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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Un arrêt forcé au milieu de nulle part... Bartel-Filippa
Invité
Invité
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Jeu 21 Jan - 23:10

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
Purgatory.... quel nom évocateur pour cet arrêt forcé au milieu de nulle part...

La neige était tombée en continue. Les voies étaient bloquées sur plusieurs centaines de mètres et sans doute davantage. Il faudrait qu'une locomotive en provenance de Silverstone ré-ouvre la voie ferrée.
Je suis descendu de mon compartiment pour marcher un peu malgré le froid. Purgatory  ressemble à une ville fantôme. La gare est aménagée, mais aucun employé pour accueillir. Cette ville va disparaitre avant même d'exister...
Certains passagers osent s'aventurer à l’extérieur. Mais ils ne trouveront rien à manger ou à boire. Je remarque un groupe de militaire qui devait se trouver dans un des wagons de tête. Ils ont allumé un brasero et l'entoure, tout en faisant griller de la viande.
Je suis en train de remonter vers mon wagon quand je remarque une gamine qui de loin ressemble à une vagabonde. Elle quémande de quoi manger aux militaires. Je distingue mal à cette distance.... c'est peut être une migrante ou une indienne...
Il y a une réserve pas très loin.
Je renonce à remonter et je me rapproche doucement. J'ai remarqué un des milliaires jeter des pièces sur une poêle brulante. Il fait signe à l’adolescente, elle tend les mains pour recevoir par surprise les pièces brulantes.
Ça les fait bien rire.

On trouve toujours les mêmes tarés presque partout...


Je formule ça à haute voix. Je me fige. La gamine a rattrapé l'argent et l'a renvoyé dans la gueule du soldat.

Joli tir...

Mais les hommes sont de mauvais perdants, surtout ceux en uniforme... J'ai la stupeur de voir la fille se précipite vers moi. Elle s’accroupit comme une bête et se cache derrière mes jambes. Je le regarde faire interdit.

Soldat: Hors du chemin

Je regarde à nouveau devant moi. Le soldat vient au-devant en vociférant. Je ne bouge pas. Je les connais par cœur ces brutes sans tripes et sans couilles...

Il grogne et je sens les relents de l'alcool.

Soldat: Quelque chose te dérange mon prince...?

Oui... et je crois bien que c'est toi

Je sens que mes mots arrivent difficilement à son absence de cerveau.

Sullivan Murphy:Ça suffit!!!

Une voix brise le silence. Une voix que je connais

Sullivan Murphy: Lâchez l'affaire soldat Talbot.... Tout de suite

Un officier vient de descendre d'un des wagons. Mon frere... Je remarque ses galons. Il a suivit mon regard.

Sullivan Murphy: Après tant d'années... J'ai fini par donner des ordres

Mais pas à moi, mon mignon...

Il me regarde, puis baisse les yeux vers la gamine toujours derrière mes jambes.

Sullivan Murphy: Tu ne m'avais pas habitué à cette sensibilité...

Mon silence peut passer pour de l'émotion ou de l’indifférence.

Sullivan Murphy: Si tu as quelque chose à me dire retrouve moi au Fort Randall

Il se retourne et attrape le soldat par le revers de sa veste.

Sullivan Murphy: Deux types de mâles sont imbuvables en hiver et .... tout au long de l'année.... les grizzlis et mon frère... Tu as eu de la chance. Il y a un dieu pour les idiots

Le petit groupe se regroupe de nouveau autour du brasero. Je soupire, vaguement agacé par cette rencontre imprévue. Je regarde l'adolescente... peut être treize ou quatorze ans. Sa peau bronzée n'est pas celle d'une indienne...

Qu'est-ce que je vais faire de toi...?

J'entends une voix tremblante à cause du froid.

Laura: Mi chiamo Laura...

Qu'est-ce que tu peux bien raconter....?
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Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
Since : 30/11/2020
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Un arrêt forcé au milieu de nulle part... Bartel-Filippa Boeq
Age : 29 ans
Statut : La revanche a fait d'elle son épouse, personne ne sait qui des deux deviendra veuve
Job : Cuisinière officiellement | Nouvelle comptable des Hennessy en compagnie de Wyatt Smith | Réalise des petits boulots illégaux avec un groupe d'italiens de Silverstone | Ancienne contaiuola de la famille Rinaldi
Habitation : Petit étage en piteux état au-dessus de l'épicerie de ses grands-parents, Silverstone
Disponibilité : Dispo [1/3]
Dim 24 Jan - 18:35

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
Il était encore loin, le printemps. C’était ce à quoi songeait Filippa en observant les étendues infinies et effrayantes qui l’encerclaient. Le sol craquait de neige et de glace sous les roues branlantes du chariot. Et ce grincement se répercutait à peine, avalé par l’horizon et par la neige en un murmure ouaté. Le ciel maussade et gris comme du plomb menaçait de leur tomber dessus comme une punition divine. Au loin, on distinguait à peine la crête des montagnes et les quelques rares bosquets nus dont les tronc se pressaient les uns contre les autres dans l’espoir de se réchauffer. Peut-être y avait-il des animaux là, tapis dans les bruyères brunes, mais les yeux de Filippa n’étaient pas de ceux à remarquer ce genre de choses.

Les souffles des trois italiens et des deux chevaux se mêlaient si bien à l’humidité et à la brume qu’eux aussi, faisait parti de ce paysage austère et terrifiant. Car il n’y avait rien qui angoissait plus la brune que ce paysage absolu et hivernal d’où suintait la mort et le vide. Malgré tout, l’italienne ne pouvait nier son sang et elle était une fille de l’été dont la froideur se réchauffait au soleil et dont la grisaille s’estompait lorsque les couleurs vives de la belle saison revenaient. À la différence de beaucoup à Silverstone, elle n’avait pas appris à aimer cette nature impitoyable. Elle appartenait à la ville et la ville lui appartenait.

Un grand frisson la secoua et elle laissa échapper un éternuement qu’elle noya dans son écharpe. Elle renifla.

« Tu t’enrhumes ? » lui demanda Alessio.

Il y avait un brin de moquerie dans sa voix. Lui, malgré la bise et le néant, était frais comme un gardon. Et il semblait si à l’aise, si sûr de lui qu’on aurait pu le croire né de cette terre inhospitalière. Modelé de la glaise et de la boue qui tapissait le sol et faisait glisser les sabots des chevaux. Mais enfin, Alessio était partout chez lui.
Filippa resserra son col autour de ses joues.

« Je crois, » finit-elle par admettre après un court silence.

Le sicilien se défit de sa vieille écharpe élimée pour couvrir la Rinaldi. Elle ne dit rien, mais s’y emmitoufla pour dissimuler ses tremblements. À sa droite, Vitale coula vers elle une oeillade inquiète et hâta le pas des chevaux.

« Je ne suis pas en sucre, » soupira-t-elle.

Aucun des deux ne répondit et le petit chariot fila laissant derrière lui deux sillons gluants et boueux.



*



Avec un « ouf » de soulagement, la dernière caisse fut chargée dans le chariot. Les pommes de terre, les navets et les choux dégoulinaient sur le bois en couleurs fades et passées. Cette saison encore, le fermier avait bien travaillé. « Nonno sera content, » songea la brune. Mais sa réflexion fut interrompue par une nouvelle quinte de toux qui la cassa en deux.

En se redressant, elle croisa l’oeil méfiant du paysan et préoccupé de ses deux compères.

« Ce n’est qu’un rhume, » se défendit-elle en croisant les bras devant sa poitrine. « Allez, plus vite nous seront partis, plus vite nous serons rentrés. »

Elle fourra l’argent du fournisseur dans sa pogne, ils grimpèrent dans la charrette et s’en allèrent comme ils étaient venus.

Après quelques minutes, pourtant, l’italienne se rendit compte qu’ils ne suivaient pas le même chemin qu’à l’aller. Vitale lui répondit avant même qu’elle n’ouvre la bouche.

« Il y a une gare, juste un peu plus loin. »

Elle fronça les sourcils.

« Tu as de la fièvre, » décréta Alessio. « Tu nous ralentirais. »

Filippa pinça les lèvres en une fine ligne de mécontentement.

« Je n’avais pas besoin de l’entendre, » siffla-t-elle en se terrant un peu plus dans ses couches de vêtements.

En vérité, elle mentirait en affirmant qu’elle n’avait pas pensé au chemin retour et aux inquiétudes que cela éveillaient en elle. Trois jours de route et deux nuits passées en plein air alors qu’elle grelottait comme une feuille morte dans le vent et qu’elle transpirait comme en plein mois d’août à Naples. Oui, il ne faisait aucun doute qu’elle risquait fort d’être un poids mort pour les deux gaillards. Elle en était vexée, troublée même de la faiblesse de son corps robuste face à cet hiver teigneux, mais elle était également une femme de raison et de réflexion. Il n’y avait que les imbéciles et ceux jouant aux héros pour insister pour continuer la route ainsi.

Son silence servant de consentement, Vitale et Alessio l’abandonnèrent à la gare et reprirent leur chemin tandis qu’elle grimpait dans le train pour la ramener à Silverstone.

Tassée avec les autres badauds de troisième classe, elle se laissa aller contre une fenêtre en soupirant. Autour d’elle, une odeur de sueur, des voix qui pépiaient, des gorges grasses qui toussaient et l’effusion douce d’une vie que le froid parvenait tout de même à rendre nonchalante. « Enfin, ça vaut mieux qu’être dehors. » Elle eut une pensée pour Vitale et Alessio avant de fermer les yeux. La fatigue la serra tout contre elle et elle finit par s’endormir.

Un sifflement strident la réveilla et un arrêt brutal la projeta en avant, comme la plupart des passagers autour d’elle. Elle se cogna le front sur la banquette en bois et grogna.

La première chose qu’elle vit en ouvrant ses yeux cernés fut le blanc de l’extérieur. Le ciel, le sol, tout était recouvert de coton et durant un instant, elle s’imagina observant le port de Naples, un soleil trop vif laissant la mer immaculée scintiller. Mais après quelques douloureux clignement de paupières, elle remarqua des militaires en uniformes et la silhouette d’une ville vide avec, dans son dos, un paysage tout aussi vide. Le soleil faiblard de la fin d’après-midi charbonnait la cime des quelques rares arbres plantés là au hasard.

Elle se sentit brûlante.

« Nous sommes arrêtés ! » les informa d’une voix puissante un agent du train. « La neige bloque la voie… »

« Pour combien de temps ?! » s’écria un homme qui s’était levé.

L’agent se rembrunit.

« Nous n’en savons rien… Nous attendons une locomotive de Silverstone. »

Sa déclaration fut accueillie par une vague de protestations.

« J’aurais été plus vite avec les garçons, » pesta mentalement l’italienne tout en sachant qu’elle se trompait. Elle se désempêtra de son manteau et entreprit de sortir de la voiture. Elle mourrait de chaud et sa tête tournait si bien qu’elle se crut saoule. « Fichu pays, fichu hiver, » martela-t-elle à mesure qu’elle enjambait les valises abandonnées et les jambes dépassant dans l’étroit couloir.

La porte coulissa et le vent glacial embrassa son visage à pleine bouche. Elle manqua de trébucher, mais goûta avec appétit à cet air vivifiant.

Malheureusement, l’état de grâce fut de courte durée. Des éclats de voix attirent son attention et elle tourna mollement la tête vers des hommes qui se disputaient. Ils parlaient trop vite pour qu’elle comprenne de quoi il était question, mais son regard tomba sur une fine silhouette cachée derrière des jambes d’hommes. Les militaires s’éloignèrent.

« Tutto va bene ? » la héla-t-elle d’une voix rauque en entendant une voix italienne. « Cosa volevano ? »

Elle s’était approchée en toussotant, la gorge à vif d’avoir ainsi parlé après des heures de silence.



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Mar 26 Jan - 13:41

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
Laura.... ça sonne comme un prénom... Son accent le rend exotique. Je finis par reconnaitre de l'Italien.

Je ramène la main vers moi pour me désigner.

Bartel

Je répète pour lui faire comprendre que c'est mon prénom. Elle répète tout en faisant rouler le "r". Et sans prévenir, elle éclate de rire. Je suis surpris. Je ne sais pas comment le prendre. Je ne suis pas certain d'avoir le sens de l'humour. Mais ce rire chaleureux me fait étrangement plaisir. Elle m'arrache un sourire.
Je m'interroge...
J'ai du mal à me souvenir la dernière fois ou j'ai fait rire une femme. Pour être honnête, je ne m'en souviens pas...  

Je vais parler quand j'entends de nouveau résonner la langue italienne. Je reconnais la personne qui s'exprime avant même de me tourner. Quand je fais face, je croise de nouveau les yeux noirs que je connais.

Je vais finir par croire que tout votre pays s'est donné rendez vous dans ce coin du monde....

Mes ancêtres pas si lointains, sont arrivés sur cette terre à coup de pieds au cul. Je ne vais pas critiquer ceux qui partent...
Je la regarde de haut en bas. Elle semble autant à sa place en ce lieu qu'un palétuvier à coté de sapins...

Je regarde l'adolescente. Je désigne le sol de la main.

Tu restes et tu m'attends.

Je fais confiance dans son intelligence. Je pars dans la direction des soldats et de mon frère

Sullivan!

Il se fige et se retourne

Sullivan Murphy: Je ne pensais pas que tu aurais besoin de moi si tôt...

Son ironie ne me manquait pas. Je me rapproche assez pour n’être entendu que de lui.

Quelle est vraiment la situation?

Il hausse les épaules

Sullivan Murphy: La nuit va tomber. Des soldats que j'ai envoyé sont revenus. Il faudra une nuit et la matinée pour déblayer la neige. La chaudière de la locomotive ne va pas tarder à s’éteindre... Ça veut dire que la locomotive en provenance de Silverstone devra arriver après le déblayage et nous tirer. L’arrimage peut prendre des heures.

Pire encore que mes suppositions.

J'ai besoin de nourriture pour trois personnes et trois sacs de couchages.

Sullivan a un rictus de surprise. Je le vois regarder par dessus mon épaule. Il doit certainement détailler les deux femmes.

Sullivan Murphy: Tu cherches une famille?

Il croise mon regard et instantanément, il comprend qu'il s'aventure sur un terrain dangereux pour lui.

Sullivan Murphy:Je vais voir ce que je peux faire. Retourne auprès... d'elles.

Je reviens sur mes pas très contrarié par cette rencontre et la situation présente. Je regarde dans les yeux cette italienne orgueilleuse... elle  resterait arrogante, même assise sur du fumier...
Je ne suis pas d'humeur pour de longues négociations.

Nous sommes bloqués ici jusqu'à demain, en fin de matinée... dans le meilleur des cas.

J'entends des pas lourds derrière moi. Je me retourne pour découvrir le soldat Talbot chargé comme un mulet de l'armée d'un sac de vivres et de trois sacs de couchages enroulés en tubes. Mon frère n'a fait pas semblant...
Je devine l'homme énervé de jouer les porteurs. Il va continuer encore un peu... Je regarde la brune italienne

C'est une ville fantôme. Il y a des baraques en état, en bords de voies. Si vous voulez  à manger, un sac de couchage et un feu, vous pouvez venir, sinon, rejoignez la chaleur de votre compartiment.

Je fais signe à la gamine de me suivre et à notre porteur. Il y a une maison parfaite à une dizaine de mètres. Son toit est intacte et sa cheminée en pierre est prometteuse chaleur
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Filippa Rinaldi
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Sam 30 Jan - 0:26

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
Un géant souffla et les flocons empilés sur les toits des petites baraques se détachèrent en paillettes glacées. Le vent fit claquer les pans du long manteau gris de Filippa dans son dos et mordit son visage comme un chien s’acharnerait sur son os. Ses mèches noires balayèrent son visage et elle dut fermer les yeux pour se protéger de ces fouets qui lui lacéraient la peau.
Le col de fourrure usé fut remonté pour protéger ses lèvres gercées et ses joues, mais ce bouclier de tissu était inutile. Le froid était si pénétrant et si humide que ses os étaient trempés. La fièvre qui perlait sur son front en gouttes de sueur brûlantes furent figées là, comme la cire d’une bougie froide.
Immobilisée le temps du caprice hivernal, elle pataugea dans la neige fraîche - en manquant de glisser à chaque pas - et chaque empreinte laissée était un juron de plus marmonné dans sa langue maternelle.

Prête à héler de nouveau l’italienne qui s’était relevée de sa position accroupie, elle s’interrompit lorsque l’homme - de dos jusqu’à maintenant - s’était retourné.
Elle retint un profond soupir, entre surprise et lassitude en reconnaissant cette face blanche, cette moustache piquée de poils roux et cet air de suffisance propre aux hommes de lois. Il n’y avait que ce shérif qu’elle pouvait croiser dans une ville appelée Purgatory. Et il n’y avait que les américains pour donner des noms de ville aussi stupides et blasphématoires.

« Alors, nous serions tous des sciocchi, » grinça-t-elle. « Mais au moins, ce dannato pays aurait un peu plus de sens. »

Elle plissa des yeux lorsqu’elle se rendit enfin compte de la drôle de paire que formait l’adolescente italienne et le policier. Pire encore fut l’impression lorsqu’il lui demanda de rester comme si l’enfant n’avait été qu’un chien. L’ordre lancé, il tourna les talons et retourna vers les militaires qu’il alpagua comme s’il les connaissait.

« Qu’est-ce qu’il te veut ? » demanda la napolitaine en italien à sa compatriote.

La petite s’avança vers elle à grandes enjambées et avala la maigre distance entre les deux femmes. La Rinaldi resta droite comme un i, toujours le même masque froid plaqué sur les traits malgré la chaleur et les frissons qui la faisaient grelotter des pieds à la tête. « J’aurai dû rester dans ce train, » était une litanie qui ne la quitterait plus désormais.

Comme Filippa, l’adolescente arborait de longs cheveux d’ébène et des yeux tout aussi sombres. Ses fripes, en revanche, ressemblaient plus à des guenilles qu’à des vêtements. Trop grands, fatigués et noircis comme si elle les avait récupérés au coeur d’une cheminée. Dans son visage tout aussi mat que le sien, elle parvint un distinguer l’usure et la solitude malgré son jeune âge.
La neige, le froid et le vent ne semblaient pas entamer sa bonhommie puisque son visage se fendit d’un grand sourire. Ses yeux brillaient d’enfin comprendre et d’être comprise.

« Alors ? » répéta-t-elle en se retenant de claquer des dents.

« Rien, rien du tout ! C’est que, j’ai eu des problèmes avec les soldats, là-bas… » Elle les désigna d’un bref signe du menton. Son rictus s’agrandit de malice. « Et je leur ai rendus la monnaie de leur pièce. Lui, il m’a un peu aidé, c’est tout… »

Elle gloussa, bien contente de son coup. Filippa n’y comprenait pas grand chose et elle ne cherchait guère à en savoir plus. Elle s’enfonça un peu plus dans l’écharpe d’Alessio. Elle sentait la transpiration froide et la cendre.
Le shérif continuait à parlementer avec les militaires.

L’adolescence comprit, au regard fixe de l’italienne, qu’elle ne la croyait pas. Pire, qu’elle s’imaginait ce que tout le monde s’imaginerait en voyant un homme blanc flanqué d’une toute jeune fille qui n’était pas de son sang - ou de son sang même, Filippa l’avait remarqué, plus on s’éloignait des villes, plus la morale s’oubliait -. L’inconnue blêmit et son teint prit une drôle de teinte boueuse.

« Non, promis ! » s’écria-t-elle soudain. « Ce n’est pas comme ça ! »

La Rinaldi leva les mains, paumes apparentes.

« Mais, je n’ai rien dit. »

Et comme une mauvaise nouvelle n’arrivait jamais seule, non seulement le shérif revint, mais chargé des mots redoutés par Filippa. « J’aurai été plus vite avec les garçons, » répéta-t-elle mentalement. Et cette fois, pourtant, elle n’était plus si sûre qu’elle se trompait.

Le soleil blanc et faiblard formait un bout d’ongle à l’horizon. Bientôt, il aurait totalement disparu derrière les montagnes. Les ombres tapissaient déjà le sol en franges bleues.

« Che cazzo, » pesta-t-elle en avalant la dernière voyelle.

« Oh, Napoli ? » s’étonna l’adolescente en identifiant son accent.

Filippa la toisa sans répondre tandis qu’un des soldats se traînait de mauvaise grâce dans la neige, les bras chargés de sac de couchages et de boîtes de conserve. Elle en compta trois et sourcilla.

Le mauvais sourire qui risquait de déformer sa bouche demeura tapi dans sa gorge douloureuse. Elle ? Rester avec lui ? Alors qu’il avait déjà menacé les siens par deux fois ? L’adolescente lui retourna une oeillade fière, comme pour lui dire « tu vois que ce n’est pas comme ça. »

Un brouhaha dans son dos la fit se retourner.

Les passagers demeurant dans les voitures sortaient en flot ininterrompu, masse de vêtements indistincts sautant des marches à pieds joins dans la neige. Première, deuxième ou troisième classe, sur leur visage, le même air de mécontentement flottait, quand ils n’étaient pas excédés. Les plus riches faisaient pourtant plus de bruit et se regroupaient en petite foule colorée et hagarde, regardant à gauche et à droite sans savoir quoi faire. « Des poules sentant la menace du renard, » pensa Filippa.

« Je n’y crois pas ! » ragea une femme, un garçonnet accroché dans ses bras. « Ils ne chauffent pas le train pour la nuit ! Ils veulent nous faire mourir de froid, c’est ça ? Ou alors, ils espèrent qu’on restera entassés comme des animaux ?! »

L’homme qu’elle avait rejoint jura à son tour.
Les riches voyageurs prirent d’assauts les militaires. Les plus pauvres, eux, s’étaient déjà éparpillés en silence dans la ville si bien qu’on aurait cru que le géant avait fini de souffler pour donner un coup de pied dans la fourmilière.

Résignée et sentant son corps l’abandonner, la napolitaine emboîta le pas au duo incongru et au porteur qui tirait le nez. Devant la petite maison, une vieille pile de bois pourrissait là.

« Rentrez, » leur fit-elle d’un vague mouvement de la main. « Je prends le bois. »

Elle attendit qu’ils aient disparu à l’intérieur pour s’accroupir. Un rideau blanc tomba devant ses yeux et, un instant, elle crut s’être affalée dans la neige. Après quelques secondes, pourtant, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas bougé d’un pouce. Elle cligna des paupières pour en chasser les larmes de fièvre qui brouillait sa vue déjà floue.
Avec tous les efforts du monde, elle se remit debout, à moitié appuyée contre la pile de planches. Ses membres étaient faits de plomb. L’horizon tanguait dangereusement… à moins que cela ne soit ses jambes, aussi lourdes qui fébriles. Accroché à sa hanche, son Beretta avait le poids d’un mort et était tout aussi froid.
En renâclant, elle arracha quelques bûches à la pile, chaque mouvement faisant crisser ses articulations comme un mécanisme mal huilé. Malgré les gants, ses doigts étaient gourds.

Avant de rentrer dans la maison où elle avait autant envie d’aller qu’en prison, elle jeta un dernier regard vers la gare où la foule se dissipait à peine. Sur le fronton, les lettres noires et fraîches s’étalaient en capitales : PURGATORY. Filippa eut un mauvais rire. À moins que cela ne soit une toux.



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Mar 2 Fév - 14:27

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
Une fois à l’intérieur je constate que la charpente est saine. On survivra à la nuit qui va tomber très vite en hiver. L'obscurité sera la seule chose qui nous tombera sur la tête. Je remarque un escalier intacte qui rejoint une loggia au-dessus d'une pièce unique. Par en dessous, je vois un plancher fait en chêne...
Et surtout, une magnifique cheminée en pierres de taille. C'est toujours ce qui reste après un incendie ou une tornade de ce genre de baraque...

On dirait qu'un charme est tombé sur cet endroit. Rien n'a bougé. Les outils comme les ustensiles de cuisine sont en place. Pour un peu, je pourrais croire que la famille qui y vivait va repasser la porte.

Je désigne d'une main un endroit au soldat pour poser les sacs de couchage et les vivres. Je l'entends maudire tout bas. Je m'en moque. Il quitte la pièce, mon champ de vision et mon esprit aussi sec.
J'ai autre chose à penser. Ou est passée l'italienne?

Je désigne à la gamine les sacs de vivres.

Vide ça sur la table

J'ignore si elle comprend. Elle a survécu assez longtemps toute seule. Impossible qu'elle n'ait pas un minimum de vocabulaire. En sortant, j'entends satisfait dans mon dos un bruit de ferraille produit par des conserves qu'on empile.

L' italienne un peu trop fière, est en pleine contemplation devant la réserve de bois à l'entrée. Elle regarde vers la voie ferrée avec l'envi de fuir à tire d'ailes. Je soupire. On voudrait tous être ailleurs...
Je regarde ce qu'elle tient dans ses bras comme un bébé... du bois pourri

Lâchez ça.... c'est un bois mouillé. Il faudrait des heures pour le sécher et espérer le faire bruler.


Je la regarde. Son visage est décomposé par la fatigue et surement par un refroidissement. Être malade et diminuée doit sacrement l’exaspérer. Moi, ça m'amuse sacrement aussi....

J'attrape son bras pour la mener à l’intérieur. Il faut parfois se passer d'une permission qu'on aura pas.
Au milieu de la pièce, j'attrape un tabouret que je fracasse contre le rebord de la cheminée.

Mettez ce bois d'allumage dans la cheminée

J'attrape une pioche contre un mur et je fais signe à la gamine de venir.

Je déboite les planches par en dessous. Tu montes les balancer... et tu m'évites.

Je joins les mots à la parole pour être clair. Avec le manche de la pioche, je frappe violemment les planches au-dessus de ma tête. La gamine comprends et cours légèrement vers la loggia. Elle arrache les planches déjà bien dégagées et les jettent dans le vide.

J'aime qu'on me comprenne sans avoir à raconter ma vie.

Couper les planches à la hache, en assembler suffisamment en cône dans la cheminée au-dessus du bois d'allumage prends une dizaine de minutes. J'ai ramassé sur le sol des papiers de journaux parlant du triomphe de notre marine en extrême orient...
C'est suffisant pour allumer le feu par en dessous. Le feu prends lentement et sa lumière, suivit de sa chaleur emplissent l'espace et chassent les ténèbres.

La gamine s'est éclipsée. J'ignore depuis combien de temps. Elle revient triomphante avec une casserole qu'elle a nettoyé dans la neige. Elle l'a rempli de neige propre pour faire un thé. Il y en a tout un sac dans les vivres.

Je ne contrôle pas un sourire. Un vrai petit soldat...

Je reporte mon attention sur la femme.

Rapprochez vous du feu. Dites à la petite de réchauffer ses mains avant d'avoir des engelures...

La femme est livide

J'ai coupé du bois et je n'ai plus froid. Je lui mets ma veste d'hiver et lourde sur les épaules.

Il n'y a pas de honte à accepter un peu d'aide ...

Je ne compte pas non plus ramener son cadavre...

et rassurez vous.... je m'imagine difficilement me vanter auprès de votre communauté de vous avoir vu baisser votre garde.

L'instant est étrange comme toutes nos rencontres

Permettez moi de me présenter de nouveau, de manière plus formelle, puisque nous allons de toute évidence passer la nuit ensemble... Je me nomme Bartel Murphy... shérif et marshall... anciennement militaire.
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Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
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Un arrêt forcé au milieu de nulle part... Bartel-Filippa Boeq
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Sam 6 Fév - 20:14

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
« J’aurais dû rester dans ce train, » se répéta-t-elle à nouveau.

Le shérif la bouscula à l’intérieur et claqua la porte. La sensation de sa poigne serrée autour de son bras resta comme le sentiment d’un coup qu’on venait de lui asséner à même la peau, malgré la couche de son manteau d’hiver. Comme un chien sauvage, elle n’appréciait que très peu d’être touchée par surprise. Mais elle était trop épuisée pour montrer les dents.
Aussi stoïque que son état fiévreux le lui permettait, Filippa n’avait pas bougé de l’entrée, demeurant aussi près que possible de la porte. Elle observa l’homme éclater un tabouret abandonné là comme s’il eut s’agit d’un vase contre la cheminée. Il revint sur ses pas et lui fourra les débris dans les bras ainsi qu’un ordre dans la tête. Elle accusa l’autorité avec le mutisme froid de ceux qui n’aurait pas eu besoin qu’on leur demande pour s’exécuter, mais qui désormais le faisait à reculons. « Il l’avait si bien fracassé, pourquoi ne pas aller au bout de la démarche, » persifla-t-elle intérieurement. Elle s’agenouilla pourtant et fourra ce qu’il restait du meuble dans la gueule béante de l’âtre. À bout de force, elle resta assise, les genoux douloureux contre le plancher dur et froid. Ses mains gantées furent portées à ses lèvres d’où elle exhala un souffle froid qui mailla l’atmosphère glaciale de brume tremblotante. Elle ne sentit aucune chaleur au creux de ses paumes. L’hiver l’avait trop bien mordue.

Un craquement soudain manqua de la faire sursauter. Instinctivement, sa main se porta à son arme contre sa hanche droite. Mais son geste s’essouffla lorsqu’elle observa le drôle de ballet de l’homme de loi et de l’adolescente, bien décidés à éviscérer ce qu’il restait de la maison.

Par la fenêtre - encore vitrée, étonnamment - la napolitaine observa la nuit gangréner le ciel. Elle l’entendait et le voyait sans le sentir : le vent s’était levé et, dans son sillage, la neige était promise. Elle commençait d’ailleurs à tourbillonner en rafales confuses et se cognait contre les carreaux. À l’extérieur, elle ne distinguait plus que les ombres des bâtiments. La locomotive grinçante avait des allures de monstre endormi. Les braséros des militaires dansaient comme des feux-follets. Dans leur éclat cramoisi, des ombres se tassaient contre les flammes, mains tendues. Leurs silhouettes frissonnantes ondulaient dans la neige et contre les façades lugubres comme des algues bercées par des courants trop forts. C’était ceux qui n’avaient pas encore trouvé de refuge. L’ancienne contaiuola savait qu’elle devait déjà s’en préoccuper. Le temps devenait de plus en plus maussade et bientôt on prendrait d’assaut les derniers recoins des cabanes pour s’y installer. Malheureusement, elle avait la désagréable impression d’être elle aussi sous l’eau. Sa vision était trouble et les sons, étouffés. Même ses rares mouvements semblaient être au ralenti, comme empêtrés dans de la mousse aqueuse ou luttant contre la force de vagues sous-marines.

C’est à peine si elle entendit la porte claquer à nouveau. Le souffle de l’hiver s’engouffra comme un affamé dans le refuge et c’est cette bourrasque qui la tira quelque peu de sa léthargie. Une toux subite monta dans sa poitrine et l’ébranla de toute part. Elle l’étrangla dans l’écharpe d’Alessio.

Le bas d’un pantalon et une chaussure crottée apparurent dans son champ de vision. Elle leva le nez vers le shérif, malgré les protestations de sa nuque raide et endolorie.

« Cosa ? » croassa-t-elle, la fatigue lui retirant toute volonté de communiquer en anglais.

Elle avait vaguement entendu sa voix, comme un son désagréable et lointain qui vous tirait d’une rêverie illusoire. Après une seconde de flottement pourtant, elle se rendit compte qu’elle avait compris. Son refus de s’approcher un peu plus de feu - quand avait-il été allumé ? Elle ne s’en était pas rendue compte - pouvait s’apparenter à une rébellion puérile et ridicule. En réalité, elle ne pouvait simplement pas trouver l’énergie de se remettre sur ses jambes et elle se refusait tout bonnement à ramper.

« Ça va, » toussota-t-elle. Elle s’éclaircit la gorge et elle eut la désagréable impression qu’un râteau venait lui déchirer la trachée. « Viens ici, d'accord ? » reprit-elle en italien à l’intention de la jeune fille. « Tu vas perdre tes doigts. »

Elle entendit vaguement quelques grincements avant de voir la petite tomber en tailleur non loin d’elle. La Rinaldi ouvrit la bouche, prête à lui demander d’où elle venait et ce qu’elle faisait là, mais elle sentit un nouveau poids s’abattre sur ses épaules. Une odeur de sueur et de feu de bois l’entoura et elle s’enfonça un peu plus dans l’étoffe du sicilien pour y échapper.
Son regard se posa sur les flammes et sur le bois qui s’éventrait dans des gerbes d’étincelles lumineuses. Ses paupières s’affaissaient, mais elle se sentait trop peu en sécurité pour s’autoriser à dormir. « Regarde les flammes. Seulement les flammes, » s’intima-t-elle pour se donner un point fixe.

« Je n’ai pas honte d’accepter de l’aide, » rétorqua-t-elle de sa voix rauque et lente et si pleine d’accent qu’elle ne sut si tout était bien compréhensible.

Elle ne s’en préoccupait pas.

« Lorsqu’elle est proposée par une main amicale. »

Et la napolitaine ne considérait pas le shérif comme un ami. Loin de là.

Les yeux noirs de la jeune fille allèrent de Filippa au marshall comme un oiseau sautillerait sur une branche. Elle avait compris qu’ils se connaissaient. Le malaise qui baignait la pièce était pourtant encore mystérieux pour elle.

Elle s’aida de ses dents pour retirer ses gants. Ses doigts n’étaient plus si froids, mais ils étaient gourds et la fièvre lançait dans ses articulations.

« Vous faîtes bien. Je ne sais pas ce que cela dirait de vous, si vous vous amusiez à vantarsi cosi. »

Il ne faisait aucun doute que la présence du shérif dans le quartier italien n’était jamais vue d’un bon oeil. Alors, elle n’osait même pas imaginer ce que cela donnerait s’il se pavanait dans la ruelle poussiéreuse en targuant qu’il l’avait vue malade. Il témoignerait non seulement d’une grande immaturité, mais laisserait également passer le message que, désormais, on lui devait quelque chose.

« Boscaiolo aussi, apparemment, » ajouta-t-elle d’une voix où l'humour peinait à s'imposer après un coup d’oeil vers le plancher arraché.

Cela n’empêcha pas la petite italienne de rigoler doucement à côté. « Militaire, alors ? » pensa-t-elle. « Ça explique quelques petites choses… » Son goût pour les ordres, sa familiarité avec les soldats devant les feux, sa mauvaise étincelle au fond de son regard. D’instinct, Filippa avait su qu’elle devait être sur ses gardes avec lui. Les guerres dans ce pays qu’elle peinait à comprendre avaient détraqué les hommes. Celui-ci ne faisait pas exception.

L’adolescente vérifia la casserole dans les flammes. L’eau devait être fondue puisqu’elle se dirigea vers la table pour en revenir avec un sac de thé. La napolitaine fronça le nez et déglutit difficilement, les aiguilles se plantant depuis son palais jusqu’à ses poumons.

Ses mains se crispèrent dans sa jupe lorsqu’elle comprit le double-sens que pouvait revêtir la dernière phrase de l’homme à côté d’elle. Ce n’était pas la première fois que sa langue s’autorisait certaines allusions et elle ne sut s’il était maladroit ou non. Dans un sens ou dans l’autre, cela ne lui plaisait pas. Des hommes avaient souffert de sa main pour moins que cela.

Une quinte de toux marqua à coup d’arrêt à ses réflexions.

« Filippa, » répondit-elle, laconique.

L’envie de se présenter plus formellement ne l’étreignait aucunement.

« Prends la veste, » fit-elle en italien à la jeune fille.

Voyant qu’elle hésitait, elle l’encouragea :

« Je n’ai plus froid. »

De cela, elle n’était pas vraiment sûre. Elle transpirait sous sa veste, mais était secouée de violents frissons qui la laissait claquer des dents. Du revers de sa manche, elle épongea son front poisseux. Des petites mèches noires frisaient sur ses tempes.
L’adolescente la déchargea du manteau et s’y enroula du mieux qu’elle put. Le vêtement était trop grand et ses mains disparurent sous les manches. Elle ressemblait à un épouvantail. Et peut-être cela aurait-il pu arracher un sourire à Filippa. Dans d’autres circonstances.

« Il y a des gens encore dehors - »

Elle s’arrêta brusquement pour reprendre son souffle. Un long sifflement jaillit de sa poitrine.

« Ils ne vont pas tarder un venir chercher un abri, » termina-t-elle à l’intention de Bartel Murphy - puisque c’était son nom -.

Le blizzard remua la maison en hurlant. Et derrière ce cri, déjà, on entendit des bruits de pas dans la neige et des voix qui s’élevaient dans l’obscurité.



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Mar 9 Fév - 15:07

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
J'étais occupé à alimenter le feu. Il prenait de mieux en mieux. Et sa chaleur commençait à irradier la pièce. Je prêtais peu d'attention aux petits arrangements entre les deux femmes. Je tachais de regarder ailleurs. L'italienne était visiblement malade. Mais je m'imaginais difficilement la border dans son sac de couchage. J'étais certain de la voir tomber comme un arbre mort dans peu de temps...
Je ne parvenais à comprendre la raison de cet orgueil. J'ai toujours considéré qu'orgueil et bêtise se suivaient de peu.

Je savais que je devais me préparer du café. Je serais le seul à veiller cette nuit. Il y avait à l’extérieur une cahute qui devait servir aux toilettes. J'allais devoir escorter ces femmes en cas de nécessité. Et garder la porte.
Cette image me fit sourire. Voila de quoi mettre à bas l'orgueil le plus haut placé.

Mon sourire disparut en entendant des pas derrière la porte. J'aurais du la bloquer. Elle s'ouvrit brutalement. Je me levais des le premier craquement de la porte. Je regrettais  de n'avoir pas pris un fusil pour le voyage. Mais je gardais toujours mon arme d'officier dans son holster sur le coté, sous mon épaule. En faisant cadeau de ma veste, je m'étais facilité la tache pour la saisir.

Trois hommes venaient d'apparaitre. C'était un homme d'une soixante d'années encadré de deux types plus jeunes. Sur le visage des plus jeunes, on lisait la même débilité héritée d'une série de mariages consanguins. L'un devait souffrir de graves carences est ressemblait à un squelette couvert d'une peau. L'autre avait volé toute la nourriture de son frère... On aurait dit un ours, le cerveau en moins... le premier à devoir mourir.

Le père supposé eut un sourire

Le "Père":Quelle charmante famille...

Ils s’avançaient pour stopper aussitôt. Ils venaient d'identifier mon Étoile.

Le "Père": Silverstone...

Le "père" venait de le lire sur l’Étoile. Un sur trois avait du poser son cul sur le banc d'une école.

Le "Père": Vous êtes loin de chez vous...

Ils attendaient mon nom. Surement pour le mettre sur une pierre tombale après mon meurtre. Et leurs regards sur les femmes étaient éloquents de ce qui suivrait.

Bartel Murphy...

Le plus grand eut un grognement

"l'Ours"Murphy... Tu es un "Paddy"

"Paddy" pour un irlandais... l'équivalent d'un "Nègre" pour un noir.

Ces types avaient des armes. Il fallait en finir vite. J'écartais les bras en signe d'apaisement tout en avançant. Les anciens propriétaires avaient abandonné leurs vaisselles sur une table. Je saisis une assiette sans perdre des yeux "l'ours". Je la brisa pour avoir en main un éclat tranchant. Dépourvu de vêtements trop lourds, je fus derrière lui en deux enjambées. Un coup de pied violent bien placé à l'arrière d'un tibia suffit à faire tomber un géant.

J'attrapais d'une main ses cheveux crasseux. De l'autre, je mis le tranchant de l'éclat sous sa gorge. Je fixe des yeux le plus jeune.

Tu effleures seulement la crosse de ton arme et tu verras le sang de ce porc.

Un froid de mort tomba. Le "père" me regarda et j'ai vu dans son regard  ma mort future. De quoi me faire bruler mon cerveau de rage...

Le "Père": Vous croyez que votre étoile vous protège... mais ici, vous n'êtes rien

Je grimace un sourire

Pauvre type... mon étoile est là pour protéger les autres, pas moi... Regarde bien qui je suis sans une étoile

Le tesson entra dans la gorge comme dans du beurre. Un sang noir gicla sur le "père" et le "fils". Je lâcha le cadavre pour sortir mon arme. Le coup de feu claqua. Une balle traversa l’œil du plus jeune pour ressortir à l'arrière de son crane. Il s'effondre alors dans un bruit de sac d'osselet.

Je braquais le canon sur le "père". Son expression avait bien changé...
Les voleurs pensent tomber sur un poulailler à piller. Et parfois... manque de chance... ils tombent sur une tanière de loups...

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Jeu 11 Fév - 22:33

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
Les bruits de pas, étouffés par la neige, grincèrent soudainement sur le bois du perron. Les yeux noirs de Filippa croisèrent ceux, tout aussi noirs, de l’adolescente. La lumière diffuse du feu découpait dans son fin visage de grandes ombres voraces. Au creux de son regard, une crainte viscérale qui s’était élevée comme une vague au milieu de l’océan.
La napolitaine entendit entrer les nouveaux arrivants avant de les voir. Le cri glacé de la tempête éclata dans la petite maison et coucha les flammes dans l’âtre. Elles tentaient de fuir, visiblement, mais comme le trio, elles étaient prises au piège. Les doigts de la mafieuse se faufilèrent sous son manteau à la vitesse d’un serpent qui étrangle sa proie : lentement, mais sûrement. Son Beretta armé, dissimulé dans les plis de sa veste, elle était prête à tirer s’il n’osait ne serait-ce qu’un pas vers elle. Dans la brume de sa fièvre et engoncée comme elle l’était, elle n’était pas vraiment sûre de réussir à viser correctement. Mais l’habitacle était trop petit et ils étaient trop nombreux pour qu’elle en rate un, que cela soit la famille d’américains ou le shérif.

Si le shérif, l’adolescente et Filippa avaient tout d’un groupe dépareillé, la même chose pouvait être dite des stronzi en face d’eux. Le plus âgé avait le visage fatigué et le cuir tanné de sa peau était sillonné de rides profondes. Une barbe grise brouillaient la moitié de son visage en un nuage informe. Dans cette masse floue, seuls ressortaient deux yeux d’un gris métallique, de la même couleur qu’une crosse de pistolet.
Il partageait avec ce que Filippa imaginait être ses fils des cheveux filasses et sans couleur. L’aîné était émacié et la grandeur de ses vêtements supposaient qu’il lui avait emprunté au cadet. En effet, le dernier était dodu comme un petit-fils unique élevé par sa seule grand-mère. Tous les trois avait leurs épaules couvertes de neige et les lèvres bleues d’être restés si longtemps dehors.
Leur allure et leurs regards glauques confirma ce qu’elle avait pensé un peu plus tôt : plus on s’éloignait des villes dans ce pays, plus la morale s’oubliait. Et visiblement, ceux-là ne risquaient pas de l’oublier puisqu’ils ne l’avaient jamais apprise. « Leur mère doit être leur cousine, » pensa-t-elle avec mépris. Car c’était tout ce que leurs faux airs d’intimidation parvenaient à éveiller en elle : une pitié dégoûtée.

À côté d’elle, la jeune fille avait la bouche entrouverte et les yeux écarquillés, comme un lapin devant un bûcher. Elle ne grelottait plus du tout et elle s’était possiblement arrêtée de respirer. Filippa n’avait aucun doute qu’au moindre sursaut, elle prendrait ses jambes à son cou. Cependant, toutes deux frémirent lorsqu’elles surprirent les trois paires d’yeux leur lécher le visage. L’index de Filippa se raffermit sur la gâchette.

Pourtant, Bartel Murphy était en première ligne et ce fut à lui que les trois hommes s’en prirent en premier. Malheureusement, ils parlaient trop vite et les mots trébuchaient si bien sur leurs lippes épaisses et à travers leurs dents gâtées que l’italienne ne comprit rien, ou pas grand chose. Mais elle n’avait pas besoin de connaître la langue pour sentir leur ton glisser sur sa peau comme une menace.

Soudain, tout se passa très vite. Les yeux embués de la Rinaldi eurent du mal à tout saisir. Il y eut un bruit de vaisselle brisée et quelques secondes plus tard, un sang sombre, épais, poissait les mains du shérif et gouttait sur le plancher poussiéreux.
Le plus gros de la fine équipe s’écroula au sol avec un bruit mou, trop vite étranglé par le chant d’une balle. Le plus maigre tomba en arrière, une expression de surprise pure peinte sur le visage. Le père, maintenu à distance par le canon ensanglanté du shérif, hésitait entre l’ébahissement et la colère. Ses traits étaient déformés en une vilaine grimace et on n’aurait su dire s’il s’agissait de rage ou bien de souffrance. La neige sur ses épaules avait fondu. Filippa roula des yeux. « Les hommes… » soupira-t-elle pour elle-même.

L’adolescente se préparait à hurler. La Rinaldi le vit à sa manière de gonfler brusquement ses poumons.

« Calmati, » lui ordonna-t-elle de sa voix sifflante. « Sono morti. Non possiamo farci niente. »

Elle toussa dans sa manche, les yeux toujours rivés sur le dernier homme debout. La jeune fille resta muette, soudainement hagarde.

Tuer n’était pas une chose inconnue pour Filippa. Néanmoins, c’était une extrémité à laquelle les Rinaldi avaient, finalement, peu eu recours. Car pour tuer, il fallait une raison. Une offense si grave qu’elle ne pouvait être lavée que dans le sang. Or, sa famille dégageait trop d’influence pour qu’on osa prononcer ne serait-ce qu’un mot de travers. Les italiens connaissaient la valeur du respect. Pour les broutilles, les Rinaldi - et plus largement, les napolitains versant dans le crime - avaient une punition pour chaque insulte. On demandait aux traîtres de s’éplucher le visage au coupe-choux jusqu’à ce que l’on voit l’os. On coupait les mains des voleurs. On arrachait la langue des taupes et des irrespectueux. C'était d'ailleurs la sentence qu'elle avait infligé à l'italien qui avait osé contester son autorité devant public, lors de l'agression de la petite-fille Bianchi.
Et parfois, mieux valait la vision de ces corps battus et tordus déambulant dans les rues qu’une disparition brutale et une croix plantée à la va-vite. L’exemple n’en était que plus fort.

Alors, de voir le shérif être malmené de la sorte et être poussé si vite à la lisière du sang-froid leva en elle le dernier doute restant : il n’était ni une figure d’autorité naturelle et ne pouvait inspirer le respect.

« Avresti potuto dire che avevo la tubercolosi, » soupira-t-elle.

Dans un râle rauque, elle se retourna entièrement et eut la désagréable impression d’être sur le pont du bateau qui l’avait amenée sur cette terre maudite. Elle se signa brièvement devant les deux corps et embrassa sa médaille de baptême.

« Eh cosa ? » s’étonna-t-elle alors. « Vous hésitez, maintenant ? »

Il en avait déjà abattu deux. Pourquoi ne pas finir le travail ?

De désespoir, l’inconnu désormais orphelin de fils arracha l’arme de son holster. Une nouvelle bourrasque s’engouffra dans la maison et secoua les flammes. Le canon brilla dans les étincelles soulevées. L’ombre de l’homme s’agrandit en une figure déformée sur le mur. Il pointa l'arme sur elle.
Il n’avait rien à perdre.

Filippa tira avant qu’il ne le fasse. La balle lui perça la hanche. Elle avait visé les côtes. Il tomba à genoux avec un cri de surprise.

« Dannazione, » soupira-t-elle.

L’autre balle, cette fois, trouva son chemin jusqu’à sa joue. Il s’affaissa sur le corps de son cadet dans une scène désolante et grotesque, digne d’un peintre raté. Elle marmotta une dernière prière avant de se détourner :

« Possa Lui tenerli. »

L’adolescente était toujours blême. Son visage inexpressif aurait pu être un masque mortuaire. Filippa renfila son gant pour sortir la casserole oubliée sur les bûches. Les braises l’avaient si bien chauffée qu’elle en était noire. D’un geste tremblant, presque maladroit, elle versa le thé dans la tasse serrée dans les mains de la jeune fille. Elle lutta de toutes ses forces contre une nouvelle quinte de toux qui risquait d’ébouillanter l’italienne.

« Il faudra les sortir, » dit-elle en parlant des cadavres.

Mais pas maintenant. Elle était fatiguée.  



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Sam 13 Fév - 12:54

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
Je croise le regard du survivant. Une lumière traverse mon esprit. Je ''vois'' sa tête sur un avis de recherche. Le temps d'un battement de cil, tout me revient. Jack LaFleur... un acadien... Lui et ses fils sont convaincus de vols avec violence, multiples meurtres et viols.

Mes pensées me figeaient un instant. C'est toujours dans ce genres d'instants que se produisent les merdes. A son regard, il va tenter une connerie, comme sortir son arme. L'envi de tuer m’était passée comme un mauvais vent.
Un tir bien ajusté suffirait à mettre son épaule  en miettes.
Il sort son arme. Le claquement d'une arme m'assourdit à l'arrière. Le corps tombe. L'italienne a tiré pour tuer.
Je la regarde. La stupeur a fait place à la colère. Cette garce arrogante a une arme et sait visiblement s'en servir. Je la vois revenir comme si de rien à des activités purement domestiques. Elle aurait été plus émue si elle avait du tuer un rat.

J'ai l'impression d’être considéré comme un imbécile. Je suis d'habitude indifférent aux opinions et encore davantage à celles des femmes. Mais celle là parvient à ronger mes nerfs.

Et comme le sort s'acharne sur moi, la porte s'ouvre de nouveau. Un soldat occupe l’embrasure ouverte.
Il devait être de garde à l’extérieur du train. Avec la tempête, il n'a pas pu entendre les déflagrations. Il vu les flashs des détonations à travers les vitres... C'est un simple soldat, mais il a des tripes pour s’être précipité ici sans savoir... Il pointe son fusil sur moi.

Soldat: C'est quoi ce merdier!

Je lève les bras de nouveau. Mon étoile de shérif ne sera pas suffisante.

Laissez moi prendre mon insigne de Marshall.

Je le sors d'un revers de ma veste.

Je suis Marshall Fédéral. Ces hommes étaient recherchés. Ils nous ont attaqués. Ils ne m'ont pas laissé le choix


Mon insigne fédérale est toujours un dernier recourt. Je la range tout aussi lentement.
Le jeune soldat regarde les cadavres et baisse lentement son fusil.

Soldat: Montrez moi votre arme

Je me fige devant cet ordre. Il veut vérifier si mon arme a servit et combien de coups j'ai tiré. Un vrai réflexe de flic... ce gamin me plait.

Tu pourras la vérifier... sur mon cadavre.

Mon sourire est mauvais. Un merdeux en uniforme ne me verra pas plier.

Sullivan Murphy: On se calme!

La voix de mon frère claque dans la pièce.
Si j'avais su qu'un lieu désert était si fréquenté, je serais resté dans le train...

Il regarde le jeune soldat

Sullivan Murphy: C'est bien un Marshall, et il a l'autorité d'abattre les criminels en fuite et récalcitrants sans être inquiété...

Il sourit. La situation l'amuse.

Sullivan Murphy: Soldat! Allez chercher des hommes pour débarrasser ces ordures.

Puis il retira son chapeau et salua les femmes comme si il était dans un salon.

Sullivan Murphy: Ces dames sont sans doute bouleversées par ce  spectacle hideux

Puis reporte son attention sur moi

Sullivan Murphy:Deux rencontres en quelques heures... Je dois te manquer.

Je n'ai jamais aimé sa légèreté.

Les avis de recherches de ces hommes sont placardés partout. Fais prendre des photos de leurs cadavres. Je paierais par ça. Diffuse ça dans la presse. Ça plait de voir ça.

Sully me sourit

Sullivan Murphy: La moindre de tes phrases ressemble à un ordre. Tu aurais du  rester dans l'armée. Des hommes ne vont pas tarder pour nettoyer la place...

Il regarda l'italienne

Sullivan Murphy: Mon frère fait l'impossible pour être désagréable et il y arrive toujours très bien...

Il remet son chapeau et avant de partir

Sullivan Murphy: Ne soyez pas trop dure. Il gagne à être connu

Et puis dans un dernier adieu vers moi:

Sullivan Murphy: Soit là des l'aube pour la photo. Je sais que tu n'aimerais pas te faire voler ta chasse




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Lun 15 Fév - 22:51

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
Le dos tourné au shérif, Filippa ne put soutenir le regard furibond de Bartel Murphy, qui, à défaut de ses yeux, piqua sa nuque. La casserole reposée devant elle traçait déjà une auréole vaporeuse sur le parquet humide. Une odeur d’herbes tourbillonnait dans l’air tiède. L’adolescente, elle, toujours immobile, continuait d’observer le feu d’un oeil vitreux. Peut-être croyait-elle déceler des visages et du sang crépitant entre les étincelles et le louvoiement des flammes. Peut-être ne le voyait-elle tout simplement pas.
L’ancienne conteuse des Rinaldi tira sur les pans de son manteau. « Et voilà, maintenant c’est troué, » soupira-t-elle tandis que son pouce traçait les contours du rond brûlé tracé par la balle. « Encore. » Sa veste était si bien rapiécée qu’elle douta un instant qu’il resta un fragment de la laine bouillie d’origine. Elle laissa retomber le tissu.

La napolitaine fronça les sourcils de frustration. Ses doigts se serrèrent si fort autour de sa tasse ébréchée que ses phalanges blanchirent. Le nez plongé dans l’étole d’Alessio, l’odeur était la même et pourtant, il semblait désormais que l’odeur métallique du sang s’était frayée un chemin à travers les fibres. Sa médaille de baptême pesait lourd autour de son cou et brûlait sa peau fiévreuse. « Puisse-t-Il me pardonner, » demanda-t-elle au creux de son coeur avec l’humilité et l’hypocrisie toute catholique dans laquelle elle avait été élevée. Malgré les origines de sa famille, l’italienne n’était pas de ceux à pointer le canon dès que l’opportunité se présentait. Bien au contraire, Filippa était une femme de raison. Évidemment, lorsque la besogne s’imposait et que l’honneur demandait réparation, elle n’hésitait pas à se salir les mains. Indubitablement, elle savait d’instinct que la situation aurait fini par déraper. L’homme de loi était une bombe à retardement et il avait rapidement prouvé que la colère le tenait par la main. Il avait d’ailleurs su trouver adversaire à sa taille en termes d’ire. Pourtant, ici, elle avait la désagréable impression d’avoir été mise au pied du mur. Finalement, elle n’avait rien décidé. Ce n’était pas tant l’acte qui la contrariait, mais d’y avoir été forcée, comme un dernier recours qui revêtait des airs de mauvaises surprises. « J’en parlerai à Vitale, » se dit-elle comme un réconfort. « Nous verrons. »

L’incident était passée. Elle passa à autre chose aussi facilement que tourner une page l’était. Elle tendit la main pour secouer la jeune fille par l’épaule.

« Ehi, come stai ? Come ti chi- »

La porte s’ouvrit à nouveau, avalant dans son claquement sec le reste de sa phrase. La vocifération qui suivit se chargea de définitivement faire oublier qu’elle avait seulement parlé. « Décidément, » s’agaça-t-elle en fermant les paupières. « Tu parles d’une ville fantôme. » Son index retrouva facilement la courbe tiède de la gâchette. L’homme, un militaire - elle avait reconnu son uniforme - laissait le shérif faire connaissance avec son fusil. S’il était aussi sanguin que ce dernier, il ne faisait aucun doute que bientôt, ce ne serait plus trois, mais quatre corps qui joncheraient le parquet abimé. « Un vrai tableau de la Renaissance. » Derrière elle, les trois cadavres continuaient de l’observer. Le sang glissait le long des lattes de bois en une course lente et engluée.

Ils échangeaient. De la même manière que le trio et Murphy avaient échangé un peu plus tôt. Mais il n’était plus question de coups de feu désormais. Un mystérieux papier sorti d’une poche et voilà que l’arme se baissait… Sans pourtant alléger l’atmosphère. À travers la fièvre, pourtant, elle capta une information qui lui fit ouvrir un oeil. Ainsi, ces hommes étaient recherchés ?

« Plus on est de fous, » commenta-t-elle, la maladie la rendant nonchalante, alors qu’un nouveau soldat s’était frayé un chemin à travers la tempête jusqu’à leur cabane. Celui-ci, pourtant, elle le reconnut. C’était avec lui que Murphy avait parlé, autour du braséro. En plissant les yeux, elle remarqua que les deux hommes présentaient la même face burinée. Elle hocha imperceptiblement la tête lorsqu’il s’adressa à elles. La petite italienne s’ébroua, comme piquée par une guêpe, rappelée à elle par cette voix inconnue. Elle cligna des yeux plusieurs fois en hoqueta un salut qui ne laissait aucun doute sur son état de détresse. Au moins une des deux était perturbée.

Son frère ? Elle s’était naturellement imaginée - à tort visiblement - qu’un homme aussi sarcastique et aigri que le marshall était forcément un homme sans famille. Car c’était ce qu’elle tendait à devenir et qu’elle redoutait, lorsque la nuit la privait du jour anesthésiant et que les pensées tourbillonnaient dans sa tête comme de vilaines litanies. Quand ses grands-parents partiraient alors, elle serait définitivement seule. La dernière Rinaldi. C’était un fardeau qu’elle avait su faire sien. Mais si l’on s’habituait à son poids, il était impossible de l’oublier. Et peut-être était-ce la seule chose qui pouvait la faire pleurer.

Une demi-sourire creusa les fossettes discrètes dans ses joues brunes. L’air bonhomme du frère lui donnait un air sympathique.
Une fois les cadavres dégagés, laissant des marques morbides dans leur sillage, le militaire finit par sortir, lui aussi. L’habitation fut plongée dans un silence inhabituel. Seules les flammes osaient encore parler, hermétiques à tout ce qu’il avait pu se passer. Filippa toussa.

« S’ils étaient recherchés, il y avait une récompense ? » demanda-t-elle.

Elle crachota à nouveau, étouffant la naissance d’un rire dans sa manche. La vapeur du thym embuait son visage d’une chaleur retrouvée. En revanche, le liquide brûlant dans sa gorge lui arracha une grimace. Eût-elle avalé une pelote d’épingles que la sensation n’aurait guère été différente. Un frisson la secoua toute entière, manquant de renverser le thé.

« Vous tuez quelqu’un dès que nous nous croisons ou c’est une de vos habitudes ? »

Elle lui refusait toujours son attention.
L’adolescente était retombé dans le mutisme, mais l’horreur avait quitté les traits encore enfantins de son visage.

« Bevi. »

Elle obéit sans piper mot. Ses joues étaient creusées de fatigue.

« Come ti chiami ? » finit-elle enfin par demander.

La jeune fille déglutit.

« Laura. Io... I miei genitori sono morti. Non ho nessun posto dove andare. »

« E dove stavi andando ? »

« Non lo so. Non voglio stare da sola, » marmotta-t-elle en rentrant sa tête dans ses épaules.

Filippa se tourna vers le shérif. Il n’avait pas bougé depuis la fusillade. Toujours debout, surplombant les silhouettes sanguinolentes sur le parquet. Le sang de ses victimes avait giclé sur sa chemises, sur son pantalon, sur ses chaussures. Même sa joue en était poissée.

« Nous en parlerons demain, va bene ? » s’adressa-t-elle autant à l’un qu’à l’autre. « O parlane ora se vuoi. »

Vraiment, elle ne parvenait plus à faire le moindre effort. Elle sentait son coeur battre dans sa gorge, contre ses tempes, dans ses doigts. Elle s’allongea en toussant dans le col de son manteau troué avec la sensation irritante que la nuit serait longue.   



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Jeu 18 Fév - 12:37

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
Je peux reprocher bien des choses à mon frère, mais pas son manque d’efficacité. Je crois bien que quelques minutes se sont écoulées entre sa sortie et l'arrivée silencieuse de quatre militaires qui déplacent vers l’extérieur les cadavres. Leur besogne achevée, ils disparaissent aussi silencieusement qu'ils étaient arrivés avec les dépouilles.

Leurs va-et-vient sinistres me donnent le temps d'allumer une cigarette et d'observer les deux femmes. La jeune fille est silencieuse. Ce qui est sans doute inquiétant pour son age. L'avoir amenée sous ce toit implique ma responsabilité. Je ne peux pas l'abandonner au matin. J'en suis physiquement et mentalement incapable.
L'autre femme m'inspire bien des choses, mais la compassion n'en fait pas partie. Le refroidissement dont elle souffre la contrarie certainement plus que d'avoir tué un homme. Je ressens la même indifférence. Ce n'est pas son premier meurtre. On ne tue pas avec cette légèreté pour une première fois et on ne s'assoupit à coté de cadavres l'instant d'après.

Elle me rappelle quelqu'un... moi.

Étrange femme... Elle fait l'effort de rassurer la jeune fille dans leur langue. Je vais devoir travailler à la comprendre elle et sa langue. Certaines intonations me rappellent l'espagnol. Sans doute la même famille... je vais m'y mettre. J(ai appris l'espagnol enfant... trop de prostituées espagnoles dans le bordel maternelle. Mais pas une seule italienne sur ces quelques années...

Je jette ma cigarette au feu. La  chaleur du foyer s'est parfaitement répartit dans la pièce.
J’attrape plusieurs tranches de viandes séchées dans le sac. Je les mets d'office dans les mains de la jeune fille.

Mange! On dort mal l'estomac vide.

Si elle ne comprend pas les mots, mais je suis certain qu'elle saisit parfaitement l'impératif dans ma voix. J'attrape le sac de couchage pour le mettre sur ses genoux. Hors de question que je lui apprenne à se mettre dedans. Je ne veux pas d'intimité avec une gamine.

Avec l'autre sac de couchage sous le bras, je me dirige vers la brune boudeuse. Je le laisse tomber à ses pieds.
Je m'agenouille pour le dérouler complétement devant elle. Je l'ouvre de toute sa longueur sur le coté.

Retirez vos chaussures et glissez vous dedans

Je relève la tête pour croiser son regard sombre

Je ne vous demande pas de vous déshabiller. Je vous demande simplement de vous allonger dans ces couvertures....

Je serais plus patient avec une jument, mais ce n'en est pas une.

Faites le maintenant... Ou je devrais vous y contraindre...

Son teint terreux m'inquiète

J'en ai assez de charrier les morts.

Je veux la ramener en vie. Elle peut bien me détester pour la manière. Je devrais bien faire avec.

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Job : Cuisinière officiellement | Nouvelle comptable des Hennessy en compagnie de Wyatt Smith | Réalise des petits boulots illégaux avec un groupe d'italiens de Silverstone | Ancienne contaiuola de la famille Rinaldi
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Sam 20 Fév - 22:09

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
Couchée sur le côté, ses bras lui servant d’oreiller, Filippa avait enfoui son visage dans le creux de ses coudes. Le nez à quelques centimètres du parquet, elle sentait son odeur de vieux bois froid. Bien qu’elle s’obstinait à fermer les yeux, des points de couleur entachaient le vide de ses paupières comme des milliers d’étoiles. Une vive douleur lui vrillait la tête et entreprenait sans faillir de frapper ses tempes par à-coups, tel un maréchal-ferrant s’acharnant sur une enclume. Chacune de ses bruyantes respirations résonnait comme des rochers dégringolant d’une falaise. Depuis qu’elle avait quitté le train, la désagréable sensation d’être à bord d’un bateau ne l’avait pas quitté.
Mais la nuit l’enlaçait. Elle pouvait sentir ses long bras tendres drapés de noir la serrer tout contre elle et alourdir ses sens. Son front s’affaissa plus profondément dans le tissu de son menton. Sa bouche s’entrouvrit à peine, avec la mollesse de ceux qui s’assoupissent du sommeil du juste.

À travers le brouillard de sa somnolence, le grincement sourd du parquet sous le poids de pieds en mouvement manqua de la faire sursauter. Elle eut l’impression qu’une main avait percé la surface opaque de l’océan sous lequel elle se trouvait pour l’en arracher avec la brutalité d’un arracheur de dent. Elle percuta la surface et tout l’envahit à nouveau : le feu qui crépitait, l’odeur d’humidité et de cendre, la lourdeur de son corps, l’écharpe nouée autour de sa nuque, la voix du shérif, la fièvre qui lui rongeait le front.
Murphy s’immobilisa non loin et elle l’entendit parler à Laura qui ne répondit rien, mais qui se mit à mâchonner avec entrain. « C’est bien, » parvint-elle à penser.

Le sac de couchage s’invita dans son champ de vision avant les chaussures souillées de sang de Murphy. Il souleva une volée de poussière qui lui arracha une toux sèche. Sa poitrine se creusa sous les assauts de son souffle court. Elle roula sur le dos pour avaler l’air qui lui manquait. « Ne peut-il donc pas me laisser en paix ? » s’agaça-t-elle en le fusillant du regard tandis qu’il ouvrait le sac de couchage. « Il aime ça, hein. » Elle se releva avec toute la difficulté du monde sur ses coudes, chassant les mèches noires qui lui collaient le visage d’un léger coup de tête douloureux.

« Et quelle image ça serait - elle reprit son souffle - que vous me contraigniez à quoique ce soit, » dit-elle en ayant vidé le froid de la tempête pour la loger dans sa voix.

Son regard sombre ne quitta pas le sien tandis qu’elle se débarrassait de ses chaussures en appuyant sur le talon avec son autre semelle. Elles tombèrent sur le sol avec un bruit mat. Puis, elle roula des yeux.

« Vous ne me parlez pas comme ça. Vous ne m’ordonnez pas. Vous ne me contraignez pas. »

S’il souhaitait se faire respecter, il devait commencer par respecter les autres.
Elle détourna les yeux avec un haussement de sourcils avant de s’installer dans le duvet militaire qui sentait aussi bon que les chiens errants de Silverstone. « J’aurais dû rentrer avec les garçons. »

« Et je ne vais pas mourir così, » se sentit-elle obligée de rajouter alors qu’elle lui tournait déjà le dos.

Elle avait des choses à faire, avant. Et elle ne pouvait se permettre de laisser ce monde derrière elle ici, sur le plancher froid d’une ville perdue dans la neige en compagnie d’un shérif amer et d’une petite orpheline.
D’ailleurs, Laura s’était elle même couchée non loin d’elle. Emprisonnées dans leurs cocons puants, leurs pieds se touchaient presque. Lorsqu’elle était petite, c’était ainsi qu’elle dormait avec Mario, son premier frère.

À nouveau, elle se sentit envahir par la langueur de la fatigue et de la fièvre que la chaleur du feu n’arrangeait en rien.

« Non hai risposto per la taglia… » marmotta-t-elle d’une voix qui, déjà, ne lui appartenait plus.

Son visage roula contre son avant-bras et elle s’endormit, vaincue.



*



Il faisait encore noir lorsqu’un frisson la tira du sommeil. Elle papillonna des paupières pour en chasser les larmes et étouffa un bâillement dans le dos de sa main. La première déglutition matinale la fit gémir. En se tortillant pour sortir du sac, elle remarqua que Laura avait collé ses pieds aux siens - à moins que ce ne soit l’inverse -. L’adolescente dormait encore à poings fermés. Seuls ses cheveux sombres dépassaient des couvertures.

Dans l’âtre, le feu agonisait en braises rougeoyantes. Elle se mit à quatre pattes pour jeter les dernières planches affaissées contre la cheminée dans sa gueule. Les flammes crépitèrent avant de les avaler goulument. Elle s’assit sur ses talons avant de porter ses mains à sa bouche pour souffler sur ses paumes. Ainsi, elle aurait pu sembler prier et peut-être faisait-elle.
Un coup d’oeil par la fenêtre lui indiqua que le jour poindrait dans moins de deux heures. Déjà, le ciel devenait pervenche à l’horizon et bientôt, il se colorerait d’un rose pastel. Elle avait donc dormi toute la nuit. En remuant, l’odeur pesante de sa sueur et du sac de couchage accrocha ses narines.

Des exclamations lointaines venant de l’extérieur la firent se redresser dans un concert de craquements. Ses pieds nus frôlèrent le parquet froid tandis qu’elle s’avançait vers la vitre. Son souffle troubla les carreaux.
Près de la locomotive endormie, des petites lanternes voltigeaient et laisser deviner l’ombre d’hommes qui déblayaient la neige.

« Nous n’allons pas encore pouvoir repartir, » déclara-t-elle à l’intention du shérif qui - elle s’en doutait - devait déjà être réveillé, à observer toute la scène dans l’ombre.

Sa voix rauque lui tira une nouvelle quinte de toux.

Ses yeux furent attirés pour du mouvement, dans la rue principale de la ville. À moins que cela ne soit son nom scandé à pleins poumons, dans la brume et le silence. Son corps les reconnut avant que son esprit de mettent des noms sur les visages inquiets qui arpentaient le chemin.
Elle enfila ses chaussures à la va-vite sans les lasser et ouvrit la porte à la volée.

Alessio fut le premier à l’atteindre après avoir poussé un grand cri de soulagement. Il déposa deux baisers sur ses joues.

« J’ai cru que tu étais morte ! » s’épouvanta-t-il en italien. « On s’est arrêté dans un trou perdu pour passer la nuit et des types nous ont dit que le train avait eu un accident ! Non mais, il faut te rendre compte, avec la tempête, nous, on pouvait pas bouger une oreille ! On s’est fait un sang d’encre, je te jure, c’était atroce ! Atroce ! Pouah, mais… qu’est-ce que tu pues ! »

Et les paroles continuaient de se déverser à une vitesse phénoménale tandis qu’il gesticulait des bras pour ponctuer chacune de ses angoisses.

« Qu’est-ce qu’il fait là, celui-là ? » l’interrompit finalement Vitale, le regard rivé par-delà l’épaule de Filippa.  



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Lun 22 Fév - 14:06

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
Ménager la sensibilité des autres n'a jamais fait parti de mes priorités. Je tiens à la garder en vie, et si pour cela je dois la bousculer un peu... ce n'est pas un problème. Laura est sage et s'enroule dans la couverture pour s'endormir presque aussitôt. Bonne fille...

Je n'en dirais pas autant de l'adulte femelle qui ne peut s’empêcher de protester, tout en s’exécutant. Bien-sur que je pourrais la contraindre. A cet instant, n'importe quel homme pourrait le faire.
Mais j'en serais incapable... Et malgré ce qu'elle semble croire, je la respecte. Et pas seulement parce que j'aime les guerrières.

Je choisis de rester éveillé et d'entretenir régulièrement le feu. L'armée, les années de guerre vous éduquent, dressent votre corps au manque de sommeil. Je n'ai pas eu une nuit complète depuis... l'enfance.

Les heures passent. Je surveille les bruits de l’extérieur et les respirations des deux femmes... et ainsi le temps s'écoule au rythme de mes cigarettes.
Filippa est la première a sortir de la torpeur du sommeil. Ses gestes mécaniques près du feu trahissent un corps habitué aux activités ingrates. Je l'observe avec attention de longues minutes.
Un bruit venant de dehors l'alerte et malgré sa fatigue évidente, elle se précipite à la vitre.


« Nous n’allons pas encore pouvoir repartir, »

Bonne observation, bon soldat...

Et puis une rumeur venant de l’extérieur la mit en mouvement comme un coup de vent inattendu. Elle s'habille avec la rapidité d'une femme qui va fuir une maison en feu. Elle se précipite pour ouvrir la porte et laisser entrer une bourrasque avec deux  hommes. Je me lève rapidement, la main sur mon colt. Laura se lève en sursaut et son premier réflexe est de se cacher derrière moi.

Ce qui suit me fige.

Le premier homme enlace Filippa avec une déferlante verbale dans ce que je suppose être de l'Italien. Je vais devoir travailler à comprendre... Laura n'a pas bougé. J'aurais pensé qu'entendre sa langue maternelle la détende. Elle attrape le revers de ma veste et me force à me baisser assez pour me murmurer à l'oreille

Laura (murmure)Mafiosa

Elle est pale comme la mort. Je comprends qu'elle vient de me livrer un grand secret...

Le plus grand et costaud des deux hommes me foudroie du regard. Pas besoin de comprendre l'Italien, il suffit d’être un homme pour comprendre ce regard. Je reconnais le signe du mâle possessif. Pour un peu, il aurait pissé autour d'elle pour marquer sa possession.

Je lui souris dans une grimace...

"Lui"... il a un nom... et si tu continues à être impoli, "Il" va t'apprendre que tu n'es pas sur ton territoire ici...

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Lun 22 Fév - 23:49

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
La remarque d’Alessio s’accompagna d’un nouveau pincement de lèvres de Filippa. Elle se contenta de poser sur lui un regard noir, promesse d’une rabrouement futur lorsqu’elle serait en état de le remettre à sa place. Néanmoins, elle se garda de protester ; elle n’en avait ni la force, ni l’envie et surtout, elle savait qu’il avait raison. Il battit en retraite, toutes paumes sorties, avec son éternel ricassement de jeune garçon insolent irradiant jusqu’à la racine de ses cheveux. La napolitaine se gardait bien de le signifier, mais elle était heureuse de le voir. De les voir tous les deux.
Pourtant, le vent de chaleur et de badineries que le jeune sicilien traînait toujours dans son sillage se trouva soufflé par la remarque froide de Vitale. Comme pour lui donner raison, les miettes de la tempête de la veille égrenèrent l’air de baisers froids qui se posèrent comme des morsures sur le front brûlant de la napolitaine. Elle serra l’écharpe contre ses mâchoires sous l’oeil horrifié d’Alessio qui sut à cet instant précis qu’il ne la remettrait plus jamais. Mais visiblement, l’hiver ne venait pas que de l’extérieur.
Comme prise à revers, la voix du shérif gronda dans son dos et elle eut la désagréable impression d’être parfaitement bloquée entre deux colossaux et masculins égos. « Les hommes, » songea-t-elle à nouveau avec un soupir - bien que celui-ci fut interrompu par une toux sèche -.

Vitale apposa son énorme pogne sur l’épaule de Filippa et entreprit de la décaler juste assez pour qu’il puisse poser un pied dans la cabane abandonnée. Elle planta doucement ses ongles dans le dos de sa main.

« On ne veut pas de problème, » siffla-t-elle dans sa langue maternelle. « On lui rendra la pareille lorsqu’il l’aura mérité. Tu m’entends ? »

Lorsqu’il. Pas si. Car elle ne doutait pas un instant qu’il finirait par la franchir, cette ligne invisible que tous les italiens connaissaient, mais qu’aucun ne pouvaient clairement définir. Bartel Murphy flirtait depuis le départ avec les limites de ce que leur fierté pouvait encaisser. Peut-être croyait-il que l’étoile qu’il exhibait avec la condescendance des hommes au-dessus des lois suffirait à le protéger. Peut-être y croyait-il vraiment. Après tout, il ne cessait d’ordonner, d’insulter et d’assassiner à tour de bras lorsque le moindre accroc le contrariait. Et apparemment, il se vexait de peu de chose. Mais il n’était pas encore de ceux auxquels on s’attaquait impunément. Elle attendrait, patiemment, sans s’agiter, le moment où son pied frôlerait la ligne.

Sous la petite main de Filippa, Vitale desserra l’étreinte de ses doigts et gratifia le shérif d’un haussement de sourcil mêlant nonchalance et provocation.

« Quoi ? Qu’est-ce qu’il a dit ? Il veut pas parler plus fort ? Et articuler un peu aussi ? J’y comprends rien moi… » se plaignit le sicilien en se glissant entre Vitale et Filippa.

Pourtant, l’allure menaçante de l’homme de loi le poussa à renchérir dans sa langue maternelle :

« Eh quoi ! Qu’est-ce qu’il veut celui là ? Faudrait peut-être qu’il pense à péter un coup non ? Ou à tirer son coup, carrément… »

Il ricana, parfaitement fier de sa blague graveleuse et sa pomme d’Adam tressauta sous les assauts de son rire moqueur. L’italienne se pinça l’arête du nez et ferma les yeux, soudain très lasse.

Puis, le regard malicieux du sicilien se posa sur la petite silhouette accroupie dans les jambes de Murphy. Il papillonna des paupières et, lorsque ses yeux furent habituées à l’obscurité, il s’écria à nouveau :

« Ah ! Mais c’est peut-être déjà fait ! » continua-t-il dans sa langue maternelle. « Allez gamine, pas la peine de te cacher, c’était si terrible que ça ? J’espère qu’ils t’ont épargné ça Pippa ! Ah, mais elle est vraiment jeune… On aurait dû se douter que c’était un pervers. Je veux dire, avec une moustache pareille, c’était flagrant… »

Il voulut s’avancer un peu plus, tout plein de cette curiosité animale qu’ont certains chiens pour les derrières de leurs semblables. Laura recula précipitamment dans l’espoir d’échapper à l’attention envahissante d’Alessio.

« On s’en va, » décréta-t-elle enfin.

Elle n’avait aucune envie de rester une seconde de plus dans cette ville au nom ridicule, flanquée du shérif de Silverstone.
Prête à emboiter le pas aux garçons, elle fit tout de même volte-face pour planter son regard hautain dans celui de Murphy.

« Je n’oublie pas, pour la prime. J’irai la chercher à Silverstone. Vous ne me voleriez pas, n’est-ce pas ? »

Après tout, elle aussi avait fait crier la poudre cette nuit et avait débarrassé ce triste pays d’une nouvelle triste âme. Ses mains se teintaient un peu plus de rouge, mais elle parvenait toujours à passer outre avec la nonchalance de ceux qui nettoieraient les miettes d’une table. Elle méritait compensation pour le mal qu’elle s’était donnée. Elle aurait pu aller la réclamer elle-même, mais Filippa n’était pas stupide. Une telle déclaration attirerait définitivement l’attention sur elle et Bartel Murphy en savait déjà trop. Elle laisserait les choses se tasser.

« Laura, » interpella-t-elle l’adolescente. « Vuoi venire con noi ? Stiamo tornando a Silverstone. Ti troveremo un posto. »

Un seul regard suffisait pour comprendre que l’orpheline avait tout à faire avec ses comparses plutôt qu’avec un shérif instable qui risquerait de lui tirer dessus s’il voyait briller dans sa main ne serait-ce que l’éclat d’un couteau à beurre.
Et Filippa, si elle ne connaissait pas - encore - le terrible sentiment de la solitude, le redoutait comme un enfant redoutait les cauchemars une fois la nuit tombée. Son ombre déformée peuplaient ses rêves d’angoisses et des corps désarticulés de ses frères et de ses parents. Alors, en regardant la craintive Laura, elle éprouvait la compassion mystérieuse de ceux qui reconnaissaient dans leur semblable un éclat d’eux-même.



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Mar 23 Fév - 15:58

Un arrêt forcé au milieu de nulle part...
Quelle arrogance, quelle vanité, quelle suffisance...
Est-ce que tous les Italiens sont ainsi... Mon expérience se limite à quelques spécimen. Je ne peux pas encore faire de généralités. Le blond m'exaspère fortement. Cette rencontre matinale vaut plusieurs cafés pour fouetter mon cerveau.
La jeune femme se place entre nous comme entre deux chiens prêtent à se jeter à la gorge. La situation se désamorce lentement. Je sais que ce n'est que partie remise avec ce colosse...
Et puis arrive de nulle part le trublion brun et son torrent verbal.... Je suis certain que chaque ponctuation dans ses phrases sont des insultes  qui me sont destinées.

Je lui souris aimablement et dans mon gaélique le plus rocailleux, avec un accent peut être compris seulement à Cork et dans sa région.

Ton odeur me fait penser que ta mère t'a chié par le cul...*

Bon... après cet échange interculturel hautement gratifiant...
Je prends conscience de la peur de Laura.
Je l’amènerais volontiers avec moi, mais je n'ai pas de "chez moi". Et un homme de mon age avec une fille si jeune sous le même toit serait un scandale dont elle ne se remettrait pas.

Je regarde Filippa et son port de tête hautain de princesse des rues... Elle la protégera... J'ai confiance en elle. Au moins sur cette question...

Elle me fait sourire presque malgré moi avec le rappel de la prime sur la tête de celui qu'elle a abattu. Sur sur son lit de mort, elle continuerait à faire payer des dettes.

J'ai certains défauts, mais je ne vole jamais... même pas les cadavres.

Je regarde de nouveau Laura... J'imagine cette gamine engrossée par un quelconque plouc de son age, ou plus âgé... l'idée me met en fureur.

Venez prendre votre prime ou envoyez un de ...

Je ne sais pas comment qualifier son étrange suite...

... vos gens. Votre travail fut hautement efficace.

Ma mâchoire se crispe sur le sujet suivant

Considérez moi comme le parrain de cette gamine. Je lui donne ma part... ça veut dire qu'elle ira à l'école. Je veux qu'elle parle anglais. Je paierais les frais d'école si il le faut...

Je caresse le haut de son crane tout en la poussant avec réticence vers ceux de sa communauté

Je viendrais la voir régulièrement.

*Gaélique
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