Meredith était en colère. Plus que ça, il était furieux et c’était un état qui ne lui était pas familier, lui qui avait tendance à être toujours calme et patient. Il était furieux et il avait aussi vaguement envie de pleurer alors il avait décidé de mettre ses émotions à profit et il avait décidé s’occuper, partager entre faire le ménage ou faire la cuisine. Il avait finalement décidé de faire la cuisine d’abord puis de se mettre au ménage s’il n’était pas calmé d’ici là. Il était donc en train de couper des légumes pendant qu’une pâte à pain levait sous un torchon, attendant un pétrissage avant de prendre sa forme définitive. Meredith était loin d’être un cordon bleu mais il se débrouille plutôt pas mal pour un homme ayant eu l’éducation bourgeoise qu’il avait eu. Le résultat de plusieurs années à traîner dans les pattes de la cuisinière de Claret de la Touche puis d’autres à vagabonder partout dans le monde et à devoir se nourrir tout seul. Le jeune homme avait aussi remarqué qu’il s'agissait d’un excellent moyen pour se défouler ou se calmer lorsqu’il en avait besoin. Un évènement très rare mais qui arrivait parfois.

S’il était dans cet état aujourd’hui, c’est à cause de cette histoire dans laquelle Nancy était impliquée. Entre les Beavers, Clyde et elle. Meredith n’avait jamais tout saisi de cette histoire, pensant que c’était à la justice de régler l’affaire, mais c’était le Grand Ouest ici, la loi avait sa propre interprétation. En attendant, Nancy avait débarqué chez lui, couverte de sang, à moitié morte, la main démolie, tenant à peine debout à cause de l’état de son crâne. En la voyant comme ça, Meredith avait fait son possible pour la soigner, faisant appel au médecin malgré les protestations de la jeune femme, veillant sur elle après le départ de ce dernier. Il lui avait fallu un certain temps avant qu’elle n’accepte de lui avouer ce qu’il s’était passé. Il savait maintenant que les fautifs n’étaient nul autre que Harold, celui qui l’avait agressé de la sorte, et Clyde, pour qui elle avait enduré tout ça. Deux personnes qu’il appréciait, pour qui il avait de l’affection et à cause de qui une autre personne à qui il tenait avait été blessé. N’ayant nulle part où rediriger sa colère, il n’avait que deux options. Soit il l’étouffait soit il l’employait ailleurs. La cuisine et le ménage étaient donc ses exutoires, ne se sentant pas assez stable pour le moment pour s’abandonner à la couture.

Il découpait quelques carottes donc, son couteau claquant sèchement sur la planche de bois qui lui servait de planche à découper tandis que Nancy se trouvait dans le salon d’essayage, en train de trier les boutons, bien au chaud sous une couverture. Le jeune femme avait insisté pour se rendre utile alors Meredith lui avait confié une tâche facile et peu contraignante pour ne pas qu’elle se blesse plus gravement.

Il réfléchissait à ce qu’il devait couper ensuite quand il entendit une voix familière l’appeler depuis la porte d’entrée, sur le palier où se trouvaient les escaliers permettant d’accéder à l’appartement. D’ordinaire, Meredith aurait cessé ses occupations pour venir accueillir son invité, surtout quand il s’agissait de Clyde, mais il n’en fit rien. Il se contenta juste de lever la voix pour lui indiquer où il était.

-In the kitchen Clyde !

C’était une très bonne chose qu’il est décidé de passé le voir après tout ce qu'il s'était passé. Meredith avait pensé qu’il se serait enfui depuis un moment. Parfait, il allait pouvoir lui dire ce qu’il pensait.