Mila était plus que ravie d’accueillir la jeune Joséphine dans son humble demeure – même si pour étre tout à fait honnête, le manoir des Rosenbach n’avait pas grand chose d’humble. Perché sur la colline de Boot Hill, surplombant la ville, la famille du maire étalait aux yeux de tous richesses et splendeurs sans la moindre remise en question. Il suffisait de voir les luxuriants buissons de pivoines de Madame, qui poussaient sous le soleil de plomb de West Esperanza comme si elle se trouvaient dans un jardin anglais, pour comprendre que c’était même tout l’écosystème qui semblait étre différent à cet endroit de la ville.

Ravie d’accueillir la jeune fille en l’absence de ses parents, Mila se fit une joie de lui ouvrir elle-même la porte – sous le regard désapprobateur mais discret du majordome. « Josie, how delighted I am to see you dear… how do you do? », demanda la first lady en offrant une accolade chaleureuse à la douce enfant. A peine se redressa-t-elle qu’une horde de domestiques se jeta sur la plus jeune pour la défaire tours à tours de ses bagages, de son manteau, et de ses gants, dans un tourbillon affolant de serviabilité.

Mais déjà la grande dame avait passé son bras sous celui de la jeune fille, l’invitant à sa suite : « What would you like first? I can show you the gest room if you want to rest a little before dinner time, or you can have tea with me in the sun room… it’s quite lovely at that time of day, and we just received some Darjeeling tea straight from England! », précisa Mila en offrant à celle qu’elle considérait comme sa nièce, un sourire des plus chaleureux. Joséphine n’était pas à proprement dit la nièce de Mila, son père étant le cousin d’Henry et non son frère – mais la matriarche n’en avait que faire de l’ordre de lignée, et était surtout ravie d’avoir une autre jeune fille que Louisa ou Scarlett pour lui tenir compagnie. Les jumelles se montraient bien souvent ingrates lorsqu’il s’agissait de passer un peu de temps avec leur mère, tout comme leurs frères d’ailleurs. Mila avait toujours l’impression de ne jamais passer assez de temps avec sa progéniture.

Ses yeux se posèrent sur la grande bâtisse face à elle alors que la diligence qui venait de l’amener quittait la colline de Boot Hill. Bien qu’elle ait déjà vu de très beaux endroits, Joséphine était quelque peu intimidée par le manoir de la famille Rosenbach ou bien c’était tout simplement par la famille. La brune connaissait bien la mère de famille, Mila, qui avait eu à cœur de l’accueillir à bras ouverts peu de temps après son arrivée. À l’époque, Josie entendait encore son père lui répéter à quel point il était important pour elle de devenir amie avec eux et pourquoi pas envisager d’épouser l’héritier. Mais la jeune femme n’était pas une calculatrice comme son la patriarche Oakley et sa relation avec la famille la plus puissante de Silverstone était totalement dénuée d’intérêt, de son côté en tout cas. Ses parents s’étant absentés pour quelques jours, la benjamine des Oakley allait passer du temps auprès des Rosenbach et elle était contente de pouvoir apprendre d’une femme comme la matriarche Rosenbach. « Mila, merci de m’accueillir. Je vais bien merci et toi ? » Serrant la mère de famille entre ses bras, Josie apprécia ce contact chaleureux dont elle ne se lassait jamais.

La brune laissa les domestiques s’emparer de tout ce qui ne lui était plus utile après avoir mis les pieds dans la demeure et cela la fit sourire. Joséphine remercia chacune des personnes venues l’aider. Les Oakley n’avaient pas autant de personnes travaillant pour eux, mais Joséphine avait déjà été dans des demeures aussi opulentes lors de certaines soirées new-yorkaises. « Oh un thé serait parfait. Je suis curieuse de goûter celui-ci ! Les thés anglais font partie de mes préférés. Puis il serait dommage de ne pas profiter de ce temps. » L’enthousiasme de Josie était indéniable. Chaque moment passé avec Mila faisait partie de ces instants qu’elle chérissait. La brune était une femme pleine d’ambition avec une vie à laquelle Josie aimait croire qu’elle pourrait y prétendre. Son ascension et son mariage étaient un exemple que la brune gardait en mémoire chaque fois qu’elle imaginait son futur. Parfois Joséphine enviait son frère et son cousin, leur vie ne dépendait qu’eux quand elle devait trouver un bon parti, l’amener à lui demander sa main et espérer que leur vie à deux serait une réussite. Si elle prenait trop de temps, elle savait qu’un jour ou l’autre son père trouverait un arrangement pour que son avenir soit aussi radieux que celui qu’il envisage pour elle. « Mes parents te remercient encore une fois de bien vouloir m’accueillir pour ces quelques jours. »

Mila sourit tendrement à Joséphine, appréciant la chaleur de son étreinte. Elle se sentait réellement heureuse d'accueillir la jeune femme dans leur foyer, même si elle savait que la grandeur du manoir pouvait être intimidante pour quelqu'un qui n'y était pas habitué.

« Josie, ma chère, c'est moi qui suis ravie de te recevoir. Comment va ta famille? J'espère que tu as fait bon voyage. »

Les deux femmes marchaient ensemble dans le vaste hall du manoir, Mila guidant Joséphine à travers les corridors luxueux. Les domestiques s'affairaient autour d'elles, réglant les derniers détails pour rendre le séjour de la jeune Oakley aussi agréable que possible.

« Oh, ne t'inquiète pas pour toutes ces formalités. Ici, c'est comme chez toi. » Mila esquissa un sourire complice. « Un thé anglais dans la véranda, c'est une excellente idée. » La matriarche acquiesça, guidant Joséphine à travers les salons somptueux jusqu'à un petit salon baigné de lumière naturelle.

Des tables basses en bois finement ouvragé étaient disposées autour de confortables fauteuils rembourrés. Des plantes luxuriantes ornaient l'espace, créant une atmosphère de sérénité. Les domestiques s'assurèrent que tout était en ordre, apportant des tasses délicates et un plateau avec une sélection de pâtisseries fines.

« Voici notre petit coin de paradis. Installe-toi, ma chère. » Mila indiqua un fauteuil près de la baie vitrée qui donnait sur les jardins bien entretenus et verdoyant au milieu du desert. « Et maintenant, parlons de toi. Comment se passe ta vie à New York ? As-tu des projets excitants en cours ? ». Mila prit place en face de Joséphine, son visage exprimant un intérêt sincère pour la jeune femme qu'elle considérait déjà comme une part précieuse de leur cercle familial.

Mila fit un signe discret à un majordome qui s'avança silencieusement, portant un plateau élégant avec une théière en argent et des tasses assorties. Les arômes délicats du Darjeeling se répandaient dans la pièce, créant une ambiance encore plus accueillante.

« Merci, Gary. » Elle adressa un sourire de gratitude au majordome avant de se tourner à nouveau vers Joséphine. « Oh mais avant Josie, laisse-moi te parler un peu des mœurs ici à Silverstone. La société est à la fois traditionnelle et tissée de subtilités. Les apparences jouent un rôle essentiel, et les relations familiales sont scrutées de près… Les petits potins peuvent se répandre comme une traînée de poudre. », Mila versa soigneusement le thé dans les tasses, avant de continuer. « Mais, ma chère, tu es forte, et je suis sûre que tu t'épanouiras ici à Silverstone. »

Mila reposa ensuite la théière, laissant le parfum exquis envelopper l'atmosphère.

« Bien sûr, il y a des codes sociaux à respecter lors des événements mondains. Les soirées a la Society, par exemple, peuvent être un défi, mais rien que tu ne puisses surmonter et que tu ne connaisses pas déjà chez les Oakley. » Un léger sourire apparut sur les lèvres de Mila, montrant qu'elle parlait avec une expérience et une bienveillance acquise au fil des ans. « Et bien sûr, si jamais tu as des questions ou des préoccupations, tu peux toujours compter sur moi. Les femmes doivent se soutenir mutuellement dans ce monde. »

Mila fixa Joséphine avec un regard sincère, prête à partager son savoir et son amitié avec la jeune femme.