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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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The Devil in Disguise ft. Filippa Rinaldi
Pearl Hennessy
Pearl Hennessy
Since : 05/10/2020
Messages : 194
Name : Pearl Carson
Faceclaim : Thandiwe Newton
Crédits : @STOLAS
DC : Maxence Burke & Nadie & Jacob Kalawai'a & Grace Monaghan & Harold Beaver
The Devil in Disguise ft. Filippa Rinaldi 18417469b13212821612fabac96cf0adbab65496
Age : 43 ans
Statut : épouse de Liam Hennessy, mère de Rose et James
Job : Membre de la society, femme de notable et chef de gang
Habitation : La maison Hennessy se situe à proximité de l'usine d'armement, sortie ouest de Silverstone.
Disponibilité : Toujours !
Jeu 11 Mar - 20:08

The Devil in Disguise
La vieille tortue de Liam ruminait machinalement un contrat d’affaire sur le bureau. Une autre excentricité du leader de gang qui avait adopté l’animal peu après leur arrivée à Silverstone et l’avait laissé paître dans les locaux de la Hennessy Company, admirant d’année en année l’accroissement exponentiel du tranquille reptile qu’il avait nommé Pretty-Murphy, en hommage à un agent de la loi exemplaire de la contrée. Pearl avait en horreur tous les animaux à l’exception de ses chiens et elle espérait qu’un jour la belle petite chérie ferait une chute mortelle de la table et cesserait de planter ses petites mâchoires voraces dans tous les dossiers importants, signant d’une trace indélébile toute la comptabilité criminelle du Silver Gang.

A la fenêtre du bureau, elle aperçut la silhouette endeuillante de la petite Rinaldi dans la lunette de son fusil de précision. Afin de ne pas l’effrayer dès son arrivée, elle cessa de tirer les lapins qui trottaient sur le terrain. Exploser les petits derrières blancs de ces rongeurs parasites lui procurait beaucoup de sérénité, c’était une activité méditative et utile qui l’occupait lors de ces longues après-midi grisonnantes. De temps en temps elle essayait d’avoir un vautour mais à cette saison on les voyait moins voler en rond autour du désert, attiré par les ennemis du gang qu’on enterrait à droite à gauche pendant la nuit.
Assise sur le bord de la fenêtre, elle héla son invitée lorsque celle-ci fut assez près.

« Miss Rinaldi ! » Le fusil posé debout, canon vers le ciel, elle lui fit un signe de main avec un sourire très accueillant. « Entrez ! C’est au premier étage, prenez les escaliers en face de la porte ! »

L’intérieur de l’usine était silencieux et calme. Ce mystère était habituel : la façade de la Hennessy Company n’était qu’un cache qui dissimulait les activités de comptabilité du Silver Gang. Bien qu’on y fabriquait effectivement des fusils, l’activité d’usine n’était pas le principal secteur qui était traité dans ces murs. Tous les employés étaient choisis avec soin pour des aptitudes qui ne concernaient pas directement l’assemblage des pièces ou la soudure des cartouches.

« Entrez, entrez ! Je suis dans le bureau, la deuxième porte ! » appela-t-elle en déposant son arme contre le mur. Sa longue tresse noire enlaçait son épaule, sur son chemisier blanc. Elle portait une longue jupe brune et un ceinturon désarmé, dans une décontraction inhabituelle en public. Son large sourire amical invita l’italienne à la rejoindre. Ses yeux pétillaient toujours de joie et de gentillesse.

-Comme c’est aimable à vous d’avoir répondu à mon invitation… Je sais bien que vous êtes une femme très occupée. Quelle chance cette ville a eu de vous accueillir avec vos grands-parents.

Aujourd’hui était la première fois qu’elles se rencontraient, mais certainement pas la première fois que Pearl entendait parler de l’impitoyable épicière qui dissimulait sous son étal des activités bien plus délicieuses. Il s’était établi une sorte de correspondance tacite entre le couple Hennessy et ces braves italiens qu’ils toléraient gaiement sur leur territoire.

-Je suis Madame Hennessy. Vous avez déjà rencontré mon époux je crois. Elle se décolla de la fenêtre pour s’asseoir sur un coin de la table et lui tendre la main. Ne prêtez pas attention à la tortue, Liam se prend pour un zoologue. Vous savez peut-être comment sont les hommes à son âge... Elle tapota son crâne avec son doigt et lui sourit, révélant ses dents propres et blanches. Vous pouvez m’appeler Pearl.
Pearl Hennessy
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Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
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DC : Irina | Blair
The Devil in Disguise ft. Filippa Rinaldi Boeq
Age : 29 ans
Statut : La revanche a fait d'elle son épouse, personne ne sait qui des deux deviendra veuve
Job : Cuisinière officiellement | Nouvelle comptable des Hennessy en compagnie de Wyatt Smith | Réalise des petits boulots illégaux avec un groupe d'italiens de Silverstone | Ancienne contaiuola de la famille Rinaldi
Habitation : Petit étage en piteux état au-dessus de l'épicerie de ses grands-parents, Silverstone
Disponibilité : Dispo [1/3]
Mar 16 Mar - 18:33

The Devil in disguise
@Pearl Hennessy et Filippa Rinaldi
Tapis dans l’ombre, ils attendaient. Le soleil flou et hivernal peinait à s’extirper de la nuit d’encre, mais il parvenait déjà à dessiner les grandes ombres noires des bâtiments sur le sol boueux. Une brume grise encapuchonnait les toits des maisons, glissait dans les ruelles et ouatait les murmures. C’était lors de ces heures entre chien et loup que d’ordinaire, les drames se produisaient. Les alcooliques chroniques, soûls de nuit, sortaient en quête du poison au goût d’orge et se fracassaient le crâne dans les escaliers. Les femmes adultères et étourdies rentraient chez elles au pas de course en priant avant de trouver les époux sur le pas de la porte. Les voleurs profitaient des derniers sommeils pour se glisser par la fenêtre en quête de quelques bijoux à dérober. Les prêteurs d’argent se dissimulaient du regard des mortels, les yeux rivés sur les mauvais payeurs. Et c’était exactement ce que Vitale, Alessio et Filippa faisaient.

Un homme sortit titubant du First Chance Saloon avant de rendre ses excès de la nuit dans l’auge des chevaux. Ces derniers s’écartèrent dans un concert de hennissements stridents, tandis que le client se redressait péniblement en lâchant un râle sonore.    

« C’est lui ? » demanda le sicilien en chuchotant.

La napolitaine ne lui répondit pas et son absence de mouvement lui indiqua que non. Alessio rétorqua par la gestuelle en se tortillant d’impatience, des grommellements plein la bouche. Filippa devait bien l’admettre, ils patientaient maintenant depuis plus d’une heure et ses orteils étaient gelés et elle avait pris soin de les recroqueviller au fond de ses chaussures, comme si cela pouvait changer quelque chose.
Mais ni Vitale (en dépit de ses mâchoires serrées pour éviter qu’elles ne claquent), ni elle ne se plaignaient ; le cadet du trio remplissait bien l’office pour eux trois.

« Et là, c’est lui ? » répéta-t-il, ses yeux noirs suivant la silhouette d’un petit homme trapu, la pipe coincée en travers des lèvres.

« Tu vas la fermer, oui ? » gronda Vitale, son attention toute aspirée par les portes battantes.

Alessio leva les mains en signe de cesser le feu.

« Eh quoi ! Je sais pas à quoi il ressemble, moi, votre type, alors je demande ! »

Vitale darda sur lui un regard froid. Le bleu délavé de ses yeux avait l’acuité du métal, mais il était surtout immense, comme si un bout de ciel s’était détaché pour tomber là, en deux petites taches rondes et azurées. Sa paupière gauche était toujours boursouflée du coup qu’il avait récolté dans ce même saloon qu’ils épiaient, mais elle l’était moins que son égo était blessé d’avoir été sorti de prison par Thomas Rosenbach, sur demande de la mafieuse. Filippa elle-même peinait à soigner sa fierté et un malaise était né entre les deux napolitains.

« C’est lui ? »

« Oui, » murmura l’italienne.

Le quarantenaire à lunettes avançait le pas traînant sur le perron et les épaules voutées de ceux ayant laissé plus que des dollars sur la table durant la nuit. Du pouce et de l’index, il réajusta sa monture sur l’arête de son nez et tout son corps s’ébranla dans un soupir las. Et il n’avait pas fini de soupirer.

Il tourna à l’angle d’une petite rue, pestant contre ses semelles collant dans la gadoue. La petite meute se glissa dans son dos avec le silence de la mort soufflant son air glacé contre les nuques. Il sentait la bière, la défaite et l’indignité. D’ailleurs, un bout de sa chemise grise de tabac jaillissait de l’arrière de son pantalon et, avec son cou penché, il avait des allures de cygne triste.

« Buongiorno, » sourit-elle sans dévoiler ses dents.

Il se retourna avec une vivacité insoupçonnée et Filippa eut juste le temps de voir ses yeux s’écarquiller derrière ses verres et sa bouche s’entrouvrir sous le coup de la surprise avant qu’il ne se décide à prendre ses clics et ses clacs. Malheureusement pour lui, Vitale le rattrapa en un clignement d’yeux. Sa poigne s’accrocha à son col et il l’écrasa avec fracas et d’un mouvement brusque contre la façade extérieure de la petite boutique du tailleur de Silverstone. Son avant-bras s’appuya dangereusement contre sa pomme d’Adam qui tressautait sous le coude de l’italien.

« J’ai dit, buongiorno, » répéta-t-elle. « Che maleducato. »

De sa gorge s’éleva un charabia incompréhensible et Filippa dut lever ses deux mains pour lui faire signe de se calmer. Puis, elle dressa son index entre leurs deux visages.

« Una volta. Une fois, je vous ai demandé de rendre ce que vous avez emprunté. »

Elle tira sur la poche de son manteau encore percé du tir de pistolet lors de l’épisode de Purgatory.

« Et je n’ai toujours rien. Niente. »

L’emprunteur s’agita sous l’emprise de Vitale, les prunelles noires de ses yeux si petites qu’elles étaient presque invisibles derrière ses lunettes et les mèches châtains qui tombaient sur son front strié d’angoisse.

« Moi non plus je n’ai rien ! » agita-t-il comme seule défense.

Alessio répondit en écrasant son poing dans ses côtes. Dans le silence suivant le coup, on entendit un léger craquement et l’escroc - s’il n’avait pas été tenu par Vitale - se serait sûrement cassé en deux. Il ouvrit grand la bouche, toute langue dehors, le souffle coupé.

« Je suis… Je suis Wyatt Smith ! » ahana-t-il, un filet de bave gouttant sur son menton mal rasé.

Filippa haussa un sourcil circonspect. Alessio entreprit d’écraser son talon sur le genou droit du mauvais payer.

« Enchantée ? »

« Je travaille avec William Fraser… et les Hennessy ! »

Cette fois, les sourcils noirs de l’italienne se froncèrent.

« Oh bah tiens, ça alors, » siffla Alessio. « C’est pas de chance ça, non ? »

Filippa croisa les bras sur sa poitrine et exhala par le nez. Non, ce n’était vraiment pas de chance en effet.



*



Quelques mètres devant elle, une motte de terre se souleva dans un éclat de tonnerre. Un petit lièvre déguerpit aussi sec, filant à toute allure à travers le terrain accidenté en zigzaguant entre les terriers. Un autre coup de feu suivi et, cette fois, Filippa ne vit plus le lièvre.
Elle resserra sa poigne sur l’anse du panier, soupira et continua sa marche jusqu’à la Hennessy Company en remontant ses jupes.

Le bâtiment se dressait, terriblement silencieux au milieu de l’espace morne, situé un peu à l’extérieur de Silverstone. Le ciel maussade semblait peser de tout son poids sur son squelette de bois sombre. À la merci du vent puisque posé là comme un œuf au milieu du désert, l’hiver sifflait à travers les planches dans de longues plaintes sonores. Elle resserra son col sur ses joues. Ses semelles écrasaient les cadavres de balles laissées là par les vautours puisque les lapins avaient été dévorés. « Alors, c’est ici que travaille Dino, » pensa-t-elle en se rapprochant. « C’est sinistre. »

La maîtresse des lieux, perchée au deuxième étage sur le rebord d’une fenêtre, l’accueillit à grands gestes, fusil au repos. Sa silhouette enjouée dénotait de la peinture comme une tache d’huile à la surface de l’eau.
En dépit de ses origines, on ne pouvait pas considérer Filippa comme la plus avenante des femmes, mais elle lui répondit en lui désignant le panier rempli de victuailles.

À l’intérieur de la bâtisse, le silence était assourdissant. Elle glissa un œil parmi les quelques ouvriers installés à leur établi dans l’espoir d’apercevoir Dino, mais son regard n’accrocha que des dos courbés et des têtes souvent coiffés d’une petite casquette de laine.

Suivant la voix guillerette de son hôte, elle déboucha sur le petit bureau cossu de l’usine. Au centre du meuble, une imposante tortue mâchonnait des papiers et, derrière elle, Pearl Hennessy attendait, faisait pleuvoir sur elle l’averse de ses sourires. Elle sentait la poudre d’avoir tiré les lapins, mais surtout, une odeur d’invisibles et persistants lilas, annonciateurs de l’orage qui menaçait. On ne savait simplement pas s’il serait dans le ciel ou à l’intérieur.
Ses yeux noirs pétillaient d’une gentillesse étonnante, en dépit de la situation délicate, ce qui aurait pu désarmer les plus naïfs.

« Madame Hennessy, è un piacere, » la salua-t-elle en retour. « Je pourrai en dire autant de vous, avec une entreprise telle que la vôtre à gérer. »

La fameuse invitation reçue de la bouche de Dino n’avait pas été une réelle surprise. Après tout, ils avaient passé à tabac Wyatt Smith. Enfin, cela, au moins, il ne l’avait pas volé, contrairement à l’argent qu’il lui devait toujours et qu’il s’obstinait à dépenser dans les bars.

« Pas encore, » admit-elle à sa question sur une rencontre antérieure avec Liam Hennessy. « Mais je vous ai apporté ça de notre part, » elle tapota sur le dessus du panier d’osier tressé. « Pour vous et votre mari. »

En Italie, il était de coutume de ne jamais venir les mains vides lorsque l’on était invité, en particulier lorsque l’on savait que ladite invitation s’apparentait plus à une danse sur le fil du rasoir qu’à un agréable moment passé entre amis. Elle souleva le torchon pour dévoiler les grains de café, les bocaux de sauce et les pattes fraîches qu’elles et sa grand-mère s’étaient acharnées à faire la nuit précédente.

« Et vous pouvez m’appeler Filippa, » acquiesça-t-elle.

En réalité, elle n’appréciait que très peu qu’on l’appelle par son prénom, en particulier lorsque la voix qui le prononçait était inconnue, mais elle n’était pas ici chez elle, qu’il s’agisse de l’usine ou bien de la ville. Mais la napolitaine savait s’adapter au donneur d’ordres.

Un dernier regard vers la tortue et elle n’y prêta plus attention, comme demandé, malgré le bec pointu qui raclait les feuilles et dont elle ne doutait pas qu’il pouvait faire de sérieux dégâts à la table. Ou bien à une main.





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Vedi Napoli e poi muori
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Pearl Hennessy
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Mer 14 Avr - 19:29


The Devil in Disguise

@"Filippa Rinalidi"

Avec un regard convoiteux, la féline se pencha sur le contenu du panier comme une déesse curieuse des offrandes à son temple. Ravie d’entendre qu’une aussi jolie pépée n’avait pas rencontré son mari, elle sourit en extirpant avec ses petites mains fines une jarre pleine de sauce. Humant son contenu, elle étira un hmm de satisfaction.

-Alors ça, c’est gentil… vous vivez avec vos grands-parents c’est cela ?
apprécia-t-elle en extrayant un fruit ramolli et juteux du bout des doigts qu’elle tendit tranquillement à la tortue vorace avant de se lécher les doigts.

Comme à la Silversociety, il n’y avait rien que Pearl aimait autant que la servilité des puissants. Les voir manger dans sa main, ceux que les grâces avaient pourtant bercé. Il y avait chez ces européens une noblesse naturelle qui trahissait leur rang, même quand ils en étaient réduits à pétrir eux-mêmes leur pain et à travailler pour vivre.

« Succulent. »


Néanmoins la cuisine raffinée ne dissipait pas le son discordant des quérimonies de Wyatt qui, quelques jours auparavant, détaillait dans ce bureau même la maltraitance dont il avait été victime. Il n’y avait rien chez ce petit bonhomme qui inspirait du respect. Pearl aurait été obligée d’admettre que ses malheurs lui apportait la même satisfaction qu’on a à voir souffrir un écolier mis au ban. Toute sa vie était subie, il esquintait sa santé par faiblesse et s’élevait comme un parvenu. Cela ne devait pas être un honneur de porter son nom. Mais les carreaux de ses petites lunettes connaissaient les secrets du gang et œuvraient depuis des années à son hégémonie. Comme d’autres chiens errants, il s’abritait sous le parapluie d’acier du crime organisé de Silverstone. Il méritait sa part.

« Ce pauvre Wyatt... » soupira-t-elle comme si la situation la désolait « J’ai du mal à imaginer comment vous avez pu lui coller une frousse pareille... »

Pensivement, elle se laissa tomber sur le fauteuil et croisa les mains sur son ventre. Sa désinvolture était symptomatique de son pouvoir.

« Bien-sûr c’est un imbécile. Mais il a du talent. »

A cet instant, c’était un autre genre de talent qui l’intéressait. Celui qui se tenait peut-être, debout et mal à l’aise, dans son office.
Ayant à peine besoin de se pencher, elle ouvrit un compartiment coulissant du bureau qui émis quelques petits tintements. Silencieusement, comme si elle réfléchissait en agissant, elle disposa deux petits verres sur la table puis une carafe en cristal.
Bien-sûr, Pearl savait que Filippa vivait chez ses grands-parents. Elle savait aussi d’où ils venaient, où on les voyait, qui ils fréquentaient, quel genre de stratagème ils avaient rôdé pour tirer leur épingle du jeu.
Elle remplit les gobelets et lui en fit glisser un.

-Asseyez-vous.

Sans un mot, elle fit tinter son verre contre celui offert, encore posé sur la table. Peut-être qu’autant de chaleur était de bonne augure ?

« Admettons... » réfléchit-elle, laissant un instant sa déclaration suspendue « Admettons que vous ayez des protecteurs dans la Society qui ne disent pas leur nom… ça ne facilite pas l'affaire... et qu’alors je suis disposée à rembourser une partie de la dette de Smith… » Elle bu une gorgée, savourant cette fleur qu’elle lui faisait dans le dos de Liam et de Will. « ...il faudrait bien-sûr que j’en discute avec Fraser...après tout, Wyatt est son collaborateur. »

Filippa l’ignorait mais elle tombait à point nommé. Ce qu’elle y gagnait en temps normal, à aider des rapiats qui leur appartenait déjà, ça n’était rien. Mais aujourd’hui, particulièrement aujourd’hui, elle avait quelque chose à sceller.

« Je pourrais m’y pencher si vous et vos brutes faîtes un job pour moi… Qui devra rester un secret juste entre vous et moi. Il y a peut-être un moyen de sauver votre famille, c’est une bonne nouvelle n’est-ce pas ? »


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Dim 18 Avr - 0:08


The Devil in Disguise

@Pearl Hennessy

Les mâchoires de la tortue claquèrent comme un piège à souris. La petite tomate rabougrie éclata contre son bec, laissant le jus rouge gicler sur les papiers qu’elle mâchonnait jusqu’alors. Comme des gouttes de sang, la sauce imbiba les dossiers jusqu’à imprégner le bois du bureau. Un coup d’oeil sur la main de Pearl Hennessy pour s’assurer que son index s’en était sorti indemne et Filippa détourna le regard, un brin dubitative de voir ses efforts de la nuit offerts en pâture aux papilles du reptile cuirassé. D’aucuns auraient pu s’en offusquer et elle ne doutait pas une seule seconde que sa grand-mère baragouinerait ses râleries en affirmant qu’elles donnaient de la confiture au cochon (et on ne saurait si ledit cochon représenterait la tortue ou bien les américains en général) lorsqu’elle lui conterait le sort réservé à leur sauce.

Elle préféra rester interdite en se demandant pourquoi les têtes de gang se devaient d’être si excentriques. La Morue avait eu une obsession pour les papillons et les aras bleus et personne n’avait jamais posé de question puisque le pouvoir qu’il détenait au creux de ses mains rendait chacune de ses lubies parfaitement compréhensibles. Les Hennessy ne semblaient pas échapper à la règle.

L’italienne répondit à sa question par un hochement de tête. Perchée sur un coin de bureau, à la fois cygne et vautour, la maîtresse des lieux la détaillait d’un oeil brillant, visiblement amusée par le spectacle qu’elle lui offrait. Dans sa condescendance européenne, elle ne pouvait s’empêcher de songer qu’elle avait eu affaire à bien plus gros poisson que la reine d’une ville de pacotille. Néanmoins, aujourd’hui, c’était à elle qu’elle devait rendre des comptes et comme toujours, Filippa s’acquittait de ses tâches avec la méthode froide d’un comptable et donc en laissant filtrer le moins d’émotions qu’elle contenait bien fermées en son sein.

« Il n’est pas très courageux, » avoua-t-elle de sa voix glacée comme seul argument pour Wyatt Smith.

Elle se rappelait encore de ses lippes et de son menton tremblant. De ses yeux fuyant, dissimulés derrière les verres de ses lunettes comme seul rempart. De ses mèches huileuses qui tombaient sur son front blême. De ses mains encore tremblantes d’alcool et de la déception d’avoir tant perdu durant la nuit. Non, Filippa, elle, n’avait aucun mal à imaginer de comment elle avait pu lui flanquer une frousse pareille. Il ne faisait aucun doute qu’il devait craindre son propre reflet.

Quant au pauvre Wyatt, il l’était, en effet, pauvre. Mais il aurait été encore plus à plaindre s’il n’avait pas agité le nom de ses protecteurs en drapeau blanc. Peut-être avait-il eu vent du sort qu’elle réservait aux voleurs. Et s’il n’y avait pas eu le nom des Hennessy en bouclier alors, oui, pauvre Wyatt. Pour le moment, elle considérait qu’il s’en était plutôt bien sorti. D’autres n’avaient pas eu cette chance.

Elle sourcilla à peine à la mention du talent caché de l’emprunteur, mais se permit d’en douter fortement car elle jugeait d’un regard (une bien vilaine habitude) et la première impression laissée par Smith n’était pas ce que l’on pourrait qualifier de positive.

Un silence tomba entre les deux femmes qu’aucune cadence de machines au rez-de-chaussée ne vint troubler. Pearl farfouilla dans un tiroir que Filippa ne pouvait pas voir. Par automatisme, ses muscles se bandèrent. Sur ses gardes, la napolitaine observa la cheffe de gang sortir deux petits verre à pied dont la base ciselée comme des diamants reflétait joliment la lumière terne qui flottait au travers de la fenêtre.

Méfiante, mais incapable de se montrer impressionnée, elle obéit et s’installa en face d’elle, de l’autre côté du meuble. Elles n’étaient séparées que par une planche de bois et pourtant, elles n’auraient pas pu être plus aux antipodes. L’une possédait tout ce que l’autre avait eu un jour, si ce n’était la plus belle ville du monde comme toile de fond. Et l’italienne se demandait s’il valait mieux  être une mendiante au paradis ou l'impératrice d’un tas de boue. Car c’était exactement ce qu’elles étaient. Enfin, presque. Puisque le paradis s’était écroulé et que finalement, l’ancienne mafieuse n’était guère plus qu’une mendiante dans un tas de boue.

Celui qui les aurait comparées à deux joueuses d’échec se serait fourvoyé. Elles en avaient chacune la posture (le jeu entre elles manquait, certes). Mais c’était dans la paume de Pearl que Filippa se trouvait. Et si elle s’estimait trop pour être un pion (elle n’était si faible, ni sacrificielle), elle s’autorisait à être une tour ; défensive durant le premier temps avant d’avancer droit jusqu’à ce que la totalité de ses ennemis ne soient détruits. Elle n’avait jamais été une grande joueuse d’échec, mais son oncle Andrea, oui. Il s’amusait parfois, durant les repas de famille, à comparer les membres à des pièces. Sa nièce n’avait pas hérité de son talent, mais elle avait sa méthode et son perfectionnisme.
Cela n’enlevait rien au fait qu’elle détestait tomber dans une situation d’infériorité subie et que, ces derniers temps, elle ne se retrouvait que trop souvent dans cette position. Thomas Rosenbach avec l’épicerie, Bartel Murphy de manière générale, ce vaurien qui avait osé voler sous ses yeux et s’était attendu à de la clémence (et qui était tout de même parvenu à la faire douter, ce qu’elle détestait peut-être autant que l’impuissance).

La femme de Liam Hennessy but une gorgée et Filippa l’imita dans un mimétisme parfait. Elle écoutait d’une oreille attentive, plutôt contente du phrasé posé de son interlocutrice. Ses sourcils se froissèrent. Ainsi, elle ne serait potentiellement remboursée que d’une partie des dettes de Smith. Elle se retint de claquer sa langue contre son palais de mécontentement, mais ravala (avec difficulté) à nouveau sa fierté (pour ne pas dire son avarice) qui glissa dans sa gorge comme une bobine d’épines.

La menace assourdit par la bonne humeur et les sourires de l’impératrice laissa l’italienne pantoise. Alors, c’était de ça dont il était question ? Parce qu’un pauvre type n’était pas parvenu à la rembourser dans les temps et qu’un ou deux coups de talons s’étaient perdus, on s’attaquait aux siens ? Ce discours suintant de bonnes intentions sonnaient faux, comme un violon mal accordé. Elle transformait en faveur ce qui était une demande. La napolitaine se sentait impuissante, comme une musaraigne aux prises avec des serres d’aigle. Comme la tomate écrasée par le bec de la tortue.

Son mutisme s’étira durant les longues minutes inconfortables qu’elle passa à observer Pearl. Le léger mouvement de son poignet laissait le liquide ambré tournoyer dans le cristal comme les pensées qui virevoltaient dans sa tête. Elle réfléchissait ; rien ne servait de courir.

« Dîtes-moi, » finit-elle par dire d’une voix lente.

Elle présenta sa paume gauche vers le plafond et hocha la tête pour l’inciter à continuer.
Le doigt avait été mis dans l’engrenage et c’était comme si elle l’avait présenté à l’énorme tortue dont les mâchoires dégoulinaient encore de sauce tomate.



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Age : 43 ans
Statut : épouse de Liam Hennessy, mère de Rose et James
Job : Membre de la society, femme de notable et chef de gang
Habitation : La maison Hennessy se situe à proximité de l'usine d'armement, sortie ouest de Silverstone.
Disponibilité : Toujours !
Sam 29 Mai - 1:10


The Devil in Disguise

@"Filippa Rinalidi"


Sur les paroles lourdes de ressentiments de l’italienne, elle acquiesça doucement, les yeux légèrement plissés, et porta le verre à ses lèvres. L’accent rocambolesque de l’étrangère ne faisait qu’accentuer la balance des forces. Il ne faisait pas bon d'être étranger dans ces provinces. Les débarqués se démarquaient dans le paysage comme une ombre en plein désert, aucunement à leur place dans ces landes hostiles.
Rarement Pearl jubilait tant qu’en écrasant ses semblables comme de petits insectes grouillants, particulièrement quand ils avaient sur le front une transpiration plus noble qui lui rappelait ces parvenus de Rosenbach.  

Au point paroxystique de ce silence impatient, elle sourit.

-Je plaisantais, souffla-t-elle, personne ne va faire mal à vos parents, surtout pour une bluette pareille.

L’arrogance de sa plaisanterie était l’apanage des dominants.
Dès l’arrivée des italiens à Silverstone, Pearl avait sorti les dents. Son instinct territorial l’empêchait souvent de voir les opportunités quand elles se présentaient et si les vieilles canailles du gang n’avaient pas opté pour la patience, elle auraient jetés ces roulottes de ritals hors de la ville. Les transactions d’argent qui ne transitaient pas par le gang la picotaient. Mais finalement, comme disait Liam, tout arrivait à point.
L’attitude humble de Filippa, humiliée comme elle pouvait se l’imaginer parfaitement, suscita tout de même une once de sympathie en elle.

-Le hic, c’est que s’il y avait que Smith, on pourrait repriser l’accroc… mais moi aussi j’ai un trou dans le bas de laine si vous voyez ce que je veux dire. Bon j’abrège.

En disant cela, elle ramena le fusil sur ses genoux et pivota vers la fenêtre sans se lever, en poussant juste le fauteuil du pied contre le bureau.

-Venez, approchez, venez voir.

A deux mains, elle remis l’arme pesante entre les mains de Filippa Rinaldi et l’invita par le geste à apprécier la vue dans l’œilleton. La crosse portait le H gravé de la compagnie, preuve tangible que quelques engins étaient bien fabriqués ici malgré tout.
A travers la loupe, on distinguait nettement les toitures de Silverstone, inégales et poussiéreuses, ramassées au milieu des plaines sauvages. En balayant la ville à la lunette, on arrivait à lire l’enseigne la plus proche. Depuis leur office, les Hennessy pouvaient contempler Silverstone d'en haut, comme des vautours nichés.

-Vous voyez le Manoir ? Demanda-t-elle en la guidant. Le cimetière en contrebas… la maison brûlée...celle d’Elijah Kane...vous étiez là quand ils l’ont pendu n’est-ce pas ? La morue est allée y foutre le feu...enfin on dira que ce sont les gens du coin.
Tandis ce que Filipa pouvait observer les architectures ou peut-être chercher sa maison, l’odeur du cigare s’éleva dans la pièce.
Vous avez déjà vu brûler une maison ? Les cafards prennent la fuite et c’est là qu’on constate les dégâts. Il m’en reste un gros qui grouille en ville…

Les Hennessy se lavaient les mains des règlements de compte à leur nom depuis longtemps. Quoi qu’ils auraient pu régler son compte à un ver aussi insignifiant que Maxence Burke facilement, la mise à contribution des italiens tombaient à pic pour l’exécution d’une tâche aussi ingrate. De plus, l'affaire avait peut-être une ampleur plus large que quelques dettes de jeu. Ils n'en étaient pas encore tout à fait certain mais par prudence, mieux valait mettre l'affaire en sous-traitance.  

-Trouvez Burke, son apprenti, un irlandais (le mot prenait dans ses lèvres une déformation insultante) répugnant. Pour la correction, faîtes ce que vous voulez, je m’en fiche, mais qu’il crache les dollars qu’il me doit ou qu’on ne le retrouve pas.

La viande coûtait chères ces derniers temps… Le catholique n’en avait pas beaucoup sur les os mais elle imagina que Filipa et sa grand-mère arriverait à en faire du ragoût.

-Je ne sais pas où il se cache mais Valentine en sait sûrement quelque chose…

Quand le regard de Filippa revint vers elle, son sourire cruel sembla dire "see ? easy."


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Lun 31 Mai - 23:39


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@Pearl Hennessy

Sa bouche était rouge. De maquillage ou bien de sauce dont elle venait de se pourlécher les babines. Malgré la sobriété de ses vêtements, l’italienne trouva à Pearl un air inconvenant, comme ces panthères sauvages auxquelles on passait une laisse et que l’on exhibait dans des petits salons privés pour susciter l’attention (une connaissance de La Morue l’avait déjà fait, elle savait de quoi elle parlait). À la seule différence que Pearl Hennessy, elle, n’avait besoin que d’elle-même pour se promener, serrant le cordon de cuir entre ses crocs et menaçant quiconque oserait s’approcher d’un peu trop près pour s’en saisir. D’ailleurs, au coeur de ses lèvres, elles apparurent, ces dents blanches et tranchantes comme des os.
Un sourire.
Un sourire comme si elle la mettait au défi de sourire en retour. Un sourire qui éclairait ses yeux impitoyables où, malgré tout, une étincelle d’amusement subsistait.
Quand elle remarqua que la napolitaine se murait derrière son masque d’inertie, tout son visage se lissa, triomphante et ravie. Et peut-être était-ce pire que le rictus cruel dont elle avait habillé sa bouche. Tout cela n’était qu’un jeu pour elle. Un jeu injuste puisqu’elle décidait des règles (ou bien les inventait-elle au fur et à mesure ?) et disposait dans le creux de sa paume de toutes les ressources nécessaires pour gagner. Enfin, plutôt, elle avait déjà gagné. Ce qui rendait la partie particulièrement ardue.

Pour la première fois depuis sa naissance, on rendait à Filippa la monnaie de sa pièce. Elle goûtait au traitement qu’elle-même et les Rinaldi avaient réservé aux habitants de Naples pendant des générations. L’intimidation, la crainte, la frustration et le ressentiment. Depuis la mort de sa famille, ces sentiments lui étaient particulièrement familiers et elle s’était rendue compte qu’on ne s’y habituait jamais vraiment. Du soir au matin, ils venaient lui picorer la nuque comme un corbeau affamé, se repaissant de la colère et du chagrin. La nuit, ils se faisaient étouffants, tourbillonnant comme des cauchemars.
 
Actuellement, elle n’aimait pas la leçon grinçante du Seigneur parce qu’elle ne l’estimait pas juste. Tout ce qu’elle avait fait, elle l’avait fait pour les siens. Pour la bonne cause. Elle n’aurait pas à rougir devant Lui lorsqu’elle se présenterait sur le pas de Sa porte. Pourquoi, alors, lui rappelait-Il l’oppressante sensation d’être menacée ?
Elle se rappela soudainement ce terrible sentiment. La traque à travers les rues de Naples. L’impression d’être seule. Aux abois. Le sang sur les paliers. Dans les salons. Sur les terrasses. Le soleil sur sa nuque. Le goût métallique dans la bouche. Les jambes qui portaient toutes seules. Les poumons écrasés dans la poitrine. La rage brouillant les yeux. Le chagrin souillant le coeur. Et sa voix, si elle avait pu parler aurait mêlé l’ire et le désespoir, s’écrasant contre sa gorge, contre sa langue, avec la force brisée des tempêtes hurlantes sur des falaises infranchissables. « Je les tuerai. Je les tuerai tous. Tous. »

Cette montagne de colère s’écroula d’un seul coup. Soufflée par un soupir. Écrasée par un coup de pied mutin. C’était une blague. Une blague. Alors, ses grands-parents n’avaient jamais été en danger. Tout ce baratin, ce miel qui cachait la guêpe, pour se gargariser de sa propre suprématie. À cet instant précis, elle la détestait. Pour cette attitude de confiance écrasante dont Filippa savait qu’un jour elle s’était elle-même drapée. Pour cette vague de soulagement qui lui coupait les jambes et qui lui avouait avec honte qu’elle s’était réellement sentie en danger.
L’idée de se saisir du coupe-papier et de lui planter dans la main était tentante. La blague serait toute aussi drôle. Après tout, la barre de l’humour était plutôt basse aujourd’hui alors, Filippa se sentait d’humeur à tenter sa chance.

« C’était drôle, » commenta-t-elle de sa voix lente. « Votre blague. »

Tout son visage exprimait l’inverse. « Racontez m’en une autre, » aurait-elle voulu demander. « Je ne demande qu’à rire. »

Ses sourcils se froncèrent lorsque son interlocutrice poursuivit son monologue, entrecoupé d’histoires d’accroc et de bas de laine que Filippa ne comprenait pas. Encore des expressions anglaises qu’elle ne saisissait pas ? À moins qu’elle ne la prenne pour une couturière ? Décidément, entre cette veuve allemande qui l’avait invitée à repriser ses robes et Pearl Hennessy aujourd’hui… Et elle voulait qu’elle regarde ça tout de suite ? Elle darda sur elle un regard interdit. Elle pensait avoir touché le fond en demandant son aide à Thomas Rosenbach, mais elle s’était apparemment tromper. Raccommoder les culottes de Pearl Hennessy. Voilà, elle y était. C’était ça le fond.

Un dernier regard furtif vers le coupe-papier et elle obéit, mortifiée.
La gêne se transforma bien vite en surprise (puis en soulagement) lorsqu’elle lui fourra le fusil dans les bras avant de l’inviter à regarder par la fenêtre. Elle pouvait sentir la gâchette sous son index. Glaciale, à peine tiédie par les doigts de l’impératrice.

Sans trop savoir pourquoi, Filippa s’imagina alors que tuer Pearl lui serait bien facile. Elle n’aurait qu’à se retourner. Une balle en pleine poitrine. Un hoquet. Elle s’affalerait sur le sol. Un bruit mou. Une plainte, peut-être. La tresse étalée sur le parquet. Les lèvres rouges crispées en une grimace entre le sourire et la stupeur. Les yeux vides. Le sang qui fleurit sur le chemisier blanc.
Et l’arme avait autant le poids du métal froid que de la servilité docile. En lui confiant ainsi la carabine, Pearl lui signalait à nouveau son insignifiance ; elle n’avait pas peur. Elle ne s’estimait pas en danger. Elle ne considérait pas l’italienne comme une menace.

Et elle ne se trompait pas.

La fierté accablante de Filippa aurait pu s’offusquer de la plaisanterie macabre de l’hôte (c’était d’ailleurs le cas) et peut-être (sûrement) que ce manque de respect aurait été lavé d’une balle dans la poitrine à Naples. Mais Filippa n’était plus à Naples (malheureusement), elle n’était pas une abrutie (pour fuir les lieux du crime, elle devrait sauter par la fenêtre pour éviter les quelques hommes au rez-de-chaussée et, in fine, se casser les deux jambes) et surtout, elle n’avait aucune raison valable d’abattre de sang-froid madame Hennessy.
Au mieux, vit-elle dans ce qui commençait à ressembler à une association, une opportunité. Se faire des ennemis d’amis ou de potentiels amis était l’apanage des idiots. Et la Rinaldi s’estimait encore assez pour ne pas s’imaginer être une imbécile. Alors, en toute logique, elle s’abstint et ne tira pas sur Pearl.

Elle ravala une nouvelle fois son égo si facile à malmener. Son oncle lui avait toujours dit « Quand la faim croît, l’orgueil décroit ». Elle avait fini par la comprendre, cette expression. Vraiment, elle n’avait pas besoin qu’on la lui rappelle une fois encore. Retenant un soupir, elle appuya son oeil contre la lunette.
Sur la ligne d’horizon, d’imposants nuages coiffaient le désert de nuances sombres. Bien que froid, l’air était lourd et dans cet après-midi hivernal, les senteurs suaves du parfum de Pearl dénotaient. Elle sentait l’été avant l’averse, lorsque l’humidité chatouillait les pétales en les exhortant de se pâmer plus fort. Chaque de ses gestes révélait des effluves que Filippa commençait à trouver étouffantes. En particulier lorsque l’américaine alluma son cigare. L'odeur lui traînait dans la gorge.

Dans son dos, l’hôtesse l’accompagnait de sa voix doucereuse, la guidant à travers le labyrinthe poussiéreux de cette ville-enfant.
La napolitaine acquiesça vaguement, la paupière toujours collée à la lunette, lorsqu’elle mentionna le nom d’Elijah Kane. Elle-même n’avait pas assisté à la pendaison, mais Alessio le lui avait raconté de manière assez fleurie, en insistant lourdement sur l’urine qui avait taché le pantalon du condamné une fois sa vie évaporée. Il avait trouvé cela très drôle, un peu pathétique aussi.
Le nom de la Morue prononcé par la voix de Pearl la fit sourciller. Évidemment, il ne s’agissait pas de Tonio, le pauvre aurait eut du mal à mettre le feu à un manoir avec la tête tranchée. « Que Dieu le garde, » pria-t-elle silencieusement comme à chaque fois que son esprit s’égarait vers son cousin ou vers n’importe lequel des membres de sa famille.

Elle hocha à nouveau la tête. Oui, elle avait vu une maison brûler. Plusieurs même. Mais elle n’était jamais restée longtemps pour profiter du spectacle et compter les cafards qui s’enfuyaient.

Un fin grésil commençait à claquer sur les toits de bois comme des ongles qui joueraient sur une table. Filippa se détourna du triste spectacle de cette ville terne et mouillée pour faire à nouveau face à la maîtresse des lieux. Sa bouche s’était tordue en une légère grimace dégoûtée lorsqu’elle prononça le nom du nouveau croque-mort. « Tiens, il me doit de l’argent, à moi aussi. La barre chocolatée que s’est empiffrée cette raclure de chien galeux. » La ligne apparaissait toujours dans son livre de comptes. Elle n’attendait qu’une chose, la rayer avec un sourire satisfait. Parce qu’un sous était un sous et qu’à l’orgueil, l’avarice était un pêché capital que la napolitaine pouvait ajouter à sa panoplie de parfaite catholique. En rendant visite à Burke, elle ferait d’une pierre deux coups : s’affilier plus ou moins avec les Hennessy et se rembourser. La chose était décidée.

« Va bene, » acquiesça-t-elle sans rechigner. « J’irai rendre visite à monsieur Valentine, in quel caso. Nous règlerons tout ça rapidement. »

Décidément, le banquier était partout. Elle trouvait d’ailleurs étrange qu’il détienne une information que Pearl n’ait pas. En particulier lorsque ladite information semblait avoir un minimum d’importance. L’information, c’est le pouvoir, disait la maxime. Tonio avait dû entendre le même conseil puisqu’il n’était pas gros que de spaghettis et de polpete. Il se nourrissait aussi de rapports, les plus détaillés possible, pour contrôler et mener son petit monde à la baguette.

Enfin, visiblement, cela ne lui avait pas si bien réussi.

Lorsqu’ils signaient un accord, les italiens avaient l’habitude de partager une cigarette et de s’inviter pour partager un dîner. Mais Pearl n’était pas italienne. Aussi Filippa lui refusa l’honneur.

« L’argent que Burke vous doit et faire disparaitre le croque-mort en échange d’une partie du remboursement del debito de Smith, » récapitula-t-elle comme si elle eut compté des abricots.

Elle sortit de sa sacoche usée son petit carnet de cuir humide.

« Il me doit duecento dollars, » lut-elle.

Malgré ses cinq années passées en Amérique, elle avait toujours autant de mal à prononcer les chiffres en anglais. Elle montra donc à Pearl la ligne indiquant le prénom de Smith. Elle tapota avec la pulpe de son doigt sous les deux-cent inscrits en chiffres. Naturellement, elle s’attendait à ce que Pearl lui indique le montant de cette fameuse partie du remboursement avant de lui proposer de se serrer la main pour signer l’accord.

« Sfortunato a gioco, fortunato in amore, » récita-t-elle en rangeant son calepin. « Il devrait arrêter de jouer, votre Smith. Il va finir par se faire tuer. »

Par elle ou bien par Pearl qui en aurait assez de réparer les pots cassés. Enfin, après tout, cela n’avait pas vraiment d’importance.

Sur la table, la tortue croqua un stylo. Une encre noire aux reflets bleus se déversa sur les papiers éparpillés comme un gisement de pétrole dans le désert.



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