Les lueurs tremblantes de la bougie dans la chambre de Nancy dansent sur les murs nus, jetant des ombres fugaces sur le visage endormi de Wyatt. Assis sur une chaise à côté du lit, Clyde observe son fils, souhaitant silencieusement qu’il reste aussi paisible qu’à cet instant pour le reste de sa vie. Le murmure lointain des conversations dans les rues de Silverstone flotte à travers la fenêtre à moitié fermée.

La chambre est simple, dénuée de tout luxe. Les murs nus et le lit grinçant témoignent de la modestie de la vie que Nancy mène, quand en bas dans la boutique tout n’est que luxe et volupté. Cependant, dans cette simplicité, une chaleur réconfortante persiste, une quiétude que Clyde n’avait pas ressentie depuis longtemps.

La lueur de la lanterne éclaire à peine leurs visages, créant des ombres dansantes qui semblent conter les marques de fatigue qui se lisent sur leurs visages. Clyde garde le silence pendant un moment, son esprit naviguant entre la satisfaction d’être encore en vie, et la montagne qu’il va devoir gravir pour offrir une vie décente à Wyatt.

Nancy, assise au bout du lit, rompt le silence d'une voix douce. « Sorree 'bout his hair », chuchote-t-elle à Clyde, son regard fixé sur le bambin endormi. « Cut it meself. 'Ain’t a good job, but it worked! Nobody saw shit. »

Clyde esquisse un léger sourire. « It's fine, Nancy. He looks like a proper young lad now », dit-il en passant sa main sur les cheveux récemment coupés de Wyatt. Bientôt, il ne restera rien de ses cheveux blonds de chérubin, déjà ils commencent à foncer pour certainement finir d’ici quelques temps par prendre la même teinte de jais que ceux de Clyde. Il sait que Nancy a fait cela pour protéger Wyatt des regards indiscrets, pour qu'il se mêle à la masse des enfants de chœur, mais il regrette presque de ne plus pouvoir passer ses doigts dans ses boucles mousseuses.

La fatigue commence à peser sur eux, mais Nancy, malgré son épuisement, ne semble pas prête à s'endormir. « What ye’re wanna do now? », demande-t-elle.

Sa question, en apparence simple, cache une profondeur que Clyde n'est pas certain de vouloir explorer. Que veut-il vraiment ? La vie qu'il connaît est désormais semée d'embûches, traqué par les Beaver, les O'Reilly, les Borden, et même par la justice elle-même.

Il croise le regard de Nancy, cherchant des réponses dans ses yeux fatigués mais déterminés. « I… I’m not sure I know. I want a different life, for sure. A life where Wyatt doesn't have to hide, where he can grow up without fear. »

Les lueurs vacillantes de la bougie éclairent toujours la chambre, alors que Clyde contemple à nouveau les contours endormis de son fils unique. Une détermination nouvelle brille dans ses yeux alors qu'il partage ses pensées avec Nancy.

« I've been thinkin', Nancy, had plenty of time in me cell… » commence Clyde d'une voix résolue. Ignorant la douleur qui irradie sur son cou à la simple mention des événements des jours passés. « There's this old, abandoned farm up in the mountains. Hidden away enough for some peace. I'm thinkin' of tryin' my hand at farmin' or trappin'. Seen it as we rode by, and it's been lingerin' in my mind. »

Il dévoile ses projets, une vie simple loin des ennuis passés, un endroit où Wyatt pourrait grandir en paix. « But there's a twist... To make it work, I'll have to... persuade an old friend to pull some strings, get me a pardon. It won't be easy, and it might get messy, but I owe it to Wyatt. »

Il observe attentivement la réaction de Nancy, cherchant son avis sur cette nouvelle direction qu'il veut prendre. Sur cette perspective d’avoir encore une fois à se salir les mains.

Une dernière fois, qu’il disait déjà à Alice. La scène semble se répéter.


« What about you, Nancy? » demande-t-il.

Clyde dévisage Nancy en attente de sa réponse, regarde la fatigue sur ses traits dont il est partiellement responsable, et n’osant pas soutenir d’avantage son regard, glisse sur ses mains. Cependant, son attention est captivée par une ecchymose récente, une tache sombre parmi les marques familières. Une ride d'inquiétude se forme sur le front de Clyde, son regard passant de l'ecchymose à Nancy.

« Lass, what happened to yer hand? », demande-t-il, sa voix empreinte d'une préoccupation sincère. Ses doigts effleurent délicatement la marque, cherchant à comprendre ce qui a pu causer cette blessure récente.

« This ain't just a scrape, Nancy. Meredith let ye work with that? ».

Le frisson qui traverse le corps de Nancy n'échappe pas à Clyde.

« No! » s'insurge-t-elle, la protestation fusant de ses lèvres avec une intensité surprenante. L'expression de son visage, d'habitude si doux, est maintenant marquée par un mélange de désaccord et d'indignation. Clyde, légèrement en retrait, ressent l'onde de choc de cette réaction inattendue. Il l'observe, perplexe, cherchant à comprendre la source de son agitation.

« He don't make me work, » insiste-t-elle, mettant un point d'honneur à détailler les conditions de sa vie actuelle. Clyde, compréhensif, hoche doucement la tête, comme pour la rassurer.

« He sent his dog after me, » dévoile-t-elle, passant une main derrière son crâne. Clyde, attentif à chaque geste, ne peut ignorer la tension palpable dans ses mouvements, si bien qu’il ne comprends pas immédiatement ses mots. Le silence s'étire, comme suspendu entre les mots prononcés et les non-dits qui flottent dans l'air.

La réponse à la deuxième question de Clyde résonne avec une légèreté qui sonne quelque peu fausse. « I dunno what I'm goin' to do, » déclare-t-elle, son regard se perdant sur sa main meurtrie. « I still have to recover a bit, me think. »

Clyde absorbe ces paroles avec un mélange d'empathie et d’incrédulité. « Who… Who’s dog, lass? » demande-t-il en revenant à la question précédente, son regard cherchant des réponses dans les yeux fatigués mais déterminés de Nancy. Il met quelques secondes à comprendre que le « he » dont elle parle, correspond à Harold Beaver. Les yeux de Clyde se rétrécissent légèrement lorsque l’information devient enfin évidente, sa mâchoire se crispe, et une lueur d'agacement et de colère traverse son regard.

« That damn Beaver... » marmonne-t-il, ses poings se serrant involontairement. King n'a pas besoin de demander comment cela s'est produit. Il fixe son regard sur elle, une lueur inquiète dans ses yeux. Incapable de contenir plus longtemps ses émotions, Clyde se rapproche de Nancy. Il prend à nouveau doucement sa main blessée entre les siennes. « Why didn't ye tell me? », demande-t-il, sa voix teintée de frustration contenue. Ses yeux cherchent les siens, implorant une explication qui pourrait apaiser la tempête émotionnelle qui gronde en lui. Elle aurait dût lui dire directement ! Lui, aurait dut remarquer plus tôt.

Il lève les yeux vers Wyatt, endormi et inconscient des menaces qui planent sur sa vie. « I owe it to him, to give him a life free from all this chaos. And I owe it to you, too. I’m bloody sorry you had to endure… that », dit-il en désignant sa main du menton, « …because of me. »

Sa voix résonne dans la pièce, lourde de promesses non dites.

« I just wanted ye and the wee to be happy… So… I dunno. I just did it. Wish I could do something more. »

L'emprise de Clyde sur son bras se resserre un instant, son pouce effleurant la peau de son avant-bras. « Nancy, I know ye're trying to protect me and Wyatt, but for Christ sake- ye should've told me what was going on. Don't ye realize I would come charging in? ». La voix de l'écossais devient un peu rauque à la fin, sa voix se bloque dans sa gorge – oui, il serait arrivé en courant, autant par culpabilité que pour l’aider ; mais s’il est honnête avec lui-même ne serait-ce qu’une seconde, qu’aurait-il pu faire de plus depuis sa cellule miteuse a Fort Randall ?

Il s'éclaircit la voix et continue : « God damn it, Nancy. I told ye once and I'll tell ye again- I am a grown ass man, I have a son, I’m an outlaw... there is nothing ye need to protect me from. » Clyde s'arrête un instant, inspire et expire pour se calmer avant de poursuivre : « I appreciate everything ye do for the wee lad. But ye’re not a burden, and ye don’t owe me anything. Please tell me you understand. »

Clyde regarde maintenant Nancy avec une expression triste, comme s'il voulait s'excuser auprès d'elle de la manière la plus profonde possible, mais il choisit de ne rien dire de plus, et l’écoute.

« Ye remember when ye told me, I’ll always have a place with ye both ? [ … ] I know ye will never fancy me. I don’t care. I ain’t asking you to care. I just don’t want to disappear again. »

Les yeux de Clyde s'écarquillent et il s'arrête un instant, absorbant ses paroles. Il secoue la tête et sourit doucement avant de parler. Son ton est doux et bas. « Is that really what ye think? That I'll never fancy ye? Ye think I don't care because of that? ».

Clyde s'arrête un instant, ses yeux se rétrécissent un peu - frustré.

« I don't know why ye keep saying that- that ye're not someone I would ever... fancy. I do. I do care, Nancy. I care about ye deeply. More than ye'll probably understand. I care about you, I care for your safety, your feelings, everything. I know I might express it in a different way than most men would, but I am not most men. I am me, and that’s a bloody hell already. I care for who ye are, for yer kindness and yer loyalty. Don't ever doubt that again. ».

Clyde la regarde un instant, prend son visage dans ses mains calleuses et l'incline doucement vers le sien.

« Look at me- I know the pain that has been inflicted on you since you were a child. I can see the loneliness, the heartbreak, the grief- I understand the burdens you carry and I promise you, you don't have to carry them alone. I understand that you've been pushed away and made to feel as if you don't belong somewhere. That everything you've ever known has been ripped away. I understand that, Nancy... I really do. »

Il baisse un peu la voix, pour ne pas réveiller Wyatt.

« I know you don't think you're worthy of being cared for, that you don't think you deserve to fit in somewhere... but you are, Nancy. You are good and kind, and brave and caring and loyal. You have been through so much and you still manage to be resilient... », dit-il en relâchant son visage d’entre ses mains.

« Now, listen to me very carefully. » Clyde parle doucement, mais d'un ton sérieux. « Even if my door will always be open to you, and that I won’t force you to do anything you don’t want to, I think you should stay with Meredith, at his shop for a while. He’s a good person and I know he will take good care of you. You’ll be out of troubles, have a bed to sleep on, food on your plate for every meal… it's better than anything I or the O'Reilly can offer. »

Clyde observe Nancy avec une intensité croissante. Il sent le poids de son regard, les questions muettes qui flottent dans l'air, et il sait qu'il doit répondre, même si les mots lui semblent insuffisants pour rassurer la jeune femme.

Il voit le regret dans les gestes de Nancy, le désir étouffé de ne pas laisser ses sentiments déborder (sentiments qu'il ne prends pas pour l'amour sincère qu'elle lui porte, simplement un trop plein d'émotions après tout ce qu'elle a enduré dernièrement). Les lèvres pincées et les yeux évitant le contact, elle se replie sur elle-même. Quand elle hoche la tête en réponse à son imposition de ne plus risquer sa vie pour lui, il ressent un certain soulagement, et ses épaules s’affaissent légèrement.

« How do you know so much 'bout me? », elle demande, sa voix se faisant murmure. C'est comme si elle était surprise, étonnée qu'il puisse connaître autant d'elle sans qu'elle ait eu besoin de tout déballer. Pourtant, elle ne semble pas dérangée. Clyde a simplement observé, compris. « I've watched ye, Nancy. Not in a creepy way, mind ye », il laisse échapper un petit rire, essayant de détendre l'atmosphère. « I… I guess we’re more alike than we thought, that’s all. »

Nancy, après avoir murmuré sa question, semble chercher des réponses dans le regard de Clyde. La mention de son travail à venir, de son désir de voir ses propres réalisations, suscite un sourire sincère chez ce dernier. « Ye'll get there, lass. And when ye do, I'll be there cheerin' for ye. Ye're not half bad; if Mer' says so, then ye're downright remarkable. »

Pourtant, son sourire s’efface bien vite avec la question sur les O'Reilly, qui le prend au dépourvu. « I… I’ll let you know. If som’thing happen. But, can ye promise me ye and Wyatt gonna be safe? », demande-t-elle, la main posée timidement sur son bras. Son regard se durcit légèrement alors qu'il pèse ses paroles et baisse les yeux sur le chérubin endormi à ses cotés. « I'll do what's necessary to keep us safe, so If that means cuttin' ties, I won't hesitate. Kilian and Sean won’t be happy, but he’s me priority now. »

Clyde marque une pause, sans quitter l’enfant des yeux.

La petite voix avec laquelle Nancy demande, « Cannea hold ye? », rompt le silence et résonne dans l'air, chargée d'une fragilité qu'il ne peut ignorer. « Of course, lass », répond-il, et il se rapproche d'elle, permettant à Nancy de le serrer dans une étreinte chaleureuse.

« I'll miss ye too, Nancy », avoue-t-il à mi-voix.

Le regard de Clyde plonge dans celui de Nancy, et dans ce moment, il décide de briser le silence avant qu’il ne s’installe. « Nancy, », commence-t-il, sa voix empreinte de sincérité, « Ye'll never be a burden, Nancy. Not to me. Not to Meredith nor Lili. You have friends, ok? ».