Les nuages menaçants à l’horizon annonçaient une météo mouvementée à Silverstone dans les heures à venir. L’odeur indescriptible de l’orage prochain emplissait les narines de Thomas alors que le dernier se dirigeait vers la mine d’argent à proximité de la ville. Il y avait récemment établi ses quartiers pour pouvoir s’immerger pleinement dans les affaires familiales et rencontrer les employés chargés de la gestion quotidienne. Il était conscient que la nouvelle carrière politique d’Henry Rosenbach risquait de lui faire perdre la main si aucune personne de confiance ne prenait la relève. Et Thomas avait bien l’intention de devenir cette personne.

Son bureau était on ne peut plus modeste. Des baraques avaient été érigées à proximité de l’entrée. L’une servait d’entrepôt, l’autre d’infirmerie et enfin, un dernier édifice constituait son antre, qu’il partageait avec les contremaîtres à l’occasion. Cela ne le dérangeait pas outre mesure. Il pouvait travailler depuis le manoir s’il le souhaitait. Mais venir ici était devenu un rituel étonnement appréciable. A la mine, il n’y a pas de place pour les faux-semblants. Chacun des employés mettait quotidiennement sa vie en jeu pour espérer assurer la survie de leur famille. Un concept bien étranger pour Thomas qui n’avait jamais à s’inquiéter de ne pas trouver un repas sur la table au moment du souper. Cette confrontation à une réalité qu’il n’avait fait qu’effleurer, sans vraiment l’ignorer, lui avait fait prendre conscience de l’importance capitale de son travail. Si la mine fermait, c’était des dizaines de famille qui seraient directement impactées, la famille étant bien évidemment l’une d’entre elles, mais dans une mesure complètement différente.

Arrivé à proximité de son antre, Thomas salua James, l’un des contremaîtres, appuyé sur le mur, une cigarette à la main.
“M’sieur Thomas, vous avez un invité. J’ai pas son nom. Il était d’jà là quand j’ai remplacé Javier. J’suis resté pour garder un oeil des fois qui voudrait voler ou quoi. ” lui répondit James en portant sa cigarette à la bouche.
Le jeune homme s’arrêta dans son élan. Il n’avait prévu aucun rendez-vous pour l’après-midi et James connaissait chacun des employés. “Vraiment ? C’est curieux. Peux-tu rester à proximité le temps que je sache de quoi il s’agit ? On n’est jamais trop prudent. ”, un léger rire destiné à cacher son malaise face à cette annonce.
Le contremaître répondit par un simple glissement de sa main vers le revolver dont on devinait la crosse à son côté. Ce geste n’eut pas l’effet espéré sur l’héritier des Rosenbach. La violence et le maniement des armes ne l’avaient jamais attirés. Mais c’est précisément parce qu’il serait incapable de porter un coup qu’il avait besoin d’hommes comme James pour assurer ses arrières, surtout dans ces contrées.

Prenant son courage à demain et tentant de masquer son appréhension, Thomas ouvrit finalement la porte de son bureau. Il y découvrit une silhouette familière, occupée à étudier un schéma de la mine accrochée au mur, dos à lui. Cette vision le ramena quelques années en arrière vers une scène similaire. Le décor était différent, les meubles d’un bois plus riche, le bruit des oiseaux remplacés par ceux de la ville. A l’époque, il était un jeune avocat qui approchait ses affaires avec une assurance et une naïveté qui allaient lui causer bien des problèmes. Et la silhouette dos à lui était un fantôme lié à l’un deux.

N’ayant posé qu’un pas dans le bâtiment, Thomas marqua une pause. Le visage fermé et la voix descendant d’une octave, il s’adressa au contremaître : “Tu peux y aller James, tout va bien. C’est une vieille connaissance. Ne me dérange qu’en cas d’urgence et n’oublie pas de frapper. ”. Il ne prit pas le soin de préciser si la fin de sa phrase s’appliquait à la porte ou à un être humain. Il savait que l’homme avait remarqué son changement d’attitude mais que sa déontologie l’empêcherait de désobéir à ordre direct. Et puis une menace sous-jacente lui permettrait peut-être d’avoir plus de poids dans la discussion à venir.

N’attendant pas de réponse particulière, le jeune homme referma la porte derrière lui et parcourut les quelques mètres qui le séparaient de son fauteuil. Il s’installa dans ce dernier, le corps tout entier sous tension, tel un animal se préparant à fuir un prédateur au moindre signe d'agressivité. Après une longue inspiration, Thomas leva enfin les yeux vers l’homme qui se tenait face à lui. “Monsieur King. Que me vaut l’honneur d’une telle visite ? ”.

Clyde est assis dans l'obscurité feutrée du bureau, une pièce aux murs de bois sombre qui semblaient absorber la lumière. La seule source d'éclairage provient d'une lampe à pétrole posée sur le bureau, projetant des ombres dansantes sur les étagères chargées de dossiers et de livres.

Au-dehors, les bruits de la mine s’élèvent comme un murmure constant. Le cliquetis des outils, le grondement étouffé des explosions contrôlées, les ordres jetés çà et là et les chariots remontants des antres de la terre.

La fumée de la cigarette de Clyde flotte dans l'air, créant une brume légère dans la pièce. Chaque bouffée laisse s’échapper un panache de fumée, les volutes grises flottaient lentement, soulignant la raideur de Clyde, se tenant bien trop droit - séquelle de l'échappée salvatrice d’une corde bien serrée. Un foulard délavé enveloppe soigneusement la marque encore vive, comme pour protéger ce souvenir douloureux de l'œil scrutateur du reste du monde.

Un peu plus tôt, plus par habitude que par intérêt, Clyde avait fouillé les lieux sans rien y trouver de particulièrement intéressant. Le bureau encombré était recouvert de papiers, de cartes, et de livres de comptes. Il avait tout de même trouvé une carafe à décanter contenant du cognac, mais ne prit pas la peine de s'approcher du liquide ambré.

« Monsieur King. Que me vaut l’honneur d’une telle visite ? »

Monsieur King.

Clyde se tourne vers Thomas. Il ne s'attendait peut-être pas à être accueilli à bras ouverts, mais l'attitude de son ancien complice le laissait perplexe. L’écossais ne se départit pas de son calme habituel pour autant.

« Thomas fucking Rosenbach », il marque une pause pour admirer la carrure de l’homme qui n’avait jamais dut sauter un repas de sa vie. « …le digne héritier des mines d'argent et des couloirs de la justice. Ça fait quoi… cinq, sept ans ? »

Les yeux de Clyde, d'un bleu perçant, fixent Thomas avec une intensité qui aurait pu faire reculer un homme moins aguerri. Pourtant, la prestance de Thomas ne semble pas s'effriter face à cet invité inattendu. King, de son côté, arbore un sourire charmeur, ses lèvres s'étirant lentement comme s'il savourait la situation.

« Tu t’souviens du bon vieux temps ? Les Black Caps, le frisson de l'illégalité, et toi, notre avocat bien-aimé qui nous sortait des ennuis. C'était la belle époque. »

Clyde se lève fait quelques pas vers la fenêtre, observant les trophées de chasse ornant les murs et les livres de loi parfaitement alignés sur l'étagère.

« J'ai entendu dire que tu t'es bien installé dans ce petit coin du monde qui t’as vu naitre, j’me suis dit que j’allais venir te rendre une petite visite, voir ce que tu deviens. » Il tire longuement sur la cigarette en hochant doucement la tête et fait quelques pas de plus dans la pièce, observant les schémas de la mine accrochés au mur comme s'il cherchait quelque chose. Puis, il se retourne pour faire face à Thomas, un sourire ironique étirant ses lèvres. « Et j’peux pas dire que j’suis déçu, t’es devenu le maître des lieux, en quelque sorte. Henry Rosenbach doit être fier de son fils prodige. Et ta mère… Mila, c’est ça ? Elle doit être ravie de t’avoir à la maison. Toujours pas marié ? ».

Clyde lui offre un sourire n’atteignant pas ses yeux, et s'assoit sans invitation sur le coin du bureau, croisant les jambes avec une nonchalance calculée, mes mains croisées sur les genoux, sa cigarette coincée entre son pouce et son index.

« Thomas, mon vieux complice, j’vais pas tourner autour du pot d’pisse plus longtemps. J'besoin de tes talents une fois de plus. La roue tourne, tu sais. Tu m’dois bien ça, après… », commence-t-il avant de marquer une pause. Thomas les avait condamnés avec un sourire la dernière fois qu’ils s’étaient croisés. « …eh bien, après que t’ai envoyé Beryl, Billy, Sloan et John six-pieds sous terre. » Il penche doucement la tête, a un léger rictus, et se mord l’intérieur des joues, comme il l’aurait fait avec Wyatt pour souligner une bêtise de conséquence. Il relève ensuite la tête et fixe Thomas droit dans les yeux, cherchant une réaction dans le visage impassible de son ancien partenaire.

« J’ai besoin que tu me fasses gracier. »

La demande était directe, sans équivoque.

Le faire gracier ? Rien que ça ? L’audace de King lui arracha un rire de stupeur teintée d’aigreur. Thomas avait pourtant tenté de rester aussi stoïque que possible, de maintenir ce contrôle apparent face aux yeux attentifs du loup aux traits émaciés qui se tenait face à lui. La mention de sa famille avait bien failli avoir raison de lui. Le nom de Mila sur les lèvres du bandit lui laissait un goût de cendre dans la bouche. Mais montrer un signe de faiblesse n’était pas une option si le jeune homme espérait pouvoir exploiter le peu de contrôle qu’il avait sur la situation. Après tout c’était King qui avait besoin de lui et non l’inverse.

“Finalement rattrapé par la justice ? Et quel crime marquera la fin pour Clyde King ? Vol ? Escroquerie ? Meurtre ?”

Thomas retint de justesse un rictus de satisfaction à l’idée qu’une corde vienne décorer le cou de son “vieux complice”. Cette image lui était venue pour la première fois cinq ans plus tôt lorsqu’il avait guidé un jeune inspecteur New Yorkais sur la trace des Black Caps. Malheureusement King était une anguille qui avait échappé à la justice cette fois-ci. Thomas avait espéré que son cas serait réglé en peu de temps au vu des indices accablants à sa charge, dont il avait fourni une bonne partie. Il faut croire que la police Newyorkaise avait rempli suffisamment de quota avec le reste de la bande. Cela n’avait pas empêché le jeune homme de dormir sur ses deux oreilles. Certes il n’était pas fier de son association avec malfrats ni de la manière dont il s’était lâchement débarrassé de ces témoins gênants dès qu’ils ne lui ont plus été d’aucune utilité mais il s’était toujours rassuré en se disant que ces gens savaient quelle vie ils menaient et comment tout cela allait finir un jour ou l’autre.

“Après tout peu importe le crime je ne pourrais malheureusement vous être d’aucune utilité. Mon temps au cœur rouages de la justice s’est achevé lorsque j’ai quitté New York. Comme vous l’avez si bien remarqué, je suis revenu à Silverstone pour reprendre les affaires familiales. Je peux éventuellement contacter d’anciens confrères pour qu’ils puissent reprendre votre dossier.”

Thomas avait repris par réflexe sa voix de ténor du barreau. Celle qui lui avait permis de gagner ses dossiers et le cœur de ses supérieurs. Ce ton professionnel, complètement détaché de la réalité des émotions qui se bousculaient en lui. Il avait ajouté la dernière phrase pour adoucir la froideur de ses propos bien qu’il redoutait que cela n’ait que peu d’influence sur la réaction de King.


“Pourquoi ne pas fuir comme à votre habitude ? Vous pouvez compter sur ma discrétion quant à votre visite. En souvenir du “bon vieux temps”. ”

Une dernière tentative pour que le nom des Rosenbach ne soit plus jamais associé à celui de King.

Ses yeux d'un bleu perçant fixent toujours Thomas avec une intensité presque dérangeante.

« Fuir ? Oh, crois-moi, j'ai bien l'intention de me tirer d'ici, mais il y a quelques détails à régler avant. »

La fumée de sa cigarette s'étend dans l'air, créant un voile entre eux. Clyde pose la cigarette dans le cendrier et se penche légèrement en avant, posant ses mains sur le bureau.

« J'ai pas besoin d'un avocat, Thomas. J'ai besoin d'un Rosenbach. »

Il prononce le nom de famille avec un mépris à peine voilé, comme si chaque syllabe était une pierre jetée. Clyde se redresse du coin du bureau, ramasse la carafe à décanter et verse un peu de cognac dans un verre, ignorant les convenances habituelles. Il prend une gorgée, savourant chaque instant, puis fixe à nouveau Thomas.

« Je veux que tu uses de ton influence, de tes contacts, pour que ma peau soit tirée de ce mauvais pas, mais... »

Clyde King secoue la tête, mais le rictus ironique persiste sur son visage. Il est clair que Thomas n'a pas donné la réponse qu'il espérait. Il fait quelques pas, s'approchant de la fenêtre où la lumière pâle de l'extérieur accentue les ombres sur son visage.

« T’as peut-être bien fait d’arrêter le barreau, t’as perdu la main… tu n'as même pas demandé ce que je pouvais bien avoir sur toi. » La menace dans ses paroles est sans équivoque, tant qu’elle soulignerait presque la dualité qui s’empare de l’écossais, entre le regret de la situation et le besoin de forcer la main de Thomas ; en effet, bien qu'il déteste devoir recourir à de telles extrémités, Clyde se sent acculé par les circonstances.

Il reprend une gorgée de cognac, laissant planer l'ombre de sa menace dans l'air. Puis, comme ayant trouvé dans le fond de son verre un peu de courage liquide, se retourne brusquement, fixant Thomas avec intensité, comme s'il cherchait une brèche dans l'armure bien entretenue de l'héritier Rosenbach.

« On sait tous les deux que le vieux Henry va bien finir par casser sa pipe, et va pas rester éternellement à la tête de ce petit empire, n'est-ce pas ? ». Clyde esquisse un sourire, mais ses yeux ne participent pas à la plaisanterie. « Et je sais que t'as des ambitions, des projets pour cet endroit. »

Un silence pesant s'installe, seulement perturbé par le grondement sourd des activités minières à l'extérieur.

« Imagine, juste une seconde, tout ça qui s'écroule. » Il désigne de son verre la mine et l’étendue de la propriété devant lui, prenant soin de laisser planer le double sens de sa remarque.  « La ville qui apprend la véritable histoire du fils prodige des Rosenbach. Les magouilles, les trahisons, tout le côté obscur que tu as soigneusement caché derrière des sourires polis et des poignées de main hypocrites. »

Il fait quelques pas supplémentaires, délibérément lent, faisant durer l'agonie de la menace.
« Et ta mère ? La matriarche Rosenbach découvrant que son fils chéri, celui qu'elle croyait irréprochable, est en réalité un sacré enfoiré. Tu crois qu'elle survivrait à ça, Thomas ? »
Clyde s'avance encore, plongeant son regard dans celui de Thomas. La fumée de sa cigarette pourtant écrasée dans le cendrier, s'élève dans son dos en volutes, comme des serpents s'apprêtant à mordre.

« T'as du sang sur les mains, Thomas, et c'est plus qu'une simple tâche. Alors, tu peux jouer le saint, ou tu peux faire ce qui doit être fait. »

Il marque une pause, scrutant la réaction de Thomas.

« Je pourrais bien faire parvenir tout ce que je sais à quelques personnes influentes, à la presse. Imagine les gros titres : "L'héritier Rosenbach, pilier de la communauté, cachait de sombres secrets". Ça ferait le bonheur des tabloïds. »

Le visage de Clyde s'assombrit à mesure qu'il se rapproche de Thomas, son regard perçant scrute chaque infime réaction, chaque pli sur le visage de l'héritier Rosenbach.

« Et si ça n’est toujours pas suffisant pour te convaincre, on peut parler de Louisa... un joli nom, n'est-ce pas ? ». Clyde laisse le silence s'étirer avant de poursuivre, ses yeux azur fixés sur Thomas, évaluant la profondeur de son désespoir. « Elle a déjà goûté à la souffrance, n'est-ce pas ? Maxence m’a parlé de ce bon vieux Elijah Kane, et des horreurs qu'elle a endurées dans son grenier. La pauvre petite… »

Il marque une pause, cherchant l'inconfort dans le regard de son interlocuteur.

« Imagine, mon ami, les ragots qui circuleraient si la jeune et fragile Louisa venait à... disparaître. Suicide, ils diraient. Après tout, une femme avec son passé, sa fragilité, c'est presque une évidence, n'est-ce pas ? Comment même à l’heure actuelle continue-t-elle à vivre ? ». Un sourire cruel ourle les lèvres de Clyde alors qu'il laisse planer l'idée macabre dans l'air. Il se déteste d’avoir à faire ça ; pourtant il tuerait sans hésitation pour offrir un avenir meilleur à Wyatt.

Clyde s'éloigne de quelques pas, laissant à Thomas le temps de digérer la réalité brutale de sa situation. Le choix est cruel, et chaque option est un abîme sans fond.

« Thomas, t’as le choix. Tu peux me montrer que tu es l'ami que j'ai toujours pensé que tu étais. » Clyde s'approche une dernière fois, se penchant légèrement vers Thomas. « Ou tu refuses, et saches que je serais sincèrement désolé de devoir en arriver là. »

Sincèrement.

L’aîné des Rosenbach est figé sur sa chaise. Le flot de menaces lui rappelle ses baignades dans le lac glacé à quelques lieues de la demeure familiale, lorsque l’eau se transforme en lames de rasoir et bloque sa respiration. La solution : ne pas paniquer et rester en mouvement.

“Ferme là !”

Laissant l’adrénaline prendre le dessus, Thomas est soudainement debout, la main pressée autour du cou de Clyde, le repoussant contre le bureau.

“Tu pensais vraiment que menacer ma famille et ma réputation me pousserait à t’aider ? Tu te crois malin c’est ça ? Clyde King, le bandit qui fait trembler les puissants !”

Une expression méprisante se forme sur le visage du jeune homme tandis que son regard exprime toute la haine et la colère qu’il a pu amasser ces derniers mois. Le bandit vient de lui procurer le parfait exutoire à sa frustration face à son impuissance. Car si Thomas rechigne généralement à toute forme de violence, cela ne signifie pas pour autant qu’il n’est pas conscient de sa puissance et de son potentiel.

“Tes menaces sont pathétiques. Tu crois vraiment que la presse donne du crédit aux gens de ton acabit ? Tu n’es rien si c’est n’est une ordure que tout le monde souhaite éliminer. Met toi bien ça en tête. Un mot de ma part et mes hommes vont chercher les autorités pendant que tu restes bien sagement avec moi. Ou alors je pourrais leur faire gagner du temps et te tuer ici, maintenant. Je suis sûr qu’on me donnerait même une médaille pour avoir rendu un tel service à la société. Tu ne me crois pas ? Tu veux vraiment prendre le risque ?”

Son expression doit être convaincante car Clyde écarquille légèrement les yeux et commence à se débattre. Voyant le visage du bandit perdre peu à peu ses couleurs et son regard perdre de sa concentration, Thomas desserre son étreinte et lance en contrepartie son point dans l’estomac de King en cherchant à lui couper la respiration.

“C’est pathétique à quel point ton espèce ne comprend que la violence. Même les animaux savent choisir leurs combats.”

L’aîné des Rosenbach s’éloigne de quelques pas, le regard rivé sur l’homme désormais plié en deux à côté du bureau.

“Comme je suis un gentleman, je vais te laisser le choix : tu peux continuer à te comporter comme un imbécile et je te laisse jusqu’à ce soir avant de prévenir les autorités de ta présence dans le coin ou tu peux être raisonnable et me demander mon aide comme quelqu’un de civilisé. Et si tu oses encore prononcer le nom d’un seul membre de ma famille je mettrais fin moi-même à tes jours.”

Sa tirade est ponctuée par des coups à la porte de la baraque. La voix étouffée de James fait relever la tête des deux hommes.

“Patron ? Tout va bien ?”

Thomas porte son regard sur Clyde, attendant un signe de sa part. Choisis-t-il de vivre et d’être raisonnable ? Ou sa fierté le pousse-t-il à maintenir sa ligne d’action ? King a tout intérêt à choisir vite car sans réponse de la part de l’aîné des Rosenbach, les hommes de la mines entreront dans la baraque et la présence du bandit sera connue de tous, qu’il le veuille ou non.