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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ
1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite
Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
Makoyepuk est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Kilian, Ichabod, Amelia, Benicio et Howard. PROFIL + MP
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Liam Hennessy est modérateur du forum ! Il se genre au masculin et ses autres comptes sont : Arthur, Chuy, Dino et Maria. PROFIL + MP
On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Le Snip Saloon, qu’il trouvait si impressionnant et exotique au départ, était peu à peu devenu un endroit familier pour lui. Il descendait régulièrement de sa chambre pour venir y travailler. Il avait appris à aimer le bruit des habitués, les pintes de bière qui s’entrechoquaient, les cris et les bagarres parfois. Au fil des jours, il en était même venu à boire avec les uns et les autres en échangeant quelques propos dont il ne comprenait parfois pas la moitié. Il faut dire qu’il avait tendance à attirer l’attention, avec tous ses livres, ses lunettes, son bégaiement et le fait qu’il vienne de si loin. Cependant les conversations n’étaient jamais très profondes, la plupart du temps on buvait et on s’exclamait sans trop se soucier de ce que pouvaient dire les uns et les autres, du moment qu’il ne s’agissait pas d’insultes.
Cette fois-ci, un des habitués qu’il croisait régulièrement l’invita à faire une partie de cartes, ce qu’il accepta avec enthousiasme, bien qu’il ne soit pas certain d’en comprendre les règles. Il n’était pas sûr non plus du prénom de son interlocuteur qui semblait en donner un différent à chaque fois qu’il se présentait. Aujourd’hui, c’était Jack. La partie était déjà bien entamée et plutôt animée, malheureusement pour Edwin, la chance n’était pas de son côté cette fois-ci. Il perdait à vue d’oeil, mais n’en prenait pas ombrage pour autant. Les quolibets fusaient entre les deux hommes sur son manque de veine.
« Je vais finir p…par croire que vous trichez. » plaisanta l’Anglais. Mais à l’instant où les mots furent prononcés, il sut qu’il avait fait une énorme erreur. L’homme perdit soudainement toute sa jovialité et une ombre passa devant ses yeux. « Tu m’accuses de tricher ?? » Edwin eut un mouvement de recul et secoua ses mains devant lui pour minimiser ses paroles. « Mais non p…pas du tout je ne p…parlais pas sér… » Mais loin de raisonner le fameux Jack, ses mots ne semblèrent que l’énerver davantage. D’un geste de la main, il balaya le contenu de la table. Les verres s’écrasèrent au sol et furent bientôt rejoints par les cartes et la monnaie. Puis il se leva et avant que le jeune homme ait eu le temps de faire un geste, il se vit saisi par le col de sa chemise et pratiquement soulevé de terre. « J…je vous assure, j…je n’ai pas v…voulu… » Mais il semblait bien que ses protestations n’émouvaient pas le moins du monde son agresseur.
By Hell.
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Sam 22 Aoû - 21:04
( when help comes from unexpected places. )
Elle les observe depuis un moment jouer aux cartes. Dans l’ombre de ce bar qu’elle commence à bien connaître. Le Snip Saloon. Elle le côtoyait déjà lorsqu’elle n’était qu’une simple fille de joie. Et puis elle était partie, laissant cette vie de chaire derrière elle pour une autre, plus trépidante et dangereuse.
Elle les observe donc. Rapidement, le vainqueur se démarque. Tout le monde est au courant dans le saloon. Le badaud use de la voix, rappelant à qui mieux mieux que son interlocuteur était bel et bien en train de perdre. Au moins ça fait un peu d’animation, à défaut d’avoir une bagarre… Elle sirote son whisky. Jean ne prendra qu’un verre ce soir. Elle n’a pas assez d’argent pour se mettre par terre avec dignité. La bière ? Très peu pour elle. C’était faire outrage au sang qui coulait dans ses veines.
« Tu m’accuses de tricher ?? »
Elle lève les yeux. Tout va ensuite très vite. Le dit Jack est déjà debout, attrapant par le col l’autre. Il n’a aucune chance face à cet imbécile dont le taux d’alcool est bien trop supérieur à ce qu’il peut supporter. Alors elle se lève à son tour. Elle ne réfléchit pas, c’est son instinct qui a pris les devants. Alors même que le poing se lève pour s’abattre sur la figure du pauvre homme, elle le saisit au vol, usant de toute sa force pour le retourner dans un craquement sonore. Elle ne brise rien. Mais elle le tord juste assez pour que ça fasse mal.
« Tu as entendu ? Il n’a pas voulu dire ça sérieusement. C’était du second degré. Alors repose le. »
Elle voudrait planter ses iris bleues dans ses yeux ivres mais il se tord de douleur. Bien fait. La surprise l’a fait relâché sa victime. Elle en profite pour l’attraper au col, comme il l’a fait un peu plus tôt. Puis elle le pousse de toutes ses forces vers la porte, jusqu’à le laisser tomber de l’autre côté, les battants se refermant en un claquement sonore. A plusieurs reprises. Comme pour marquer sa honte. Très bien. Puis elle se retourne pour offrir un sourire au perdant. Les spectateurs semblent déçus autour d’eux. Il n’y a pas eu de vraie et belle bagarre. En tout cas on la regarde d’un drôle d’œil. Depuis quand les femmes mettaient des pantalons et usaient de la force ? Surtout pour défendre un parfait inconnu dont le sexe lui était supérieur ?
« Vous voilà tranquille pour la soirée Monsieur. »
Elle abaisse son chapeau pour le saluer. De l’amusement palpitant dans ses opales. Personne ne savait. Personne ne savait qu’elle faisait parti du gang des Hennessy. Elle n’avait pas encore de renommée. Certains allaient peut-être la reconnaître comme étant l’Irlandaise. Elle avait très certainement ouvert ses cuisses à un tiers d’entre eux. Elle, elle avait oublié les visages. En tout cas elle n’oublierait pas celui dont elle venait de sauver la face.
« Je serais vous, j’irai prendre l’air. »
Un simple conseil qu’il prendrait ou non. En tout cas elle, elle fait demi-tour, se saisit du verre à moitié plein sur sa table et le vide cul-sec avant de sortir. Comme une reine. Le Jack a fui. Mensa elle, est toujours là. Attachée à la barre en bois. Elle vient lui flatter l’encolure et commence à fouiller dans ses sacoches pour voir si tout y est.
La première pensée qui lui traversa l’esprit fut qu’il était dans de beaux draps. Il avait parlé trop vite, trop promptement et avait heurté la susceptibilité exacerbée de son interlocuteur. Il aurait dû savoir qu’il y avait des phrases à ne pas prononcer, en particulier au cours d’un jeu. Il était trop tard à présent. Son assaillant l’empoignait fermement, si bien qu’il lui était impossible de répliquer. Et puis qu’aurait-il bien pu faire ? Edwin ne savait que trop bien qu’il ne se distinguait pas par sa force physique, et ses bribes de phrases ne l’aidaient pas davantage. Il regretta amèrement de ne pas avoir pris la fuite dès qu’il avait senti le danger venir, peut-être l’aurait-il distancié à la course. Désormais, il ne pouvait plus échapper à ce qui l’attendait. Ce ne serait pas la première fois qu’il prendrait une raclée, et certainement pas la dernière, mais ce n’était pas pour autant qu’il s’en réjouissait. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était espérer que cela ne dure pas trop longtemps. Peut-être que l’homme se lasserait en voyant qu’il ne répondait pas à ses coups ? Il ferma les yeux et grimaça, dans l’anticipation de la douleur.
Il entendit une exclamation de douleur, qui n’était pas la sienne. L‘Anglais ouvrit les yeux pour voir avec la plus grande stupeur une jeune femme blonde retenir le poing de son agresseur. Ce dernier relâcha son emprise autour du col de sa chemise et Edwin s’écroula au sol avant de se relever maladroitement. Ses membres étaient endoloris par la chute, mais c’était à peine s’il s’en rendit compte, tout estomaqué qu’il était devant le spectacle de cette femme qui était en train de rétamer un adversaire d’une corpulence bien supérieure à la sienne. Ce n’était certainement pas un spectacle que l’on voyait tous les jours, et il n’était pas le seul à le penser, à en croire les regards et les murmures.
Elle parvint à le maitriser comme s’il n’avait été qu’une poupée de chiffon. Lorsqu’il la vit venir vers lui, il était toujours aussi muet de stupéfaction, et également d’admiration, il fallait bien le dire. Elle lui adressa quelques mots qu’il comprit à peine et retira son chapeau pour le saluer. Par réflexe, il porta sa main à sa tête avant de se rendre compte que celle-ci était nue. Son couvre-chef avait dû tomber durant l’altercation.
« Je… euh… »
Elle avait raison en tout cas mieux valait qu’il sorte également. Il commençait à prendre conscience des regards qui se portaient sur elle, ainsi que sur lui. Il lui emboita le pas sans discuter et se retrouva dehors. Après ce qu’il venait de se passer, l’air frais de l’extérieur était plus que le bienvenu et l’aidait à retrouver ses esprit. Il vit l’inconnue se diriger vers son cheval et marcha vers elle, conscient qu’il ne lui avait pas témoigné la moindre reconnaissance. Il toussota pour s’éclaircir la gorge.
« M… Mademoiselle… Je v…vous remercie d’être int…tervenue. » Il resta silencieux quelques secondes avant de reprendre la parole. « P…puis-je faire q…quelque chose pour v…vous exprimer ma g…gratitude ? »
By Hell.
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Mar 8 Sep - 11:53
( when help comes from unexpected places. )
On ne lui a rien volé. En même temps, il n’y avait vraiment pas grand-chose à prendre. Un bout de pain rassis. Un peu de viande séchée et quelques petits bibelots qui ne valent rien. Pas de quoi trouver son bonheur en somme. Elle sursaute presque en l’entendant toussoter derrière elle. Jean se retourne pour faire face à l’homme qu’elle vient d’aider. Il bégaie. Mais ça ne lui fait rien. Elle n’a pas envie de sourire. Pas envie de se moquer. Rien. Ça arrive. Tout arrive.
« Il n’y a pas de mal. C’était avec plaisir. »
Elle sourit, ricanant presque. La tête du Jack… ça lui avait fait sa soirée. Un peu de distraction de temps en temps, ça faisait toujours du bien. Il voulait la remercier… Un merci tout simple aurait fait l’affaire. Mais peut être qu’il pouvait lui apporter plus. Et là, pour le moment, elle voulait juste terminer sa soirée tranquillement.
Elle referme ses sacoches dans un claquement de cuir puis sangle Mensa.
« Vous pouvez me tenir compagnie pour ce soir ? Qui sait, peut être que j’aurai encore besoin de vous pour jouer les appâts afin d’arriver à mes fins ? »
Elle rit doucement, les yeux pétillants. Elle n’était pas méchante Jean, juste un brin taquine.
« J’ai une bouteille de whisky qui m’attend à l’extérieure de la ville, ce n’est pas bien loin. Vous devez bien avoir des trucs à raconter non ? Je suis une étrangère, je ne connais pas bien le coin. »
Et comme pour confirmer la chose déjà évidente, elle accentue son accent irlandais, le rendant aussi tranchant qu’un couteau.
« Divertissez-moi en gage de remerciement. Je ne demande rien de plus. »
Puis elle monte sur Mensa avant de l’inviter à faire de même, lui laissant une place pour qu’il s’installe derrière elle.
Il était poli, très poli même et dans l’éducation qu’il avait reçu, il était indispensable de remercier convenablement une personne qui venait de vous rendre service. Le geste de gratitude se devait d’être adapté à l’acte de service, et dans ce cas précis un simple « merci » ne pouvait suffire. Il lui demanda donc tout naturellement s’il pouvait faire quoique ce soit, en guise de reconnaissance. Et puis, il devait bien admettre qu’il était impressionné à la vue de cette jeune femme qui avait si aisément eu le dessus sur un homme paraissant physiquement bien plus fort qu’elle. Elle semblait plutôt amusée par la confrontation, mais accepta sa proposition. Il eut un rire nerveux lorsqu’elle parla d’appât, espérant qu’elle plaisantait. « Oh euh… t…très bien, avec p…plaisir. »
Il rit avec elle, gardant toujours l'espoir qu'elle ne comptait pas se servir de lui comme appât pour quoique ce soit. Il n’était pas lâche, mais la soirée lui avait largement suffi en terme d’émotions fortes. D’ailleurs la promesse d’un whisky était plutôt alléchante, bien qu’elle n’ait nullement proposé de le partager avec lui. « J’ai bien p…peur de ne pouvoir vous r…renseigner sur la région, je s…suis moi-même étranger. » Il entendit l’accent de la blonde s’intensifier et n’eut guère de difficulté à le reconnaitre. « V…vous êtes irlandaise n’est-ce p…pas ? »
Il sourit, amusé face à sa requête. Il n’était pas certain d’être ce qu’il y avait de plus divertissant, mais il pouvait au moins s’essayer à l’exercice. « Je v…vais tâcher d’être à l…la hauteur. Q…que souhaitez v…vous savoir ? » Répondant à son invitation, il grimpa avec une agilité surprenante sur le dos de l’animal. Monter à cheval avait été sa principale activité lorsqu’il était enfant, tout autre exercice physique étant à l’époque jugé trop intense pour sa frêle nature. Il se demanda l’espace d’un instant comment il parviendrait à rentrer à Imogen si la demoiselle le quittait à un moment, mais il décida qu’il s’en préoccuperait plus tard. Il réalisa alors qu’il ne s’était jamais présenté, une faute impardonnable. « Edwin Watson. Ench…chanté. » dit-il en lui tendant la main, qu’il fit passer sur le côté afin qu’elle puisse la voir, maintenant qu’elle se trouvait dos à lui.
Il semble gentil. Beaucoup trop gentil en fait. Ils rient ensemble, ça détend un peu l’atmosphère stressé qui s’était créé un peu plus tôt à cause de cet abruti d’alcoolique. Puis il lui avoue qui lui aussi il est étranger. Ça leur fait un point commun.
« Et bien nous trinquerons à nos âmes vagabondes qui nous ont mené jusqu’ici. »
Il devine qu’elle est irlandaise. Qui ne l’aurait pas fait ? Elle avait les tâches de rousseur et la blondeur qui allait avec. Ce blond vénitien qui pouvait parfois tendre vers le roux.
« Tout à fait. Nous sommes voisins. »
Elle avait reconnu ce son un peu précieux dans sa voix. Un son qui est associé au thé bu avec le petit doigt levé, aux fleurs sur les murs et les tapis, un peu grossier et aux chapeaux. Un anglais. Mais aujourd’hui il n’y aurait pas querelle, la révolution irlandaise face à la royauté anglaise n’aurait lieu que 100 plus tard… Il bondit sur sa jument avec une certaine souplesse, de ceux qui ont l’habitude de ces gigantesques animaux.
« Je ne sais pas encore. Nous verrons ça une fois arrivé là-bas ! »
Puis elle sentit sa main se glisser contre ses côtes, ouverte, et il se présenta. Elle la lui prit de sa main gauche, gardant les rênes dans sa droite.
« Jean Eoghan. Enchanté Edwin ! »
Puis elle talonna sa jument, la laissant marcher quelques minutes pour délier ses membres avant de l’envoyer au galop, leur épargnant le trot désagréable. Elle n’était pas bien loin de la ville. Elle était vraiment à la lisière. Elle avait trouvé plusieurs arbres, de quoi installer son petit bivouac. Rien de bien luxueux : une toile étirée et accrochée aux branches, un large tissu étalé sur le sol et de quoi se couvrir la nuit. Rien de plus. Elle finit par arrêter sa jument et mit pied à terre. Une fois qu’il l’eut suivi, elle lui enleva son harnachement et entrava ses pattes avant de lui accrocher une cloche au cas où elle décide d’aller se balader trop loin.
« Et voilà mon humble demeure… »
Puis elle sortit sa bouteille de sa cachette et la présenta à Edwin, un sourire aux lèvres. Elle n’avait pas le luxe d’avoir de verres, ils allaient devoir se contente de boire au goulot.
« Assis toi, fais comme chez toi. »
Elle, elle était déjà par terre, la bouteille ouverte dont elle venait de prendre une gorgée avant de la lui tendre.
Elle lui proposait de trinquer avec lui, et après les événements de la soirée, il était plutôt enthousiaste à cette idée, d’autant plus si c’était avec une presque compatriote. Il avait tendance à se sentir un peu seul depuis son arrivée, à l’exception d’Helen bien sûr. Discuter avec une personne qui venait de ces contrées allait lui faire le plus grand bien ! Elle lui serra la main à son tour, lui délivrant son patronyme. « Enchanté M…miss Eoghan. » Bien qu’elle l’eut appelé par son prénom, il avait bien du mal à en faire de même. C’était, après tout, considéré comme une familiarité totalement déplacée là d’où il venait. Il se doutait que la jeune femme ne s’en offusquerait pas, elle semblait tout sauf conventionnelle, et pourtant il n’arrivait à se résoudre à l’imiter.
La chevauchée ne fut pas très longue, à son plus grand soulagement. Il avait certes l’habitude de monter à cheval, mais plutôt en tenant les rennes. Gêné à l’idée de s’accrocher à miss Eoghan, il se cramponnait à la selle tant bien que mal. Fort heureusement, Jean était bonne cavalière et leur parcours fut fluide et sans aucune mauvaise surprise. En revanche, il se demandait où pouvait être la demeure de l’Irlandaise. Ils avaient bel et bien quitté la ville même s’ils en restaient proches et il ne voyait plus aucune bâtisse à l’horizon. Elle s’arrêta enfin et il découvrit son campement de fortune. Il était surpris de voir qu’elle habitait là: n’était-ce pas dangereux pour une femme seule, surtout la nuit? Quoique, elle avait pu lui montrer qu’elle était parfaitement capable de se prendre en charge.
« C…c’est tout à fait ch…charmant. » Il n’était pas certain d’avoir utilisé le bon terme, ni qu’il soit approprié, mais c’était une manière comme une autre de la remercier de l’avoir invité chez elle, à partager sa bouteille. Il réalisa qu’il se trouvait seul avec une jeune femme, vraisemblablement non mariée, sans chaperon. Sa mère en aurait eu une syncope si elle l’avait su. Les moeurs semblaient plus libres dans ces contrées, ou peut-être était-ce son hôte qui avait décidé de n’en faire qu’à sa tête.
Il s’assit à un endroit qui lui semblait confortable avant de répondre à sa question. « Oh n…non quelques s…semaines seulement. Et vous ? V…vivez-vous ici depuis l…longtemps ? V… vous me semblez bien accoutumée au p…pays. » Il lui lança un sourire amusé, repensant à la scène qui avait eu lieu au saloon. « Si je p…peux me permettre, où avez-vous appris à vous b…battre de cette façon ? ». C’était assez peu commun pour une femme, et il doutait que cela fasse partie de l’éducation classique des jeunes irlandaises. Elle ne ressemblait à personne qu’il ait pu rencontrer auparavant, d’où la curiosité qu’il ne pouvait s’empêcher d’éprouver à son encontre. Il espéra que ses questions ne l’offenserait pas.
Charmant ? Elle sourit. Au moins c’était un homme bien élevé et poli. Après tout, elle trouvait que ce n’était pas son pire campement. A ses débuts elle n’aurait pas été capable de construire quelque chose de la sorte. De un, parce qu’elle n’avait pas le matériel et de deux… même si elle l’avait eu, elle n’aurait pas eu l’expérience pour.
Le voilà par terre à son tour et elle lui tend la bouteille dont elle a bu une gorgée. Il lui annonce que ça ne fait que quelques semaines il est ici. Effectivement, il n’allait pas pouvoir lui en apprendre beaucoup sur le coin.
« Depuis quelques années… 10 ans environ je pense. Peut être moins, peut être plus… Je ne sais pas. »
Les jours se ressemblaient presque tous pour elle. La notion du temps ? Elle ne l’avait pas. Et puis il reprend la parole, sa question lui arrachant des souvenirs chauds et doux.
« Oh… et bien, c’est un ami à moi. J’étais une fille du Golden Cat avant. Il m’a sorti de là et m’a appris à me battre afin de pouvoir me débrouiller dans la nature. Il aurait été fier de moi ce soir je pense. »
Elle se met à rire, se revoyant essayer de mettre des coups à Logan et finissant toujours le nez dans la poussière, lui la maîtrisant d’une main. Jusqu’à ce l’élève renverse le maître. A partir de ce moment les entraînements avaient cessé pour passer à un art plus dangereux encore : le tir. C’était encore une autre histoire…
« Qu’est ce qui t’a amené ici alors Edwin ? »
Avait-il fui comme elle ? Loin des siens pour espérer une vie meilleure ? Ou bien faisait-il de la recherche ? A moins qu’il ne soit en quête d’or pour subvenir à la pauvreté des siens ? Les réponses étaient multiples…
Si Edwin avait des défauts, les mauvaises manières n’en faisaient pas partie. Cette jeune femme avait l’amabilité de l’inviter chez elle après lui avoir sauvé la mise, quelle que soit la modestie de sa demeure il était hors de question qu’il fasse une quelconque remarque. Il prit la bouteille qu’elle lui tendait et après une hésitation, finit par l’imiter et boire directement au goulot, non sans une certaine gêne.
Il était surpris qu’elle vive ici depuis si longtemps. Il s’attendait bien sûr à ce que cela fasse un certain nombre d’années étant donné à quel point elle semblait à son aise sur ces terres. C’est bien simple, sans son accent il l’aurait sans doute prise pour une personne originaire de la région. « V..vous n’êtes j…jamais retournée en Irlande ? » Il était curieux mais n’osait pas poser trop de questions sur le sujet, ne voulant être intrusif.
Elle lui parla du Golden Cat et il haussa un sourcil, également surpris. Il n’était à Imogen que depuis peu de temps, mais il avait déjà connaissance de cet établissement, bien qu’il ne l’ait pas fréquenté lui-même. En vérité, il avait mis une fois les pieds dans une maison close, trainé par des amis, et en était ressorti presque immédiatement en prétextant une fulgurante grippe. Il n’y était jamais retourné depuis, et c’était aussi bien comme ça. L’idée de devoir payer pour des relations charnelles le mettait de plus épouvantablement mal à l’aise. Il sourit, à la dernière phrase de la jeune femme. « J…je le pense aussi. Je d…dois avouer que c’était imp…pressionnant. » Et il le pensait. Lui même aurait été bien incapable de se battre de la sorte.
Il admirait son naturel, la manière dont elle le tutoyait sans aucune gêne, tandis que lui se trouvait encore et toujours empêtré dans les conventions d’une stricte éducation anglaise. « J…je suis ici pour des r…recherches. Je suis anthropologue, j’étudie les coutumes et histoires p…peuples natifs. J’aimerais écrire sur la d…diversité et la r…richesse des cultures natives de ce p…pays. » Il ignorait encore s’il y arriverait. Il doutait que ses simples recherches révolutionnent le monde, mais peut-être cela pourrait-il éveiller les esprits et les consciences, au moins en Europe. Il se tourna vers la jeune femme, avec un sourire amusé. « Et v…vous, que faites-vous lorsque v…vous ne vous battez pas dans les saloon ? »
Retourner en Irlande ? Grand dieu non ! Elle n’avait plus rien là-bas. Jamais sa famille n’aurait accepté son retour. Et en plus… elle n’en avait pas l’argent.
“Non. Ma vie se trouve ici dorénavant.”
Elle lui sourit, restant très vague. Elle ne le connaissait pas encore assez bien pour rentrer dans les détails de son étrange vie. Cependant elle lui évoque son passé sur le nouveau monde. Comme quoi elle avait travaillé au Golden Cat en tant que fille de joie. Et ça le surprend. En même temps, qui ne le serait pas ? Elle évoque rapidement Logan. Son sauveur. Il lui avait tout appris.
Elle le trouvait fort amusant avec ses manières de la haute. Mais c’était bien. Elle découvrait un nouvel aspect de la société, ça la changeait des malfrats avec qui elle avait l’habitude de traîner. Et ça lui faisait grand bien. Il lui apprend qu’il est là pour des recherches sur les natifs. Le mot qu’il emploie pour le désigner, anthro… machin. Elle l’oublie bien vite. C’est trop compliqué pour elle alors qu’elle ne sait pas écrire.
“Je ne savais pas que l’on pouvait faire des recherches sur certains peuples… ça paye bien ?”
Pour le coup c’est elle qui est surprise. Jamais elle n’aurait pu imaginer que quelqu’un puisse faire ce genre de chose. Elle finit par lui reprendre la bouteille des mains pour boire une nouvelle gorgée puis elle sort de quoi se rouler une cigarette. Le jeu de question continue, toujours pour en apprendre un peu plus sur l’autre.
“Et bien… je survis.”
Elle lui sourit.
“Une cigarette ?”
Evidemment elle n’allait pas lui avouer qu’elle faisait partie du gang des Hennesy. Cela aurait été bien trop facile. Elle ne pouvait faire confiance à personne.
“Je vis dans la montagne près de Silverstone, je ne suis que de passage ici. Je n’aime pas trop la civilisation…”
C’était une femme indépendante. Comme peu en existait. Et elle en était fière.
“Vous allez rester longtemps ici alors ? Pour vos recherches ?”
Une dernière question avant d’allumer sa cigarette.
Il n’était pas vraiment surpris par sa réponse. Il se doutait bien que si après tant d’années elle vivait toujours ici, elle n’avait pas l’intention de repartir de sitôt. Il se demanda à quel moment son pays avait cessé d’être sa maison. S’il restait suffisamment longtemps, cela lui arriverait-il ? Il était encore bien trop tôt pour le savoir. Il répondit à son sourire, sans la questionner davantage. D’abord par politesse, mais également par égard pour ce qu’elle n’avait peut-être pas envie de dévoiler. Il ne put s’empêcher de rire à sa question, non par moquerie mais en posant un regard quelque peu désabusé sur sa position. « J’ai réussi à obtenir de l’argent p…pour couvrir certaines de mes dépenses et mes r…recherches mais vous ne p…pourriez imaginé le t…temps que ça m’a pris. Mon d…domaine d’études n’est p…pas considéré comme une priorité. » Ce qu’il trouvait bien dommage, considérant les bêtises qui pouvaient circuler sur le sujet.
Il la regarda de nouveau avec attention, pensif. Il ne pouvait que vaguement imaginer ce que devait être son existence, et pourtant il se sentait quelque part connecté à l’idée de survie, bien que la sienne ait été d’un tout autre ordre. En matière d’argent, en dehors de ses projets de recherches, il n’avait jamais eu à s’inquiéter, il n’avait jamais manqué de rien, ne s’était jamais demandé comment il allait bien pouvoir se nourrir ou se loger.
« Avec plaisir » répondit-il à son offre. Jamais encore il n’avait refusé une cigarette offerte, surtout si c’était de si bon coeur. Il était surpris qu’elle vive dans la montagne, il n’avait pas l’air d’y avoir grand chose là-bas. Mais elle semblait être le genre de personne à avoir besoin de peu pour survivre. Il répondit sans détour à sa question. « C’est fort possible. Mon t…travail risque de me prendre beaucoup de t…temps si je souhaite le faire correctement. »
Il se demandait comment elle gagnait sa vie exactement. Il n’était pas idiot, en ayant cet aperçu du genre d’existence qu’elle menait, il se doutait bien que ce ne devait pas être par des activités dites honnêtes. Il alluma également sa cigarette et resta quelques instants silencieux, à profiter de ce moment, avant de la questionner de nouveau. « Vous ne vous s…sentez jamais seule ? » Lui-même plutôt de nature solitaire, il n’imaginait pas pour autant pouvoir se passer de compagnie sur le long terme. Ceci dit, il ne connaissait de sa vie que ce qu’elle avait bien voulu lui en dire et lui montrer. Peut-être avait-elle une forme de cercle qu’elle s’était constitué ici.
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Lun 28 Déc - 9:59
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Esmeralda avait vraiment du mal à imaginer que quelqu’un puisse être payé pour faire des recherches. Cependant elle trouvait l’idée merveilleuse : les hommes comme lui allaient aider à apaiser les mœurs sur ce bas monde, en dévoilant la vérité sur les cultures des natifs pour lui, et sur ses cultures à elle pour d’autres. Ici, il suffisait d’avoir la peau un peu plus sombre pour que l’on vous regarde de travers. Les colons disaient qu’ils se couvraient de graisse les bras et que sous leurs bas, ils y avait une queue. Elle était une sorcière. Mais ça, seulement lorsqu’elle sortait seule. La nuit, quand les hommes montaient dans sa chambre à la recherche d’un voyage en Europe, alors elle devenait leur plus belle déesse.
« Je ne suis pas certaine que les études tout court soient réellement prises en compte… »
Ses parents ne l’avaient jamais envoyé à l’école. Bon nombre d’enfants n’y allaient pas, les parents préférant voir leurs tenir des outils plutôt que des crayons : ça, ça rapportait de l’argent.
Esmé lui propose une cigarette, qu’il accepte. Elle lui tend celle qu’elle vient de rouler agilement de doigts fins puis elle pousse le paquet d’allumettes dans sa direction avant de commencer à en rouler une autre.
« Alors nous nous reverrons sûrement ! »
Elle lui sourit, dévoilant ses dents blanches dans l’obscurité. Sa voix était chaude, claire, son accent chantant faisant teinter les oreilles. Elle était simple Esmeralda. Simple et forte. Elle avait juste besoin d’un peu plus de gens biens dans son entourage.
Du bout de sa langue, elle vint lécher le papier qu’elle colla habilement. Puis elle gratta une allumette et enflamme le bout de sa cigarette. Elle prit une longue bouffée, appréciant la fumée dans sa gorge qui se mêlait au gout de l’alcool. Elle ne tarda d’ailleurs pas à en boire une nouvelle rasade. Ses yeux s’étaient levés vers le ciel, où les étoiles brillaient de toutes leur force dans un ballet resplendissant. La lune les supervisait et c’était magnifique. Elle se dit que ses ancêtres l’observaient, perchés sur les constellations.
Esmé baissa les yeux sur Edwin, un pincement au cœur. Elle se sentait très souvent seule. La jeune femme était faite pour vivre en communauté et non recluse comme elle le faisait. Cependant elle n’était la bienvenue nulle part, et après ses années au Golden Cat, elle avait préféré fuir la civilisation pour ne pas continuer à être « la traînée des sorcières ».
« Si, bien sûr… Mais j’ai mon vieux cheval Fidji avec moi et bien évidemment Inès ! »
Elle siffla en plaçant ses doigts dans sa bouche et, quelques secondes plus tard, Inès apparut. La petite chèvre bêla et vint réclament des caresses à sa maîtresse avant de contourner les affaires pour aller renifler l’inconnu.
« Et vous ? J’imagine que votre famille ne vous a pas suivi dans votre périple de recherches ? »
Plus les minutes passaient, plus il se détendait, oubliant les conventions auxquelles il devait se plier en Angleterre, oubliant qu’il était seul avec une jeune femme sans chaperon, ce qui n’aurait pas manquer de faire scandale sur sa terre d’origine. Il profitait seulement de cette rencontre, de cette discussion avec elle, qui était si différente de lui, rencontrée dans des circonstances on ne peut plus extraordinaires. Il prit la cigarette qu’elle lui tendit, puis la plaça entre ses lèvres avant de faire craquer une allumette. La petite flamme en embrasa le bout et il secoua machinalement l’allumette lorsque les premières volutes de fumée apparurent. « J…je l’espère » lui répondit-il en lui retournant le même sourire.
Il ne pouvait s’empêcher de percevoir une certaine forme de tristesse chez elle, sans doute le même genre de tristesse que lui-même portait bien que leurs circonstances soient très différentes. Il était évident qu’elle vivait seule, peut-être depuis longtemps. Et si on considérait vraiment les choses, c’était son cas à lui aussi. La mention de son cheval rendit Edwin nostalgique. Il se revoyait, enfant, alors que les seuls compagnons auprès desquels il trouvait un tant soi peu de réconfort étaient ces animaux. Ceux qui ne le jugeaient jamais, l’écoutaient toujours et semblaient éprouver pour lui une certaine affection, du moins l’imaginait-il à l’époque. « Les chevaux sont t…toujours les meilleurs compagnons qu’on p…puisse espérer. » Il voulut demander qui était Inès, mais la réponse vint à lui avant qu’il n’ait eu le temps de poser la question.
Une chèvre domestiquée, voilà quelque chose qu’il n’avait encore jamais vu ! Les yeux écarquillés, il la vit s’approcher d’Esmeralda en quête de caresses, puis ce fut à lui qu’elle s’intéressa ensuite. Non sans une certaine appréhension, il la vit s’approcher de plus en plus, puis renifler la manche de sa veste. Il n’osa pas faire un geste de peur qu’elle se mette à le mordre, incapable de savoir comment réagir. Elle paraissait plutôt inoffensive mais dans le doute il préférait se méfier. « Elle est ad…dorable… » Il n’en laissa pas moins échapper un soupir de soulagement lorsqu’Inès sembla finalement décider qu’il n’était pas plus intéressant que ça et s’éloigna pour retourner auprès de sa maîtresse.
Reprenant ses esprits, il leva de nouveau les yeux vers Esmeralda afin de répondre à sa question. « N…non, ma femme préfère la v…ville en général, mais nous nous écrivons t…très souvent. » Il ne précisa pas qu’ils menaient des existences totalement séparées, malgré l’affection qui les unissait. Il avait l’intuition qu’il pouvait avoir confiance en cette jeune femme, mais il savait aussi qu’il y avait certaine chose qu’il valait mieux garder pour lui, du moins pour le moment. Quant à ses parents et ses frères, il ne lui vint même pas à l’idée d’en faire mention. « Et vous, v…vous n’avez pas de f…famille ici ? » A peine eut-il posé la question qu’il le regretta, songeant que c’était probablement indiscret, peut-être même douloureux. Mais il était trop tard.
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Sam 13 Fév - 19:20
( when help comes from unexpected places. )
Edwin confirma les pensées de la gitane en appuyant le fait que les chevaux étaient les meilleurs compagnons qui soient. Elle sourit. Ses bêtes étaient bien plus que de simples animaux à ses yeux, ils étaient dorénavant sa famille. Evidemment, il y avait aussi les filles du Golden Cat bien qu’elle les voit moins souvent. Mais suite à sa démission, elle avait préféré mettre le plus de distance entre ce lieu de débauche et elle afin de rompre l’image que les gens avaient d’elle.
Après un sifflement bref de la part d’Esmée, Inès arriva en sautant. Elle la caressa affectueusement, jusqu’à ce qu’elle se dirige vers l’inconnu. Elle le renifla et la brune ne put s’empêcher de sourire, amusée par la tête que tirait l’homme. Il n’était pas du tout en confiance ! Au pire, si Inès ne l’acceptait pas, il ne ferait que se récolter un bon coup de cornes, rien de bien méchant en soit. La chèvre décida qu’il était inoffensif et le délaissa pour rejoindre sa maîtresse. Elle s’installa dans un coin, s’allongeant sur le sol et se mit à les observer de son œil curieux.
Il lui expliqua que sa femme ne l’avait pas accompagné mais qu’ils s’écrivaient régulièrement. Esmée trouvait ça bien. Elle aussi, elle aurait apprécié avoir quelque avec qui correspondre… Seulement, elle était seule au monde depuis son arrivée sur le sol Américain.
Edwin finit par lui poser la question douloureuse. Elle lui offrit un pauvre sourire en baissant les yeux. D’une main distraite, elle vint caresser la tête de la chèvre qui se laissa faire.
— Non… Ils sont tous morts durant la traversée entre l’Europe et l’Amérique. Je suis la seule survivante.
Elle haussa les épaules à la fin. Elle s’était faite à cette idée. La solitude la dérangeait toujours mais au moins, elle avait appris à vivre avec. Le plus dur avait été pour l’enfant d’antan. Elle avait vécu dans la misère, seule, si jeune et sans personne pour l’aider parce qu’elle était trop différente et qu’elle ne parlais pas un mot de cette langue. Aujourd’hui c’était différent. Tout lui semblait bien plus facile.
— Mais ne vous inquiétez pas pour moi. Ne soyez pas triste non plus, je m’y suis faite. Et je ne désespère pas de fonder un jour ma propre famille vous savez !
Edwin s’en voulut profondément d’avoir posé la question, de s’être montré trop curieux. En vérité, il avait beau être lui-même loin de son pays, il avait beau avoir plus ou moins coupé contact avec sa famille d’origine, il n’avait pas vraiment idée de ce qu’était être seul au monde. Il admira cette jeune femme pour le courage qu’elle avait eu de changer seule de vie, partir si loin de chez elle et de survivre seule dans un monde loin d’être tendre. « Je suis d…désolée. » fut tout ce qu’il trouva à dire. Mais qu’aurait-il pu ajouter d’autre ? Chaque mot auquel il pensait lui semblait bien insignifiant comparé à ce qu’Esmeralda avait pu vivre au cours de cette traversée.
Il ne put s’empêcher de se demander quelles épreuves elle avait pu vivre pour en arriver là, aujourd’hui, seule sous cette tente. Bien plus certainement que lui, issu d’un milieu privilégié, qui n’avait jamais eu de sa vie à lutter pour gagner son pain. Il avait dû lui aussi s’adapter pour survivre, mais c’était d’une toute autre manière. Il ne put pourtant que sourire face à la résilience dont elle faisait preuve, et surtout en se remémorant la manière dont elle lui avait sauvé la mise un peu plus tôt dans la soirée. « Oh, je ne m’en fais pas pour v…vous. Vous me s…semblez tout à fait c…capable de vous débrouiller et de vous d…défendre. Le t…type du saloon n’avait aucune chance. »
Il fut attendri face au rêve qu’elle exprimait, celui d’avoir une famille. La similitude était si étrange. Lui-même l’avait toujours désiré, une famille bien différente de celle dans laquelle il était venu au monde. Malheureusement il savait avoir bien peu de chances que son rêve à lui se réalise. Carolina et lui menaient des vies séparées et il n’y avait aucune raison de penser que cela changerait à l’avenir. Leur relation était de plus totalement platonique, donc bien peu propice à la conception d’un enfant. Mais il espérait qu’Esmée aurait davantage de chance. Elle semblait déjà avoir reconstitué une sorte de famille avec la petite chèvre, qu’Edwin ne pouvait s’empêcher de surveiller du coin de l’oeil, un peu méfiant. « Je souhaite que c…cela vous arrive un jour. »
Cette soirée était une parenthèse hors du temps, une bulle réunissant deux êtres solitaires, l’espace de quelques heures. Ensuite, le monde extérieur pourrait de nouveau les submerger.