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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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Makoyepuk est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Kilian, Ichabod, Amelia, Benicio et Howard. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Deadlock ft. CLYDE KING
Harold Jr. Beaver
Harold Jr. Beaver
Since : 18/04/2022
Messages : 31
Faceclaim : Joaquin Phoenix
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DC : Pearl, Maxence, Nadie, Jacob et Grace
Deadlock ft. CLYDE KING 23fe90fc05f9b6e1c9b874f2631f84af9f31d545
Age : 39 ans
Statut : Fils aîné de la famille Beaver, père de 3 filles
Job : Contremaître de la scierie
Habitation : La maison des Beaver se situe dans le comté d'Imogen, au même emplacement depuis 1843. Harold vit avec ses parents, ses frères et sa fille. Toutefois, il n'est pas rare qu'il découche dans son cabanon de chasse ou Dieu Sait Où.
Jeu 29 Sep - 17:01
Deadlock
Love is the only engine of survival

Un sifflement laisse traîner sa musique le long du sentier, traverse le portillon du cimetière et suspend des longues notes qui semblent parfois interrogatives, parfois sinistres, sans air. Harold frotte ses semelles dans le gravier des allées, dépasse quelques sépultures familières et inspecte l’entretien approximatif que la paroisse donne à ce lieu sacré. Pendant son enfance, l’herbe poussait sauvagement entre les stèles éparses et il n’y avait pas de clôture. Quelques croix de rouille marquent l’emplacement des tombes les plus anciennes qui ne portent pas de noms et servent de tuteur aux mauvaises herbes. Tandis ce que le lierre avale peu à peu le fond du cimetière, des pierres plus grosses et plus récentes tentent de défier la nature et l’oubli.

Harold a changé ces derniers mois. Les traits de son visage semblent plus figés. Ses tempes sont grises, des trous éclaircissent sa barbe et une ride enfonce un canyon sévère entre ses sourcils. Depuis la mort d’Alice, tous les membres de la famille Beaver ont l’air un peu plus vieux.
Aucun d’eux n’a eu le temps de voir les corps, « pas regardables » d’après le docteur, « traumatisants ». Harold n’y était pas, il a seulement assisté à la cérémonie. La mort frappe, c’est comme ça. Là-dessous le petit Wyatt est une bien triste victime collatérale. Au moins, aucun des deux n’a eu à souffrir de la disparition de l’autre.
Malheureusement, ils ne peuvent plus en rester là. Le fantôme de Wyatt s’évade de son cercueil au petit matin pour se promener en ville. Harold n’a aucune raison de questionner la loyauté d’Howard (ne l’a jamais fait, n’a jamais eu à le faire) qui jure avoir vu le fils d’Alice au petit matin. Le soleil n’est pas encore couché. Harold n’est pas sûr que ça soit moins pire de procéder à une inhumation pendant la nuit : il est temps d’aller vérifier quel secret renferme les tombes blanches.

Alice était une brave fille. Bien qu’elle fut élevée sans tendresse dans la même grande maison que les autres niais, elle persistait à ne pas devenir entièrement une merde humaine. Harold abusait facilement d’hyperboles quand elle essayait de s’opposer à lui directement mais au fond, il la trouvait souvent digne de son respect. Malgré le tempérament inflexible du fils aîné, Alice s’entêtait à avoir des moments avec lui. Elle  évoquait un livre qu’il était en train de lire et le capturait, le temps d’une minute, plus instruit et réflexif qu’il ne le laissait voir. Bien-sûr, son mariage avec Scott ne semblait pas la combler de bonheur mais aucun mariage dans la famille n’a rempli la condition. La naissance de Wyatt avait renouvelé l’enthousiasme d’accueillir un héritier mâle parmi la nouvelle génération. Harold, qui n’a eu que des filles, attendait qu’il soit en âge pour l’emmener chasser sur leurs terres.

Pendant tout ce temps, le lierre a poussé et un gros buisson vert dégueule par-dessus le muret qui recouvre entièrement la surface d’un petit banc de pierre. En passant devant, il ne l’a même pas regardé. Il a oublié qu’il y avait un banc ici, depuis le temps qu’il est rendu invisible par la végétation. Le souvenir d’une rencontre aurait pu lui revenir en s’asseyant là, exactement au même endroit où il a attendu Clyde King, un soir d’avril 1883.



***



« Juste pour être sûr » a dit Atticus.

Il entend les sabots claquer sur le sentier. En étirant le dos, il aperçoit la coiffe et les épaules voûtées de l’écossais éconduit. Caché par le muret du cimetière, Harold attend sur le petit banc de pierre depuis assez longtemps. Son chapeau de paille baille de chaque côté de sa tête, il a une grande blouse et déjà 35 ans. Pour quitter la demeure Beaver, probablement au plus bas de son moral à présent, Clyde n’a pas le choix : qu’il veuille reprendre la route vers les montagnes ou pleurer sur un coin de table au Cat, il doit repasser par ce chemin.

« Hey ! King ! » Les deux hommes se connaissent de longtemps. Harold est plus vieux qu’Imogen elle-même. Quant à Clyde, c’est un enfant du pays. Les Beaver se doutent de son amourette avec Alice depuis un moment mais ils ont pensé que ça n’était que ça, une amourette. Atticus a déjà un meilleur candidat pour sa fille, un garçon moins charmant, plutôt maladroit et ennuyeux, mais dont le père a travaillé dur pour arranger ces noces. « Tu reviens de la maison ? »

Harold monte sur le banc et enjambe le muret pour sauter dans le chemin. Il hèle le cavalier. « Il a dit non, pas vrai ?  Evidemment. » Il marche à côté de la monture, les mains dans les poches en secouant la tête d’un air désolé. « Je suis navré, Clyde, le vieil homme est pas facile. C’est encore moins facile de l’avoir comme père non plus, je t’assure. » Il se gratte la barbe avec un sourire compatissant.  « Je m’en doutais. Viens, je te paie un coup à boire, c’est le minimum que je peux faire pour toi. »

Arrivé au croisement, il l’invite d’un signe de tête à le suivre en direction du Snip Saloon.




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Harold Jr. Beaver
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Clyde King
Clyde King
Since : 19/11/2019
Messages : 617
Name : Maëlle.
Faceclaim : Cillian fucking murphy.
Crédits : gifs signature par sparkling-lux.
DC : mila + cole + isaac + amitola
Deadlock ft. CLYDE KING 992e1b28aeabc748c0bb49537f71ac0b5102de06
Age : 36 ans.
Statut : Le cœur noyé dans le fond d'une bouteille de Gin.
Job : Homme de main pour les O'Reilly, gunslinger.
Habitation : Campement des O'Reilly, Moonstone Pond.
Disponibilité : 3/3
Mar 1 Nov - 14:39
Deadlock
La lumière du jour passe doucement à travers les paupières encore closes de Clyde. La brise matinale caresse sa peau là où elle n’est pas recouverte par les draps. Le corps ankylosé, c’est à peine s’il arrive à se tourner dans le lit. Il ouvre alors les yeux sur la chambre baignée dans la clarté de l’aube et s’apprête à les refermer pour profiter que quelques instants de sérénité supplémentaire, mais il ne peut s’empêcher de scruter les moindres détails de la silhouette qui se dessine sur le rebord de la minuscule fenêtre. Il observe la couleur changeante de ses cheveux selon l’ensoleillement, les courbes si fines de son profil, et la candeur dans son regard quand elle porte sa vue sur le monde qui l’entoure.

Clyde essaye alors de se relever pour aller la rejoindre, mais Alice est d’un autre avis. « Tss, reste couché… », son ton d’institutrice est autoritaire tandis que sa voix est innocente. Elle le rejoint dans les draps, s’asseyant sur ses jambes tandis qu’elle attrape sa main droite entre ses doigts. Désignant l’atèle improvisée qu’elle lui a fait la veille, Alice ajoute : « Je peux ? ». Clyde hoche la tête et la laisse faire.

Le jeune homme épie soigneusement chacun des gestes de la blonde, s’efforçant de ne pas grimacer lorsqu’elle passe sur un endroit sensible. Lorsqu’elle lui dit avec son insolente candeur : « Heureusement que tu es gaucher… », il ne peut s’empêcher de répondre par un sourire qui en dit long sur ce qu’il pense de cette affirmation. « J’devrais m’blesser plus souvent… », se contente-t-il d’ajouter nonchalamment, lui qui a bien souvent presque autant d’hématomes que de taches de rousseur. Lentement, il fait remonter la main libre vers l’épaule de la blonde, et fait glisser son châle. « …si ça signifie qu’j’ai droit à tant d’attention », termine-t-il.

Ça la fait rire. Son rire. Quel rire. Il emplit la pièce comme une mélodie. Clyde aimerait être assez drôle pour la faire rire constamment. Pour le moment il se contente de l'écouter comme on écoute pour la première fois un morceau de musique : attentivement et avec curiosité. Il se concentre également sur ses caresses, sa peau frissonnant sous les doigts fins de la jeune femme, comme s'ils avaient uniquement été créés pour tourner les pages d’un livre. « Qui te dit que j’aurais envie de te voir dans ce cas-là ? », dit-elle avec malice. Clyde ne répond pas à sa remarque, mais se contente de sourire.

Sa main douloureuse vient se glisser dans ses cheveux, celle intacte désigne son manteau, posé de façon négligée sur le dossier d’une chaise. Tout en se relevant légèrement pour mieux la faire s’asseoir sur lui, il propose : « J’ai quelque chose qui pourrait te convaincre. » Alice arque un sourcil, mais ne bouge pas. Clyde l’encourage d’un mouvement du menton. Elle fronce alors les sourcils mais se relève, s’enroulant dans les draps. « Dans ma poche », précise l’écossais en se penchant pour attraper le tartan aux couleurs de sa famille qui leur sert de couverture.

« Clyde… ». La jeune femme reste de dos, immobile, les draps enroulés autour d’elle. King ne répond pas, retenant malgré-lui son souffle. Alice pose une main sur sa bouche, avant de brusquement se retourner.

« Oui. »


Sa main cache un sourire, et ses yeux sont voilés de larmes. Elle laisse tomber les draps à ses pieds pour venir rejoindre Clyde, ses doigts solidement enroulés autour du petit écrin de cuir. « Oui », répète-t-elle en hochant la tête avant de s’arrêter pour renifler bruyamment. Clyde ne peut s’empêcher de sourire, et l’attire à lui pour l’embrasser. « Ouvre la boite... », fini-t-il par dire, mais Alice a déjà posé celle-ci sur le lit pour venir enlacer l’écossais.

***

« Non ».

La syllabe lui arrive comme un coup au visage. Il s’était attendu à ne pas étre le premier choix des Beaver, mais pas à se voir renvoyer paitre de cette façon. Pourtant Clyde essaye de rester calme ; il serre les poings dans son dos, encaisse. « Non, je ne te donnerais pas la main de ma fille. Elle est déjà promise à un autre… », répète Atticus en tirant sur son cigare. « …qui est fait pour elle, qui a quelque chose de concret à lui offrir ».

L’écossais déglutit, le cœur battant. Ses ongles pourtant courts s’enfoncent un peu plus dans sa paume. Imaginer Alice devoir épouser un autre le rend fou, surtout qu’il sait que cette transaction est tout bonnement économique – pourquoi diable lui imposer un inconnu, si ce n’est pas pour quelques hectares de plus ou un investissement confortable pour la scierie ?

Clyde envie d’abattre son poing sur le visage sévère et arrogant du père Beaver. Il a envie de dégainer son colt, de le placer entre les deux yeux du patriarche et d’abattre là, dans son propre bureau, celui qui s’oppose au bonheur de sa fille.

Car à ce moment-là, Clyde se croit capable d’offrir le monde entier à Alice Beaver. Il a déjà commencé à retaper la maison de ses parents, en attendant qu’il puisse lui acheter la belle propriété dont elle rêve tant, là-haut près du lac. Pour ça, il va trouver un travail honnête – il a passé son adolescence au ranch des Baxter, il sait s’occuper des bêtes, et est persuadé qu’on l’embauchera sans soucis. Il veut se ranger pour elle, lui offrir tout ce dont elle rêve, fonder une famille et étre la meilleure version de lui-même. Il, est fait pour elle.

Mais Clyde ne bouge pas, n’esquisse pas un geste – Alice ne le lui pardonnerait pas. Il ravale sa fierté et se dit que si Atticus ne la laisse pas épouser Alice avec sa bénédiction, elle portera son nom autrement.

« Raccompagnez le jeune King, voulez-vous », demande alors le patriarche en interpellant un domestique d’un claquement de doigt, baissant les yeux sur ses papiers sans les relever pour signifier qu’il a mieux à faire à présent.

Clyde n’attends pas qu’on l’escorte pour sortir. Il met ses mains dans ses poches pour contrôler sa fureur, ses doigts rencontrant l’écrin de cuir qui renferme la précieuse bague de fiançailles. Alors qu’il passe la porte, son regard croise justement celui d’Alice, qui l’attendait discrètement dans le couloir. Son expression change du tout au tout en croisant la mine abattue de Clyde. Sans un mot, elle lève une main pour venir cacher la grimace qui déforme sa bouche tandis que les larmes lui montent aux yeux. Elle s’avance pour suivre son amant, quand la voix de son père résonne depuis le bureau : « Alice, dans mon bureau. » La jeune femme reste un instant interdite, figée dans une expression de douleur, avant de finalement obéir. Elle baisse les yeux et frôle Clyde sans le regarder pour aller rejoindre celui qui n’a même pas la prétention d’étre son géniteur. King se croit mourir tant la douleur de la blonde irradie autour d’elle. Le domestique ouvre alors la porte principale, indiquant au jeune homme qu’il est temps qu’il quitte les lieux.

***

Clyde n’est pas surpris de croiser Harold. Ce dernier l’interpelle à hauteur du cimetière, et King contient sa rage pour ne pas lui exploser au visage. Il fait tout de même ralentir sa monture, qui piaffe sous les mouvements brusques de son cavalier.

« Aye », réponds simplement l’écossais aux deux questions de son camarade d’enfance. Il acquiesce d’un mouvement de tête lorsque celui-ci lui confirme que le vieil homme est difficile, et prends une profonde inspiration, incapable d’articuler la violence des pensées qui s’entrechoque dans son esprit. Harold lui propose alors de lui payer un coup. Clyde accepte, autant pour se calmer que dans l’espoir de pouvoir faire passer à Alice un message.

Enfants du pays, personne ne s’inquiète de voir Harold Beaver et Clyde King entre ensemble au saloon. Quelques habitués osent lever un sourcil surpris, les deux n’étant pas connus pour étre des compagnons de boisson, mais le vieux Earl ne s’en formalise pas. Face à la mine abattue de King, le patron s’empresse de sortir une bouteille de sous le comptoir  - un scotch à l’étiquette poussiéreuse. Il sert les jeunes hommes avec le regard inquiet de celui qui les a vu en couches culottes, avant de s’éloigner pour aller servir d’autres clients.

Clyde fini son verre sans attendre Harold, et s’en sert un autre. Dans sa poche, la bague semble peser aussi lourd que la bouteille. « T’aime ta sœur, hm ? », demande-t-il, cachant difficilement son agressivité. « Tu vas le laisser la vendre contre… quoi au juste ? Un bout de plus pour la scierie ? un investissement rentable ? ». Secouant la tête avant de porter à nouveau son verre à sa bouche, il s’arrête cependant pour ajouter : « Elle mérite mieux qu’ça. On est pas souvent d'accord, Harry... mais tu l’sais aussi bien qu’moi. »

(c) AMIANTE

Clyde King
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Harold Jr. Beaver
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Lun 16 Jan - 21:48
Deadlock
Love is the only engine of survival

Harold lève la pinte que lui fait glisser Earl sur le comptoir. Il la coule en une seule interminable gorgée. Sa pomme d’Adam monte et descend comme une pompe jusqu’à ce qu’il repose le litron vide en frappant le socle contre le bar en pin. En retenant l’air dans ses joues avec son poing fermé, il lève la main vers Earl et fait le signe « 2 ». Puis, regardant Clyde en essayant de retenir un rot, il rajoute deux doigts à sa commande.

Dans un long souffle gastrique, Harold opine enfin aux dernières paroles de l’amer amoureux.
« J’aime ma soeur » répète-t-il « Elle mérite... » Il fait un geste du poignet indiquant qu’il va y venir avant de libérer un rot salvateur.
« Pfiouh... Ouais. Alice. Elle mérite le bonheur, c’est une femme incroyable. »

Le patron ne traîne pas à les resservir. Il marmonne quelque chose qui semble lui coûter, que les premiers verres sont « pour la maison ». Harold pose une main fraternelle sur l’épaule de Clyde et l’invite dans ce geste un peu rustaud mais pas dénué d’empathie, à le suivre jusqu’à une grande table ronde sous la fenêtre.
Le contremaître vient encore souvent par ici, il a l’habitude d’accompagner ses bûcherons quand la scierie les libère. Il trinque avec Clyde, qui a déjà un train de retard, et boit, laissant peser ce silence viril et réflexif qui caractérise le business entre bonhommes.

« Aller, bois ton chagrin. Jesus a transformé l’eau en vin pour nous, les cœurs brisés. »

A cette époque, sa femme Caroline vit encore dans la maison où les Beaver l’ont confiné. Recluse avec leurs trois petites filles (parce qu’il a été décidé depuis longtemps déjà que sa présence dans la maison familiale posait plusieurs problèmes), elle ne paie aucun frais pour sa chaume fermière depuis son exil il y a dix ans. Harold s’en porte au mieux. Sa fille aînée n’a pas encore quinze ans et il n’a aucunement le projet de la marier pour l’instant. Ce genre d’affaire, il laisse les anciens s’en occuper. Il n’a pas assez de nez pour les alliances.
Le Snip Saloon, c’est plus son genre de mondanité.

« Elle est pas du même bois qu’nous autre » grogne-t-il, sentimental. « Elle est en bois fin, pour les ébéniste, tu sais, comme le...de l’acajou. Un truc fin. Pas une vieille bûche comme toi et moi.  »
Les parents Beaver avaient cette lubie d’adopter des enfants au lieu de se contenter des deux problèmes qu’ils avaient déjà. Alice était blanche, ce qui la plaçait beaucoup plus haut qu’Howard dans les projets de sa famille. Marianne avait su insuffler un peu plus d’ambition dans les associations stratégiques de l’entreprise familiale. Avant de l’épouser, Atticus n’avait pas vraiment de projet pour ses enfants. Harold avait pu se marier avec une petite fermière pas bien riche et personne ne demanderait jamais de compte à Howard.
« Pourtant elle aussi elle est née dans les Heartslands » songe-t-il. « Et son père était un sacré porc de chez-nous, j’imagine qu’elle t’a raconté. » De temps en temps, il encourage Clyde en agitant la main pour qu’il prenne de grosses gorgées réconfortantes. « Mais elle m’a appris de ces trucs. Tu sais, on a grandi là, j’ai connu que la forêt moi. Couper un arbre, faire une table, une baraque, tu pars d’un cabanon en branches et puis y a une ville qui se construit petit à petit autour de toi et t’as l’impression que voilà. C’est ça la vie. » Il regarde sa ville à la fenêtre encore, qui s’obscurcit doucement dans le soir violine. « Alice m’a montré que c’était plus grand que ça. Avec tous les bouquins qu’elle lit, tu la connais », il cherche un sourire complice de celui qui l’aime plus que tout au monde, « elle a toujours un truc extraordinaire à raconter, une malboro dans le bec comme ça, elle t’apprend un truc incroyable comme...les constellations sont pas les mêmes en Chine...ou... » Il laisse Clyde compléter.

Alice ne lui a pas raconté directement la science astronomique chinoise, il l’a seulement entendu en parler avec Marianne. Même s’il est capable de reconnaître beaucoup de qualités à sa jeune sœur, Harold n’est pas encore capable de supporter une conversation avec une jeune femme de ving-cinq ans.

« On se comprendra jamais mais je l’aime, moi aussi je veux le bonheur pour elle » affirme-t-il en finissant sa nouvelle pinte. Il ne reprend la parole qu’après avoir un peu entamé la nouvelle. « Qu’elle trouve l’amour, fonde une famille...peu importe, ce que les femmes veulent. »

Le rythme effréné avec lequel il termine ses verres commence à envahir l’espace vital de Clyde sur la table, en plus de lui faire concurrence.

« Tu crois que toi... » Il s’étouffe à nouveau dans un hoquet réprimé. « Pardon. Tu crois que toi tu as ce qu’il faut pour une fille comme elle, ma sœur ? »

Ses gros yeux bleus aussi font concurrence à ceux du sharp shooter. Il s’affaisse au fond de son dossier et croise les bras, confortable, l’air curieux quoi qu’un peu espiègle. Il connaît Clyde King depuis longtemps et les casseroles de sa réputation tintent à tous les carrefours.

« Je te respecte, mon frère, je veux dire. Tu as fais ce qu’il fallait pour te sortir de la merde et devenir un homme. Mais vraiment, Clyde King, père de famille ? La ferme est les gosses ? »




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Harold Jr. Beaver
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Clyde King
Clyde King
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Disponibilité : 3/3
Dim 11 Juin - 21:38
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« Aller, bois ton chagrin. Jesus a transformé l’eau en vin pour nous, les cœurs brisés. »

Clyde n’a pas besoin de se faire prier pour obéir. Il attrape le verre et s’empresse de rattraper la cadence d’Harry.

Il l’écoute en hochant doucement la tête alors qu’il lui explique à quel point Alice est différente d’eux, se surprenant même à approuver ses métaphores.

King peine à tenir le rythme que le bûcheron lui impose, mais il l’écoute sans broncher parler de cette sœur qu’il semble si bien connaître. Alice, elle, parlait rarement de son aîné avec de tels mots.

« Tu crois que toi... Pardon. Tu crois que* toi *tu as ce qu’il faut pour une fille comme* elle, *ma sœur ? »

Harold a le talent de lui mettre une droite sans même bouger. Clyde prends le coup en plein visage, et se surprends même à avoir un mouvement de recul. La main qui s’apprêtait à lui rincer le gosier rester suspendue en l’air, et le verre manque de craquer sous la pression de ses doigts. Pourtant, il ne se fissure pas, a l’image de King qui s’efforce de rester de marbre. S’efforce seulement, car la tension sur son front raconte une toute autre histoire.

Il déglutit, la bouche soudain pâteuse et la gorge sèche. Son regard croise celui acier de l’aîné Beaver, et lâche comme un crachat : « Pourquoi pas ? J’ai grandi dans une ferme, j’connais l’metier. L’argent s’ra pas un problème. », affirme-t-il avec conviction en venant à son tour s’enfoncer dans son siège. « Vous aviez rien quand vous êtes arrivés ici, hein ? Comme tu l’as si bien dit, une ville, ça se construit. » Il porte son verre à ses lèvres pour faire fuir le goût âcre qui lui emplit la bouche.

« Vous lui avez demandé ce qu’elle voulait ? J’veux dire, si elle est assez intelligente pour connaître tout ce qu’elle connaît, pour devenir institutrice… elle sait peut-être ce qui est bon pour elle ? ». Si son ton ne se veut pas agressif, il se fait sincèrement agacé. L’ego blessé de Clyde n’arrive pas a entendre les reproches pourtant réalistes d’Harold. Il ne voit pas, qu’en effet, Alice mérite mieux : elle mérite quelqu’un qui sera capable de lui offrir la sécurité. Et Clyde ne sera probablement jamais capable de le lui offrir. Mais la jeune femme mérite également qu’on lui fasse confiance. Dans un autre monde, une autre vie peut-être, elle serait capable de faire l’erreur d’épouser Clyde par elle même. Ou peut-être arriverait elle sincèrement a en faire quelqu’un de bien ? Peut-être que Clyde lui même, dans une autre vie, serait capable d’introspection et de remise en question.

(c) AMIANTE

Clyde King
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