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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Tell me what to do | Irina & Mae
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Mer 3 Mar - 18:51


Tell me what to do
Mae Matthews feat @Irina N. Valanova  

Irina et Mae, c’est le genre d’entente improbable que personne ne comprend, mise à part les intéressées. Lorsque la Russe était arrivée avec eux (personne ne se souvient réellement comment), Mae s’était rapidement attachée à elle, et surtout à ses histoires. Irina Valanova avait l’affection du trio et pour Mae, il s’agissait de bien plus qu’une simple camarade d’infortune qui était là pour réaliser leurs rêves. Irina était une oreille très attentive, avec parfois de bons conseils. Il fallait évidemment faire du tri parmi toutes les informations qu’elle voulait bien donner, mais, si on lisait entre les lignes, Irina se révélait touchante. Derrière ses airs de grande dame et ses mensonges, se cachait une personne dont la loyauté dépassait tout. Mae ne lui confierait pas les commandes d’un braquage (l’issue serait bien trop incertaine.) mais elle a en elle une confiance quasiment aveugle. Et la confiance de Mae Matthews ne se gagne pas comme ça. D’un naturel méfiant, elle avait d’abord observé le fantasque personnage avant qu’elles ne s’apprivoisent mutuellement. Elles s’engueulent parfois oui, et très fort même, mais cela n’est jamais très long.

Cette nuit, pas d’histoires ou d’engueulades à l’horizon. Matthews n’arrive tout simplement pas à dormir, cherchant des solutions à ce qu’elle considère comme un problème : avoir couché avec les deux frères en peu de temps. Sur l’échelle de la connerie, elle se considère tout en haut sur ce coup-là. Avoir cédé en soit était déjà un problème, mais aux deux compliquait réellement les choses. Partagée dans un grand merdier de pensées contradictoires, Mae s’était rendue à l’évidence : elle devait en parler à Irina. Parce qu'Irina, elle trouve toujours les bons mots. Enfin pas toujours. Elle se souvient encore de la fois où elle lui avait dit que la vodka l’aiderait à mieux tirer, car elle avait des vertus pour les yeux. Mae avait été dubitative, mais elle avait tout de même essayé. Ce fut un échec. Fort heureusement, ce jour-là, elle n’avait blessé personne, elle voyait trop trouble pour cela de toute façon. Elle avait cependant extrêmement bien dormi. Les mains dans les poches de son manteau, elle avance dans la nuit noire, simplement guidée par le feu de camp. Mais elle connaît par cœur le chemin qui mène à la tente de la princessa. Alors, une fois devant, elle se met à parler à voix basse, pour ne pas réveiller Boris et se faire engueuler. L’enjeu est bien trop important pour se faire renvoyer chier. « Tu dors ? » Elle n’attend pas vraiment la réponse avant de passer la tête dans sa tente et d’en ressortir aussitôt. « Ah putain arrête de dormir nue, on est en plein hiver ! Couvre-toi ! » Rapidement, elle détourne la tête, cherchant en tâtonnant, un bras dans la tente donc, le manteau de la Russe pour lui donner. Mae n’a jamais compris cette manie qu’elle avait de dormir ainsi, surtout ici. Certes, Mae prend la tente d’Irina pour un moulin, mais tout de même, elle devrait s’attendre à la voir débarquer à n’importe quel moment. « J’arrive pas à dormir. » qu’Irina y arrive elle ? C’est bien le dernier de ses soucis.

« T’peux dire à Boris d’partir ? J’veux pas qu’il entende. » C’était devenu naturel pour Matthews d’inclure Boris avec Irina. Il faut dire qu’il la quittait rarement, alors elle l’avait accepté, sans le voir. Elle avait bien essayé au début de lui faire comprendre qu’il n’existait pas, mais la princessa refusait cette évidence. Alors, elle avait abandonné, s’adaptant à sa présence invisible. Mais à force, elle pouvait presque le sentir à côté d’elle ce foutu Boris. Dans un soupir, elle s’assoit à côté d’elle. « J’ai merdé. » Elle lève alors ses yeux sur elle avant d’enfouir sa tête dans ses mains, enfant qui vient avouer sa bêtise. « J’ai fait pire que l’bal. Y vont m’tuer. J’te jure j’exagère pas.»
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Irina N. Valanova
Irina N. Valanova
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Tell me what to do | Irina & Mae 6cl0
Age : 25 ans officiellement | 56 ans officieusement
Statut : Veuve. À moins qu'elle ait oublié son mari quelque part ? Ou bien qu'elle n'ait jamais été mariée ?
Job : Princesse, arnaqueuse, terroriste, comédienne, acrobate, danseuse étoile, peintre. Bref, tout ce qui l'arrange.
Habitation : À Moonstone Pound, dans une petite tente de fortune.
Disponibilité : Disponible [3/3]
Jeu 4 Mar - 22:41

Tell me what to do
@Mae Matthews et Irina N. Valanova
Cette nuit-là était une rareté chez les O'Reilly puisqu'elle était calme. Le manteau noir avait enveloppé le gang dans son lourd manteau noir et avait, de ses doigts maternels, fermés doucement leurs paupières. Un gros feu ronflait et laissait quelques bûches craquer. On chuchotait encore un peu - les derniers membres saouls, probablement - et les étoiles lointaines pulsaient fébrilement dans le dais tendu au-dessus de leurs têtes.

Au milieu de tout cela, la tente de la Princessa résonnait du sommeil doux et soyeux des justes.

Dans ses rêves, elle s'imaginait à bord d'une montgolfière. Elle avait rencontré les frères Montgolfier, en France, après le suicide de son deuxième mari. On l’avait retrouvé la tête coincée dans une grille d’arbre et l’affaire semblait si difficile à conclure accidentellement que l’on avait naturellement déterminé qu’il s’était infligé la sentence.
Quant aux frères Montgolfier, ils étaient deux chouettes gars à la tête caffie d'idées. Ensemble, ils avait testé un de leur prototype de ballon gonflable. Irina avait été invitée à bord car elle avait toujours été une bonne navigatrice dont l’extraordinaire sens de l’orientation lui valait bien des surnoms dont « La Boussole » ou encore « Le Compas ».  

Après s'être élevés à dix mètres du sol, la toile avait pris feu dans un gigantesque brasier orange. Alors, tous avaient chuté, direction le plancher des vaches.
Un des frères s'était cassé le bras droit dans sa réception malheureuse, l'autre la jambe gauche. Irina, quant à elle, s'en était sortie indemne, mais pas miraculeusement. En souvenir de ses années en tant qu'acrobrate dans un cirque roumain, elle avait bondit avant l'impact, fait une roulade avant impeccable et s'était relevée, les pieds joints et les bras tendus au milieu du champ en feu et des hurlements des Montgolfier.
D'ailleurs, la tournée du cirque 1879 en Suisse avait été un grand succès et un riche spectateur lui avait demandé de l’épouser. Alors elle avait -

Des feulements de chats sauvages lui firent ouvrir grand ses yeux verts. Puis, ils se turent subitement.

Immobile, en tenue d’Ève affalée sur son sac de couchage, Irina n’eut pas à attendre beaucoup avant que les deux animaux ne se remettent à cracher avec entrain. Boris lui, dormait toujours à poings fermés.

Sa main droite tâtonna dans l’obscurité jusqu’à son Colt avant qu’elle ne s’assied et pointe - un peu au hasard - son arme vers l’origine du bruit. Le fait que la toile de tente et la nuit lui bouchent la vue ne la préoccupait aucunement. Elle avait décidé que Dieu guiderait sa main.

Puis, elle reconnut vaguement la voix hérissée de Mae et celle toute aussi courroucée de Matthias.

« Ah, » lâcha-t-elle.

Maintenant, elle hésitait un peu à tirer.

Les voix redoublaient pourtant d’intensité, dans un vomi de paroles incompréhensibles. Irina ne douta pas une seule seconde qu’autour d’elle, plus personne ne dormait. Tous devaient avoir les yeux - et les oreilles - grands ouverts comme des chouettes en chasse.

« Fermez-la ! Ma parole un mot de plus et je vous plombe comme j’ai plombé le tsar de Russie ! »

Elle se recoucha parce que finalement, il n’y avait pas grand chose de plus à faire. Et comme d’habitude, elle replongea dans le sommeil aussi sec, comme une grosse pierre toucherait le fond d’un lac.



*



Une petite patte griffue gratta à sa porte - à sa bâche plutôt - et à nouveau, on l’extirpa de la langueur profitable de la nuit.

« Non, » grogna-t-elle à la question de Mae. « Quand je servais chez les allemands, on dormait que d’un oeil parce qu’une seconde d’inattention et pouvait se prendre une balle dans la tête de la part des ennemis et un petit oiseau dans les miches de la part des amis. On perd pas les bonnes habitudes. »

Mais à peine eut-elle le temps d’ouvrir une paupière molle que déjà l’arnaqueuse se frayait un chemin dans la tente et éructait de voir la russe nue. Irina ricana de son rire monosyllabique, toujours couchée sur le dos. Elle comprenait. Mae était sûrement jalouse. Après tout, elle était encore jeune et fraîche.

« Si t'es pas contente, t'as qu'à mettre un foulard. Ça changera des autres fois. »

Elle marqua une pause.

« Je parle du braquage, » rajouta-t-elle en croyant bon de spécifier le fond de sa pensée. « Tu sais que tu as tiré sur tout le monde. C’était marrant, ça. »

Pour la forme, elle enfila son manteau à l’envers pour que le dos de la fourrure lui couvre la poitrine. Elle n’avait pas froid. L’hiver, ça ? En Russie, c’était le printemps. Enfant, avec ses frères et soeurs, elle creusait des trous dans la glace et y plongeait pour se vivifier le sang et pêcher des saumons à main nue. Ça retardait la vieillesse. De plonger sous la glace, pas de pêcher les saumons.

Elle se tourna vers un Boris tout ensommeillé qui étouffa un bâillement dans sa manche.

« Allez Boris, tire-toi. C’est des histoires de filles. »

Il rouspéta un peu, mais finit par sortir par l’arrière de la tente en sautant à pieds joints dans son sac de couchage, comme une grosse chenille coincée dans un cocon.

Boris partit, Mae fit son entrée tout courbée avant de se laisser tomber à côté de la Princessa, penaude comme un chiot à qui on aurait refusé sa pâté quotidienne.

« Attends. Deux secondes. »

Irina se redressa et farfouilla dans les poches de sa fourrure avant d’en sortir une cigarette. Elle sortit dans la nuit, fesses à l’air. Sa peau blanche luisait comme un phasme longiligne dans l’obscurité. Elle alluma son tabac dans les flammes mourantes et s’épousseta un peu la plante des pieds avant de rentrer dans son antre.

« Attends, » répéta-t-elle en levant un index autoritaire, la cigarette au coin des lèvres.

À nouveau, elle retourna son bazar pour en sortir une bouteille au verre translucide qu’elle présenta à la jeune femme.

« Bois, c’est bon pour les yeux. »

Elle-même ne se gêna pas pour s’arroser l’avaloir avant d’avaler la fumée à grandes goulées.

« Alors quoi ? » lui demanda-t-elle de sa voix rauque de sommeil, de tabac et d’alcool. « Parle, parle. »



Irina N. Valanova
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Mar 9 Mar - 9:33


Tell me what to do
Mae Matthews feat @Irina N. Valanova  

Irina qui a servi chez les allemands. Encore une nouvelle histoire à ajouter aux milles et unes vies d’Irina Valanova. Mae la regarde interdite lorsqu’elle se moque d’elle concernant le visage découvert qu’elle a eu lors du bal de Silverstone. C’était devenu la boutade favorite de tout le campement. «Matthews, t’as pas oublié ton foulard cette fois ? », « Hé Matthews, on voit ta tête ! », « Hé Matthews, r’garde comme ils t’ont bien réussi sur les affiches ! ». Mae finissait toujours par s’énerver après deux ou trois remarques dans la même journée, et il ne valait mieux pas être dans les parages. Mais Irina, c’est différent. « Tu vas pas t’y mettre toi aussi ? ».

Lorsqu’Irina passe devant elle, Mae a la grande idée de la regarder, admirant toute la fraîcheur de son dos. La hors-la-loi ferme les yeux, se demandant si venir parler à une personne qui se promène les fesses à l’air en plein hiver est finalement une bonne idée. Pourtant, quand elle lui demande de parler, Matthews se sent déjà soulagée de partager son fardeau.

Elle pousse alors un long soupire, avalant quelques gorgées de vodka, plus pour endormir son esprit que pour la vue. Mais elle ne dit rien à ce sujet, ne souhaitant pas vexer Irina. A voix basse, elle commence alors son épopée. « Tu t’rendors pas hein ? » Mae n’aimerait pas que la princessa retombe dans les bras de Morphée pendant sa complainte. « Bon. » A nouveau, elle prend une inspiration, le cœur battant. « Irina ne faut rien qu’tu dises hein ? » Elle l’entend déjà lui dire parle, parle. « T’sais l’aut’ soir. ‘fin y’a un moment d’ça un peu avant Noël. J’voulais pas trop leur parler aux frères, j’t’avais dit, alors j’partais la journée. Un soir j’suis re’vnue, il était tard j’me suis dit qu’c’était bon qu’y seraient pas là. Et y’avait Kilian. » Elle regarde alors Irina lui reprenant la bouteille des mains, il va lui en falloir plus. Elle essuie alors quelques gouttes tombées sur son menton du revers de sa manche. « Et j’te jure j’lui ai pas parlé j’ai fait comme s’il existait pas ! J’ai pris mes couvertures, mon whisky et j’suis partie au bord du lac. J’me disais qu’il finirait bien par s’endormir. » Mae sort alors une cigarette qu’elle allume à l’aide d’une allumette, éclairant quelques instants son visage fatigué. « Mais lui, l’est v’nu ! Y m’a suivi ! J’voulais pas lui parler. Alors. » Elle se coupe pour boire à nouveau. « P’tin j’préfère l’whisky j’sais pas comment t’fais pour boire ça ! Bon, alors moi j’lui parle pas. Y m’dit ‘ouais Mae même s’tu parles pas j’reste’. Moi j’me dis ‘tain il commence à m’les briser pis t’sais j’oublie pas c’qui m’a dit avec son frère quand même. Et là y s’met à m’lancer des boules d’neige. » Elle ouvre grand ses yeux en hochant la tête d’un air grave. « Tu m’connais, j’me lève et j’lui en colle une, comme ça là. » La main de la hors-la-loi part dans le vide, laissant imaginer à Irina la présence invisible de Kilian. « Et j’lui dis qu’c’est pas comme ça qu’on s’excuse. J’ai eu raison hein ? Mais attend c’pas terminé ! » Non, Irina, ce n’est pas encore l’heure de dormir. Mae lève alors son index avant de continuer. « Et là ! Y s’excuse. Oui parce qu’avant j’lui dit qu’y faudrait s’mette à ma place un peu. Et attend l’pire est à v’nir. Y m’dit qu’il a eu peur que j’parte au bal et qu’il va changer. » La chaleur de l’alcool venant à chauffer son corps, Mae fume et continue de plus bel. « Mais moi j’veux pas qu’y change et j’lui dis. Et j’le r’garde. J’aurais jamais dû faire ça. Parce que ses yeux là … Putain d'Irlandais de merde !» Sans gêne aucun, elle s’allonge, laissant sa tête reposer sur les jambes de la Russe, croisant ses mains sur son ventre. « J’voyais qu’y s’en voulait et pis j’sais pas j’l’ai embrassé. » Mae frotte alors son visage avec ses mains, dans l’espoir de réveiller ses yeux qui s’endorment. « Et là tu vas m’dire qu’c’est pas grave. Mais j’ai fait pire ! » La jeune femme se redresse alors, buvant encore au goulot afin de faire passer tout ce qu’elle vient de dire. Mais aussi amorcer ce qui vient. « J’l’ai suivi dans sa tente. Et on a … ‘Fin tu vois quoi. » Pas besoin de lui faire un dessin. Le simple fait de raconter cette histoire vient réveiller les sentiments de Matthews, laissant ses yeux s’animer pour elle. « Et j’l’ai r’gardé dormir. » Un sourire idiot se dessine alors sur ses lèvres. « T’sais, il sourit quand il dort. » Mais elle se reprend, tirant sur sa cigarette, fronçant les sourcils. « Pis j’sais pas j’me suis dit qu’j’pouvais pas faire ça, qu’c’était mal et qu’j’pouvais pas mettre ça dans c’qu’on fait t’vois ? Alors j’l’ai laissé dormir avec son sourire là et j’suis partie. » Mae regarde alors Irina, les yeux prêts à inonder son visage, mais elle se reprend en avalant encore un peu de vodka, qui commence faire effet sur sa vue. Elle baisse encore le ton. « Mais j’ai fait pire. »
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Irina N. Valanova
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Tell me what to do | Irina & Mae 6cl0
Age : 25 ans officiellement | 56 ans officieusement
Statut : Veuve. À moins qu'elle ait oublié son mari quelque part ? Ou bien qu'elle n'ait jamais été mariée ?
Job : Princesse, arnaqueuse, terroriste, comédienne, acrobate, danseuse étoile, peintre. Bref, tout ce qui l'arrange.
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Ven 12 Mar - 20:27

Tell me what to do
@Mae Matthews et Irina N. Valanova
Irina, si elle savait parler, n’était pas pour autant étrangère à l’écoute et se révélait être - lorsqu’elle le voulait bien - une bonne oreille à qui se confier. Cela n’avait rien d’étonnant ; elle avait été, durant un bref moment de sa vie, une des patientes de ce cher Sigmund et avait ainsi appris de lui tout ce qu’il y avait à savoir sur le hochement de tête contemplatif et l’acquiescement muet.
Lui, par contre, ne causait pas beaucoup. Son accent autrichien la faisait rire lorsqu’il osait marmonner quelque chose et cela le vexait beaucoup.
Maintenant qu’elle y songeait, elle se revoyait encore nettement allongée sur le canapé rouge, sentir le velours caresser la base de sa nuque blonde tandis qu’elle jouait avec les boutons ronds de ses manches et que les mots se déversaient de sa bouche en une cascade ininterrompue de phrases alambiquées. Ses yeux grands ouverts fixaient alors le plafond pendant des heures et des heures, observant les ombres des feuillages déformés qu’étalait la course du soleil sur le riche dais d’acajou, tandis qu’il griffonnait avec une patience infinie dans son petit carnet de cuir noir jusqu’à ce que la nuit tombe et qu’il doive allumer sa lampe à huile pour poursuivre.
Et puis, un beau jour, sans lui dire ni au revoir, ni bonne route, ni merde, il n’avait plus voulu la recevoir en prétextant tout un tas de raisons ridicules. La russe en avait été profondément déçue (et en colère aussi) parce qu’elle aimait bien lui parler et surtout, elle aimait bien qu’on l’écoute enfin.

Puisque Mae se glissait dans sa peau de patiente, elle se glissa alors dans celle du psychanalyste. Elle se dandina dans son sac de couchage ouvert, tira sur son manteau mal enfilé comme un homme aurait tiré sur son veston de costume et réajusta sa cigarette - jouant ici le rôle du cigare, Sigmund en fumait beaucoup - avant d’envoyer une bouffée de fumée voler entre leurs deux visages. « Zut, j’ai pas de carnet… » s’agaça-t-elle.
Elle ferma les yeux et acquiesça, l’air grave, signe que la séance pouvait commencer.

« Admise dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront confiés, » récita-t-elle en toussotant, index en l’air. « J’ai prêté serment en 1876, à Rotterdam. Je dirai rien. Tu peux y aller et tenir le crachoir. »

Et Mae n’eut pas vraiment besoin d’être encouragée pour délier sa langue.

Rapidement, l’histoire se répandit dans l’espace confiné de la tente, rythmée par la voix chuchotante de la jeune femme, entre engloutissement de vodka et respirations nicotinées. La nuit avait ce pouvoir tout particulier, puisqu’on se distinguait à peine, d’inviter à la confidence sans craindre le jugement de l’autre. Au milieu des sons feutrés, on osait alors se dévoiler et se délester de ce que le jour laissait peser sur ses épaules. Car Irina l’avait bien remarqué, les émotions et les secrets appartenaient à la lune et ces précieux trésors, on ne les partageait pas avec n’importe qui. Ces conversations mettaient en lumière le meilleur et le pire, les plus grandes craintes, les regrets, les insécurités, les rêves et les fantasmes… Et trouver quelqu’un digne de partager ces mystères était une intimité que la confiance seule autorisait. Alors, Irina se sentit très fière, mais également investit de la mission divine d’être celle sur qui Mae pouvait compter. Ce costume là, elle n’avait même pas besoin de l’enfiler.

La russe fronça les sourcils et plissa des paupières et mit un point d’honneur à hocher la tête, concernée, à chacune des phrases de Mae. Sigmund gardait toujours un air oscillant entre la neutralité et la concentration lorsqu’elle lui parlait, aussi en fit-elle de même face à la voleuse.

« Mh, mh, » ponctuait-elle par moment le récit de la jeune femme.

Cette dernière finit par poser sa tête brune sur ses genoux. Et Irina oublia sa peau de scientifique. Sa main blanche, luisant comme une étoile dans la pénombre, vint caresser ce front constellé de soucis, dans l’espoir que sa paume tiède puisse en chasser les ennuis et lisser les tracas. Elle se souvenait… Oui, elle se souvenait avoir effleuré ainsi une chevelure… une chevelure blonde. Elle se souvenait avoir observé les yeux mi-clos de celle qui s’assoupissait sur ses jambes sans parvenir à voir ses yeux verts que ses paupières protégeaient des regards inquisiteurs. Elle se souvenait avoir acquiescé, là aussi, à mesure que les mots trébuchaient au-delà de ses lèvres roses. Et de l’amour qui gonflait sa poitrine. Mais son visage était flou.
En réalité, tout était mélangé en un malstrom de couleurs passées, aux coups de pinceaux à la vivacité aléatoire. Bientôt, il n’y eut plus qu’elle de stable et de déterminée au milieu du chaos de sa mémoire et elle éprouva la désagréable sensation de se noyer.

Mae se redressa subitement, agitée, et le charme fut rompu. Irina cligna des paupières pour chasser les derniers haillons du passé qui lui voilait la vue. Plus d’yeux verts et de cheveux couleur de tournesol, mais deux iris noires et luisantes et une tignasse échevelée à peine plus claire que de l’onyx.

« Mh, mh, » compléta-t-elle à sa révélation du péché de chair pour lui signifier que oui, elle voyait ce dont elle voulait parler.

Vraiment, elle ne voyait pas ce qu’il y avait de dramatique. Dans les petits encarts de rédactions romantiques qu’elle aimait lire dans les journaux, le scénario qu’elle lui dévoilait était un grand classique. D’ailleurs, Kilian comme Mae étaient libres de faire comme bon leur chantait.

Elle secoua la tête en tirant sur sa cigarette en voyant que la jeune femme avait les yeux noyés de larmes.

« Oh là, oh là, mais allons bon, » la rassura-t-elle en tapotant le dessus de son crâne comme on aurait tapoté la tête d’un chat. « Il faut pas pleurer, jolie Mae, ça rend laide… Enfin toi, il te faudrait beaucoup de larmes quand même. Mais enfin, pleure si tu as envie, tu pisseras moins. Il faut pas se gêner devant moi, tu le sais peut-être pas, mais j’en ai vu d’autres, hein. »

Dans un geste presque maternel, elle chassa ses mèches aux reflets bleus de nuit collées sur ses joues et les rangea sagement derrière ses épaules.

« Allez, dis moi tout, ma petite Tatare. Tu le savais ça, que tu ressemblais à ma copine Yulia ? Je te l’avais jamais dit ? Elle avait les mêmes yeux que toi. »

La pauvre Yulia s’était perdue dans la montagne avec son troupeau de chèvres et on avait retrouvé son corps trois semaines plus tard, à moitié mangé par les ours, mais il semblait à Irina que ce n’était pas le moment de parler de ça.

« Moi je trouve pas ça pire que le bal pour le moment, » lui dit-elle en haussant les épaules. « Quand même, avec le bal, tu en as envoyés quelques-uns manger les pissenlits par la racine. »



Irina N. Valanova
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Lun 15 Mar - 21:37


Tell me what to do
Mae Matthews feat @Irina N. Valanova  

Elle a prêté serment à Rotterdam ? Mais qu’est-ce qu’elle raconte encore comme connerie ? Matthews a envie de rire, mais elle se retient, attendrie par les yeux rieurs de la Princessa. « J’pleure pas c’est la fumée du tabac. » Et oui, même dans un moment comme celui-ci, la mauvaise foi de la hors-la-loi prend le pas sur tout le reste. Non, Mae Matthews ne pleure pas. Enfin, presque pas. « C’est qu’ça pique là. C’est qui ça encore Yulia ?». Mae frotte alors ses yeux, reniflant fortement afin de reprendre ses esprits. Plus ou moins. Moins que plus. Irina Valanova lui parle de tellement de monde qu’elle n’a pas assez de place dans sa tête pour les retenir. « Une amie de Boris ? » A nouveau, elle boit à la bouteille, la gorge anesthésiée par la vodka. Puis elle soupire, repose la bouteille entre ses jambes. Elle regarde alors le tissu de la tente se mouvoir sous la lumière des flammes du feu de camp. Étrangement, elle trouve cela presque réconfortant, laissant une douce chaleur apaiser son corps. « Arrête avec c’bal j’ai pas dû en tuer tant qu’ça vu comme j’sais tirer. J’suis sûre qu’ils me r’mettent tout sur l’dos parce que ça les arrange. Ah mais oui allons-y ! J’ai bon dos hein ?! » Pour un peu, elle s’énerverait. C’est vrai ça, on dit que c’est elle, mais les morts ne parlent pas. Ils ne pourront pas la défendre et dire que c’est une balle des forces du shérif qui les ont tués. Elle sourit alors. « J’vise que les bourgeois. »

Mais la princessa n’est pas convaincue, et ne semble pas même choquée de ce qui lui annonce Mae. Comme si elle avait déjà pu le deviner. Alors, elle continue. « Tu sais l’aut’ soir avec le croquemort ça a gueulé. » Et pas qu’un peu, ils ont dû réveiller tout le camp. « En fait au début, on discutait. » Elle fronce un instant les sourcils, regardant Irina. « Tu sais qu’sa mère, elle a été pendue ? Elle l’avait abandonné dans les ordures. Comme quoi … Elle l’avait déposé au bon endroit avant d’clamser. » Elle rit, sachant pertinemment que Maxence lui avait confié quelque chose de sa vie, chose qu’il faisait rarement. Mais Mae était tellement obnubilée dans sa grande soif de vengeance (qui ne lui sert à rien si ce n’est rejeter la faute de ses tourments sur quelqu’un. Maxence fait parfaitement l’affaire.) qu’elle divulguait consciencieusement cette information à la bonne personne. « Ça, tu peux l’dire, ça fait pas partie du secret. » Oh oui, Irina, répand cette douce rumeur qui dira que Maxence Burke est né dans les ordures. Tirant sur sa cigarette, elle reprend le cours de son récit. « Bon, tu sais comment c’est, il a trop parlé. Et là, il m’dit quoi ? » Hé oui Mae, on aimerait bien savoir. « Qu’il veut pas qu’j’lui fasse un trou comme Baxter. Parce que j’l’ai pointé avec mon colt un peu, mais c’était pas méchant. Et j’lui dis ‘C’est qui c’cousin encore ?’ et il m’dit ‘Bah non Baxter c’est Hannah, il t’en a pas parlé Kilian ?’ Et là, même si j’avais un bon l’vé d’coude j’pouvais réfléchir encore. Du coup j’me d’mande pourquoi il m’en a pas parlé Kilian. » Elle se permet d’ajouter ce qu’elle voit comme une évidence. « Parce que Kilian, il m’dit tout. Enfin j’pensais. Tu vas voir à la fin qu’j’suis bien qu’une conne. Et ça il m’la pas dit. Et j’vois qu’sa tête elle change. Et j’comprends qu’y’a un truc avec cette Hannah.» Reprenant un peu du contenu de la bouteille, Matthews écrase sa cigarette dans la tente de la Russe. « Et là j’sais pas j’me suis dis qu’fallait qu’j’me venge. Parce que … Parce que ça s’fait pas c’qui m’a fait on est d’accord ? … Et là, j’ai embrassé l’croquemort. Rapidement parce qu’après j’ai rendu tout mon r’pas et la moitié d’la bouteille qu’j’avais avalé. Et là j’me dis qu’j’ai eu chaud parce que Maxence quand même … » Une grimace vient fendre le visage de Mae, chassant l’image du fond de sa tête. « Et j’lui d’mande de m’dire qui c’est Hannah Baxter. Et c’t’idiot là il s’jette sur moi ! Comme ça ! » A ces mots, elle prend Irina par la taille et la renverse, avant de se rasseoir. « Et il m’disait qu’il m’aimait ou j’sais pas quoi. Bon j’te la fais courte mais j’ai réussi à m’dégager et là j’lui hurle d’ssus et il s’met à brailler, ça t’as dû l’entendre. Et là … là … » Et là elle pleure. « Il m’dit que Kilian il pense que j’ai une sale gueule de fouine et une voix nasillarde et qu’il va voir cette connasse de Baxter de grosse merde parce qu’il en a marre de moi ! » Elle souffle entre deux sanglots. Il est important de rappeler que cette femme qui se tient assise dans une tente, bouteille de vodka à la main a trente ans. « Moi ? J’l’agace ? Alors qu’une semaine avant il m’disait qu’il était prêt à changer ? » Les feux de l’amour à côté, c’est rien. « J’savais qu’j’devais pas lui céder d’toute façon. J’aurais jamais dû rev’nir. Mais après ça, j’ai vu rouge, j’pensais plus comme il faut. Donc, le lendemain j’vais réveiller Kilian et on va chez Baxter. » Elle soupire en essuyant ses larmes. « J’aurais jamais dû faire ça. Lui f’sait pas l’malin là-bas. Mais elle … Elle a accepté d’faire un braquage avec nous. » Matthews s’allume alors à nouveau une cigarette. « T’aurais fait quoi toi ? Tu trouves qu’j’ai une gueule de fouine et une voix nasillarde ? » C’est que ça la tracasse beaucoup tout ça.
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Irina N. Valanova
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Job : Princesse, arnaqueuse, terroriste, comédienne, acrobate, danseuse étoile, peintre. Bref, tout ce qui l'arrange.
Habitation : À Moonstone Pound, dans une petite tente de fortune.
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Sam 20 Mar - 0:59

Tell me what to do
@Mae Matthews et Irina N. Valanova
Les yeux embués de larmes de Mae brillaient comme deux perles noires dans la pénombre. Les braises rougeoyantes de sa cigarette les faisaient luire d’un faible éclat cramoisi qui aurait pu rappeler un début d’incendie timide et un peu maladroit, mais qui ne tarderait pas à devenir exalté. Et comme les plus beaux joyaux, ces yeux, ils étaient sûrement maudits puisqu’ils semblaient si bien ensorceler quiconque osait les convoiter.
Irina se rappelait d’un diamant qu’elle avait vu en Angleterre. Précieux et brillant comme les iris de la jolie voleuse. Un bijoutier lui en avait fait cadeau, époustouflé par sa grâce et sa beauté. La Princessa se doutait qu’il était alors un peu amoureux et avait largement profité de ses inclinaisons à son égard pour rafler diadèmes, rubis et diamants (c’est qu’il fallait payer son futur voyage en Espagne). Il lui avait bien dit que le diamant cobalt avait été embrassé par le diable et qu’il ne provoquait que malheur et désespoir partout où il se trouvait. Mais enfin, elle le disait assez souvent, Irina en avait vu d’autres.
Ce n’est que lorsqu’elle se fit rouler dessus par un carrosse à Londres (elle avait longtemps gardé les bleus provoqués par les fers à cheval, les percherons pesaient leur poids), mordre par un phoque enragé à Brighton (il faisait grand beau ce jour-là et elle s’était décidée pour un petit plongeon matinal) et tirer dessus lors d’une chasse à cour à Plymouth (son coeur était du côté droit, un coup de chance lui avait dit le médecin) qu’elle avait fini par se poser des questions sur le cadeau de l’artisan. Finalement, elle l’avait revendu à bon prix à un courtier américain dont le bateau, le Titan, avait coulé au Nord de l’Atlantique. Pauvre type.

Pourtant, le feu destructeur lové au creux des prunelles de la brune ne prit jamais et sa colère teintée de tristesse s’étiola à mesure qu’une risette discrète pointait sur le bout de ses lèvres. Avec le revers de la manche poilue de sa veste, la comtesse essuya les petites joues rondes de la jeune femme.

« Et voilà, et voilà, » chantonna-t-elle doucement. « Les malheurs s’en vont loin, loin, loin. »

La russe secoua la tête aux questions sur Yulia.

« Mais non, tu m’écoutes pas. Yulia, c’était une copine à moi. Avec Boris ils s’entendaient pas vraiment. Enfin, ça peut se comprendre, il a essayé de manger une de ses chèvres. Mais c’est qu’il fait froid dans l’Oural en hiver en qu’on avait pas mangé depuis une semaine alors… Il a aussi essayé de croquer les orteils que j’ai perdu dans la neige. Ah ah, je te jure qu’est-ce qu’on a pu rigoler. »

Les lèvres soudées au goulot pour empêtrer son flot de parole, c’était désormais un flot de vodka (ou bien d’alcool à quatre-vingt dix, elle n’aurait su dire avec exactitude) que la russe accueillait sur sa langue. Mae s’agitait à nouveau, le feu ayant reprit sur son visage encore un peu brouillé de larmes. La Princessa haussa les épaules et attendit de finir sa longue gorgée avant de reprendre.

« Ça va, ça va. Moi je disais ça comme un compliment, » lâcha-t-elle à propos du bal en rendant la bouteille à Mae.

Cette dernière n’en avait visiblement pas fini avec la russe puisqu’elle reprit de plus belle. « Et après c’est à moi qu’on dit que je parle trop, » songea-t-elle en tirant sur sa cigarette.

« Ah bah, ça alors, la coïncidence dis. Moi aussi on m’a pendue, tiens. Mais alors j’ai abandonné personne dans les ordures, » ajouta-t-elle, songeuse.

« Enfin, je crois, » aurait-elle pu rajouter. Elle enfouit un peu son menton dans le col en vison de son manteau. Cacher sa cicatrice était devenue une habitude dont elle ne parvenait plus à tracer ni l’origine, ni les motivations profondes. Elle n’aimait tout simplement pas qu’on la voit.
Crac.
Il y avait eu le son déchirant de la trappe qui s’ouvrait et le monde avait disparu sous ses pieds. Puis, un silence de mort.
Encore aujourd’hui, elle se rappelait de la brûlure de la corde contre sa peau, de cette corde qui se tordait sur elle-même pour enlacer sa nuque. De sa gorge compressée qui l’asphyxiait. De ses mains qui, attachées dans son dos, griffaient désespérément ses bras pour tenter de se libérer. De son corps qui se tortillait comme celui d’une poupée de chiffon. De ses jambes qui battaient l’air, ses muscles répondant à des pulsions de survie bestiales. De sa bouche grande ouverte en quête d’un souffle. De ses pensées qui s’entremêlaient avant de lentement s’obscurcir. « Ala, sacré filet, » soupira-t-elle. Les pêcheurs avaient été bien surpris de la remonter au même titre qu’un espadon et qu’une tripotée de rougets. Parce que finalement, elle n’était plus vraiment sûre de cette histoire de potence.

« Ew, » grimaça-t-elle en tirant la langue, plus pour l’aveu du baiser que pour la galette de Mae.

Elle rit un peu lorsque la petite voleuse la renversa en arrière, allant même jusqu’à poser le dos de sa main sur son front dans une pose dramatique qu’elle affectionnait particulièrement.
Mais son gloussement mourut lorsque Mae se mit à pleurer pour de bon. De la voir si malheureuse lui fendait le coeur. « La pauvre, elle est complètement perdue. » Heureusement, elle s’était tournée vers la bonne personne pour la guider.

Pensive, Irina hocha la tête, la mine sérieuse, tandis que sa cigarette s’évaporait en fumée odorante jusqu’à la toile de tente. La main en l’air, elle la laissa reposer un peu trop près de la bâche qui se troua avec un « pshit » discret.

Puis, elle leva un index.

« Alors moi déjà, je coucherai jamais avec Kilian. Il est vieux et pas assez riche. Et de deux, » elle ajouta son majeur. « N’écoute pas Maxim. T’es mignonne comme un petit pelmeni et ta voix, elle est nasillarde que quand tu pleures. Bien sûr que tu as bien fait de revenir. »

Comme ça commençait à sentir le roussi et que le cercle cramoisi de son rond de cigarette commençait à grignoter la bâche de mieux en mieux, elle s’humidifia l’index et le pouce et empêcha l’incendie de prendre. Ce n’était pas plus mal, ce trou, finalement. Elle pourrait regarder les étoiles en s’endormant maintenant sans avoir à mettre la tête dehors.

« Mais ce que je comprends pas et il va falloir m’expliquer, c’est pourquoi tu t’es vengée comme ça ? Tu es jalouse ? »

De Sigmund, Irina avait beaucoup appris. Des fictions romantiques dans les journaux, elle en avait appris encore plus. Alors, lorsqu’une tragédie amoureuse se déroulait juste sous son nez, elle était persuadée d’avoir toutes les cartes en mains pour y répondre.

« Tiens, tu as un peu de morve là, » lui indiqua-t-elle en pointant ses propres narines.



Irina N. Valanova
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Jeu 25 Mar - 15:25


Tell me what to do
Mae Matthews feat @Irina N. Valanova  

Les gestes d’Irina apportent à la jeune femme ce qu’elle était venue chercher. Une oreille attentive et maternelle. Bien qu’Irina soit plus jeune, il ne faut pas l’oublier, cela risquerait de la vexer. La Russe arrive même à lui tirer un léger rire lorsqu’elle lui raconte l’histoire de Yulia. Mae est persuadée qu’elle n’avait jamais entendu cette histoire, encore une. Mae écoute attentivement Irina, jetant un œil distrait à son ouverture sur le ciel. La vodka vient chuchoter à ses oreilles des mélodies lointaines, elle abdique alors en laissant son corps flotter dans les affres de la nuit. Mais d’un coup, elle se met à rire aux dires d’Irina. « Mais en même temps, imagine tu t’retrouves enceinte et en plus ton fils c’est l’croquemort ! Y’a d’quoi vouloir le mettre dans les ordures ! » Bon, dans quelques semaines, ou mois, Matthews passera à autre chose et acceptera à nouveau Maxence Burke dans son cercle, mais présentement, ce n’est absolument pas dans ses projets et elle lui voue une haine sans fin. Elle s’abaisse alors à ce niveau du ‘’de toute façon papa et maman ils t’ont adopté’’ et se vautre dans la méchanceté. Mais il l’a bien mérité. Elle frissonne alors de dégoût, la scène de cette soirée qu’elle aimerait oublier revenant à sa mémoire, affichant une moue écœurée. « Ah, quand j’repense qu’il a cru qu’je … » Mae secoue alors la tête, avalant une bonne rasade pour oublier tout ça. Les malheurs s’en vont loin, loin avec de la vodka, elle a bien raison Irina. Portée par la boisson, elle sourit en coin lorsque la hors-la-loi évoque le cadet. « T’as tort, il est p’têt pas riche mais en tout cas il … » Non Mae, stop. Elle se racle alors la gorge, enchaînant sur autre chose.

« Mais c’pas Maxence l’problème. C’est Kilian qui pense ça d’moi, sinon y m’l’aurait pas dit l’autre imbécile. Tu sais, ça fait comme quand on t'dit qu't'es une menteuse. Enfin, j'ai pas envie d'le tuer non plus. Mais tu vois. » Un instant, elle enfouit son visage entre ses mains avant de s’entourer des bras de la Princessa. « J’suis vraiment la dernière des connes. » Elle aime bien être contre elle, son manteau est tout doux, elle se permet alors de lui dire tout en caressant son bras. « C’est vraiment doux ça, t’as bien fait d’le prendre. ». Elle la revoit encore revenir victorieuse avec son manteau, se pavanant devant tous les autres. Irina est un sacré personnage qui apporte chaque jour un peu plus de couleur au tableau des O’Reilly. La vie ne serait pas la même sans elle. Mae s’est d’ailleurs très vite attachée à elle et cède à toutes ses frasques. Il n’y a rien qu’elle puisse lui refuser.

Mae fouille alors dans la poche de son manteau, ressortant un vieux mouchoir qu’elle frotte contre son nez pour ensuite essuyer les larmes qui ont inondé son visage. « Mais non, j’suis pas jalouse. » Ses yeux viennent trahir les paroles de la hors-la-loi alors qu’elle fixe le trou béant fait dans la tente sur les étoiles. Évidemment qu’elle a été jalouse et qu’elle l’est encore. La simple idée de croiser à nouveau Hannah Baxter la rempli d’une rancœur qu’elle n’arrive pas à contrôler. Véritable sérum de vérité qui commence à couler dans ses veines, Matthews pose la bouteille à côté d’elle en baissant les yeux dans un soupir. « Egoïste p’têtre. » Mal à l’aise, elle commence à se mordre la joue tout en emmêlant un fil qui dépasse de sa jupe autour de son index. « J’pensais juste être la seule. » La bouteille ne sera pas restée longtemps seule, Mae la prend à nouveau entre ses mains pour la vider un peu plus. Un sourire vient se loger sur le coin de ses lèvres, rapidement effacé par ses pensées qu’elle délivre maintenant de son esprit. « Mais j’suis mal placée pour lui d’mander ça. » Blottie contre la Russe, elle hausse les épaules en pensant que, de toute façon, elle ne maîtrise plus rien à ce stade. Et pour quelqu’un qui aime quand tout va comme elle le veut, c’est assez compliqué. « Puis tu sais moi j’y connais rien à tout ça. Braquer une banque c’plus facile. »

Le silence s’installe et les bruits de la nuit envahissent la petite tente de fortune. À côté, elles peuvent entendre les ronflements de King, encore une fois vaincu par le gin. Pauvre homme, il faudra s’occuper de son cas un jour, il passe plus de temps à vider les bouteilles qu’à profiter de la journée. Une chose est certaine, elle préfère avoir sa tente loin de tout ça. Mais alors qu’elle reste dans les bras de la Russe elle se met à chuchoter à nouveau dans un dernier aveu (mais non des moindre). « J’ai fait pareil avec l’autre.»
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Irina N. Valanova
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Ven 26 Mar - 23:58

Tell me what to do
@Mae Matthews et Irina N. Valanova
Les bras d’Irina se refermèrent dans le dos de Mae pour l’attirer dans une étreinte maternelle. La Princessa posa son menton sur la tête brune et, du plat de la paume, vint caresser la tignasse emmêlée de la jeune femme. Elle sentait la fumée, la cendre et l’alcool et dans l’obscurité, cette odeur capiteuse lui enflait d’autant plus les narines. Elle enfouit son visage dans ses doigts, dissimulant aux yeux réifiant cette intériorité bousculée par l’égoïsme propre aux premiers émois. Sa tête tourmentée vint s’échouer sur la poitrine de la russe comme un naufragé hagard trouvant une terre ferme et stable pendant la tempête.
Depuis longtemps maintenant, Irina était une île déserte où la jungle dense de ses souvenirs empêchait quiconque de s’approcher de trop, même lorsque l’on venait de loin et que, du large, la berge avait des allures de terre salvatrice. Le pied posé dans le sable, on s’effrayait alors de la faune et de la flore endémique et on préférait tourner les talons en se moquant qu’un aloès n’avait rien à faire à côté d’un laurier rose. Ce n’était pourtant pas faute d’essayer d’attirer l’attention à coup de pollens sucrés et de papillons colorés. Mais lorsqu’elle sentait qu’ils étaient près, dangereusement près, Irina s’enfonçait un peu plus dans la forêt, craintive sans s’en rendre compte, multipliant les chimères pour noyer le poisson. De peur, peut-être, qu’ils ne découvrent la vérité. Et qu’elle aussi, d’ailleurs.
 
Pourtant, Mae avait trouvé la plage et s’était joyeusement engouffrée dans le labyrinthe verdâtre. Et elle ne s’était ni rit de ses extravagances, ni affolée de ses périls. Elle s’émerveillait de la nature luxuriante, riait parfois aux bouffonneries d’un singe et s’attendrissait devant cette famille de marmotte nichant sous un baobab. Et la comtesse la laissait s’approcher, les carreaux voilés de ses yeux s’éclaircissant pour la première fois en croyant reconnaître une figure, une silhouette, une allure.
Alors, si Mae le souhaitait, Irina serait son île. Son exil. Et il ne lui arriverait jamais rien puisqu’elle y veillerait comme la lune sur l’océan.
 
L’amour d’une mère était un amour que nul ne pouvait oublier, pas même la comtesse qui, si elle n’était plus capable de l’exprimer clairement avec des mots, gardait les gestes instinctifs dont elle avait autrefois bercé ses enfants, chassés leurs cauchemars et lissés leur visage pour faire disparaître les larmes. Ce pain merveilleux, Irina pouvait le partager, le multiplier et le servir en part égale à Sean, Kilian et Mae. Et chacun aurait sa part et tous l’aurait toute entière.
 
Néanmoins, l’arnaqueuse se trompait sur un point : Irina n’avait jamais tort. Et Mae dut s’en rendre compte puisque sa phrase resta suspendue en l’air, perdue dans la nuit et la fumée de cigarette. Elle n’avait pas de justification, naturellement, puisqu’il n’en existait aucune.
 
« C’est qui ça, Maxence ? Je le connais ? » demanda-t-elle en tapotant le dos de la jeune femme.
 
Voilà que la vodka la faisait déjà divaguer. C’était ce qu’il y avait de terrible lorsque l’on prenait de l’âge, on perdait certes de sa fraîcheur, mais également de sa robustesse et les genoux se ployaient alors plus facilement face à la pomme de terre macérée. Par bonheur génétique, Irina avait eu la chance d’hériter d’une constitution de russe solide et d’une jeunesse à toute épreuve : elle avait vingt-cinq ans, mais elle en paraissait dix-huit et tenait les spiritueux comme personne.
 
« Mais personne dit que je suis une menteuse, Mae ! Où est-ce que tu vas chercher ça ? » rit-elle joyeusement en écrasant sa cigarette dans la terre froide. « Enfin, plus personne, » ajouta-t-elle plus bas. « Sauf si tu as entendu d’entre vilaines messes-basses ? Si oui, il faut me raconter. Promis, je dirai rien. »
 
Dire, non. Faire, en revanche… Personne ne se rappelait plus d’où avait été enterré le corps de celui qui avait osé la contredire sur ses histoires. Et elle non plus, d’ailleurs.
 
Mais elle fut coupée court dans ses élucubrations mentales puisqu’elle assistait, impuissante, au frottage de la truffe gluante de Mae sur son vison tandis qu’elle promenait ses doigts sur la fourrure, l’oeil un peu vitreux et le regard dans le vague, de la vodka plein les veines.
 
« Doux et plein de morve, maintenant. Mais je te le prêterai pas, il est à moi. »

Le poids de la tête de Mae s’effaça de sa poitrine pour aller renifler dans un mouchoir un peu sale et Irina se fit la promesse de lui laver cette immondice dès le lendemain. La loque avait sûrement traîné partout sur le camp et devait renfermer entre deux plis de dentelles toutes les maladies de l’Ancien et du Nouveau Monde. Un peu comme les prostituées de l’Open Purse. Et Irina avait vu des gens mourir pour bien moins qu’un bout de tissu répugnant. « Pauvre Ulrich, » songea-t-elle alors en se remémorant un camarade prusse. « Mort sur le trône à cause d’un poulet pas assez cuit. C'est pas de chance. » Elle-même en avait mangé, dudit poulet, mais rappelez-vous, elle était de robuste constitution et ce qu’elle pouvait digérer, les autres mortels en étaient bien souvent incapables et ce détail, elle avait tendance à l’oublier.

Ses sourcils vinrent tutoyer l’implantation de ses cheveux lorsque Mae se défendit d’une voix encore pleine de sanglots qu’elle n’était pas jalouse. « Et après, c’est à moi qu’on dit que je mens. »

« Mh, mh, » marmonna-t-elle d’une voix qui disait qu’elle ne la lui ferait pas. « Et moi je suis la tsarina de toutes les Russie. »

Et en disant cela, elle se rappela que peut-être, en effet, elle l’était. « Ça pourrait expliquer pourquoi je connais si bien le palais de Tsarskoïe Selo… » Elle resta un instant troublée avant de hausser les épaules, une moue dubitative sur les lèvres, puis envoya le fond de la bouteille baigner sa glotte.

« Moi tu sais, je suis jeune, mais des maris, j’en ai eu sept. Et je lis beaucoup. »

Elle tapota sur sa pile de journaux où elle prenait toujours grand soin de découper les petits encarts de nouvelles à l’eau de rose qu’elle conservait ensuite jalousement dans une sacoche pleine à craquer.

« Alors je m’y connais bien. »

La dernière révélation de Mae s’accompagna d’un léger flottement mêlée de pénombre puisque les cigarettes avaient été éteintes et qu’à l’entrée de la tente, le feu agonisait dans l’indifférence générale. Une bûche éclata. Une chouette hulula.

« Attends, » s’ébroua-t-elle et se dépêtrant dans son long manteau. « T’endors pas, hein. Et ferme les yeux si tu veux pas voir la lune. »

La mante-religieuse (elle avait tout de même enterré sept époux) à moitié nue se glissa en dehors de la bâche pour aller farfouiller dans la mâle devant ses appartements. Les bouteilles s’entrechoquèrent et la nuit était si paisible que ce simple son eut des allures de tonnerre. Autour d’elle, le gang ronflait à l’unisson en une mélopée paisible et cela plaisait beaucoup à la russe de se les imaginer tous bien blottis dans leur sac de couchage, au chaud et en sécurité.

Elle revint, victorieuse, une bouteille de vin rouge sous le coude, puis elle se laissa tomber de tout son poids à côté de Mae.

« Bon, ça va pas être le meilleur, » lâcha-t-elle en faisant mine de lire l’étiquette alors qu’elle n’y voyait rien. « Mais ça ira très bien pour ce que tu as. Un jour je t’emmènerai en France pour que tu en goûtes du bon. On ira chez mon copain Hervé, à Nice. C’est un chanteur d’opéra. Si tu savais le coffre qu’il a. Une fois il a réussi à casser douze verres en tenant une note. Je te jure, c’est quelque chose Hervé quand il chante. »

La bouteille libérée du liège, elle la tendit à sa confidente nocturne.

« Bon alors qui ça l’autre ? »



Irina N. Valanova
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Lun 5 Avr - 12:05


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Mae Matthews feat @Irina N. Valanova  

« Irina ! Maxence, le croquemort ! Tu sais l’grand rouquin qui passe sa vie ici. » Un peu trop d’ailleurs. Si Maxence est considéré comme un membre de la grande famille qu’ils représentent, Mae ne supporte plus de le voir constamment dans les parages ces derniers temps. Cela est certainement dû au fait qu’il en sait un peu trop sur sa situation. Ou justement pas assez, et il se permet tout et n’importe quoi. Même de l’embrasser et lui dire ce qu’elle ne veut pas entendre. Matthews accompagne ses mots de gestes grandiloquents, imitation ratée de Burke. « Il est là qui furète dans tous les sens au lieu d’s’occuper d’ses morts. » Marmonnant, elle se tourne alors contre la Russe, profitant encore un peu plus de la douceur de son manteau. « J’l’aime pas. Il est incapable de t’nir sa langue. Faudrait lui couper. »

Mais Mae parle trop, lorsque la Princessa rit, Mae ouvre grand les yeux, consciente qu’elle a dit ce qu’il ne fallait pas. Hé merde. Elle rit, en chœur avec elle, cachant l’évidence en noyant le poisson. « Mais oui, oui, personne dit ça ! Enfin … T’sais quand l’autre t’avait dit ça, qu’tu lui as mis une balle entre les yeux. » Elle s’en souvient encore oui. Ils étaient tous autour du feu, en train de manger leur repas et puis d’un coup, cet homme dont elle ne se souvient plus le nom (c’était en Louisiane, il y a longtemps) se met à dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Mae avait bien essayé de lui faire signe d’arrêter (c’est qu’elle l’avait elle-même recruté, et c’était un bon élément, assez loyal.) mais il n’avait pas compris et avait continué sa diatribe contre la Russe. Irina s’était simplement levée et lui avait fait exploser la cervelle avant de se rasseoir pour terminer son repas. Plus personne n’avait osé rien dire. Pour une fois, le repas avait été très calme. « Oh mais non, mais … ! » Mae ferme les yeux quand Valanova se lève à nouveau, allant farfouiller dans une malle à la recherche d’une bouteille. Il faut vraiment qu’elle mette quelque chose sur elle pour dormir. Mais comme elle ramène à boire, elle ne lui en tient pas rigueur très longtemps. « Sept maris ? J’espère pour toi qu’ils étaient riches au moins. »

Elle sourit alors, écoutant ses élucubrations sur la France et cet ami chanteur. Un éclair de lucidité vient alors ancrer Matthews dans la réalité. Un léger trait vient étirer ses lèvres envers Irina, presque désolée, elle lui répond. « On ira pas en France, on nous aura tuées avant va. » Un instant, elle cache la mélancolie de ses yeux dans l’obscurité, regardant le ciel étoilé à travers l’ouverture faite par la Russe quelques minutes auparavant. Ce n’est pas qu’elle n’y croit pas à tout ce qu’ils font, mais Mae reste réaliste, beaucoup ne se verront pas vieillir.  « Et crois-moi, cette fois ci, tu s’ras pas sauvée d’l’a pendaison par j’sais pas quel miracle. Ici, quand on veut ta peau, on finit par l’avoir. » Lorsqu’elle traînait seule sa petite vie dans l’Ouest, Mae assistait souvent aux exécutions. Obsession lancinante, elle voulait savoir ce qui allait lui arriver. Elle arrivait en même temps que les autres, écoutait, observait tout ce monde. Et puis quand le condamné arrivait, elle le regardait lui, cherchait à y déceler la honte, ou pourquoi pas les remords. Mais tout ce qu’elle voyait, c’était la peur. Matthews ne comprenait pas vraiment cela, pour choisir leur vie, il ne faut pas avoir peur de mourir. C’est ce qu’elle dit. Elle n’a jamais effleuré la mort.
N’y connaissant absolument rien en vin, la hors-la-loi penche la bouteille sous les reflets de la lune afin d’y voir plus clair. Saint-Emilion. Ce que les deux femmes ne savent pas, c’est qu’il s’agit d’un vin falsifié. Il en a simplement l’apparence, l’alcool est bien présent, mais ce n’est certainement pas un vin fait dans les règles de l’art française. Mais entre nous, les Américains et le vin, ce n’est pas nouveau que ça fait deux. Matthews hausse alors les épaules et boit au goulot. C’est déjà meilleur que la vodka. Plus sucré.

Mais la question d’Irina la fait s’arrêter, en si bon chemin, c’est tout de même dommage. Sa voix s’étouffe alors qu’elle tend la bouteille à sa comparse. « Sean. » Passant son index et son pouce contre son front, Mae ferme les yeux. « Mais là cette fois, c’pas moi qu’ai commencé. J’voulais pas lui parler. » Oui, enfin, elle aurait vraiment voulu partir, elle aurait pu. On l’a connu avec un peu plus de volonté. « Puis t’sais comme il est hein, quand il veut quelque chose, il lâche pas. Il a insisté pour m’parler, et puis ce con il a réussi à m’faire sentir coupable. » Secouant la tête, Mae ressort son mouchoir et, en le tenant du bout des doigts, le balade dans la tente. « Tu vois c’chiffon ? C’moi. Voilà. Sean, il tient Mae comme ça et il en fait c’qu’il veut. » Serrant son mouchoir entre ses doigts, elle sourit, portée par l’euphorie du spiritueux. « J’étais minable Irina. Minable, minable, minable. » D’un revers de la main, elle balaye sa faiblesse et ressort son mouchoir. « J’crois qu’il s’est sentit con quand j’me suis mise à chialer comme une merde. J’arrivais plus à m’arrêter, j’arrivais même pas à crier tellement ça m’prenait. » A nouveau, elle agite le bout de tissu devant son visage. « J’avais envie d’le détester rien qu’pour m’avoir fait ça. Mais j’peux pas. » Et elle boit, encore. « J’te jure qu’au début j’me suis dit qu’c’était pas bien c’qu’on f’sait. Et puis j’sais pas … Je … Lui aussi quand j’le r’garde c’est … Putain mais tu vois comment j’deviens à cause de ces conneries là ? Depuis quand j’suis comme ça ? » Ah oui, c’est sûr qu’elle est ridicule. « Mais j’les aime tous les deux. »
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Irina N. Valanova
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Statut : Veuve. À moins qu'elle ait oublié son mari quelque part ? Ou bien qu'elle n'ait jamais été mariée ?
Job : Princesse, arnaqueuse, terroriste, comédienne, acrobate, danseuse étoile, peintre. Bref, tout ce qui l'arrange.
Habitation : À Moonstone Pound, dans une petite tente de fortune.
Disponibilité : Disponible [3/3]
Jeu 8 Avr - 21:38

Tell me what to do
@Mae Matthews et Irina N. Valanova
S’il y avait bien une chose qu’Irina avait, c’était de la mémoire. Elle se rappelait très nettement de chaque époque de son existence et était capable de raconter ses cinq mille anecdotes (personne ne se leurrait, il y en avait bien plus) sans hésiter une seule seconde. Et Dieu seul savait que le roman fleuve de sa vie courrait sur plusieurs tomes et que ceux-ci avaient autant de cohérence entre eux qu’un chamois perdu au milieu du désert (c’est à dire aucune).
Alors, s’il y avait eu un Maxence sur le camp, à rôder sans arrêt comme Mae le disait si bien, elle s’en serait rappelée. Vraiment, la vodka faisait des ravages et pas uniquement chez les paysans du fin fond de la Sibérie qui s’empoisonnaient ensuite en buvant des parfums chipés à Novosibirsk lorsque la pomme de terre manquait.
Mais, quand l’arnaqueuse gesticula, cigarette au coin du bec et bras au-dessus de la tête, le visage de la comtesse s’éclaira. Son poing tombait dans sa paume ouverte. « Ah ! » lâcha-t-elle tandis que ses yeux semblaient dire « eurêka ! ». Bien sûr qu’elle voyait qui il était. En revanche, son nom n’était définitivement pas Maxence. Maxence, c’était la petite rouquine qui était restée bloquée dans le corbillard, l’autre soir, et qui avait pour habitude de crier et de pleurer très fort. Un brin pénible. Celui que Mae décrivait s’appelait Maxley. Leur mère n’avait pas dû être très inspirée.
Pour ne pas vexer la brune, Irina se contenta d’acquiescer longuement en marmottant un « c’est cela, oui » comme si elle s’eut été adressée à une enfant ou à une demeurée (parce que c’était ce que devenaient ceux qui ne supportaient pas la vodka).

La bouteille de vin rouge récoltée, la Princessa reprit le fil de la conversation en regardant les sept orteils qui dépassaient de l’ourlet de son manteau. Sacré grizzli tout de même.

« De quoi ? Qu’est-ce que tu disais ? Ah, mais oui je m’en rappelle… »

Dans l’obscurité, Mae ne pouvait pas la voir plisser des yeux et détourner le regard comme si l’information que son cerveau recherchait eut été là, posée à côté de sa pile de journaux gorgée d’humidité. Si l’américaine tendait l’oreille, elle aurait pu entendre les mécanismes de ses pensées s’actionner dans un concert de grincements tandis que des petites mains ouvraient les tiroirs de sa mémoire en quête dudit souvenir. Oui, elle l’avait bien zigouillé, de ça, elle s’en souvenait. Mais alors du type en question… Son infaillible mémoire avait simplement choisi de ne pas sélectionner l’information. Après tout, cet homme était oubliable. Un infime grain de sable sur la plage de ses souvenirs.

Heureusement, la pipelette fut vive à changer de sujet, un qu’Irina maîtrisait beaucoup plus. Un petit ricanement de hyène gargouilla dans sa gorge en même temps que l’alcool français.

« Riches ? Ma pauvre, c’est moi qui était riche. Crois moi, j’avais besoin de personne. »

Elle rapprocha son visage de Mae pour allumer sa cigarette avec le feu de la sienne. Les lèvres pincées, elle tira un moment dans le silence jusqu’à ce qu’un faible grésillement caractéristique et un trait de fumée n’apparaissent dans la pénombre, éclairement brièvement le visage des deux femmes d’ombres s’amenuisant. La jeune femme avait les yeux encore gros de larmes. Le bout de se truffe était rouge d’avoir été vilainement frottée par ce mouchoir répugnant. La vodka et le vin avait détendu ses traits, rosissaient ses joues et laissaient flotter un petit éclat fiévreux au fond de son regard. Elle ressemblait à une enfant fatiguée d’avoir trop couru dehors à battre la lande et qui aurait été forcée de rentrer à la maison par une marâtre acariâtre.
Vaincue par le silence, Irina finit par hausser les épaules.

« Le premier était riche. Mais c’était le fiancé de ma cousine et personne n’était trop content que je lui vole comme ça. Ma cousine était jalouse comme un pou. Et moche comme un pou aussi. Enfin bref, du coup, ils m’ont envoyée en exil en France à quinze ans. C’est là que j’ai rencontré Hervé, d’ailleurs. Si j’avais eu un peu de jugeote, c’est lui que j’aurais épousé. Enfin, j’étais pas son genre. Pas assez poilue. Si tu vois ce que je veux dire. »

Elle voulut s’adosser au fond de la tente comme elle l’aurait fait contre un mur, mais avait subitement oublié que son toit était fait de tissus mous. Elle manqua de tomber en arrière et se rattrapa in extremis en pestant entre ses dents serrées sur le rouleau.

« C’est le deuxième qui m’a dépouillée, » reprit-elle en se rasseyant correctement. « Si tu vois des tableaux d’Henri Pailler, fais moi le plaisir de pisser dessus, c’est tout ce que ça vaut. Je te jure, l’amour, hein, ce que ça nous fait pas faire… Enfin, ce qu’on croit être de l’amour, parce que j’arrive pas à me dire que j’ai pu tomber amoureuse d’un type pareil. Il était aussi laid que ma cousine, en plus. »

La sensibilité qui l’avait tout d’abord séduite chez Henri l’avait ensuite tellement exaspérée qu’elle ne supportait plus cet air rêveur qui coulait de son visage lorsqu’il réfléchissait, pinceau en main et regard perdu dans le lointain. Elle ne mourrait alors que d’une chose : le secouer comme elle secouait les pruniers pour en faire tomber les fruits trop mûrs, comme quand elle était plus jeune. Et elle n’avait pas manqué de le remuer et ce si bien qu’il s’était enfui avec son pécule. « Pailler enculé, si je te trouve, attends toi à avoir les bourses coupées. » Ça rimait parce qu’elle y avait longtemps réfléchi et qu’elle aimait siffloter cet air pour se donner un rythme lorsqu’elle marchait longuement.

Mae n’avait peut-être pas envie d’écouter les anciennes histoires de coeur de la russe, mais ce petit détail ne l’effleura même pas. La voleuse avait ouvert la brèche et comme de l’eau dans une fissure, Irina s’y engouffra joyeusement. Et comme l’océan, il en faudrait, du temps, avant que sa source ne s’épuise. D’ailleurs, on doutait même que cela soit possible.

« Mais je suis bien contente d’avoir tout perdu, en fait. Sinon, je serai pas ici. Tu imagines ? »

Quant à savoir où elle serait tiens, c’était une bonne question. Certainement pas toujours mariée à Henri, que Dieu l’en préserve. Elle n’aurait pas eu besoin qu’il lui pique tout pour s’en aille (sans rien lui voler car contrairement à elle, lui n’était riche que de ses idées farfelues).

D’imaginer une vie sans le gang lui laissait la sensation d’un long frisson dans le dos. Comme si, soudainement, la température avait chuté. Que, partout autour d’elle, la neige l’ensevelissait jusqu’à la taille. Et que le vent se mettait à hurler dans ses oreilles. Cela lui rappela la fois où elle était restée bloquée dans une tempête au Kamchatka avec ses chiens de traineaux. Ceux-ci avaient fini par mourir de froid et le touriste norvégien qu’elle avait trainé jusque là avait mangé leur foie pour éviter de mourir de faim. Alors, il était mort de coliques.
Vraiment, elle n’avait pas tellement envie de renouveler l’expérience.

« Jolie Mae, jolie Mae, » sourit-elle. « Ce sont pas des miracles qui m’ont sauvée de la pendaison, du phoque enragé, des prussiens, des tourbières, des tempêtes de neige, de la guillotine, des camps en Sibérie, des crocodiles, de l’hypothermie, de la balle dans la poitrine… »

Elle avait consciencieusement compté chacune de ses expériences de mort imminente sur ses doigts, mais dû s’arrêter là car si elle avait sept orteils, elle n’avait malheureusement pas onze doigts. Elle renfonça ses mains dans ses manches.

« En Russie aussi, ils voulaient ma peau pour avoir assassiné le tsar. Bon d’accord, » reprit-elle sans que la voleuse ne lui dise quoique ce soit. « Pour avoir aidé à assassiner le tsar. Tu sais, il était considéré comme un Dieu vivant, là-bas. Et bien, il a explosé comme n’importe lequel des hommes. Pouf ! »

Il y avait une amertume dans sa voix enrouée de fumée. Elle cligna des yeux. De là où elle avait été perchée, elle avait pu voir l’hémorragie épouvantable, les jambes et le bas-ventre déchiquetés et le visage mutilé de l’Empereur de toutes les Russies. Car c’était bien tout ce qu’il était, un homme fait de chair, de sang et d’os. Et à sa volonté despotique, c’était la volonté du peuple qui devait se substituer. Irina refusait tout doctrinalisme, avait renoncé à la science pacifique qu’elle avait abandonné aux générations futures. Elle ne connaissait qu’une seule science, celle de la destruction. Et personne ne s’était lamenté en manifestation visible de désespoir, ce jour-là. Au contraire, on avait fêté la disparition du tsar, on l’avait envoyée en Sibérie et Alexandre III était monté sur le trône. Car, comme les nuisibles, lorsque l’on se débarrassait du blaireau, c’était la moufette qui faisait son apparition. « Peuh, » songea-t-elle avec une grimace en se gonflant de tabac. « Et qu’est ce qu’ils t’ont fait, Ignati, qu’est-ce qu’ils t’ont fait… » Elle soupira, triste un moment.

« Personne ne te touchera, mon petit pelmeni. Alors, quand je te dis que je t’amènerai en France, c’est que je t’amènerai en France. Et si quelqu’un nous cherche des noises, je le garnis comme un dentiste avec une dent. Avec du plomb, si tu suivais pas. D’ailleurs, il faut me dire si tu as mal à tes quenottes un jour, je sais y faire. »

La mélancolie s’en allant comme elle était venue. Elle la chassa de ses épaules en s’ébrouant sous sa pelisse poilue.

« Sean ? C’est qui ça ? Je le connais ? »

Mais voyant que Mae ne riait pas, elle souffla par son nez, exhalant au passage un peu d’une fumée claire.

« Ah ah, oui, d’accord ça va, je rigole, je rigole. »

Elle l’encouragea à continuer d’un moulinet du poignet. Et Mae continua. À parler. À boire. À pleurer, un peu. À ce rythme-là, elle n’attendrait pas trente-cinq ans, c’était certain.

Durant sa nouvelle tirade, Irina l’écouta, toujours avec le même air concerné qu’avait Sigmund ou bien Henri, lorsqu’il peignait. Par moment, elle hochait la tête en plissant les paupières.

« Eh bien, » lâcha-t-elle finalement d’une voix plate après un moment de silence. « Quelle histoire, quelle histoire, quelle histoire. »

Elle ravit la bouteille de rouge des mains de la voleuse.

« Et alors, le problème c’est ? Toi ou eux ? Ou bien les deux ? Tu sais, il y a des peuples très biens qui pratiquent la polyandrie. En tout cas, moi je trouve ça très bien. Je pourrai leur en parler, tiens, pour les sensibiliser. Ils verraient rien venir, je t’assure. »

Mais elle voyait bien que Mae était aux abois. Si l’alcool lui donnait le sourire aux yeux, les larmes, elles, pendaient à ses lèvres tombantes et à son menton tremblotant. Alors, Irina ouvrit grand ses bras, comme une mère ours prête à accueillir son petit (elle en avait l’apparence et l’odeur).

« Allez viens mon petit, » l’invita-t-elle. « Je peux pas te dire que ça s’arrangera tout de suite parce que je mentirais et tu sais comme je n’aime pas ça, les mensonges. Mais tu verras mon petit, tu verras… Pleure, pleure, moi je ne dirai jamais que tu es une minable. »



Irina N. Valanova
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Mar 13 Avr - 12:47


Tell me what to do
Mae Matthews feat @Irina N. Valanova  



Irina, elle a cette capacité à tout dédramatiser. Rendre l’insupportable excusable et même tolérable. Elle vivote entre plusieurs âges, s’y insinuant à chaque éclaircie. Irina Valanova garde précieusement ses souvenirs et s’affranchie du reste. Et même si Mae Matthews vient chercher une oreille attentive à l’abri des étoiles, elle aime l’entendre raconter toutes ses histoires, belle excentrique qui ne s’arrête jamais. Tous ces maris, cette fortune dilapidée… La jeune femme se demande vraiment si un jour Irina a été au moins une des personnes qu’elle prétend être. Epouse, révolutionnaire, aventurière, artiste. Irina est tout, et rien à la fois, néant qu’il est facile d’admirer. Et puis surtout, Mae se demande si, lorsqu’elle s’endort et ferme les yeux, elle ne les ouvre pas sur une réalité qu’elle tente de cacher derrière tout cela. Non, en effet, Matthews n’imagine pas une vie sans Valanova.

Elle lui sourit alors, allant même jusqu’à rire de cette ineptie, une vie sans Irina. « J’préfère pas imaginer non. À qui j’raconterai tout ça sinon ? » Haussant les épaules, Mae reprend la bouteille en main. « Et puis, t’as pas b’soin d’tout cet argent quand tu vis dans un tel luxe. » Sa main désigne la tente de la princessa d’un geste théâtrale avant de boire à nouveau à la bouteille. Et alors qu’elle continue de l’écouter, souriant lorsqu’elle lui annonce qu’elles iront en France, Mae croit déceler un peu de tristesse, mélancolie tenace sur le visage d’Irina. À force de rire de ses histoires, on fini par oublier que certaines sont peut-être vraies. Mae se penche pour embrasser la joue de sa complice et lui sourit, les yeux scintillants de l’alcool qui se dissipe dans tout son être. « D’accord, on ira en France boire du vin chez Hervé alors. Mais laisse mes dents en dehors d’ça tu veux ? » Par chance, Matthews a quasiment toutes ses dents, sauf une qu’elle a dû se faire arracher, mais fort heureusement, cela ne se voit pas lorsqu’elle sourit (et ce n’est pas fréquent lorsqu’elle est sobre, il faut bien l’admettre.).

Elle en garde d’ailleurs un très mauvais souvenir. A cette époque, elle était encore seule avec les frères, ils étaient en vadrouille du côté de Chicago. Une douleur insoutenable l’empêchait de manger et de dormir, mais elle refusait de se faire soigner. Sean et Kilian ont alors eu la grande idée de lui donner de l’opium, pour la soulager selon eux. Mae ne sait d’ailleurs pas lequel des deux a eu l’idée en premier. En réalité, ils avaient profité de son état pour l’emmener en ville chez un arracheur de dents, alors qu’elle protestait mollement. Ce n’est que le lendemain qu’elle s’était alors réveillée, hurlant de douleur et sans opium (oui il n’y en avait plus). Depuis, Mae Matthews prend les histoires de dents très au sérieux et n’a pas d’humour sur le sujet. Il n’y a pas énormément de sujets sur lesquels il est facile de plaisanter avec elle d’ailleurs.

Irina le comprend très vite, ravalant sa mauvaise blague au sujet de l’aîné des O’Reilly. A nouveau, ses yeux s’emplissent de larmes qu’elle voulait pourtant retenir. Alors, elle se cache une nouvelle fois dans les bras de la Russe, mais très vite se redresse, portée par l’odeur insoutenable de sa fourrure. Irina passe sa vie entière avec ce manteau, pas étonnant qu’il sente la mort en plein été. Matthews essuie ses larmes, inspirant afin de retenir les autres. Le problème ? Oh certainement un peu des trois, mais surtout elle. La hors-la-loi arrive à lui tirer un rire à l’idée d’une telle discussion avec les frères. En effet, ils ne verraient rien venir, ils ne risqueraient pas vraiment de comprendre. Elle chuchote alors, écrasant une larme qui s’était formée au coin de son œil. « J’suis pas sûre qu’tes peuples y font ça quand c’est des frères, si ? » Parce que si tel est le cas, la théorie l’intéresse.

« Mais ça s’arrangera jamais. Tu crois qu’ils parlent pas entre eux ? Y’a bien un moment où ils vont s’le dire, ou quelqu’un d’autre. R’garde Kilian a été incapable de t’nir sa langue il a fallut qu’il l’dise à Maxence. » Elle soupire, allumant une nouvelle cigarette. « Bon, faut qu’j’arrête d’chialer comme ça j’suis ridicule. Après tout, j’ai rien fait d’mal hein ? C’est eux qu’ont commencé, moi j’voyais pas ça comme ça avant. C’est d’leur faute tout ça. » Et oui, comme dirait une célèbre artiste, fallait pas commencer, l’attirer, la toucher. « Moi j’ai fait quoi hein ? J’ai fait tout c’que j’ai pu pour qu’ça arrive pas, mais j’suis humaine, j’ai mes limites. Voilà. » Elle hoche la tête, envahissant la tente de fumée, pour se convaincre elle-même. Et puis, elle a besoin qu’on la conforte dans ses idées, alors, elle regarde Irina. « T’es d’accord hein ? » Dans tous les cas, elle ne peut rien faire de plus à part se dire qu’elle ne fait rien de mal. La vodka aide vraiment à y voir plus clair, elle a raison la Russe.
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Lun 19 Avr - 23:20


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@Mae Matthews & Irina N. Valanova

Dans la pénombre, le sourire d’Irina s’étira comme la lame d’un couteau que l’on dévoilait. Mais plutôt qu’un couteau à viande (et donc tranchant comme une lame de rasoir), il s’agissait plutôt là d’un couteau à beurre au bout rond et foncièrement inoffensif (avec un petit manche adorable qui donnait l’illusion que l’instrument avait été taillé par des nains). Et cela tout simplement parce que la russe était toute contente, ravie du compliment indirect que Mae lui adressait en lui faisant l’honneur de se transformer en pasteur et elle en pécheresse. C’était un gage de confiance que d’être celle à laquelle on se livrait, assurément. Et la comtesse prenait son rôle très au sérieux, toute bouffie de la tendresse que ressentait les mères lorsque leur progéniture leur confiait leurs problèmes de coeur à elles et non pas à des cousins ou à des amis. Elle aurait, elle le croyait, très mal pris que l’arnaqueuse lui ait préféré une autre paire d’oreilles (celle de Leonara ou de Bonnie par exemple). De toute façon, ces deux petites étaient bien mignonnes, elles aussi, mais elles seraient bien incapables de donner d’aussi bons conseils que les siens. Pourquoi une telle affirmation ? Elle n’en avait aucune idée, mais les choses étaient faites ainsi, voilà tout.
Enfin, de toute façon, il s’agissait de bon sens. Sans elle, en effet, les O’Reilly ne tourneraient plus très rond. Elle s’était greffée au groupe (de gré, de force, personne n’en saurait jamais rien) depuis si longtemps qu’elle s’était persuadée qu’elle était devenue indispensable.

« À Patterson, » proposa-t-elle sans se défaire de sa risette qui prit une teinte malicieuse.

Il fallait être un imbécile (ce qu’Irina n’était pas) pour ne pas remarquer la tension constante qui existait entre l’artificier et la voleuse. Ils se tiraient dans les pattes (littéralement) quand ils ne crachaient pas dans le dos de l’autre à grands coups de frappes chirurgicales. L’un comme l’autre se connaissaient assez pour connaître les faiblesses de l’adversaire et donc, pouvaient frapper là où cela faisait mal. Aucun des deux ne boudait son plaisir lorsqu’il était question de s’insulter ou de se donner des coups de becs comme deux volatiles se disputant la couronne imaginaire de la basse-cour. La russe aurait pu s’en irriter, mais elle trouvait leur petit jeu hautement divertissant. Et de toute façon, chien qui aboyait, hein… Ils faisaient partis du même gang et obéissaient aux mêmes hommes alors, on ne les verrait pas s’étrangler de sitôt. Du moins, pas sérieusement. En tout cas, d’imaginer la jeune femme déboutonner son coeur devant le regard vitreux de Patterson l’amusait beaucoup. Elle ne manqua pas de décorer sa blague de son rire signature qu’elle n’étouffa que parce qu’elle tirait sur sa cigarette.
« D’ailleurs, il faudra que je pense à lui donner ça, » songea Irina en regardant sa pile de journaux que Mae désigna en englobant sa tente de fortune. Entre les pages humides à l’encre délavée, un parchemin manuscrit faisait une bosse disgracieuse dans l’amas déjà bancal. Elle l’avait gagné l’autre soir aux cartes, à Imogen. Un des types autour de la table prétendait qu’il avait trouvé un message mystérieux qui venait de la lune. Alors naturellement, Irina avait voulu mettre la main dessus et s’était trouvée bien déçue lorsque le fameux langage lunaire s’était révélé être du russe. On ne pouvait pas trop en demander aux paysans dans ce coin du pays, mais tout de même (l’idée qu’au contraire, elle avait été bernée ne l’avait même pas effleurée). D’ailleurs, elle en avait été si contrariée qu’elle n’avait daigné lire que la première phrase. Il s’agissait d’un traité de chimie et, ayant été une professeure émérite dans la matière pendant deux ans à Odessa, elle s’était dit qu’elle ne découvrirait rien en perdant du temps à l’étudier. Mais enfin, peut-être que cela intéresserait Patterson. Il avait encore beaucoup à apprendre.

Elle haussa les épaules lorsque Mae affirma ne pas avoir besoin d’elle pour ses dents. C’était ce qu’ils disaient tous avant d’avoir du pus qui sorte de la gencive et des douleurs si fortes qu’elles vous feraient éclater la bout crânienne. Alors là, on était bien content de trouver la pince d’Irina pour arracher tout ça.

« Voilà, voilà, » murmura-t-elle tandis que la brune sanglotait à nouveau sur son épaule. « Tu pleures fort, dis donc. Il te reste encore de l’eau là-dedans ? Bientôt, c’est du vin qui sortira de tes yeux. »

Entre ses larmes, pourtant, elle parvint à rire. Le son qui jaillit de sa gorge ressemblait à celui qu’émettrait un chat s’apprêtant à vomir (Irina avait eu deux bleus russes à Saint Petersbourg, Barsik et Rizhik et lorsqu’il s’agissait de régurgiter, ils choisissaient toujours les tapis, à croire qu’ils le faisaient exprès).

« Alors ça, je n’en sais trop rien, je t’avoue que je ne suis pas trop rentrée dans les détails parce que peu de temps après avoir découvert ça je suis tombée d’un arbre et je suis restée dans le coma trois semaines. Mais je peux leur envoyer une carte pour leur demander. »

Déjà, elle s’imaginait ce qu’elle leur écrirait. Très chers amis Moso. Comment allez-vous depuis tout ce temps ? Le lac Lugu est-il toujours riche en poissons ? Yang Erche est-elle toujours la dabou du clan ? Namu doit avoir treize, maintenant…

Enfin, maintenant qu’elle y réfléchissait, Irina ne voyait pas comment deux frères n’auraient pas pu se partager la même femme. En tout cas, chez ses bons amis les Moso, personne ne savait vraiment qui fréquentait qui et la jalousie était un concept tout à fait inconnu pour eux. À la faveur de la nuit, les hommes se glissaient par les fenêtres laissées ouvertes et les filles les acceptaient ou non selon leur bon vouloir. Un, deux, trois, quinze, trente amants, personne n’y accordait la moindre importance puisque l’enfant était élevé par la famille maternelle. C’était étonnant comme les choses étaient plus simples ainsi, sans que l’homme n’éprouve le besoin d’uriner dessus comme s’il eut s’agit de ses propriétés.
Bizarrement, ils étaient tous plus heureux et s’entortillaient moins l’esprit. Sean et Kilian devaient en prendre de la graine. Mae aussi, d’ailleurs. Vraiment, ils faisaient sortir un éléphant d’une mouche.

« Laisse-les donc faire, qu’ils se racontent leurs histoires, » lâcha-t-elle en haussant les épaules. « Et alors quoi ? Qu’est-ce qu’ils vont faire ? Rompre ? Ah ah. »

Elle avala une gorgée d’alcool.

« Et s’ils sont désagréables, je les traite comme une bouteille de vin. Je leur bouche leur caquet avec du liège et je les enferme dans une vieille cave humide pendant cinquante ans en espérant qu’ils deviennent bons. »

Mae avait séché ses larmes et si elle hochait la tête pour se donner un brin de confiance, se voix chevrotante de petite fille sonnait encore comme les aveux de bêtise.

« Mais oui, mais oui, » fit-elle d’un mouvement flou de la main, cigarette entre l’index et le majeur, pour lui signifier vaguement qu’elle était d’accord.

De la cendre tomba sur son manteau qu’elle épousseta en tirant sur les plis de fourrure.

Elle farfouilla dans ses poches pour en sortir un mouchoir propre. Elle essuya elle-même les joues encore badigeonnées de larmes de la petite voleuse qui reniflait à qui mieux mieux.

La bouteille de vin était finie, le paquet de cigarettes aussi (ce qui valut un juron en russe de la part d’Irina) et les sanglots de Mae finirent par se tarir eux aussi.

« Ça va mieux ? » finit-elle par demander en croisant ses jambes, manteau entre ses cuisses blanches comme des aiguillettes de poulet. « Je ressors une bouteille ou tu déclares forfait ? »

Elle se saisit de la bouteille vide et la déposa bien sagement avec les autres carcasses devant la toile de sa tente. Ses petits soldats de verre gardaient férocement l’entrée, en rangs bien serrés.

« Bon alors, tu veux que je leur parle de mes copains Moso, à Sean et Kilian ? Tu sais, je peux être convaincante. On me donnerait le bon Dieu sans confession. »

Elle lui offrit un nouveau sourire, bien plus couteau à viande que couteau à beurre cette fois, malgré les airs ingénus et bien intentionnés dont elle voulait se parer.


Irina N. Valanova
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Dim 2 Mai - 19:15


Tell me what to do
Mae Matthews feat @Irina N. Valanova  



Se confier à Joshua Patterson, quelle drôle d’idée elle a la Russe. Matthews remarque son sourire de petit lutin se dessiner peu à peu sur son visage. Cette femme ne s’arrête donc jamais. Son esprit doit être si compliqué que Matthews en vient à relativiser sur ses propres histoires.

Elle a raison Irina, comme toujours dirait-elle. Et puis jamais ils n’iraient se raconter ça hein ? Elle a dit à Kilian de ne rien dire et avec Sean, ils se sont mis d’accord pour garder ça entre eux. Tout comme elle, les frères savent pertinemment que révéler tout cela ne ferait qu’accentuer leurs problèmes. Sur cette pensée, Matthews pousse encore un peu sa réflexion avant de se décider à parler. « T’as raison, et puis d’toute façon, j’leur ai rien promis. Et puis d’puis quand on peut pas aimer deux personnes hein ? C’est encore ces cons qui dirigent tout qui disent ça. Mais moi Irina, j’suis pas faite pour vivre dans leurs rangs, j’les emmerde tous ces moralisateurs de merde qui pensent qu’ils peuvent dicter même sur c’qu’il s’passe entre nos jambes ! Et si les frères ont quelqu’chose à r’dire à ça et ben j’les emmerde aussi ! Parce qu’ici on veut renverser les choses, morale comprise, alors ils peuvent pas être pas d’accord. Pas vrai ?» La fin de sa phrase, elle en est convaincue sur le moment, portée par la vodka et le vin. Se redressant, Mae sourit fièrement à Irina, rejeton qui a enfin trouver sa voie. D’un geste de la main, elle refuse une autre bouteille, sentant son ventre voguer vers des horizons houleux. « Oui, va leur en parler mais … » L’index de Matthews vient se dresser devant la Russe. « Subtilité Irina. J’te fais confiance, faut pas qu’ils s’doutent de quelqu’chose, ils sont pas bêtes. Promis hein ? » Telle une enfant, Mae semble lui confier une mission d’une haute importance. Elle en fait même plus que pour un braquage. « Tu parles jamais d’moi compris ? Tu vas pas dire ‘’Oh par exemple si Mae avait deux hommes dans sa vie gnagnagna ..’ Non, ça tu fais pas faut surtout pas qu’ils aillent imaginer qu’y’a roche sous l’anguille. » Dans un bâillement à s’en décrocher la mâchoire, Mae prend une dernière fois Irina dans ses bras, murmurant un « merci » à l’encontre de sa confidente nocturne. « Bon j’t’ai assez emmerdé avec mes conneries. J’vais y aller. » Elle lui sourit avant de se mettre sur les genoux, sentant le sol onduler sous le poids de son corps. « Heureusement qu’t’es là. » Mais ça, elle lui dit souvent.

D’un pas mal assuré, Mae s’extirpe de la tente d’Irina, renversant au passage quelques bouteilles vides qu’elle garde jalousement devant sa demeure. Le tintement du verre vient troubler la nuit paisible de leurs coéquipiers alors que la hors-la-loi se retourne vers Irina en riant. « Pas très efficaces tes soldats Princessa ! » Des injonctions au silence s’échappent des habitations de fortune, laissant à Mae tout le loisir de protester. « Oh ça va ! D’puis quand on s’couche avec les poules ici ? Et quand c’vous j’dis rien même qu’je … » Pourtant elle est arrêtée dans son élucubration par un sonore « Matthews ferme ta putain de gueule ! ». Interdite, la hors-la-loi, pleine de vin français, s’arrête un instant pour chuchoter un « d’accord. » à mi chemin entre le rire et l’indignation. Mae se hisse sur la pointe de ses pieds, imaginant certainement qu’elle fera moins de bruit, laissant ses pas la mener vers sa propre tente, apaisée par les paroles irrationnelles d’une amie qui l’est tout autant.
PrettyGirl
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