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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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Makoyepuk est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Kilian, Ichabod, Amelia, Benicio et Howard. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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When you try your best | ft. María Sandoval Calderón
Blair Smith
Blair Smith
Since : 07/08/2022
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When you try your best | ft. María Sandoval Calderón B3i8
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Habitation : Un petit appartement dans la rue principale d'Imogen
Mar 16 Aoû - 23:51


But you don't succeed

@María Sandoval Calderón


Le ciel est bleu, le soleil brille et Blair a envie de se noyer dans sa bassine.

« Oh non, pas encore, » pleurniche-t-elle en ouvrant la porte huilée de l’imposant four en métal.

Un nuage de fumée noire s’élève instantanément et vient tapisser la pièce et la gorge de la nouvellement mère de famille. Elle ferme les yeux, mais trop tard ; les larmes lui montent. Elle s’étrangle en crachotant, bras devant le nez et la bouche et court jusqu’à la fenêtre de la cuisine.
Cassée en deux, elle tousse à s’en arracher les poumons à moitié penchée dehors.
Dans la petite cour extérieure, Ann la regarde avec des yeux ronds.

« Maman a mis le feu ! Tout le village va brûûûûûler ! » s’exclame-t-elle en levant les bras au ciel.

Il y a plus d’excitation heureuse dans sa voix que de colère.

« Non ! - keuf keuf - Pas du tout ! » la contredit Blair en prenant une grande inspiration. « C’est un - oh, bonjour madame Johnson - Ce n’est rien rassurez-vous, simplement un petit accident ha ha ! Vous pouvez rentrer chez vous ha ha ! »

La vieille voisine du deuxième étage a sorti sa tête grise pour la toiser d’en-haut. Derrière ses petites lunettes en demi-lune, elle a les yeux plissés.

« Mmpf ! » lâche-t-elle de dédain en claquant sa fenêtre dans son sillage.

« Ouuuuuh, » se lamente mentalement Blair. « Ça y est, elle me déteste. » Les présentations avaient été officiellement faites la veille. Madame Johnson était descendue, remontée comme une pendule, pour se plaindre des cris hystériques d’Ann qui ne voulait pas prendre son bain.
Heureusement, la présence apaisante de Laurie avait fini par calme l’hydre qui avait fini par tourner les talons pour rentrer dans sa caverne, non sans un mauvais regard vers une Blair désemparée et une Ann qui n’en avait tout bonnement rien à faire.

« Maman a mis le feu ! Le feuuuuuuu ! »

La petite fille continue à chantonner en gesticulant.

« Ann ! Euh… » Vite un mensonge, n’importe quoi. « Viens donc, maman va te préparer pour sortir… Avec des nouveaux rubans pour tes cheveux ! »

L’enfant reste une seconde béate avant de se précipiter à l’intérieur.

Blair profite de l’accalmie pour agiter la main devant la fenêtre dans l’espoir de chasser la fumée de la pièce - mouvement parfaitement inutile -.

Quant au gâteau, il est aussi noir qu’une cheminée non ramonée depuis des siècles.

« Ooooh, mais pourquoi est-ce que je me suis mise ça en tête ? » se plaint la jeune femme en se tapant la tête contre une étagère. « C’est complètement raté ! Oh mais… peut-être que si je gratte un peu… Ouch, c’est chaud ! »

Elle se brûle les mains en démoulant le quatre-quart avant de souffler sur ses doigts.
Du bout du couteau, elle commence à éplucher la croute calcinée. Elle se décroche en miettes noirâtres, comme une multitudes de paillettes carbonisées. Puis, Blair décide de tailler dans le gras et de carrément retirer toute la partie supérieure du cake. « Oui ! C’est plutôt pas mal ! » se félicite-t-elle finalement. « Et puis, le plus important, c’est le goût ! »

Les petits pas d’Ann font grincer l’escaliers commun et il ne faut pas deux secondes avant de l’entendre courir dans le couloir et tambouriner à la porte. Les rubans ! Zut !

« C’est Ann ! » annonce-t-elle, guillerette à l’idée de recevoir sa récompense.

Ses yeux se posent sur le gâteau démoulé.

Sa joie s’envole.

À la place, une ostensible grimace de dégoût déforme ses traits.

« Ann mange pas ça, » s’alarme-t-elle.

Elle longe le mur, bras et jambes écartés, en direction de sa chambre. Les nouveaux rubans sont envolés, remplacé par un instinct de survie développé.
C’est un nouveau couteau qui - à défaut d’avoir été glissé dans le cake pour vérifier de sa cuisson à l’intérieur - est planté dans le dos de Blair.

« C-C’est pour les voisins, » se défend-elle (comme si c’était mieux). « Il n’est pas très joli, mais il est sûrement très bon ! »

Comme madame Johnson, Ann plisse ses yeux verts en deux fentes suspicieuses.

« Mouai. Ils sont où mes rubans ? »

Oh Seigneur les rubans.

« Ha ha, mais oui bien sûr les rubans ! » L’ex miss Bell farfouille dans la cuisine sous l’emprise de la panique la plus totale. « Ils sont juste là ! Juste là… »

Les couteaux, les spatules et les fourchettes s’entrechoquent dans un concert affolé.

« Ah ! Les voilà ! »

Blair brandit de fines cordelettes utilisées pour tenir les rôti. Elle sourit de toutes ses dents pour faire passer la pilule. Ann lui répond par un visage parfaitement neutre.

« Maman est une menteuse, » assène-t-elle.

« Argh. » Le couteau s’est planté au même endroit que le précédent.

« Non, promis, ça sera très joli, regarde, approche. »

Sur ses gardes (et à contre-coeur), Ann avance avant de se mettre dos à elle. Blair attrape les fines mèches brunes et les tresse plus rapidement que lorsqu’il avait s’agit de casser les oeufs tout à l’heure. Elle avait l’habitude de coiffer Sam, avant.
Elle étend son bras à travers la table pour casser deux têtes de marguerites - des fleurs que Laurie a acheté pour égayer l’appartement -. Puis, elle entortille les tiges dans le fil de cuisine qui ferme les nattes d’Ann.

« Et voilà ! » Elle soulève la petite fille sous les aisselles pour qu’elle puisse se regarder dans l’unique miroir - suspendu à hauteur d’adulte - de la maison. « Regarde comme tu es mignonne ! »

La bouche d’Ann forme un « o » émerveillé. Elle approche sa frimousse de la glace jusqu’à ce que son souffle embue son reflet. Puis, elle secoue la tête en tripotant ses tresses. Les fleurs tombent.

« C’est nul. »

Trois couteaux.

« Mais non regarde, regarde, il faut juste faire attention. Ne pas trop bouger, d’accord ? »

Elle ramasse les marguerites et les ré-attaches dans les rubans de fortune d’Ann. Cette fois, la petite fille touche très doucement les mèches et les regarde en rigolant.

« Nous allons rendre visite à nos autres voisins, » explique-t-elle à sa fille adoptive en enroulant le cake dans un fichu. « Pour essayer de se faire de nouveaux amis ! »

De son ton enjoué, Blair tente de calmer ses angoisses. Elle se rappelle de leur dernière rencontre : madame Johnson. Et Laurie avait été là pour arrondir les angles. « Non, tout va bien se passer ! » s’encourage-t-elle.

Dans la rue, Imogen a attendu la fin de l’après-midi pour sortir de sa torpeur. Le soleil tape encore fort, assez pour faire onduler l’horizon. Les passants se tiennent à l’abri des coursives de bois. Certains sont même assis à l’ombre des porches à broder ou à chiquer du tabac. Il y a certainement plus d’air ici que dans les appartements de bois serrés les uns contre les autres. « Qu’est-ce que c’est vivant ! » s’enthousiasme la jeune épouse en déambulant dans la rue. « Qu’est-ce qu’il y a du monde. »

Elle rejoint bientôt Ann qui s’est immobilisée au milieu de la rue.

« Maman, » commence la fillette d’une voix grave. « J’ai marché dans du caca. »

Elle tourne vers Blair un visage horrifié.

« J’ai marché dans du caca ! » répète-t-elle en éclatant en sanglots.

« Olalala, commençons par te sortir de là, attrape ma main. »

Inconsolable, Ann s’accroche à sa bouée de noyée et sort du piège mortel - une bouse de cheval - le pied gauche crotté jusqu’à la cheville. Derrière elle, les marguerites s’échappent du noeud.

« Nous allons faire demi-tour pour te nettoyer un peu… »

Mais déjà, Ann se précipite à la porte des voisins pour y tambouriner en pleurant à chaudes larmes.

« À l’aide ! J’ai marché dans du caca ! » appelle-t-elle désespérée.

Blair sent tous ses organes tomber dans ses talons. « Oh non, non, non ! Pitié pas comme avec madame Johnson ! Oh Jésus, faites qu’il n’y ait personne, faites qu’il n’y ait personne, faites qu’il n’y ait - ».

La porte s’ouvre sur une jeune femme aux cheveux aussi noirs que ses yeux. « Seigneur, foudroyez-moi sur place. »

« Oh, euh, bonjour, » commence Blair, profondément gênée. « Je suis désolée… Vraiment désolée… Je m’appelle Blair Be - euh Smith. Nous habitons juste en face. »

Elle se retourne pour lui désigner leur appartement avec un petit rire contrit tandis qu’Ann se pend à ses jupes, à l’agonie. Blair ne l'avait pas remarqué avant : elle a une grosse tache de farine sur le devant de sa robe.

« Calme-toi Ann, ça va aller. Je voulais vous apporter un gâteau, » lui explique-t-elle, piteuse, en tendant le cake emballé dans la serviette bleue délavée. « Mais Ann a euh, elle a rencontré un obstacle salissant. Mon Dieu, je suis navrée pour le dérangement. »

« Mamaaaaaaaaaaaan, » hurle sa fille adoptive.

Dans le ciel orangé, pas l’ombre d’un orage ni d'un éclair.




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María Sandoval Calderón
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Statut : Mariée
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Habitation : Imogen
Ven 10 Fév - 19:49
   
 
When you try your best

La petite Isabela, qui jouait paisiblement dans son coin avec deux bouts de laine et un coquelicot, leva deux gros ronds yeux vers sa mère en entendant quelqu’un essayer de défoncer leur porte branlante. Ses sœurs étaient parties un peu plus tôt à la scierie et elles ne devaient pas rentrer avant plusieurs heures encore. « No te muevas, mi sol. »¹ Dans le même temps, María indiqua à sa petite dernière de rester où elle était d’un geste de la main. Tant mieux, celle-ci n’avait pas vraiment l’intention de bouger, encore prise entre la peur et la surprise. La jeune mère délaissa la robe qu’elle reprisait et l’aiguille qu’elle tenait en main. Elle épousseta sa propre robe blanche aux broderies impeccables et resserra sur ses épaules son rebozo.

Le nez de la petite Isabela se fronça de rire quand elle reconnu un des mots que la porte renvoyait étouffé. Elle gloussa doucement « Caca… » et sa mère lui envoya un regard furieux avant de tirer le loquet de la porte. María porta son index à sa bouche et se fut suffisant pour que la petite se taise, recouvrant sa bouche de ses mains pour dissimuler son sourire amusé. Elle étira son cou pour voir qui essayait de s’introduire bruyamment chez eux et avec si peu d’élégance alors que sa mère ouvrait la porte.

María haussa ses deux sourcils haut sur son front en découvrant une gamine débraillée en pleure et fronça à son tour le nez quand elle constata sa jambe crottée jusqu’au genou. Dans un réflexe acquis par de trop nombreuses et douloureuses années entourée d’enfants, la jeune femme tira sa robe blanche contre ses jambes et s’écarta très légèrement de la porte. Dulce Jesús misericordioso. Mince, avait-elle dit ça à haute voix. Ah ! Peu importait de toute façon.

« ¡Ella caminó en la caca ! »² Isabela pointa du doigt la pauvre malheureuse, incapable de rester silencieuse devant un pestacle aussi drôle que tragique. Elle grimaça de dégout, soucieuse d’être parfaitement comprise malgré la barrière de la langue qui les séparait l’une et l’autre.
« ¡Tú cállate! Shh ! »³ María referma ses doigts sur son pouce pour fermer le clapet de sa petite. Ses sourcils froncés et ses yeux furieux furent suffisant pour qu’elle se calme.

La maman se retourna vivement vers l’adulte qui accompagnait la pauvre petite, qu’elle avait coupé au milieu de sa phrase. « Perdón, señora -Perd… »⁴ Finalement elle se tût pour écouter, du mieux qu’elle pouvait, ce que lui baragouinait l’autre. Ce n’était pas aisé tant elle bafouillait. Et María laissa son regard glisser jusqu’à la gamine qui avait à peine les yeux rouges et gonflés. « Euh…. Si. Bonjour, Blai… Blaireux. » Il était évident qu’elle était bien moins à l’aise avec l’anglais. María avait un accent à couper au couteau, parlait lentement et mal. « Je m’appelle María. Bonjour. » Et à ce rythme elle allait bientôt expédier tout son maigre vocabulaire. « Doucement. » Exigea-t-elle avec une habitude non dissimulée. Après plusieurs mois de voyage c’était tout naturellement qu’elle réclamait qu’on parle mieux avant de faire plus ample connaissance. Non pas que ça soit toujours très efficace mais au moins les intentions étaient posées.

Son regard peu expressif (ou en tout cas trop dur) passa de la baraque qu’elle pointait au visage rougit de la femme. Elle acquiesça néanmoins, par politesse, mais resta peu impressionnée. « Bien. » Comme un mantra, quand on ne savait pas quoi dire. On le lui avait appris.

Un ange passa, le temps de quelques secondes.

Et on lui présenta un cake.

María prit le présent emballé dans une serviette sans trop savoir ce qu’il en était. « Merci. Merci. Doucement. » Cette fois elle se tourna vers sa fille et d’un geste du menton lui ordonna de la rejoindre. « Isabuela. » La petite ne se fit pas prier et trottina jusqu’à sa mère, mains tendues pour prendre le paquet qu’on lui tendait. Elle sourit à l’autre fillette au passage puis se boucha le nez une fois le dos tourné, allant poser son colis sur la table.

« Pase, »⁵ Cette fois la maîtresse de maison ouvrit un peu plus la porte d’entrée pour signifier ses intentions. Elle désigna d’un doigt impérieux les jambes de la gamine. « Quitarle los zapatos y los calcetín, por favor. Necesita lavarse… Apesta… »

Au même moment, Isabuela avait ouvert le torchon qui dissimulait le cake et sa réaction fut immédiate. Son sourire fondu en découvrant le carnage et son expression se pinça. Elle était trop bien élevée pour se boucher le nez devant de la nourriture offerte (alors qu’une petite fille qui a marché dans de la merde c’est tout à fait autre chose). « Mamá, el pastel huele mal… »⁷ Doucement, elle s’éloigna de la chose innommable qu’elle avait découvert et María eut à peine le temps d’y jeter un œil. C’était déjà trop, elle eut du mal à garder une expression inébranlable. « Isabelita, prestarle tus zapatos por favor. »⁸ Sans se départager de son regard plein de regrets mais aussi de savoir (savoir qu’il allait falloir faire avec), l’enfant alla grimper jusqu’à l’échelle qui menait à la seconde et dernière pièce de la petite maisonnée pour partir en quête de sa deuxième (et dernière) paire de chaussures. Celles du dimanche... Au moins peut-être en aura-t-elle une nouvelle paire bientôt.

« Te voy a conseguir un poco de café,¿vale? »⁹ María indiqua à Blaireux l’une des chaises qui entouraient la petite table de bois. Puis elle montra aussi sa propre robe, indiquant vaguement l'endroit ou se trouvait la tâche de farine. « Oh, y tu vestido es manchada. »¹⁰ Elle abandonna aussi son entrée pour récupérer une bassine d’eau et la déposer devant la petite fille. D’un signe de la main et du menton elle lui fit signe de plonger ses pieds dedans. « Chop-chop,¡vamos! »¹¹


¹ Reste où tu es mon cœur
² Elle a marché dans du caca !
³ Tais toi !
⁴ Excusez-moi, Madame-
⁵ Entrez
⁶ Retirez-lui ses chaussures et ses chaussettes. Il faut qu’elle se lave… elle sent mauvais.
⁷ Maman… la gâteau pue.
⁸ Isabela, va lui chercher une de tes paires de chaussures.
⁹ Je vais vous préparez un peu de café !
¹⁰ Au fait, votre robe est tachée.
¹¹ Aller hop, dépêche toi.


:copyright: Laueee
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Blair Smith
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Jeu 6 Avr - 21:53


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@María Sandoval Calderón


Si les regards curieux des badauds d’Imogen qui s’accrochent dans le dos de Blair lui donnent envie de disparaître sous terre, cela n’a rien à voir face à l’expression de pure surprise que lui renvoie le visage de la voisine d’en face. L’institutrice ne peut pas lui en vouloir ; elle aussi se trouverait comme deux ronds de flanc face à un tel vaudeville sur son pallier. « Oh, j’aurais dû m’annoncer avant ! Prévenir de mon passage... Envoyer un petit mot ! » se flagelle-t-elle mentalement avant que la jeune femme n’ait eu le temps de prononcer le moindre mot. « Quelle idée d’avoir voulu être spontanée ! Tu n’as rien de spontanée, Blair. Rien du tout ! Alors quoi, nouvelle ville pour une nouvelle vie ? On ne se réinvente pas en deux nuits, enfin ! C’est absolument ridi- »

Mais c’est au tour de Blair ne répondre par des mirettes écarquillées lorsque la voisine parle. Même Ann s’est arrêtée de hurler. Elle cligne de ses grands yeux verts pour en chasser les larmes qui roulent sans bruit sur ses joues rebondies.

« P-Pardon ? » s’étonne madame Smith en ne comprenant pas un traitre mot qui sort de la bouche de son interlocutrice.

Une petite voix amusée s’élève des tréfonds de la maison. Blair remarque alors qu’une fillette armée d’un coquelicot les observe, un sourire narquois illuminant sa frimousse rieuse.
Sa mère - elle ose faire le raccourcit - la rabroue (un autre raccourcit comme Blair ne comprend pas le moindre mot échangé) et la petite se contente de rigoler, la main devant la bouche, comme pour dissimuler ses moqueries face à l’ire maternelle.

Et comme parfois, il n’y a pas besoin de parler la même langue pour se comprendre, Ann, ayant parfaitement saisi qu’elle est devenue la risée de la maisonnée (un honte d’autant plus cuisante lorsqu’elle est observée par un individu du même âge), cesse subitement de se plaindre. Tout son petit visage se crispe, comme une mayonnaise qui aurait viré.

Les phrases de leur interlocutrice sont saccadées, chaque syllabe coupée au hachoir. Les mots butent contre sa langue, se courbant pour exprimer des voyelles qui cognent difficilement contre ses dents. « De l’espagnol ? » s’étonne l’ex miss Bell. Sur la route depuis Sunshine, elle n’avait pas énormément croisé d’étrangers. Peut-être un peu plus à Salt Lake City, là où elle avait rencontré Laurie et où quelques Mexicains subsistaient encore, comme les relicats d'une période révolue pour la ville. Et une famille de Néerlandais dans la petite ville d’Elko, coupée en deux par la voie ferrée. C’était tout.

Le fait est que Blair, durant sa tranquille et immuable existence à Sunshine, n’a jamais été véritablement confrontée et ne s’est jamais essayée à une autre langue que l’anglais.

Prise comme un lapin devant un fusil, elle ouvre la bouche sans savoir quoi dire, maudissant un peu plus sa folle et stupide envie de légèreté. Était-ce seulement possible de croiser autant d’obstacle alors qu’elle espérait simplement offrir un gâteau et - peut-être - tisser des liens amicaux avec ses nouveaux voisins ? Ce n’était qu’une rue à franchir, pourtant ! Pourquoi tout ce qu’elle se décidait à entreprendre se transformait irrémédiablement en parcours du combattant ?

« J’ai rien compris, » assène Ann en toisant l’étrangère.

Elle jette un regard assassin à la fillette qui s’avance près de sa mère. Ses yeux noirs brillent encore de rire alors qu’elle observe les chaussures sales d’Ann.

« Euh oui, d’accord, enchantée María, » finit par bredouiller Blair tandis que l’enfant la décharge du cake. « Merci Isab- »

Ann fronce les sourcils et lui tire la langue quand Isabuela lui tourne le dos.

« Ann ! » siffle Blair pour la rappeler à l’ordre.

« Mais c’est elle qui… »

Lorsque María leur fait signe de rentrer, Blair s’élance pour refuser, de crainte de salir le sol, mais la jeune femme désigne les chaussures crottées de sa fille adoptive, accompagnant le geste de paroles indéchiffrables.

« Oh, très bien, nous entrons alors… Avant Ann, voilà, tiens moi la main pour garder l’équilibre. Maintenant avec ton autre pied… Parfait pousse sur le talon. Pareil avec l’autre - tant pis pour tes chaussettes, nous les laverons lorsque nous rentrerons. »

Désormais déchaussée, Ann pénètre dans la maison à la suite de sa mère d’emprunt. Ses pieds nus font un bruit mat contre le parquet qui craque. Curieuse de découvrir un nouvel endroit, ses yeux courent partout, scrutent, observent, analysent, s’attardant sur le moindre petit détail.
Blair, elle, s’évertue à regarder droit devant elle, se rangeant derrière la politesse attendue d’une adulte.

« Il est aux abricots, » tente-t-elle de s’égayer lorsque la petite révèle le gâteau (et qu’elle demande visiblement à sa mère à quoi il est).

Mais l’explication ne semble pas la convaincre puisqu’elle s’en éloigne, peu ragoutée, et grimpe à l’échelle de meunier pour disparaître à l’étage. « Elle n’aime pas les abricots ? » s’alarme Blair. « Je savais que j’aurais dû choisir des prunes ! Mais qu’est-ce qu’il m’a pris ? Est-ce qu’elle a compris « abricots » d’ailleurs ? Comment dit-on en espagnol ? »

« Pardon ? » répond Blair, gênée, lorsqu’elle comprend que María lui a posé une question.

Avec l’étrange et désagréable sensation d’être redevenue une petite fille ne saisissant pas des mots d’adultes, elle tangue d’une jambe à l’autre, hésitante et ne sachant que faire.

« D’accord, je m’assois alors. C’est très gentil, merci. Je suis navrée, je ne parle pas un mot d’espagnol… Ann tu as besoin d’ai- »

« Non ! Je monte toute seule sur la chaise. Comme une grande, regarde ! »

Malgré la hauteur des chaises de cuisine, elle s’acharne sans grâce à gravir l’assise jusqu’à être parfaitement installée. Devant la situation, une des cordelettes de rôti retenant sa natte brune gauche a préféré se saisir de l’occasion pour plier bagage.

« Regarde mama, regarde ! » fanfaronne-t-elle.

« C’est très bien, bravo ! » applaudit-elle sans bruit, avec la fierté des jeunes parents. « Je suis désolée pour ce chaos que nous apportons dans notre sillage, » s’excuse-t-elle sincèrement envers leur hôte. « Je voulais simplement… Oh, merci. »

Elle va pour gratter la tâche de farine qui souille sa robe et sent ses oreilles brûler de honte. María a même remarqué la tache. Toute l’expédition est un véritable fiasco.

Par chance (il en faut au moins un peu), une bassine d’eau est prête à l’usage. Les yeux d’Ann s’illuminent. « Oh oh oh oh, non non non. » Blair sent la panique grimper.

« On va faire un jeu, d’accord ? Le but c’est de faire le moins gicler d’eau possible en dehors de la bassine. »

Frustrée, la petite fronce les sourcils.

« Mouai. Et si je gagne ? »

Cette fois, ce sont ses joues que Blair sent brûler. Elle n’ose même pas regarder María.

« On achètera des vrais rubans. »

Ann est prise d’un gloussement de joie et rentre tout doucement ses pieds dans l’eau. L’institutrice soupire de soulagement. Une petite victoire.

« Je suis vraiment, vraiment désolée, » répète-t-elle comme une prière. « Je… Enfin… »

Puis, se souvenant que leur nouvelle voisine ne devait pas comprendre grand chose, elle s’interrompt brusquement, comme piquée par une abeille.
Son regard tombe sur les magnifiques broderies ornant la robe de leur hôte. Elles sont fines et délicates, comme si une araignée s’était attelée à les tisser.

« Votre robe et votre châle sont très jolis, » complimente-t-elle en les désignant.

Elle se force à parler doucement, sans trop savoir si María parvient à suivre. Ann chantonne doucement en frottant ses pieds l’un contre l’autre.

Nouveau blanc.

« Nous - elle se désigne avec Ann - venons d’arriver ici, avec mon euh, mon mari. Et vous ? »

À l’étage, elle entend la fillette farfouiller. Une bénédiction pour qui déteste le silence.




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