Nuttah & Amitola : into the woods

@Amitola & @Nuttah Doyle

Infertile sous sa nappe de blizzard, la terre ne produit plus rien. Ceux qui la cultivent le savent : les temps vont être durs, il faut faire des provisions. Toute fermière qu’elle est, Nuttah ne peut décemment plus vivre de ses récoltes, alors, dans sa charrette grinçante, c’est vers le cœur d’Imogen qu’elle s’embarque, seul être mouvant dans ce décor immobile.

Maya est à ses côtés, brave bête qui grelotte à peine sous son pelage d’Hiver. La petite chienne a les yeux rivés sur le paysage, comme une vigie du Fort. Elle regarde les arbres passer à mesure que le cheval avance, quelques kilomètres de forêt inexploitables qui bordent la propriété que feu son père avait achetée.
Les bêtes semblent avoir toutes disparu - même les oiseaux ne chantent plus. On ne voit que des branches tordues par le poids de la neige. De temps à autre, un peu de poudreuse glisse de son perchoire, animant comme ce peu ce royaume endormie.
Mais ce que l’Homme ne voit pas, le chien peut sentir : Maya, se tend d’un coup. Ses oreilles se dressent et son museau hume l’air frais. C’est seulement après une analyse olfactive brève, mais efficace, qu’elle se met à aboyer, puis, sans crier garde, sauter de l’embarcation.
Elle disparaît rapidement entre deux buissons enveloppés de givre, s’enfonçant dans une nature bien moins praticable que le chemin de terre forcé par le passage des diligences et autres chevaux. Elle continue bien évidemment son tintamarre, seule indication de l’endroit où elle se trouve ( et il semblerait qu’elle s’éloigne ).

Ce que Maya a pisté, c’est l’odeur d’une intruse sur les terres Doyle : Amitola, pas vraiment surprise ni impressionnée par les caprices de la météo, semble avoir temporairement élu domicile dans ces contrées, sachant bien que traverser les montagnes, par ce temps, serait une entreprise difficile.
Maya, postée devant elle, aboie et grogne, ne faisant au final que ce pourquoi elle a été dressée : prévenir d’un potentiel danger.

Nuttah & Amitola : into the woods

@Amitola & @Nuttah Doyle

L’hiver était là, bel et bien installé dans toute sa rudesse. Elle le craignait chaque année, mais peut-être celle-ci un peu moins que les autres: les affaires de la ferme étaient reparties et elle était parvenue à mettre suffisamment d’argent de côté pour assurer la subsistance de tous ses habitants durant la froide saison. Enfin, en espérant que celle-ci ne s’éternise pas non plus. De nourriture, elle avait conservé ce qui pouvait l’être mais les bouches à nourrir ne pourraient survivre sur ces réserves, qu’elle devait compléter à Imogen de manière régulière.

Ces chevauchées vers la ville, elle les redoutait à chaque fois. Car elle aurait beau choisir le moment le plus propice, elle n’était pas à l’abri d’une brusque tempête qui la piégerait au milieu de nulle-part. Mais elle n’avait pas le choix. Couverte autant que possible, elle sentait le froid mordre son visage alors qu’elle avançait prudemment dans la neige. Pas un bruit, si ce n’est le sifflement du vent qu’elle espérait ne pas voir s’accentuer et le craquement de la neige fraiche sous les sabots de sa monture. Il faisait encore jour, et pourtant à certains moment le chemin devenait si sombre qu’on aurait pu se croire au beau milieu de la nuit.

Ce silence assourdissant rendit l’attitude de Maya particulièrement surprenante. D’un coup, voilà que la petite chienne se mit à aboyer avant de détaler comme un lapin entre les buissons. Une fois la surprise passée, le corps de Nuttah se tendit instantanément. Elle connaissait cet aboiement par coeur, et il n’annonçait jamais rien de bon. Maya avait repéré quelque chose d’anormal… ou quelqu’un.

Elle s’élança d’un coup à sa poursuite, d’autant plus alertée par les grognements de l’animal. Elle s’arrêta en sentant qu’elle s’était suffisamment rapprochée et descendit de cheval, puis ni une ni deux empoigna le fusil de feu Doyle, qu’elle gardait toujours sur elle. Elle s’approcha lentement, avant de pointer son arme sur l’unique silhouette qu’elle apercevait. « Qui êtes-vous et qu’est-ce que vous faites ici? » Son ton était sévère et empli d’autorité, autant que possible. Pourtant, lorsqu’elle put voir plus précisément le visage de la jeune femme qui lui faisait désormais face, elle faillit bien flancher, surprise, désarmée même par son si beau visage, et surtout la profondeur de son regard. Mais non, elle ne devait pas montrer d’hésitation. Reprends-toi, s’ordonna-t-elle. L’intruse n’avait pas l’air dangereuse à vue d’oeil, mais elle pouvait bien ne pas être seule.