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| | Dim 18 Juin - 20:39
Un ticket pour l’au-delà
@Maxence BurkeCe n’était pas la première fois que j’effectuais ce trajet. Dans toutes les villes où nous nous étions arrêtés, j’avais toujours fait un petit tour vers ce lieu morbide. Personne n’aimerait y aller. Pour ma part, j’avais l’impression d’y être allée plus d’une cinquantaine de fois l’année dernière. Il me semble que le chiffre doit être plus important au vu de nos arrêts. Je n’ai plus compté après notre arrivée dans le Texas. Ce qui est horrible dans ces endroits c’est surtout l’odeur. Parfois, je dérange le personnel, moins souvent ceux qu’ils habillent, ils ne pipent pas un mot. Ils sont déjà partis ailleurs, quelque part où on les y rejoindra certainement, un jour ou l’autre.
J’ai un respect pour ces employés qui s’occupent une dernière fois de ces personnes de tout âge. Quelle horreur de découvrir un bébé ou quelqu’un qui nous semble familier. Il faut un certain sang froid ; le jeu de mot n’était pas voulu ; pour faire ce métier. Le plus de ce métier ? Le silence de mort, pas un cri ou une remarque de la part du client et surtout du boulot pour toute la vie. Le seul inconvénient avec ces clients c’est leur état de conservation, ce qu’on arrive à obtenir d’eux (du moins les morceaux) et leur odeur, agrémentées de certains gaz. Ce doit être à la fois terrifiant mais terriblement drôle d’entendre le dernier pet de ces gens-là.
Les traits négatifs doivent être relatifs aux proches de ces clients, bien plus difficiles. Certains doivent être là pour un dernier au revoir comme pour un pot de départ. D’autres ; et j’en ai vu de mes propres yeux ; crachent (de manière littérale) sur cet individu, le frappent sur le torse, lui crient dessus, le secoue, d’autres pleurent et d’autres encore restent silencieux voire stoïque. Mais ce n’est qu’une façade. Seul l’homme qui organise la cérémonie pourrait certainement déceler les pires intentions de ces personnes présents une dernière fois pour cette personne qu’ils ont pu aimer, choyer, détesté ou… à peine eu le temps de connaître.
Oui, j’admire ce travail. Revenir sale, parfois puant - et je ne parle pas de sueur – auprès de sa famille. Oh et j’oubliais, leur arrivée n’est pas appréciée de grand monde, pas autant que ne l’est un docteur. Si on prenait par exemple le docteur Maharaj, il serait vu comme un héros, celui qui sauve la veuve de l’orphelin, celui qui parvient à sauver des situations in extremis, celui qu’on suit tout le long de notre ouvrage. Tandis qu’un croque-mort serait pressenti comme l’excipit d’un roman, un rôle de seconde zone - pourtant bien pratique- celui annonçant la mort d’un criminel ou d’un personnage aimé du héros. C’est le corbeau, notre messager funeste. Et c’est ce drôle d’homme que je dois aller voir. Ce drôle de rituel, je l’ai instauré durant mon long voyage avec mon homme. Quelques fois cela m’a semblé nécessaire, au vu de l’état préoccupant de Martin. J’ai passé des moments souvent horribles, pensant qu’il allait rendre l’âme à tout instant. Le visage livide, la toux qui n’en finissait plus, lui qui semblait s’étouffer et moi qui paniquais. Que de nuits que j’ai pu passer à veiller sur lui et à maudire mon âme de ne pas être allée voir le pasteur.
Ensuite, c’est devenu quelque chose de nécessaire, une chose que je me devais faire pour mon mari. Nous ne sommes peut-être pas un véritable couple comme ceux qui s’aiment d’un amour passionné, d’un amour véritable, d’un amour tendre, d’un coup foudre. Je l’aime, c’est certain, comme un ami, un merveilleux compagnon, un collègue. J’apprécie son talent, le respect qu’il a pour ma personne ou encore la liberté qu'il me laisse. C’est pourquoi, en tant que femme, je me fais le devoir d’y aller à sa place. Mon homme de paille est un homme jeune, bien plus que moi. Il n’a pas à penser en permanence à sa condition humaine qui se dégrade. Je préfère largement qu’il s’intéresse à la beauté de la vie, aux paysages, aux histoires qu’il souhaite raconter ou encore à moi. Qui a envie, à moins de trente ans de penser à son cadavre, à faire ses petites courses pour choisir son cercueil, l’endroit où l’on voudrait être enterré ? Oh et de choisir ses fleurs, plutôt lys blanc ou de l’arum ? Non, j’ai décidé que c’était mon boulot, ma tâche en tant que dernière amie qu’il aurait de son vivant.
Je me trouve près d’une porte. J’observe les environs afin de vérifier qu’une veuve épleurée ne regrette pas d’avoir épousé un homme sans le sou, qu’un gamin se réjouisse de la mort d’un père violent ou encore des personnes colériques suite à la découverte d’un possible testament. J’effectue la même tâche mais cette fois-ci de manière sonore en mettant mon oreille sur la porte. Je ne détecte rien. Je ne risque de déranger que l’employé ou les employés.
J’effectue un pas en arrière et je toque par trois coups. Je m’annonce assez fort -de quoi réveiller des morts- et distinctement :
« Bonjour, je me nomme Erin Martin, je viens au nom de mon mari Martin. » J'attends une réponse ou que quelqu'un vienne m'ouvrir.
Récap' des événements - Erin pense au métier des croque-morts et vient chez les Burke afin de prévoir l'éventuel enterrement de son mari.
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| Since : 25/11/2020 Messages : 130
Name : Maxence Burke
Faceclaim : Domhnall Gleeson Crédits : ghoest
DC : Pearl Hennessy & Nadie & Jacob Kalawai'a & Grace Monaghan & Harold Beaver
Age : 31 ans
Statut : Cousin des frères O'Reilly, célibataire
Job : Croquemort de Silverstone
Habitation : Silverstone
Disponibilité : Toujours !
| Mer 19 Juil - 22:57 Un ticket pour l'au-delà There will be no mercy, only slain bodies and taken souls.
Cela fait pratiquement un an que la bicoque habitée par la famille Burke s’est transformée en maison funéraire. Elle ressemblerait à toutes les autres s’il n’y avait un couvercle de cercueil à côté du portillon avec l’inscription « SERVICES FUNERAIRES » à la peinture noire. Quelques découpes de bois sont posées contre le mur à côté des tréteaux sommaires d’un établi laissé à l’abandon.
Loin des villes, Silverstone ne se paie pas les belles manières d’un passeur d’âme en costume. De temps à autre le shérif paie Maxence pour creuser quelques trous mais plus rares sont les cérémonies. Il y a bien longtemps qu’il n’a pas entretenu le cimetière de la ville ou qu’il a nettoyé son costume de messe.
Un des carreaux de la fenêtre est cassé. De l’intérieur, on peut entendre des grognements d’oursonne. « J’y vais ! J’y vais ! » s’égosille une voix éraillée aux inflexions très irlandaises. La porte s’ouvre sur un jeune homme prématurément vieilli, le cheveu orange, pâle, maigre et mal rasé. Il porte un habit poussiéreux aux bretelles détendues. Une légère odeur de liqueur flotte dans son haleine. « C’est une cliente, vieille sourde ! » crie-t-il encore à sa mère qui le fustige depuis la cuisine. Il sort de la maison et claque la porte sans l’inviter à l’intérieur.
Un sourire de fantôme étire sa bouche fatiguée. « Soyez la bienvenue, pardonnez moi pour ce raffut, l’accueille-t-il d’un ton affable, ma mère est une (il adresse ces derniers mots d’une voix forte en se tournant vers la fenêtre cassée) HARPIE SANS ÂME. » Un florilège d’injures lui répond mais il s’empresse d’éloigner Erin de la jonque irlandaise.
Il lui tend une poignée de main énergique en l’invitant à descendre les quelques marches du perron. A ce stade, il ignore encore si la jeune femme est véritablement une cliente de la maison ou si c’est encore l’émissaire d’un des créanciers. Maxence Burke, la gueule ouverte pas l’amoncellement de dettes qui le suivent, n’a pas été un professionnel doux et à l’écoute des familles depuis longtemps. Le croquemort connu dans tout le pays pour ses frasques ressemble davantage à un fou ou à un criminel qu’à l’homme de la situation. Mais il est aussi le seul.
« Désolé pour ça. Je suis Maxence Burke, le croquemort. Si c’est pour acheter un cercueil vous êtes la bienvenue mais si c’est pour réclamer de l’argent, je ne peux pas vous aider. » Il sort une paire de lunettes de soleil de sa poche en se collant à l’ombre d’un muret. « On peut discuter au saloon. Je ne peux pas rester dehors la journée, je prend feu. » D’un hochement de tête il l’invite à le suivre dans la rue vers le bourg. « Qui est votre mari ? »
crédit - Deadparrot & ghoest | | | | |
| | Dim 23 Juil - 1:52
Un ticket pour l’au-delà
@Maxence BurkeC’est donc cet homme le croque-mort ? Je m’attendais à quelqu’un d’autre, avec une autre tenue. Visiblement, l’alcool lui pend au nez. C’est plutôt assez tôt pour se plonger dans ce genre de choses, non ? Toutefois, il a plutôt la tête de l’emploi. La figure pâle, le teint vieilli, certainement par le malheur ou à force de côtoyer la mort. Il semble avoir 35 ans… peut-être même plus. Au moins, cela me rassure. Cela doit indiquer qu’il a du métier derrière lui.
L'homme qui m'accueille s'adresse à une personne à l'intérieur de la maison. Quel langage ! Je serais toujours étonnée de voir les relations qu'entretiennent des collègues entre eux.
Le rouquin rentre à l’intérieur et… je dois vraiment rester à l’extérieur ? Non ? On ne va tout de même pas rester dehors, non ? Et bien si. Le pire reste le ton qu’il utilise pour… interpeller sa pauvre mère. C’est d’une façon presque inhumaine qu’il s’adresse à sa mère ! Mon dieu ! Je n’aurai jamais, au grand jamais osé. Pas à ma mère. Mes yeux sont écartés comme jamais. Mon dieu, mon dieu mon dieu. Où suis-je donc tombée ? Le pire ? C’est que ce n’est point un monologue mais bien un dialogue d’injures. Je suis troublée par cette ambiance. Est-ce ainsi que les familles d’ici se côtoient ? Ou se montrent une certaine tendresse par ces noms d’oiseaux ? C’est bien étrange comme façon de faire. J’ai plutôt été habituée aux gestes d’amour sincères, aux mots doux ou encore au brossage de mes cheveux. C'est assez fou de découvrir que certains n'ont pas été autant chouchouté. C’est un tout autre monde que je découvre, qui m’interpelle et me choque profondément. Qui aurait pu penser assister à une scène pareille surtout devant la porte des services funéraires ? Je suis interrompue dans mes pensées par l’homme qui me montre le chemin. Le presque quarantenaire s’excuse pour cette scène de ménage et se présente. Dans un premier temps je suis encore soufflée par ces informations. Un croque-mort en faillite, vraiment ? Au vu de son visage, il ne semble même pas me mentir ou me faire une farce. Eh bien, les choses ont bien changées !
« Non non, c’est bien en tant que cliente que je suis venue en ce lieu. » tentais-je de le rassurer. Suis-je bien tombée sur le seul croque-mort de la ville qui semble… suspect aux yeux de ses créanciers ? C’est un peu étrange cette affaire. Les morts pleuvent à flot normalement. Entre les maladies, les combats d’armes à feu ou même la vieillesse, il ne devrait pas manquer de travail ! À moins que cette petite ville ne soit visiblement épargnée ? Ce serait une aubaine pour mon homme de paille. La faucheuse, absente, traîne des pieds pour pourfendre la vie des malheureux habitants. L’homme de la mort me propose de changer de lieu. Étrange, comme c’est étrange. Serait-ce pour lui une manière de continuer sa route vers l’alcool ? A moins que ce ne soit pour trouver un lieu plus ou moins tranquille pour discuter des détails. J’ai vu mieux comme endroit silencieux. Fait-il pareil pour ses autres clients ? Après tout, c’est peut-être une bonne tactique pour faire marcher le commerce. Une famille endeuillée ? Plongez donc dans l’alcool préparé par le meilleur saloon de la ville ! Le commerce fleurit, les peines sont plongées dans les verres de whisky. « Oh, vous ne le connaissez pas. Nous sommes arrivés il y a peu à la fin du mois dernier. Mon mari se nomme Martin. C’est un écrivain et depuis peu journaliste à Silverstone. Vous devriez avoir pu lire quelque chose de sa part. » lui répondis-je. Il ne manquait plus que je lui indique toute sa biographie ainsi que sa bibliographie. Nous nous en chargerons certainement à un moment donné, pour l’écriture de l’oraison funèbre par exemple, vantant les mérites de ses ouvrages. J’omet de me présenter mais ce n’est point une erreur de ma part. Lorsqu’on présente l’homme, on se doute que sa femme porte également son nom de famille, c’est une évidence même à notre époque ! De plus, je m'étais déjà annoncée à la porte. Il devait avoir la tête ailleurs ou... était en train de s'occuper à trouver une réplique à sa génitrice. «Oh, ne vous méprenez pas. Mon mari n’est pas encore mort non. » lâchais-je comme pour le rassurer. C’est toujours étrange de parler de ma venue. Souvent on hausse les sourcils. D’autres sont presque interloqués. D’autres encore, cachent si bien leurs émotions que je ne sais ce qu’ils pensent. « Mon mari est très malade, comprenez-moi. Il a une maladie qui ne se guérira pas. Voire jamais. Son état n’est jamais vraiment stable. Il empire très souvent. Parfois, il paraît être à l’article de la mort… Enfin bon, je vous passe les détails sur l’état de santé général de mon mari. Je viens tout simplement vers vous car je préfère gérer ce genre de choses à la place de mon mari. Je voulais savoir comment cela se passait-il exactement par ici ?» demandais-je essayant de laisser mon interlocuteur me répondre. Il paraît que je suis très bavarde. Maman me disait souvent que je devais penser à ceux qui m’écoutaient. Ou encore penser qu’une conversation ce n’était pas un monologue mais bien un dialogue avec des interactions. | | | | |
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