Pour ce bal, Mila avait laissé de côté ses tiares et ses parures.

Des gens de tous les horizons et de toutes les classes allaient participer au bal de la foire ce soir, et il aurait été de très mauvais goût de ne pas le prendre en considération. En adoptant une tenue plus sobre, mais néanmoins délicate, elle faisait preuve de la plus grande des élégances : la simplicité. Et cela s’appliquait à sa toilette, mais également à sa personne. Mila était une femme simple, appréciant les choses à leur juste valeur, et ayant conscience de sa position privilégiée dans la société. Elle aurait ainsi pu faire le choix d’étaler la richesse des Rosenbach aux yeux de tous ce soir,  mais c’était la dernière chose qu’elle souhaitait. En effet, ce genre d’accoutrement aurait peut-être suscité des regards admiratifs, certainement accompagné de jalousie, mais également de la peine. Il y avait des gens dans l’assistance qui avait certainement économisé plusieurs mois afin de s’offrir une nouvelle tenue pour l’occasion, et Mila n’avait aucune envie qu’ils se sentent mal juste à cause de sa présence.

C’est ainsi vêtue d’une robe argentée qu’elle arriva au bal, accompagnée par @Friedrich Rosenbach. La matriarche était plus que ravie d’avoir son fils à ses côtés pour faire son entrée, même si elle savait que son dernier-né était le point convergent des regards de toutes les jeunes filles bonnes à marier. Elle s’en amusait, offrant des sourires aux demoiselles osant croiser son regard, qu’elle savait intimidant. Posant une main bienveillante sur le bras de son fils lorsqu’ils arrivèrent enfin au niveau de la foule, elle lui dit : « Réserve moi une danse avant la fin de la soirée, d’accord ? ».

Enfin, l’événement qu’elle avait attendu durant toute la foire était arrivé, le seul où elle aurait le loisir de réellement s’amuser, et non de tenir ce stupide stand. Sa journée avait en réalité consisté à boire du très mauvais vin et à échanger des ragots en bonne compagnie. Encore largement grisée par l’effet de l’alcool, elle avait néanmoins eu assez de présence d’esprit pour dissimuler son état aux membres de sa famille et éviter de les croiser alors qu’elle allait se changer. Si elle ne pouvait être la Reine de Beauté, elle serait reine du bal, et c’est pour cette raison qu’elle avait choisi une robe sombre, dont la couleur pouvait paraitre bien peu appropriée à la saison. Elle avait pris particulièrement soin de son apparence, choisissant la discrétion et l’élégance. Après tout, elle était un modèle pour de nombreuses jeunes filles de Silverstone, il fallait bien qu’elle soit à la hauteur de la tâche qui lui incombait.

La soirée était divinement rafraichissante et comme elle l’espérait, son entrée ne passa pas inaperçue auprès des jeunes gens de sa connaissance. Elle attrapa un verre au vol et le but à petite gorgée tandis qu’elle bavardait gaiement avec quelques amis. Les premières invitations à danser ne tardèrent pas à fuser et elle eut la satisfaction de constater qu’il ne faudrait guère de temps avant que son carnet de bal ne soit plein. Mais en attendant, elle se laissa conduire avec plaisir sur la piste par un inconnu à qui elle n’aurait certainement pas accordé un regard en temps normal et dont elle aurait oublié le visage le lendemain, mais c’était toute la magie du bal de la foire. Et de la boisson.

Le poing serré, contrôlé par les émotions qui le traversaient encore depuis sa dispute avec sa coéquipière, l’aîné des O’Reilly faisait le chemin jusqu’au lieu du bal populaire de Silverstone. Il avait préféré laisser sa jument avant l’entrée de la ville, sachant pertinemment que sa monture pouvait trahir son nom et ses activités clandestines maintenant qu’il cumulait les braquages et les escroqueries dans cette région et que la bande était de plus en plus crainte. Les cheveux détachés, qu’il camouflait d’habitude sous un chapeau emprunté  au cadavre d’une de ses victimes et la barbe soigneusement rasée, il était presque méconnaissable. Affublé d’un masque, bien qu’il ne s’agissait pas d’un bal masqué, Sean jouerait le rôle de son alias ce soir : l’homme d’affaires Sasha O’Bailley, comme il s’était déjà présenté à quelques convives lors de son arrivée.
En remarquant les jolies lanternes et l'atmosphère douce qui s'annonçait, il devina qu'il était certainement un des seuls à savoir que la soirée risquait de dégénérer et pour une fois, sans que cela ne soit de son ressort. Mae avait voulu prendre les devants, saisir sa chance et certainement faire ses preuves en montant un piège qui se refermerait sur les citoyens. Il fallait reconnaître que l'idée était bonne, même si Sean aurait préféré viser les habitations délaissées plutôt que la foule pour se remplir les poches. Pourtant, le bandit campait sur ses positions et s'était retenu, durant leur échange houleux, de la prendre à la gorge pour tenter de la dissuader, de l'apeurer et de lui crier qu'elle n'était au fond, qu'une addition au clan. La réussite de ce soir lui servirait donc de conseil quant à son futur positionnement : devait-il accepter les idées nouvelles ou n'écouter que son propre avis, comme il l'avait toujours fait ?
Naviguant entre les robes qui tournoyaient et les talonnettes qui frappaient le sol en rythme, l'homme masqué chercha un instant du regard une chevelure dorée qu'il découvrit rapidement, affairée à satisfaire de nombreux partenaires. Louisa avait les joues rosies et le sourire aux lèvres, lui faisant monter un élan de jalousie mal placée. Ne méritait-elle pas de passer une agréable soirée elle aussi ?

«Toi, fit-il alors tout bas à l'un de ses sbires qu'il venait de croiser dans l'assemblée, certainement présent pour participer au plan de Matthews. Tu me trouves King en vitesse, je dois lui toucher un mot. Et dis-crè-te-ment.»

S'il était hors de question pour lui de faire affaire avec les Hennessy, Sean se voyait presque contraint de suivre le mouvement. Il préférait alors par avance, s'assurer de la fidélité des siens. En cas de problème, il espérait intimement que Clyde veillerait aux arrières de Mae tandis que lui, pourrait s'assurer que la vie de la jeune Rosenbach soit sauve.

Elle se laissait griser par la danse et en oublia peu à peu l’atroce journée qu’elle avait passée, ainsi que le concours de beauté dont elle avait été, à son humble avis, injustement privée. Ses pas étaient imprécis, elle manqua de perdre l’équilibre à plusieurs reprises, et pourtant elle ne s’était plus tant amusée depuis longtemps. Elle aperçut la silhouette de Scarlett et la salua à son tour avec vigueur. Sa soeur lui avait terriblement manqué durant la foire et elle était terriblement impatiente de la retrouver et de tout lui raconter. Elle s’apprêtait à la rejoindre lorsqu’elle la vit s’approcher de leur mère et de leur frère. Mila pouvait s’avérer être une redoutable observatrice, il ne lui faudrait sans doute pas plus de quelques secondes pour se rendre compte que Louisa avait bu plus de vin que de raison. S’étant déjà causé assez de problèmes pour le moment, elle y renonça temporairement, espérant avoir l’occasion de s’entretenir avec sa jumelle un peu plus tard. Elle retourna auprès de son précédent cavalier, dont elle avait totalement oublier le nom, et à vrai dire, cela lui était absolument égal.

Alors qu’elle tournoyait, elle crut apercevoir avec stupéfaction une silhouette qui lui était bien connue. Etait-elle en train d’avoir des hallucination ? Sans le moindre égard pour son partenaire, elle interrompit son mouvement et se retourna pour mieux regarder. Il était en train de discuter avec un autre homme. Il avait beau être masqué, elle avait beau ne pas l’avoir vu depuis deux ans et avoir une vision qui s’était quelque peu troublée, elle en aurait mis sa main à couper.

Si elle avait été totalement sobre, peut-être aurait-elle hésité à deux fois avant de s’avancer droit vers Sean une fois qu’il fut seul. Elle ne l’aurait admis devant personne, mais elle était loin d’être fière de la manière dont les choses s’étaient terminées entre eux… Mais il fallait croire que toute inhibition avait fondu comme neige au soleil puisqu’elle se planta devant lui en le scrutant. « C’est toi n’est-ce pas ? » Par mesure de précaution, elle lui toucha le bras du bout de l’index, juste pour être sûre qu’elle ne souffrait pas d’hallucinations. Puis elle croisa les bras et esquissa un sourire amusé. « J’ignorais que tu aimais ce genre d’occasion. » Le mouvement de sa voix, qu’elle ne percevait pas différente de d’habitude, indiquait pourtant clairement pour un averti ce qu’avait été sa principale activité de la journée.

Clyde n’est pas un bon danseur. À vrai dire, il n’est pas doué pour grand-chose lorsqu’il s’agit de se comporter en société… mais valser est définitivement le dernier de ses talents. Heureusement, il n’est pas vraiment là pour trouver une cavalière, si tant est que la boisson pourrait être sa partenaire.

Le brun avait passé une drôle de journée, à jouer les oncles parfaits auprès de sa sœur et de ses enfants, qui s’était terminé par un étrange face à face avec une Alice Scott complètement ivre. De ce fait, Clyde avait besoin de se vider la tête, et il espérait que l’agitation du bal populaire l’y aiderait.

Il arrive donc à la fête avec une chemise propre, mais sans son éternelle casquette de tweed. Directement, il se dirige vers le bar improvisé, et réclame un whisky. Lisandra (@Lisandra King) étant pour le moment toujours à l’auberge avec sa progéniture, Clyde peut se relâcher un peu. Il aime sa sœur plus que tout, mais a toujours l’impression de jouer un rôle en sa présence. Comme s’il devait essayer d’être quelqu’un d’autre, meilleur et bon… ce qu’il n’était pas convaincu d’être fondamentalement. Balayant la foule du regard, il aperçoit la famille du maire, mais ne s’attarde pas dessus. Ses gens-là vivent dans un autre monde, et il n’a pas envie de s’y frotter. Soudain, son regard s’accroche à une chevelure brune et ondulée, qu’il avait étonnement longuement observé quelques semaines plus tôt. Miss Kearney (@Kathleen I. Kearney), reconnaît-il immédiatement. Avalant son verre d’une traite, il décide de se lever pour aller s’approcher d’elle lorsqu’un individu lui tape sur l’épaule. Le brun se retourne calmement pour découvrir Ben, un des hommes au service des O’Reilly. Surpris, il s’apprête à lui demander ce qu’il fout là et surtout ce qu’il lui veut, mais ce dernier ne lui laisse pas le temps de parler. Il lui dit que Sean (@Sean O'Reilly) souhaite le voir, immédiatement.

Inconsciemment, l’écossais serre la mâchoire, et cherche du regard l’irlandais en question. Il l’aperçoit rapidement, un masque étrangement collé sur le visage, en train de discuter avec une jeune femme à la tenue ostentatoire. Donnant une tape sur l’épaule de son camarade, Clyde lui dit : « Il semble pas vraiment disposé à me voir… et j’vais pas me risquer à aller le déranger. Mais dit lui que je l’attends au bar, tu veux ? », et s’en va. Il sait bien qu’il a le temps d’aller parler avec la jeune propriétaire de ranch, Sean ne risque pas d’en démordre avec la blonde de si peu, il connaît les habitudes de son patron en matière de jolies filles.

Arrivé à hauteur de l'Irlandaise à la chevelure sombre, placé derrière elle de telle sorte qu’elle ne peut l’avoir vu arriver, il dit : « Je tiens à m’excuser pour mon départ précipité, Miss Kearney. » En effet, il était particulièrement désolé d’avoir fui au petit matin sans laisser de mot, alors que la charmante jeune femme avait fait preuve d’une insolente bienveillance à son encontre.

La journée de Charles avait été relativement remplie. Il avait eu la chance de revoir certaines de ses connaissances, avec plus ou moins de joie. Par le plus grand des hasards, le benjamin du fondateur de la scierie Beaver avait retrouvé quelques uns des fils des amis de son père. Ils avaient conversé jusqu'à peu de temps avant le bal, et Charles avait eu que très peu de temps pour enfiler un second costume, d'un gris foncé assorti d'une chemise blanche. Nouant un nœud papillon au tissu rouge autour du col de sa chemise, Charles se pressa pour ne pas arriver en retard. La bande d'amis s'était donnée rendez-vous à l'entrée du bal, et il ne voulait surtout pas manquer l'occasion de passer une bonne soirée. Enfin apprêté, il quitta la chambre de l'auberge d'un pas pressé.
Chacun souhaitait inconsciemment trouver une donzelle à séduire, et le jeune castor ne faisait pas exception, bien qu'il soit un peu plus réservé là-dessus depuis l'annonce de ses futures fiançailles arrangées. Les quatre jeunes hommes firent leur entrée, reluquant chaque jupe virevoltante. Un à un, ils trouvèrent une partenaire de danse, pour qu'il ne reste finalement plus que Charles. Le jeune homme ne put s'empêcher de relever le nez sur les lanternes dans les arbres. On ne pouvait que remarquer la beauté de l'endroit, et cela donnait un petit air romantique aux festivités, ce qui ne manqua pas de faire soupirer le garçon. Tout semblait le ramener à son futur mariage, et cela l'affligeait au plus haut point. Sérieusement... La fille du shérif ?!
Sorti de ses pensées, son regard bleuté se reposa sur la foule. Les danseurs lui donnaient le tournis, et rien que de s'imaginer mener la danse lui donnait la nausée. Il pouvait être un bon musicien, mais un bien piètre danseur malgré les nombreux cours que sa mère lui ordonnait de suivre... Alors Charles continua d'observer la foule et aperçut, au loin, @Scarlett Rosenbach ainsi que @Mila Rosenbach et @Friedrich Rosenbach. Cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas vu la jeune femme et sa famille qu'il ne put s'empêcher de s'avancer discrètement vers le trio.
"Bien le bonsoir. Madame Rosenbach, Scarlett, Friedrich..." dit-il poliment, tout en saluant d'un mouvement de tête Scarlett, Mila et Friedrich. C'est un plaisir de vous revoir, d'autant plus lors de la foire de Silverstone qui, est, comme sa réputation la précède, toujours aussi réussie."

C’est avec fierté que Friedrich Rosenbach arriva au bal de la foire en compagnie de @Mila Rosenbach. Non seulement sa mère attirait la sympathie des habitants de Silverstone pour sa force de caractère et la bonté dont elle faisait preuve par son implication charitable, mais Mila était également d’une beauté et d’une élégance à faire jalouser la majorité des femmes de la région.

Le jeune homme offrait des sourires, ici et là, à tous ceux et celles qui saluaient respectueusement le duo presque princier, mais en vérité, les prunelles de l’artiste ne cherchaient à apercevoir qu’une seule personne. Freddy savait bien qu’il y avait peu de chance pour qu’il croise @Isaac Lowell au bal de la foire. Il savait également que si c’était le cas, il ne pourrait l’inviter à danser et cette seule pensée suffisait à le rendre un peu plus triste. Malgré tout, c’est lui qu’il cherchait du regard lorsque ses yeux se posèrent sur une jeune femme d’une grande beauté : @Viola Scott.

C’est alors qu’il sentit la main de Mila sur son bras et que cette dernière lui dit : « Réserve-moi une danse avant la fin de la soirée, d’accord ? ». Avait-elle surpris son regard? S’imaginait-elle que Friedrich n’avait d’yeux que pour cette jeune femme? Se sentant soudain gêné, Freddy encra son regard à celui de sa mère et avec un sourire lui dit : « Si aucun cavalier digne de ce nom ne se présente à vous, mama, je vous réserve toutes les danses que vous voudrez. ». Pour le jeune Rosenbach, il n’y avait qu’un homme digne de sa mère, outre lui-même et Liam, @Henry Rosenbach.

Aussitôt, le duo fut rejoint par @Scarlett Rosenbach. Friedrich, en digne petit frère qu’il était, se mit à détailler la tenue de son ainée, cherchant une remarque amusante à lui faire, mais dû se résoudre qu’à la complimenter sur celle-ci : « Scarlett, vous êtes ravissante. La couleur de votre robe met en valeur celle de votre chevelure de feu. ». Si Mila était la femme de la vie de Friedrich, les jumelles Rosenbach étaient les suivantes. Bien qu’il lui fût souvent arrivé de se disputer avec @Louisa Rosenbach, cette dernière semblant déjà s'amuser loin des membres de sa famille, le jeune homme éprouvait pour ses sœurs un amour inconditionnel.

Les danseurs tournaient dans tous les sens lorsque @Charles Beaver rejoint la famille Rosenbach. Friedrich le salua avec respect, ne pouvant s’empêcher de remarquer que Charles semblait embellir chaque fois qu’il le voyait et tourna les yeux vers sa mère, car si la foire était une réussite, c’était grâce à elle. « Je n’aurais pas su si bien dire. C’est une réussite, mère. », dit-il sincèrement en laissant vagabonder son esprit vers la montgolfière dans laquelle il était monté plus tôt.

Sentant ses joues s’empourprer, Freddy adressa un sourire à tous les trois et se mit à nouveau à parcourir la foule du regard qui s’arrêta, encore une fois, sur @Viola Scott. Prenant son courage à deux mains, et parce qu’il pensait ainsi oublier un peu Isaac, le jeune homme osa demander : « Connaissez-vous cette jeune femme, Charles? ».

La jeune femme se tenait pour l’instant en retrait de la piste de danse, se contentant d’observer les environs plutôt que de se mêler à la foule. Elle cherchait la compagnie la plus apte à lui attirer les bonnes grâces des quelques paires d’yeux qui ne manqueraient pas de remarquer ses faits et gestes, et de faire part de leurs impressions à de nombreux autres bavards. La brune comprenait à quel point cela était superficiel et que tout n’était qu’une question d’image renvoyée, mais c’était la triste réalité de la société dans laquelle elle évoluait. Surtout pour une femme, pas encore unie par les liens du mariage, le moindre faux pas pouvait ruiner une réputation, et par la même un avenir et une vie. Son regard se porta sur l’allure familière son ami d’enfance, @Charles Beaver. Ce dernier approcha la famille Rosenbach et sembla entamer la conversation avec eux. La demoiselle fronça doucement les sourcils. Cela ne ressemblait pas à Charles de faire de telles mondanités. Peut-être que sa mère était derrière tout cela. Elle hésita quelques instants. Rejoindre son vieil ami, malgré l’animosité qui subsistait entre eux, serait un moyen fin de se présenter à la famille la plus influente de Silverstone. Toutefois, elle ne pensait pas que rejoindre la conversation grâce à sa relation avec un homme soit le meilleur moyen de laisser une bonne impression.

Viola décida d’en rester à ses observations pour l’instant, mais ces dernières furent rapidement interrompues par l’arrivée du Docteur Sharpes, @D. Isidora Sharpes, à ses côtés. Elle salua poliment la femme. « Le plaisir est partagé, Docteur. » Cette dernière était dotée d’une beauté bien particulière, comme on en voyait rarement dans la région, et même la cicatrice qui barrait sa lèvre peinait à l’amoindrir. Sa toilette était d’une simplicité extrême, mais cela ne surprenait pas vraiment l’assistante herboriste. Lorsque son interlocutrice l’invita à rejoindre la piste de danse, la brune se retrouva à ouvrir et fermer bêtement la bouche, à court de mots. Elle avait beau apprécier la doctoresse, elle ne pouvait se permettre de ruiner son image de fiancée parfaite pour un moment d’allégresse, qui passerait bien vite alors que ses conséquences demeureraient pendant des années. Timidement, la jeune fille leva les mains devant elle, comme pour tenter de prouver son innocence. « Pardonnez-moi, je n’ai pas l’esprit à la danse pour l’instant. »

Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle accueille ses excuses avec chaleur, mais était tout de même surpris par sa froideur. Avait-elle si mal vécu son départ précipité au petit matin ? Clyde n’aurait pas cru que ça affecterait tant la jeune femme, mais il n’était pas doué pour comprendre certaines subtilités de la gente féminine. Après tout, elle dormait profondément au moment de son départ, il se serait mal vu de la réveiller juste pour lui annoncer qu’il mettait les voiles vers ses propres préoccupations.

Il s’apprêtait maintenant à s’excuser plus platement encore, afin de regagner les faveurs de la jeune femme (en partie pour ne pas perdre la possibilité de se rendre à Kearney Ranch en cas de besoin, mais également parce qu’il ne souhaitait pas être en conflit avec l’Irlandaise), lorsqu’une voix qu’il ne connaissait que trop bien résonna à ses oreilles. @Mae Matthews. Que diable faisait-elle ici ? Il avait aperçu Sean, mais n’était pas au courant d’un quelconque rendez-vous du gang au bal de la foire. Killian était-il là lui aussi ?

Regardant Mae, puis la foule autour d’eux, il masqua du mieux qu’il le put la grimace qui déforma son visage lorsque sa patronne mentionna connaître Miss Kearney. La jeune femme avait donc le malheur de connaître plus d’un membre de la bande ? Attirait-elle les mauvaises âmes sans le savoir, comme une sorte d’étrange malédiction ? Lorsque Matthews s’adressa directement à lui, Clyde commence à comprendre. Un fiancé, des affaires… des foutaises pour berner Kathleen. Que savait donc cette dernière au sujet de la criminelle qui venait de s’interposer entre eux ? Clyde était curieux de savoir comment les deux jeunes femmes se connaissaient.

Il était maintenant question d’une dance que Clyde aurait promise à la soi-disant lady que la cheffe du gang semblait vouloir incarner. En bon prétendu gentleman, l’écossais rend son regard instant à cette dernière et dit : « Évidemment, je suis un homme de parole. » Cette même phrase faisait ainsi écho à une conversation qu’ils avaient eu quelques semaines auparavant. Un nouveau morceau commença à ce moment précis et le brun écarta alors le bras pour laisser Mae se diriger vers la piste de bal. Elle avait visiblement bien calculé son plan. Désolé, Clyde hocha respectueusement la tête vers la propriétaire de Ranch. « Miss Kearney... », lui dit-il comme pour s’excuser de devoir ainsi couper court à leur conversation. Il espérait pourvoir lui parler à nouveau plus tard.

Allant donc rejoindre sa patronne au mieux des autres couples, Clyde prit cette fois le temps d’observer son accoutrement. S’il n’avait pas entendu sa voix en premier, il n’aurait certainement pas reconnu Matthews dans la foule. Elle était particulièrement mise en valeur, mais ne se ressemblait plus, ce qui perturbait légèrement le tireur du groupe. Déposant une main sur la taille de la jeune femme, puis attrapant sa main gantée dans la sienne calleuse, il commença à mener la danse. Cette proximité lui était inhabituelle, et il s’empressa de parler pour dissiper toute gêne ; « …tu connais donc la propriétaire de Kearney Ranch ? »



@Kathleen I. Kearney

C’était non sans soulagement qu’Edwin avait vu le jour s’effacer peu à peu et l’air se rafraîchir. Il devait l’admettre, il lui était difficile de s’habituer au climat de Silverstone. Mais malgré cela, la journée avait été particulièrement riche et il s’était beaucoup amusé à découvrir les différentes attractions de la foire et à observer les gens qui s’y trouvaient. Il ne se rappelait pas avoir déjà vu en Angleterre un mélange aussi visible entre différentes classes sociales. Mais le plus beau de cette journée avait sans aucun doute été de découvrir l’homme (@Abel Bowman) pour lequel sa plus vieille amie (@Helen Doyle) semblait éprouver des sentiments amoureux. Après avoir passé du temps avec eux, le jeune homme avait fini par s’éclipser pour les laisser seuls. Et les choses semblaient de bon augure, puisqu’il ne les avait toujours pas recroisés, malgré les heures qui avaient défilé.

Edwin était retourné à l’auberge une fois la soirée avancée pour se rafraîchir, se reposer un peu, dîner et se changer. Il avait apporté une tenue sobre, mais un peu plus élégante et adaptée au bal.  Il se doutait que celui-ci serait certainement très différent de ceux auxquels il avait pu assister auparavant. N’ayant toujours pas croisé Helen ou Abel, il s’y rendit seul, profitant de cette marche bien plus agréable. Il alluma une cigarette, se demandant si son épouse (@Carolina Watson) serait bel et bien présente. Il avait été particulièrement surpris lorsqu’elle lui avait annoncé vouloir venir à Imogen. Qu’elle se donne le mal de faire un voyage aussi pénible pour rejoindre une si petite ville était étonnant, mais il ne lui avait pas posé de question, se contentant de lui parler du bal. Et puis, il était heureux à l’idée de la retrouver. Voilà longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus, et sa présence lui manquait.

Le bal était pour le moins impressionnant, toute la population des environs semblait s’y être rendue. Edwin observait les festivités autour de lui, et c’est alors qu’il l’aperçut. Il aurait reconnu sa silhouette n’importe où. Il s’avança vers elle avec un sourire. « Lina ! » Il s’approcha de son épouse et la serra dans ses bras avec affection avant de s’écarter de nouveau. « C…comment vas-tu ? tu as dû faire un long v…voyage ! Tu es toujours aussi b…belle en tout cas. »

Mila regardait du coin de l’œil @Louisa Rosenbach tandis que Freddy (@Friedrich Rosenbach) consentait à lui offrir toutes les danses qu’elle désirait. Elle ne put s’empêcher de répondre : « Tâche tout de même de t’amuser, mon cœur ». Elle avait toujours donné des noms affectueux en français à son petit dernier, et ne fit pas exception à la règle ce soir, même s’il était en âge de prendre une épouse.

Rapidement, ils furent rejoints par un autre de ses enfants. La brune était ravie que Scarly (@Scarlett Rosenbach) se soit décidée à venir au bal. Sa fille était magnifique dans sa robe claire contrastant avec celle de sa jumelle. Elle n’hésita d’ailleurs pas à le lui faire remarquer : « Freddy a raison, tu es ravissante ma chérie ! », lui dit-elle en lui offrant un sourire sincère.

Peu de temps après, c’est le fils cadet d’une amie à elle, @Charles Beaver qui vint les saluer. Mila savait qu’il était ami avec Scarlett, et elle aurait presque espéré voir les deux se marier ensemble – hélas, le jeune homme venait d’annoncer ses fiançailles quelque temps auparavant. Heureusement, elle se souvenait qu’Henry avait reçu une proposition de la part d’un ami à lui pour la main de la rouquine, et il ne tarderait pas à lui en faire part.

Lorsque le jeune héritier des scieries complimenta la matriarche Rosenbach sur l’organisation de la foire, cette dernière joua la carte de la modestie : « Oh ce n’est rien ! C’est toujours un plaisir de s’occuper de ce genre de choses… Mais merci, Charles. » Elle observa ensuite le trio de jeunes gens et décida qu’il était temps pour elle qu’elle ne s’éloigne pour les laisser s’amuser convenablement. Elle marqua son départ par une phrase typique de personne se souvenant des folies de sa propre jeunesse : « Je vous laisse entre jeunes gens, tachez de n’abuser de rien, si c’est possible ! ». Elle ponctua sa recommandation par un regard plus appuyé envers ses enfants, et s’en alla vers les rafraîchissements, en quête d’une coupe de champagne.