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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Clock of Destiny ft. Bartel Murphy
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Sam 11 Fév - 12:17


Clock of Destiny

@Bartel Murphy

Les rayons du soleil s’infiltraient entre les rideaux tirés des fenêtres pour illuminer la chambre des Davis. Si monsieur Davis avait quitté la maison depuis longtemps, son épouse dormait toujours. Son sommeil avait été perturbé par d’étranges rêves qui l’avaient éveillée quelques fois pendant la nuit si bien que sortir de son lit lui semblait pour le moment impensable. Cachée sous les draps, elle réussissait à rattraper quelques instants de sommeils, mais continuait d’être réveillée par les moindres sons en provenance de la maison. Une porte qui s’ouvre et se ferme ici et là, des pas dans les corridors, un éclat de rire à la cuisine…

Un ultime bruit vint déranger la maîtresse de la maison qui, d’un mouvement exaspéré, fit voler les draps jusqu’au pied du lit. Elle resta immobile, le regard perdu vers le ciel de lit, à prendre conscience de son corps engourdi, du léger mal de tête qui martelait son front et repensa aux rêves responsables de cet état désagréable. Des visages du passé et des situations loufoques s’étaient entrecroisés et avaient valsé avec des peurs ou des préoccupations que madame Davis tentait d’ignorer au quotidien. Aucun message clair ne pouvait être interprété de ces rêves.

Sally s’étira. Quelques os de son corps craquèrent. Encore une fois, elle cessa de bouger puis elle se redressa pour sortir rapidement du lit.

Lorsqu’elle quitta enfin sa chambre, rien dans son apparence ne pouvait laisser voir qu’elle était toujours épuisée et que rien ne lui aurait fait plus plaisir que de dormir davantage. Madame Davis salua chaleureusement les domestiques qu’elle croisa sur son chemin jusqu’au salon où elle s’installait toujours pour lire avant de prendre le petit déjeuner. On l’informa du départ de monsieur Davis et de Lawrence pour la banque et de celui de Lizzie pour ses leçons de piano. Elle demanda où se trouvait sa cadette bien que cette question soit inutile; Hazel passait la majorité de son temps à l’extérieur à jouer avec les insectes et autres petits animaux qui peuplaient l’imposant jardin des Davis. Et c’était ce qu’elle faisait à cet instant.

La mère de famille attrapa le premier livre qui lui tomba sous le nez et l’ouvrit sans cérémonie pour en commencer la lecture. Après quelques pages, elle le referma et le jeta sur le fauteuil voisin au sien. Une histoire d’amour des plus puériles. Plus jeune, Sally se serait certainement laissé aller à la rêverie avec cette histoire, mais aujourd’hui, à son âge, elle comprenait que l’amour n’avait rien à voir avec les romans. Elle aimait profondément son époux, mais leur histoire n’avait jamais été une romance. Madame Davis laissa tomber sa tête sur le dossier du fauteuil et elle ferma les yeux. Avait-elle été amoureuse à un moment ou un autre de son époux? Avait-elle souffert de son absence? S’était-elle languie de ses caresses? Un frisson parcourut le corps de la femme. Elle s’était pourtant languie des caresses d’un autre homme…

Madame Davis ouvrit rapidement les yeux, honteuse des pensées qui s’étaient insinuées en elle. Pourquoi repensait-elle à lui? Elle ne l’avait pas fait en plus de dix ans. Était-ce parce que son visage était venu danser dans ses rêves cette la nuit? Ou parce qu’en faisant du ménage, elle avait retrouvé une boîte contenant une quinzaine de lettres de sa part? Quinze lettres échangées en quatre ans et elle s’était imaginé vivre une romance digne des plus belles histoires d’amour… Elle était si jeune et si naïve. Elle s’était souvenue du sentiment d’impatience. De l’excitation en lisant les quelques mots écrit et de l’intention qu’elle avait bien voulut leur attribuer. Car lorsqu’elle avait relu ces mots, quinze ans plus tard, elle n’y avait rien vu des mots enflammés d’un amoureux pour sa dulcinée qu’elle s’était imaginé à l’époque.

Elle comprenait maintenant pour quelle raison son père lui avait toujours dit qu’elle était une enfant rêveuse et dotée d’une grande imagination; elle s’était romancé sa propre histoire.

Madame Davis secoua la tête. Elle devait chasser ces pensées. Elle devait oublier cette histoire. N’avait-elle pas brûlé les lettres après leur relecture pour éliminer à jamais ces souvenirs?

Sally se leva brusquement. Elle n’avait pas le choix. Un seul Être pouvait l’aider : Dieu. Madame Davis devait se confesser. Elle devait prier. Rien d’autre n’était plus important en ce moment. Hazel ne réclamerait pas sa mère, Lizzie ne reviendrait pas avant plusieurs heures et Lawrence rentrerait avec son père qu’en fin de journée.

Pendant qu’elle se préparait à sortir, le carillon de la porte d’entrée se fit entendre entre les murs de la maison silencieuse. Il était si rare d’avoir de la visite en l’absence de monsieur Davis que Sally sursauta et demeura immobile. Elle entendit au loin la voix de sa domestique et une voix masculine qui lui répondait. Qui pouvait bien être ce visiteur? Elle entendit ensuite les pas de sa domestique qui s’approchait du salon et lorsque cette dernière lui apparue, elle avait l’air inquiète et était légèrement essoufflée. Sans attendre, elle informa sa maîtresse de la visite d’un marshal qui souhaitait s’entretenir avec elle.

La seule raison possible à la visite d’un marshal demandant à lui parler à elle et non à son époux devait être pour lui annoncer un malheur. Quelque chose devait être arrivée à la banque. Ce devait être également ce que pensait la domestique pour être si nerveuse.

Sally contourna la domestique d’un pas rapide et couru presque jusqu’au hall d’entrée, cette dernière sur ses talons, où se trouvait un homme de grande taille. La première chose que remarqua madame Davis fut l’étoile de marshal épinglée à sa poitrine et qui confirmait son identité. Immédiatement, elle posa la question qui lui brulait les lèvres : « Quelque chose est-il arrivé à mon fils et à mon époux? ». Ce n’est que dans l’attente de sa réponse qu’elle leva les yeux vers son visage. Non. C’était impossible. Ce visage. Il avait vieilli, certes, mais elle le reconnaissait. Elle l’avait vu en rêve cette nuit même. Le choc de découvrir cet homme sur le pas de sa porte devait également être physique, car la domestique posa une main sur le bras de sa maîtresse et l’interpella avec bienveillance.

La commotion passée, madame Davis demanda à nouveau, mais cette fois en des termes différents : « Marshal Murphy, êtes-vous ici pour m’apporter de terribles nouvelles concernant ma famille? Si c’est le cas, parlez monsieur! ».



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Sam 11 Fév - 18:17


   Clock of Destiny
   
@Sally D. Murphy

   

J'avais oublié combien cette route vers le Nord pouvait être longue.
Impossible d'échapper à un certain ennui dans ce train presque vide. Mais ce n'est pas une épreuve. La solitude me tient compagnie depuis un paquet d'années. Alors je laisse mes pensées vagabonder...
Et irrémédiablement, elles me ramènent toujours vers l'image d'une petite brunette sur le perron d'une maison cossue qui me fait ses adieux alors que je pars aux combats. Je pensais quelle m'attendrait. Mais il n'y avait plus personne au retour.

Si j'ai été blessé, j'ai aussi oublié... on meurt rarement d'amour.

Je soupire. Il y a du bon à être flic ou assimilé comme tel aujourd'hui... Ça facilite l’accès à toutes les informations très rapidement. Des informations qui étaient inaccessibles au simple militaire que j'étais à l'époque pour retrouver cette demoiselle.

Car désormais, je connais sa trajectoire et l'essentiel de ses choix. Dont certains me laissent septiques...

Madame Davis... je me répète ce nom nouveau pour moi.. Elle est devenue femme de banquier et mère de famille ... Je l'aurais imaginée femme de médecin. Cela m'aurait semblé mieux cadrer avec le souvenir de cette jeune fille idéaliste qui persiste dans un recoin de mon cerveau malgré mon déni....
...le confort d'une situation dans la haute bourgeoisie doit avoir un attrait pour certaines femmes.

Je tente malgré tout d'imaginer la femme d'aujourd'hui face au souvenir de la jeune fille d'hier... Mais j'ai peu d'imagination

Je ne suis pas certain de ce que je ressens. Je déteste cette incertitude... Je balance depuis des années entre colère et ennui. Rien d'autre au milieu...
C'est la première fois que l'on me force à sortir  de ce confort... Elle m'entraine de nouveau vers des terres inconnues... comme son fils d’ailleurs.


Quelques heures plus tard dans les rues de Boston

Je cherche ce maudit hôtel particulier... J'ai perdu l'habitude des grandes villes. En  admettant que j'ai pu un jour supporter cette promiscuité humaine. Les gens me regardent. Avec mon stetson  et mon long trenchcoat usé, j'ai l'air d’être tout droit sorti des récits  qui fleurissent dans les journaux sur la cote Est concernant l'ouest lointain.

Les rues sont larges et aérées et j'arrive enfin. Je sens sur mon visage un rictus. La demeure rendrait modeste celle des Rosenbach. Une herse de prés de deux mètres délimite avec la rue un jardin peuplé d'arbres et de buissons taillés qui encercle la demeure. Je me laisse aller à la contemplation quand je remarque une fillette blonde assise sur l’un des bancs du jardin. Elle se balance d'arrière en avant, avec la régularité d'un métronome. J'entends aussi un choc tout aussi régulier...
On lui lance des pierres.
Un enfant dans les treize ans la vise avec un lance pierre entre les espaces laissés par les herses. Elle a clairement reçu un choc au front. Fort heureusement, une domestique se précipite pour aider l'enfant.

J'arrive par derrière l'agresseur et je le frappe fortement à l'arrière du crane du plat de ma main.

La mère: Vous êtes fou monsieur! Mais quelle brute.

La mère jaillit sous mon nez, minuscule et agitée.

La mère: Traquez les criminels ailleurs.

D'un coup de menton elle désigne la blondinette.

La mère: Quand on a une enfant demeurée, on la cache.

Elle part, entrainant son avorton pleurnicheur et me laissant sans  voix.

Je finis par trouver l'entrée du jardin. Je le traverse pour finir par me présenter à l'entrée de cette demeure. Une domestique part m'annoncer. Je fais  comprendre silencieusement au maitre d’hôtel que je garde le stetson que j'ai en main. Et je l'entends avant de la voir.
D’abord le bruit d'un froufrou soyeux et une voix.

« Quelque chose est-il arrivé à mon fils et à mon époux? »

Je n'entends pas vraiment la question. On dirait que le temps l'a oubliée. Elle a à peine changé. Mais son changement de ton me sort de ma contemplation.
Sa froideur me va. Je n'aurais pas su gérer la tendresse. Mais cette femme inconnue peut difficilement me battre sur le registre de la dureté.
Je prends le temps de me laisser gagner par une pensée.
L'image de l'enfant blonde s'impose. Une femme qui garde prés d'elle une enfant que tout autre aurait caché ou abandonné, n'a pas pu rejeter le notre... J'ai besoin d'avoir une certitude avant de savoir sur qui diriger ma colère.

Non Madame, les marshalls ne sont pas là pour protéger les banquiers...

Je marche vers elle avec lenteur

Par contre, je tiens à m'entretenir avec lui d'une affaire sans doute criminelle. Alors, ou pourrais-je le voir?


   


   
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Dim 12 Fév - 0:07


Clock of Destiny

@Bartel Murphy

La domestique des Davis lança à sa maîtresse un regard interrogateur en l’entendant nommer le Marshal par son nom; celui-ci ne s’était pas présenté et tout dans son apparence lui laissait croire qu’il venait de loin. De très loin. Elle était au service des Davis depuis des années et jamais elle n’avait entendu parler d’un Marshal ou d’un quelconque ami de la famille haut placé dans la police fédérale. Elle observa l’homme. Il était grand, de carrure plutôt athlétique et très beau. La domestique tourna les yeux vers madame Davis; bien que celle-ci se soit exprimée avec une froideur qu’elle ne lui connaissait pas, elle était persuadée que l’homme et la femme n’étaient pas des inconnus. Ou ne l’avait pas toujours été…

« Non Madame… ». Le soulagement que ressentit madame Davis fut tel que ses épaules semblèrent se libérer d’un poids énorme et elle leva les yeux vers le ciel pour remercier silencieusement le Seigneur. « …les marshalls ne sont pas là pour protéger les banquiers... ». Sally baissa lentement les yeux vers l’homme; quelque chose dans sa manière de s’exprimer ne lui plaisait pas du tout. Un peu comme si le Marshal ressentait pour monsieur Davis de la rancœur. À moins que son dédain ne soit dirigé que sur sa profession; certains hommes tenaient parfois pour responsables de leurs problèmes financiers les banquiers.

La domestique fut également apaisée des paroles du Marshal et ne sembla pas remarquer ce qui dérangeait sa maîtresse. Elle s’exclama : « Dieu soit loué! » en se signant de la croix.

Le Marshal Murphy fit ensuite quelques pas dans la direction de la mère de famille : « Par contre, je tiens à m'entretenir avec lui d'une affaire sans doute criminelle. Alors, ou pourrais-je le voir? ».

Sally tressaillit : « Une affaire criminelle? Je ne suis pas certaine de bien vous comprendre. Si vous ne vous occupez pas de protéger les banquiers, pour quelle raison une affaire criminelle dont serait victime mon époux vous intéresserait-elle? À moins que… Oh… ». Madame Davis porta une main sur son abdomen en amorçant un mouvement de recul. « Non. Vous devez certainement vous tromper, monsieur. Mon époux est un honnête homme. ». La domestique aux côtés de sa maîtresse comprit à son tour que le Marshal  semblait supposer que monsieur Davis était responsable d’un quelconque crime. « C’est impossible! Vous insultez mon maître dans sa propre demeure, monsieur! Je ne peux vous permettre une telle chose! ». La domestique se mit alors à chercher du regard le maître d’hôtel ou tout autre homme de main pouvant l’aider à chasser ce calomniateur de la demeure de l’honorable famille Davis.

Madame Davis porta une main à son front brûlant qui lui faisait toujours mal et qui semblait maintenant sur le point d’exploser. Elle ferma les yeux un instant et leva soudain une main : « Suffit! ». La domestique cessa immédiatement sa tentative pour se débarrasser de Bartel et revint près de sa maîtresse, les yeux baissés. Elle tenta de parler à madame Davis, mais cette dernière l’ignora complètement. Son regard fixait à présent le Marshal qu’elle avait autrefois connu. Elle scruta son visage, son insigne, ses mains qui tenaient son chapeau et revint encrer son regard au sien. Dans quel genre d’affaires criminel pouvait être impliqué monsieur Davis? Avait-il accepté ou prêté de l’argent à de mauvaises personnes? Sa banque finançait-elle une quelconque organisation criminelle dans l’ouest d’où semblait venir Bartel? Tant de questions auxquelles une seule personne pouvait répondre… À moins de ne pas la chasser de la maison.

« Marshal Murphy… Je vous dirai où trouver mon mari… ». La domestique protesta, mais à nouveau, Sally leva une main dans sa direction pour la faire taire et poursuivit : « …, mais je vous en prie, dites-moi d’abord de quoi il s’agit pour que je puisse prier pour lui lorsque vous irez à sa rencontre… Le Marshal et moi allons discuter au salon, seuls. ». Ces derniers mots étaient destinés à sa domestique, mais madame Davis ne détacha pas son regard du visage de l’homme qu’elle continuait de scruter. Que cherchait-elle exactement? Le signe qu’il disait la vérité ou celui qu’il mentait? Quoi qu’il en soit, lorsqu’elle lui indiqua la direction du salon, elle détourna le regard pour la première fois et l’invita à la suivre.

Jamais la distance séparant le hall du salon ne lui avait paru si longue et lorsqu’ils y entrèrent tous les deux, Sally referma rapidement les portes derrière eux. Elle resta néanmoins immobile en fixant le bois massif des portes, le dos tourné au Marshal qu’elle espérait être en train de s’installer dans l’un des confortables fauteuils du salon.

Bien qu’elle tentait de ne rien laisser paraitre, la présence de Bartel Murphy réveillait en elle la douleur terrible qu’elle avait ressentie près de quinze ans plus tôt lorsque son fils premier-né était mort. Que leur fils était mort… Cet enfant que l’homme avait choisi d’ignorer et à qui elle devrait annoncer, à un moment ou un autre de leur conversation, sa trop courte existence…

« Je vous écoute… ».  



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Dim 12 Fév - 14:57


   Clock of Destiny
   
@Sally D. Murphy

   



La domestique me fixe de ses yeux de chouette hostile . Des tueurs m'ont regardé de manière plus amicale. Elle aboie sur moi. Je n'y prends pas garde. Sa maitresse la maitrise comme on le ferait d'un chien de garde.

« Marshal Murphy… Je vous dirai où trouver mon mari… ».... « …, mais je vous en prie, dites-moi d’abord de quoi il s’agit pour que je puisse prier pour lui lorsque vous irez à sa rencontre… Le Marshal et moi allons discuter au salon, seuls. »

Je reste de marbre, malgré un début de révolution dans mon cerveau au son de cette voix. Je suis à la fois agacé par cette bondieuserie que je ne connaissais pas chez elle et satisfait de voir la vieille chouette être congédiée.
Je suis certain que le mari arrivera plus vite grâce à cette vielle peau. Car confesser Sally sera sans doute long...

Je n'étais pas prêt à me retrouver seul avec elle et surtout si vite. Mes pensées s'embrouillent un temps. Mais elle est trop plongée dans les siennes pour réaliser mon propre trouble.

« Je vous écoute… ».

Sans blague... Cela lui semble si facile.

Je prends le temps de regarder le salon. Tout y respire le luxe et une prospérité certaine et affichée pour le visiteur. J'aurais pu connaitre cela aussi dans le sud si j'y étais resté. Mais ma vie aurait été toute autre... et encore aurait-il fallu que le Sud gagne...

Ce que j'ai a demandé à votre mari ne concerne que lui et moi

Certes... les conséquences de la réponse risquent d'impacter aussi sa vie délicate...

Mais j'ai aussi une question pour vous...

Je me rapproche d'elle presque sans y penser. Je n'aurais sans doute pas d'autres occasions d'en avoir le cœur net. Je la regarde droit dans les yeux.

Il m'arrive parfois de me poser cette question...
Pourquoi ne m'as-tu pas attendu?


Le tutoiement m'est venu naturellement. Je laisse un silence.

Tu m'as laissé croire, au moins le temps d'une nuit que j'avais un certain intérêt pour toi

Je passe sous silence le fait que son souvenir m'a aidé à avoir assez envi de vivre pour passer indemne des pluies de feu...

Alors pourquoi ne m'avoir jamais donné signe de vie? Pas assez riche, la peur de te retrouver veuve très tôt et pauvre?
Sans parler de l’incapacité que j'aurais eu de te donner un tel train de vie...?

J'accompagne ma main d'un geste circulaire pour désigner la pièce, la demeure et le style de vie qui l'accompagne et qui m’écœure à cet instant.


   


   
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Mar 14 Fév - 14:57


Clock of Destiny

@Bartel Murphy

L’homme prit un moment avant de parler à nouveau et celui-ci fut bénéfique à madame Davis qui réussit à calmer les émotions qui menaçaient de l’envahir. Ses petites idées de confessions de ce matin lui semblaient bien anodines maintenant qu’un marshal fédéral venu de loin amenait avec lui le doute sur l’honnêteté de son époux. Marshal qui se trouvait à être une version plus âgée de l’homme pour lequel elle voulait se confesser et dont la présence à elle seule suscitait son lot d’émotions chez la mère de famille.


« - Ce que j'ai a demandé à votre mari ne concerne que lui et moi.

- Est-ce donc si grave?, demanda Sally en pivotant sur elle-même pour regarder le marshal en devinant très bien qu’elle n’aurait aucune autre information quant aux possibles activités criminelles de son mari. Elle connaissait trop bien Bartel pour savoir qu’il ne plierait pas le genou devant elle pour satisfaire sa curiosité bien que de ne rien savoir lui soit insupportable. Du moins, elle croyait avoir connu le jeune soldat qu’il avait été. Mon doux Joseph, dans quoi vous êtes-vous embarqué?, murmura-t-elle pour elle-même en baissant les yeux sur ses mains et sur l’alliance dorée à son doigt.

- Mais j'ai aussi une question pour vous...

- J’ignore complètement…, se défendit Sally en levant les yeux alors que Bartel faisait quelques pas dans sa direction, réduisant dangereusement la distance physique raisonnable entre eux. Elle se tut lorsque son regard captura le sien. Ce regard qui lui n’avait pas changé malgré les années.

- Il m'arrive parfois de me poser cette question... La femme retint son souffle. Pourquoi ne m'as-tu pas attendu? La question résonna dans l’esprit de la femme et sembla l’assommer, car elle demeura sans voix. Le marshal fédéral poursuivit : Tu m'as laissé croire, au moins le temps d'une nuit que j'avais un certain intérêt pour toi. Ces derniers mots eurent l’effet d’une douche froide pour Sally qui prit un air courroucé.

- Oh non-non-non-non-non! Pas de ça avec moi, Bartel!, s’excalama-t-elle en secouant un doigt accusateur sous le nez du marshal. Tu sais très bien que ce que je ressentais pour toi avait dépassé depuis longtemps la phase du simple intérêt! Sally avait insisté sur le mot « longtemps ».

- Alors, pourquoi ne m'avoir jamais donné signe de vie? Pas assez riche, la peur de te retrouver veuve très tôt et pauvre? Sans parler de l’incapacité que j'aurais eue de te donner un tel train de vie...? Les yeux de madame Davis suivirent le geste exécuté avec dédain de la main du marshal alors que ses mots continuaient d’ouvrir de vieilles plaies que Sally avait cru guéries depuis des années.

- Tu oses venir chez moi, avec plus de quinze ans de retard, pour me dire que moi (elle  se pointa du doigt) je ne t’ai jamais donné signe de vie? Sa voix avait été calme, mais tremblante, ce qui n’annonçait rien de bon pour la suite de cette conversation. Sally s’éloigna de Bartel qu’elle n’avait envie à cet instant que de frapper à grands coups de points. Je n’arrive pas à y croire… Aucun signe de vie… Et toutes ces lettres que je t’ai écrites! Une par semaine pendant quatre mois! C’est plus que ce que tu ne m’as jamais écrit en quatre ans et tu trouves que ce n’était aucun signe de vie? Bien entendu, l’intérêt de me répondre ne devait plus être aussi pressant qu’auparavant; t’avais eu ce que tu voulais. J’étais si naïve! Sally se laissa tomber sur le fauteuil le plus proche en observant le décor de son salon qui déplaisait tant à Bartel. Je n’ai pas choisi ce train de vie… Tout ce que je voulais c’était toi… Mais tu ignorais mes lettres et avec l’enfant à naître… La voix de Sally se brisa et elle porta son regard sur ses mains qui tremblaient. Je ne pouvais pas attendre sans savoir si tu reviendrais un jour vers moi… Et Joseph, qui connaissait ma situation, a accepté de m’épouser et d’être le père de notre petit garçon. Madame Davis expira lentement pour éviter de se donner en spectacle devant cet homme qui ne méritait aucune de ses larmes. Pour la première fois depuis qu’elle avait commencé à parler, elle regarda le marshal. Il n’a pas survécu… Après un moment de silence, Madame Davis se leva de son fauteuil, lissa les plis de sa robe et se racla la gorge avant de reprendre, cette fois sur un ton qui se voulait neutre : Vous trouverez mon époux à la banque qui porte son nom, la Davis&Sons. Vous ne pourrez pas la manquer; c’est le bâtiment le plus imposant de la rue. Maintenant, monsieur, je vous invite à quitter ma demeure et à ne plus jamais y revenir. »



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Mer 15 Fév - 20:35


   Clock of Destiny
   
@Sally D. Murphy

   

En la regardant me défier, je suis frappée par deux évidences. La première est la ressemblance avec son fils, la seconde me frappe comme une gifle....

Comment j'ai pu l'oublier si longtemps? Comment j'ai pu croire qu'elle avait abandonné  notre fils?
Je l'ai chassée de mon esprit, parce que je n'acceptais pas d'avoir été abandonné... J’écoute ses reproches sans réaliser mon sourire.

"...Maintenant, monsieur, je vous invite à quitter ma demeure et à ne plus jamais y revenir. »

Je la regarde comme si je la découvrais

Je n'ai reçu aucune de tes lettres. Pendant des mois... on ne recevait pas de ravitaillement, pas même des munitions... je n'ai reçu qu'une lettre de mon frère cadet en dix mois.

Au détour d'une phrase, elle ne peut s’empêcher de  parle de Luke pour la première fois et j'entends clairement sa douleur. Elle cite son mari. Et je grimace...

Quel homme dévoué

Je me rapproche d'elle. Je peux distinguer chaque nuance des couleurs qui animent ses prunelles.

Sais-tu quelle est la chose la plus difficile à faire à cet instant...? Me chasser.

J'allais parler encore quand la porte s'ouvre avec fracas. Je suis pris au dépourvu et je me crispe. Mais la tension retombe presque instantanément quand j'identifie la fillette blonde de tout à l'heure. Elle déboule dans la pièce  comme un boulet de canon. Elle s’arrête net comme devant un mur  qu'elle est la seule à voir. Elle est quelque pas de moi.
J'entends la servante essoufflée arrivée à sa suite.

Servante: Pardon, Madame... mais il était impossible de l’arrêter

Je dépose mon chapeau sur une table et je m'agenouille instinctivement. La servante a nettoyé son visage. Il ne reste plus de trace de l'agression. Je suis certain que cela arrive souvent. La servante le passe sous silence.
La gamine est bien incapable de la dénoncer ou simplement de se plaindre.

La fillette regarde de tout coté sans voir.... Son regard passe à travers les meubles et les gens comme si rien n'existait.

J'ai vu ce regard sur les visages de certains types revenus du front.
Je ne pensais pas le voir chez un enfant d'un milieu aussi protégé...

Tu avais peur pour ta mère?

Ses pupilles vacillent. Ma venue a du troubler son emploi du temps et sa rencontre prévue avec sa mère. Le moindre trouble à son emploi du temps doit la jeter dans des abimes de confusion.

J'ai le sentiment, sans preuve, que ma voix l'atteint quelque part dans son monde.

Je connais ta mère depuis très longtemps. Bien avant que tu naisses. Tu ne dois pas avoir peur de moi... Je ferrais tout pour ne jamais faire de mal à ta mère...

Je suis sincère à cet instant. Mais je ne maitrise pas certains éléments.
Comme ceux qui accompagnent une silhouette masculine se présentant dans l'encadrement de la porte du salon grande ouverte.


   


   
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Jeu 16 Fév - 0:00


Clock of Destiny

@Bartel Murphy

« Comment peux-tu te montrer aussi insensible? », souffla Sally en revenant vers le tutoiement alors que l’homme qu’elle avait aimé s’approchait à nouveau d’elle. Il affirmait n’avoir reçu aucune lettre de sa part, donc aucune lui annonçant sa paternité. Cela aurait dû être un choc pour lui d’apprendre après toutes ses années qu’il avait eu un fils. Le choc aurait dû être double en apprenant ensuite qu’il était mort. N’est-ce pas?

« À quel cruel jeu crois-tu jouer, Bartel? », murmura-t-elle à nouveau en le laissant s’approcher davantage lorsque tout à coup, la porte du salon s’ouvrit brusquement. Quelles qu’aient été les intentions du marshal à cet instant, l’arrivée soudaine de Hazel les bouleversa.

Madame Davis rassura sa domestique alors que le visiteur s’agenouillait devant sa cadette. Cette dernière semblait agitée et sa mère ne savait que trop bien que la crise n’était pas loin. Néanmoins, elle était curieuse de voir comment réagirait la petite blonde face à cet inconnu qui lui parlait avec bienveillance. Sally en fut touchée. Elle s’approcha à son tour de Bartel et posa une main sur son épaule en s’inclinant pour être à la hauteur de sa fille qui fixait à présent l’homme de l’ouest. « Je ferais tout pour ne jamais faire de mal à ta mère... ». Madame Davis tourna lentement les yeux vers Bartel et bien que toute cette situation soit des plus étranges, elle le crut.

À son tour, Hazel surprit tout le monde en s’approchant de Bartel pour déposer sa petite tête blonde sur l’épaule que touchait sa maman. Elle leva sa délicate main et caressa les doigts de sa mère alors que la domestique qui l’avait suivi s’inclinait bien bas : « Monsieur Davis! ».

Joseph Davis se trouvait dans le cadre de la porte, son regard posé sur cette scène déconcertante de sa femme et son enfant en compagnie du dernier homme sur Terre qu’il aurait imaginé entre les murs de sa demeure : « Bartel Murphy… ».



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Ven 17 Fév - 12:39
Avertissements-Des mots à caractère offensant se trouvent dans ce texte et ont été placé sous spoil


Clock of Destiny

@Sally D. Murphy

Joseph Davis

J'ai reçu le message envoyé par Alberta en pleine réunion des délégués de nos filiales. Ma gouvernante me connait depuis l'enfance. Elle sait exactement ce qui est important pour moi. J'ai pris congé précipitamment. Il n'est pas vraiment bon de montrer de l’affolement dans mon activité. Mais il y a des priorités...
J'ai ordonné à mon fils de rester dans les locaux de la banque et j'ai promis de venir le rechercher.
Ma calèche m'a porté  vers la maison à une vitesse que je n'ai connu que dans mes cauchemars...
Je suis arrivé indemne.
Alberta m'a ouvert les portes et m'a désigné du menton le salon. Et puis je suis resté figé devant la porte ouverte et le spectacle...

L'intimité offerte par la scène devant moi me donnait le sentiment désagréable d’être un intrus sous mon propre toit.... J'ignore ce qui de pire. Découvrir ma fille qui ne supporte pas le moindre  contact prendre l'initiative d'un rapprochement avec un inconnu et ma femme assez émue pour oublier la distance qu'une bonne épouse doit conserver, me coupe la respiration.

 Je le reconnais sans l'avoir jamais vu.

Bartel Murphy  ...

Je sais que je viens de commettre une erreur.

L’homme se relève et se dirige lentement vers moi. I a l'air tout droit sorti de ces histoires que les journaux à sensation adorent raconter sur l'Ouest sauvage. Je suis condamné à ne pas reculer

Bartel: Vous connaissez mon nom sans que j'ai a me présenter. Que savez-vous d'autre?

Je le soupçonne de se moquer du scandale qui pourrait arriver... et même de le chercher

Je vous connais depuis des années... maintenant que je vous vois.... vous correspondez à l'idée que je m'étais faites de vous...

Le milieu des affaires est peuplé de prédateurs. Mais celui que je croise aujourd'hui est d'un genre inédit pour moi.

Je veux connaitre mes ennemis. C'est pourquoi j'ai engagé des agents Pinkerton pour en savoir plus long sur vous. Et leur rapport est un roman...

Il baisse légèrement la tête tout en gardant les yeux sur moi. Cela lui donne quelque chose d’hostile...

Bartel: Je connais ma vie... Dites moi quelque chose qui me surprenne

J'ai irrésistiblement l'envi de voir si je peux faire face à cet orage...

Au lendemain de la guerre civile, vous avez mis le feu à votre plantation. Pour être précis, aux baraquements des esclaves... vous avez divisé votre domaine en parcelles pour les anciens esclaves. Ils devaient vous payer une certaine somme par an pour acquitter le prix et en devenir propriétaire...
J'ai été intrigué... les Pinkertons aussi ... je crois aussi qu'ils ont été amusé par

Spoiler:
qui était votre sœur  ... j'ai bien peur qu'elle se soit enfuit avec d'autres de sa race et....

Je n'ai pas vu venir une gifle qui m'ébranle jusqu'au cerveau. La présence d'une table m’empêche de tomber.

Bartel: Maintenant, je sais que c'est vous qui avez abandonné mon fils et pas elle...

J'en ai le souffle coupé. Comment peut-il savoir ce que ma femme elle-même ne devine même pas?

J'attends vos témoins monsieur.

Il y a des instants ou le temps est suspendu comme maintenant

Bartel: Là, vous venez de me surprendre... Vous êtes l'offensé. Choisissez vos armes

Je vois un colt  qui pend à sa ceinture. Je ne tiens pas à mourir de la main d'un sauvage des Grandes Plaines.

Le sabre.

J'ai fréquenté la salle d'armes depuis l'adolescence et j'ai quelques prix à mon actif. Il me sourit et je déteste ça.

bartel: Vous êtes sur de votre enquête...?  Vous devriez savoir que les officiers de cavalerie sont des sabreurs.

Il évite visiblement de regarder Sally en saisissant son chapeau.

Bartel: J'ai réservé au Grand Hôtel. Faites moi savoir l'heure et le lieu.  ... Je vous laisse avec votre femme pour l'instant...



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Ven 17 Fév - 14:28


Clock of Destiny

@Bartel Murphy

Hazel avait posé sa tête sur l’épaule du marshal comme si elle entendait quelque chose en provenance de celle-ci. Les yeux fixant un point qu’elle seule pouvait voir, elle avait caressé la main de sa mère machinalement, car bien qu’incapable d’exprimer son affection comme son frère et sa sœur le pouvaient, l’enfant savait démontrer du bien-être en présence des personnes lui étant significatives.  

Cette scène, bien qu’étrange, avait quelque chose de magnifique qui émut madame Davis aux larmes. Larmes qu’elle sécha d’un mouvement brusque à la vue de son époux.

Sally se redressa en même temps que Bartel et attira Hazel vers elle. La gamine ne semblait pas avoir été affectée par l’éloignement soudain de cette épaule sur laquelle elle était si bien ni par l’arrivée de son père.

Ce qui se passa par la suite surprit la mère de famille et la laissa dans une incompréhension totale; que Joseph Davis connaisse le nom de Bartel Murphy était une chose, mais qu’il puisse le reconnaitre sans jamais l’avoir vue en était une autre. Il parla d’ennemi, d’agents Pinkerton, de leur rapport sur Bartel et finalement de la plantation.

Sally sursauta au moment où la main de Bartel gifla la joue imberbe de son époux. Jamais personne n’avait osé lever la main sur Joseph Davis. Elle allait intervenir lorsque le marshal annonça : « Maintenant, je sais que c'est vous qui avez abandonné mon fils et pas elle... ». Abandonné? Mais de quoi parlait Bartel? Leur fils n’avait pas été abandonné… Il était mort… C’est ce que la sage-femme avait dit… C’est ce que Joseph avait dit…

Perdue dans ses pensées et le tourbillon de questions créé par l’échange hostile entre les deux hommes, Sally ne comprit que trop tard qu’ils s’étaient provoqués en duel.

« Non! », cria-t-elle en tenta d’attraper la manche du trenchcoat usé du marshal fédéral qui quittait à présent le salon. L’homme qu’elle avait épousé semblait à présent lui être inconnu et bien que l’idée que celui-ci ait pu la tromper sur la mort de son premier fils lui soit des plus douloureuses, elle ne pouvait concevoir qu’il tuerait Bartel ou serait tué par celui-ci.

S’éloignant de Hazel, madame Davis s’approcha prudemment de son époux et puisqu’il ne la repoussait pas, elle l’enlaça. « Pourquoi? », fut la seule question qu’elle posa et l’étreinte que lui retourna son époux en fut la seule réponse.

FIN



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