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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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"Only four of us can write" ft. Blair Smith & Hiro Kobayashi
Jacob Kalawai'a
Jacob Kalawai'a
Since : 26/05/2021
Messages : 68
Faceclaim : Lee Byung-Hun
Crédits : lazaefair
DC : Pearl, Maxence et Nadie
"Only four of us can write" ft. Blair Smith & Hiro Kobayashi  3e93eb12c722366e07fa110f5aa13f743b818efa
Age : 44 ans
Statut : Agent de la loi
Job : Adjoint du shérif d'Imogen
Habitation : Une cabane de pêcheur près d'Imogen
Mer 14 Sep - 19:24
Only four of us can write
ft. BLAIR SMITH & HIRO KOBAYASHI


Le ciel commence à s’obscurcir, songe Jacob en soufflant sur son café (un fameux jus de chaussette auquel il a fini par s’habituer). Comme d’habitude, il n’y a pas grand-chose pour s’extasier. L’avenue principale n’est pas très animée, quelques poules picorent la route, un cavalier passe qui ne s’arrête pas, des visages familiers qu’on salue, - et le shérif peut contempler ce spectacle chaque jour identique sans se lasser, depuis des années. Il se balance sur son rocking chair où il économise ses genoux et philosophe, touché par une sorte de grâce de l’âge. Il boit une tasse et ne songe même pas à poursuivre sur le terrain les hommes recherchés du comté. Les chasseurs de prime sont là pour ça. Rien dans le code pénal ne peut l’obliger à se lever de sa chaise avant midi. Bien qu’il l’estime comme un sage, les divagations du shérif se hissant parfois à la prophétie, Jacob est incapable d’autant de méditation.

« Ils ont dit on sera là à dix heures, vrai ? »
Clayton approuve d’un hochement de tête vindicatif.
« Qu’est ce qu’ils branlent... » maugréé l’agent Kalawai’a avant de siroter bruyamment le fond de sa tasse. La cloche retentit, dix heures, et toujours pas de convoi.
Le silence retombe sur l’avenue, un homme descend sur son perron en robe de nuit et commence à hisser la grille de l’épicerie. Bientôt ce petit monde sortira de la messe (une poignée de péquenauds que le pasteur appelle ses habitués) et Imogen s’animera.
« Pourquoi est-ce qu’il faut toujours faire un arrêt à Silverstone quand on traite avec Fort Randall ? » Clayton n’avait pas eu besoin d’attendre longtemps pour que le voile ténébreux qui entoure sa (plus si) jeune recrue ne se déchire et le révèle tel qu’il est : sans mystère, impatient et bavard. « C’est vrai, si tu coupes la voie ferrée juste avant l’embranchement à l’ouest, par la route de la grosse forêt, tu peux arriver au Fort en économisant une demie journée. Je fais comme ça tout le temps ! »

Les lourdes cages de fer remorquées par les robustes chevaux du Fort évitent ce raccourci par crainte des attaques, du terrain accidenté et de la forêt qui empêche de monter la garde correctement. Les convois de prisonniers font une halte à Silverstone où le shérif du coin leur attribue des missions de travail forcé aux quatre coins du territoire. Mais Jacob est trop pratique pour envisager tous les rouages du système. Il n’a jamais été le cerveau.
Alors que les portes de l’église gerbent une petite assemblée de fidèles dans la rue, les deux législateurs arrêtent les commérages car un conducteur s’avance enfin dans l’avenue. Une énorme souricière sursaute à chaque pierre sous la roue, à l’arrière du chariot que conduit un soldat en chemise. Les voilà, les forçats de Fort Randall, à peine trois types aux coins du clapier comme des renards.

« Je ne m’arrête pas » les avertit immédiatement le caporal en lâchant les rennes. « Le chauve et le maigre vont à la scierie, mais le mioche est sous votre tutelle. » Il finit quand même par prendre un café, puis deux, et pratiquement jusqu’à midi. A la fenêtre du bureau, Jacob regarde Hiro Kobayashi, son visage blanc et creusé, le fer à ses chevilles et ses poignets, se tasser comme un animal le plus loin possible de ses compatriotes.

« C'est quoi alors ce jeune ? » demande-t-il au militaire. « Est-ce qu’il peut seulement travailler ? »



***



A ce sujet le caporal a été formel et puis de toute façon personne n’a vraiment le choix. Midi est passé, le convoi est parti avec le chauve et le maigre dans son piège. Jacob ne s’encombre pas de beaucoup de conversation. Kobayashi a les pieds déliés et la clé qui libérera ses mains est au fond de la poche de l’adjoint.

« Aller, suis moi. » Ce disant, il se hisse sur son cheval noir dont il est si fier et s’engage sur le chemin qui quitte le bourg. « Kobayashi, en avant. » Il mène son mustang au pas, à un rythme que l’adolescent peut suivre s’il ne traîne pas. « Je t’emmène à l’école. »

L’établissement a beaucoup souffert des tempêtes estivales et la rentrée des enfants devra se faire au champ. Mais l’institutrice ne peut pas faire classe au grand air pendant tout l’hiver très rude d’Imogen. Le trajet est de quelques centaines de mètres. Jacob apprécie la perspective de faire travailler quelqu’un à sa place en taillant une bavette avec la nouvelle institutrice. D’ordinaire, c’est lui qui effectue ces réparations.

« Alors, Kobayashi, tu connais la menuiserie ? Tu sais monter un mur, fixer des tuiles, déboucher la tuyauterie ? J’espère pour toi parce qu’on a pas vraiment le temps de te financer un apprentissage. » Sa propre blague le fait rire, du haut de son immense cheval. « Nous y voilà. »

Comme il s’en souvient, une grande partie des tuiles a été brisées par une branche pendant la tempête. L’intérieur est infesté de débris, une fenêtre a même éclaté.

« Miss Smith ! Je vous présente mon ami, Monsieur Kobayashi, qui purge une peine à Fort Randall et a souhaité consacrer tout son temps libre à restaurer des lieux d’éducation, pour que les enfants de demain ne fassent pas les mêmes erreurs que lui. » Il sourit, visiblement de bonne humeur.

« Un petit état des lieux et le petit sera prêt à s’y mettre, pas vrai « Hiro » ? »



crédit - ghoest
Jacob Kalawai'a
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Blair Smith
Blair Smith
Since : 07/08/2022
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Age : 35 ans
Statut : Mariée (de circonstances) à Laurie Smith | Mère (d'emprunt) d'Ann
Job : Institutrice à Imogen
Habitation : Un petit appartement dans la rue principale d'Imogen
Mer 21 Sep - 17:45


Only four of us can write

@Hiro Kobayashi @Jacob Kalawai'a


L’école est une ruine. Littéralement. Blair n’a pas besoin d’en faire le tour pour signer son verdict. Elle se dresse sur la pointe des pieds pour constater ce que le shérif lui a déjà appris la veille. Même si elle a été retirée, il est facile d’imaginer la branche qui est tombée sur le toit. Les tuiles brisées lui font comme un lit. L’institutrice jette un coup d’oeil au sapin qui jouxte l’établissement. Il porte les stigmates des tempêtes. Aux endroits où il a été estropié, l’écorce est blanche, vulnérable. Une sève couleur caramel perle jusqu’à sur l’écorce arrachée.
Quant elle a répondu à l’annonce dans le journal il y a plus de trois semaines, elle ne s’imaginait certainement pas avoir besoin d’une formation de menuisier-charpentier pour enseigner.

« Ah et voilà la fameuse fenêtre, » marmotte-t-elle pour elle-même en se rongeant l’ongle du pouce.

La vitre a éclaté. Même l’encadrement a été brisé. D’une main absente, elle effleure le bois du mur peint en blanc il y a longtemps. La peinture s’émiette. Le simple fait de la toucher fait se décoller une écaille longue comme son bras.

« Oh non, non, non, non, » panique-t-elle en tentant de la recoller.

Mais la peinture sèche se désintègre en une multitude de petites paillettes entre ses paumes. Maintenant, le blanc lui colle à la peau et Blair doit gratter en grimaçant.

« Zut ! » jure-t-elle. « Je vais finir de la démolir, moi, cette école ! Ouh, quelle mala - AH ! »

Blair s’accroupit, yeux fermés et mains sur la tête pour éviter le boulet de canon à plumes qui se jette par la fenêtre. Les ailes claquent à côté de ses tempes avant de s’éloigner.
Craintive, elle ose à peine ouvrir ses yeux. Une grosse tourterelle s’est perchée sur la maison la plus proche, à quelques dizaines de mètres. L'oiseau la toise, tête penchée et bec ouvert.
Il y a un nid avec deux petits oeufs blancs sur le rebord de la fenêtre, calé entre deux livres gondolés par l’humidité.
À l’intérieur, une chaise grince brusquement contre le parquet.
L’institutrice tréssaille et recule d’un pas, le coeur au bord des lèvres. Elle a joint ses mains juste sous son menton, dans un geste défensif parfaitement inutile.

« Qu’est-ce que c’est que… Allez, courage Blair ! »

Tremblante, elle s’avance pour regarder à nouveau par la fenêtre. Un nouveau bruit sourd.

« Gnnnih ! » geint-elle en s’éloignant, cette fois définitivement.

Finalement, faire classe dehors ne sera pas plus mal, non ? Les petits pourront respirer le grand air, elle leur montrera les fleurs et les arbres qui poussent autour d’eux…

Un petit bruit mouillé résonne à ses oreilles. Elle baisse les yeux sur son épaule. Puis, sur la tourterelle qui s’est installée sur le toit de l’école.

« Oh non ! » se plaint-elle en fouillant dans sa sacoche. « Mon mouchoir… Où est-ce que je l’ai mis… ? Ouuh et toi ! Promis, si je t’attrape, je te tords le cou et je te transforme en ballottine ! »

La tourterelle roucoule en ébouriffant ses plumes. La volaille sait qu’en plus de n’avoir aucun talent culinaire, Blair n’a aucune compétence en chasse ; elle ne risque rien.

Enfin, son mouchoir (mal) brodé par ses soins des initiales « BB » finit par sortir du fond de son sac. Tout son visage se crispe tandis qu’elle entreprend de se nettoyer ; la fiente est tiède. Elle ferme fort les yeux et penche sa tête en arrière, tournée vers le ciel grisâtre.

C’est à ce moment précis qu’elle entend des pas derrière elle et une voix l’interpeller. « Pourquoi est-ce toujours au pire moment ? » pleurniche-t-elle en frottant à qui mieux mieux en tirant sur son chemisier.

L’adjoint du shérif - un jeune homme très bien (enfin du peu que Blair l’a côtoyé, elle l’a trouvé très bien) - et un garçon se présentent, chapeau levé à son approche. « J'ai bien frotté, ils ne devraient rien voir, non ? » s'inquiète-t-elle en ajustant son haut. Elle a une grosse tache sur l’épaule.
Peu de temps après son arrivée, l’adjoint lui avait appris que c’était lui, généralement, qui s’occupait des travaux généraux dans le village. Aussi la nouvelle institutrice n’est pas étonnée de le voir. « Il est peut-être venu avec son fils ? Quelle bonne nouvelle ! Nous ne serons pas trop de trois ! »
Néanmoins, son enthousiasme d’être aidée se fane lorsqu’elle entend les mots « purge une peine ». Un hors-la-loi ? Elle se sent blêmir derrière son sourire.

« Oh bonjour monsieur l’adjoint ! Enchantée monsieur Kobaya… shi ? »

Elle l’a bien prononcé ? C’est bien ça, son nom ? Quant à celui de l’adjoint du shérif Cogburn, ne l’ayant entendu qu’une ou deux fois, elle préfère s’abstenir plutôt que de risquer de froisser un égo dont elle ne connaît pas encore la grandeur.
Son regard tombe sur le repris de justice. Maintenant, elle remarque ses mains entravées qu’il tient serrées contre son ventre. « Comme il est jeune ! » songe-t-elle, surprise, en le détaillant de pied en cap. Quatorze ans ? Peut-être un peu plus ?
Il a le visage à peine nettoyé de nuit. Des cheveux noirs, droits comme la justice, tombent en bataille devant ses yeux en amande. Il a des joues creuses et des pommettes hautes. Ses épaules voutées et son regard fuyant lui donnent des allures d’animal aux abois. Un bruit trop fort et Blair n’a aucun mal à l’imaginer détaler dans les bois. Son allure lui brise le coeur, mais elle se rappelle également les raisons de sa présence ici. Ce garçon a été arrêté. « Et si c’était un meurtrier ? » s’affole-t-elle. « Oh, doux Jésus, dans quoi suis-je encore tombée ? » Elle fourre son mouchoir souillé dans sa sacoche.

« Nous allons donc passer du temps tous les trois aujourd’hui ? » « Pitié dites-moi que vous restez monsieur l’adjoint… Ne me laissez pas seule avec un meurtrier ! » « Et je ne me suis même pas présentée, quelle gourde… Je suis Blair Smith, je viens d’arriver à Imogen et je suis la nouvelle institutrice ici. »

L’ex miss Bell hoche la tête et tend la main à l'adolescent.

« C’est que, je n’ai pas encore… Je veux dire que je ne suis pas encore rentrée dans l’école. Vous voyez ? » Elle désigne la porte, barrée par l’encadrement qui s’est effondrée de biais. « J’ai bien essayé de dégager tout ça, mais je n’ai récolté que quelques échardes. »

Elle jette un regard à ses doigts. Il y en a une qu’elle n’a pas réussi à retirer, en dépit de maints geignements et efforts.

« Oh et… » Elle se rapproche d’eux pour pouvoir parler plus bas. « Il doit y avoir quelque chose dedans… Un raton-laveur, peut-être ? J’espère que ce n’est pas un putois… » Elle jette un bref coup d’oeil vers l’oiseau qui les observe toujours, perchée sur le toit de l’école. « Il y a du travail, en tout cas. Une branche est tombée sur le toit et une fenêtre est cassée, par là-bas. Il faudra faire attention, il y a un nid. Vous pouvez aller jeter un oeil si vous voulez, monsieur Kobayashi ? »

Elle toussote, ouvre la bouche, hésite, se triture les doigts, observe l’adolescent s’approcher de la porte, estime la distance, ouvre la bouche à nouveau :

« Mmh, ce n’est pas très bien de demander cela, je crois, mais… Qu’a-t-il fait, ce garçon ? Il a l’air si jeune. »

« Pitié pas un meurtrier, pitié pas un meurtrier, pitié pas un meurtrier, » supplie-t-elle mentalement en regardant la tourterelle.





________________

And now that you don't have to be perfect,
You can be good
Blair Smith
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Hiro Kobayashi
Hiro Kobayashi
Since : 17/08/2022
Messages : 24
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Lun 26 Sep - 17:48
Alors que la cariole ferrée roulait, le petit Hiro tentait d’observer le paysage à travers les barreaux, toujours plus confus par les étendues qu’il traversait ! De plaines désertiques et arides, péniblement peuplées par quelques coyotes et tatous, ils arrivaient maintenant à l’intérieur d’une région boisée, forestière, si belle et pleine de vie que le jeune Japonais avait encore du mal à croire qu’il se trouvait toujours sur le même continent. Décidément pensait-il, la variété et a beauté des territoires Américains n’auraient jamais de cesse de le surprendre…

En revanche le traitement qu’on lui infligeait lui n’avait rien de surprenant et encore moins d’agréable ! Le fait qu’on l’ai tenu jusqu’à maintenant à l’écart des vrais travaux de force avait au moins eu le mérité d’épargner sa peau et la couleur de son pyjama rayé, mais encore quelques semaines et il serait aussi sale et puant que n’importe lequel de ses compagnons de ses congénères bagnards. Une chose à laquelle il continuait d’échapper aussi, c’était les courbatures qu’ils se tapaient tous à force d’effectuer les travaux les plus compliqués et inconfortables ; ce que lui avait fait pour occuper son temps à Silverstone n’avait pas grand-chose à voir… Ce point risquait cependant de changer si ils étaient encore dans cette carriole dans quelques heures… les quelques deux ou trois mètres cubes qu’ils avaient pour trois les contraignaient à passer leur voyage dans des positions très inconfortables… Le seul avantage de cette configuration était que de cette manière, ils ne pouvaient pas se venger du "fayot" comme ils s’étaient mis à l’appeler : trop peu de place pour se battre là-dedans ! Et de toute manière leurs fers empêchaient efficacement de lancer un coup de poing ou un coup e pied (sans doute le but de la manœuvre d’ailleurs).

C’est donc après un long et éprouvant voyage que les trois forçats arrivèrent enfin en vue du petit village forestier où ils allaient devoir purger leur peine aujourd’hui. Rien à voir avec Silverstone sur le coup ! Cette petite communauté bien modeste ne semblait pas atteindre la centaine d’habitants, du moins c’était ce que pensait Hiro en voyant les quelques bâtiments de loin. Modeste ou pas cependant, il fit bien vite la connaissance du sheriff et ce dernier ne tarderait pas à le distinguer des autres rayés… En effet, encore bien peu habitué aux fers qui entravaient le moindre de ses mouvements, Hiro manqua de peu de s’étaler par terre comme une crêpe au moment de descendre ! Il n’avait dû son salut qu’un barreau providentiel qui l’aida à conserver le peu d’équilibre qui lui restait.
Après quelques rires mesquins des autres bagnards auquel il ne preta guère attention, il se mit en rang avec les autres avant que leur assignation pour le jour ne leur soit enfin dévoilée. Bienheureux de voir enfin ces vilaines manicles se désolidariser de ses chevilles, Hiro tendit ses mains dans l’espoir (brièvement étouffé) de les voir s’enlever de là aussi. C’est donc toujours en regardant ses pieds qu’Hiro entendit la déclaration du sheriff qui lui fit écarquiller grand ses yeux. A l’école ? Allaient-ils lui offrir un cours particulier ? Si ses pupilles n’étaient pas braques sur le sol, c’était une confusion extrême teintée de reconnaissance qui aurait put se lire dans le regard du jeune asiatique… Une reconnaissance qui s’estompa bien vite quand il fut amener à suivre le sheriff trottant sur son cheval… Lui qui avait toujours adoré courir pieds nus dans la forêt, quelle aubaine dites !

- Heu… Oui sir…
Hiro eu voulu rappeler peut-être au sheriff qu’il était pieds nus, mais étant donné que l’homme de loi n’en avait vraisemblablement cure, il préféra garder sa bouche bien fermée et subir. Hiro souffrit donc en silence sur le chemin, faisant autant d’efforts pour éviter les pommes de pin que pour garder le rythme de son bourreau avant que ce dernier ne finisse par lui révéler ses véritables intentions. La confusion disparut alors du visage de Hiro pour être remplacée par une pointe de déception. Une déception d’autant plus forte quand il s’amusa à le narguer en disant qu’en gros, il allait bien devoir se démerder comme il pouvait. Tandis qu’intérieurement le garçon se demandait comment ce type pouvait prendre la crevette qu’il était pour un menuisier, il répondit entre deux respirations saccadées.
- Non… Pfff…. Non sir, je sais pas faire ça… Je suis désolé pfff…. Sir. Mais je vais pffff… Je vais faire de mon mieux sir…
Pourtant, Hiro n’était pas de nature à rechigner devant le travail, et en plus, l’idée de rénover une école pour les enfants de la ville se vendait comme un projet suffisamment valorisant pour qu’il soit au moins fier d’y participer (même forcé), mais vu la manière dont démarrait les choses aujourd’hui, il n’avait pas l’envie de placer la barre de ses espérances trop hautes de peur de se voir déçu.

Une fois sur place, Hiro s’inclina légèrement et respectueusement face à l’institutrice afin de la saluer, mais il garda sa tête bien baissée quand l’adjoint le présenta comme un "cas d’école" de ce qu’il ne fallait pas faire. Hiro n’était pas fier le moins du monde de porter cet uniforme rayé et se voir rabaisser un peu plus ne fit qu’ajouter encore un peu à la honte qui imbibait chaque fibre de l’être du jeune Japonais… Vivement que sa peine se termine…

C’est donc une fois de plus sans oser relever sa tête que le garçon écouta d’une oreille semi-attentive la discussion entre les deux personnes. De toute manière, son statut de prisonnier ne l’autorisait pas de participer à la conversation si on ne lui posait pas une question ou qu’il n’était pas sollicité, cela ne favorisait pas le dialogue !
Lorsque vînt enfin le moment qu’on lui retire ses manicles et sur l’invitation de Mrs Smith, Hiro posa ses yeux sur l’école qui avait besoin de rénovations tout en espérant que ce raton-laveur/putois dont elle palait ne se soit que fraîchement installé dans les lieux… Malheureusement pour lui, c’était loin d’être le cas et il laissa échapper un hoquet de stupeur en voyant l’état lamentable de l’école face à lui. Ce n’était pas de rénovations dont cette bâtisse avait besoin ! C’était de tout raser et tout reconstruire oui ! Quelle épave ! Et pourtant, il avait connu les ghettos de San Francisco, c’est dire !
Silencieux, bouche bée à s’imaginer la masse de travail que cela allait représenter, le garçon se tourna en grimassant vers le sheriff et l’institutrice.

- Heu… Matricule 10325 sir, demande l’autorisation de parler sir.
Si l’officier lui laissait le droit de l’ouvrir, le garçon ne se priverait pas de l’opportunité pour exprimer aussi poliment que possible sa façon de penser :
- Pardonnez-moi sir, mais il me semble que cet endroit est très… Abîmé… Et je ne sais pas comment je peux faire pour la réparer, sir. Je ne cherche pas à m’échapper de ma responsabilité sir ! Mais ne serait pas-t-il mieux de demander à quelqu’un de plus compétent que moi ? Je suis apeuré de faire du mauvais travail, sir… En tout cas si je suis pas un peu au moins guidé, sir.
En vérité, Hiro n’avait pas envie de refuser ce travail : réhabiliter une école, c’était une tâche valorisante ! Mais il fallait se rendre à l’évidence : il était totalement incapable de faire ce travail de lui-même ! C’est à peine si il savait de quel côté tenir son marteau quand il avait cassé des cailloux pour la première fois, alors faire de la maçonnerie…
Si le sheriff l’avait autorisé à parler, il attendrait sa réponse avant de s’éloigner du couple pour essayer, en profane, faire ce fameux état des lieux que le sheriff (ou était-ce l’adjoint ? Il s’y perdait…) lui demandait de faire. Si il lui avait refusé la parole, ce n’est qu’un peu plus frustré qu’il s’en serait aller démarrer son travail, laissant au sheriff l’opportunité de répondre à la question de l’institutrice.

Hiro Kobayashi
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Jacob Kalawai'a
Jacob Kalawai'a
Since : 26/05/2021
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Jeu 12 Jan - 19:10
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ft. BLAIR SMITH & HIRO KOBAYASHI


Un sourcillement dubitatif trahit ce que Jacob pense de l’argumentaire du forçat : ce sont des jérémiades. Quand il avait son âge, il y pensait déjà sur la route alors que l’adolescent pressait les points de côté sous ses bras, Jacob ne rechignait pas autant devant le labeur. A dix huit ans et pour une bouchée de pain, j'aurais construit une école tout seul, songe le jeune shérif d’humeur très paternaliste.

Sans qu’il s’en rende compte, ses yeux ont glissés exactement là où il voulait éviter de les mettre. Juste au-dessus de la poitrine de Miss Smith, sur la tâche de fiente graisseuse qu’elle a bien étalé avec son mouchoir. Il échange avec la jeune femme un bref regard perdu. Tout à coup, réalisant que le silence qui se suspend attend une réaction de sa part, l’adjoint se gratte la joue et lève le nez vers l’école en ruine.

« Vous avez bien fait de ne pas rentrer là d’dans, Mademoiselle Smith, on ne sait jamais ce qu’on peut trouver à l’intérieur. La charpente doit être abîmée, il pourrait y avoir des chutes. C’est très dangereux. Hiro va y aller. »

D’un geste empressé, il encourage Kobayashi et l’institutrice à le suivre en marchant autour du bâtiment.

Au fond, le gringalet a raison. Il faudra mobiliser plus de moyens, au moins pour dégager l’arbre. Avec ses petits bras maigres, on imagine mal sa recrue du jour faire rouler le sapin hors du toit tout seul.
Jacob bavarde en cherchant une entrée (une issue tout du moins), les mains dans le dos. Heureusement pour lui, Blair ne fait que parler. Ses inquiétudes à l’encontre du prisonnier laissent enfin au flegme polynésien une chance de s’exprimer.

« Lui là ? » Il en profite pour surveiller Hiro du coin de l’œil, pas du tout soucieux qu’il écoute ou pas leur conversation. « Rien de méchant, c’est juste un petit voleur. » Le caporal du fort lui a déjà fait le topo et à la fin de la triste histoire abrégée d’Hiro Kobayashi, les trois hommes dans le bureau du shérif ont pris une longue gorgée de café malaisé et sont passés au sujet suivant. « Hé gamin, explique à Miss Smith pourquoi t’es habillé en zèbre. Tu lui fais peur. »

Son inspection zélée le conduit à une petite porte de derrière que les mains délicates de l’institutrice n’ont pas su repousser de plus que quelques centimètres. Elle donne sur un grand débarras où les enfants laissent leurs affaires.
Avec l’orgueil d’un mâle face à un pot de cornichons scellé, Jacob fait signe à ses compagnons de prendre un peu de recul et laisse de côté toute règle de sécurité où qu’elle soit.

« Je vais pas vous faire l’offense de passer par la fenêtre, Mademoiselle Smith, laissez-moi juste... » Il prend un peu de distance, jauge la porte bloquée comme un adversaire et s’élance. Au bout de quelques tentatives forcenées, le battant cède, juste assez pour qu’un humain de la taille d’Hiro Kobayashi puisse passer. Des décombres de poutres et de mobiliers s’entassent juste derrière.

« On va commencer par débarrasser les débris, jette toute la merde dehors, Matricule 135. » Son ton ne laisse pas vraiment le choix et Jacob s’écarte pour laisser à Hiro la place de se faufiler. « On va tout sortir, les tables, les chaises, et voir ce qu'il reste à sauver. » Ce n’est pas comme si tous les petits élèves de Miss Smith venaient à l’école tous les jours ni qu’ils avaient une table individuelle. L’école est un dossier encore très secondaire dans les plans municipaux.

« Venez avec moi Miss, peut-être qu’en brisant les carreaux d’une fenêtre je pourrais voir la salle de classe et débloquer la porte de l’intérieur. »

Il lance un dernier avertissement à Hiro « Attention à la moufette ! » Puis, reprenant son étude du périmètre d’un pas tranquille aux côtés de l'institutrice, il enfonce les mains dans ses poches. Puisqu’aujourd’hui la météo est jolie, qu’on lui a gentiment prêté assistance pour la journée, l'homme de loi a envie d’en profiter pour badiner un peu.

« Mmh, ce n’est peut-être pas très bien de demander cela mais...qu’est ce qui vous amène dans cet endroit horrible, Mademoiselle Blair ? »
Il essuie le coude sa veste avant d’enfoncer un carreau de fenêtre déjà brisé, un sourire paisible aux lèvres.
« Je peux vous appeler Blair ? »




crédit - ghoest
Jacob Kalawai'a
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Blair Smith
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Mer 18 Jan - 22:35


Only four of us can write

@Hiro Kobayashi @Jacob Kalawai'a


Tandis qu’il détaille l’école, le prisonnier affiche le même air qu’ont certains élèves dont les branches de l’arbre généalogique sont un peu trop noueuses. L’oeil est vide, la mâchoire tombante et l’expression parfaitement ahurie. Une moue guère éloignée, finalement, de celle de Blair lorsqu’elle avait elle-même découvert la ruine il y a une quinzaine de minutes.
Sa bouche se tord en une grimace de gêne compatissante. « Je sais, je sais ! » a-t-elle envie de hurler. « C’est une véritable catastrophe ! » Comme pour lui répondre, un vent tiède vient secouer la bicoque qui hurle comme une une vieille dame souffrant d’un lumbago.

Le garçon est plus prompt qu’elle à exprimer sa détresse. Il préfère le qualificatif « abimé » à « catastrophe » ; un euphémisme dont la politesse manque d’étrangler l’institutrice d’émotion. Il a l’air d’être si brave ! Ce n’est pas un meurtrier, ça, non, non. Blair connait peu d’assassins (aucun), mais elle est sûre d’elle : un jeune homme qui s’exprime ainsi n’est ni un braqueur de banque, ni un cruel bandit. Une vision stéréotypée qui aura graissé le fond de l’assiette de bon nombre de croques-morts (c’est fou ça, la naïveté de ces bêtes-là, les aurait-on entendu dire au-dessus du cadavre violacé d’une greluche ou d’un greluchon qui n’avait visiblement pas vu plus loin que le bon de son nez).

Le regard de Blair se pose, plein d’espoir, sur l’adjoint du shérif. Il pourra sûrement aider l’adolescent ! Mais les yeux de l’adjoint, eux, sont posés sur sa poitrine.
Madame Smith n’a pas besoin de baisser le nez pour comprendre. « Oh non, la fiente ! Il l’a vue ! » Elle sent ses joues brûler du rouge qui se répand sur sa peau claire comme une tâche d’encre imbiberait un buvard.

Alors qu’elle s’apprête à se lancer dans un mensonge vaseux (c-ce n’est pas du tout une crotte, mais de la pâte à gâteau), l’homme de loi se concentre à nouveau sur le bâtiment effondré, détournant son regard ennuyé avec élégance, sans aucun commentaire de plus. Intérieurement, Blair le remercie chaleureusement.  
Puis, elle jette un regard désolé vers le prisonnier qui n’en mène pas large. « Il pourra peut-être au moins sortir le raton-laveur… Oh, pauvre petit. »

« Oh non non non non, » s’empresse-t-elle d’ajouter à la suite de monsieur l’adjoint tandis qu’ils rôdent tous les trois autour de la carcasse de l’école jusqu'à une porte aux gonds rouillés. « Je n’ai pas peur du tout ! » Elle ment. « Je suis très curieuse et très impolie, voilà tout. »

Le visage toujours haut en couleur, elle se sent pourtant plus légère. Un simple voleur. À la bonne heure ! Elle n’a rien sur elle de plus qu’un vieux mouchoir mal brodé plein de fiente. « Je le savais, » se félicite-t-elle intérieurement. « Trop poli pour être malhonnête. J’ai toujours très bien su juger les gens. »

« Oh, faites attention, je vous en pr- »

La voix de Blair se perd dans un hoquet de surprise alors que l’adjoint s’écrase contre la porte dérobée. L’ongle du pouce croqué entre ses dents, l’institutrice observe anxieusement la silhouette branlante de l’école qui vacille sous les assauts du charpentier de secours. « Oh Seigneur, tout va se casser la figure. » La jeune femme est blême, mais comme dans toutes les situations d’urgence demandant une réaction immédiate, elle se contente de rester abasourdie, les bras ballants et les yeux écarquillés (comme les poupées de cire de cette femme anglaise dont les dessins dans le journal il y a quelques années lui avait fait forte impression).

Finalement, dans un dernier couinement, la porte cède assez pour laisser Hiro se glisser dans ce qui ressemble à un débarras. Une odeur de renfermé et d’humidité lui fait froncer le nez tout en lui rappelant la cabane du couple Hutin, à Sunshine. À cause de la pneumonie chronique de la vieille dame, toutes les fenêtres avaient été calfeutrées et ce si bien qu’aucun air frais ne pénétrait jamais chez eux. Blair leur livrait des légumes, sur la fin.
La silhouette du prisonnier disparaît derrière ce qui ressemble à un placard qui s’est affaissé.

La jeune femme n’a pas le temps de plus se tourmenter (et si le toit s’effondre alors qu’il est dedans ?!) qu’elle doit emboîter le pas à l’adjoint qui chemine, tranquille, à la recherche d’une autre ouverture. Son flegme attire autant l’admiration que l’inquiétude de l’ex miss Bell.
Elle a un sourire entre crispation et gêne lorsqu’il lui emprunte sa précédente amorce de question. Intérieurement, elle se liquéfie. « Il se moque, c’est ça ? J’ai été maladroite ? »
Comme si cela ne suffisait pas, sa torture est rassérénée par une nouvelle bûche jetée dans le foyer de sa gêne perpétuelle lorsqu’il prononce son prénom.

« Oh euh… O-Oui oui, bien sûr, monsieur l’adjoint, » bredouille-t-elle. « C’est plus convivial, n’est-ce pas ? Les enfants à Sunshine m’appelaient Mademoiselle Blair aussi. »

Un rou-rou menaçant lui fait d’instinct lever les yeux. La tourterelle s’est déplacée : elle ne la voit plus.  

« Horrible ? » s’étonne-t-elle. « Je trouve qu’Imogen est une ville tout à fait charmante. Il y a de l’activité, du passage… J’ai déjà rencontré quelques voisins, toutes et tous très avenants, gentils comme tout. Non, vraiment je n’ai pas à me plaindre, bien au contraire. »

Elle passe bien sûr sous silence le regard acerbe et les claquements de langue mécontents de madame Johnson qui ne manque jamais une occasion pour lui rappeler à quel point elle est bruyante et qu’elle dérange. Instinctivement, elle rentre les épaules en songeant à son air exaspéré si elle la voyait (à nouveau) crottée et prise de logorrhée.

Mais si Blair est une pipelette malgré elle, c’est également la menteuse la moins habile du comté (encore un euphémisme de politesse).
Il se trouve que, depuis son arrivée à Imogen, personne ne s’est montré assez curieux pour s’enquérir auprès d’elle des causes de son déménagement. On préfère demander à Laurie. Plus charismatique et empreint d’une irrésistible nonchalance, on ne voit généralement que lui et ses paroles sont bues comme si elles étaient faites de l’eau la plus pure au beau milieu du désert. À côté de lui, Blair ressemble à une gamine un peu bêbette et satisfaite de son rôle de papier peint un peu jauni.
De fait, elle s’est toujours tirée de l’explication de leur accostage sur le Grand Ouest à coup de mutisme souriant et de hochements de tête enthousiastes.

« Oh eh bien… C’est une longue histoire, vous savez… Je n’aurais pas envie de vous ennuyer avec tout ça, vraiment il n’y a rien de très intéressant. » Mais enfin, c’est carrément suspicieux ! « Rapidement, alors, d’accord ? » Rire gêné. « Enfin, rapidement, vous avez sûrement déjà constaté, je parle, je parle et je ne m’arrête plus, c’est dramatique, n’est-ce pas ? » Tu t’enfonces, là ! « Enfin bref, mon mari - vous lui avez peut-être déjà parlé ? Laurie Smith ? - enfin, mon mari est psychiatre. » Un mot dont elle n’aurait jamais soupçonné l’existence il y a quelques semaines.

Il y a un petit silence, comme si le simple dévoilement du métier de Laurie suffisait à expliquer toute l’histoire.

« Oui et donc il est psychiatre, » reprend-t-elle en regardant partout si ce n’était l’adjoint « et il écrit une thèse. Il m’a dit l’intitulé… C’est mmh… Je le sais, en plus… » Si tu ne t’en souviens pas, tu seras suspecte, évidemment ! Et s’il découvrait que vous n’êtes pas mariés depuis un an, mais que depuis quelques semaines ? Et que tout ça, c’est du pipeau ? Qu’en réalité tu cherches Sam ? Sam qui est une hors-la-loi ! Oh Jésus et si tu le mettais sur sa piste ? Par ta faute ? Même Laurie ne le sait pas !

L’idée soudaine de perdre non seulement sa liberté (on l’arrêterait pour ça, bien sûr), mais cette famille reconstituée et cousue de gros fil creuse un trou béant de désespoir dans ses tripes.

« Sur l’hérédité-dégénérescence ! Ça m’est revenu d’un coup ha ha. » Tais-toi maintenant, c’est trop !

Nouveau silence.

« Et donc, c’est l’hôpital de New York qui l’a envoyé étudier ici. Alors comme nous sommes mariés, je l’ai suivi. Et Ann aussi, bien sûr. Et voilà toute l’histoire ! »

Révérence. Sourire. Applaudissements. Rideaux.

« Il sait tout. C’est sûr. » La fatalité ne parvient pas à gommer son rictus de circonstance.

« Et vous depuis combien de temps êtes-vo- »

Un grand fracas dans l’école la fait glapir de surprise.

« Monsieur Kobayashi ? » s’inquiète-t-elle à travers la vitre brisée. « Monsieur Kobayashi ? Est-ce que tout va bien ? C’est la moufette, c’est ça ? Vous l’avez eue ? »





________________

And now that you don't have to be perfect,
You can be good
Blair Smith
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Hiro Kobayashi
Hiro Kobayashi
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Mer 8 Fév - 17:53
Face à la fermeté du regard de l’adjoint du sheriff, l’adolescent perdu encore un peu de sa motivation déja faible à l’idée d’effectuer ce travail… En un mot comme en cent, cela ne semblait pas important à ses yeux qu’il puisse travailler correctement, ou même que le rendu final soit capable d’accueillir la classe prévue ! Non… Ce qui l’intéressait, c’était qu’il bosse ! Parce qu’il portait un pyjama rayé, Hiro devait travailler dur en punition et point barre ! Qu’importe la qualité du travail final ou son utilité, ce n’était pas uneconsidération… La seule considération, même dans ce cas-là, c’était qu’il morfle.
Et pourtant, après quelques mois passés au pénitencier, Hiro s’était habitué aux travaux pénibles et sans intérêt ! Après tout, quand lui et ses co-détenus n’étaient pas réquisitionnés pour un travail extérieur, leur seule activité consistait à créer du gravier à longueur de journée, à la seule force de leur masse. D’accord, les routes ont bien besoin d’un revêtement, mais Hiro ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il devait y avoir des moyens de production plus efficaces que de leur faire casser des cailloux…

Mais qu’importe les considérations d’Hiro (elles n’avaient aucune valeur de toute façon), le but du jeu allait d’être d’utiliser ses muscles, non son cerveau. C’est donc déçu et résigné que le jeune bagnard se mit au travail, essayant de décrocher du mur une planche pourri qui servait autrefois d 'encadrure de fenêtre. Pendant qu’il travaillait, le détenu laisse traîner son oreille pour écouter la discussion de ses deux geôliers du jour. Bien évidemment, la question de l’identité de l’heureux explorateur qui aurait le plaisir de pénétrer dans la bâtisse en ruine en premier devait être déterminée… Et ça ne fit pas un pli, il était désigné comme volontaire ! Même pas une brève vérification de l’état de l’état des murs ou charpentes, non… Il devrait foncer tête baissée. Même s’il s'attendait à cette réponse à la base, Hiro ne put s’empêcher de rouler ses yeux dans ses orbites…

Hiro lâcha donc sa planche de bois pourri et rejoignit ses deux accompagnants, prenant grand soin d’éviter les chardons et autres joyeusetés avec ses pieds toujours nus. Cependant, tout concentré qu’il était, il ne put ignorer l’adjoint lorsqu’il lui demanda d’expliquer son statut de détenu à la demoiselle. S’arrêtant d’un coup, Hiro était stupéfait par la question, et la complétion polie de Blair ne fit que le rendre encore un peu plus incrédule face à ses geôliers. Cela faisait tellement longtemps qu’on ne s’était pas adressé à lui pour lui demander son matricule ou lui adresser un ordre, il était pris au dépourvu. De plus, la grande politesse de demoiselle face à lui ne manqua pas de lui faire penser à sa propre politesse Nippone, une politesse qu’il n’allait pas tarder à rendre.

- Oh… Je vous rassure Ma’am, je ne rien de violent : j’ai eu le déshonneur de me livrer au vol d’une boîte de haricots… J’avais faim… Ma’am…
Hiro grimaça en repensant à cet épisode… Un épisode de sa vie qu’il aurait pu bien plus mal se finir pour lui qu’une condamnation à la prison… Mais depuis le temps, il avait cependant fini par accepter sa sentence : même si elle avait probablement été motivée par le racisme du juge et la radicalité des habitants, elle n’était pas moins appropriée pour sanctionner son geste… Un geste qu’il avait d’ailleurs bien trop souvent effectué aux il était jeune dans les ghettos de San Francisco ! Donc même si sévère pour une boîte d’haricots, sa condamnation était cependant bien justifiée à sa yeux au vu de ses crimes passés ! Était-ce un coup du sort, le karma ? Le destin ? Ou un simple hasard ? En attendant ça ne sortait pas de nulle part à ses yeux et au moins, quand il sortirait, il serait en règle avec la justice, en bas comme en haut. Cette pensée lui redonna le sourire et il termina sa phrase sur un ton plus joyeux, cherchant à éviter la pitié.
- Bien… Au moins maintenant, j’ai moins faim, c’est au moins le petit avantage ma’am. Aha !
L’humour, ce n’était pas forcément quelque chose qu’Hiro utilisait très souvent, mais au moins
Le sourire d’Hiro n’était pas simulé quand il répondait à Blair : même si ce n’était pas forcément pour cette raison qu’elle lui avait posé cette question, cela faisait tellement longtemps que personne ne s’était pas un minimum intéressé à lui que même cette brève question était une opportunité bienvenue pour être, ne serait-ce qu’une brève seconde, un peu plus qu’un bagnard anonyme.


Ce moment de considération ne dura pas longtemps cependant alors que l’adjoint commençait à vouloir défoncer la porte de cette école bringuebalante. Le jeune garçon le regarda faire une seconde avec des yeux ahuris, terrifié à l’idée qu’il ne fasse s’effondrer la bâtisse toute entière ! A ce stade, Hiro s'attendait à moitié qu’il ne décide soudainement de finir la porte à coups de boule : la subtilité semblait être une notion étrangère à l’adjoint.
Le bagnard observa donc le type faire, arrachant au passage le linteau de la porte, ajoutant donc à la longue liste des choses à remplacer. Après une brève seconde de silence, Hiro se permit un commentaire.

- Sauf votre respect sir, si le programme c’est de péter tout ce qui nous résiste… On peut toujours tout raser et reconstruire de zéro, sir…
Hiro tenta un petit rire pour atténuer la portée critique et sarcastique de sa phrase… Si ça ne fonctionnait pas, il ne tardera pas à baisser ses yeux en soumission et s’excuser, histoire d’éviter de s’en prendre une trop violente…

Et puis finalement, c’était le grand moment ! Exploration… Pour lui seulement, le sheriff et la professeur se reposaient… Le sheriff l’appela le matricule 135, confusant Hiro une seconde avant qu’il ne baisse les yeux, se rendant compte que le petit rectangle de coton épinglé à sa poitrine qui renseignait son matricule était à moitié caché par les bretelles à boutons qu’il portrait. Ne considérant pas une seconde que cela pouvait être une erreur volontaire de la part du sheriff, le garçon prit la parole pour le corriger.

- Sauf votre respect sir, le matricule qui m’a été attribué est le 10325, il n’est pas très lisible, je suis désolé pour cela sir.
Hiro souleva alors sa bretelle gauche pour dévoiler son matricule dans son intégralité. en fait, ce n’est qu’à cet instant qu’il réalisa que “dix-mille trois cent vingt-cinq” était peut-être juste trop long et pénible à prononcer pour lui… Ce n’était pas forcément hors personnage vu ce qu’il avait vu jusqu’à maintenant. Appréhendant un peu une réaction hostile, le garçon proposa la chose suivante plein d’appréhension.
- Vous… Pouvez aussi m’appeler “Hiro” si vous le souhaitez sir, c’est mon prénom, sir.

Cette petite remise à plat faite, Hiro se lança donc à l’exploration de cette cabane en ruine qu’on appelait une école ! Prenant garde à ne pas s’écorcher sur le verrou rouillé et éclaté de la porte (un tétanos est si vite arrivé…), le garçon dû malgré tout faire preuve d’une grande prudence pour ne pas y laisser des morceaux de son uniforme… On allait pas lui en redonner un nouveau s’il le déchirait ! Il en prenait donc le plus grand soin… Peut-être même plus que la plupart des autres détenus du pénitencier où il séjournait !
Une fois de l’autre côté, un écho lui parvînt qui le figea sur place, blanc de peur et de dégoût.

- Une… Une… Une moufette ? Comment ça une moufette ?!
Les salauds ! Ils s’étaient bien gardés de lui dire ça ! De la vraie saloperie ces trucs ! Apparemment, il y avait aussi une probabilité pour que ce soit un raton-laveur… Hiro ne savait pas vraiment ce qu’il préférait… C’était juste 10 fois plus agressif la deuxième solution… Et justement, quand on parle du loup…

Dans les secondes qui suivirent, Blair et Jacob entendraient le cri de surprise aiguë de l’adolescent, uniquement suivi d’un bruit de fracas constant, entrecoupé de quelques couinements animaux et insultes vociférées en Japonais.
Cette situation dura une bonne dizaine de secondes avant qu’une poilue et rayée comme le bagnard ne passe finalement à toute vitesse par la fenêtre (réglant par la même le souci de comment briser cette dernière…) ! Dès qu’il eut touché le sol à l’extérieur, la boule de poils (finalement un raton-laveur) sembla comprendre qu’il était tombé sur plus fort que lui et prit ses jambes à son cou, direction la forêt tandis qu’un Hiro couvert de petite traces de griffures vociférait à la fenêtre en levant le poing.

- (Japonais) C’est ça ! Fous le camp, saloperie ! Et t’avises pas de revenir, parce que je te transforme en toque de trappeur !
Le jeune détenu dut prendre quelques secondes pour se calmer, posant ensuite ses yeux à travers la fenêtre sur Blair et Jacob.
- Oui je l’ai eue Ma’am… Et… C’était pas une moufette du coup… Ma’am…

Après ce petit interlude, le véritable travail commença alors. Après avoir dégagé les bouts de verre restants de la fenêtre avec un bout de bois, le garçon commença à passer par cette dernière les différents éléments de mobilier encore récupérables. En grimaçant, il se fit la remarque qu’ils n’allaient pas pouvoir récupérer grand-chose, mais bon… Au moins le ménage serait fait !
Après une bonne demi-heure de travail, tout ce qui encombrait la salle et que Hiro avait la capacité de porter était passé par la fenêtre. Essuyant un peu de sueur de son front avec sa manche, Hiro se dirigea vers le bureau du maître avec l’idée d’enlever ses tiroirs et toute piège amovible. Au contraire des bureaux d’enfants, celui-ci était justement en assez bon état ! Une fois rénové, il ferait un fier pupitre pour madame Blair ! Cependant, un détail qu’il n’avait pas anticipé changea ses plans…


- Oh !
L’exclamation de surprise était assez sonore pour que les deux à l’extérieur ne puissent l’entendre. Hiro se dirigea alors à la fenêtre en tenant par la peau du cou deux petits bébés ratons-laveurs visiblement terrorisés.
- Regardez ce que j’ai trouvé ! Je comprends mieux pourquoi la maman elle voulait ne pas qu’on rentre à l’intérieur.
Un sourire à la fois triste et attendrit que le visage, le jeune Hiro s’adressa ensuite à l’institutrice.
- Ils ont besoin de leur maman, il faut qu’on les lui rende à la ratonne-laveur Ma’am. Vous ne croyez pas ?
Hiro ne savait que trop bien ce que c’était que de grandir orphelin… Raton-laveurs ou humain, il n’avait pas envie d’imposer le même sort à ces petits… En espérant juste que leur maman traînait encore dans le coin pour les récupérer…
Hiro Kobayashi
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