Tout comme quand il lui avait sorti son speech sur la fille Doyle, Howard n’a pas la patience d’écouter l’avis d’un homme qui a épousé la folle du village. De toute façon, le cadet Beaver s'accommode très bien de son propre échos - Il parle pour deux, comme disait sa grand-mère.
Tout en mettant le monde en mute, l’apatride prend son temps pour descendre le dénivelé. Certains diront qu’il est précautionneux, d’autre, méticuleux - en réalité, Howard n’a pas envie de se tordre la cheville, encore hanté par le souvenir d’une chute à sa première chasse. A ses yeux, les pentes depuis sont plus traîtres que n’importe quelle escalade et autres fanfaronnades en milieu hostile.
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Regarde qui est rentré. “ Au loin, la silhouette d’un homme trop propre pour être un trappeur, et l’ombre de son chien les surprennent : les gens de passage sont nombreux dans la pinède, mais tomber sur la famille, c’est plus rare. Surtout sur Charles.
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Tu crois qu’il nous a suivit ? “ Cette fois, c’est son frère qui joue la carte du silence, la réponse étant bien trop évidente :si Charles avait réussi à les pister, il serait mort (
ou, en tout cas, ils en entendraient parler pendant dix ans ).
Un soupir aussi court que discret lui affaisse les épaules. “
Vraiment… “ Les yeux un tout d’abord perdu dans le vague, il tourne un regard lourd d’implication vers l'aîné. Pas besoin d’expliciter sa pensée : Harold, qui a eut vent des défaites de Silverstone, et s’en revient lui-même sans un coupable à pendre, sait ce qui les attend : l’heure du bilan est arrivé, et il ne fera plaisir à personne.
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Marianne a dû lui dire. “ Puisque le petit dernier n’est pas du genre chasse et pêche, et est encore moins poète, la contemplation ne fait pas partie de ses hobby (
il ne la pratique pas sobre, en tout cas ). Alors, comme beaucoup (
mais toujours secrètement chez les Beavers ), Howard redoute une nouvelle crise nerveuse de la part du jumeau amputé de son double. Si cette fois c’est sur leur terrain qu’il vient les chercher, il doit être sacrément remonté.
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Tu avais hâte d’en finir, hein. “ Bien que déclamé avec toute la mollesse du monde, ce trait d’ironie avait pour but de relâcher un peu de tension.
Parfois, il a honte de ne pas partager avec l’un des premiers intéressés les fruits de leurs recherches. Puis, il se rappelle de cet échec, de l’impulsivité de ce garçon, et les remords disparaissent. Charles à sa place dans un bureau, même s’il essaye de se convaincre qu’il est un dur, un vrai. Aussi étrange que cela puisse paraître quand on le compare à son frère, il n'a pas la patience et la retenue nécessaire pour ce genre d'affaires.
Leurs arrivées sont toujours remarquables, grâce au malheureux sens de l’humour de Harold. Mais le limier du bâtard sait laisser à l’artiste tout le loisir de déployer son talent, s'effaçant pour mieux le voir briller dans son imitation de canard sauvage. Tant pis s’il abandonne au passage les lauriers d’un dur labeur, Il préfère profiter de cette exclusion pour se dérober à ces retrouvailles semi-fortuites, s’avançant vers l’étendue d’eau.
Le sang qui tâche le dos de sa veste fait virer le vert du coton au marron. Les deux lapins qu’il a attachés par-dessus son épaule continuent de se vider d’un sang maintenant épais. Rien de bien impressionnant, mais assez pour faire râler Marianne qui va encore devoir préparer un baquet d’eau froide avant de pouvoir faire sa lessive.
Histoire d’anticiper cet incident diplomatique, Howard prend les devants en larguant sa prise sur un caillou, se délestant aussi de sa veste qu’il s’en va frotter dans l’eau, comme une bonne lavandière.
Le dos tourné, il peut au moins lever les yeux au ciel quand le camp O’Reilly est mentionné. La délicatesse ne coule pas dans leurs veines, c’est sûr, mais son cynisme, il ne le doit à personne d’autre que lui-même : Harold est passé maître en la matière - et autant dire que l’armée n’a pas arrangé les choses.
L’entendre parler à son propre sang de la sorte, ça lui fait toujours tout drôle. Il ne sait pas s’il condamne ses actes, ou s’il trouve cette équité respectable ; En tout cas, cela ne le surprend pas. Non, ce qui lui fait lever les sourcils, c’est la tournure que prend leur discussion : lui qui pensait entendre la conclusion d’un chapitre douloureux, voilà qu’on ajoute un nouveau grain de sel à la plaie. Cette adhésion à leur petit club de scouts lui fait ressentir la piqûre d’une pointe de vexation et lui rabat le coin des lèvres dans une moue déçue et pleine de jugement. Cette expression, il ne la garde pas pour son reflet, mais la partage à l’autre moitié de son duo, questionnant sans ménagement cette alliance surprenante.
‘ qu’est-ce que tu fous ? ‘
Ses lèvres articulent sans un bruit ses pensées. Tant pis si Charles remarque, il ne compte pas effacer cette surprise et ce doute qui se lisent trop rarement sur son visage.
Mais, toujours malheureusement inclus dans chacun des plans du contremaître, il ne se rebelle pas pour autant : il connaît sa place et le génie qu’on doit aux fous. Le doute est fait pour être questionné et challengé.
Il se contente donc d’abandonner sa veste et s’en va vers ce début de feu que le plus barbu d’entre eux commence à monter. Les sourcils froncés, comme ces pantins renfrognés avec lesquels jouent les enfants, il écoute à l'arrière-plan cette proposition qui se dessine, mimant quelques occupations.
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ça ne s’est pas passé comme prévu à Silverstone. “ Afin de ramener un peu de franchise dans cet échange, il se permet de paver la route de ces explications d’une petite embûche que Harold peut se permettre d’affronter, puisqu’après tout, c’est lui qui a “recollé les morceaux” dans cette ville poussiéreuse. “
Les locaux ne sont pas très bavards. “ C’est sûr, il saura rebondir. "
Rien de neuf à propos de Clyde. Ou des O'reilly. "
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