House of the rising sun

@Seonaid O'Mara

Charles avait toujours eut un sommeil de plomb et surtout un sommeil à toute épreuve. Tout petit, alors qu’il trottinait à quatre pattes plus qu’il ne marchait, il lui était déjà arrivé de s’endormir en pleine escalade des escaliers. Souvent, on l’avait aussi cherché pendant des heures alors qu’il tapait son meilleur roupillon sous le lit de ses parents. Les parties de cache-cache avec lui avaient souvent été entrecoupées d’excellentes sieste. On ne savait jamais s’il avait disparu dans la scierie ou la pinède ou s’il dormait à l’abris dans une des nombreuses cachettes du ranch.
Alice avait toujours été la première à le retrouver.


Cette cachette ci en plus de ne pas être sa meilleure n’était pas non plus dans le ranch.

Et ce n'était pas Alice qui le réveilla.


Charles ouvrit les yeux en même temps qu’il prit une grande bouffée d’air alors que le froid avant l’eau lui glaçait les os. Ce n'était pas une mauvaise chose quand l'été mélangé à l'alcool collaient autant à la peau. Il avait mariné un bon moment dedans.
Dans la même lancée que la dernière lampée d'air du noyé, Charles repoussa sa chienne pour basculer sur le côté et cracher ses poumons et ce qu’il y avait dedans. « Hein ? » Le fils du maire et pochtron du village essuya d’un revers de manche le filet de bave qui lui coulait du menton et se mélangeait sans soucis avec l’eau qui lui perlait des cheveux jusqu’au bout de sa barbe mal taillée. Il repoussa encore machinalement Willow qui essayait d’ajouter à tout ça sa propre bave à grand coup de langue sur ses joues. Il n'avait pas compris ce que l'autre baragouinait. « Arrête t- Oui, moi aussi je suis content de te voir mais tu pues. » Cette fois ce fut ses yeux que Charles essuya. Il avait les cils lourds d’eau, de fatigue et de tristesse. Des cernes lui creusaient les yeux et la poussière lui colorait les joues, comme un fard chez une demoiselle maladroite qui s'essai à l'art du maquillage pour la première fois.
L’homme prit une profonde inspiration et son ventre lui rappela par sa simple existence qu’il avait peut-être un peu trop abusé sur l’alcool la nuit passée (si sa posture présente n’était pas une piqûre de rappel suffisante). « Merde… » Toujours le cul par terre et la chienne à bondir autour de lui, Charles protégea son estomac en vrac d’un bras au travers de son abdomen. Il leva enfin le nez vers la gamine devant lui et constata qu’elle tenait encore le seau entre les mains.

« Il paraît que le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt.

- ... Pardon ? » balbutia-t-il comme seule réponse, encore agar et pas tout à fait de retour dans ses bottes. Charles se passa une nouvelle fois la main sur le visage et il le peinturlura un peu plus d’épaisses couches de poussière qui le laissèrent parfaitement indifférent. Il n’avait pas mal à la tête et il se félicita de ne pas avoir tant consommé d’alcool que ça ou de bien le tenir. Évidemment il était encore bien imbibé et espérait que les maux de crâne ne se pointent pas dans quelques heures (minutes) (si, évidemment).

« C’est pas une façon très conventionnelle de réveiller les braves gens. Râla finalement Charles alors qu’il peinait à se lever. L’alcool qui n’avait pas encore été filtré par son pauvre foie le protégeait encore des courbatures dues à sa brève nuit. Son corps lui rappellerait bien assez tôt qu’il avait dépassé l’âge honorable des trente ans.  Enfin… c’est sûrement pas une façon très conventionnelle pour les braves gens de dormir. » Charles dû s’aider du mur pour ne pas se retrouver le nez par terre. Il resta quelques secondes sans bouger et les yeux résolument fermés alors que Willow lui passait entre les jambes en jappant ici et là. Il lui tapota la tête dans l’espoir qu’elle se calme mais ce ne fut pas très efficace. « Vous étiez là aussi, hier soir ? » Il avait vaguement indiqué d’un signe de tête la direction du saloon. Charles fit ses premiers pas et constata qu’il tenait bien sur ses jambes. Une bonne nouvelle.