lorsqu’ils avaient balancé le corps endormie de Laura un peu plus tôt, les fruits étaient encore bons. Mais maintenant il n’était plus sûr de rien. Doucement, Dino se détacha de son siège pour plonger son bras dans la cariole. Il en tira une corde. Encore une fois, il partagea un regard avec Filippa, puis avec Makoyepuk. Un des liens qui avaient maintenu les bras ou les pieds de l’enfant, il en était certain. On voyait clairement que la corde avait été rongée. « Elle-… Dino n’arrivait même pas à formuler une phrase correctement. Sa gorge était sèche. Elle est plus là.» Un constat qui s’abattait sur eux comme une épée de Damoclès

tap tap tap tap tap tap tap tap

Les bruits de pas (non, pas de pas, cette créature se déplaçait à quatre pattes) reprirent, faisant sursauter Dino qui en lâcha la corde. « Il faut qu’on se tire d’ici. » Il délaissa non sans une pointe de soulagement les fruits pourris, rabaissant la bâche sur eux pour essayer d’en couvrir l’odeur immonde qui lui piquait le nez. « Tout de suite. Il y a quelque chose dans la forêt. » Dino fit claquer les rennes, mais le poney refusait de bouger, comme tétanisé. Les yeux de la bête cherchaient à regarder de tous les côtés, comme s’il ne savait pas d’où le danger venait. Les bruits se faisaient de plus en plus proche, de plus en plus fort. Venant parfois de leur droite, puis de leur gauche. Dino se leva, tirant son arme de son étui à sa ceinture, dissimulée par sa veste. Il crut entendre un rire qui flotta autour d’eux. L’ouvrier tira à l’aveuglette et le bruit de la détonation explosa dans la nuit, faisant trembler les arbres de la forêt jusqu’au bout de leurs racines. Le calme était revenu.

Pourtant il ne parvenait pas à chasser le pressentiment qui lui collait au dos comme des feuilles mouillées et froides.


crédit - ghoest
Dino Ricci
Revenir en haut Aller en bas
Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
Since : 30/11/2020
Messages : 318
Name : Cendre
Faceclaim : Oona Chaplin
Crédits : I-rain (gifs) | Wanderlust (avatar)
DC : Irina | Blair
It's a demon, that's fine | ft. Dino & Mako Boeq
Age : 29 ans
Statut : La revanche a fait d'elle son épouse, personne ne sait qui des deux deviendra veuve
Job : Cuisinière officiellement | Nouvelle comptable des Hennessy en compagnie de Wyatt Smith | Réalise des petits boulots illégaux avec un groupe d'italiens de Silverstone | Ancienne contaiuola de la famille Rinaldi
Habitation : Petit étage en piteux état au-dessus de l'épicerie de ses grands-parents, Silverstone
Disponibilité : Dispo [1/3]
Ven 23 Sep - 22:12


It's a demon, that's fine

@Dino Ricci @Makoyepuk Blackfoot

La brume montait en volutes fantomatique du sol où se décomposaient des feuilles mortes. Au passage des roues de la charrette, elles craquaient comme des dizaines de petits os. Parfois, une racine protubérante les faisaient tous cahoter et les têtes molles dodelinaient sur leurs nuques frémissantes. À l’arrière, quelques navets glissaient hors des panières avec des « poc » sonores. Il ne faisait pas encore froid, mais la nuit et l’obscurité éveillaient bien des frissons. Filippa serra à nouveau son manteau de la main et enfonça ses oreilles dans son col.
Durant ces cinq dernières années - et plus particulièrement depuis un an -, la napolitaine se questionnait souvent sur les choix de vie qui l’avaient amenée là où elle était. Qui aurait pu deviner, il y avait sept ou huit ans qu’elle finirait au fin fond d’une forêt puant l’humus et la terre, perdue dans l’Ouest américain ? Si on lui avait prédit pareil (triste) sort à l’époque, elle se serait franchement esclaffée (événement assez rare pour être noté) et aurait donné une pièce à l’astrologue ou au cartomancien qui, visiblement, aurait trop abusé des champignons hallucinogènes.
Le fait était que, ce soir-là, elle faisait partie d’un improbable trinôme en route pour aller faire exorciser une gamine par un homme-médecine. Il n’était pas difficile pour elle d’identifier l’événement qui avait fait basculer sa vie toute entière. Mais tout de même, avait-elle besoin de dévier à ce point, sa vie ?
Elle affaissa son front dans sa main droite et dissimula un profond soupir. Dieu qu’elle était fatiguée.

La réponse laconique de Makoyepuk lui arracha un froncement de sourcils. Du coin de l’oeil, elle darda sur le profil de l’autochtone un regard méfiant. L’italienne n’aimait pas les approximations. En particulier lorsqu’elles se faisaient au beau milieu et de la nuit et d’une forêt toute bruissante de murmures et de pas feutrés. Et (comment l’oublier) en présence d’une Laura mieux saucissonnée qu’un salami à l’arrière de leur carriole.
Néanmoins, elle s’efforça de tuer dans l’oeuf le doute qui menaçait de germer dans son esprit. Le natif avait l’air confiant, les yeux rivés sur la route à peine éclairée par leurs lanternes, et il s’était montré fiable à plus d’une reprise. « Un peu de foi, Filippa, » s’encouragea-t-elle pour tenter de se convaincre.
Elle ne put néanmoins pas s’empêcher de lancer un regard plein d’interrogations à Dino lorsque Makoyepuk se mit à déblatérer dans une langue inconnue. « Sa dove sta andando ?* » articulèrent ses lèvres sans un bruit.
Et c’est alors que ses yeux étaient toujours posés sur Dino qu’elle entendit. Ses pupilles se dilatèrent. Dino sursauta en même temps que le cheval qui piaula. Les rennes tirèrent dans les mains de l’ouvrier. Tout la charrette craqua.
Filippa se retourna vivement pour observer les arbres à sa gauche, la main sur son pistolet. À gauche ? À droite ? La lanterne suivait son questionnement en grinçant. Tirée de tous les côtés, la flamme vacillait. Rien.
La forêt écrasée de nuit s’était tue.  

« Qu’est-ce que c’était ? » demanda-t-elle d’une voix sèche. « Il y a des pumas ici ? »

La vision du corps de Billy Paddy, un chasseur qui vivait dans une des maisons collées au quartier italien, lui revint brutalement en mémoire. Son frère, qui était allé chasser le cerf avec lui, l’avait ramené sur une civière traînée par son cheval, les vêtements en charpies, couvert de sang et le visage tailladé. « Un puma ! » avait-il hurlé. « À l’aide ! » Mais le pauvre Billy avait déjà passé l’arme à gauche et ce probablement bien avant leur entrée dans Silverstone. Alessio avait récupéré ses bottes juste avant qu’on l’enterre. Piles à sa taille.
Filippa n’avait pas vraiment envie qu’on lui vole ses vêtements avant qu’elle ne puisse (enfin) rejoindre le Saint Père.

Sa question trouva sa réponse dans l’écho d’une autre question plus terrifiante encore.
À nouveau, son regard croisa celui de Dino. Plus de clin d’oeil rassurants, cette fois. D’appréhension, ses sourcils se nouèrent. Ricci se pencha vers l’arrière et le visage de Makoyepuk apparut derrière son épaule. Il avait la même expression peinte sur ses traits que lorsqu’ils avaient pénétré dans le ranch abandonné. Le frisson de son regard la rendit muette. Il avait peur.  
Un grand froid envahit soudainement la comptable.

Dino souffla et l’italienne n’eut pas besoin d’entendre distinctement ce qu’il disait pour comprendre l’alarme de son ton.
Un odeur infâme lui claqua le visage. L’ouvrier lui présenta la corde rongée. Son regard courra de Dino à Makoyepuk. Ses lèvres entrouvertes laissèrent s’échapper un soupir glacé.

« Oh cazz’.** »

Un bruit de course brisa le silence de cathédrale des bois. Cette fois, Filippa sortit son arme. Le canon suivait à l’instinct les bruits sans pourtant n’apercevoir rien d’autres que des ombres fugaces. Elle n’était pas la meilleure tireuse, mais elle n’hésiterait pas.
Le cheval piétinait en hennissant. Dino hésita encore moins. Il tira.

La balle éclata. Un éclair blanc figea l’obscurité. Entre les arbres, une silhouette voutée. Puis, la nuit à nouveau.
Dans l'écho mourant du plomb, un rire n’en finissait pas de résonner.

Et puis, plus rien.

La lanterne n’éclairait rien de plus que de la mousse et du lichen sur les troncs bruns et craquelés. Le cheval, toujours en proie à la panique, renâclait en tirant sur ses rennes.

« Ce n’était pas un puma, » affirma-t-elle d’une voix blanche en reposant la lanterne. « Il y a quelqu’un. Coprimi, Dino, vuoi ?*** »

Tout cela avait de désagréables airs de déjà-vus. Elle jeta un regard à Makoyepuk.

Le pistolet toujours au poing, elle sauta (à contre-coeur) du maigre refuge qu’offrait la banquette de bois de la charrette. Le bruit de gravier sous ses semelles la fit frissonner. À nouveau, elle s’imaginait que des bras longs et maigres s’apprêtaient à surgir des bois pour lui saisir les chevilles. « Dépêche, » s’ordonna-t-elle en remontant l’attelage grinçant jusqu’à la monture. Ses doigts couraient le long du cuir de l’harnachement comme s’ils suivaient une ligne de vie. La moindre perte de contact et elle s’imaginait avalée par la nuit.
La pauvre bête la toisa d’un gros oeil affolé où trop de blanc était visible.

« Dai, calmati, va bene, shhhhh,**** » lui parla-t-elle tout bas en flattant son encolure.

Elle déglutit pour avaler les tremblements de sa voix. L’animal ne devait pas entendre sa peur. Elle ne ferait qu’alimenter la sienne. Filippa détestait les bois.
Son père, qui n’était Rinaldi que d’adoption et n’adhérait que très partiellement à leurs pratiques, avait pourtant démontré d’un talent certain avec les chevaux familiaux. Elle l’avait vu mieux parler à des bêtes qu’à des humains. Filippa n’était jamais parvenue à totalement cerner son père. Cela ne l’empêchait pas de tenter de l’imiter.

« Torniamo in strada, va bene ? E uno, due, tre, uno, due, tre, vai,***** » poursuivit-elle en attrapant les brides pour le pousser en avant.

Elle dut s’y prendre à deux reprises pour que, miraculeusement, les pattes figées de la bête ne s’activent. Puis, il repartit tranquillement au pas.

Craignant d’être laissée sur le carreau, l’italienne se dépêcha de grimper à côté de Dino. Le cahotement régulier de la carriole ne parvenait plus à dénouer les muscles.

« Par où, Makoyepuk ? Qu’est-ce qu’il vaut mieux faire pour sortir vite d’ici ? Demi-tour ou on continue ? »

D’abord, sortir d’ici. Ensuite, réfléchir à ce qu’il s’était passé. De comprendre comment la vénitienne s’était faite la malle et de pourquoi ils avaient été pris en chasse par un psychopathe ne les feraient pas rentrer en vie à Silverstone.  
Le déséquilibre numérique (trois personnes armées contre une seule, visiblement), ne la convainquait pas. Filippa n'était pas de celles à tenter le danger.

Comme pour s’assurer qu’ils n’avaient pas tous hallucinés, elle rejeta un coup d’oeil à l’arrière.

« Pouah ! » éclata-t-elle en plissant yeux, nez et bouche lorsque la puanteur la percuta à nouveau.

Elle n’eut besoin que d’une seconde pour admettre l’inévitable : Laura avait bel et bien disparu.

« Elle a rongé la corde, » répéta-t-elle cette fois à haute voix. « Et elle a fait moisir les rape****** ! Et les patates ! »

Comment allait-elle expliquer ça à nonna ? De s’imaginer inscrire des rangées de « 0 » sur les livrets de comptes lui arracha presque autant d’effroi que le monstre tapi dans la forêt.

« Non mais, qui fait ça ? »

Elle planta son regard sur ses deux compagnons d’infortunes. Sa question n’attendait pas forcément de réponse, puisqu’elle l’avait déjà. Personne ne faisait ça.


*Il sait où il va ?
**Oh putain.
***Couvre-moi, Dino, tu veux ?
****Aller, calme-toi, ça va, chuuut.
*****On se remet en route, d’accord ? Et un, deux trois, un deux trois, aller.
******navets


Dé de 6:




Filippa Rinaldi
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut Page 1 sur 1
Sauter vers: