☆ JJ.MM.AAAA. A l'école quand j'étais petit je n'avais pas beaucoup d'amis Le domaine des Bonsignore est réputé dans la Campanie pour être des plus majestueux. C’est ce que répète partout Tino qui a hérité de cette jeune affaire, en se frottant le menton et en bombant le torse. S’il est certes magnifique (le domaine mais également Tino, qui a toujours eu un certain succès auprès de la gente féminine), il lui manque dans un premier temps la réputation confortable qui vient avec la prospérité sur le long terme. Mais quand on sait avec qui s’allier et surtout que l’on rembourse dettes et intérêts, il n’est pas difficile de développer confortablement son affaire. Les Bonsignore sont de ces nouveaux riches qui font étalage de leur petite fortune quand l’occasion se présente.
Dino grandit très confortablement dans le petit domaine où une grande partie de sa famille vit. Les vignes sont prisées par les enfants pour les parties de cache-cache exceptionnelles qu’elles permettent. Il ne se posera jamais de questions sur l’épanouissement inattendu des affaires de son grand-père, de son père et de ses oncles arrivé avant sa naissance. A l’école c’est un mauvais élève qui collectionne les punitions comme il collectionne les galets. Il est tête en l’air, tâche ses cahiers et ses doigts d’encre et lors des prières du matin il pique du nez (trahit à chaque fois par ses ronflements). Avec ses cousins de son âge, le nez collé aux carreaux ou les joues pressées contre les barreaux du portail, ils regardent passer les filles. La marmaille Bonsignore est toujours fourrée ensemble et si on en attrape un à faire un mauvais coup, on peut être certain qu'une rimbambelle d'autres se cache à côté. Intégrer ce cercle très fermé est difficile. Un jour, alors qu'ils sont plusieurs à profiter de l'ombre des orangers et se cachent pour échapper à quelques tâches domestiques ingrates, Antonietta (qui aurait pu être la plus jolie si elle n'avait pas un strabisme aussi prononcé) se plaint que c'est bien dommage qu'on ne puisse pas se marier entre cousins germains.
☆ JJ.MM.AAAA. J'aurais voulu m'appeler Dupont Avoir les yeux un peu plus clairs Qui a de l’argent à du temps. Puisque Dino n’est pas de n’importe quelle famille (enfin si, pour l’instant… mais celle-ci à bien l’intention de faire grossir sa réputation ou alors tout du moins de ne pas la ternir) les enfants sont invités à s’essayer à l’art sous ses diverses formes. Giuseppe, le frère aîné que toutes les cousines et les filles préfèrent parce qu'il a les yeux verts, est un artiste dans l'âme mais il se voit plutôt grand intellectuel. Quand à Dino, force est est de constater qu'il n’a absolument aucun talent concernant la musique. Il n’a pas l’oreille musicale et est incapable de roucouler convenablement une gamme. Chaque instrument qu’il tente de faire chanter finit par hurler de douleur entre ses doigts. Pendant plusieurs années on insiste, prétextant qu’avec le temps et le travail vient le talent. Puis on se demande s’il ne serait pas à moitié sourd. Vraiment, piaillent ses tantes, c’est un calvaire, c’est insupportable il n’y a rien à faire. Au mépris de toutes ces années à torturer malgré lui des professeurs et amis dévoués, Dino aime pousser la chansonnette avec ses cousins. On dit que lorsqu’il est alcoolisé il chante presque juste. Mais tout le monde est d’accord, ce n’est pas grâce à des balades ou des sérénades qu’il gagna le cœur de Ghjulia.
Il montre un poil plus de talent dans le noble art de la cuisine, qu’il apprend aux côtés d’une de ses tante et de sa grand-mère. Même si ce n’est pas un passe-temps pour un garçon (on ne cesse de le lui rappeler avec des claquements de langues irrités), il réussit à s'immiscer dans le lieu le plus sacré du foyer sans trop de mal lors de ses plus jeunes années. D’abord il n’a droit qu’à surveiller et touiller la sauce pour ne pas la faire brûler, puis il coupe les légumes (les premiers essais n’ont convaincu personne, tout le monde commence à la même enseigne) et prend de plus en plus de libertés alors qu’on tente de plus en plus de le mettre dehors. Il serait mieux avec les cousins à attendre les pieds sous la table que le repas arrive, à parler de choses sans importance en se donnant des airs graves comme seuls les hommes savent si bien le faire. Souvent il obéit car il n’est qu’un petit fils qui n’est pas à l'abri des coups de cuillère de la reine de son domaine.
☆ JJ.MM.AAAA. Je rêvais d'être un enfant blond j'en voulais un peu à mon père Avec un peu moins de deux ans d’écart, Dino et sa petite sœur Simona sont très proches. La différence d'âge avec Giuseppe est plus grande et son instinct de dictateur (qui va de pair avec le droit d'aînesse) rend l’entente sur le long terme (étant plus de trois heures consécutives chez les enfants) difficile. Giuseppe préfère la compagnie des cousins plus proche de son âge avec qui il a grandi et les plus jeunes ne peuvent qu'espérer être accepter dans le cercle des
grands. Au jardin, plus personne ne s’étonne que les gamins passent des jeux à la guerre civile, des rires aux hurlements. Se balancer des cailloux au visage et faire manger de la terre à ses cadets, ça forge la jeunesse. Le temps finira par les rapprocher, passé la période mouvementée de l’adolescence pour Dino qui se verra comme un martyr et mal aimé de son paternel.
Chacun aime se plaindre de sa place difficile (plus que les autres) dans la famille. Giuseppe a les attentes qui reposent traditionnellement sur les épaules de l’aîné, en tant que premier arrivé il est aussi le test à l’éducation et à la perfection. On s’attend à ce qu’il garde un œil sur les plus jeunes et qu’il soit modèle de droiture. Dino, coincé au milieu, trouve qu’il est vite effacé au profit de Pino et Simona. Il en oublie la liberté que cela lui octroie. Simona est peut-être la plus à plaindre, toujours reprise sur son attitude ou ses vêtements, sur ses fréquentations ou son mauvais caractère. Un de ses frère la couvre trop, l’autre l’incite à la suivre dans ses bêtises qui ne restent jamais sans conséquence. Elle aime trop paresser au soleil, jacasser avec ses amies et organiser des batailles de tomates gâtées (la cible privilégiée reste longtemps Giuseppe pour lui faire ravaler ses grands airs).
Le terrain des Bonsignore accueille plusieurs branches de la petite famille, les autres orbitent autour (et certains ont choisi de s’éloigner davantage). Chaque repas est bruyant et copieux, il n’y en a pas un qui se fait en cercle restreint. Pendant les sorties en ville, les garçons surveillent leurs cousines et leurs sœurs. Elles espèrent les perdre dans l’alcool ou les pousser dans le port. Ils sont insouciants, s’imaginent invincibles dans leur union et le confort dont ils sont enrobés. Giuseppe entrera tard dans les confidences des adultes concernant la gestion de l’affaire et la jalousie sur son statut privilégié ne durera pas longtemps car les ressentiments sont très éphémères chez les Bonsignore.
☆ JJ.MM.AAAA. C'est vrai, je suis un étranger on me l'a assez répété « - Plus tard, je veux t’épouser.
- Pourquoi pas... Tu n’es pas très beau mais tu es plus riche que moi. »
Dino commence à fréquenter Ghjulia parce qu’elle est une amie proche de Simona. Les deux jeunes filles deviennent vite inséparables passé leur rencontre et Dino complète le trio de par sa proximité avec sa sœur. Il tombe amoureux de Ghjulia progressivement. Il aime son éloquence assurée malgré son accent prononcé (il est persuadé qu’elle le fait exprès) et les mots qu’elle perd, il aime son esprit et son caractère impétueux. Dino réalise au fil des mois que c’est la plus jolie fille qu’il ait rencontré et c’est une telle évidence qu’il se demande bien comment il ne l’a pas réalisé plus tôt. Il prend goût aux débats animés sur la bonne prononciation des mots que partagent leur langue et son agacement sur des détails qu’elle ne peut changer. Elle souffle du nez et se plaint de la mer qui est bien trop loin, parce que chez elle, dans la Cité des falaises, elle n’avait qu’à ouvrir la fenêtre de sa chambre pour la saluer tous les matins puis dévaler l’escalier du roi d’Aragon pour se baigner. Parfois, Dino veut bien la croire pour un instant quand elle dit que sa petite île au nord de la Sardaigne est bien plus belle que Naples et ses alentours. Il accepte aussi bien volontiers de la croire quand elle dit que les filles là-bas ont plus de caractère que les hommes d’ici. Ghjulia a été contrainte de quitter la Corse avec sa famille pour trouver du travail ailleurs, la pauvreté s’y étant enracinée comme les montagnes dans la mer. Ils se chamaillent, boivent et se disputent. Ghjulia lui dit qu’elle retournera à Bonifacio un jour et Dino se dit que peut-être, il la suivra. Il lui promet qu'un jour il vera sa citadelle tant aimée de ses propres yeux.
☆ JJ.MM.AAAA. J'ai les cheveux couleur corbeau, je viens du fond de l'Italie Ghjulia et Dino se marient jeunes. C’est une évidence que personne ne questionne. De toute façon chez les Bonsignore on se vante des mariages d’amour. Et heureusement que pour Giuseppe l’amour était sous le signe de bonne famille. Les affaires continueront à prospérer.
Les deux époux veulent une famille nombreuse, beaucoup d’enfants puis plus tard au moins le triple de petits enfants. Il leur faudra une maison gigantesque et en campagne bien entendu. Sûrement adjacente au domaine de la famille. Le premier accouchement est très laborieux. Letizia est minuscule et ne pèse que trois fois rien. Mais elle est brave et elle porte vaillamment ses soucis de santé. Le second accouchement, à peine deux ans plus tard, est bien plus difficile. Les complications débutent dès le premier trimestre et ne cesseront que bien plus tard après l’arrivée de Maria. Les médecins sont unanimes, une nouvelle grossesse a de forte chance d’être fatale. Finalement ils n’auront que deux filles. Elles seront belles, avec une peau olive et des boucles d'ivoires qui encadrent leur visage poupon. Leurs yeux ont la couleur du réglisse. Letizia aime jouer à l’ombre des citronniers et barboter au bord de l’eau.
Les jeunes mariés puis parents (les plus perspicaces auront choisi de fermer les yeux sur le nombre de mois séparant la date du mariage du premier accouchement) quittent la propriété familiale sobrement appelé « le Jardin » pour s’installer en ville. Ghjulia se rapproche de sa mer tant aimée mais c’est surtout la proximité avec les médecins et hôpitaux qui les intéresse. Letizia a une santé fragile mais c’est une petite fille curieuse et vive. Maria est peu éveillée, elle ne tète pas avec autant de volonté que les autres nourrissons. C’est un bébé hypotonique à la peau marbrée. En grandissant elle développe un retard des apprentissages important qui ne fera que s’accentuer au fil des ans, à l’image de sa baisse d’audition.
☆ JJ.MM.AAAA. Et j'ai l'accent de mon pays, Italien jusque dans la peau La place de Dino au sein de l'entreprise familiale n'est pas aussi limpide que celle de son aîné qui en héritera directement. Il n'éprouve pas de jalousie là-dedans (il n'en éprouve plus en tout cas), la situation lui convient comme telle. Dino préfère la liberté de papillonner là où l'on a besoin de lui. Il se rend indispensable dans les détails et dans sa polyvalence. Giuseppe a de l'ambition et des plans en grands qui vont avec, Dino se plait à se creuser la tête pour les détails qui font que l'engrenage tourne. Il est social, on s'attache vite à sa tête de grenouille souriante et son humour fait de lui une bonne compagnie. Il arrive même à tirer des sourires à la vieille Fradella, et c'est suffisamment difficile pour être souligné. Dino baratine si bien qu'il pourrait vendre de la pisse en la faisant passer pour de l'or. Au poker il est redoutable, mais il est si sympathique qu'on ne lui en veut jamais pour trop longtemps. Surtout qu'il va de soi qu'il paie sa tournée à celui qui s'est fait dépouillé le plus violemment. Dino échange des sourires comme on échange des banalités, sans beaucoup d'engagement et dans une politesse prude. Dino s'ennuie des gens, il ne les trouve pas aussi intéressant qu'il le laisse paraître. Il s'ennuie de son travail dont les frontières sont pourtant si floues qu'il lui laisse une liberté indécente. Il s'ennuie de sa femme si prisée par leurs enfants fragiles. Il s'ennuie du Jardin et de la proximité avec sa famille. Cet ennui est noyé sous des mots d'amour et des rires qui résonnent.
☆ JJ.MM.AAAA. Je suis rital et je le reste, et dans le verbe et dans le geste Personne ne peut ignorer l’influence des Rinaldi. La tumeur s’installe discrètement, on y prête pas attention. Giuseppe chante leurs louanges, il s'enorgueillit d’une amitié avec la famille la plus réputée et redoutée de Naples. On le félicite par des tapes dans le dos, tout le monde ne peut se vanter d’entretenir une franche camaraderie avec ces bandits. Mais après tout c’est la moindre des choses. Ils ne sont pas n’importe qui non plus. Giuseppe a le sens des affaires. Il sait comment faire tourner la machine, ça commence par protéger les terres qui s’étendent, par faire des prêts, puis pourquoi pas quelques mariages. Il y a de jolies filles et de beaux garçons chez les Bonsignore. La tumeur est accueillie à bras ouverts, on l’invite à table et on lui sort la belle argenterie réservée aux jours de fête. Les dettes s’accumulent. Toujours dans la franche camaraderie. Le cancer grossit durant des années, devient plus imposant et plus dérangeant. Il les saigne pour soigner. La famille est embourbée dans un système pantagruélique qui ne pardonne pas les erreurs. Les Bonsignore se font dépouiller et le nom retombe dans l'oubli où d'autres ont déjà sombré.
☆ JJ.MM.AAAA. Vos saisons sont devenues miennes, ma musique est Italienne Les années s’écoulent depuis la faillite des Bonsignore. Dino rumine longtemps sa vengeance car la famille c’est sacré, on y touche pas. Une évidence martelée dans les crânes de tout bon italien qui se respecte. Il n’a pas le sang aussi chaud que sa sœur ni la spontanéité crue et honnête de son frère. Il se dit qu’il jouera avec des armes qu’il connaît mieux, il faut s’adapter et s’apprivoiser mutuellement. Dino n’a pas de plan, simplement une bête qui gronde au creux de son cœur, qui attend son heure et grandit au fil du temps.
Il est difficile de ne pas apprécier Dino et sa nonchalance provocante, son humour grinçant et son sens du travail bien fait. De petite frappe à banquier peu scrupuleux, il n’est pas vraiment difficile d’approcher la Camorra. Il est plus compliqué de réussir à s’accorder la confiance de la pieuvre de corruption qui gangrène la région, le cœur de la famille Rinaldi est inaccessible quand on est personne. Dino rejoint le bas de la pyramide sans difficulté. Sa patience le récompense et sa bonhomie aussi. Il grimpe les échelons, lentement mais sûrement. Il remue la merde et execute le travail qu’on laisse au moins ambitieux. C’est un homme de bon conseil, ce qui plaît. A défaut de pouvoir compter fleurette à Maria, il se consacre à cimenter par le sang et l’humour des amitiés qui gardent le bras long.
☆ JJ.MM.AAAA. Je suis Rital dans mes colères, dans mes douceurs et mes prières La situation financière désastreuse de la famille l’oblige à se séparer, si ce n’est pour le noyau soudé. Certains oncles et tantes éloignés récupèrent leur marmaille pour se reconstruire sous des cieux plus cléments. La colère rend aveugle et autour du repas dominical bien moins gargantuesque que par le passé, on promet que l’affront sera payé. Des mots qui n’aboutissent à rien et qui agacent Dino. Les disputes sont récurrentes et violentes. Puis comme les nouvelles fusent, on lui reproche sa trahison et ses amitiés retorses. Tous préféraient l’imaginer idiot plutôt que traitre. Comme il a balayé sans grande culpabilité l’éducation et les principes qui lui ont été inculqués, comme il ne change pas sa position et se justifie par des excuses écervelées et déraisonnables, on préfère ne plus entendre parler de lui. Une menace jetée en même temps qu’une fourchette dans l’assiette avec une voix de ténor. Il se plie à la règle et disparaît. Il a toujours eu une sainte horreur de l’autorité et peut-être que c’est ça qui l’enclin à abandonner ce qu’il a de plus cher derrière lui plutôt que des idéaux imbéciles et inatteignables. Peut-être que ce n'est qu'une dispute passagère, espèrent son frère et sa sœur. Dino ne reviendra pas au Jardin avant longtemps.
☆ JJ.MM.AAAA. J'ai la mémoire de mon espèce, je suis Rital et je le reste Dino travaille pour la Camorra depuis plus de dix ans quand l'occasion de venger sa famille et son honneur se présente enfin. Il s’agit de faire un sans faute, de ne laisser aucune chance à de quelconques répercussions qui seraient bien plus graves qu’une entreprise réduite à néant. Les Mazzarella représentent cette opportunité idéale. Retrouver leur trace n'est pas évident mais Dino a toujours été excellent pour retourner la merde, même s'il faut que cela se passe sur de nombreux mois. Les approcher et gratter un tant soit peu de confiance prend tout autant de temps. En revanche, il lui en faudra beaucoup moins pour offrir aux Mazzarella les informations qui permettront l’exécution de nombreuses vendetta en une. Et il garde les mains propres.
☆ JJ.MM.AAAA. Arrivederci Roma ... Les vendetta se font rarement dans la dentelle, les traîtres gagnent difficilement une confiance aveugle. Après avoir offert les Rinaldi sur un plateau d’argent, Dino sait qu’il doit protéger ce qu’il a de plus cher. Pour mettre sa famille à l’abris il impose à Ghjulia de rentrer en Corse avec leur deux filles. Une fois que la situation sera plus apaisée et qu’il aura terminé ce qu’il a à faire, il promet de les rejoindre. Ghjulia l’apaise et le rassure, enfin il pourra voir de ses propres yeux que Naples a bien triste mine à côté de sa belle Bonifacio. Elle lui fait confiance et l’attendra. Ses trois amours prennent le bateau sans attendre, ils se séparent en se répétant de nombreux engagements passés et futurs.
☆ JJ.MM.AAAA. J'aime les amants de Vérone, les spaghettis, le minestrone Le Jardin est en deuil quand Dino y retourne après de longues années à l’avoir ignoré. La vengeance sur le point d’être accomplie garde un goût amer laissée par son absence de priorités et de remords. Ils ne quitteront pas la maison qui les a vu grandir. Les supplications intempestives et les mises en garde de complications potentielles de Dino restent vaines. Les Bonsignore ont été dépouillés de leur possession, d’un fils et d’un frère, ils ne perdront ni leur pays, ni la face.
☆ JJ.MM.AAAA. Et les filles de Napoli Turin, Rome et ses tifosi Le massacre de la famille Rinaldi secoue la ville de Naples. Ce n’est pas tant par la réputation des intouchables qu'à cause de la violence qui a fait pleurer du sang des pavés de la rue.
☆ JJ.MM.AAAA. Et la Jocond’ De Vinci qui se trouve, hélas, à Paris Le délire de persécution va souvent de pair avec la névrose. Tout est prétexte à se sentir épié et traqué. Chaque visage devient suspicieux. La culpabilité vient s’y mêler. Dino reproche la cruauté dont les Mazzarella ont fait preuve envers les plus jeunes et les plus âgés du clan. Il n’y a toutefois pas de remords véritables, simplement un désir que les choses se soient passées autrement ou qu’il n’en ai jamais rien su peut-être. Quand la névrose devient trop étouffante et le pousse à se salir les mains et un coupe-gorge, il prend la décision de quitter le pays. Pour rejoindre les Etats-Unis où il pourra se faire oublier, il décide de prendre un navire à vapeur au port de Bristol. Il justifie sa traversée de la France et d’une partie de l’Angleterre pour perdre de potentiels traqueurs et poursuivants en tout genre. Le tourisme n’est pas de mise, il s’enfuit avec une somme importante sur lui qui doit lui tenir sur plusieurs mois (ses bons et loyaux services au sein de la Camorra lui ont permis d’économiser tel un tamias pingre). Le voyage et la nervosité coûtent cher, quand il arrive aux Etats-Unis une bonne partie de son pactole s'est déjà distillé malgré ses efforts.
☆ JJ.MM.AAAA. Mes yeux délavés par les pluies de nos automnes et l’ennui Le nouveau monde, continent aux milles promesses qu'il ne tient plus depuis longtemps. L'illusion ne tiendra que jusqu'à la première discussion qu'il doit avoir avec un américain. Son mépris pour eux ne cessera jamais de se creuser derrière ses sourires avenants.
☆ JJ.MM.AAAA. Et par vos brumes silencieuses Loin de son pays, loin des meurtres innommables, Dino qui réfléchit trop car après tout il n’a que ça à faire (son anglais est catastrophique et moins il parle cette langue mieux il se porte) en vient à éprouver un profond regret. Tout est très flou et c’est sûrement son exil volontaire qui lui provoque toute cette désolation plus que le meurtre d’une famille entière et de trop d’innocents. Il se repent dans la prière plus que dans des actions chrétiennes qu’inspire le nouveau testament quand il faut tuer le temps dans les trains et que les journaux sont trop difficiles à déchiffrer. Ses prières finissent toujours par se tourner vers ses proches et dans les lettres qu'il écrit à sa femme il ne manque pas d'évoquer que le nom des Bonsignore est lavé.
☆ JJ.MM.AAAA. J'avais bien l'humeur voyageuse mais de raccourcis en détours j'ai toujours fait l'aller-retour Silverstone fait pâle figure à côté de Naples (ou le plus petit village perdu du fin fond de l'Italie, si on le lui demandait) et il n'y a pas un jour ou il ne regrette pas sa fuite, mais pas suffisamment pour rentrer il faut croire. Dino se plie à la vie rustre et sans charme qu'offre sa ville d'exile. Il sait se faire apprécier car c'est là un de ses meilleurs atouts, même s'il déteste la ville et l'idée de l'américain moyen il n'est pas le dernier quand il s'agit de retrouver amis ou connaissance entre des pintes de bière sans goût. Dino recueille une fillette, puis deux, puis trois. D'abord par charité chrétienne, dans l'idée de ramener les deux plus jeunes à l'orphelinat qui se trouve à plusieurs kilomètres de la ville et d'aider la plus âgée à trouver un emploi une fois qu'elle sera en mesure de tenir une conversation dans un anglais correcte. Les gamines baragouinent difficilement en anglais, il faut croire que Dino a un temps soit peu d'empathie pour les pauvres gosses malmené par l'Amérique et dont les yeux et les cheveux bruns lui rappellent ses propres gosses. Les gamines restent avec lui et sont un semblant de famille dans cet enfer de poussière. Puis que ça soit fasse aux Rinaldi ou aux plus coriaces (personne n'est plus coriace qu'un Rinaldi toutefois), elles sont la carte de l'attendrissement. Personne ne se méfie d'un pauvre samaritain incapable de laisser les enfants esseulés à la rue.
C'est tout naturellement qu'il se propose à prendre Laura sous son aile, petite protégée proclamée du marshal, épave italienne perdue elle aussi dans une Amérique hostile.
☆ JJ.MM.AAAA. Nana, nana, nana nana Voilà, c'est la fin. Finalement je mets même pas une dernière anecdote parce que j'ai la toc de flemme. J'espère que ça vous a plut un minimum. GG d'être arrivé jusque là en tout cas.