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| Since : 12/10/2020 Messages : 109
Faceclaim : Jemaine Clement Crédits : Ghoest
DC : Arthur Maharaj, Chuy, Dino Ricci, Charles Beaver
Age : 45 ans
Statut : Dans un mariage heureux
Job : A la tête du gang des Hennessy et dirigeant de la compagnie d'armement Hennessy
Habitation : Demeure Hennessy, Silverstone
Disponibilité : Toujours
|  Lun 1 Mai - 16:19  "And we know what we're knowin' But we can't say what we've seen
Le nouveau pasteur de Silverstone s’illustrait toujours autant par son incompétence. Les semaines passaient et il ne semblait pas réussir à s’améliorer un temps soit peu. Jaime Brook continuait de baragouiner dans sa barbe inexistante en ponctuant ses sermons par des gesticulations peu affirmées. Rien, cependant, qui ne faisait faillir les fidèles dans leur foi rendue plus forte par la récente attaque de la ville ainsi que le blizzard tenace encore inégalé dans la région. On priait plus fort le Seigneur en espérant qu’il soit clément pour les récoltes prochaines et que justice soit faite. Et à la sortie du temple on vantait les progrès du pasteur parce que la médisance n’était pas bien vue par le Tout-Puissant, on se souhaitait que la situation s’améliore et on s’attardait sur les banalités. On achetait sa place là-haut avec la quête puisque ce n’était pas la prestation médiocre de Brook qui donnait envie de se ruiner pour lui. Liam posa une main calleuse sur l’épaule de la petite fouine qui venait réclamer quelques piécettes tout en en tirant de l’autre côté. Une tignasse brune lui retombait en pagaille devant ses grands yeux de faon. Il avait les joues crasseuses et l’épaule osseuse. Liam resserra davantage son emprise sur lui. « Ah, tiens ! Regardez le petit moineau que j’ai attrapé ! Liam fut le seul à rire. Les autres hommes qui conversaient avec lui ne semblaient pas partager son amusement. Tu as déjà perdu toute ta graisse pour passer l’hiver comme il faut, non ? » Il le secoua gentiment. Le gamin flottait dans ses vêtements usés. Il dû donner froid à Cary qui enfouit ses mains aux gants troués dans les poches de son manteau élimé. L’homme tira sur son écharpe pour y enfouir son menton dedans. Ses yeux lançaient des éclairs. « – Aller, viens. Il faut qu’on parle un peu Louis. – Luke, le corrigea Ed. – Luke. Se corrigea Liam. Puis il l’entraîna avec lui, le tirant sans ménagement quand le grand gamin ne voulait pas suivre suffisamment vite. Quelle chance d’être tombé sur toi. Tu es justement celui que je cherchais ! »* * * Liam était attablé face à Luke et dos à la porte du saloon dont le ragout embaumait déjà l’air. Un ragout avec beaucoup d’eau, il était difficile de bien se nourrir par ce temps-là. Les mains croisées sur la table, Liam jaugeait en silence l’avorton devant lui. Luke était un de ces enfants qui n’a pas encore tout à fait terminé de grandir et qui l’a bien mal fait – un adolescent, donc. Et un adolescent peu utile à la société en ce qui concernait celui-ci. « Tu connais Cary ?» Liam désigna d’un signe de tête le type toujours emmitouflé dans son manteau et aux tempes grisonnantes. Il avait des poches violacées sous les yeux et des lèvres gercées qui ne semblaient pas vouloir cicatriser. Cary n’était pas attablé avec eux mais il ne prêtait aucune attention ni à son verre, ni à son entourage. Il restait concentré sur Luke, le regard dur. Ce n’était pas le seul. « Il a perdu sa sœur il y a peu. Une gamine charmante, le cœur sur la main. Toujours à vouloir faire la charité chrétienne. Probablement pour ça qu’elle s’entendait pas trop avec Fraser, commenta Liam, presque comme une aparté qui n’était destiné qu’à lui seul. Enfin !» Il éloigna cette pensée d’un geste de la main. En réalité, il connaissait principalement cette fameuse sœur par la réputation qu’elle s'était forgée en ville. « Elle est décédée récemment, d’une balle dans le poumon gauche.»Cary restait de marbre, Ed lui lança un coup d’œil qui se voulait certainement empathique (mais comme il avait un strabisme très prononcé ça restait difficile à dire) et Abigail la jeune serveuse lui tapota l’épaule, compatissante. « C’est sa faute ! Explosa un homme à la bedaine aussi impressionnante que le blizzard à l’extérieur. Il avait frappé du poing sur la table et en avait fait tremblé son assiette. C’est lui qu’a aidé ces salauds à v’nir à la banque ! C’est à cause de lui que le p’tit des Badger il s’est fait trouer comme une passoire aussi ! Faut l’amener au shérif ! Faut l’pendre ! » Maisongrosse était le boulanger de Silverstone ainsi que la commère du village. Lui-même n’avait pas assisté à l’attaque de la banque. Il avait en revanche aidé à repousser les Borden. Mais il était tout à fait au courant de ce qu’on disait et de ce qui s’entendait. Plusieurs acclamations vinrent approuver les dires du français. Pour une fois, tout le monde avait parfaitement compris ce qu’il avait dit. Liam fit claquer sa langue dans sa mâchoire et vint prendre une gorgée de bière glacée dans son verre. C’était la seule chose qu’il avait commandé. « Tu sais combien de temps on met à crever d’une balle dans la poitrine ? Liam ne lui laissa pas une très longue marge de réponse. Longtemps. On agonise longtemps. » Autour d’eux, les conversations avaient reprises. Toutes tournaient autour du même sujet, c’était souvent le cas de toute façon. On avait beau essayé de pédaler pour parler du sale temps pour la saison, on en revenait toujours à se demander ou se trouvait ces fils de pute et consorts. « Où sont les Borden ? Comment est-ce que t’en es venu à bosser pour eux ? »
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| | Lun 1 Mai - 20:46 Dans la vie il y a deux types de personnes : Ceux avec lesquels Luke peut faire le malin et ceux avec qui il aime tester les limites en la matière. Liam est de ceux avec qui il ne faut pas s'y risquer........ Dans la vie il y a trois types de personnes.
Si seulement il avait prêté d'avantage attention aux visages qu'aux portes-feuilles, sans doute aurait-il éviter de le croiser aujourd'hui mais il est trop tard pour les regrets. Luke eut un petit mouvement d'affaissement en sentant une main dure se poser sur son épaule. Ses poils se dressent sur ses bras, son corps tout entier sait qu'il est dans la merde... une merde qui porte le nom de Hennessy comme ses yeux le confirment lorsqu'il le voit apparaitre dans son champ de vision. Gloups...
Il sait déjà ce que Liam lui veut, ce n'est pas comme s'il n'était pas au courant de ce qu'il se dit. Mais le mauvais temps et la famine fait sortir les petits rats des égouts. Si jusqu'à présent il s'est terré, espérant que tout ça se tasse et qu'il puisse revenir comme si de rien n'était, son ventre criant à l'aide a fini par avoir raison de lui. Il lui fallait plus d'argent que ce qu'il pouvait gagner jusqu'à présent. Il lui fallait manger et les prix avaient quelque peu augmentés ces derniers temps.
C'est à contre coeur, mais pourtant sans trop de résistance (il sait qu'il est dans son intérêt de ne pas trop jouer au con), qu'il suit Liam jusqu'au saloon. Au moins ce vieux grincheux n'a pas oublié ce qui pouvait délier la langue d'un orphelin amaigri. La bouffe, l'un des points faibles de Luke.
Tu connais Cary ? Luke tourne le regard vers le meuble de salon qui lui sert de quoi ? Garde du corps ? Le fait est qu'il lui glaçait le sang à le fixer de la sorte. Ok ok, Luke a comprit. S'il essaye de s'enfuir, le gars lui tombe dessus. Le moindre geste brusque et il sera déjà à terre. De toute façon, pour fuir où ? Ses yeux cherchent instinctivement les différentes sorties. La porte, les fenêtres, il scrute tout même s'il connait déjà leur emplacement. Un réflexe bien inutile dans ces circonstances. A en croire un autre type dans la salle, Luke est le gamin à abattre. Il n'aura pas le temps de sortir qu'il se fera courser par le saloon tout entier... Si c'est pourtant ce qu'il a plus ou moins toujours souhaité, il regrette cependant que sa tête ne soit pas sur les journaux, une prime imprimée au dessus... Et dans un sens, il se dit que finalement ce n'est peut-être pas tout à fait ce qu'il souhaite...
Faut l’amener au shérif ! Faut l’pendre ! La tête baissée comme un chien qu'on est sur le point de battre, Luke se surprend à regretter l'absence du marshal. En même temps, n'est-ce pas à cause de son con qu'il a prit trop la confiance à Silverstone ? En temps normal il ne serait jamais resté aussi longtemps dans une ville. Ne serait-il pas temps de se carapater ?
La pendaison, il la voit chaque jour se rapprocher un peu plus. Noyé, pendu, des menaces auxquels il est habitué. D'ordinaire il n'y prête pas plus d'attention mais lorsque la corde est aussi proche de son cou, la peur a tendance à se réveiller dans ses entrailles.
Tu sais combien de temps on met à crever d’une balle dans la poitrine ? Luke se mit à réfléchir en comptant sur des doigts. Un, deux, tr.. Longtemps. On agonise longtemps. Etait-ce aussi long ou moins que la pendaison ? Si c'est une menace, Luke préfère savoir quelle mort serait la plus rapide. Une balle dans la tête ? Qui gâcherait une balle pour un morveux ?
Où sont les Borden ? Comment est-ce que t’en es venu à bosser pour eux ? L'adolescent relève alors les yeux vers son interrogateur. Petite mine, yeux humides, ventre gargouillant tandis que son nez sent tout un tas d'odeurs.
- Je.... D'abord j'précise que c'était moi tout seul. Les autres y z'étaient pas au courant. Il n'a aucune envie d'être responsable de la mort de ses camarades, déjà qu'il est à peine responsable de lui-même...
- Ils ont été généreux et gentils avec moi. La tête de nouveau baissée, il continue sur un ton plus bas, presque secret. J'ai cru qu'on s'rait une famille mais ils sont partis sans moi... D'un air plus affirmé cette fois, il fixe à nouveau Liam, au bord des larmes. J'le jure sur... sur ma tête, j'sais pas où ils sont. Au moins il aura vécu quelques semaines de plus.
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| Mar 2 Mai - 14:30 "And we know what we're knowin' But we can't say what we've seen
tw : Putophobie (langage), antitziganisme
« - Je.... D'abord j'précise que c'était moi tout seul. Les autres y z'étaient pas au courant. » Luke devait absolument faire quelques efforts. Il en faudrait plus à Liam pour ressentir une once d’apitoiement pour ce gamin. Il eut un signe de tête à peine perceptible envers le rat d’égout, retenant presque un roulement d’yeux. D’un geste mesuré, Liam repoussa sa pinte sur le côté. De la bière s’échappa du contenant dans le mouvement et glissa sur le verre pour former une flaque à son pied translucide, assombrissant le bois déjà humidifié par les températures négatives de l’extérieur. La petite Abigail s’affairait à présent autour de la cheminée, y rajoutant deux buches et remuant les braises.
« - Ils ont été généreux et gentils avec moi. Liam se pencha ostensiblement vers le gosse. Sa silhouette de géant écrasait celle de Luke qui voulait se faire plus chétif qu’il ne l’était déjà, les yeux humides et la voix cassée. J'ai cru qu'on s'rait une famille mais ils sont partis sans moi... » Le sourire amusé avait disparu du visage du criminel devenu héro de la ville qui ne gardait qu’un masque d’indifférence profonde. On pouvait aussi y déceler un brin d’ennui. Faire affaire avec des adultes qui refusaient de grandir ne l’amusait pas particulièrement. Mais il le fallait bien, puisque personne d’autre ne semblait enclin à s’occuper de cette histoire et des complices qu’on y trouvait. « J'le jure sur... sur ma tête, j'sais pas où ils sont. »
Avec une précision et une rapidité qui avaient l’air toutes calculées, Liam empoigna la tignasse du gosse pour lui fracasser le museau contre le bois de la table. Le bruit sourd fit taire les conversations mais il ne s’en préoccupa pas. Il savait pertinemment qu’on ne lui reprocherait pas de chercher des solutions. « Quand on jure, c’est mieux que ça soit sur quelque chose qui a de la valeur, abruti. » Il continua de peser sur la tête du gosse qui embrassait la table pendant quelques secondes. Il devait puiser dans sa patience et son contrôle de lui-même pour ne pas juste s’acharner sur lui et le lancer dans un lynchage publique. Ce serait parfaitement inutile et contreproductif de perdre autant d’énergie pour du vent. « T’es complètement con ou tu le fais exprès ? T’as quel âge ? Quinze ans, à peu près ? » Liam le lâcha. Pour signifier qu’il n’en avait pas pour autant terminé avec lui, il retroussa les manches de sa chemise. La question était rhétorique, c’est pourquoi il enchaîna sans attendre de réponse. « A quinze ans tu devrais connaître un peu la vie après avoir vécu dans la boue et la merde, tu crois pas ? » Il se laissa retomber sur le dossier de sa chaise, secouant brièvement la tête de droite à gauche en dévisageant le mioche devant lui. C’était étonnant pour ne pas dire miraculeux qu’il ait survécu si longtemps. Et peut-être que ses grands yeux de gosses avaient réussi à en faire céder plus d’un, mais Liam n’était pas aussi naïf. Les joues de Luke avait perdues de leur rondeur pour s’affiner, il grandissait.
« Dans quel putain de monde des fils de pute de gitans sont généreux et gentils gratis ? » Dans quel monde qui que ce soit était gentil et généreux sans rien attendre en retour. Pas dans l’Ouest profond, pas à Silverstone. « Donc tu leur as vendu c’que tu savais pour un peu de gentillesse et quoi ? Cinq cents ? Un dollar ? » Liam sortit quelques billets de sa poche qu’il jeta sur la table avec un sourire tordu. On pouvait deviner sa mâchoire serrée sous sa barbe. Un des billets commença à avaler la bière que la table recrachait. Si Luke avait osé approcher sa petite main d’un de ces billets, Liam lu aurait écrasé les doigts de son poing fermé. « Alors ? T’es complètement con ou tu l’fais exprès ? T’as été bercé trop près du mur ou tu voulais juste jouer les grands alors que t'en as pas les épaules ? » Il frappa avec force la table qui trembla sous son poing. Et enfin ses épaules s’affaissèrent, il secoua la tête. Liam se passa une main dans les cheveux, les aplatissant sur son crâne et les dégageant de son front. Quand il haussait le ton ainsi, des traces de son accent presque effacé refaisaient surface, revenant de loin.
« Si t’as cru que vous étiez une famille c’est que vous deviez être bien proche alors ? Sinon t’aurais pas trahi celle que t'avais déjà aussi facilement, hein ? » Autour, Abigail apportait des assiettes ici et là. Cary avait commencé à manger et repris une conversation. On ne faisait attention à eux que de temps en temps. Le centre de l’attention était devenu le repas et plus la canaille qui se faisait remonter les bretelles et qui, de toute façon, finirait pendu comme le criminel qu’elle était. Le procès était prêt. « T’allais filer sans tes p’tits copains ? Et Maxence, c’est quoi ? Il a pas été assez généreux et gentil ? Tu crois pas qu’à cause de toi on le recherche aussi pour lui péter les genoux avant de lui passer la corde au cou? L’idée elle doit bien venir de lui, hein ? » Liam alla lui tapoter la joue. Une petite claque et une deuxième, comme s’il s’adressait à un enfant en bas âge. « T’es bien crasseux d’bêtise si tu crois que les familles c’est généreux et gentil, Luke. Dans quel putain de monde est-ce que tu vis. Il aurait fallu grandir un peu plus vite, tu crois pas ? Et maintenant c’est foutu. » Liam désigna d’un geste de la main le peuple qui s’était retrouvé au saloon. « Tu crois qu’ils vont vouloir te laisser filer juste pa’ce que tu savais pas ? Pa’ce que toi tu voulais une famille et qu’ils ont été gentils avec toi contre ta parole ? » Il secoua la tête, au cas où cela n’était pas assez claire pour le gamin. « A cause de toi y’a des parents qu’ont plus leur enfant, des frères qu’ont plus leur sœur. J’pense pas que tes arguments tiennent bien la route. Va falloir trouver mieux. »
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| | Dim 28 Mai - 18:12 Le visage de Luke rencontre douloureusement la table. AÏEUU !! Cet abruti va lui casser le nez si ça continue ! Luke sent une petite odeur de sang, le sien. Bordel !!
- Quand on jure, c’est mieux que ça soit sur quelque chose qui a de la valeur, abruti. Il aurait pu le lui rappeler sans lui éclater la gueule sur la table. Luke sait qu’il n’a aucune valeur, mais pour lui, sa tête en a. C’est sans doute la chose de plus grande valeur qu’il possède n’en déplaise à Liam. Il n’a ni maison, ni famille, juste sa tête encore sur les épaules et s’il meurt, parce qu’il sait que ce sera indéniable et que son heure se rapproche seconde par seconde, il espère juste que sa tête ne soit pas trop amochée. Décapité, pendu, une balle dans la poitrine, tout sauf défiguré.
- T’es complètement con ou tu le fais exprès ? Un peu des deux ? Beaucoup du premier. Luke n’est pas le couteau le plus aiguisé de la cuisine, il n’est même pas dans la cuisine. Lorsque Liam le relâche enfin, il attend quelques secondes encore la joue contre le bois pour s’assurer qu’un nouveau coup ne lui soit pas porté tout de suite. C’est qu’il pourrait se briser le cou à la longue.
Luke a trop pris ses aises à Silverstone depuis un petit temps et le rappel de Liam est brutal. On l’a oublié, laissé de côté des coups après lui avoir fait croire qu’il pourrait être quelqu’un. Tu parles… Luke ne sera jamais que le rat des rues, le gosse orphelin qui vit des morceaux de pains qu’on veut bien lui laisser, un obstacle pour toute société idéaliste. En grandissant tout ça ne changera pas. Il ne sera plus un gamin mais juste l’un des sdf qu’il a par le passé méprisé, le genre avec lequel il s’est déjà battu pour un abri de fortune. Sa couronne en carton tombera en poussière avec lui. Luke n’a aucun autre destin alors peu lui importe demain, peu lui importe les conséquences. Chacun de ses coups est le dernier puisque chacun de ses jours est le dernier.
Liam jette des billets sur la table. Luke les fixe un instant, une lueur dans les yeux. Pour un gars comme Liam, ça ne représente rien. Pour Luke, un dollar c’est déjà presque une fortune. Mais il ne bouge pas, il sait qu’il risquerait gros s’il tente quoique ce soit et surtout qu’il n’en sortira pas avec les billets.
Il sait que certaines personnes les observent de loin dans la pièce, se délectant du spectacle qu’ils leur offrent. Il pourrait peut-être ouvrir un stand aux prochaines festivités dans la ville. Deux dollars pour balancer un œuf pourri sur sa tête, cinq pour de la terre humide et dix pour lui verser un seau d’eau dessus. Il pourrait faire sa fortune là-dessus.
- Si t’as cru que vous étiez une famille c’est que vous deviez être bien proche alors ? Sinon t’aurais pas trahi celle que t'avais déjà aussi facilement, hein ? Quelle famille ? Liam se fait vieux pour oublier si vite que Luke n’a aucune famille. Il y a bien les gamins dans la rue et encore, sur la floppée de mioches qui le suivent il n’en voit qu’un ou deux comme une véritable famille, une autre partie comme sa famille éloignée, le reste comme des sujets.
Liam lui parle ensuite de ses amis et de Maxence. Evidemment qu’il allait filer sans eux, il l’a toujours fait. Il fuit, encore et toujours. Une ville n’est qu’une ville, les gens ne sont que des gens. Luke n’est qu’un morveux de passage comme bien d’autres. Il redresse cependant un sourcil lorsque Liam évoque la possible pendaison de Maxence. Vraiment ? Luke n’y croit pas trop. Maxence ne s’est jamais vraiment mouillé pour lui, non ? Certes il leur a offert un lieu où se reposer et de quoi manger de temps en temps mais ça ne signifie rien pour le croquemort, si ? Qui viendrait lui chercher des noises à lui ? Luke est du genre incapable de voir ce qu’il a sous le nez depuis le début à moins que ça ne brille.
[…] A cause de toi y’a des parents qu’ont plus leur enfant, des frères qu’ont plus leur sœur. J’pense pas que tes arguments tiennent bien la route. Va falloir trouver mieux. Vivre sans famille ce n’est pas si dramatique que ça, des tas de gens le font déjà. Vivre c’est déjà la merde en soit. Pourquoi le sort des autres lui importerait ? Parce que le sien en dépend visiblement. Mais le mal est fait. Ce qui est fait ne peut être défait.
- J’ai pas fait grand-chose. J’devais juste être là. Ils auraient pu s’débarrasser de moi aussi, m’tirer dessus pour que j’parle pas après et que j’réclame rien mais ils l’ont pas fait. Sans doute parce que ça a été la merde… J’suis pas complètement con, j’sais bien qu’suis juste une main d’œuvre bon marché pour eux et qu’ce soit eux ou n’importe qui d’autre, quand j’s’rais plus utile j’me prendrais une balle entre les deux yeux. Mais j’ai rien d’autre. Les yeux toujours baissés comme un chien qui attend sa punition, Luke évite le regard de Liam. Il sait qu’il va mourir demain, il le sait depuis la première fois qu’il s’est enfuit de l’orphelinat.
- L’marshal y m’a fait suivre, du coup les Borden m’ont rien dit. J’en savais pas plus que c’que j’dis, c’est la vérité. Luke réfléchit. Il n’a aucun moyen de s’en sortir. Il a la gorge nouée, il peut déjà sentir la corde autour.
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| Ven 14 Juil - 13:47 Sacré blizzard. Une visibilité quasi nulle à quelques mètres devant soi accompagné d’un froid sec et cassant. L’hiver montrait ses crocs en asphyxiant Silverstone de toute chaleur. Le printemps restait la saison favorite de Tommy ; douceur estivale, pluie abondante, fleurs en extase, peau moins bleutée…Cette saison était moins cruelle pour les gosses de dehors, comme le p’tit tommy. Vivement donc les beaux jours. « Aie, tu fais mal. » s’écria Anneth, une jeune fille âgée de 7 ans, membre des p’tits merdeux. Tommy, les fesses posées de manière bancale sur une botte de foin, était en train de couper les cheveux d’Anneth, à l’aide d’un simple couteau. Une coupe était nécessaire pour éviter trop de nœuds et pour garder un semblant d’hygiène. Cachés dans l’arrière-boutique du cordonnier de la ville, les deux mineurs profitaient de la bonté du gérant et d’une once de chaleur délivrée par ces murs. Un peu de répit avant la dure nuit qui les attendaient. Alors qu’il faisait tomber toujours plus de cheveux blonds sur le sol, des bruits de pas rapides résonnaient de plus en plus fort sur le parquet de la boutique. Un enfant aux joues rougies par le froid extérieur arriva, à bout de souffle, dans la pièce. Il dût mettre ses mains sur ses genoux pour reprendre de l’air, et réussir à articuler trois mots. « Tommy…C’est Luke… » le p’tit se releva, passant sa manche poussiéreuse sur son front. « il a été emmené par un g’roupe d’hommes. J’crois sont pas gentils Tommy. » L’inquiétude pouvait se lire sur le visage de Tommy, qui avait cessé la coupe désastreuse de la petite Anneth. « Sont au saloon », finit le p’tit en s’asseyant sur une petite commode aux poignées absentes. *** Le vent presque arctique venait lui brûler la gorge, mal protégée par un simple bandana aux couleurs délavées. Ses yeux se plissèrent à plusieurs reprises pour tenter d’apercevoir ce qui se trouvait devant lui. Peu de monde se risquait à errer dans les rues ; tout le monde cherchait le réconfort des intérieurs chauffés par les cheminées. Lui ne cherchait pas un toit, mais plutôt Luke, son ami, son compagnon de galère. Tommy s’interrogeait sur l’identité des personnes qui avaient embarqué Luke au saloon. Les p’tits merdeux avaient pas mal d’ennemis sur le dos, ce qui rendait l’énigme compliquée pour Bladger. Il remarqua directement Luke lors de son entrée dans le saloon relativement calme. Assis à une table, les épaules affaissées, la tête baissée, en face d’un homme à la corpulence imposante. Liam. Bordel, pas lui. Tommy n’avait jamais réellement eu de longs contacts avec lui, mais il se doutait qu’un chef de gang comme lui n’avait pas vraiment la main sur le cœur. Le jeune homme n’avait aucune idée du sujet de la discussion actuelle lorsqu’il s’approcha de la table, mais à en voir l’attitude de Luke, il s’imaginait déjà le pire. « Il s’passe quoi ici ? » Articula Tommy en posant une main sur l’épaule de Luke, fixant directement Liam du regard. Même si son regard paraissait franc, son cœur tambourinait dans sa poitrine, et se décomposait face aux épines de la peur. Il devait bluffer pour tenter de sauver cette situation. @Liam Hennessy ; @Luke  | | | | | |
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| Mer 16 Aoû - 20:16 "And we know what we're knowin' But we can't say what we've seen
- … quand j’s’rais plus utile j’me prendrais une balle entre les deux yeux. Mais j’ai rien d’autre. Liam était loin d’être compréhensif. Aussi il regarda silencieusement le gamin devant lui qui gardait les yeux baissés et le dos courbé. Il alla fouiller dans la poche de son manteau pour en sortir un paquet de cigarettes. Liam en coinça une entre ses lèvres et tendit le paquet au môme. Le problème c’est qu’ici ils étaient pas mal à s’y connaître en misère. Et Luke ne s’y prenait pas de la bonne façon, non. Il faisait tout de travers. Le petit ne voyait ni assez loin, ni assez grand. Liam alluma sa cigarette dans un soupire avant de poser son briquet sur la table.
- L’marshal y m’a fait suivre, du coup les Borden m’ont rien dit. J’en savais pas plus que c’que j’dis, c’est la vérité. Cette fois Liam montra un brin plus d’intérêt à l’annonce de Luke. Il haussa les sourcils et son front se creusa de rides. Ses yeux noirs brillaient de curiosité. Il ne s’en cacha pas. « Le marshal t’as fait suivre ? Bartel Murphy ? » Lui qui l’avait prit pour un incapable était plus qu’étonné d’apprendre qu’au final celui-ci avait peut-être eut un coup d’avance dans cette histoire. « Tu sais pourquoi il a fait ça ? » Tout le monde savait que le marshal de la région était quelque peu excentrique mais on ne lui connaissait pas de suivre des jeunes hommes sans raison. Aussi Liam préféra croire qu’il n’y avait rien d’étrangement suspicieux sous cette lubie. Même si Bartel Murphy n’était finalement pas allé au bout de sa piste puisqu’il avait préféré quitter la ville pour quelques semaines de vacances loin de Silverstone plutôt que d’enquêter sur la catastrophe qui les avait frappé. Liam se pinça l’arête du nez. Le monde marchait sur la tête pour que ça soit les bandits qui cherchent à rendre justice à la ville pendant que les hommes de loi préféraient compter leur poils de jambe.
La conversation n’eut pas le temps d’aller plus loin. Un deuxième garçon vint faire son entrée dans la scénette pathétique. Lui aussi avec les cheveux en bataille et les joues creusées. Il était connu pour faire parti de la bande de Luke mais sa réputation n’allait pas plus loin. « Il s’passe quoi ici ? » Liam salua le gosse malpoli d’un signe de tête. L’interruption l’agaçait un peu plus mais il se garda de distribuer de nouvelles claques. « Et bien j’étais en train d’expliquer à ton ami qu’il allait être pendu sous peu. » Le bandit ne daigna pas offrir un réel sourire au garçon. A la place ses lèvres étaient pincées en une ligne droite, les sourcils levés dans un air faussement désolé. « Personne en ville n’est vraiment très content qu’il ait aidé les Borden à attaquer la banque. Et comme tout bon criminel qui s’est fait pincer, c’est la corde qui l’attend. » Liam fit pianoter ses doigts sur la table. Il avait les ongles sales et mal coupés, le bout des doigts gercés par le froid. « Ils veulent le lyncher. C’est beaucoup d’énergie pour pas grand-chose au final mais il faut les comprendre ; les temps sont longs quand on s’ennuie. » Bien qu’il semblait s’adresser au dernier arrivé, c’était Luke que Liam regardait pensivement. Il laissa passer quelques secondes de silence, le papier de sa cigarette se faisait grignoter doucement. Finalement il cendra sur le sol et se redressa brièvement. « J’imagine qu’aucun de vous deux sait où est Maxence ? » Ou qu’ils ne le diraient pas même s’ils le savaient, toutes ces belles valeurs sans intérêt…
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