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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Mamma Mia! Here we go again ft. Filippa
John L. MacLachlan
John L. MacLachlan
Since : 19/01/2021
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Mamma Mia! Here we go again  ft. Filippa Damsel
Age : 28 ans
Lun 8 Mar - 21:34

John marchait au hasard des rues en quête d'aventure, où à défaut, d'un travail qui pourrait lui fournir quelques piécettes ou de quoi se remplir la panse. Il n'était pas difficile. Ceux qui étaient difficiles en revanche c'était les habitants de Silverstone. Il s'était levé avant l'aurore comme à son habitude, s'était lavé dans le petit pot de porcelaine remplie d'eau glacée qu'il avait tiré la veille, avait revêtu ses vêtements d'ouvrier, et avait attendu bien sagement sur son lit, les mains posées sur les genoux, que le reste de la ville s’éveille. Il était sorti avec le lever du jour et avait depuis cherché un travail dans les rues tortueuses de la bourgade. Seulement personne ne faisait encore confiance à ce nouveau venu dans un coin ou tout le monde connaissait tout le monde et on le regardait avec soupçon partout où il s’arrêtait pour proposer ses services. “La mendicité est punie par la loi” lui sortait-on, “j’ai rien à donner” lui disait-on ailleurs. Et il avait beau expliquer qu’il ne cherchait pas la charité mais à gagner honnêtement son pain, on ne l’écoutait pas et on le chassait d’un revers de la main.

Il ne pouvait pas compter sur son père pour tout, pensait-il alors qu’il errait maintenant au milieu des étals du marché aux légumes. Liam lui payait déjà le gîte ce qui était bien généreux, il n’allait pas en plus lui demander le couvert. Pourtant il savait faire plein de choses, et il pourrait le prouver si seulement les gens essayaient de regarder au-delà de ses vêtements tout troués par la route et les sentiers. Il s’arrêta pour regarder sa chemise qui dépassait de sa veste (un badaud aux réflexes endormi le percuta et s’éloigna en pestant contre les péquenauds ignorants des règles tacites de la circulation des piétons sans que John lui prête la moindre attention). C’est vrai qu’elle n’était plus de première fraîcheur. Le coton était devenu gris avec le temps quand il n’était pas couvert ou découpé de trous et de taches. Il manquait un bouton près du col, un autre au niveau du nombril n’était plus retenu que par trois fils et pendait comme un voleur de chevaux à la potence et la couture au niveau du bras gauche était tirée et n’attendait qu’un mouvement trop brusque pour craquer. Aux articulations la toile était devenue si fine qu’on y voyait pratiquement au travers. Bon. D’accord. Un mendiant ne lui aurait pas envié son vêtement. Mais sa veste restait correcte et elle la recouvrait pour la plus grande partie, avec les trous et le reste. Non, vraiment, la méfiance du peuple n’était pas justifiée. Et de toute manière il n’avait pas l’argent pour s’acheter une chemise neuve et il ne souhaitait pas non plus tester la générosité de son père sur l’habillement.

Il en était encore à ses réflexions quand il fut assailli par un malaise. Littéralement. Une petite vieille tout de noir vêtu qui sortait de nulle part venait de s’écrouler dans ses bras. Heureusement pour eux deux, elle n’était pas épaisse et il était robuste. John la rattrapa avant que sa tête ne vienne cogner le sol et la posa à la place sur les genoux qu’il venait de fléchir.

- Madame…? Madame !

Aucune réaction. John avait beau claquer des doigts autour du visage de la doyenne comme un donneur de tempo pris de folie, elle ne daignait pas ouvrir les yeux. Le fermier commençait d’ailleurs à se demander si ce n’était pas un cadavre qu’il tenait entre les bras comme la Belle au Bois Dormant. Mais une version qui aurait vraiment dormi cent ans.

- Un coup de main ?

Mais les passants faisaient mine de ne pas l’entendre. On détournait le regard, on contournait leurs deux corps prostrés. Seul un garnement osa s’approcher pour voler une tomate du panier de provisions retourné. John essaya de l’en dissuader d’une claque mais son bras parti juste un peu trop tard. Le petit voleur avait quand même du sentir le vent de la punition manquée lui souffler sur les fesses.

John en était à se demander s’il allait devoir faire du bouche à bouche à sa grabataire en détresse mais les lèvres ridées ne lui faisaient pas tellement envie. Enfin il n’était pas cruel au point de la laisser périr dans ses bras sans rien faire, mais bon il pouvait quand même vérifier qu’elle en avait bien besoin avant de se sacrifier. Les doigts sur son poignet sec et frippé ne lui apprirent rien, pas plus que de lui mettre la main sous les narines et devant la bouche. Il se penchait lentement au-dessus d’elle pour tenter d’écouter son coeur quand…

- AAAH! Fit la vieille.

- AAAH ! fit John.

Il se redressa comme un piquet avec l’oreille gauche qui sifflait et tanta de lui expliquer la situation mais la grand-mère continuait de crier un baragouin auquel le jeune homme ne comprenait rien. En tout cas, ce n’était pas de l’anglais.

- Euh… No espagnol…

Ça ne devait pas en être non plus vu que la vieille continuait de crier de plus belle. Ce qui était quand même vachement fort considérant que John lui servait toujours d’oreiller.

- Je suis désolé madame vous êtes tombée. TOMBEE!

Bon. Plus vite il en serait débarrassé, mieux ses oreilles s’en porteraient. Il n’eut aucun mal à la relever mais la rombière ne tenait pas sur ses jambe. Elle chancela, et bascula. John la rattrapa une seconde fois et la garda dans ses bras. Au moins c’eut pour effet de faire comprendre à la vieille que John ne cherchait qu’à l’aider. En tout cas elle ne criait plus. Elle leva un doigt crochu devant elle.

- C’est par là chez vous?

Nouvelle interjection.

- Ok, ok, on y va.

Il commençait à avancer quand un tape le rappela à l’ordre.

- Ah oui… le panier. Pardon.


La communication par pointage de serre et soufflet à défaut d’être agréable, était plus efficace que les cris suraiguës de mamie. John la portait plus qu’il ne la soutenait et ils arrivèrent assez vite dans un quartier animé où tout le monde semblait parler le même jargon incompréhensible que sa rescapée. En tout cas l’indifférence n’était plus de mise puisqu’à partir du moment ou il avait mis les pieds dans cette partie de la ville tous les regards s’étaient tournés vers eux, les sourcils s'étaient froncé et… oh non, certains s’étaient eux aussi mis à hausser le ton dans sa direction. Mais la grand-mère dû dire quelque chose en sa faveur puisque les expressions changèrent, les doigts se pointèrent (dans la même direction que la vieille heureusement) et quelqu’un le débarrassa même de son panier (il espérait pour l’aider à le porter, pas pour partir avec).

- C’est par là qu'elle habite ?

Certaines têtes s’agitèrent de haut en bas. Ça parlait donc aussi anglais. La petite foule qui le suivait s’agrandissait à chaque pas qu’il faisait. Et quand il arriva devant ce qui semblait être une petite boutique, la maison présumée de Mamie Populaire, c’était un véritable cortège qui le suivait.
John L. MacLachlan
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Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
Since : 30/11/2020
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Name : Cendre
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DC : Irina | Blair
Mamma Mia! Here we go again  ft. Filippa Boeq
Age : 29 ans
Statut : La revanche a fait d'elle son épouse, personne ne sait qui des deux deviendra veuve
Job : Cuisinière officiellement | Nouvelle comptable des Hennessy en compagnie de Wyatt Smith | Réalise des petits boulots illégaux avec un groupe d'italiens de Silverstone | Ancienne contaiuola de la famille Rinaldi
Habitation : Petit étage en piteux état au-dessus de l'épicerie de ses grands-parents, Silverstone
Disponibilité : Dispo [1/3]
Mar 9 Mar - 21:43

Mammi Mia! Here we go again
@John L. MacLachlan  &  Filippa Rinaldi
Avec une lenteur faite de douceur et de tremblements, la brosse glissait dans les cheveux d’ébène. Puis, les doigts noueux comme des vieilles branches d’olivier de l’aïeule se saisirent des mèches et entreprit de les tresser comme on aurait tissé un panier en rotin. En passant sa main dans les boucles de sa petite-fille, Yolanda ornait sa coiffe de la parure du ciel, accrochant des fragments de cobalt, des noirs épais, irisés de minuscules étoiles et habillait sa tête du silence profond des nuits.
Malgré les péchés qu’elle s’obstinait à ignorer, la napolitaine n’était pas étrangère à la tendresse et elle ne se trouvait jamais mieux accomplie que dans l’attache unique qui pouvait exister entre une grand-mère et sa petite-fille. Alors, Filippa se laissait faire, les yeux fermés, tandis que nonna lui marmonnait des airs de leur pays qu’elle connaissait pour les avoir tant de fois entendus humés. Sa voix rocailleuse, incapable de chanter faux, modelait des sons qui trouvaient une résonance infinie dans le cœur de l’italienne. Souvent, elle se laissait berner et elle croyait entendre le murmure des vagues par la fenêtre. Sentir le soleil chaud de sa ville sur sa peau, au travers des carreaux. Une bourrasque, et elle sentirait presque les odeurs salées du port grimper jusqu’à elle.
 
« Bon, elles ont pas bientôt fini les femmes ? » s’impatienta nonno. « C’est que j’attends, moi. »
 
Sa bouche lui déroba les miettes de Naples alors qu’elle ouvrait les yeux pour revenir à la réalité. La pièce baignait d’une obscurité lugubre d’hiver qui s’éternisait et sentait le renfermé. Dans ce décor suintant la tristesse, deux statues du passé, pourtant, demeuraient. Leur visage crépusculaire aux rides qui laissaient deviner mille obstacles était tourné vers elle.
 
L’aïeule lança un regard noir à son époux.
 
« Eh ben, il va attendre encore deux minutes le vieux ! C’est pas possible ça, toujours à faire la course ! »
 
Le signor Rinaldi se rembrunit en grognant dans sa moustache tandis que nonna terminait de coiffer Filippa et que cette dernière nouait le fichu sombre autour des joues creusées de sa grand-mère pour cacher les mèches d’un blanc neigeux qui recouvrait à peine son crâne (elle râla d’ailleurs qu’elle pouvait s’en occuper toute seule). Nonno cala une cigarette au creux de sa bouche.
 
« C’est bon ? C’est terminé ? Pas besoin d’être coquettes pour aller faire le marché et tenir l’épicerie, tiens… »
 
« Oh alors celui-là… » La vieille accompagna sa phrase d’un pincement de joue affectueux (et violent) envers son mari qui protesta. « Tu n’y comprends rien, tu n’es pas une fille ! »
 
Tous trois sortirent de l’appartement dans une joyeuse cacophonie et Filippa prit le soin de se glisser devant le couple dans l’escalier étroit pour assurer leur descente.
 
« Faites bien attention, d’accord ? » leur conseilla-t-elle en ajustant une dernière fois le châle de sa grand-mère.
 
Cette dernière balaya le soupçon d’inquiétude d’un geste de main énergique.
 
« Bah ! On va au marché, pas traverser l’Atlantique ! »
 
Et elle les observa s’éloigner clopin-clopant et bras-dessus bras-dessous pour éviter de glisser dans la gadoue qui tapissait le sol où la neige avait fondu.
 
 

*
 
 

Au rythme des tintements de clochette, les clients avaient défilé à mesure que la matinée s’égrainait. Ce jour-là, il semblait, on se pressait un peu moins entre les rangées des boîtes de conserves. Il n’y avait pas si longtemps que l’épicerie avait été le théâtre de l’amputation du doigt du petit voleur ; l’épisode était encore gravé dans les mémoires. Si certains n’avaient pas été bousculé – bien au contraire – d’autres étaient désormais plus rétifs à venir flâner devant les étales pour discuter.
 
Un peu absente et les derniers visiteurs partis, Filippa grattait le vernis du comptoir encore tâché d’un sang noir entre deux encaissements. Elle avait eu beau frotter, l’auréole n’était pas partie. Alors, elle avait simplement jeté l’éponge.
 
Le gros rire de son grand-père lui fit lever le nez tandis qu’il pénétrait dans l’épicerie, le bas de sa moustache rouge de vin. Et le nez aussi, d’ailleurs.
 
« J’ai gagné aux cartes ! » fanfaronna-t-il en se frottant le ventre. « Regarde, cara ! »
 
Il lui présenta les billets comme un trésor avant de les glisser dans la poche de son pantalon.
 
« Qui est-ce que tu as plumé encore ? Et où est nonna ? »
 
Il se retourna, comme pour s’assurer que sa femme était sur ses talons. Derrière lui, cependant, uniquement l’étal de navet qui rosissait au soleil.
 
« Ça va, ça va, j’ai croisé Esposito et Saccone… »
 
Filippa ouvrit la bouche pour le disputer comme on aurait disputé un enfant, mais une rumeur dans la rue lui répondit. Elle se hissa sur la pointe des pieds pour regarder par-dessus l’épaule de son grand-père et écarquilla les yeux.
 
« Oddio, » s’épouvanta-t-elle dans un murmure puisqu’elle avait le souffle coupé.
 
Elle contourna précipitamment le comptoir et ouvrit la porte à la volée.
 
Les voix des badauds assaillirent immédiatement l’épicerie et chacun y allait de sa petite explication, dans une fanfare hurlante.
Dans les bras du chef de fil, nonna était à moitié avachie, plus supportée que marchante, son fichu renversé sur sa nuque et ses rares cheveux courts ébouriffés puisque frottés contre l’épaule de l’homme qui la prévenait de la chute. Il ne faisait aucun doute que s’il se décidait à la lâcher, elle se casserait les dernières dents qu’il lui restait sur le parquet.
Alors, pour la première fois, Filippa remarqua comme son embonpoint naturel avait fondu comme neige au soleil et comme elle semblait fragile entre les bras tannés du… mendiant ?
 
« Entra, entra, » les pressa-t-elle en retenant la porte de son dos. « Subito ! »
 
Dans leur sillage, quelques passants s’étaient frayés un chemin et s’éparpillaient dans la boutique comme si l’on avait donné un coup de pied dans une fourmilière.

« Non ti muovi, » ordonna-t-elle au sauveur du jour. Voyant qu’il l’observait avec des yeux ronds et qu’elle ne le reconnaissait pas, elle reprit : « Vous, ne bougez pas. »

Elle partit à grandes enjambées chercher un tabouret dans l’arrière-boutique qu’elle désensevelit des paquets de farine entassés dessus dans un nuage de poudre et qui la fit éternuer.

Entre temps, nonno était venu en aide au… paysan ? pour soutenir son épouse avant que Filippa ne l’installe. Elle s’accroupit à côté d’elle, les doigts froissés dans ses jupes noires.
La vieille avait le teint blême, mais ses yeux brillaient d’agacement. Elle les repoussait tout deux mollement en baragouinant. Le signor Rinaldi repartit en quête d’un verre d’eau.
 
« Nonna, stai bene ? Quello che è successo ? »

Voyant qu’elle ne tirerait rien d’elle, elle leva les yeux vers la grande gigue dont on n’aurait pu dire qu’il était parfaitement à sa place ici.

« Que s’est-il passé ? Vous l’avez aidée, non è vero ? » demanda-t-elle.




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Vedi Napoli e poi muori
Fratelli d'Italia
Filippa Rinaldi
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John L. MacLachlan
John L. MacLachlan
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Mamma Mia! Here we go again  ft. Filippa Damsel
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Jeu 11 Mar - 2:44

John ne s'était jamais senti l'âme d'un prince mais il se disait alors qu'il était accompagné d'une procession populaire criant des vivas ! (enfin pas tout à fait mais dans sa tête il les entendait) qu'il ne serait jamais aussi proche de ces belles gueules royales en culotte bouffantes de velour qu'aujourd'hui. Bon il ne traversait pas la cour d'un palais de marbre blanc mais une ruelle étroite ou pendait aux fenêtres des guirlandes colorées de linge en train de sécher et sa culotte n'était ni bouffantes ni de velours mais plutôt de coton élimé et plein de trous. Et ce n'était pas une princesse blonde en robe de soie qu'il tenait au creux de ses deux bras mais une vieille fatiguée et tordue qui pendait sous son aisselle. En fait, il n'avait pas grand chose à voir avec un prince. Mais il appréciait la procession quand même.

La porte de l'échoppe s'ouvrit sur une beauté brune aux yeux sombre. Les rayons du soleil s'accrochait en paillettes miroitante dans ses cheveux couleur corbeau et l'auréolaient d'une couronne de lumière. John se demanda l'œil n'avait pas vraiment par mégarde mis les pied dans un conte. Le château était fait de verre et de planches de bois mais il s'y tenait vraiment une princesse sur son seuil. Même les mots qui traversaient ses lèvres rappelaient au campagnard quelque musique exotique plus que n'importe quel langage qui avait déjà résonné dans ses oreilles. Il resta un moment ébloui devant cette vision fantastique avant de comprendre qu'elle s'adressait bel et bien à lui et qu'elle l'invitait à rentrer.

Il suivit son sillage dans une pièce qui sentait bon les épices et la poussière. Un homme bourru à la moustache aussi blanche que les tresses de la beauté un instant disparue était noires récupéra le vivant (pour un temps encore) paquet que John tenait à bout de bras avec une délicatesse surprenante pour un bonhomme de sa carrure. Cette même délicatesse et le regard qu'il portait sur la miraculée maintenant installée sur un tabouret lui firent déduire qu'il avait trouvé le mari de sa vieille dulcinée. Il fut tout attendrait de voir ce vieux couple réuni dont les années n'avaient rien effacé de la tendresse qu'ils se portaient. Voilà un travail fort bien accomplit dont le garçon de ferme pouvait être fier ! Peut-être était-ce le moment de laisser les deux tourtereaux à leurs retrouvailles. De toute façon il ne voyait pas qu'elle aide il pourrait leur apporter de plus s'ils ne pouvaient comprendre ce que l'autre racontait.

C'était sans compter sur la jeune (la fille ? Petite fille ?) aux cailloux dans les cheveux (comment avait-elle accomplit ce miracle de la gravité) qui s'adressa à lui dans un ton que l'inquiétude, sûrement, rendait tranchant comme un hachoir à viande. Au moins elle s'adressait maintenant en anglais ce qui rendrait la conversation sacrément plus aisée. John leva patte blanche, cette famille était décidément bien nerveuse à croire que c'était dans les gènes, et lui préférait en général éviter les problèmes.

- Elle m'est tombée dessus au marché. J'vous jure j'ai cru un moment qu'elle avait passé l'arme à gauche. Mais finalement elle s'est réveillée. Enfin je l'aurais aidée si elle l'avait pas fait.

Ses explications confuses lui parurent très satisfaisantes mais il cru quand même bon d'ajouter :

- J'vous avoue je comprend rien a vot verbiage donc elle m'a montré le chemin en me montrant du doigt. Une tape pour oui et deux tapes pour non ça j'ai compris par contre.

Et il s'enorgueillissait un peu. Ce n'était pas tout le monde qui pouvait s'inventer un moyen de contrer les barrière de la langue avec autant d'efficacité.

- Peut-être si vous lui parlez comme ça elle répondra pareille ?

Une idée qui lui était venue et qu'il avait partagée. Ça aussi ce n'était pas commun. En général, quand cela ne concernait pas un travail manuel ou la gestion de bêtes de ferme, ses idées, il les gardait pour lui. Il commença vers la porte, ce trio n'avait pas encore porté la voix sur lui (enfin depuis que la grand-mère était rentrée elle était calme mais ce n'avait pas toujours été le cas) mais vu ce qu'il avait vu dehors sans ce quartier on aimait bien crier. Mais les cris, John n'aimait pas trop. Surtout quand ils lui étaient adressés.

OH ! se rappela-il, elle avait un panier de courses…

Le palier était bien là, déposé à la porte par la bonne âme qui l'avait aidé à le porter. John fit un aller-retour sur ses longues jambes pour le leur rendre.

- Euh… Manque une tomate par contre. J'ai essayé d'attraper le chapardeur mais je l'ai raté. J'avais votre mamie sur les genoux je pouvais le rattraper. Je ne pouvais pas non plus laisser votre grand-mère toute seule…

Il leur ouvrit le fameux panier pour prouver ses dires.
John L. MacLachlan
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Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
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Dim 14 Mar - 13:47

Mammi Mia! Here we go again
@John L. MacLachlan  &  Filippa Rinaldi
La petite main large et ridée de nonna s’accrocha, un peu tremblante, au verre d’eau présenté par nonno. Ses articulations cagneuses ressemblaient à des gnocchis un peu bosselés. Le temps avait parcheminé sa peau, la froissant sans vergogne de rides, de creux et de taches brunes en forme de constellations. On ne comptait plus les pâtes que ses paumes avaient pétries, les mèches qu’elles avaient coiffées, le sang, aussi, qu’elles avaient versé. Sur ses lèvres striées, mille ans de solitude et de détermination frémissaient. Les mêmes, Filippa les reconnaissait, que celles de son grand-père ; bien que ce dernier, par pudeur peut-être, préférait les cacher sous sa moustache blanche. Les mêmes que les siennes, probablement. Car tous partageaient le même fardeau et aucun n’osait en parler.
Comme une lame de fond, un grand tremblement ébranla la jeune femme des pieds jusqu’à la poitrine sans que celui-ci ne se voit ailleurs que dans son coeur. Pour elle, ses grands-parents étaient éternels. Repères immuables de sa vie, témoins d’un passé qui n’étaient connus que d’eux, ils représentaient tout à ses yeux. Ils étaient les soleils et les lunes de Naples, les citronniers en été, les rires dominicaux, les chants de minuit, l’enfance insouciante, la stabilité dans le chaos et l’incertitude. Elle ne pouvait compter que sur eux et eux que sur elle. Ils incarnaient la frontière, le dernier rempart contre la solitude et le néant. Car, en ce triste monde, elle n’aimait plus qu’eux.
Alors, d’être si brutalement confrontée à leur propre faiblesse et donc à la sienne, lui fendait le coeur. Elle glissa sa main gauche dans celle de sa grand-mère et la recouvrit de la droite. Comme pour s’assurer qu’elle était encore bien là, chaude et vivace. Comme pour s’assurer qu’on ne lui enlèverait pas. Elle se sentit soudain bien lasse, comme éveillée après un cauchemar.

Toujours agenouillée près de son aïeule comme une religieuse devant la Madonne, elle écoutait avec le calme vacillant de ceux ayant échappé au pire le récit du bon samaritain du jour.
Il avait un drôle d’accent, ce qui rendait l’histoire compliquée à comprendre, mais Filippa l’écoutait sans l’interrompre (bien qu’elle ne saisissait qu’un mot sur deux tant il semblait parler la bouche pleine). Son visage s’animait à mesure qu’il déroulait ses phrases et ses mains se déliaient pour ponctuer son discours. Il avait l’air simple. Trop, peut-être, pour être honnête. Mais le soulagement brutal suffit à endormir sa méfiance naturelle.
Lorsqu’il lui présenta le panier, devenu soudain bien futile après tout cela, elle éclata d’un rare rire où se mêlait toute l’absurdité de ces excuses à demi-mots qui n’avaient pas lieu d’exister.

Elle se redressa et planta un baiser sur chacune de ses joues car, chez elle, c’était ainsi que la gratitude pour un geste sans arrière-pensée s’exprimait.

« Merci, » sourit-elle en tenant toujours fermement ses épaules. « Merci, merci, merci. »

Les quelques passants qui s’étaient glissés derrière eux y allèrent alors de leur tape dans le dos et de leurs congratulations sonores. Comme après une course hippique, on se pressait pour toucher le vainqueur et l’encolure de sa monture, dans l’espoir qu’un peu de chance et de gloire ne rejaillissent sur soi, dans l’espoir d’attirer les faveurs divines pour la prochaine fois. Enfin, pour aujourd’hui, Filippa espérait qu’il n’y aurait pas de prochaine fois.

« Che cosa ? Cosa ha detto ? » demanda nonno en reprenant le verre vide des mains de sa femme. « Non ho capito niente, parla velocemente il cowboy. È un cowboy, no ? Chiedigli se è un cowboy. »

La napolitaine lui traduisit avec quelques phrases choisies la substantifique moelle (enfin, ce qu’elle avait compris) des péripéties du jeune homme et de nonna. Sa grosse pogne tapota l’épaule de son épouse tandis qu’il acquiesçait. La grand-mère avait repris un peu de couleur et ses yeux semblaient plus vifs. D’ailleurs, elle repoussait avec un peu plus de vigueur le signor Rinaldi qui s’acharnait à la tenir contre lui.

« Questo è buono, questo è buono ! Che bravo ragazzo, quello. Gli hai chiesto se fosse un cowboy ? »

« Mon grand-père vous remercie, » traduisit-elle en ignorant son obsession soudaine pour son statut de cowboy. « Vous restez déjeuner avec nous, alors. »

Il n’y avait aucune question. Simplement une affirmation qui revêtait des accents d’ordre. L’hospitalité des italiens n’étaient pas une légende et Filippa comptait bien se montrer à la hauteur de leur réputation face à celui qui la méritait.

« Nonna, dovremmo far venire il dottore prima di mangiare ? Che ne dici ? » lui demanda-t-elle.

La vieille fit non de la tête et entreprit de se relever dans un concert de grincements (bien qu’elle protesta à coup de claquement de langue contre le palais contre l’aide maritale).

« Non va bene ? È meglio, te lo dico ! Andiamo, andiamo, mi muovo, andrà meglio. Dobbiamo nutrire il piccoletto. »

L’eau avait huilé sa voix grippée comme une vieille machine. Elle avait retrouvé de sa rondeur et de son énergie.

« Chiudiamo il negozio per mangiare. Vai, vai ! » chassa-t-elle les badauds en agitant les bras.

La porte se referma avec un « clac » sonore et la petite boutique se vida de son effervescence.

« Suivez-moi, » demanda-t-elle au jeune homme sans lui laisser le choix.

Filippa l’entraîna dans son sillage jusqu’à l’arrière-boutique où ses grands-parents s’étaient déjà installés à la petite table, serviettes nouées autour du cou et couverts dans les mains. Elle posa l’énorme casserole de ragoût sur le feu et entreprit de réchauffer la viande qui baignait dans la bolognaise de la veille. C’était bien connu, ce genre de plat était encore meilleur le lendemain de leur préparation. Dans son dos, elle entendit sa grand-mère lui conseiller de faire comme-ci ou bien comme-ça et un léger sourire se dessina sur son visage. Si elle pouvait s’agacer, elle allait mieux. Dehors, de timides rayons de soleil se glissèrent par l’unique fenêtre de la petite pièce exiguë pour la baigner d’une lumière claire.
Bientôt, l’odeur suave du suc de tomate embaumèrent l’arrière-boutique et la cuisinière eut grand mal à retenir son ventre de gronder.

« Dimmi, ragazzo. Giochi a carte ? Dobbiamo fare un gioco dopo aver mangiato ? » demanda le grand-père en lissant sa moustache de l’index et du majeur.

La napolitaine se tourna vers l’invité.

« Il demande si vous jouez aux cartes. Méfiez-vous c’est un roublard. »




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John L. MacLachlan
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Lun 22 Mar - 1:17


John rougit comme un diable quand un gros baiser vint se déposer sur chacune de ses deux joues. S'il avait su qu'il allait se faire embrasser par une si jolie fille, il aurait prit soin de se raser d'un peu plus près ce matin. Et bien ! Il aurait même fait l'effort d'utiliser un peu de son précieux savon qui n'était plus réduit qu'à la taille d'une noix maigre, plutôt que de simplement se passer de l'eau froide sur le visage. Et voilà maintenant que la foule rassemblée autour de l'entrée de l'humble boutique l'acclamait comme le héros dont il lui semblait pourtant qu'il n'avait pas la carrure. Les sourires l'entouraient, les accolades pleuvaient et les compliments fusaient. Du moins il pensait que c'était des compliments, il ne comprenait toujours pas un mot sur deux qui sortait de la bouche de ces gens qui peuplaient cet étrange quartier qui paraissait avoir été extrait d'une terre étrangère. Cela faisait beaucoup pour un fermier issu d'un milieu si humble et il ne savait que répondre à part un rire un peu gêné et des haussement d'épaules embarrassés. Mais son visage ne pouvait mentir, il rayonnait. Lui qui aimait d'habitude se faire plutôt discret commençait à penser que parfois un peu d'attention bienveillante ne faisait pas de mal. Il n'allait pas jusqu'à se dire qu'il pourrait s'y habituer mais il était plus que certain qu'il n'hésiterait pas une seule seconde la prochaine fois qu’une grand-mère en détresse croiserait son chemin.

Le regard de John qui surplombait la petite foule enthousiaste dansait maintenant entre les trois autres protagonistes de ce conte glorieux. Il sourit de soulagement en voyant le visage fripé comme un parchemin de la vieille reprendre quelques couleurs, sourire qui se fit benêt quand son mari bourru baragouina quelques phrases sous sa moustache et que la jeune femme brune de l’échoppe continua dans le même language dont il ne comprenait pas le sens, et de nouveau rassuré quand la plus jeune des trois compère traduisit pour lui les paroles du bonhomme. Le fermier n’eut pas le temps de répondre à la question de la jeune femme en robe bleue, question qui de toute façon n’en était pas une, son estomac le fit pour lui avec un joyeux gargouillement qui résonna entre les quatre murs de la jolie boutique. De toute façon, il ne serait jamais venu à l’esprit de John de refuser un repas gratuit, sa politesse n’était pas aussi fondamentale que le besoin essentiel de manger, et encore moins quand l’invitation était énoncée sur un ton qui n’appelait pas à la discussion.

La jeune maîtresse de maison mit dehors les badauds restants comme on débarrasse les moutons de poussière de son plancher à coup de balai à la fin d’une longue journée. John la regarda faire avec une admiration non feinte (quelle poigne) et quand il se retourna, pour la suivre dans les profondeurs de la boutique il se rendit compte que les deux vieux avaient disparu de la pièce eux aussi. Avant qu’il ait eu le temps de se demander comment deux personnes dont on imaginait les articulations grinçantes comme des gonds qui n’aurait pas vu d’huile depuis des lustres se soient évanouis sans un bruit, la tenancière de l’épicerie lui fit franchir la porte donnant sur une cuisine. John cru qu’il allait s'évanouir tant l’odeur qui en émanait lui faisait tourner la tête. Lui qui avait l’habitude de la bouillie des chantiers, accompagnée, quand il était chanceux, d’un peu de pain sec et de vin coupé à l’eau n’avait, il en avait l’impression, jamais rien senti d’aussi bon. La casserole qui réchauffait sur le feu fleurait la viande, la tomate et les herbes marinées. John n’avait jamais eu l’opportunité de devenir un fin gastronome aux papilles habituées à la diversité des saveurs mais il savait reconnaître les bonnes choses quand il les flairait et son nez ne savait pas mentir. Ce midi il allait se régaler d’un plat alléchant qu’il n’avait encore jamais eu l’occasion de goûter. Et si cela sentait déjà si bon, alors il avait bien hâte de s’enfoncer cette nourriture au fond du gosier.

John s’était tenu en retrait pendant que la petite famille cuisinait, il ne voulait pas perturber cette opération qui revêtait une importance capitale pour les deux femmes (au moins la plus âgée avait repris du poil de la bête, si le fermier n’avait pas été témoin de sa chute il lui aurait été impossible de deviner qu’elle avait fait un malaise à peine une demi-heure plus tôt). Il profitait en silence et en discrétion de la bienheureuse ambiance familiale comme on prétend parfois vivre dans la peau d’un autre en enfilant une veste qui ne nous appartient pas. John considérait qu’il n’avait plus de famille, ce qui ne voulait pas dire que l’animation qui rythme toujours l’heure des repas dans un foyer ne lui manquait pas. Il pensa encore à sa mère, à la façon dont elle louvoyait au-dessus de lui comme un vautour inquiet la première fois qu’il s’était saisi d’une casserole, à la voix qu’elle prenait quand elle lui demandait ce qu’il avait prévu pour le dîner quand elle avait comprit qu’il se débrouillait aussi bien qu’elle.

John remarqua que le patriarche qui trônait en bout de table comme un roi pendant que les deux femmes s’agitaient comme ses sujets affolés le regardait avec un sourire en coin. Le jeune homme ne tarda pas à être informé de ce qu’il avait derrière la tête et se fendit d’un sourire à son tour.

- Un peu, enfin, pas trop, hésita-t-il modestement, mais monsieur peut m’apprendre s’y veut bien. Enfin... si vous êtes d’accord pour me traduire. J’avoue que je comprend pas grand chose à ce qu’y cause. Mais c’est ma faute, je parle que l’anglais, et encore que je le parle pas bien.

En réalité la dernière fois qu’il avait joué au poker (qui était aussi sa première) il avait joué si intelligemment (d’après ce qu’il avait comprit) que ses compagnons de table l’avaient roué de coups à la sortie du saloon. Le fermier qui n’avait toujours pas compris de quelle faute on l’accusait s’était juré de ne plus jamais toucher à ce jeu injuste ou apparemment il ne faisait pas bon de gagner trop souvent. Mais il y avait d’autres jeux que le poker et le gaillard à la belle moustache semblait si enthousiaste que John avait bien envie de lui faire plaisir et de renoncer à son voeux de ne plus toucher à un as de pique le temps de quelques parties.

- Au fait, je m’appelle John… euh… merci pour votre hospitalité ! continua-t-il en se décidant à faire un pas vers la table.

Il ne savait pas comment s’appelait ses hôtes et s’en voulait un peu d’y référer en tant que la belle endurcie et les vieux à l’étrange parlé dans son esprit. Ils étaient singuliers mais ne manquaient pas de gentillesse. Bien au-dessus de ce qu’il avait espéré pour son geste puisque de toute façon il n’avait rien espérer du tout.

- Ca sent vraiment très bon, ça met l’eau à la bouche comme tout ! C’est quoi que vous faites comme plat ?

John L. MacLachlan
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Filippa Rinaldi
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Lun 22 Mar - 18:12

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A l’heure des repas, l’arrière-boutique de l’épicerie se transformait. La petite table branlante – dont l’office premier était de pétrir la pâte, couper les légumes et fermer les conserves – devenait bien plus qu’une simple planche subissant le labeur des mains. On ne l’habillait pas d’une belle nape en lin, de délicates serviettes en coton, de couverts en argent et d’assiettes de porcelaine décorées de motifs fleuris ; mais l’essentiel était là. Il y avait une chaise pour tous et chacun trouvait du pain à sa place.
A côté du broc un peu ébréché se mêlaient en un patchwork de couleurs des petits bols rempli d’épices, de parmigiano, de persil (car, comme les personnes désagréables, il était toujours trop présent et toujours là où on ne l’attendait pas) et de basilic. Les doigts s’y jetaient alors pour agrémenter les plats dans une joyeuse cacophonie et, il fut un temps où la signora Rinaldi tapait les mimines des petits-fils Rinaldi trop gloutons qui s’en fourraient les pognes pour le seul plaisir de ne rien laisser aux autres. Aujourd’hui, oui, chacun avait sa place, même les fantômes. Alors, naturellement, le charivari familial s’était assourdi et ne restait dans l’air plus que les souvenirs fantomatiques des voix que l’on entendrait plus. Autrefois, une fois installés, les langues se déliaient. On s’informait du cousin Francesco, de la grande-tante Assunta, du maire que l’on avait réussi à corrompre, de la réunion de famille du mois suivant, de la naissance des jumeaux, du carabinieri gênant que l’on avait jeté dans le port. Désormais, les visages étaient plus graves, plus marqués aussi, mais on ne pouvait se défaire de cette chaleur latine que la nourriture ravivait.

En bout de table trônait toujours le signor Rinaldi car c’était là la place du chef et il l’occupait depuis bien des années maintenant. L’œil pétillant de malice, il observait le nouveau venu chez lui avec une curiosité non dissimulée. Déjà il gonflait sa poitrine pour s’apprêter à parler et on ne savait ce qui allait sortir en premier : une farce dont il avait le secret ou bien une histoire de ses jeunes années (du bon vieux temps) ou de celles de ses parents. Mais déjà, la signora Rinaldi le fusillait du regard car quoiqu’il dirait, elle le savait, cela serait exagéré au centuple et forcément inconvenant, simplement pour le plaisir d’assurer le ressors comique de son récit. Et un peu, parfois, pour rire des mines gênées des invités.

Et, au milieu de tout cela, l’invité du jour avait des airs de saucisson (une expression dont Filippa ne trouvait pas d’équivalent en langue anglaise et qui signifiait être empreint d’une gentille maladresse) avec ses grands bras et ses grandes jambes qui peinaient à passer sous la table.

« Eh ! Ho capito cosa hai detto ! Gli dici che non è vero, non sono furbo ! » s’indigna nonno. « Gioco bene a carte, non è colpa mia… »

Filippa échangea un regard complice avec sa grand-mère qui leva les yeux au ciel en baragouinant des « c’est ça » et des « à d’autres ». Après tout, s’il y en avait bien une qui s’était faite avoir, c’était elle puisqu’elle avait fini par l’épouser. Alors, ses combines, elle les connaissait.

« Allora cosa sta dicendo ? Il ragazzo vuole giocare a carte ? » insista nonno en coupant les tranches de pain blanc avec ses énormes mains.

La cuisinière touilla une dernière fois le ragoût, le goûta du bout de l’index, hocha la tête de satisfaction malgré les piques de nonna et referma le faitout qu’elle posa au centre de la table comme la pièce maîtresse d’une composition artistique.

« Ma sì, ma sì, giocherà, » soupira l’italienne. « Ma bisognerà insegnargli la scopa. È americano, non credo sappia suonare. Ci ha aiutato, quindi non tradiamo ! »

Sous sa moustache, nonno eut un sourire ravi qui ne rassura en rien sa petite-fille : non seulement il allait jouer (et il n’y avait rien de mieux pour clôturer un bon repas), mais en plus face à un débutant. Il félicita l’inconnu à grands coups de tapes sur l’épaule. Au moins, Filippa n’avait pas besoin de traduire le fait que son grand-père était très content.

« Ne vous inquiétez pas, ce n’est pas très compliqué. La scopa, pas la traduction. C'est que vous parlez vite, » ajouta-t-elle en s’armant d’une louche. « Nous avons ça en commun alors, on ne parle pas très bien l’anglais. »

Elle plongea la louche dans la préparation qui se chargea de sauce rouge, de côtelettes de porc, de rigatoni imbibées et d’une feuille de laurier.

La main osseuse de l’aïeule serra subitement l’avant-bras qu’elle força à s’asseoir. Une expression effarée s’empara de son visage ridé tandis que ses doigts continuaient de tâter la chair du jeune homme à travers sa chemise.

« Il est maigre comme un clou ! » s’écria-t-elle en anglais. « Dai, mangia, mangia, mio piccolo ! Pippa, caricagli bene il piatto, così non avrà più fame. »

Filippa obéit avec un sourire entendu et l’assiette menaça bientôt de déborder. C’était plaisant, pour une fois, de ne pas être la seule à être gavée comme une oie. Elle ne doutait pas une seule seconde que le pauvre homme ne s’arrêterait pas à sa première assiette et que s’il osait refuser (d’un vrai non, de ceux qui ne sont pas de la politesse avant de dire oui), elle lui sortirait son arme secrète : pour me faire plaisir.

Elle balaya ses remerciements d'un mouvement de la main.

« Ne nous remerciez pas, John, » le rassura-t-elle en s’installant à son tour une fois la tablée servie. « C’est nous qui vous remercions. Je m’appelle Filippa, » elle tendit la main au-dessus des auges pour la lui serrer. « Et voici mes grands-parents. »

Nonno lui tendit alors bien vite la pogne et se présenta, Fortunato Rinaldi, tandis que la grand-mère dardait sur l’assiette fumante un œil inquiet.

« Mangia, mangia, » l’invita-t-elle. « Avant que ça ne refroidisse. Ou que nonna ne vous mette la tête dans l’assiette. C’est un ‘o rraù avec du porc, de la sauce tomate et des pâtes. »

Elle fit mine de ne pas prêter d’attention particulière à la dégustation de leur hôte, mais elle surveillait la moindre de ses réactions. Il n’y avait de pire insulte pour une femme italienne que de voir sa cuisine méprisée et si Filippa avait découvert une chose en arrivant en Amérique, c’était qu’elle accordait plus de fierté dans ses plats qu’elle ne se l’était originellement imaginée.

« Vous avez une fiancée ? » demanda la grand-mère d’une voix si bourrée d’accent que la napolitaine douta un instant que la question sortie de nulle part eut été compréhensible.

Ses petits yeux sombres étaient également rivés sur les impressions de l’américain et elle ignora superbement le regard noir que lui jeta sa petite-fille sous ses sourcils froncés. Lorsque ce n’était pas Vitale, c’était le premier inconnu qui s’asseyait à leur table. C’était que nonna désespérait de marier sa petite-fille (célibataire à vingt-huit ans, voilà qui était des plus suspicieux) et surtout craignait de voir leur famille s’éteindre avec Filippa.

« Scusa, elle fait ça avec tout le monde, » trancha-t-elle entre deux fourchetées. « Vous êtes de Silverstone ? »





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Dim 28 Mar - 3:06

C'était un ballet qui prenait place sous les yeux du jeune fermier. La première étoile était la cuisinière qui donnait des grands coups de louche dans la marmite posée sur les fourneaux en rythme avec les cliquetis des couverts de métal qui s'entrechoquent. La table semblait se mettre comme par enchantement, la nappes et les assiettes étaient menées à la baguette par une chorégraphie de quatre mains agiles dansant avec la vaisselle. Le patriarche, enfin, tenait le rôle de chef d'orchestre qui surveillait le rythme de ses petits rats et les encourageait de temps à autres d'une exclamation parfois diligente, parfois exaltante. Maître d'une maison bien organisée, il couvait d'un œil fier ses deux petites femmes magiciennes de l'art de la table. Et John, seul membre du public de cette représentation endiablée se savait chanceux mais se sentait aussi désœuvré. Habitué à mettre la main à la pâte il se sentait ingrat de par son inaction, mais n'osait toutefois proposer son aide car il savait qu'il n'aurait été qu'une gêne dans ce tableau réglé comme du papier à musique. Alors il s'était assis et avait regardé avec ses grands yeux bleus remplis d'admiration pour les ballerines du Grand Théâtre du Déjeuner et leur régisseur.

La petite famille recommençait à parler dans cette langue que John ne connaissait pas mais il n'avait d'yeux que pour le plat que la jeune femme venait de poser devant lui sur la table. Il voyait la viande qui trempait, grasse, dans la sauce rouge, il entendait les petite bulles du liquide bouillant qu'on vient de retirer du feu éclater paresseusement à la surface de la marmite mais surtout il sentait. Il sentait l'odeur sucrée de la tomate mélangée au musc du porc mariné dans des herbes pour la plupart étrangères à sa cuisine. Ces odeurs lui faisaient tourner la tête. Ses papilles salivantes avaient hâte de se gorger de la mixture chaude et son estomac approuvait en les gargouillant de plus belle. Et puis la cuisinière se pencha vers lui et interrompit momentanément sa transe hypnotique de l'homme affamé face aux murmures séducteurs d'un plat en sauce encore bouillonnant.
La scow-pah ? Oh les cartes ! John n'avait jamais entendu parler d'un pareil jeu et s'il aurait dû se sentir rassuré par les paroles de la demoiselle qui lui expliquait que les règles n'étaient pas difficiles, les coups d'œil mutin du joyeux moustachu à sa gauche en revanche, lui picotaient la nuque de façon bien inquiétante (à moins que ce ne fut à cause des grandes tapes joyeuses dont il venait de lui pétrir le dos). John pencha la tête d'un air contrit quand on lui précisa que son parlé patoisant rendait la conversation difficile aux étrangers. Oui cela était assez logique au fond. Il n'avait pas eu le bon ton d'y penser car lui-même ne parlant pas d'autre langue que l'anglais ne savait pas ce que c'était de devoir suivre un campagnard qui mâchonne ses mots comme s'il se fût agi d'une chique et ce dans un second langage. Dorénavant il ferait attention de parler plus lentement. Et d'articuler. En plus il savait faire ! Madame Margery lui avait appris autrefois. Dans une autre vie.

Le garçon de ferme se laissa tâter par la décidément bien réveillée grand-mère. Son inquiétude non déguisée le fit rire. Voilà longtemps qu'on ne l'avait pas qualifié de "maigre comme un clou". John avait été un de ces bambins joliment joufflus dont les rondeurs adorables étaient devenues angulaires à l'adolescence. En commençant par ses épaules qui s'étaient élargies avant que tout son corps ne se soit étiré dans sa longueur avant ses dix-sept ans. Mais ses épaules larges lui avaient toujours donné une carrure de gaillard quelque fut la maigreur de son ventre. Joseph, peut-être, l'avait toujours trouvé trop maigre, mais ce n'était sûrement qu'une excuse pour le gaver de ses pâtisseries. Alors dans la toute petite femme fripée il retrouvait un peu son Yoyo, ce grand épouvantail en sucre, qui avait toujours un peu de farine dans les plis de sa chemise si bien qu'autour de lui il neigeait toujours quelque soit la saison.
Le petit maigrichon se retrouva donc avec l'équivalent d'une montagne dans l'assiette et il en aurait pleuré de reconnaissance s'il n'avait pas eu un peu plus de tenue. La montagne avait plutôt des allures de volcan fumant avec sa lave de sauce rouge dégoulinant sur la céramique blanche. Il serra la pince à ses hôtes par dessus son assiette en prenant bien garde de ne pas y tremper la manche. Filippa, quel joli nom et qui lui sied bien. Il adressa le même sourire ravi à ses grand-parents, tout content de pouvoir maintenant poser des noms sur leurs visages.

Quand tout le monde se fut servit il y entama un gros cratère dans le Mont 'O rraù d'un coup de fourchette joyeux, le ponctuant d'un "bon appétit" tout aussi enjoué. Ses yeux s'écarquillèrent quand il enfourna sa première fourchetée. Son nez ne l'avait pas trompé, il lui semblait qu'il n'avait rien mangé d'aussi bon depuis une éternité. John gratifia la cuisinière de grands mouvements de tête délectés et des bruits naseaux étouffés puisque sa bouche pleine de pâtes à la tomate l'empêchait de lui adresser des compliments plus éloquants. Mais l'esprit y était. Et comment ! La viande cuite à point lui fondait sous la langue, ses papilles se gorgeaient de tomate et ses dents s'affairaient sur les pâtes avec bonheur.

- C'est magnifique! S'exclama-t-il après avoir dégluti.

Mais il n'eut pas le temps d'en dire plus, il enfournait déjà une deuxième bouchée en prenant à peine le temps de souffler dessus pour la refroidir. Bientôt les bruits de mastication bienheureuse emplirent la pièce pour toute musique. Il suçait les pâtes farcies de sauce à la viande sans se soucier du rouge qui lui collait à la commissure des lèvres. Ses petites leçons de bienséance avaient bien vite été oubliées devant l'ouvrage d'un estomac à remplir. Il eut un petit hoquet qui renvoya en sifflant quelques gouttes de tomate dans son plat à travers le tube de pâte qu'il avait entre les dents quand la question de Nonna parvint à ses oreilles. Est-ce qu'il avait bien entendu le mot fiancée ou est-ce qu'il se trompait ?

- Hein?... Je veux dire, pardon ?

Mais Filippa changea de sujet et John sauta sur la distraction pour se dérober au regard scrutateur de sa vieille rescapée.

- Ah oui… Enfin non, commença-t-il en manquant de s'essuyer la bouche d'un revers de manche, heureusement il se souvint qu'il avait une serviette à côté de son assiette avant de commettre l'irréparable, en fait j'arrive du Missouri, mais je me suis installé à Silverstone il y a peu.

L'ambiance familiale de la cuisine avait vaincu ses dernières réserves. Il se serait à l'aise, comme s'il prenait un repas chez des cousins éloignés. Assez à l'aise pour devenir un peu bavard.

- Ma mère est morte l'année dernière, alors je suis venu pour retrouver mon père, continua-t-il en prenant garde de détacher chaque syllabes.

Il souriait tout en parlant comme s'il ne s'était pas agit vraiment d'un drame. Sa mère avait été tout pour lui mais elle était partie. C'était ainsi. Il était mélancolique mais il n'était plus vraiment triste. La route l'avait aidé à faire son deuil plus sûrement que toutes les prières à Dieu. Même s'il n'avait pas été avare de celles-ci non plus.

- Et vous, vous êtes ici depuis longtemps ? Et vous venez d'où ? Je suis désolé je connais pas votre langue. Ça chante comme l'espagnol mais je reconnais aucun mot alors c'est pas ça, hein ?

John était ignorant, mais pas tout à fait bêta et il tenait à le montrer. Il prit une gorgée dans son verre afin de se nettoyer le gosier avant de rattaquer son plat avec encore plus d'ardeur.


John L. MacLachlan
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Lun 29 Mar - 23:32

Mammi Mia! Here we go again
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D’un coup de cuiller, John baptisa le plat. Le trio italien avait scrupuleusement respecté la tradition avant d’entamer leurs auges : chacun avait reçu sa part et l’invité avait l’honneur de la première bouchée. Leurs yeux étaient suspendus à ses lèvres et au verdict qu’il s’apprêtait à prononcer et dont l’importance était celle d’une condamnation. Il était de notoriété commune que les bouches américaines étaient dotées d’un goût et de papilles discutables, mais qu’elle vienne d’un mendiant ou bien d’un roi, l’approbation était toujours accueillie avec plaisir, lorsque ce n’était pas avec fierté.
La cuisine était une des nombreuses manières qu’avaient les hommes d’exprimer leur affection. Une accolade un peu différente. Un peu timide, presque. Car si l’on était forcé de cuisiner pour vivre, personne n’était forcé de mitonner de bons petits plats. Si l’on faisait cela pour soit, alors on s’estimait. Si l’on faisait cela pour d’autres, alors on les aimait (sauf, bien sûr, lorsqu’il était question de rémunération). C’était une autre façon de faire rayonner la lumière secrète dissimulée en chacun.

Et leur hôte du jour, en juge bonhomme et conciliant, semblait ravi, son visage parfaitement lisse. Ses épaules un peu trop hautes étaient retombées et ses sourcils s’étaient haussés de stupéfaction. Un peu de rouge badigeonnait son menton (on ne pouvait lutter contre les rigatoni qui laissaient trop souvent la sauce perler hors des commissures). Il souriait et son sourire était similaire au soleil. Il y avait tant d’ingénuité et d’insouciance dans cette grande bouche qui s’exclamait, dans ces coudes que l’on avait malgré tout posé sur la table, dans cette mine bienheureuse qu’aucun souci ne semblait pouvoir troubler que la napolitaine crut un instant se trouver assise face à un petit garçon malgré ces jambes et ces pattes de sauterelles bien trop longues pour l’arrière boutique. Peut-être, s’il souriait encore, se surprendrait-elle à s’attendre à voir une dent manquer car c’était ainsi qu’était faite la dentition des enfants turbulents.
Il y avait longtemps, ses frères l’avaient regardée comme ça, eux aussi, comme des imbéciles heureux d’avoir la panse remplie, attablés comme des princes devant le plus simple des repas. De ce passé lointain, après leur mort, après que les choses se soient brisées, dispersées, rien n’avait subsisté si ce n’était le goût et l’odeur de ces repas partagés, plus durables, plus persistants, plus fidèles et plus douloureux encore que l’auréole d’une gloire passée dont elle souffrait de ne pas se parer. Comme ils lui manquaient.

La gorge un peu serrée, Filippa haussa les épaules de cette manière toute particulière qu’elle avait de faire lorsqu’elle était fière d’elle, mais chatouillée par une réserve que faisaient naître les compliments trop francs. Néanmoins, elle ne pouvait nier ni la douce chaleur qui étreignit sa poitrine, ni la rougeur qui vint colorer ses joues mates et qu’elle s’évertua à dissimuler derrière un mouvement de serviette destiné à essuyer ses lèvres. Elle était contente, mais se contenta d'hocher la tête, trop fière pour dire merci à nouveau.

Le coup d’envoi ayant été donné, ils attaquèrent à leur tour, moulus par une matinée aussi haute en couleurs que l’était la table couverte d’épices. D’ailleurs nonno n’y allait pas de main morte avait le peperoncino qu’il faisait pleuvoir dans son assiette comme des paillettes rouges, un sourire malicieux sur les lèvres, bien trop heureux de s’incendier la gorge.

« Tomates séchées, » dit-il en tapotant du doigt le petit bol. Derrière les verres en demi-lune de ses lunettes, le fripon avait les yeux qui luisaient. « Très bon ça. Mangia. »

Malgré son accent si dense qu’un hachoir n’aurait pu le trancher, son choix de mots simples lui garantit une compréhension totale de la part de leur hôte. Sa petite-fille se retint de lui jeter un regard désabusé, la même qu’elle avait précédemment jeté à sa grand-mère avant d’habilement parvenir à changer de sujet grâce à la collaboration de John. Elle le savait pourtant, ce n’était que partie remise car l’aïeule avait la tête aussi dure qu’une miche de pain vieille de cinq jours.

« Ne l’écoutez pas, c’est du piment, » murmura-t-elle d'une voix complice entre deux fourchetées.

Nonno aspira bruyamment une cuiller de sauce, colorant au passage sa moustache.

« Che dici ? Mi stai rovinando la battuta, vero ? Che guastafeste, quella ! » grogna-t-il en s’interrompant lui-même d’une nouvelle bouchée.

La révélation du décès maternel suscita l’émoi chez nonna qui lâcha fourchette et cuiller pour se signer en marmottant une prière, ses doigts noueux joins au-dessus de son assiette. Avec une retenue masculine de vieil homme, nonno l’imita avant de retourner à son plat en hochant la tête. L'aïeule lui tapota alors doucement la main comme n'importe quelle grand-mère aurait fait pour réconforter son petit-fils.

« Je suis navrée de l’apprendre. Nous prierons pour elle, ce soir. »

Filippa posa sur John un regard empreint ni de pitié, ni de compassion, car elle était de ceux qui savait et elle-même ne parvenait à accepter ni l’un ni l’autre.
Elle aurait pu se reconnaître dans cette grande gigue privé, lui aussi, de mère, mais ce n’était pas le cas. Lui arborait une certaine sérénité, bien que teintée d’une tristesse délavée par le temps, lorsqu’il en parlait. La sentence avait été acceptée et digérée. Elle conservait cet air froid et contrit malgré les cinq années écoulées. Elle doutait que le temps parvienne à faire son oeuvre. Car la main qui lui avait ôté la vie continuait de porter sa fourchette à sa bouche et vivait encore, à des milliers de kilomètres, intouchable. Le masque ne serait ôté que lorsque les doigts retomberaient, inertes.

« Vous l’avez retrouvé, votre padre ? »

Elle ne savait pas vraiment où était le Missouri, mais elle s’imagina que cela devait être assez loin de Silverstone. Après tout, cette maudite ville était loin de tout. De la mer, des montagnes, des autres villes. Il n’y avait rien si ce n’était cette verrue perdue au milieu de nulle-part. On ne venait pas ici par plaisir, ni en villégiature pour profiter du bon air de la campagne. On venait ici soit pour se cacher soit parce que l’on cherchait ceux qui se cachaient.
Pour retrouver mon père. Cette simple phrase aurait pu éveiller mille autres questions. Avait-il grandi sans lui ? Était-il un enfant bâtard ? S’étaient-ils séparés pour travailler ? Toutes ces interrogations étaient étranges pour la jeune femme car, en dépit de sa connaissance de l’existence de ces situations, elle avait été élevée par son cordonnier de père et sans lui, le tableau familial lui aurait semblé parfaitement incomplet.

Nonna, elle, était trop vieille pour s’embarrasser.

« Hai famiglia qui ? Tuo padre ti ha lasciato a lavorare, giusto ? Questo paese, eh, spezza le tue famiglie. In cosa lavora allora ? »

Son malaise n’avait visiblement pas calmé ni sa curiosité, ni le moulin de ses paroles qui reprenait à chaque mot plus de vivacité et plus d’empressement bavard. L’assiette terminée, Filippa essuya sa bouche pour dissimuler sa grimace.

« Nous sommes arrivés il y a cinq ans d’Italie, » mentit-elle en reposant sa serviette.

Ce n'était pas un mensonge, mais elle n’avait pas traduit les questions de nonna et avait préféré les remplacer par une autre vérité.

« Traduci male ! » s’agaça la grand-mère en levant les yeux au ciel alors même qu’elle ne comprenait rien de ce que sa petite-fille disait.

Elle en était simplement intimement persuadée et elle avait raison.

« Ah ! » éclata son grand-père. « È quello che ho detto ! Cosa ci fa dire eh ? Chissà ! »

Mais l’ouragan passa comme il était arrivé lorsque l’on remarqua que l’assiette de John était vide. Alors, toute l’attention dériva vers cette catastrophe que l’on pouvait encore éviter.

« Prendi il mestolo, Pippa e stringilo, dai ! Lo vuole eh ? Pour me faire plaisir. »

Ah, Filippa l’attendait. La signora Rinaldi tourna de grands yeux mouillés vers leur invité en tapotant son avant-bras.

« Pour me faire plaisir, » répéta-t-elle. « Allez. Oh, ma è brava a ricamare questa maglietta ! Devi darmelo, va bene ? Lo aggiusterò. Non puoi far uscire un giovane così, no, no. Cos'è ancora questa mania, di uscire trasandato in quel modo ? »

À nouveau, Filippa chargea l’assiette comme un voyageur aurait chargé sa mule (lourdement, donc). Dans ses yeux noirs, un rare éclat de rire, contente de partager le fardeau d’une culpabilité que l’on était incapable de porter car dire non après un pour me faire plaisir s’apparentait au pire des affronts.

« Il faudra lui donner votre chemise. Elle va la recoudre, » traduisit-elle sobrement en laissant de côté ses râleries sur la manie des jeunes d’être mal fagotés.  

Nonno ne se fit également pas prier pour garnir son auge. Il avait déjà totalement tâché la sienne, de chemise, et semblait s’en ficher comme d’une guigne malgré les yeux de son épouse qui lui lançaient des éclairs. Elle avait même mouillé sa serviette d’un coup de langue rageur et s’appliquait désormais à frotter comme une damnée.

« Quindi cucina bene, eh, mia nipote ? È brava a sposarsi, non è vero ? » lâcha-t-il après un clin d’oeil appuyé vers sa petite-fille avant de buriner son coude dans les côtes de John. « Dobbiamo tornare indietro, okay ? »

Il aimait beaucoup utiliser okay depuis qu’il était arrivé aux États-Unis. Nonna acquiesça avec entrain, toujours en train de nettoyer son maladroit de mari.

« Ils insistent pour que vous reveniez, » expliqua-t-elle en omettant sciemment la première partie du message, bien que les appels de phare de nonno soient assez explicites pour la mettre mal à l’aise. « Je cuisinerai autre chose la prochaine fois. Qu'est-ce que vous aimez ? Mais allez-y, mangez, mangez. Sinon, nonno va s’impatienter. »





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Ven 9 Avr - 0:01

La seule chose que John pouvait bien aimer plus que le travail, c'était bien de manger. Il faut dire que sa vie dans la petite ferme du Missouri n'avait été rythmée que par deux choses: travailler et manger, manger et travailler. Il n'avait jamais été pointilleux sur ses repas, sa mère aimait à dire qu'il aurait pu avaler une semelle bouillie pour peu qu'on l'aurait agrémentée d'un peu de sel et le garçon avait connu quelques jours de disette ou ces dires n'avaient pas été loin d'être vrais. Il engloutissait avec le sourire tout ce qu'on pouvait bien lui mettre dans l'assiette et il engloutissait avec d'autant plus de vigueur s'il savait que la pitance avait été faite avec cœur, quand bien même elle aurait eu un goût de semelle bouillie avec du sel. Car l'amour, disait-on, est ce qui fait la vraie saveur d'un plat.
Bien sûr même son palais rustique savait faire la différence entre un quignon de pain sec et du caviar et il avait sû apprécier à leur juste valeur les pâtisseries élaborées dont ses protecteurs bourgeois aimaient le gaver pendant les après-midis qu'il passait chez eux et il n'était pas assez idiot pour ignorer que c'était là des douceurs auxquelles il n'aurait droit nulle part ailleur et certainement pas chez lui, sa mère n'ayant pas l'argent pour se permettre de telles frivolités culinaires. Mais cela ne voulait pas pour autant dire qu'il boudait le bouillon maigre que cette dernière avait pu lui servir pendant les jours les plus rudes qu'avait connu la ferme, parce que John savait que cette soupe un peu trop clair était aussi tout ce qu'ils pouvaient se permettre et n'avait pas été faite avec moins d'ardeur et de désir de lui plaire que les madeleines au beurre de Joseph. En un mot comme en cent, John n'était pas difficile et savait aussi trouver le bonheur au fond de son assiette.

Cette fois-ci ne faisait pas exception, il se réglait comme il ne s'était pas régalé depuis bien longtemps. Il retrouvait dans ces pâtes en sauce tout l'amour de la cuisinière qui le renvoyait à un temps maintenant lointain ou des proches qu'il chérissait lui faisaient encore la cuisine, et si ses jambes n'étaient pas devenues aussi longues il aurait eu envie de les balancer en avant-arrière de plaisir comme il en avait l'habitude quand il était petit garçon. Ce plat lui faisait oublier tous les soupers maigres qu'il avait connu sur la route, valait cent fois celui de la meilleure auberge qu'avait pu lui payer sa modeste bourse et lui faisait découvrir des saveurs inconnues jusqu'alors de son palais ignorant tout en lui faisant se demander comment il avait pu vivre sans connaître cette béatitude jusqu'alors. S'il était avare de mots car il avait la bouche pleine, son comportement en revanche ne dissimulait rien du plaisir que lui procurait cette nourriture qu'il jugeait digne du panthéon et il ne savait plus trop bien s'il devait diriger ses regard enamourés vers son assiette ou vers la cuisinière qui y répondait avec la modestie de la femme satisfaite qui sait bien qu'elle fait plaisir. Et bien décidé à rendre la pareille à tout le monde il étendit donc son bras vers les "tomates séchées" que lui vantait le grand-père facétieux sans ignorer toutefois la mise en garde de la petite fille : il ne se servit pas aussi généreusement que son comparse au poil couleur neige. Mais la cuisine étrangère lui avait donné les papilles aventureuses et il ne voulait pas risquer de manquer un éventuel délice inconnu. Pour l'aventure il ne fut pas déçu, les épices lui brûlèrent la langue mieux que du chile Serrano mais, après la vague de chaleur qui lui montait à la gorge à chaque bouchée, relevaient aussi agréablement la sauce et cela ne l'empêchait pas de vider allègrement son assiette entre deux gorgées d'eau fraîche.

John n'aimait pas la pitié qu'inspirait habituellement l'annonce de la mort de sa mère aussi il vit parfaitement qu'il ne s'agissait en rien de cela lorsque la jeune femme aux yeux de nuit lui adressa ses condoléances. En fait, il lui adressa même un sourire empli de gratitude (bien que tartiné de sauce tomate) une fois qu'il eut avalé sa fourchetté. John était un fervent chrétien et priait lui même tous les soirs pour le salut de l'âme de la défunte car s'il la voyait comme une sainte il se disait que le bon Dieu n'avait peut-être pas les mêmes critères qu'un fils adorant sa mère et que quelques voix ferventes dimanche prochain ne seraient sûrement pas de trop pour la guider vers les portes du paradis.

- Oui ! répondit-il tout content d'avoir quelque chose à dire. c'était pas facile de retrouver sa piste. J'ai tourné en rond près d'un an, ceci dit je m'en plains pas ça m'a fait voir du pays moi qui était jamais sorti de mon village, mais je l'ai retrouvé à Silverstone il y a pas longtemps et un peu par hasard. C'est une sacré chance que ce soit quelqu'un d'un peu renommé dans la ville, je dois dire.

Même si ses tournures maladroites trahissaient encore ses origines paysannes, il faisait toujours attention d'articuler pour ses hôtes.
La voix croassante de la Nonna emplissait l'air et même si le campagnard n'y comprenait rien il se rendit compte qu'il prenait plaisir à l'écouter. D'abord parce qu'autant de volubilité prouvait bien que malgré son malaise la frêle petite femme respirait de nouveau la santé et surtout parce que les accent chantants de son verbiage n'avaient rien de désagréable à l'oreille. Ses deux mains s'agitaient comme portées par la chanson de sa bouche et même si leur chorégraphie endiablée ne renseignaient en rien le jeune homme sur le sens de ses paroles il leur trouvait la grâce des mains d'une jeune fille si bien qu'il en aurait presque oublié les ridules de sa paumes et le nœuds de ses doigts qui trahissaient pourtant son âge. Ces mains n'avaient plus rien des serres crochus qui avaient agrippé son bras un peu plus tôt et faisaient maintenant voler les longs filaments argentés échappés de la coiffure de la vieille femme comme les ailes d'un oiseau prenant son envol.

John détourna les yeux d'un spectacle qu'il jugeait fascinant pour se reconcentra sur les réponses de ma belle étrangère.
L'Italie. Il savait parfaitement placer ce pays en forme de botte sur une carte de l'Europe mais il n' avait jamais rencontré d'immigrants de première génération.

- En cinq ans… ça doit bien vous manquer l'Italie. Ma ferme me manque aussi mais je peux plus y retourner ils me l'ont prise.

Devoir abandonner son chez-soi, ses origines, c'était un grand sacrifice. Mais quand ce sacrifice était terni par l'injustice d'avoir été mis dehors elle s'accompagnait alors d'un sentiment de frustration triste et cela il était tout à fait en mesure de le comprendre.
Mais soudain une nouvelle agitation ébranla la petite famille attablé et des phrases vives qu'il pouvait à présent identifier comme de l'italien fusèrent à travers la petite pièce encore odorante des fumets de plat en sauce. Cette fois il finit par comprendre que c'était son assiette vide qui était la cause de ces débordements paniqué et quand on lui indiqua que sa gamelle allait bientôt être remplie pour la seconde fois il leva de grands yeux d'enfant à qui on vient d'offrir le joujou de ses rêves vers la détentrice de la louche. Il avait le droit d'en reprendre ? Ce n'était pas un luxe auquel on l'avait souvent habitué et si la première plâtrée avait été généreuse, la seconde le fut plus encore. On allait l'empiffrer jusqu'à ce qu'il ne puisse que rouler hors de la table et cette perspective d'une panse si pleine qu'elle semblerait sur le point d'éclater emplissait son cœur de joie. Les occasions de manger jusqu'à s'en sentir lourd et somnolent n'étaient pas courantes dans le mode de vie que la Providence lui avait choisie et il n'était pas fou au point de laisser passer une occasion comme celle-ci. Il bénit de ses mains jointes la générosité de ses hôtes avant de baptiser d'un nouveau coup de fourchette la deuxième fournée de nourriture qui reposait fumante dans son assiette.

- Oh ne vous donnez pas cette peine, réussi-t-il tout de même à articuler entre deux bouchées bien pleines, ce n'est qu'un vieux torchon que j'enfile pour aller travailler.

Il savait que sa dégaine ne payait pas de mine mais son vêtement était aussi troué qu'une passoire et il aurait été bien embarrassé de voir une de ces dames s'échiner sur tant de travail de reprisage. De plus, le seul rechange qu'il possédait se trouvait actuellement dans son appartement et l'idée de se déshabiller chez ces gens tout à fait respectables le laissait tout honteux.
Mais il avait a peine le temps de répondre que le grand-père se lança dans une tirade à laquelle il ne comprit que le mot final. Son regard perdu sauta du vieux à la chemise couverte de sauce à la jeune femme qui ne se fit pas prier pour traduire.

- C'est vrai ? Je peux ?

Ils voulaient qu'il revienne ? Tant de générosité était presque incroyable dans ce coin de pays où la rudesse n'était égale qu'à la violence. C'était presque trop beau pour être vrai et l'e fermier avait du mal à en croire ses oreilles. En tout cas il n'avait pas à réfléchir à la proposition. Il n'avait pas e'core trouvé un seul foyer dans tout Silverstone ou on l'avait accueillit avec autant de bonté et de bienveillance (et surtout une aussi bonne chaire) que chez cette famille d'étrangers. Il aimait déjà la façon facétieuse que le patriarche avait de sourire et qui lui illuminait tout le visage à la manière d'un gosse qui vient de faire une farce qu'il juge drôlement marrante. Il aimait la façon dont se plissa it les yeux de sa femme quand elle craignait qu'un des sien ne manque de quelque chose. Et il aimait aussi l'affection un peu dure de leur petite fille pour qui chaque marque de gentillesse franche revêtait la robe solennelle de l'ordre indiscutable. Ces gens possédait l'authenticité qu'il manquait parfois aux anciens colons trop étrillés par les vents hostiles de l'ouest encore trop sauvage. John ne les connaissait que depuis peu mais les fréquentaient depuis déjà assez longtemps pour deviner que leur offre était sincère et ne dissimulait aucune arrière pensée. D'ailleurs, qu'auraient-ils eut à y gagner. Le campagnard ne possédait pas grand chose de plus que la chemise qu'il portait sur son dos. Et cela l'embêtait un peu au fond. Il aurait bien aimé pouvoir leur rendre la pareille.

- Oh vous savez j'aime tout mademoiselle ! Et je suis sûr que quoique vous cuisinez ce sera aussi divin que ce que vous m'avez fait manger aujourd'hui ! Vous devriez être cuisinière, pour sûr que tout Silverstone se tasserait à vot' porte tous les midi et que vous mettriez les autres auberges de la ville au chômage !

Il ne s'arrêtait de manger que pour parler (et encore avec la bouche pas tout à fait vide ce qui aurait fait frémir d'horreur Madame Margery), mais quand il releva les yeux vers la beauté froide qui savait pourtant faire preuve de beaucoup de bienveillance c'était avec une petite moue affligée qui lui tordait les lèvres.

- Mais j'ai rien fait pour mériter autant de sympathie de vot' part et je m'en voudrais fort de pas vous rendre la pareille. Je suis pas bien riche comme vous avez pu le constater à ma dégaine mais je sais un peu y faire de mes dix doigts et ça me ferait plaisir de vous assister dans quelque travaux ou corvée que vous trouveriez trop pénible.

Il sourit à la pensée de ce qu'il pourrait accomplir pour eux. John n'était pas un paresseux, il aimait mettre du cœur à la tâche et d'autant plus quand il se sentait redevable. Et il ne demandait qu'à le prouver.

- La besogne doit pas manquer dans une belle épicerie comme la vôtre et je me débrouille même pas trop mal avec la charpente si un jour vous avez des problèmes de toiture ou d'isolation, il ajouta avec un sourire facétieux dont Fortunato aurait presque pu revendiquer la paternité, pour me faire plaisir !


John L. MacLachlan
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Dim 11 Avr - 12:51


Mamma Mia! Here we go again

@John L. MacLachlan  &  Filippa Rinaldi

En parfait aventurier de l’épice (et donc comme tout aventurier qui se respectait, malgré les mises en garde), John avait imité nonno et n’y allait pas avec le dos de la cuiller avec le peperoncino. Filippa ne sut si c’était par authentique politesse, pour ne pas froisser l’aïeul, ou s’il avait finalement hérité de l’enfance bien plus qu’une moue joviale et que cette dernière se teintait alors d’une gentille impertinence. Le fait était qu’une jolie couleur rouge, de la même couleur que les bignones qui colonisaient les treillages des jardins napolitains, fleurissait sur sa gorge et ne mit pas longtemps à grimper jusqu’à ses joues. La scène arracha un rire gaillard au moustachu qui manqua de s’étouffer avec ses pâtes alors que nonna le houspillait faussement, incapable de dissimuler la lueur amusée au fond de son regard noir.

Même leur petite-fille s’était laissée allée à la risette. Cette farce inoffensive était un rite de passage que nonno faisait indifféremment passer à toutes les personnes qui, un jour, se furent assises à sa table : enfants, petits-enfants, voisins, inconnus de passage… Filippa elle-même en avait fait les frais. Mais surtout, elle se rappelait avec une mélancolie suintant un passé révolu de la réaction de Placido, un de ses jeunes frères, lorsqu’il avait lui-même enfourné la fourchette lourdement assaisonnée, avec dans ses yeux l’inconscience du drame qui allait se jouer. Elle se souvenait de ses cris furieux, de l’hilarité générale à table, de Naples en toile de fond, de l’odeur des absinthes, de citron et de tomate, de la mer cuirassée d’argent, du ciel bleu écru, des maisons colorées couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons qui coulait dans les amas de pierres.
La ressemblance entre John et Placido lui parut alors être une évidence et elle s’étonna même de ne pas l’avoir aperçue auparavant.
Pourtant, l’instant fugace s’étiola comme un nuage fin dans le ciel d’août. Le sourire aux yeux et les larmes aux lèvres, Filippa observa les lambeaux de son frères s’effacer tandis que leur invité retrouvait sa figure et que la maison familiale se dénudait d’Italie pour revêtir la triste réalité de l’arrière-boutique. Car telle était la vie des hommes ; quelques joies très vite effacées par d’inoubliables chagrins*.

Elle se rendit compte que John adaptait réellement son phrasé, désormais. Le rythme était plus lent. Il prenait le temps d’articuler chacun des mots qui, toujours, semblaient sautiller tant sa voix dansait un quadrille étrange sur ses lèvres. Néanmoins, il n’y avait aucune condescendance dans cette locution prudente comme c’était parfois le cas lorsqu’elle se trouvait en face d’américain goguenards, bien trop heureux d’affirmer leur supériorité illusoire dont le seul argument était la maîtrise (parfois approximative) d’un anglais bâtard.

La traduction des révélations de leur invité quant à la recherche paternelle éveilla un nouveau flot intarissable de questions de la part de l’aïeule :

« Qualcuno famoso a Silverstone ? Qual'è il suo nome ? Lo conosco ? È perché, vedi, conosco molte persone… »

Les mots se courraient après comme s’ils craignaient de louper leur train. Car, comme toutes les grands-mères italiennes, les ragots avaient une saveur particulière qui tenait du divin et qui se dégustait le mieux aux repas de famille, juste avant le digestif. Pour ne jamais perdre une miette de la vie du quartier, on s’installait sur les perrons ou bien aux fenêtres, dissimulé derrière les volets ou bien juste derrière le linge humide qui séchait. On saluait d’un air entendu celles et ceux qui, comme soit, s’étaient postés en embuscade.
Et alors, commençait la valse des regards inquisiteurs et des oreilles qui traînaient. Qui sortait de quelle maison ? À quelle heure ? Au bras de qui ? Qu’avait dit la Iseppa ? On avait entendu Angelo compter fleurette à Gianna ? L’information était notée et ne tarderait pas à être répétée, amplifiée et déformée.
En voyant l’effervescence qui l’animait, Filippa fut contrainte d’agir.

« Se ti parla, il piatto si raffredderà e non potrà mangiare. »

Nonna s’arrêta net, scella sa bouche du pouce et de l’index et fit mine de jeter la clé par-dessus son épaule. Désormais muette, elle encouragea de la main John à se gaver comme une oie. Ce qu’il fit de bon coeur, accompagné à sa droite par nonno qui n’avait pas dit son dernier mot.

À sa remarque sur l’Italie, elle acquiesça vaguement, peu désireuse de faire étalage de sa peine devant John. « Plus que de raison, » aurait-elle pu répondre. Car malgré les cinq ans écoulés aux États-Unis, elle se sentait encore comme une étrangère dans un monde de fous. Elle ne comprenait ni leurs habitudes, ni leur cuisine, ni leur verbiage rustre. En venant ici, il n’avait pas seulement changé de continent, mais remonté le temps tant ils semblaient se complaire dans la boue, la fumée et les maisons en bois que le moindre coup de vent risquait de souffler. Le Moyen-Âge n’avait rien à leur envier.
Le moindre effort fait de sa part pour tenter de s’intégrer lui apparaissait comme une trahison à ses origines, à ses moeurs et à sa culture. D’ailleurs, elle n’en éprouvait aucune envie, ni aucun besoin tant le microcosme créé à Silverstone l’enveloppait dans une zone de confort qu’elle maîtrisait. Pourquoi s’échinerait-elle à parfaitement maîtriser une langue, à renier sa religion et à oublier ses traditions ? Elle n’était pas ici par choix. Comme leur hôte avait été chassé de sa ferme, elle avait été chassée de son pays. « À nous aussi, ils nous l’ont prise. »

« Qui vous a volé votre ferme ? » demanda-t-elle finalement sous le regard courroucé de nonna (s’il parlait, il ne mangeait plus). « Et j’insiste pour la chemise. Vous risqueriez de vous faire une nemico, sinon.

Elle désigna du menton sa grand-mère qui rouspettait en finissant de nettoyer son maladroit d’époux.

« Promesso, on ne regardera pas, » sourit-elle.

Le parallèle qu’elle avait précédemment et inconsciemment dressé entre Placido et John l’attendrissait quelque peu et elle baissait sa garde. Elle se laissait aller à la taquinerie qu’elle ne réservait habituellement qu’à ses frères et donc, depuis cinq ans, à plus personne. De renouer avec cette facette de sa personnalité qu’elle avait cru mutilée et enterrée avec eux lui laissa un sentiment étrange qu’elle ne parvenait à qualifier. Le jeune homme avait déposé ses doigts sur les pages cornées de sa vie et avait remonté les chapitres jusqu’à une époque plus légère qu’elle avait cru appartenir au passé pour toujours. Visiblement oui, en venant ici, elle avait remonté le temps. Elle se trouvait alors face à elle-même ; plus vraiment une étrangère et pas tout à fait familière. À moins, qu’au contraire… elle n’avance ?

Cette douce régression la laissa muette tandis que John souriait toujours comme un ravi de la crèche devant son plat qu’il engouffrait comme un mort de faim. « Les garçons, ça mange toujours plus, » disait souvent nonna. Filippa ne doutait pas une seule seconde que c’était exactement ce à quoi l’aïeule songeait alors qu’elle observait, bien contente, cet animal qui léchait l’assiette comme un chiot lécherait le fond de son bol. La grand-mère n’était jamais plus heureuse que lorsque leur table se garnissait, pour retrouver un peu de cette illusion de chaleur et d’ébullition de famille nombreuse. Pour boucher les trous de son coeur qu’elle colmatait comme elle pouvait à coup de pâtes fraîches et de sauce tomate. Pour retrouver les fantômes de ses petits-fils partis trop vite rejoindre la poussière et la cendre.

« Sì, sì, certo, » l’encouragea Filippa en acquiesça à sa question (à grands renforts d’exclamations joyeuses de la part de ses grands-parents). « Dimanche, après la messe, d’accord ? »

« Faremo una pizza ! Mangerò il polpo, ma ehi, ecco qua, il mare non è qui vicino… » ajouta joyeusement nonno en finissant de s’essuyer la moustache. « Vedrai, ragazzo, è molto buono. »

Il joignit l’ensemble de ses doigts contre ses lèvres en fermant les yeux avant de les laisser s’envoler avec le baiser qu’il offrit au vide.

À nouveau un brin gênée, à nouveau un brin contente, la napolitaine rit de son rire sec aux compliments du jeune homme. Elle secoua la tête, chassant les mèches noires de son visage, tandis qu’elle débarrassait la casserole dont on ferait encore ripaille le soir.

« C’est que vous autres, americani, vous ne savez pas mangiare, » se moqua-t-elle.

Elle se rappela avec horreur de cette affreuse soupe qu’on leur avait servi à Ellis Island, lors de leur arrivée. Une tête de cabri macérait dans l’eau tiède et opaque et personne ne savait depuis combien de temps exactement elle baignait dans le mélange. Lorsqu’il n’y avait plus d’eau, on en rajoutait tout simplement.

« Je cuisine déjà, » affirma-t-elle en débarrassant les assiettes dont le pain blanc avait efficacement saucé le fond. « Il faut me dire si vous voulez uno spuntino… Je n’ai pas le mot en anglais. Vous savez pour manger le midi rapidement ? Enfin, il faut me dire. Je vous le préparerai. »

Dans les petites portions de pâtes du midi, elle avait eu l’habitude de dessiner avec la sauce des bonshommes grimaçants pour ses frères, lorsqu’ils étaient plus jeunes. Le rituel avait fini par se perdre à mesure qu’ils gagnaient chacun en âge, mais l’aura solaire et juvénile de John lui donnait envie de recommencer. En particulier lorsqu’il leur servait ce sourire espiègle saupoudré de la formule culpabilisante de nonna. Ce combat du feu par le feu arracha un « ah-ah ! » à Filippa qui dardait sur sa grand-mère un regard amusé.

« Ah no, ah no ! No quello con noi ! È stata mia moglie che hai raccolto mentre altri sarebbero passati di lì senza mettere le dita fuori dal culo. Siamo noi a ricambiare, non il contrario, » s’anima nonno, hilare, lorsque sa petite-fille lui eut traduit la modestie de leur invité. « Ma comunque, se vuoi davvero fare qualcosa, è dannatamente umido nel nostro appartamento… »

Il se redressa en laissant grincer les pieds de sa chaise, la main droite sur le dos et une grimace exagérée sur la face, dans un concert de « ouille ouille ouille. »

« Smettila di lamentarti, vecchio ! » s’agaça nonna en lui donnant une tape sur l’épaule.

Il termina de s’étirer, mains sur le ventre, les boutons de chemises ayant des allures de colonnes antiques retenant difficilement un bâtiment sur le point d’éclater.

« Resta seduto, ragazzo, prendo le carte e qualcosa per rinfrescarci, » les informa-t-il en clignant lourdement de l’oeil.

Il partit bras dessus, bras dessous avec nonna, de leur même démarche boitillante, comme deux tortues qui traineraient des pieds.  

« Ils vont chercher les cartes et un peu de limoncello, » traduisit-elle en se mettant à la vaisselle.

Les mains dans le sceau, Filippa les couva du regard jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus les apercevoir, leurs silhouettes s’effaçant avec le tintement de la clochette de la porte.

Désormais seule avec John, il n’y avait plus que le bruit de l’eau qui éclaboussait les plats et de la spatule qui grattait le fond des auges pour troubler le silence. Il y avait toujours un flottement étrange lorsque certains quittaient la table, comme si les autres invités cherchaient à s’adapter à une absence subite. Les premiers mots étaient alors toujours assourdissants et maladroits.

« Et alors, votre padre, » reprit-elle, toujours focalisée sur sa corvée. « Vous lui avez parlé ? Il est contento ? »

Les manches retroussées, elle s’acharna sur une plaque de sauce séchée. Un « tss » agacé siffla d’entre ses lèvres. Toujours dos à John, elle reprit :

« Je l’ai déjà dit, mais… pour nonna. Je - enfin… »

La gratitude était un exercice nouveau pour Filippa qui avait des allures de débutante. Car elle avait toujours appris à se méfier des actes de bonté offerts sans arrière-pensée. D’ailleurs, elle pensait réellement qu’ils n’existaient tout simplement pas.
Mais les récents événements la laissait songer que, peut-être, elle se trompait. Que peut-être, elle pouvait faire preuve de bonté, elle aussi.

« Merci. Con tutto il cuore. »




*C'est d'Albert Camus, mais je trouve que ça collait très bien brille

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Lun 25 Oct - 17:37

La jeune femme n’était pas très locace. Elle répondait aux questions de John du bout des lèvres comme si chaque mot faisant référence à son passé lui brûlait la langue. Elle avait le regard lointain, perdu à travers une fenêtre qu'elle ne gardait ouverte que pour elle-même. Mais le garçon comprenait. Il y avait certains chapitres de son histoire dont on préférait ne pas décoller les pages. De toute façon, grand-père et grand-mère faisaient bien assez de bruit pour quatre. John regrettait seulement de ne pas comprendre un seul mot de cet italien parlé tellement vite que cela ressemblait plus à ses oreilles à des babillages d’enfants excités qu’à un dialecte éloquent (mais vu sa manière de parler l’anglais qui était il pour juger).

- Mon beau-père. La ferme lui est revenue à la mort de ma mère. Une histoire de contrat de mariage.

Une histoire bien en règle d'après les papiers que l'huissier lui avait fourrés sous le nez. La ferme ne lui reviendrait pas tant que Davis serait en vie et il était de ceux qui s'accrochaient à la comme une verrue sur une voûte plantaire. John n'était pas prêt de revoir sa ferme. Mais ce tragique rapte n’avait-il eu que des conséquences mauvaises? Bon vivant et optimiste, John dirait que non. Il avait vu du pays, créé des amitiés improbables, retrouvé son père… ses papilles venaient de voyager plus loin qu’il n’aurait jamais rêvé d’aller. Et quelque part ne serait-ce pas ce qu’aurait voulu sa mère pour lui? C’était peut-être pour cela qu’elle avait signé ce marché de voleur à son second mariage. De là où elle était, il semblait que Betty veillait encore sur son fils préféré.

- Ah d’accord pour la chemise alors, dit-il en essayant de ne pas rougir à la taquinerie inattendue de Filippa.

Non pas qu’il la trouvait déplacée, dans les milieux qu’il fréquentait homme comme femme avaient la plaisanterie plus salace, mais la surprise l’avait quelque peu désarçonné. Filipa s’était montrée jusque-là plutôt digne et fière, mais John appréciait aussi de la voir le laisser aller à la détente et à la badinerie. La joie détendait ses traits et illuminait son regard. Elle retrouvait des airs de jeune fille son son habit de femme. John aussi commençait à se sentir comme chez lui. Ce déjeuner était le plus chaleureux qu’il ait eue depuis longtemps. Alors comment dire non à une invitation hebdomadaire, à la promesse d’un bon repas chaud et d’une famille adoptive même si ce n’était que le temps d’un repas. C’était un cadeau bien trop généreux et il ne pensait pas que ces étrangers étaient tout à fait conscients de la valeur de ce qu’ils lui offraient. Le fermier se promit de faire tout ce qu’il pourrait pour leur rendre la pareille, qu’ils le veuillent, ou non. Il trouverait bien.

- Les dimanches midis.

Il hochait la tête, toujours souriant et sur un nuage. Il ne releva pas l’emploi du mot messe plutôt que celui de culte. Il regardait en riant Nonno qui gesticulait sur sa chaise.

- S’il a dit que votre cuisine à de quoi convertir un païen alors je suis complètement d’accord.

Calquant ses gestes sur ceux du grand-père il porta ses doigts à ses lèvres pour envoyer un baiser vers les cieux. Il avaient beau ne rien comprendre à l’italien, certains gestes parlaient d’eux-même.

Les assiettes étaient maintenant vides, John était repu. Les deux vieux se levèrent de leur chaise et le fermier suivit le mouvement par automatisme mais Filippa lui expliqua qu’ils allaient bientôt revenir.

- Limoncello?  

Qu’est-ce que c’était que cette bête là?

- Mon père, je crois qu’il se fait encore à l’idée d’avoir un fils de plus sur les bras. Mais j’l’e blâme pas. Je suis arrivé de nulle part sans prévenir. Ca doit faire bizarre. Il s’occupe bien de moi ceci dit. Il m’a trouvé un logement, maintenant j’essaie de trouver du travail.

Quitte à être debout et plutôt que de rester les bras ballants, il commença à rassembler ce qu’il restait de vaisselle sale sur la table. Pour le reste, les condiments, la carafe, il n’avait aucune idée de l’endroit où ils se reposaient entre deux repas. Il sourit en entendant Filippa le remercier encore et alla poser ses trouvailles pleines de sauce à côté d’elle près de l’évier.

- Je vais le faire,  dit-il en prenant gentiment la brosse des mains de son hôte, ça ira plus vite si on débarrasse à deux et je ne sais pas où se rangent les affaires alors autant que je fasse la vaisselle.  

Il souriait doucement une bonne tête au-dessus de Filippa mais son ton ne laissait pas place aux rebuffades. Il aurait préféré se faire arracher un ongle plutôt que de la regarder travailler sans bouger.

- Quelque chose me dit que vot’ grand-père n’aimera pas qu’on fasse attendre sa partie de cartes, continua-t-il en clignant un œil amusé.

Il commença à gratter à son tour, n’hésitant pas à utiliser ses ongles pour les bouts de sauce les plus tenaces. La saleté ne faisait pas peur au campagnard, après tout il était quasiment né dedans.

- Quand j’étais petit ma mère disait que si elle cuisinait alors c’était à moi de faire la vaisselle, normal on divisait le travail en deux. Quand j’ai commencé à faire la cuisine elle disait que c’était à moi de la faire puisque c’était moi qui l’avait salie,  John éclata de rire, personne ne pouvait jamais gagner avec elle, même pas son fils.  

Ca pour sûr elle ne se laissait faire par personne la Betty, mais au moins grâce à elle, John était devenu un véritable professionnel de la vaisselle. Les plats furent bientôt propres et mis à sécher.

- Ne me remerciez pas pour vot’ grand-mère, John avait fini de s’essuyer les mains et déroulait ses manches vers ses poignets, vous auriez fait la même chose à ma place. Et me dites pas que c’est faux,  ajouta-t-il en riant, ce repas était bien trop généreux pour être cuisiné par quelqu’un de malhonnête.  

La table débarrassée, il prit la nappe pour aller la secouer dehors. Quand il revint il la tendit, pliée, à la maîtresse de maison.

- Un jour je vous ferai la cuisine. Ma mère faisait la “pecan pie” comme personne, elle économisait pour en faire une tous les ans à la Thanksgiving. Ma spécialité à moi c’est les madeleines. Recette secrète de mon meilleur ami d’enfance. Et vous avez déjà essayé les “ribs” au “tomato ketchup”? Vous pouvez pas dire avoir vraiment vu l’Ouest tant que vous y avez pas goûté.

Il y avait aussi le maïs grillé dans du beurre qu’on mangeait piqué sur une baguette en bois pendant les fêtes de village, et le crumble aux pommes et à la cannelle. Rien que d’y penser, le fermier en avait l’eau à la bouche malgré son ventre plein. Ces plats avaient pour lui la saveur de l’enfance dans la campagne. Dès que John aurait un travail, et assez d’argent pour réunir les ingrédients, il se promit qu’il concocterait à ses bienfaiteurs un vrai repas à l’américaine.

- Vous verrez que les americani savent manger aussi!
 

John L. MacLachlan
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Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
Since : 30/11/2020
Messages : 318
Name : Cendre
Faceclaim : Oona Chaplin
Crédits : I-rain (gifs) | Wanderlust (avatar)
DC : Irina | Blair
Mamma Mia! Here we go again  ft. Filippa Boeq
Age : 29 ans
Statut : La revanche a fait d'elle son épouse, personne ne sait qui des deux deviendra veuve
Job : Cuisinière officiellement | Nouvelle comptable des Hennessy en compagnie de Wyatt Smith | Réalise des petits boulots illégaux avec un groupe d'italiens de Silverstone | Ancienne contaiuola de la famille Rinaldi
Habitation : Petit étage en piteux état au-dessus de l'épicerie de ses grands-parents, Silverstone
Disponibilité : Dispo [1/3]
Jeu 18 Nov - 23:14


Mamma Mia! Here we go again

@John L. MacLachlan  &  Filippa Rinaldi

Le silence n’était jamais plus assourdissant qu’après avoir prononcé des mots maladroits. Pendant quelques secondes, on n’entendit plus que les éclaboussures du seau d’eau, le vieux torchon s’acharnant plus que de raison contre les assiettes aux motifs passés et les couverts qui s’entrechoquaient. Les oreilles de la napolitaine en bourdonnait presque. Ses mots, elle voulait maintenant les piétiner. « Allez, parle, parle, parle. » Mieux valait son accent taillé à la patate chaude plein la bouche que le mutisme pesant de son embarras.
Elle se mordit férocement l’intérieur de la joue. Le remerciement avait des allures de blasphème sur sa langue. Elle n’aimait pas vraiment cela, elle devait l’avouer. Cette sensation désagréable d’être redevable. De devoir repayer elle ne savait comment cette gracieuseté de l’âme. Elle le bourrerait de pâtes jusqu’à l’asphyxie s’il le fallait. Elle recoudrait toutes ses chemises, décrotterait ses chaussures si celait parvenait à diluer ne serait-ce qu’un peu la dette notée à l’encre indélébile sur le carnet de leurs vies. Mieux valait souiller sa fierté ainsi que de se trouver face à une situation impromptue, le regard fixe de John sur elle « rappelle-toi ce que j’ai fait, rappelle-toi… Maintenant, aide-moi. » Et rien ne l’agaçait plus que de se trouver entraînée dans des événements qu’elle n’aurait pas prévus et qu’elle ne pouvait contrôler.

Pourtant, lorsqu’elle voyait l’américain, elle avait du mal à lui prêter de quelconques mauvaises intentions, avec son air à la fois ébahi et ravi. « C’est de ceux-là qu’il faut le plus se méfier, » lui avait soufflé l’haleine nicotinée de son oncle. « On miserait pas un sous sur eux. Et finalement, ce sont eux qui nous la mettent à l’envers. Peuh. » Elle entendait encore le crachat de tabac résonner dans le godet de métal, au coin de la table. Et quand bien même, le jeune homme serait vierge de tout mal, il pourrait un jour se trouver en difficulté et Filippa serait alors obligée de lui tendre la main, quoique cela soit.

« Ah no no no no ! » protesta-t-elle lorsqu’il lui enleva la brosse des mains. « Non ti lascio fare le servo, sei nostro ospite ! »

Mais ses désapprobations outrées ne rencontrèrent que le sourire bonhomme de bon samaritain - un morceau de persil entre les deux dents de devant (toujours trop présent et jamais là où on l’attendait, mais cela avait déjà été souligné) -. Par automatisme, elle passa sa langue sur ses gencives, pas encore assez à l’aise avec leur invité pour lui montrer ses propres quenottes et lui demander si elle en avait coincé, elle aussi. Elle se rappelait de lorsque ses frères lui mentaient et qu’elle se promenait avec ses fichues feuilles toute la journée. Ah, ça riait, ça riait lorsque l’aînée découvrait le pot aux roses.

Maintenant, on ne riait plus.

« Vous avez du - hum - vous savez ? »

Elle fit glisser son ongle savonneux - pouah ! - entre ses deux dents de devant.

Un brin mécontente, elle finit par accepter l’aide - une nouvelle fois - du campagnard, l’argument à propos de nonno ayant fait mouche. Il était tout enjoué de la venue nouvelle d’un étranger dans leur cercle et Filippa ne voulait, à aucun moment, prendre le risque de lui gâcher son plaisir.

Un instant côté à côté, la napolitaine observa le temps d’un clignement d’yeux ce grand dadais volontaire à l’humeur égale qui grattait méticuleusement la sauce qui avait eu le temps de sécher - toujours à une incroyable vitesse -.
Sa mère était morte et on lui avait volé sa ferme. Malgré tout, la rancoeur ne se peignait aucunement sur son visage jovial. Il énonçait les faits avec une simplicité déconcertante, sans que cela ne revête des accents d’insensibilité. Filippa, elle, en était incapable. Toute drapée de noire, la vengeance gravée au canif dans chaque pli de son visage, elle était une figure lugubre à côté de John. Une relique qui aurait, elle aussi, dû être détruire. Un fantôme.

Elle ramassa les assiettes à mesure qu’il les lui tendait. L’histoire de sa mère lui arracha un mince sourire, maigre écho au rire bonhomme de John. « Ma mère aussi, » aurait-elle voulu lui répondre. « Ma mère aussi aurait été capable de dire quelque chose comme ça. » Mais elle se tut.

Néanmoins, sa dernière remarque la fit renifler. Un rire qui ne s’assumait pas. Elle repoussa les mèches de cheveux échappées de son chignon et les rangea bien sagement derrière ses oreilles. Cette fois, elle sourit, la pointe de ses dents à peine dévoilée derrière ses lèvres.

« Si vous le dites, » acquiesça-t-elle.

En parfait petit elfe de maison, il partit avec ses longues jambes à l’extérieur, la tape sous le bras. Il la fit claquer comme un drapeau dans le vent.
Pendant ce temps, Filippa s’empara d’un crayon de papier chipé elle ne savait où et d’une feuille de papier déchirée. Son écriture abrupte traça des noms et des prénoms. Greco, Lombardi, Goi. Tous des échoués d’Europe.

Une fois la tape réinstallée et prête à accueillir les cartes, John se lança dans une défense des « plats » américains, ce à quoi l’italienne répondit par un haussement de sourcils condescendant. On ne pouvait guère parler de cuisine et encore moins de cuisine américaine. Ce genre de chose n’existait pas. Ils n’était qu’un conglomérat d’ethnies diverses, une peuplade hétérogène sans culture ni histoire, si ce n’était des bribes volées de ça, de là, pour former un tout sans queue ni tête. Ils n’avaient aucun socle commun. Rien. Filippa trouvait cela pathétique, mais l’engouement de John la laissa hocher la tête.

« Nous sommes spietati, » lui rétorqua-t-elle sans que l’on sache trop si elle parlait toujours de cuisine ou des Rinaldi (du moins ce qu’il en restait) en général. « Nonna vous notera. Et si ce n’est pas bon… »

Elle eut un regard vers la cuillère en bois bicolore à force d’utilisation pour servir les sauces.

Puis, elle lui tendit son petit bout de papier.

« Vous avez dit que vous vouliez lavorare. » Elle tapota sur la feuille. « Des vicini qui ont besoin d’aide avec leurs maison. »

Depuis l’hiver dernier, les Greco avait un trou gros comme le poing sur leur toit - allez savoir ce qui s’était passé - et le père Greco s’était cassé la figure en essayant de réparer les dégâts. Résultat, un bras à jamais tout tordu, un aller sans retour sur le chemin de l’alcool et une mère Greco bien dépourvue qui clouait des planches humides pour tenter de dissimuler le tout.
Quant aux deux autres familles, les histoires n’étaient guère différentes. Et si John était apprécié de ces italiens-ci, elle lui parlerait d’autres personnes. Après tout, le quartier était une ruine. Herculanum avait meilleure mine que les baraques des immigrés.

Une fois cela dit, la napolitaine se trouva un peu dépourvue. En l’absence de ses grands-parents pour animer le débat, elle n’avait guère de choses à dire. Sous la table, ses doigts pianotaient les uns contre les autres. « Ils en mettent un temps… »

« Vous avez des fratelli e sorelle ? Des - hum - des frères et des soeurs ? Vous avez dit « un fils de plus »… »

Elle aurait bien abordé le sujet de son beau-père voleur de ferme et de sa manière de voir les choses, mais son petit doigt lui disait qu’il valait mieux ne pas en parler.

Elle ouvrit la bouche à nouveau, sans trop savoir quoi dire, avant d’entendre le chaos provoqué par l’arrivée de nonno et nonna. Inconsciemment, elle s’était avancée au bord de sa chaise. Elle se laissa tomber contre le dossier.

« Ah, non l'abbiamo trovata quella cattiva ! » s’exclama nonno en faisant irruption dans la pièce. Sa paume tannée par le soleil comme du cuir tapota la bouteille de verre. « Allora, il giovane ha sete ? Vai vai, gli serviamo da bere, altrimenti si asciugherà ! »

Sa petite-fille se leva pour l’aider à poser les petits verres sur la table tandis que nonna les servit comme un prêtre aurait versé le sang du Christ dans un calice, avec la grâce mystérieuse que des mouvements souvent répétés donnaient au corps habitué.

« Limoncello, » apprit-elle à John en lui posant un verre de liqueur jaune sous le nez. « Aiuta a pensare. »

Nonno gloussa en passant son pouce dans sa moustache.

« Salute giovani ! »

Les gobelets s’entrechoquèrent. L’alcool colora les poils blancs de la moustache. Le goût sucré ramollit les papilles. Les verres tapèrent le bois de la table en même temps.

« Quindi va bene ? Stringi, stringi... Ma devi avere la mente lucida per le carte ! Héhéhéhé, » ricanna-t-il en distribuant les cartes.

« Ah no non io, non gioco ! » protesta Filippa lorsqu’il lui donna trois cartes.

« T-t-t-t-t-t-t, » sa langue claqua derrière ses dents. « Tu giochi. »

Elle soupira tandis qu’il terminait son office en disposant de quatre cartes au milieu de la table. Nonna, quant à elle, rapiéçait un vieux pantalon de nonno en sifflotant des airs de son pays.

« Allora quanto scommetti ? » demanda-t-il, un sourire taquin perdu derrière sa moustache (malheureusement pour lui, ses sourcils ne formaient pas encore une frange derrière ses yeux bleus, aussi il était facile de discerner la lueur espiègle qui brillait aussi fort qu’une pièce au soleil).

Filippa avança un minuscule pécule, sous le regard désapprobateur de son grand-père.

« Troppo attenta, come al solito ! » se plaignit-il. « E tu, piccolo mio ? »

« Il demande combien vous voulez parier, » lui traduisit-elle en regardant ses cartes. « Il va nous plumer. »

Elle haussa les épaules, fataliste, avant d’expliquer rapidement les règles du jeu au pauvre John.

« Pas de tour pour rien ! » ordonna le despote de la scopa, pas peu fier de sa phrase en anglais - probablement apprise au contact d’autres arnaqueurs de premier ordre.

Filippa, en découvrant ses cartes, acquiesça, le même sourire mutin que son grand-père imprimé sur le visage.
Elle déposa avec une lenteur calculée le six d’épée et le cinq de coupes pour récupérer l’as de deniers et le cinq d’épée. Nonno rouspéta.

« D’accord, pas de tour pour rien. »

Ses petites mains griffues de comptable récupérèrent la petite somme alors que nonno s’empressa de mélanger à nouveau le paquet - c’était sûrement qu’il avait mal mélangé, voilà tout -.





HR : résultat aux dés 4, Fifi est en veine mex

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Vedi Napoli e poi muori
Fratelli d'Italia
Filippa Rinaldi
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