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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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Makoyepuk est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Kilian, Ichabod, Amelia, Benicio et Howard. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Crossing paths | FT. HANNAH
Makoyepuk Blackfoot
Makoyepuk Blackfoot
Since : 07/07/2020
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Crédits : Ghoest
DC : Kilian O'Reilly - Ichabod Walsh - Amelia Burke - Benicio De La Fuente
Crossing paths | FT. HANNAH XIN4
Age : 38 ans
Statut : Veuf, père d'une fille qu'on lui a volé, monsieur est un vagabond
Job : Chasseur de prime
Habitation : Officiellement, Imogen, officieusement, un peu partout
Dim 22 Nov - 17:04
Crossing Paths
Well, I'll be damned : here comes your ghost again.
Le souffle du vent balaye négligemment les hautes herbes, un soleil matinal perçant les feuillages épais d’arbres centenaires : ici tout n’est que calme et volupté. Mais la beauté de ces paysages renferme une cruauté que les badauds ne sauraient observer, un cycle sanglant qui entretient ces terres - les bêtes, ici-bas, nourrissent de leurs carcasses une nature abondante. Du lièvre rusé à l’aigle aux serres acérées, tous suivent cette seule et unique règle : pour survivre, il faut tuer.  Celui qui décide de faire de ces lieux sa demeure ne peut échapper à cette vérité. Alors, comme ses hôtes, l’Homme chasse.

Tapis dans les fourrés, Makoyepuk observe sa proie : à l’écart de son troupeau, une biche curieuse s’aventure dans la clairière, tête haute, le port altier. Gracieuse danseuse, elle se  déplace sans un bruit, le regard dans le vague, comme si elle cherchait l’intru venu s’aventurer parmi les siens. Mais il est trop tard pour elle, les yeux sombres du chasseurs la suivent où qu’elle aille, le canon d’un fusil pointé sur ses côtes. Véritable calme avant la tempête, proie et prédateur se préparent au massacre après ces longues heures de traque.
Le sifflement d’une balle met fin à cette terrible attente. Un vol d’oiseau accompagne la funèbre nouvelle, tintamarre de croisement mêlé au chant d’un troupeau en fuite. Comme les bêtes affolées, le chasseur lève la tête, sortant de sa cachette : ce n’est pas lui qui a touché en plein cœur sa cible. Incrédule, il regarde le corps de l’animal couché entre les herbes, un peu de son égo tâché par le sang d’un gibier qu’il n’a pas su mettre à mort.

Après la déception, c’est un peu d’inquiétude qui finalement envahit l’esprit du natif. Il le sait bien : deux prédateurs sur le même territoire ne peuvent jamais cohabiter en paix. Une cartouche encore chargée dans son fusil, le problème devrait cependant vite être réglé.
Mais alors qu’il cherche le fautif du regard, c’est lui qui se présente à ses yeux. Ou plutôt, elle. La silhouette élancée d’une femme traverse comme un fantôme la clairière, silencieuse, quittant l’ombre de sa planque. Son visage offert au soleil, quelques rayons d’or peignent un portrait familier, chassant toute notion de danger dans le crâne du vagabond. Fière, elle se tient devant sa proie, ses cheveux portés par le vent, un jupon plein de boue battant le cuir de ses chaussures - véritable vision du passé.  — nitáákiimiksi ?Ma sœur, murmure-t-il, le vent portant au loin ses mots.

Makoyepuk se redresse, lentement, comme s’il ne voulait pas effrayer les esprits qui rôdent. Il inspecte un instant cette apparition, tâchant de discerner le faux du vrai : est-ce bien elle ?  Il penche la tête sur le côté, plissant les yeux comme pour mieux la voir. Mais il n’y a aucun doute à avoir : jamais il n’a croisé tireur plus précis. — Tu voles le gibier des autres maintenant ? “ Chose rare, un sourire complice, quoique discret, illumine son visage. Il faut dire que sa joie est grande, venant étouffer l’amertume de sa défaite : devant lui se tient une âme qu’il a toujours chéri, vestige d’un passé bercé d’insouciance. Dernière sœur encore debout, part d’une famille qu’il s’est choisi, Hannah est l’un des derniers maillons qui le rattache à l’humanité.  Combien de temps s’est écoulé depuis leur dernière rencontre ? Des semaines ? Des mois ? Makoyepuk ne saurait dire, et de toute façon, à quoi bon ? A chaque retrouvaille, c’est comme si le temps ne les avait jamais séparés ( comme si Kanti et Nuttah étaient toujours avec eux ).  — Heureux de te revoir, Hannah.
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Makoyepuk Blackfoot
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Mer 25 Nov - 23:23
Des rumeurs, que des rumeurs. Hannah avait entendu des bruits, des murmures, un tas de choses mentionnant le retour d’un natif dans les parages. Au début, la brune n’avait pas fait attention à ces ragots, toujours aussi méprisante face aux piaillements stériles. De manière générale, elle ne comprenait pas pourquoi les gens faisaient feu de tout bois. Cependant, l’idée que cela puisse être Mako s’empara de l’esprit d’Hannah, qui ne put s’empêcher de prêter attention à ce qui était dit. Elle se retrouva blessée dans son orgueil : depuis quand mon frère ne vient pas me voir quand il revient ? Même si leur relation n’était pas dans l’expression grandiloquente de leurs sentiments, certaines choses restaient fondamentales. La pudeur ne signifie pas le désintérêt.
Hannah était donc partie chasser, là où Mako avait été aperçue.
Ce matin-là, les “grey hills” portaient sur elles une lumière douce, traversant avec peine les feuillages des arbres qui entouraient Hannah. Elle laissa Missy à la lisière de la forêt et enfonça ses bottes dans la terre meuble des heartlands. Son fusil dans les mains, elle pénétra dans ce lieu sauvage. Ses yeux parcouraient les environs, tandis qu’elle adoptait une position de traque. Ce que Hannah cherchait n’avait rien du lièvre, de la biche ou du loup et elle ne comptait pas le blesser. Seulement le surprendre.
Elle s'aventura plus profondément dans la forêt. Elle calma son pouls, afin d'aiguiser ses sens, notamment - et surtout - son ouïe. Le bruit de son sang tapant dans ses tempes l’aurait déconcentré. Hannah cherchait à trouver Mako dans ce fourmillement de végétation et de vie. Ce qu’elle ne souhaitait surtout pas, c’est qu’il la retrouve avant elle. En tant que petite sœur, elle se devait d’imposer une certaine force pour impressionner la seule famille qu’elle avait. Des fois, Hannah se demandait si papi Baxter et Mako n’étaient pas sa seule et unique famille depuis toujours. Les souvenirs qu’elle avait de sa mère, de ses frères et de son père s’effaçaient petit à petit. Elle n’entendait plus leurs voix et leurs visages avaient perdu leurs contours. Pourtant, peu importe le temps qui éloignait Hannah de son grand-père ou de Makoyepuk, elle n’oubliait pas, ne serait-ce que, leur odeur.
Alors que Hannah allait entrer dans une clairière, elle vit passer une biche et se figea. Ce n’était pas l’animal qui avait piqué la curiosité de la chasseuse, mais un homme qui pointait maintenant la bête de son fusil. De là où Hannah était, elle pouvait apercevoir Mako prêt à tirer. Dans l’ombre des arbres, appuyée contre un tronc, elle visa la biche et bloqua sa respiration. Une balle traversa le cœur du gibier, qui s’écroula, alors que son troupeau, ainsi qu’une nuée d’oiseaux, s’échappaient de la scène macabre.
Hanna sourit à la vue de Mako, incrédule face à ce qui venait d’arriver. Il était sorti des herbes protectrices et avait constaté avec déception qu’il n’avait pas été le plus rapide. Pourtant, la peur vint animer ses yeux, quand il comprit qu’il n’était pas seul. Hannah secoua la tête, amusée et reprit un visage sérieux, avant de s’avancer vers le chasseur. Elle entra dans la lumière et se plaça devant la bête inerte. Ses yeux se posèrent sur Mako et elle détailla ses peintures, sa chevelure, ses plumes, son regard...
« nitáákiimiksi ? “ Ma sœur ». Sa voix résonna dans l’esprit de la brune, qui arborait pourtant un visage impassible. Alors qu’il se redressait enfin, la dominant de toute sa hauteur, elle fut parcourue d’un sentiment de bonheur. Il était là. Elle avait envie de lui raconter ce qu’elle avait vécu ces derniers mois. Elle désirait qu’il lui fasse part, lui aussi, de son périple sans elle.
« Tu voles le gibier des autres maintenant ? » lança-t-il, tout en lui souriant.
Hannah secoua la tête, comme pour chasser quelque chose de son esprit. Elle avait envie de l’étreindre, mais elle gardait cette pudeur qui caractérisait leur relation. Alors, elle se mit à sourire et toute la rancœur qu’elle pouvait ressentir à son égard partit en fumée.
« Heureux de te revoir, Hannah. »
À ces mots, la brune pointa la biche du doigt et murmura :
« On va pouvoir la manger ensemble. Vu qu’tu viens pas m’voir ó’si. »
Elle n’avait pas pu s’empêcher de lui faire la réflexion, mais il s’agissait davantage d’une plaisanterie, que d’un réel reproche. Les deux langues qui s’entrechoquaient dans la bouche d’Hannah lui donnèrent une sensation familière. Elle était chez elle, face à cet homme qui l’impressionnait toujours un peu.
Hannah était partagée entre la joie de le revoir et la tristesse qu’il soit seul. Nuttah. pensa-t-elle en fermant les yeux, soudain plus sombre. Sa main libre se posa sur l’épaule de Mako qui la regardait et elle lui donna un sourire bienveillant, qu’elle lui réservait exclusivement.
« J’ai tellement de choses à t’raconter Mako. J’ai l’impression qu’t’es parti y a des années. » Détachant sa main, elle se tourna. « J’ai l’impression que tout le monde devient fou ici… Mais j’pense que tu ne comprendras pas plus que moi. J’ai recroisé d’ces types… »
Hannah désigna une nouvelle fois la biche « Tu vas enfin me dire c’que tu as fait Mako ? À moins qu’tu préfères qu’on se refasse des séances de tire. »
Elle le regarda, espiègle. Ils allaient pouvoir enfin se retrouver.
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Makoyepuk Blackfoot
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Sam 28 Nov - 5:21
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Well, I'll be damned : here comes your ghost again.
Sa remarque ne passe pas à la trappe, arrachant un sourire gêné au natif qui ne sait quoi répondre à cette demi-plaisanterie. Perdu sur des chemins qui ne le mènent nulle part, il en oublie parfois la route qui le ramène chez lui ( là où il sera toujours le bienvenu ). Il y a tant de choses qu’il rate, tant d’erreurs qu’il a commises et commettra encore : prenant ses distances avec l’humanité, il en oublie ceux qui comptent vraiment pour lui. Il se sent coupable, son esprit enchaîné par ses obsessions. Piètre frère qu’il est ! Il fut un temps où ces deux âmes étaient inséparables, ne partageant pas le même sang, mais les mêmes idéaux - Comme il aimerait retrouver ces jours d’insouciance. Promesse silencieuse, il se jure de ne plus jamais autant laisser filer le temps avant leur prochaine rencontre.
Mais il y a plus douloureux que cette douce critique : un regard voilé de chagrin. Sans vraiment savoir d’où viennent ces nuages qui assombrissent les yeux d’Hannah, il comprend quelle tempête secoue son âme. Cette langue aphone des cœurs lourds, ils la parlent et la comprennent tous deux, échangeant sans un mot une déception qu’au fil des années ils ont appris à partager. Mais il ne faut pas la laisser s'installer, cette insidieuse douleur qui vous ronge le cœur et les os. Elle la tue dans l'œuf, mettant fin à l’hiver qui glaçait leur silence du bout de ses doigts. Sa main posée sur son épaule, la vagabonde tire Makoyepuk de son triste état méditatif. Son sourire et la promesse du récit de ses aventures lui redonne la joie qui a glissé de ses traits. Il rit même au triste bilan qu’elle dresse de ce monde, On ne peut plus d’accord avec ses observations.

Des séances de tire ? “ Un râle suit ses mots alors qu’il lève sa main, comme s’il jetait au loin cette idée. — Tu veux encore m’humilier c’est ça ? “ Un rire discret, presque un souffle, vient ponctuer sa question. A ce jeu, elle a toujours été bien meilleure - “as de la gâchette” comme disent les settlers, voilà ce qu’elle est. Experte en la matière, de tous ses professeurs, c’est certainement celle qui lui a le mieux appris, mais l’élève n’a hélas pas encore dépassé le maître : la biche étendue à leur pied en est la preuve. S’il y a des années de cela il n’arrivait pas à sa cheville question précision, il devait être encore plus loin du but maintenant - avec pour demeure les contrées sauvages d’Amérique, Hannah a dû avoir tout le temps d'affuter ses talents. — Je préfère encore entendre tes histoires et voir si tu as bien retenu les leçons de Kanti pour le dépeçage des bêtes. “ Il échange avec elle un sourire complice, détachant de sa ceinture un couteau à gibier qu’il lui tend. Il sait pertinemment qu’elle connaît les ficelles de ce sanguinaire labeur, mais un peu d'espièglerie semble s’être glissée en lui ( toujours accompagnée d’un visage fermé qui fait tout l’humour et le cynisme des premières nations ).

Il s’assoit, prenant place aux côtés de sa sœur de fortune, puis, d’une petite pochette de cuir, sort un peu de tabac et une pipe. Tout travail mérite salaire, et toute retrouvaille doit être convenablement fêtée : certes, ce calumet n’a pas la grâce ni la beauté de ceux qu’ils ont jadis partagé, mais celui-ci devrait faire l’affaire ( entre eux, pas besoin de cérémonies, ils se connaissent bien trop pour ça ). Les mains occupées, il en profite pour répondre à la question d’Hannah, trop longtemps laissée en suspend. — Si tu veux tout savoir, j’ai traversé L'État le mois passé. Soit dit en passant, Les gens de la ville n’ont plus toute leur tête, je suis bien d’accord avec toi. Mais je crois qu’il n’y a pas grand chose à faire pour eux, hélas. “ Il lève les sourcils avant de souffler, expression de son agacement le plus profond. Il ne comprendra jamais les settlers, leurs coutumes et leur bêtise. Amassés dans leurs cités de bois, lls se protègent de tout, mais continuent de s’entre-tuer pour du papier, fratricides rendus fous par la conquête de nouveaux territoires. — Bref. Je suis passé par le Sud, de l’autre côté de la rivière, pour récupérer une prime. Au bureau du sheriff j’ai rencontré un náápiikoan avait la langue bien pendue - cette partie de l’histoire devrait te plaire : nous avons longuement discuté et, de fil en aiguille, il a finit de me parler d’une famille qui vit non loin d’Imogen...   “ Sortant une boîte d'allumette d’un d’un sac de lin, il embrase les fils de tabac, laissant une fumée épaisse monter au-dessus de sa tête. Il prend une bouffée, comme pour ménager le suspens et se donner un peu de courage pour poursuivre son histoire. Sa part prise, il passe le petit objet de bois à Hannah. — Il m’a dit qu’il avait croisé un homme qui voyageait avec une fille “comme moi”, il y a quelques années de cela. L’homme en question était un de ses anciens camarades de l’armée, un type qui visiblement a vite laissé tomber la vie de soldat pour s’acheter des terres de l’autre côté de la rive. “ Il s'arrête un instant, posant un regard cette fois plus sérieux sur son interlocutrice, comme pour la préparer à ce qui va suivre.  — J’ai bon espoir qu’il s’agisse de Nuttah et de celui qui nous l’a volé. C’est pour ça que je suis revenu. “ L'espoir leur est enfin permis, eux que la vie a si longtemps malmenée ( elle, surtout. Deux familles massacrées, Makoyepuk n’arrive même pas à comprendre comme cette femme tient debout et trouve encore la force de vivre. ). Il sourit, rictus si rare et sincère qu’il veut contagieux, offert à celle qui, depuis quelques hivers déjà, doit attendre ce dénouement. — Ne m’en veut pas de ne pas être venu te chercher pour t’annoncer la nouvelle. Je voulais la ramener avant de pouvoir me présenter devant toi. “ Il demande sa pitié sans pouvoir se débarrasser de cette lueur de joie qui brille dans son regard. — Et maintenant, parle-moi de toi. Je veux savoir ce que ma sœur est devenue durant ces mois d’absence ! “ Il lui tape sur l’épaule avant de se redresser, comme prêt à l’écouter, curieux, à son tour, de découvrir les frasques d’une femme qu’il sait toujours amusantes. Avec son franc parlé et son caractère, les histoires qu’elle raconte ont toujours captivé Makoyepuk. Il se rappelle de ces heures passées à rire des aventures d’Hannah, Numees, comme les siens l’appelaient - le plus clair du temps taciturne ou bougonne, elle n’en restait pas moins une merveilleuse conteuse. Et puis, il veut aussi se réjouir pour elle, sachant qu’elle fera de même. Ou pleurer avec elle, s’il le doit : peine et joie partagées, on peut compter sur sa famille dans les bons comme les mauvais moments.
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Makoyepuk Blackfoot
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Lun 30 Nov - 12:16


Le rire de Mako, aussi léger et discret soit-il, avait l’effet immédiat de rendre Hannah joyeuse. Cela lui rappelait toujours une période où les deux êtres tentaient de s’apprivoiser. Au départ, c’était Hannah qui était plongée dans un mutisme et une tristesse constante. S’en était suivie une période dont elle ne voulait pas se souvenir et dont elle avait honte, entre colère, folie et désespoir. Mako avait été là, il l’avait sauvé. Hannah prenait des risques et flirtait avec le danger. Chaque matin, elle faisait comme si c’était le dernier. C’est ainsi que ses matins et ses soirées n’avaient pour différence que le soleil : elle ne dormait plus, ou très peu. Elle préférait voler, se battre, baiser, braquer et chercher des réponses à en perdre la tête. Quand la jeune brune avait repris forme humaine, elle rendit autant que possible les attentions de son nouveau grand frère. Et c’est à ce moment-là qu’elle apprit à apprécier cette expression sur le visage de Makoyepuk. Après la mort de Kanti, Hannah eut peur de ne plus jamais voir un sourire se dessiner sur cette bouche. Pourtant, il était-là. Elle l’accueillait toujours comme un vieil ami qui peut disparaître à tout moment. Ce monde si imprévisible pouvait faire preuve de tant de cruauté.

Hannah lui rendit son sourire, tout en attrapant le couteau. Elle, elle était la chaleur et la douceur, en comparaison à Mako qui portait sur lui une expression toujours fermée. Elle eut envie de rire, mais se ravisa, ne voulant pas le blesser. Sa flamme résidait dans son cœur, mais rarement dans son attitude et c’était le seul avec qui Hannah se sentait sociable et chaleureuse.

Quand son frère s’assit, elle se sentit presque bête, avec son couteau en main. Elle désirait bien faire, mais le fait de mentionner Kanti l’avait déstabilisée. Elle s’installa face à lui et s’affaira. Elle ressemblait à une enfant en train de faire ses devoirs. Elle répétait des gestes qu’elle connaissait pourtant si bien, avec une concentration amusante. Hannah ne remarqua pas tout de suite que Mako était en train de préparer un calumet. Elle l’écoutait, bougeait la tête en signe d’approbation, mais fixait la bête sous ses yeux. Ses gestes étaient précis et calculés.

Hannah leva la tête, quand elle entendit le bruit de l’allumette prenant feu, embrasant le tabac qui vint titiller le nez de la brune. Elle sourit et regarda Mako, attendant la suite de son histoire. Elle était pendue à ses lèvres et n’aimait pas ce suspense. Quand il s’agissait d’affaires importantes, elle manquait de patience. Son frère lui tendit le calumet et Hannah s’essuya la main gauche sur sa robe, la tachant de sang, puis attrapa la pipe et la porta à ses lèvres.

Elle faillit s’étouffer quand Mako mentionna Nuttah, mais elle garda le visage fermé et le regard brillant. Hannah ne doutait pas qu’un jour il la retrouverait, mais elle avait longtemps eu peur qu’il ne la revoie qu’entre quatre planches, ou pire encore. Elle ferma les yeux, pencha la tête en arrière, offrant son visage aux ciels. Un sourire se dessina sur ses lèvres et elle inspira profondément. Enfin. Une larme perla sur sa joue, mais elle ne la laissa pas continuer son chemin, la balayant du revers de sa main qui tenait toujours le couteau. Une trace de sang souligna son regard qu’elle porta sur Mako. Il rayonnait d’une joie qu’il ne dissimulait pas.
Pourtant, il s’excusait, lui tapotant l’épaule. Hannah grogna.
« Comment peux-tu t’excuser… Nuttah est bien plus important que mon égo et ma frustration. Si tu pouvais la retrouver, j’te laisserais des années loin de moi. C’est un sacrifice que je ne saurais que trop t’accorder ó’si. »
Elle fronçait les sourcils, un sourire collé au coin de sa bouche. Elle ne savait pas faire semblant, avec une nouvelle pareille.
« Si tu as besoin de quoi que ce soit, pour la retrouver, je suis là. Et s’il y a un problème… Tu sais que je suis ton bras armé. » Elle avait perdu Nuttah une fois. Si quelqu’un avait pour projet de lui faire du mal avant - et même après - qu’elle ait pu la serrer contre elle, Hannah deviendrait une lionne meurtrière. La brune ne cachait pas son émotivité.

Hannah redonna le calumet à Mako et reprit sa tâche, tout en se concentrant pour pouvoir remettre ses idées en place. Le bruit de son couteau découpant la chair de sa proie rythmait ses paroles. Elle était presque théâtrale.
« J’ai moins voyagé que toi. Mais c’était déjà bien trop, avec tout ce que j’ai vu. » Elle se racla la gorge.
« Déjà, j’ai fait la connaissance d’un clan, plutôt étrange. Tu sais, Clyde ? Enfin. Tu t’souviens ? » À l’époque, elle était intarissable à ce sujet. « J’l’ai croisé pendant un braquage. Il était avec un clan, les O’Reilly. C’est des frères. Tu sais ce qu’il a fait ? Il s’est interposé pour me ''sauver''. » Elle ricana. Mako devait savoir qu’elle n’avait pas besoin d’aide pour ça. « Moi j’étais là, tranquillement, prête à partir et ils sont arrivés comme si je leur devais quelque chose. J’allais tirer une balle entre les deux yeux d’un des frères, mais Clyde a dû oublier que je n’ai plus douze ans. Ça a foutu un bordel entre eux. Ils étaient là, à se disputer et moi j’attendais. J’ai failli attraper le petit King et l’égorger, car c’était la meilleure esquive possible pour reprendre le dessus. » Elle marqua une pause. « Mais tu sais quoi ? J’l’ai pas fait. En souvenir du passé et parce que franchement, les voir se disputer… C’était vraiment drôle Mako. Puis y avait cette femme, qui restait en retrait, mais qui regardait ce qui se passait avec le regard de celle qui va tous nous bouffer. Enfin bref, c’était sympa. J’suis partie en leur laissant le fric. Il m’avait amusé. » Au fond, Mako le savait sûrement et Hannah se le cachait, mais si elle ne l’avait pas tué, c’était surtout en souvenir de ses sentiments. Mais elle était trop fière pour se l’avouer.
Hannah posa le couteau sur son travail, qu’elle décala sur le côté. Elle avait fini. Récupérant le calumet, elle sourit à Makoyepuk. Cela présageait qu’elle n’avait pas terminé son histoire.
« Mais franchement, ce qui a suivi… Au lieu de me fuir comme la peste, ou même tenter de me tuer, y a un des frères qui s’est mis en tête qu'il fallait me recruter. J’tire bien, apparemment. » Son sourire était moqueur. Elle savait bien que c’était un don chez elle. Ce n’était plus de la prétention, mais une certitude qui l’avait sauvée bien des fois. « J’te passe les détails, mais c’était sympa aussi… »

Elle redonna le calumet à Mako et finit de s’essuyer les mains sur sa robe. Elle nettoya la marque sanglante sur sa joue avec sa manche.
« Avant que je continue, tu veux qu’on allume un feu ? » Lança-t-elle en soufflant une fumée épaisse au-dessus de leurs têtes. « Mais je suis certaine que tu veux vérifier si j’ai bien écouté Kanti… » Murmura-t-elle, en désignant la bête. Hannah était plutôt sûre de son travail, mais au fond, son regard trahissait le fait qu’elle avait peur de décevoir son frère. Elle avait encore honte de la jeune femme qu’elle avait été, par le passé. Elle s’était donné pour mission d’être toujours irréprochable face à Mako.
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Mer 2 Déc - 20:11
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La joie éclabousse ses yeux de larmes, perles qui glissent sur sa joue comme sur celle d’Hannah, reflet d’une âme qui lui est en tout point semblable. Leurs sourires ne s’évadent pas si facilement, pas cette fois-ci. Empire qu’il prend sur leurs visages, le bonheur chasse de ces masques de fer l’image même de la sévérité : tous deux si peu habitués à ce genre de démonstrations, on dirait pourtant en les voyant que la haine n’a jamais touché leurs traits. Le manteau de raison sous lequel Makoyepuk comptait cacher une victoire trop vite célébrée s'effiloche, détruit par leur espoir conjoint. Rien n’est encore fait, mais quand il voit les yeux d’Hannah brûler comme des soleils, portait même de l’allégresse, il ne peut jouer plus longtemps aux cœurs de pierre - Seule cette sœur d’un autre sang semble avoir autant de pouvoir sur son esprit. Il lui concède tout, et devant elle, détruit les remparts qui le sépare du monde et des autres. Quinze ans passés à courir après un fantôme. Il temps de se réjouir : leur rêve n’en est plus un, bientôt ils retrouveront l’enfant perdue ( disparue Il y a une vie de cela, il semblerait ).

nitsiniiyi'taki. “ L’anglais ne suffit pas pour exprimer sa gratitude - du moins, pas comme il le voudrait. Les promesses d’Hannah méritent de bien meilleur remerciement  - et Shakespeare ne les a pas écrit. A vrai dire, il faudrait plus que des mots pour tout à fait rendre honneur à pareille loyauté ( mais Makoyepuk n’a pas assez d’or pour payer cette dette ).
En ce qui concerne Nuttah, ils en resteront là - et c’est bien mieux comme ça, pour le moment. Ils ont déjà trop fêté des retrouvailles encore indatables, il ne faudrait pas que le malheur prenne leur euphorie pour un défi. Alors, comme il le lui a demandé, Hannah parle d’elle, d’un passé ( presque ) moins douloureux, plus proche : une poignées d’aventures mêlées à quelques nouvelles du quotidien, et bien sûr, d’autres fantômes.

Il ne réagit pas tout de suite quand elle dit son nom - peut-être parce qu’il n’a pas voulu le garder en mémoire. Et puis, il est plus habitué à “ King “, patronyme qui va pourtant si mal à cet escroc de la pire espèce. Mais quelques secondes suffisent pour que sa mémoire vieillissante se reprenne, forçant un soupire au chasseur de prime dont les lèvres n’affichent maintenant plus aucun sourire. — paahkóóhsinihkaamma! “ L’insulte est à peine murmurée, suivie d’un râle traînant qui exprime bien tout l’amour que le natif a pour cet homme ( bien peu ). Il espère qu’elle l’a entendu, pas franchement avare de critique quand il s’agit des fréquentations d’Hannah ( celle-là en particulier ).
Mais son petit manège d’homme bougon s’arrête bien vite quand se profile la suite de l’histoire : quelques noms sont lâchés, pas vraiment méconnus du grand public, font taire sa colère. Accroché à ce récit, il fume machinalement sur le calumet moucheté de sang que sa sœur lui a tendu, attendant la conclusion de cette histoire avec terreur et anticipation. Sans se faire vraiment de soucis pour elle ( quoiqu’il pense que ses connexions la mèneront un jour à sa perte. Mais en ce jour, elle ne semble ni blessée, ni traumatisée par les récents événements ), ce sont d’autres détails qui retiennent son attention : déjà, qui est parti avec le butin, et ensuite : a-t-elle enfin égorgé ce maudit voyou de Clyde King ? Il est aussi intéressant de noter qu’elle a réussi à semer le trouble chez un gang qu’on dit bien trop soudé, rêve de n’importe quel chasseur de prime ( qu’elle a fait réalité ). Au prix où le sheriff a estimé leur vie, cette information est aussi intéressante qu’utile. Il bénit donc sa sœur pour sa témérité, l’espace d’un instant, tâchant de compter les personnages de cette intrigue.
En revanche, le reste de l’histoire n'arrache pas un rire au natif : Clyde king est toujours vivant, voilà de quoi maugréer, et l’argent est resté dans les mains les plus souillées ( double peine )...Et pourtant, pour une raison qui lui échappe, il ne peut s’empêcher de sourire. C’est l’audace d’Hannah qui l’amuse, ce talent qu’elle a pour tout prendre à la légère, même les chiens d’un clan qu’on sait enragés. Il souffle, secouant sa tête de droite à gauche, exprimant son désarroi et sa résignation. De toute façon, il n’y a pas grand chose qu’il puisse faire pour la ramener vers le droit chemin : elle a toujours suivi ses envies, incapable d’écouter le moindre ordre ( même ceux de ses ainés ). Mais il ne voudrait pas qu’il en soit autrement.
Un des frères, hm ? On dirait qu’il n’y a pas que tes talents qui suscitent l’intérêt. “ Une pointe d'espièglerie teinte sa voix, accent qui annonce d’autres moqueries à venir ( toutes de bonne guerre, considéré que c’est Hannah qui a lancé les festivités ).  — Tu dors sur une fortune avec des amis pareil… “ Il pince les lèvres, ferme les yeux, et acquiesce, ne voulant pas même calculer la somme qu’elle a laissé glisser entre ses doigts.

Il ne compte pas lui demander si elle a quelques intérêts à les rejoindre : il sait bien que non. En tout cas, venant de cet esprit solitaire, la chose l’étonnerait. Ce qui pique sa curiosité, en revanche, ce sont ses intentions : si elle avait voulu se débarrasser d’un O’Reilly, elle l’aurait fait depuis longtemps, qu’importe qu’il fût une légende. Pourquoi, dans ce cas, le laisse-t-elle traîner autour d’elle comme la charogne qu’il est ? Les problèmes n’arrivent jamais seuls, et avec les bandits, ils sont généralement armés jusqu’aux dents.
Il réserve cependant la question pour plus tard, car déjà, Hannah l'arrange, nouveau trait d’esprit qui se finit dans un sourire. Il se redresse donc, faisant mine d’inspecter le gibier avant de se pencher, attrapant au sol quelques branches et un peu d’herbe sèche. — Pas la peine. Je sais qu’elle t’a bien appris. Je n’avais juste pas envie de le faire. “ Vider les bêtes, ce n’est pas l’affaire d’un homme. Il redresse la tête, son regard, l’expression d’une facétie. Esquissant quelques pas, il rit d’un de ces rires francs que peu lui connaissent - mais le bois qu’il jette au sol met un point final à cette mauvaise blague, car il lui faut maintenant préparer le feu ( exercise complexe qu’il n’apprécie pas vraiment et dans lequel il n’excelle pas non plus ).

Assis en tailleur, il creuse le sol pour venir déposer sur la poussière un lit de paille. Un morceau de bois entre les mains, d’autres parsemés tout autour du foyer improvisé, il fait tourner la brindille entre ses paumes, espérant voir un peu de fumée naître de cette friction. — Qu’est-ce que tu comptes faire de cet homme ? Il risque de t’attirer des ennuis. “ Il lèvre brièvement la tête, le nez plissé comme pour exprimer son dédain. Mais très vite, son visage s’adoucit, après qu’une pensée aussi soudaine qu’évidente lui ait traversé l’esprit. — Ceci dit, vu ce que tu viens de me raconter, c’est plutôt toi qui a l’air de leur faire des problèmes...Je te reconnais bien là ! Tu te rappelles de ce que le vieux Etlelooaat disait ? ‘ Un jour, cette fille déclenchera une guerre’   “ Il souffle, à peine un rire offert à ce souvenir. — On dirait que tu vas l’avoir, ta guerre.  


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Makoyepuk Blackfoot
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Ven 4 Déc - 15:43


L’émotion. Hannah n’était pas habituée à se sentir aussi émotive. Avec le temps, elle s’était forgé une carapace. Mais c’est le temps qui brisait peu à peu les barrières qu’elle avait érigées. Consciente du manque d’éternité de son humanité, la brune n’avait que faire de l’opinion publique à son sujet. Elle avait tout entendu. On lui crachait encore au visage qu’elle n’était qu’une garce, parce qu’elle n’était pas mariée et que sa sexualité n’entrait pas dans les bonnes mœurs d’une femme. On se moquait d’elle et du massacre de sa famille. On la calomniait, car elle était seule - du moins c’est ce que tout le monde pensait. Il fallait avoir son clan, sa famille, pour ne pas être considéré comme un chien errant. Personne ne voyait qu’en réalité Hannah avait créé sa famille. Des gens qu’elle aimait. Mako était le premier, mais au fond, elle appréciait certains humains. Avec sa froideur et sa méfiance. Il y avait Maxence, qui l’amusait beaucoup et pour qui elle avait une grande pitié, mêlée à de l’incompréhension - mais ça, c’était un sentiment qui se faisait constant face à l’humanité, pour Hannah. Clyde dans un sens. Kath. Et Nuttah, même si elle ne pouvait l’imaginer grande et forte comme son père, car elle gardait l’image de l’enfant qu’elle avait connue. C’était ce sentiment d’amour qui envahissait le cœur d’Hannah, face à Mako. Sensation fugace, mais prenante. Avoir vu Mako pleurer avait laissé une vague impression de pincement dans son cœur. Ce n’était pas habituel que ces deux êtres versent des larmes. Pourtant, ils en avaient le droit et le devoir. Plus que quiconque sur cette terre.

L’homme se leva, faisant mine d’inspecter le travail d’Hannah. Cependant, il préféra s’atteler à la préparation du feu. La brune regardait son frère, un peu hébétée et surprise, puis fronça le nez en râlant. « Tu joues avec moi Mako. » Elle attrapa une branche et lui lança dessus. Il se mit à rire et Hannah secoua la tête, vaincue. Elle avait oublié ses talents de grand frère et elle ne put s’empêcher de se dire que s’ils avaient été aussi proches depuis leur plus jeune âge, elle aurait eu beaucoup de chance. Le souvenir de Percy et George lui laissait un goût amer. Ils n’avaient pas été protecteurs ni malicieux et ne la traitaient pas comme leur égale. Leur passe-temps était de l’ignorer ou de la brimer. Elle aurait préféré se battre avec, plutôt que de se heurter face à un dédain de gamins pleins d’égo.

C’était maintenant à Mako de montrer ses talents et Hannah croisa les bras en le regardant, le menton haut. « Voyons voir si la lune ne nous couvre pas avant qu’tu aies terminé ton feu. » Elle pouffa, poussant de sa main quelques brindilles.

« Qu’est-ce que tu comptes faire de cet homme ? Il risque de t’attirer des ennuis. » Mako marquait un point. Il n’avait pas tort sur la nature du danger et c’était bien une chose qu’Hannah pouvait comprendre. Elle avait toujours pris des risques inconsidérés. C’était un défaut dur à accepter. Son frère ne cachait pas son mépris, que ce soit pour Clyde ou pour Kilian. Elle n’avait pas relevé sa plaisanterie à ce sujet, mais son sourire n’avait rien caché de son sentiment d’amusement.

Elle allait répondre, quand Mako continua sur sa lancée. Ses paroles la firent sourire. Elle était fière, presque nostalgique. Sa réputation avait été grande. Elle n’était pas toujours comprise, bien des fois réprimandée, mais toujours placée comme une femme forte et sauvage. C’était une image d’elle-même qu’elle appréciait. Mentionner Etlelooaat la ramenait à un passé qu’elle trouva soudain plus agréable. Plus joyeux. Même s’ils vivaient à cette époque d’horribles événements, ceux qu’ils aimaient étaient en vie. « J’me dois de respecter ses paroles. Tu trouves pas ? » Elle regarda Mako, complice. « Une guerre, si nous sommes loin, ça m’pose pas d’problème. » Ils avaient eu leur lot de massacre. Maintenant c’était aux autres, aux fautifs, de s’entretuer.

Hannah se leva, afin de se dégourdir les jambes, marchant sous la lumière du soleil qui pénétrait dans la clairière.

« Tu parles de quel homme ? » Demanda-t-elle, taquine. « Clyde, je n’en fais rien. Il a d’autres soucis. » Son ton était plutôt amer. « Kilian… » Elle leva les épaules. « Apparemment il n’y a pas que mes talents qui suscitent l’intérêt. » Elle le regarda, levant un sourcil. « Écoute, déjà, on va pas s’mentir il est pas mal. » Elle marqua une pause. « Ensuite, on va pas s’mentir non plus, il me fait un peu penser à moi. En plus… » Elle chercha le bon terme. « En plus brute. Enfin… Je n'sais pas. Il a quelque chose. Il est moins doué avec les armes aussi. » Rien n’était un compliment au premier abord, pourtant sa sympathie était présente. « Je pense qu’il a du potentiel quand il s’agit de me divertir. C’est un bon compagnon de beuverie quoi. » Elle vint se rasseoir, s’allumant une clope.

« Si tu n’es pas content, il fallait être là. Enfin, tu peux pas tout combler. » Elle se mit à rire, pas gênée le moins du monde. Le sexe n’était pas un tabou pour elle. Mais l’idée d’un quelconque rapprochement physique avec Mako l'amusait beaucoup. Pour elle, il n’avait pas de sexe. Sa beauté représentait une fierté pour Hannah - comme si elle était heureuse d’avoir les mêmes gênes que lui, ce qui n’était pas le cas - mais elle n’aurait jamais pu désirer cet homme. « Mais j’me divertis comment moi quand t’es pas là ? Les chevaux, ça répond pas vraiment. Et ça fait pas ta tête quand j’parle de vilains garçons que je fréquente. » Elle se pencha en arrière, appuyée sur une main. « Puis tu sais, j’me méfie pas trop de ce clan. Ils sont pas très soudés. » Elle leva les yeux au ciel. « Puis j’suis plutôt neutre. Pour manger et vivre j’travaille un peu à droite à gauche, avec un autre gang de Silverstone. Alors tu sais, on va pas venir m’emmerder parce que j’ai fricoté avec un O’Reilly, alors qu’je suis pas capable de me positionner dans un camp. Si c’était l’cas, je serais morte depuis un moment. » Elle se redressa, tirant sur sa cigarette.

« Toi t’en es où au fait ? Les femmes, tu sais ? Parce que la chasse, les primes et tout ça c’est super, hein… » C’était de bonne guerre après tout. Hannah était persuadée que Mako ne retrouverait pas une femme à la hauteur de Kanti, mais elle souhaitait qu’il puisse être heureux.

Quand le feu apparut enfin, elle positionna ses mains au-dessus. Ses manches se dégagèrent de ses poignées, découvrant ainsi des marques de menottes. Elle n’y prêta pas attention, car les blessures étaient habituelles pour elle et pour la plupart des Hommes à cette époque. C’était un souvenir du shérif. Sa lèvre avait plutôt bien cicatrisé, mais le reste prenait du temps.
Hannah plongea ses yeux dans ceux de Mako, l’écoutant avec attention, sa cigarette bientôt entièrement consumée entre ses lèvres.  

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Makoyepuk Blackfoot
Makoyepuk Blackfoot
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Mer 23 Déc - 16:13
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Well, I'll be damned : here comes your ghost again.
La branche claque contre son épaule, mais il ne peut que rire : sa victoire est appuyée par ce geste de désespoir, si caractéristique d’un parti à terre. L’insulte qui suit lui arrache le même rire - fier, il redresse la tête, jetant un air de défis à sa sœur ( même s’il n’est pas certain de lui donner tort ). — isskská’tsit! “ D’un sifflement, il fait mine de la chasser, la poussant du bouts des doigts comme un ancien qui gronde un enfant.
Il se remet ensuite au travail, tâchant de profiter un peu de sa concentration pour mener à bien sa mission. Mais il le sait, il va avoir bien du mal à se concentrer. Son attention est toute entière offerte à Hannah, même s’il tente tant bien que mal de lui faire croire le contraire. Son visage caché entre ses mains, faisant mine de guetter une étincelle, chacune de ses expressions commentent pourtant le récit de la demoiselle. Surprise et amusement habillent ses traits, bien qu’un voile d’incompréhension tisse la trame de ses réactions. Le portrait qu’elle dresse de ses prétendants lui fait découvrir les personnalités cachées d’une poignée de bandits, comparaisons étonnantes qui ne l'empêchent pourtant pas de traquer ces têtes - il s’amuse au moins de leur désarroi et de l’humanité que de tels portraits leur confère.   — Plus brute que toi, tu dis ? Je ne pensais pas que c’était possible.’   “ Son commentaire siffle comme une balle sans même qu’il relève la tête. Il sourit dans le secret le plus absolu, la laissant poursuivre ses contes cruels.  

Si tu n’es pas content, il fallait être là. Enfin, tu peux pas tout combler.   “ Il lèvre brièvement la tête, sentinelle au milieu des herbes hautes. Un regard jeté vers le ciel répond à ce trait d’humour. En tout cas, c’est maintenant avec la plus grande attention qu’il l’écoute parler, jouant son rôle d'aîné quand il s’agit d’écouter les plaintes de la fratrie. Un détail de son récit pique d’ailleurs la curiosité de Makoyepuk qui hausse un sourcil en l’entendant parler de cet autre gang. Voilà qu’Hannah connaît tout le beau monde de la région et même les crapules qui rôdent dans le désert. Le chasseur de prime souffle une nouvelle fois, donnant raison à celle qui l’accuse d’être parfois trop rabat-joie. Mais avant même qu’il puisse l’interroger sur cette nouvelle affaire, voilà qu’elle le prend de cours, jetant sur le feu pas encore allumé un sujet brûlant.
Il esquisse un sourire gêné, comme pour dire “touché”. Ses mots atteignent toujours leur cible, talent que le tire a dû lui enseigner - désarçonné, il se penche de nouveau vers son ouvrage, cette fois bien déterminé à réussir son entreprise pour se défaire de cette conversation. — Tu devrais poser cette question au personnel du Golden Cat.   “  Pas besoin d’en dire plus, il espère que le dégoût guidera Hannah vers un nouveau sujet. De toute façon, il n’y a pas grand chose à dire à ce propos : Makoyepuk n’a depuis quinze ans plus l’âme à la romance, aujourd’hui tristement plus enragé qu’endeuillé.

Enfin naissent de l’écorce les flammes de leur modeste feu. Il le nourrit de quelques branches, en choisissant une pour venir remuer les braises qui le feront grandir. — A propos de ce gang de Silverstone...   “ Il redresse la tête, prêt à faire face au regard de la vagabonde - mais une vision des plus déplaisante le réduit au silence : deux anneaux bleus décorent d’une bien terrible façon les poignets d’Hannah, cadeaux terribles d’une rencontre qu’il imagine fort déplaisante.
Il se redresse immédiatement, saisi de panique, avant de s’avancer vers elle. S'agenouillant pour observer les marques reconnaissable d’une paire de menotte, il attrape avec plus de délicatesse qu’on ne lui aurait imaginé les mains de sa sœur. — Qu’est-ce que c’est ?   “ Si sa voix se fait l’écho de son inquiétude, un fond de sévérité teinte ses mots, demandant une réponse aussi immédiate que claire à cette question.  — Qui t’a fait ça ? “ Cette fois, c’est bel et bien de la colère qui roule comme un orage sur sa langue. Tournant la tête, le regard qu’il jette à Hannah ne lui est pas destiné, trop plein de rage - Il se reprend d’ailleurs immédiatement, fronçant les sourcils pour adoucir l’expression parfois trop froide de son ressentiment. Il faut dire qu’il ne sait plus comment réconforter un cœur, rendu trop mauvais par l’Ouest. De ce tort, il s’excusera toujours, à défaut de pouvoir redevenir l’homme qu’il était.  
Mais comment ne pas s’emporter ? Elle est tout ce qui lui reste, dernier membre de cette famille qu’il pleure chaque jour : le mal qui lui a été fait sera puni pour qu’enfin le monde comprenne qu’il faut les laisser en paix. Qu’importe son nom ou ses titres, celui qui s’en prend à sa famille ne pourra être sauvé par aucune justice. — Anikiit...
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Makoyepuk Blackfoot
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Lun 28 Déc - 9:58


Quand Mako mentionna le Golden Cat, Hannah grimaça. Elle avait déjà entendu parler de l’établissement. Elle n’était pas vraiment contre, mais aurait préféré une autre réponse. Elle avait envie de renchérir en lui disant qu’elle aimerait qu’il l’y emmène pour essayer, mais elle se ravisa. T’as gagné, pensa-t-elle en soupirant. Son frère était le roi quand il s’agissait d’éluder des sujets qu’il n’appréciait pas et Hannah n’insistait jamais trop, car elle n’aurait pas aimé qu’il le fasse. De plus, Baxter n’était pas la dernière à éviter une romance qu’elle n’aurait pas maîtrisée, alors pourquoi juger cet homme qui avait bien plus de raison de fuir les frasques de l’amour ?

Hannah ouvrit grand les yeux quand elle comprit que Mako s’intéressait au Silver Gang. Merde. Bavarde. Ça t’emportera. Parler à son frère de la sorte, tout en sachant que ce qui lui permettait de vivre - et d’aller au Golden - était d’une stupidité flagrante. Si elle avait pu l’aider, cela aurait été avec plaisir, car il était plus important que la vie de quelques employeurs. Cependant, il s’agissait de son seul revenu plutôt fixe et ce n’était pas négligeable.

Baxter s’apprêtait à parler, sans savoir ce qu’elle aurait pu lui dire. Le visage du Blackfoot changea pourtant du tout au tout. La brune, surprise, se retourna pour observer ce qui pouvait effrayer l’homme puissant qu’elle avait en face d’elle. Il n’y avait rien, hormis des arbres et du vent. Quand elle sentit des mains se glisser sur ses poignées, Hannah n’osa presque pas regarder. Elle savait pertinemment ce qui poussait son frère à l’attraper avec tant de douceur. Alors, un peu confuse, Hannah regarda les mains de Mako, le visage fermé.

C’était ce regard de haine qu’elle détestait chez lui. Elle l’avait connu différent. Toujours protecteur, mais plus calme et moins tourmenté par la colère. Il était l’eau d’un étang quand elle était l’océan déchaîné, détruisant tout sur son passage. Les Hommes étaient tous animés par une colère plus ou moins sourde, mais ces yeux, c’était ceux qu’elle avait connus pour la première fois il y a quinze ans. Elle lui en voulait pour ça. Peut-être pas à lui, mais elle en voulait à quelqu’un. Rien n’était plus frustrant de voir une tempête dans ce regard.
Pourtant, ce frère-ci tentait de se calmer, de la regarder moins violemment, d’être cet humain qu’elle chérissait tant. Mais c’était au tour de la sœur, de prendre ce regard sévère qui ne l’avait jamais quitté. Elle tentait de se dégager de cette emprise pourtant si douce. Ses grandes mains étaient comme des pansements pour ces stigmates et pour son cœur. Cependant, elle ne supportait pas qu’il puisse s’inquiéter de ça. Il était toujours en chasse. Son frère était une bête sauvage qui passait sa vie à traquer. Elle lui avait demandé de venir la rejoindre et d’oublier ses ennemis, mais il refusait systématiquement. C’était un cheval indomptable et elle ne pouvait pas lui donner plus d’inquiétudes encore.

« Arrête. Fais pas ça. » Murmura-t-elle en regardant les flammes. Ses poignets étaient maintenant cachés entre ses cuisses. « Tu m’as ramassé dans des états bien pires. Si j’devais parcourir ton corps et traquer chaque personne qui t’a laissé une marque, j’crois que j’aurais plus d’vie. » C’était un pique qu’elle avait lancé, reprenant sa carapace. Elle était blessante, quand elle voulait le protéger, car elle ne savait pas faire. Elle baissa les yeux, un peu honteuse d’être aussi odieuse. Il ne traquait pas pour le plaisir.

« ó’si… » Elle tentait de se radoucir, elle aussi. « Tu as assez d’problèmes comme ça. » Elle tendit sa main vers son visage, marque d’excuse silencieuse. « Je suis plus une enfant. » C’était une phrase terriblement fausse. « J’ai merdé. J’ai joué au Poker et j’ai gagné. » Elle préférait parler et être sincère, car elle savait qu’elle pourrait le dissuader de tuer toute la ville. « J’ai pas réfléchi à qui j’avais en face de moi. C’était un d’ces mecs pourrit, avec du fric, mais pas très propre sur lui quoi. Il a fait croire qu’j’ai volé cet argent et une montre, à la sortie. » Elle repensait à cet instant avec frustration. « Les gens sont cons. Mais j’me suis bien défendu. Un peu trop. » Elle passa sa main sur sa nuque, se demandant si elle devait tout dire. Pourquoi mentir ? « J’ai même arraché un doigt à l’adjoint. J’savais pas qu’j’étais aussi hargneuse. » Elle se mit à sourire. Elle se mentait à elle-même. Après tout ce qu’elle avait vécu, elle ne supportait plus qu’on la touche sans qu’elle l’autorise. Sentiment de dégoût viscéral et violent. C’était le lot de toutes les femmes de cette époque. « Et y a eu l’shérif. Enfin, c’est l’Marshall. Je sais pas c’qui fout là, mais c’est un gros malade. Il a massacré… » Elle n’avait pas envie de le dire. « Il était pas d’notre côté pendant les guerres contre nos frères. Un certain Bartel Murphy. » Hannah ne pouvait pas s’empêcher de se considérer comme appartenant aux natifs. Ce n’était peut-être pas correct, mais elle les respectait plus que ceux qu’elle aurait dû appeler « mes frères ».

Une cigarette de nouveau entre ses lèvres, Hannah continua son histoire. « Beh écoute, ils m’ont pas raté. J’aurais dû continuer mon tour d’Poker, plutôt qu’de me défendre. En tout cas, j’ai pu m’en sortir. Mais j’veux pas que tu t’en mêles. Ce malade, c’est mon affaire. » Pourtant, elle savait qu’il pouvait faire comme elle. Tuer la biche, car elle ne savait pas si bien viser. « J’t’en ai pas parlé, parce que j’suis pas fière. Et puis, t’as tendance à penser qu’j’ai besoin de toi pour survivre. C’est pas faux. Mais c’est pas vrai non plus. » Elle ramena ses jambes contre son torse et plongea ses yeux dans ceux de son frère, cherchant à comprendre ce qu’il ressentait. Hannah tirait sur sa cigarette, la consumant rapidement. Elle aurait préféré le taquiner sur le Golden, plutôt que devoir avoir cette discussion.

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Ven 22 Jan - 2:53
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Les mains d’Hannah glissent entre ses doigts, mais ils ne les retient pas :  les anneaux bleus autour de ses poignets disparaissent dans le tissu de ses jupons, certainement pour une bonne raison ( bien qu’elle échappe encore au chasseur de prime ). Mais si Makoyepuk laisse à Hannah tout le loisir de la pudeur, son regard trahit cependant un brin de vexation. Il ne comprend pas pourquoi il ne devrait pas s’en mêler : il n’est pas du genre à abandonner, trop têtu pour réaliser tout le mal que son inquiétude peut causer.  Après tout, elle plus que quiconque devrait comprendre sa peine et sa colère : n’est-elle pas faite du même métal ? Forgée par l’Ouest et la cruauté d’un monde qui ne fait pas même l’effort de les comprendre ( ou tout simplement ne veux pas compatir ), elle sait pourtant comme il est difficile de répondre à l’appel de la vengeance. Ici-bas, il faut tuer en premier pour effrayer le reste des charognards.
La pique qu’elle lui lance continue de faire saigner un cœur blessé, touchant dans sa fierté l'aîné de ce duo misérable. Il relève la tête, les sourcils froncés, sans même cacher son égoïste peine. Il voudrait la questionner, lui faire retrouver la raison : n’a-t-il pas pris soin d’elle jusque-là ? Il le peut encore. Comme privé d’un rôle qui lui tient trop à coeur, qui le raccroche encore à quelque chose que le néant n’a pas touché, il à l’impression qu’on lui enlève une nouvelle fois une poignée de responsabilités dont l’absence le transforme peu à peu en bête aigrie.  

Un long soupir ponctue sa pensée. Tous deux interdits, ils laissent tomber un voile de gêne sur cette conversation. Le regard de Makoyepuk tombe même au sol alors que sa bouche semble ruminer sa défaite, il a l’air perdu ( presque surpris ).
Mais il suffit d’un mot pour rappeler ses yeux à ceux d’Hannah : ó’si, toute la douceur dont elle est capable semble y être enfermée. Il sait qu’il a perdu son combat silencieux, trop attendri par une âme qu’il ne peut jamais ignorer. L’inquiétude qui transpire enfin dans son discour le ramène aussi à la réalité : il n’est pas le seul qui souffre de cette situation ( Oh non ! ). Combien de fois a-t-elle fait face à ce genre de refus ? Trop loin, trop occupé, trop secret, il a longtemps fui les soins d’une sœur elle aussi rongée par le doute. Même si son orgueil l’empêche encore de lui donner raison, il sait qu’ils n’ont plus l’âge ni la force pour ce genre de chose.

 — Je suis plus une enfant. “ Cette main tendue lui dit pourtant le contraire, souvenir d’un pardon toujours si vite accordé ( il y a une vie de cela ). Mais les rides qui déjà se forment aux coins de ses yeux sont la preuve de sa victoire : le temps laisse ses marques sur les corps comme les âmes, et elle n’a pas attendu sa venue pour se sauver elle-même. Cette pensée lui tord la poitrine, comme s’il réalisait seulement maintenant qu’ils ont grandi.
Alors il l’écoute, sagement, car pour une fois, c’est elle qui lui fait la leçon. Tâchant de se débarrasser de ce sentiment poisseux qui l’étouffe, il offre son attention au triste récit d’une bien mauvaise rencontre. Il essaye même de réprimer un sourire nerveux quand elle lui parle de ce doigt coupé sec par un bouquet de dents, reconnaissant bien là la témérité d’une fille plus sauvage encore que les bêtes qui rôdent. Mais quand tombe le nom du coupable, le dégoût reprend le dessus : il se fige de nouveau, statue de sel qui ne sait exprimer que sa colère.
Il répugne cet homme car il a levé la main sur elle, mais il le maudit déjà depuis longtemps. Le récit de ses exploits n’arrange pas non plus son cas : il pensait que le pire de sa haine était toute entièrement dédiée à l’homme qui avait ravi sa fille, mais il semblerait qu’il y en ait encore assez pour Bartel Murphy.

Il la laisse poursuivre son récit, subissant encore une fois la maxime de cette histoire à dormir debout. Néanmoins, il semble cette fois l’avoir comprise : Hannah n’a plus besoin de personne pour survivre - elle a appris à se battre. Il tape du bout des doigts le rythme de son cœur sur la terre battue, agacé mais résigné. Assise en face de lui, elle le toise, comme si elle attendait une réponse de sa part, sondant son âme comme nul autre sait le faire. Ce regard si pressant, il sait que personne ne peut y échaper ( pas même lui ) : tôt ou tard, elle lui fera avouer ses torts.  — Promets moi juste que tu ne le rateras pas. “ Il n’avoue qu’à demi-mot sa défaite, laissant derrière lui ( mais pas tout à fait enfouies ) ses idées de vengeance.

Les flammes montent encore, petites ingrates qu’il nourrit de temps à autre.   — Je devrais plutôt te dire de ne pas te faire remarquer... “ Il passe sa main sur son visage, comme pour effacer cette honte qui lui colore les joues. Il ne sait plus sur quelle pied danser, partagé entre la vendetta d’Hannah et la peur du danger.  — Tu sais, c’est difficile de ne pas s’inquiéter quand tu me racontes tout ça.   “ Si c’était lui qui partait au combat, il ne craindrait pas autant les précipices d’une tombe vide, trop malheureux à l’idée de voir la terre lui voler une autre partie de son cœur. Mais ce qui vaut pour lui vaut pour elle : pourquoi devrait-elle être la seule à endurer ce genre de terreur ? Il n’est pas son sauveur, il cherche simplement à fuir l’idée même du deuil ( celui d’une sœur qu’il a longtemps cherché ). — Je n’ai jamais compris pourquoi tu es partie.   “ Il aurait pu dire “ rentrer chez toi”, mais alors, il aurait compris pourquoi. Et puis, à quoi bon se mentir, il le sait, son départ est aussi ce qui l’a sauvé. — Tu collectionnes les problèmes ici. “ Il n’a que ce mot à la bouche, comme s’il accusait un peuple entier sans pour autant révéler les ressorts de sa colère. — Si nos chemins se croisent, je ne peux pas te promettre la paix. ça, je crois que c’est un défaut que nous avons en commun, non ?  

Il soupire, puis, sans crier gare, frappe ses mains sur ses cuisses, sonnant le glas de cette conversation. — Mais parlons d’autre chose, hm ? Trop de larmes pour nos retrouvailles, ce n’est pas bon pour nos vieux coeurs. “ Il rit, mais un peu d'amertume teinte encore sa voix. Bientôt, il arrivera à s’en défaire. — Tu as fini de retaper le ranch ?
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Makoyepuk Blackfoot
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Jeu 18 Fév - 11:40


Les paroles de son frère la firent sourire. Ne pas le rater était une perspective plus que stimulante. Hannah Baxter saurait, de toute manière, comment lui faire payer cet affront. Un jour. Seule ou accompagnée, elle ne doutait pas un seul instant que la route de Bartel Murphy et la sienne se rencontreraient de nouveau. Seulement cette fois, elle ne serait pas attachée, dans son bureau et elle pourrait lui faire payer ses mauvais traitements et son irrespect.

Ce sourire qu’il avait fait renaître s’éteignit avec la suite de ses paroles. Partagée entre l’attendrissement et la colère, Hannah regardait son frère. Il ne pouvait être qu’inquiet avec elle, mais c’était une chose bien réciproque. La suite ne fut qu’une tempête de plus dans les yeux de la belle qui ne comprenait pas tout à fait ce qui était en train de se dérouler, là, devant elle. Ce n’était pas elle qui était partie. On l’avait chassée. Les blackfoots avaient donc une mémoire bien fragile. Elle avait hurlé, pleuré, s’était débattue, mais rien n’avait changé quoique ce soit. Ce n’était pas par manque d’amour qu’on l’avait fait partir, mais bien pour qu’elle n’oublie pas ce qu’elle était réellement. Promesse d’un avenir meilleur, soi-disant. Pourtant, elle ne s’était jamais sentie chez elle, après ça. Si son cœur était resté attaché à ce ranch, ce n’était pas à cause d’une nature profondément matérialiste, mais plutôt par besoin d’encrage. Ils lui avaient retiré sa famille, sa vie parmi les siens. C’était peut-être cela, le drame de sa vie. Celui d’avoir été arrachée à ce qu’elle aimait réellement. Bien sûr, elle était revenue, ils ne l’avaient pas bannie, mais elle aurait aimé vivre avec eux, pour toujours. Cependant, même Makoyepuk n’avait pas pu faire cela. L’arrachement à ses nouvelles racines se serait fait un jour ou l’autre. Mais ça, la vieille blackfoot n’aurait pas pu le savoir. Quoique, peut-être.

Hannah avait baissé les yeux, réfléchissant à ce qu’elle devait faire ou dire. Il ne voulait plus parler de ça, lui coupant la parole, comme elle lui avait enlevé le droit de l’aider. Son rire tissa sur ses lèvres les prémices d’un sourire. Il avait raison, mais c’était difficile pour elle de ne pas éclater. Alors, sans vraiment savoir ce qu’elle était en train de faire, Baxter se leva. Sa cigarette jetée au feu, elle vint se placer derrière son frère. Là, la brune s’accroupit pour laisser tomber mollement ses bras par-dessus les épaules du natif. La tête contre celle de son frère, observant devant eux, elle l’enlaçait sans trop insister, plus comme un poids sur son dos. Prendre dans ses bras Mako n’était pas chose facile, car le temps avait rendu leurs échanges physiques plutôt rares, mais elle se lovait contre lui avec mélancolie. Finalement, elle croisa ses bras autour de son frère, pour ne plus être une simple masse posée sur son dos nu. Elle l’enlaçait maintenant pour de bon.

« On a trop de défauts en commun, Makoyepuk. Je ne sais pas si tu te souviens, du haut de ton grand âge, mais on rendait tout le monde fou. Hausis disait souvent qu’on serait né de la même mère que ça aurait été pareil. Mais je ne suis pas partie, ta mémoire te fait défaut.* » Elle le serra un peu plus. « Pardon d’être aussi sensible. Tu m’avais manqué ó’si. Mon mauvais caractère n’a pas de limite, je crois. Je te fais confiance pour Murphy. Si c’est de ta main, lors d’une rencontre inopinée, je serais bien vengée.* » Hannah se leva finalement, s’étirant au passage. « Tu as raison. Trop de larmes.* » Elle lui sourit, cette fois franchement et vint s’accroupir en face du feu. « Je n’retape rien du tout. Enfin, morceau par morceau, mais le p’tit qui m’aidait a disparu. Faut que j’retrouve quelqu’un. » Elle grimaça en le regardant, il savait très bien que sa sœur n’aimait pas être aidée par n’importe qui. « D’ailleurs, quand tu veux tu viens m’aider. J’te ferai à manger et on fumera en s’remémorant l’passé. Ça t’fera du bien de t’installer quelques jours. » Elle tapota le genou du natif, ponctuant ainsi son invitation.

Baxter continua l’inventaire des travaux à faire sur le ranch. Sérieuse, concentrée, prenant conscience à chaque nouvelle information que sa situation était plutôt compliquée. Elle n’en garda pas moins une certaine bonne humeur retrouvée, embrayant sur des sujets plus doux. Ils parlèrent de sa première chasse à ses côtés, de nombreuses bêtises qu’ils avaient faites ensemble et du regard que tous portaient sur eux. Elle imita certains de leurs frères, souvent disparus, rappelant qu’ils en avaient inquiété et agacé plus d’un. La tempête s’était calmée dans son cœur et ils retrouvèrent une complicité qui ne tardait jamais trop à réapparaître. Comment en vouloir à Hannah ? La solitude n’arrangeait pas ses états d’âme et c’était toujours avec émotion qu’elle retrouvait son frère.

Quand ils se quittèrent, Hannah lui fit promettre qu’ils se reverraient bientôt. Cette rencontre, qu’elle avait provoquée, fit remonter en elle de vieux démons qu’elle avait rejeté jusqu’à présent : n’ayant pas touché à une goutte d’alcool depuis le début de leurs retrouvailles, Baxter sentit le manque la gagner. Effrayée par l’idée de décevoir son frère, elle se fit une promesse : tenter tant bien que mal de résister, seule. Makoyepuk était comme un message, un pansement, le rappel qu’elle devait prendre soin d’elle. Elle se sentit chanceuse et incroyablement heureuse de l’avoir toujours à ses côtés. S’il venait à disparaître, elle ne saurait se relever. Il était sa seule et unique famille, comme un lien invisible qui la reliait à la terre et à la vie. Beaucoup le voyaient comme effrayant, voire stupide. C’était des traits de sa personnalité qu’elle ne reniait pas vraiment. Après tout, Baxter était elle aussi pleine de défauts. Cependant, personne encore en vie, hormis elle-même n’avait eu la chance de voir la famille incroyable qu’il pouvait être, à lui tout seul.

(c) AMIANTE



*Blackfoot
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