ft. Toby Schmitz
1868 La dernière fois que j’ai écrit Il y avait longtemps que je n’avais pas fait l’exercice d’écrire mes pensées sur un bout de papier. La dernière fois, c’est quelques jours avant la mort
de maman et papa de mes parents. Disparition hâtive qui m’est toujours aussi douloureuse. Je croyais qu’à
douze ans l’approche de l’âge adulte il m’aurait été plus facile d’accepter de vivre
maintenant seul, mais ce n’est pas le cas. Leurs rires me manquent. Pas seulement leurs rires, évidemment, mais sans ceux-ci je réalise
aujourd’hui à quel point nous vivions miséreux.
Avec eux Pour mes parents, tous deux acteurs, la vie était une pièce de théâtre aux allures de satire qu’ils mettaient en scène jour après jour pour dissimuler en vérité une tragédie. Je n’avais pas conscience que nous étions si pauvres.
Je n’avais conscience de rien. Ils travaillaient tous deux pour une troupe de théâtre ambulant et
bien qu’ils devaient parfois me laisser seul plusieurs jours, j’avais l’impression que l’argent qu’ils y gagnaient
faisait de nous des gens riches était suffisante pour combler nos besoins. Je ne mangeais pas tous les jours, mais ce n’avait jamais été le cas. Très jeune, je ne savais pas que les gargouillements de mon ventre étaient dus à la faim. Lorsqu’ils survenaient, maman m’avait appris à jouer et interpréter le rôle d’un gnome discret qui devait ramper sous les échoppes du marché public pour récupérer toute la nourriture gâtée ou jetée. Comme je l’écrivais plus tôt, la vie était pour mes parents un jeu qui a aujourd’hui perdu de son intérêt. Quoi qu’il en soit,
pour en revenir aux rires, puisqu’il me faut dorénavant subvenir seul à mes besoins, on m’a donné un travail à l’usine et sans les rires de papa et maman, cet acte de la pièce de ma vie n’a rien d’une comédie. Je déteste ce travail. Il y a quelques jours, un garçon à peine plus jeune que moi
dont j’ignorais le nom est mort écrasé par la machine dans laquelle il devait se faufiler pour récupérer une pièce tombée. Un pauvre gamin dont ce travail représentait tout ce à quoi il pouvait aspirer dans la vie. Travailler à l’usine et y mourir. C’était ça son rêve alors que moi je rêve de gloire, de renommée, de richesses infinies et de livres reliés. Des centaines et des centaines de livres reliés... Je t’en prie, Seigneur, je t’ai laissé me prendre mes parents alors accorde-moi mon souhait. Aide-moi à changer ma destinée...
1869 Lorsque j’ai commencé à écrire
plus régulièrement mes pensées sur papier, après la mort de mes parents, je ne me doutais pas que cet exercice deviendrait un rituel quotidien auquel déroger
me serait presque interdit m’y serait impossible. Bien que les jours qui se succèdent se ressemblent tous, j’aime prendre le temps d’en écrire le déroulement, de mettre des mots sur les émotions vécues et de conserver tous ces écrits. Je les relis parfois avec un œil critique; j’y corrige l’orthographe,
des bouts la syntaxe des phrases et y ajoute de nouveaux mots entendus
à la messe le dimanche ici et là. Je les relis aussi pour me divertir, car il y a longtemps que je n’ai pas tenu un livre entre mes mains. Il m’arrive de me laisser prendre au jeu et de croire que ce que je lis est de la fiction. Je ne possède pas un talent particulier pour l’écriture, mais je pourrais
peut-être un jour faire publier ces manuscrits sous la forme de mémoires ou de roman-mémoires… Devenir écrivain? C’est une idée… Il manque simplement à mon quotidien un peu d’action pour rendre
la vie d’un jeune homme de treize ans ma vie passionnante pour un futur lectorat. Seigneur, il y a quelque temps, je te demandais de m’aider à changer ma destinée.
Cette demande, comme la majorité de mes prières, ne m’a toujours pas été accordée. Je te prie aujourd’hui d’apporter un peu de nouveauté à mon quotidien. J’aimerais avoir un ou des amis qui ne travaillent pas à l’usine pour avoir de nouveaux sujets de conversations. J’aimerais avoir un cahier pour écrire mes pensées. J’aimerais aussi avoir un livre, quel qu’il soit. Un livre nouveau que je pourrais lire le soir avant de m’endormir. Pourrais-tu faire cela pour moi, Seigneur?
1870 Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipisicing elit. Officiis, molestiae, enim, aliquam laboriosam necessitatibus praesentium quia quaerat sint dolore nihil harum fuga fugit vel est vitae doloremque rerum.
#4. Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipisicing elit. Officiis, molestiae, enim, aliquam laboriosam necessitatibus praesentium quia quaerat sint dolore nihil harum fuga fugit vel est vitae doloremque rerum.
#5. Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipisicing elit. Officiis, molestiae, enim, aliquam laboriosam necessitatibus praesentium quia quaerat sint dolore nihil harum fuga fugit vel est vitae doloremque rerum.
#6. Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipisicing elit. Officiis, molestiae, enim, aliquam laboriosam necessitatibus praesentium quia quaerat sint dolore nihil harum fuga fugit vel est vitae doloremque rerum.
#7. Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipisicing elit. Officiis, molestiae, enim, aliquam laboriosam necessitatibus praesentium quia quaerat sint dolore nihil harum fuga fugit vel est vitae doloremque rerum.
#8. Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipisicing elit. Officiis, molestiae, enim, aliquam laboriosam necessitatibus praesentium quia quaerat sint dolore nihil harum fuga fugit vel est vitae doloremque rerum.
#9. Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipisicing elit. Officiis, molestiae, enim, aliquam laboriosam necessitatibus praesentium quia quaerat sint dolore nihil harum fuga fugit vel est vitae doloremque rerum.
#10. Lorem ipsum dolor sit amet, consectetur adipisicing elit. Officiis, molestiae, enim, aliquam laboriosam necessitatibus praesentium quia quaerat sint dolore nihil harum fuga fugit vel est vitae doloremque rerum.