bannière
Le forum est la propriété du staff et de ses membres. Toute copie, même partielle, est prohibée.

Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

staffeux
Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
staffeux
Makoyepuk est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Kilian, Ichabod, Amelia, Benicio et Howard. PROFIL + MP
staffeux
Pearl Hennessy est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Maxence, Nadie, Jacob et Grace. PROFIL + MP
staffeux
Liam Hennessy est modérateur du forum ! Il se genre au masculin et ses autres comptes sont : Arthur, Chuy, Dino et Maria. PROFIL + MP
staffeux
On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
Never Fade Away
The Mighty Odss
prédéfini
prédéfini
prédéfini
VOTEZ

Le forum a été créé le 10.01.2020. La page d'accueil a été designée et codée par Artemis, pour Artifices. Le reste du design a été pensé et codé par GHOEST.

Toutes les deux heures !


 
AccueilAccueil  FAQFAQ  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  MembresMembres  GroupesGroupes  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Brèves de vie | Mae Matthews ( un peu partout )
Invité
Invité
avatar
Mer 16 Déc - 12:18


  • Personnage(s) : Mae Matthews


  • Date(s) : Depuis 1869

    • Contexte : Mae, un peu partout, extrait de ses journaux intimes


    • La fratrie + date de naissance (parce que c'est pas facile de suivre la famille nombreuse là : Christopher (1842) | Isabel (1846) | Simon (1848) | Anna (1850) | Abbie (1854) | Mae (1856)



Invité
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar
Mer 16 Déc - 12:27

Goodbye childhood
Chez la famille Matthews, Boston, 1869
Un cri déchirant vient effacer la tranquillité de la maison des Matthews, famille bourgeoise établie à Boston, en ce 14 Novembre de l’année 1869. Emily Matthews, la mère est au sol, frappant le parquet reluisant du salon de ses poings, hurlant tout son chagrin. En face d’elle, se trouve James Matthews, l’oncle des enfants. Il tourne son regard désemparé vers Christopher, son neveu qui va auprès de sa mère, essayant de la relever, de la calmer, en vain.

James Matthews n’est pas venu annoncer une bonne nouvelle en ce jour pluvieux. Charles Matthews, son frère a été tué un mois plus tôt lorsqu’il effectuait un voyage en diligence. Un certain Blake Johnson et sa bande. Selon l’oncle des enfants, le shérif du coin est sur le coup, mais le gang semble s’être évaporé.

Derrière la porte du grand salon dont l’entrée lui a été interdite, une jeune fille de treize ans au regard sombre serre une poupée de chiffon offerte par son père contre elle, l’oreille collée au mur. Les pleurs de sa mère lui déchirent son cœur d’enfant. Pourtant, aucune larme ne semble vouloir sortir de ses yeux. Elle a les sourcils froncés et une colère insurmontable qui monte en elle. Cette colère sourde, elle le sent, elle n’arrive pas à la maîtriser. Elle a envie d’hurler au monde entier qu’elle le hait, elle est prête à tuer l’homme qui a osé lui enlever son père, cet homme bienveillant envers sa famille. Avec les cris de sa mère, c’est une partie de son âme d’enfant qui s’en va.

Christopher sort alors de la pièce afin de faire venir un médecin, rencontrant un obstacle lorsqu’il ouvre la porte. Il a pleuré lui aussi.

« Mae ! » Il prend avec force le bras de sa petite sœur et l’entraîne au pied des escaliers. « Retourne tout de suite jouer avec Abbie ! ». Le ton est sec mais la petite Mae Matthews ne veut pas se dégonfler face à ce frère autoritaire. Elle lève alors les yeux vers lui, et lui offre un regard plein de haine et de défiance. « C’est pas parce qu’il est mort que tu dois le remplacer. » Elle se dégage alors de la main de son frère et part se réfugier dans la chambre qu’elle partage avec sa sœur âgée d’un an et demi de plus qu’elle, Abbie.

Cette dernière, plus docile a écouté leur grand frère et est restée dans la chambre, laissant Mae écouter à la porte pour elle.

« Alors ? »


Mae s’approche alors de la fenêtre de leur chambre, donnant sur la rue. Des hommes et des femmes se promènent, tentant de s’abriter de la pluie. Cette dernière vient frapper contre les carreaux de la fenêtre, finissant sa course en descendant. Elle regarde cette pluie, ces hommes, ces femmes, et s’adresse à sa sœur sans se retourner.

« Père est mort. »

Et alors que sa soeur se met à prier, Mae laisse des larmes silencieuses couler le long de ses joues.
Invité
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar
Sam 22 Mai - 20:27


Novembre 1869 | Boston
Mae a 13 ans  



Christopher est venu à la maison l’autre jour. Il m’a demandé de rester dans ma chambre, avec Abbie. Mais je n’ai pas voulu l’écouter. Je ne l’écoute jamais, parce que Christopher pense que parce qu’il est l’aîné, il peut me donner des ordres. Mais père me l’a toujours dit : c’est lui le seul qui peut me donner des ordres. Et mère aussi, il me demande de l’écouter quand il n’est pas là. Je suis restée derrière la porte du salon à écouter, et mère a crié. C’est la première fois que j’entendais mère pleurer. Alors j’ai compris que père n’allait plus revenir. Il aurait déjà dû être de retour depuis plusieurs semaines déjà, mais Christopher disait de ne pas s’inquiéter. Je ne veux pas écrire ici ce que j’ai entendu. Je n’ai pas envie de mettre sur le papier la réalité.
Tout le monde veut prendre soin de mère. Je ne l’exprime pas de la même façon, mais on a toutes les deux besoin de la même personne. Abbie s’est mis à prier plus que d’habitude, je lui ai dit que cela n’allait pas ramener notre père, et elle s’est mise à pleurer, elle aussi. Moi, je pleure en silence. Père n’aurait pas aimé tout cela autour de sa personne.

Même Isabel a laissé sa famille pour venir nous voir. Toute la famille est réunie pour ensevelir des planches vides. Je n’ai même pas le droit de voir mère, alors qu'Isabel a pu dès son arrivée. Ils s’imaginent certainement que je ne vais pas savoir me comporter correctement.

A l’école, miss Stafford m’a dit que je devais continuer mon travail pour devenir institutrice, comme elle. Ce n’est pas ce que je veux. Je sais que père aurait aimé, mais je ne veux pas avoir la vie de miss Stafford. La plupart des filles de ma classe n’écoutent presque rien, elles pensent déjà à se marier, veulent être comme la femme de mon frère Simon qui s’est marié avant le départ de père pour son voyage. ( Je n’ai pas raconté ce mariage d’ailleurs, mais on m’a forcé à jouer un morceau de violon. J’ai fait exprès de manquer des notes pour agacer la femme de Simon. Cela avait fait rire père, un peu moins mère.)

Dès que j’en ai l’occasion, je lis les journaux, pour voir si l’homme qui a fait du mal à père fait parler de lui. Hier soir, dans ma prière, j’ai promis à père de le venger.


PrettyGirl
Invité
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar
Mar 1 Juin - 22:23


Octobre 1870 | Boston
Mae a 14 ans  



Mère est partie rejoindre père. En arrivant, le médecin a dit qu’il ne pouvait plus rien faire, à part la faire dormir. Elle est partie en dormant, je pense que c’est ce qu’elle voulait. C’est peut-être mieux ainsi, elle n’arrivait pas à vivre sans père.

J’ai été punie par miss Stafford aujourd’hui. Annalise Willis s’est amusée à dire à tout le monde qu’Abbie et moi étions des orphelines, que nous allions rejoindre l’orphelinat dans la semaine. Abbie m’a demandé de ne pas en tenir compte, mais je n’ai pas pu m’empêcher de lui arracher ses rubans à cette idiote. Heureusement pour elle que miss Stafford est arrivée à temps pour me séparer d’elle, j’avais envie de la tuer. Je ne parle pas de ce que l’on dit tous à propos d’une personne qui nous agace. Au fond de moi, je sais que j’aurais pu le faire. J’ai eu peur, c’était plus fort que moi. Père n’aurait pas aimé que je cède aussi facilement à la violence, mais quelque chose de plus fort me poussait à aller au bout. Il y avait comme une boule prête à exploser dans mon ventre. Miss Stafford m’a donné de travail supplémentaire. Evidemment, quand Christopher l’a appris (il est venu s’installer dans notre maison avec sa femme et son fils), il n’a pas manqué de me gifler (il a même dit que père ne m’en avait pas assez donné.). C’est un imbécile. Il a même pris l’arc que père m’avait fabriqué. Je le déteste. Sa femme et lui pensent qu’ils vont pouvoir me faire écouter, mais j’ai promis hier soir dans ma prière de continuer à venger père. Je partirai d’ici dès que j’en aurai l’occasion.
Pour m’occuper, je joue avec mon neveu. Le pauvre, s’il pouvait se rendre compte à quel point son père est un con.

Je ne me sens pas comme eux. J’ai l’impression qu’ils n’attendaient que la mort de mère pour venir s’installer et ordonner nos vies. A peine quelques semaine après l’enterrement, il a déjà commencé à chercher un époux pour Anna. Il nous a dit à Abbie et moi qu’il n’attendrait pas aussi longtemps pour nous marier à notre tour.

Qu’il essaye.

PrettyGirl
Invité
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar
Ven 4 Juin - 12:24


Eté 1871 | Boston
Mae a 14 ans (bientôt 15)  



Je crois que je préfère de loin l’été à toutes les autres saisons. Mais cette année, Christopher a décidé de nous le gâcher. Il a décidé de nous emmener en voyage d’affaires avec lui. Nous devons donc suivre monsieur et madame lors de leurs déplacements pour vérifier que les rails que l’entreprise familiale sort de l’usine sont bien opérationnels. C’est ce que dit Christopher.
Il fait chaud, et il y a beaucoup de travailleurs étrangers. Mon frère nous a dit qu’il s’agissait d’Irlandais pour la plupart et qu’ils étaient dangereux. Selon lui, il faut les surveiller de près, car ils volent les matériaux pour les revendre. Il paraît même qu’ils peuvent devenir violents, même envers nous. Je dois avouer que je n’étais pas très rassurée. J’ai évité leurs regards afin qu’ils ne s’imaginent pas que je leur voulais du mal. Il y en a beaucoup dans notre usine à Boston apparemment. Christopher avait l’air plutôt satisfait de lui, je crois qu’il a eu le contrat pour un nouveau chemin de fer.


J’aime bien prendre le train. Je me sens plus en sécurité qu’en diligence. Il faut bien plus d’audace pour braquer un train rempli de monde qu’une simple diligence. C’est l’erreur que père a faite d’ailleurs. C’est pour cela qu’il n’est jamais revenu. Je me prends à rêver en regardant le paysage défiler sous mes yeux. Je lis aussi. En ce moment, je suis plongée dans la lecture de Davis Copperfield. J’aime beaucoup Dickens. Cette idée de maison sous la coque d’un bateau est très amusante, j’aimerais avoir la même plus tard. Enfin, n’importe quoi, tant que cela ne ressemble pas à notre affreuse maison de ville aux pierres grises. Un ranch peut-être ? Je ne sais pas comment cela fonctionne, mais je peux apprendre. Je serai entourée de grands espaces et au moins, on me laissera tranquille.


Nous sommes arrivés à New-York tôt ce matin, nous avons voyagé de nuit. Nous avons des chambres au Grand Central Hotel. Il est tout neuf, datant de l’année dernière. Le bâtiment est immense, Abbie et moi n’en revenions pas. L’intérieur est très bien décoré aussi et nous avons pu y manger ce midi. Christopher a des rendez-vous dans l’après-midi. Nous allons donc visiter la ville avec sa femme. Je ne l’aime pas beaucoup, je sais qu’elle a hâte de se débarrasser de nous en nous mariant.


Je vais entraîner Abbie avec moi pour que nous échappions à sa surveillance, je ne veux pas passer du temps avec elle, cette femme est d’un ennui…



PrettyGirl
Invité
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar
Lun 7 Juin - 20:49


Décembre 1873 | Salem
Mae a 17 ans  



Je suis partie hier. Je leur ai tout laissé, les robes affreuses qu’elle m’a achetées, ses corsets auxquels je n’arrive pas à me faire, leur violon dont je ne supporte plus le moindre son, leur avidité.


Hier a été la journée de trop. Anne est venue nous rendre visite pour en réalité nous préparer Abbie et moi au grand bal de Noël de la ville. Je sais très bien ce que cela signifiait pour moi. A la fin de la soirée, Christopher m’aurait trouvé un mari (si ce n’était pas déjà fait avant.). Anne a passé des heures à nous expliquer comment nous comporter, insistant sur le fait que nous ne devions refuser aucune danse (je déteste cela, mère me disait toujours que j’avais deux pieds gauches et je crois qu’elle avait raison.). Christopher était assis sur le fauteuil de père, hochant la tête à chacune des phrases d’Anne. Tout mon être était pareil à une marmite que l’on laisse trop sur le feu. Je ne veux pas être mariée, et encore moins aller me pavaner dans un bal avec d’autres filles qui seront là pour la même raison. Trouver un mari. Et quoi après ? Avoir des enfants, suivre son époux, lui obéir au doigt et à l’œil ? Ce n’est pas moi.


Alors je suis partie, sans rien dire. Pas même à Abbie. Il y a quelques semaines, j’ai vu que le gang de l’homme qui a tué père braquait des diligences dans l’état voisin. Je vais m’y rendre, et le tuer, comme je l’ai promis à Dieu, et à père dans mes prières. Je sais bien ce qu’a dit Dieu, le pasteur nous l’a assez répété lors de l’office : « C'est à moi qu'appartient la vengeance, c'est moi qui leur donnerai ce qu'ils méritent quand leur pied trébuchera ! En effet, le jour de leur malheur est proche et ce qui les attend ne tardera pas. ». Mais je trouve qu’Il a attendu un peu trop longtemps, Il me dit à sa manière que c’est à moi de le faire. Peut-être même que mes prières que je pensais sans réponses ne l’étaient pas. Peut-être que pour Dieu, je suis la vengeance.


J’ai pris le train jusqu’à Salem (c’est dans cette ville d’ailleurs qu’il y a eu une grande chasse aux sorcières.). Je me sens bien dans cette ville. Je pense que je vais trouver un travail pour gagner de quoi m’acheter un cheval et prendre ensuite la route. Il ne me reste déjà plus beaucoup de l’argent que j’ai volé à mon frère en partant.


J’ai une petite chambre dans une auberge. Bien sûr, cela n’est en rien comparable avec ce que je laisse derrière moi. J’ai même vu un rat passer, mais j’imagine que je dois passer par là pour arriver à mes fins. Le lit est humide et les couvertures trouées, une odeur de renfermée est présente dans toute la chambre. Je crois qu’ils n’ont pas souvent l’occasion de la louer à des jeunes femmes. Au moins, ici, je suis tranquille, on ne me pose pas de question.


PrettyGirl
Invité
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar
Lun 7 Juin - 21:55


Mars 1874 | Glens Falls
Mae a 17 ans  



23 Mars

Il était là. J’ai mis trois jours pour rejoindre Glens Falls depuis Keene, et cet enfoiré avait déjà levé le camp. Je ne me serais pas perdue dans la forêt après Arlington, je suis certaine que j’aurais pu le croiser lui et sa bande.
Je n’ai plus d’argent, il va falloir que je trouve une solution, et travailler me prendra trop de temps pour réunir ce dont j’ai besoin. J’ai vu l’autre soir ce que l’on appelle des filles de joies dans un saloon. Je suis certaine que je peux faire la même chose qu’elles. Ce n’est pas très compliqué de s’asseoir sur les genoux d’un homme en riant aux éclats. Et si cela peut me permettre de gagner de l’argent. Je n’ai jamais compris jusque-là pourquoi elles étaient appelées ainsi. Mais elles passent leur temps à rire. Quel travail. Je pense pouvoir me faire passer pour l’une d’elle. J’ai pu trouver refuge dans une grange ce soir. J’aurais préféré un lit, mais je n’ai pas de quoi me payer une chambre. J’ai terriblement faim.

24 Mars

J’ai discuté avec une fille de joie du nom d’Amy. Elle s'est moquée de moi lorsque je lui ai exposé l’idée de faire son métier. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, elle m’a expliqué en quoi cela consistait. Je ne me suis jamais sentie aussi stupide. Je ne veux pas faire ça pour avoir de l’argent. Il est hors de question que je montre mon intimité à un homme. Jamais. Pourquoi mes sœurs ne m’ont-elles jamais parlé d’une telle chose ? Je vais devoir trouver une solution pour partir d’ici.

26 Mars

J’ai pris mon courage à deux mains. Finalement, cela n’a pas été si terrible. Alcoolisés, les hommes sont idiots. Il suffit juste de rire à gorge déployée pour les occuper. J’ai pu récupérer trois dollars. Ce n’est pas grand-chose, mais j’ai de quoi m’acheter à manger et faire entretenir les fers de mon cheval pour repartir. Il m’a suffi de prétexter devoir m’absenter pour repartir avec les pièces prises dans un veston. Il faut croire que je suis meilleure à jouer la comédie qu’à être une fille de joie. J’ai acheté le journal également, il est aux abords du lac Ontario. Je prends la route dès demain, lorsque le jour se lèvera.



PrettyGirl
Invité
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar
Dim 11 Juil - 18:00


1874 | Saint-Louis
Mae a 17 ans  



17 Juin

C’est fait. Je les ai suivis depuis Rochester, chaque feu de camp éteint me rapprochait un peu plus de lui. Inutile de m’épancher sur le sujet. Je suis à Saint-Louis maintenant, j’ai réussi à voler quelques billets ce soir à la sortie d’un saloon et à me payer une chambre dans un hôtel pour quelques jours. J’ai fait ce que j’avais à faire, et pourtant, j’ai l’impression que rien ne change. Je ne veux pas retourner vivre avec mon frère, recommencer ce que je détestais. Et puis, que vais-je leur dire ? Je ne pense pas qu’ils acceptent et comprennent mes choix.


D’après certains, Chicago est à quelques jours à cheval d’ici. Je pense m’y rendre, j’aviserai une fois sur place.



PrettyGirl
Invité
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar
Dim 11 Juil - 18:06


1875 | Chicago
Mae a 18 ans  



30 Juin


J’ai enfin trouvé un travail stable, après une année ici. Chicago n’est en rien comparable aux petites villes que j’ai traversé ces dernières années. Voler et arnaquer ne sont pas aussi faciles, la police est partout. J’ai vu dans le journal que l’usine James S Kirk & Company cherchait des femmes. Je n’ai pas vraiment le choix, j’ai vendu mon cheval et pourtant, les loyers sont encore trop chers pour que je puisse trouver quelque chose de correct. Je n’ai pas eu le courage d’écrire plus tôt tant mes journées sont harassantes.


Je suis à la fin de leur chaîne de production. Nous sommes plusieurs à empaqueter les pains de savon dans du papier à l’encre fraîche qui noircit nos mains. Le rythme est cadencé et trois autres femmes nous surveillent. Les pauses sont interdites en dehors des heures de repas et nous devons aller vite. Cela fait dix jours et j’ai déjà mal aux mains à force de répéter le même geste tous les jours pendant plus de dix heures. Les femmes qui surveillent notre travail ne sont pas si gentilles. Je les ai vu retirer quatre dollars sur le salaire d’une employée, car elle devait absolument se rendre aux toilettes. Je ne sais pas pourquoi, j’ai toujours cette colère en moi qui ne part pas. Parfois, je me vois tuer Mrs Clark, une des surveillantes (la pire à mon sens),de la même façon dont j’ai tué celui qui a ôté la vie à père. Je prends sur moi, car je sais que je n’ai pas d’autres choix.


Le matin, lorsque les grilles de l’usine ouvrent et que nous pouvons tous rentrer, l’odeur est insoutenable. Durant toute la nuit, ils font brûler des graisses animales pour les savons, j’ai manqué de vomir plusieurs fois et certaines font des malaises. Toutes nos journées sont les mêmes, les savons arrivent par milliers et nous devons nous dépêcher de les emballer pour les mettre ensuite dans de grandes caisses en bois qui partiront à travers le pays.

10 Octobre


Aujourd’hui, j’ai rencontré V. , une Allemande. Nous avons été mises côte à côte pour travailler et elle m’a proposé de manger avec elle et ses amies lors du déjeuner. Je n’aime pas vraiment être entourée de trop de monde, manger seule m’allait très bien, mais elles sont sympathiques. Elles sont arrivées il y a quelques années et travaillent dans l’usine depuis deux ans (!!!). Je leur ai demandé comment elles ont fait pour supporter tout ça.

J’avoue que leurs échanges de regard m’ont intrigué lorsqu’elles m’ont donné une adresse où les rejoindre ce soir.


11 Octobre

Jusque-là, je n’avais jamais prêté attention aux hommes qui tenaient des discours avant l’ouverture, ou à la fermeture. Je n’ai jamais porté un jugement sur eux, je ne les écoutais tout simplement pas. Hier soir, V. m’avait donné rendez-vous dans une petite salle de théâtre du quartier allemand. Ce que j’y ai vu et entendu n’avait cependant rien à voir avec l’univers de la salle. Beaucoup d’orateurs se sont succédés, se déclarant socialistes libertaires, ou encore anarchistes (j’avoue ne rien connaître de cela), citant d’autres hommes dont les noms me sont inconnus. La salle, pourtant peu remplie applaudissait avec une telle ferveur que l’on aurait dit qu’elle était pleine. Il s’agissait en fait d’un meeting de l’international working people’s association*

V. m’a présenté à son jeune frère, A.** Il a parlé sur la scène ce soir, et il faut dire qu’il est assez doué. Je crois que c’est le plus jeune des orateurs de hier soir (il a seulement un an de plus que moi), mais quelque chose en lui est plus doux et plus facilement acceptable. Nous avons bu tous ensemble quelques bières (qui me sont bien vite montées à la tête) tout en discutant de leur organisation, des autres membres. Je comprends maintenant pourquoi V. et ses amies arrivent à tenir avec une telle misère. Elles ne sont pas seules, et elles croient en quelque chose. C’est peut-être ce qu’il me manque depuis mon arrivée dans cette ville. Ils m’ont fait promettre de manger avec eux dimanche midi.

*IWPA ou association internationale des travailleurs, il s’agissait de la déclinaison de la première internationale aux USA, regroupant les anarchistes du pays, mais également des marxistes, des socialistes, etc. Les divisions à l’époque étaient profondes sur le sujet et la première internationale normalement commençait à s’éteindre à partir de de 1872, date d’un congrès où les pros Bakounine se sont fait la guerre avec les marxistes et bref, comme je n’ai pas envie de rentrer dans les détails, because it is very complicated, on va dire que l’AIT aux USA se porte très bien et qu’ils débattent ensemble de plein de sujets, tout en se disputant sur le modèle de société à adopter ! Voilà, voilà !

** Adolph Fischer, militant anarchiste américain d'origine allemande. J'ai simplement modifié son âge (de quelques années rooooh ça va), mais le monsieur a bien existé. Il a d'ailleurs pris lors des grèves de Haymarket un certain 1er mai 1887 puis exécuté en novembre de la même année ..

14 Octobre


La famille Fischer est incroyablement gentille et accueillante. Ils ont un autre frère W., mais il est plus âgé. Tout comme A. , il est typographe dans un journal local Allemand, je n’ai pas retenu le nom. A la fin de l’après-midi, A. a insisté pour me raccompagner. Je lui ai bien dit que je pouvais rentrer seule, mais il n’a rien voulu entendre.


Je crois qu’il m’aime bien. Je ne sais pas exactement tout ce que cela veut dire ou implique, mais j’apprécie sa compagnie, et surtout, j’aime l’entendre parler devant une foule. Ce n’est alors plus l’homme calme et plutôt discret que je connais, quelque chose s’anime en lui, dans son regard et dans ses gestes. Selon lui, il s’agit de la force de ses convictions. J’aimerais avoir ce même sentiment. A. m’a d’ailleurs proposé de me prêter certains ouvrages afin que je me fasse ma propre opinion et que nous puissions en discuter par la suite. J’ai évidemment dit oui.


Cependant, il a tenté d’en savoir plus sur moi, mais j’ai été incapable de lui raconter la vérité. Je crains qu’il juge mes actes ou même le milieu dans lequel j’ai grandi. Je n’ai rien à voir avec ma famille désormais, mais, quelque chose m’empêche de prendre le risque de le voir s’éloigner de moi.


Je crois que je l’aime bien aussi.



PrettyGirl
Invité
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar
Jeu 15 Juil - 16:34


1875 | Chicago
Mae a 19 ans  



13 Septembre


Nous sommes allées boire une bière après notre journée V. et moi. Il faut dire que nous l’avions bien méritée. Mrs Clark nous a enlevé une partie de notre salaire sous prétexte que nous étions en train de parler (ce qui était absolument faux). Cette vieille garce aigrie nous surveille plus que les autres car elle sait très bien que nous sommes membres de l’IWPA. Elle ne supporte pas de nous voir distribuer nos papiers de bon matin. Je crois même qu’elle est allée se plaindre de nous à la direction. Elle peut bien dire ce qu’elle veut. Ce sont les gens comme elle qui empêchent notre révolution d’aboutir en refusant d’ouvrir les yeux sur tout ce qu’il y a. Car cette grosse vache n’est pas mieux lotie que nous. Mais le fait est que, si l’on donne un peu de pouvoir à une personne, elle en use plus que de raison. Mrs Clark ne vit pas aux abords du lac Michigan, là où se trouvent toutes les riches demeures de nos patrons. Non Mrs Clark vit comme nous tous dans des quartiers où la misère ne côtoie que la misère. Alors, elle peut bien m’enlever quelques dollars sur mon salaire, m’affamer même si cela lui chante, mais elle ne récupèrera jamais cet argent.

Très vite, A. nous a rejoint pour un court instant, avant de retourner à l’impression du Chicagoer Arbeiter Zeitung (je crois que je l’ai écrit correctement.). A. s’occupe d’insérer tous les caractères avant de mettre les planches dans la grande presse. Comme V. devait rentrer, il m’a proposé de l’accompagner. Dire que j’ai hésité serait un mensonge, mais je lui ai fait croire que j’avais des choses à faire. Puis, il a insisté et j’ai alors accepté. Je me suis retrouvée de nombreuses fois seule avec A. depuis le repas avec sa famille, mais jamais dans un tel endroit. Nous avons beaucoup discuté pendant qu’il terminait de travailler. Pour l’occasion, il a même « emprunté » une bouteille de whisky à son chef. Mais comme il aime à le dire : « entre anarchistes, on partage tout ». A. m’a avoué qu’il aimait passer du temps avec moi. C’est étrange cette sensation de compter pour quelqu’un, de se sentir en confiance. Avec lui, la colère qui peut parfois monter trop vite à mes oreilles s’efface. Il sait me raisonner bien mieux que moi-même. Il dit que je suis plus radicale que lui, mais qu’il trouve cela amusant, car il était comme moi lorsqu’il est entré dans le mouvement. Il ne sait pas encore à quel point je peux être entêtée. Ce n’est pas en passant notre temps à distribuer notre information en prenant la parole devant les foules que nous allons faire changer les choses. Ceux qui n’ont pas encore conscience de l’oppression qu’ils subissent de la part des patrons sont encore trop nombreux, il ne faut pas les attendre. A. est peut-être plus patient que moi, il aime discuter, argumenter, expliquer. Moi, je me contente de penser et d’agir, je ne suis pas faîte pour prononcer tous ces discours. Je me fiche bien que la majorité soit d’accord ou non avec nous. Ils ne voient rien.


Je pense que le whisky a largement contribué à la suite, mais j’ai fini par tout lui raconter de mon enfance, jusqu’à mon départ et ses raisons. Je n’ai pas pleuré, mais il m’a pris dans ses bras, avec la même douceur que l’on peut lire dans ses yeux, celle qui s’efface lorsqu’il prend la parole devant une foule. Et nous nous sommes embrassés. Je me sens si idiote de coucher tout cela sur du papier, mais j’aimerais pouvoir être avec lui tout le temps.


Il y a un meeting de l’IWPA demain soir, en me raccompagnant, A. m’a dit qu’il m’emmènera dîner quelque part après. Il ne sait pas que mon anniversaire est demain. Je n’ai pas envie d’en parler avec sa sœur, et puis, pour le moment, il n’y a rien à dire. Tout est nouveau pour moi.


PrettyGirl
Invité
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar
Lun 25 Oct - 16:33
TW : Ce post évoque l'infertilité et un mec un peu bcp toxique (enfin, vous me direz, Mae n'est pas mieux dans ce genre là, mais je préfère vous prévenir  ballon )


1877-1878 | Chicago
Mae a 21 ans  



Eté 1877


Cela fait plusieurs mois qu’A. veut un enfant. Je pense que j’aimerais aussi. En tout cas, le voir heureux à cette idée me rend heureuse aussi.
Il dit aussi qu’il faudrait se marier, pas parce que nous aimons l’idée du mariage, mais parce que nous sommes obligés s’il arrive quelque chose à l’un d’entre nous. Vouloir une famille demande de nouvelles responsabilités. Je ne sais pas si je suis capable de donner de mon temps à un enfant. J’ai peur d’en parler autour de moi tellement cela semble être la marche à suivre. On se bat pourtant pour faire les choses différemment, mais certaines doivent rester, j’imagine. Toutes les femmes à l’IWW ne me parlent que de ça (puisque A annonce déjà la chose comme étant faite). J’ai parfois l’impression d’avoir à porter l’enfant de Dieu afin de leur donner à tous satisfaction.
A aime l’idée que tout le monde l’admire pour ce qu’il est et ce qu’il fait. Il aime que les regards se tournent vers nous lors des meetings, et même donner envie aux autres. Il m’en a parlé l’autre soir, il veut battre les marxistes au prochain congrès. Il ne l’avouera jamais, mais je sais qu’il compte utiliser notre union pour obtenir certaines voix. Un mariage et un enfant lui feront une bonne presse auprès des plus conservateurs de l’organisation.
Je ne sais pas si je suis prête à cela. Je sais qu’il m’aime, et je l’aime en retour, mais j’ai peur. Avoir un enfant ne me rendra pas heureuse, j’en suis convaincue. Qui voudrait d’une mère comme moi ? Évidemment, je n’ai personne à qui parler de tout cela, personne ne comprendrait.
Je crois que toutes ces idées m’empêchent de tomber enceinte.

Janvier 1878

Je suis allée chez le médecin ce matin. Je n’arrive pas à être enceinte. Tous les mois, je regarde mon corps dans le miroir et mon ventre reste plat. J’ai demandé à la sœur de A comment savoir. Elle m’a répondu que à chaque fois, elle l’a su. Je ne sais rien du tout, mais tout ce que je vois, c’est tous les mois, le même cycle qui recommence et qui me dit que ce n’est pas pour cette fois. A chaque fois, je dois faire face aux yeux déçus de A. Il ne me dit rien pourtant, mais je vois bien que cela l’attriste. Je m’en veux d’autant plus, car sans que je n'ose me l’avouer, cela me soulage un peu.
Le docteur Burton m’a dit que je ne pouvais pas. Il a dit que c’était moi et pas A, je n’ai pas compris, alors il m’a fait un dessin que j’ai encore moins compris. Les médecins ont cette idée de penser que nous allons comprendre tout ce qu’ils disent. Une envie de vomir m’a prise au ventre. Il faut que je le dise à A mais je crois que je n’en ai pas le courage. Dire la vérité fait parfois plus de mal que le mensonge. Je vais laisser quelques jours passer, le temps de la réflexion.
Je ne veux pas le blesser, il va être anéanti et je ne ressens rien.
PrettyGirl
Invité
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut Page 1 sur 1
Sauter vers: