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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Long Gone - Sean & Mae
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Mar 9 Fév - 18:46


Long Gone
Mae Matthews feat @Sean O'Reilly

« Patterson j’pense que tu m’aimes un peu plus que c’que tu veux bien admettre. » L’œil rivé sur son repas fumant, Matthews ne regarde pas l’homme a qui elle s’adresse, bien trop occupée à manger plutôt que d’écouter une énième fois les reproches du bandit. La petite bande est installée autour du feu, se réconfortant autour d’un repas chaud dans la dureté de l’hiver. Belle récompense pour tous ces corps qui ne connaissent plus que la neige blanche qui recouvre leurs pieds trempés et boueux. Le braquage de la diligence avait apporté de quoi acheter à manger, mais aussi quelques munitions. Cela serait suffisant, pour quelques semaines. Pourtant, ils vont vite devoir trouver une nouvelle solution, un nouveau coup, comme ils aiment à le dire. Évidemment, la remarque de la hors-la-loi déclenche quelques rires qui agacent encore plus l’homme qui ne peut s’empêcher de répliquer, piqué dans son ego. Patterson et Matthews, on ne peut pas dire que c’est le grand amour. Tout le monde à l’habitude, personne ne dit rien. On sait comment ça se termine, Matthews lui en colle une, ou bien elle le fait taire. Parfois même, Bonnie s’en mêle. Patterson s’énerve mais ne fait rien de plus car il redoute les frères. Mae fait d’ailleurs cela en toute connaissance de cause et y prend même un sérieux plaisir. Le voir ivre de colère, incapable de faire quoique ce soit est un réel plaisir pour les yeux. Il faut bien se consoler avec le peu de belles choses que la vie a à nous offrir. Il se lève alors, voulant faire face à Mae. Haussant les sourcils, sans grande surprise pourtant, cette dernière fait de même après avoir posé son repas à terre, main sur la crosse de son colt. «Personne ose le dire tout haut, mais on sait bien pourquoi t’es encore là. » Un silence gênant s’installe alors autour du feu, mais Matthews ne s’en offusque pas. Tout du moins, c’est ce qu’elle laisse paraître. Plantant ses yeux noirs dans ceux de Patterson, elle ne peut s’empêcher de sourire, le défiant à chaque instant. Pourtant, ce n’est pas l’envie de dégainer son colt qui lui manque, mais, elle a appris avec le temps à se lasser des insinuations de cet homme. Sa place, elle sait à quoi elle la doit, et ce n’est certainement pas à une personne tierce. « Ah ouais ? T’as enfin compris qu’c’est parce que contrairement à toi, j’en ai là d’dans ? » En disant cela, elle tape alors plusieurs fois sur la tête creuse du bandit avec le canon de son colt. « Toutes mes félicitations Patterson, ça nous enlève un poids à tous ici ! » Devant le regard agacé et désarçonné de l’artificier, Mae reprend alors son assiette faîte de ferraille en levant les yeux au ciel et s’éloigne du groupe en râlant, une fois n’est pas coutume. Elle n’aime pas être trop longtemps entourée des autres, préférant un retranchement tactique.« J’t’en foutrait une entre les deux yeux, tu verras s’tu sais t’jours pourquoi j’suis encore là fils de … » Mais elle n’a pas le temps de terminer sa phrase que ses yeux s’arrêtent sur une silhouette qui se tient à quelques mètres d’elle, en retrait. Matthews déglutit le bout de viande qu’elle avait de coincé dans la gorge. « Sean ? » Tête droite, son ton surpris n’empêche pas la froideur avec laquelle elle prononce le prénom de celui qui l’a humilié avant de s’absenter pendant un temps qui lui a paru interminable. Cela faisait un moment qu’elle ne l’avait pas vu et pour tout dire, la dernière fois, on ne peut pas dire qu’ils se sont quittés en bons termes. Il était parti, récupérer de l’argent qu’on leur devait, un peu plus loin, ailleurs. C’est ce que lui avait dit Davis. Ils n’avaient pas eu le temps de se dire à bientôt, comme ils le faisaient d’habitude puisque ce jour-là, Mae était en vadrouille, loin d’eux et de ses états d’âmes. Mais quelque chose lui disait qu’il n’avait pas eu cette envie, bien trop en colère contre elle. Cette colère, elle était légitime, elle l’avait accepté. Mais les mots l’avaient blessé bien plus qu’elle n’avait voulu l’admettre. Kilian lui avait présenté des excuses, il en sera de même pour Sean. Pendant toute leur altercation, Matthews était restée impassible, recevant les reproches, sans ciller, sans leur accorder une once de sa faiblesse. Par-dessus tout, elle avait refusé de leur faire ce plaisir, comme toujours elle s’était montrée entêtée, se bornant à ne rien laissé paraître de la douleur que lui provoquait leurs mots. Mais elle ne lui offrira pas son désespoir, bien trop fière pour cela. Alors, au lieu de prendre de ses nouvelles (après tout, s’il est là debout devant elle, c’est qu’il va bien.) elle le regarde et annonce « Y’a du ragout là-bas. Avec d’la viande. ». Le simple fait de croiser son regard lui tord le ventre et, déjà, elle n’a plus faim. La vérité est telle que Matthews a peur. Peur de ce qu’il peut encore lui dire, des mots empoisonnés qu’il peut verser sur elle. Peur de ne pas pouvoir les entendre cette fois-ci. Une véritable tempête se prépare en son sein et elle ne reproduira certainement pas ce qu’il s’est passé avec Kilian. Cette fois-ci, Matthews ne dira rien, elle laissera le temps passer et apaiser les choses avant de lui parler. Expliquer les choses dans la douleur n’a rien de bon et elle en a fait les frais avec le cadet.

La hors-la-loi allume alors une cigarette qu’elle laisse pendre au coin de ses lèvres pour aller chercher la selle de son cheval. Elle caresse l’animal et ajoute dans un soupir à son oreille « Allez, on s’tire d’là avant d’rejouer la même scène.» Dans ce jeu, la fuite a toujours été sa carte favorite.
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Mar 9 Fév - 21:46

Long Gone
Il lui semblait que cela faisait une éternité qu’il n’avait pas vu Matthews. La dernière fois, il avait perdu son sang-froid. Fou de rage, il s’était emporté comme il ne l’avait jamais fait avec elle. C’était habituellement son frère qui était friand d’emportements colériques. Sean préférait la froideur, les mots durs et les regards noirs. Il avait donc dit des mots qui allaient au-delà de sa pensée, renchérissant sur les paroles de son frère. Cela avait eu pour effet de faire fuir la belle. Cependant, le temps n’arrange rien pour Sean : il n’avait pas décoléré. Il était donc passé par toutes sortes de sentiments. Dans un premier temps, ce fut le désespoir qu'elle ait pu partir, la peine et la colère contre sa propre personne. Ensuite vinrent l’indignation et la haine pour Matthews, qui non seulement avait merdé, mais les avait abandonnés. Quand elle revint, il prit la décision de partir. Juste un temps. Il n’arrivait pas à se contenir et à savoir ce qu’il ressentait vraiment. Cependant, il n’était pas comme Mae et il ne put se résoudre à fuir, tandis qu’il avait des responsabilités à tenir. Cela serait lui donner raison. Alors, il était revenu, dans l’espoir de ne pas la croiser. Pas tout de suite. Il n’en était pas capable.

Son retour lui fit le plus grand bien. Il n’aimait pas s’éloigner trop longtemps et les nouvelles étaient plutôt bonnes. Ils avaient réussi un braquage assez intéressant et les prochaines manœuvres étaient en cours de préparation. Il avait salué la plupart de ses compagnons, avant de se diriger vers le cœur du camp. La route l’avait épuisé et il ne rêvait plus que d’un souper bien chaud en bonne compagnie, avec l’habituelle bouteille de whisky. Il avait envie de voir son frère, dont il ne se décollait jamais trop longtemps. Cela lui donnait l’impression d’être incomplet. Les années de vie ensemble n’arrangeraient certainement pas cette dépendance, mais il s’en accommodait plutôt bien jusqu’à présent.

Quelle ne fut pas sa surprise de voir dans la lumière du feu de camp le visage de Mae. Butch lui avait dit qu’elle n’était pas là, sûrement occupée à je ne sais quoi, je ne sais où. Merde. Il serra son poing ganté et leva les yeux au ciel. Elle était encore en train de se chamailler, pour ne pas changer. Sean restait tapi dans l’ombre, tout de noir vêtu. Le gel parcourait la fourrure de son manteau, et les poils de sa barbe. Il ne craignait guère le froid, mais cet hiver était des plus rudes.

Les paroles de Patterson interloquèrent Sean. Quelles étaient donc ces rumeurs qui pouvaient leur faire croire quoi que ce soit sur Mae ? Doutait-il de sa bravoure ? De son investissement ? Hormis ces derniers mois, elle était bien plus précieuse que ce foutu Patterson. Il devait tirer ça au clair. Qu’on puisse mettre en doute ses compétences en termes de recrutement était inacceptable. Pire encore, il eut peur que cette pique renvoie  plutôt à l’intérêt de Sean pour Matthews. À cette pensée, il s’avança légèrement, prêt à intervenir, mais c’était sans compter le répondant de la brune. Cela lui arracha un sourire, puis il se souvint de ce qu'il avait dû ressentir ces derniers mois. Il passa sa main dans sa barbe, contrarié.

Comme toujours, Mae se leva pour partir, grognant et pestant. Sean resta pourtant à l’écart, mais elle se dirigeait non loin de lui. Que faire ? Lui parler ? L’ignorer ? Il sentait ses ressentiments monter en lui plus rapidement que les pas de Mae. Il n’eut plus le choix, quand elle posa les yeux sur lui. Merde. Sa voix s’éleva dans le froid hivernal, enveloppant Sean d’une sensation familière. Il fit un pas dans sa direction, sortant légèrement de l’ombre des arbres. Ses bras étaient croisés, attendant qu’elle parle. Il ne savait pas quoi dire, tiraillé par ses émotions. Bien trop pour être en capacité de discuter intelligemment. La froideur du visage de la brune n’arrangea pas les choses. Sean détestait cette moue. Il lui semblait que cela sonnait comme un défi.

Il ne fut pas surpris de l’intervention de Mae, ne s’étonnant pas de cette nouvelle fuite. Avait-elle peur d’une nouvelle altercation ? N’en avait-elle plus rien à faire de lui ? Aucune de ces réponses n’aurait pu le calmer.
Mimant la belle, Sean s’alluma à son tour une cigarette. Il s’avança plus près encore, n’étant plus qu’à deux mètres d’elle. Son regard était noir et son visage froid. Il était en colère et terriblement déçut. Depuis des semaines, il s’imaginait ce moment et là, il était temps de régler leurs comptes.
« Ton cheval ? » Sa voix résonna, bruyante, grave et menaçante. Elle brisa le silence, tandis que Mae caressait la bête. « Tu vas où comme ça Matthews ? Tu vas fuir ? Encore ? T’as changé. Tu n’sais faire plus qu’ça. » Il cracha dans la neige, tirant ensuite sur sa clope pour se donner de la contenance et pour calmer ses nerfs. Il ne pouvait cesser de la regarder. C’était plus fort que lui.

« T’as rien à m’dire ? Tu pars, comme ça, t’abandonnes tout l’monde. Qu’tu nous fasses la gueule, on a l’habitude. Qu’tu dégages une semaine, pourquoi pas. Mais qu’tu t’en branles suffisamment de ceux pourquoi on se les gèle dans ce trou à rat, ça… J’crois qu’on a à causer Matthews, parce que là, y a un truc qui va pas. » Sa mâchoire était serrée et son ton parfaitement calme et froid. Sean se tapa le crâne du bout des doigts et fit mine d’être étonné. « C’est vrai ça. Patterson, c’qui dit. Pourquoi t’es là ? Me sors pas l’fait qu’t’en as dans l’crâne. » Il s’avança, plus proche, pour mieux la surplomber. « J’crois qu’tu nous as prouvé qu’même Patterson il en a plus là. » Il désigna sa tête, puis marqua une pause, pour finalement montrer son entre-jambes. « Et là. »

Il ne savait pas ce qu’il était en train de faire. Elle en avait déjà assez pris dans la gueule. Pourquoi en rajouter ? Il ne pouvait pas oublier. Il avait envie qu’elle lui dise quelque chose, mais quoi ? Elle le perdait. Elle l’avait toujours troublé, mais là c’était différent. Il était fou d’elle, mais lui laissait passer ce qu’elle avait fait, c’était l’accepter. Et ça, il ne pouvait pas lui concéder. Il faudrait qu’elle fasse un effort. Ou qu’elle pleure.
Sean avança son bras et le posa sur le flanc du cheval qui frémit. Caressant la bête, il avait plongeait ses yeux dans ceux de la brune. Ne cessant de la regarder, sa cigarette allant et venant entre ses lèvres et la nuit. Il n’était plus temps de fuir.  
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Mer 10 Fév - 10:25


Long Gone
Mae Matthews feat @Sean O'Reilly

La voix de Sean résonne en elle comme un écho, faisant trembler son corps tout entier. Ses mots, poison douloureux annoncent la longue agonie dans laquelle il veut la faire plonger. Déterminé, il s’avance vers elle et Mae le sait, il ne la laissera pas partir. Pas comme ça. Elle sent l’intensité de son regard peser sur elle mais, égale à elle-même, elle l’ignore, grossière erreur que lui fait faire sa fierté. Ses mains, asséchées par l’hiver, cherchent à boucler la selle de sa monture, forçant un cuir refroidi par le temps. Rares sont ceux qui arrivent à faire taire Matthews, à lui couper l’herbe sous le pied, mais Sean en fait partie et il sait toujours où aller pour semer la discorde dans l’esprit de la jeune femme. Cet enfoiré arrive à faire s'immiscer la honte dans le chaos des sentiments de la hors-la-loi. Ses mains manquent la boucle et le froid se fait douloureux. « Fait chier ! » Elle le dit pour elle, pour lui, pour tout. O’Reilly ne s’arrête pourtant pas, en si bon chemin pourquoi s’arrêter ?

La mâchoire de Matthews se resserre alors qu’elle soutient son regard, allant même jusqu’à relever la tête, ultime défiance à son égard. Et il ose tout. Mais les cons, ça ose tout, de ce qu’on dit. Il ose même lui reparler de Patterson, ayant tout entendu. Un court instant, la peur vient également s’installer à nouveau en elle. Si Sean a tout entendu, il a forcément noté la remarque de l’artificier à son sujet. Avec ce qu’il s’est passé pendant son absence, il ne vaudrait mieux pas que Sean se mette à sonder tout le monde. Arme redoutable, il est prêt à tout lorsqu’il veut savoir quelque chose et ce qu’il y a eu entre son frère et elle, c’est bien la dernière qu’il doit savoir. Patterson ne faisait certainement pas allusion à cela, personne n’est au courant, mais elle se méfie de cet homme comme de la peste. Blessé dans son ego, il serait capable d’inventer une situation afin de faire chuter Matthews de son piédestal déjà bien abîmé. Nouvel affront, elle jette sa cigarette dans un dernier souffle en lui souriant. Sean connaît Mae. Mae connaît Sean. La jeune femme sait parfaitement comment l’exaspérer. Elle a décidé de ne pas le laisser faire et elle est tout autant déterminée que lui. Alors, elle se ressaisit, passant son courage (ou son effronterie) au-dessus de la peur qui la prenait au ventre. Le mal est le même, mais l’impression différente.

Elle ne l’avouera jamais, mais Matthews donnerait beaucoup pour retourner à cette soirée d’été où ils se sont disputés au sujet du bal. Mae n’avait pas supporté qu’il refuse son idée, voulant privilégier d’autres actions pour le clan, profiter de l’attention du bal pour se servir dans les maisons bourgeoises. Mais passionnée dans sa lutte, Mae voyait les choses en grand, reprochant à Sean son manque d’ambition. Les O’Reilly valaient bien plus que cela et elle avait décidé de lui prouver que son idée était la bonne. Poussée dans ses retranchements, elle n’en avait fait qu’à sa tête, et la triste suite, tout le monde la connaît. Dire qu’elle regrette les morts qu’elle a fait sur son passage ne serait pas honnête, ce n’est pas vrai. La jeune femme considère que certains sacrifices sont à faire pour parvenir à leurs fins. Ce sacrifice, elle le fait elle-même, alors pourquoi pas les autres ? Mais une partie d’elle aimerait ce soir-là, la rendre moins orgueilleuse et abandonner l’idée, aller dormir fâchée et puis oublier. Sean avait provoqué sa fierté, laissant à Matthews l’impression de ne pas être considérée comme elle devrait l’être. Alors, elle n’en avait fait qu’à sa tête.

Son retour, après des semaines à se cacher avait été pire que tout. Et à l’instant présent, avec ce bras qui lui empêche de passer, Mae se sent à nouveau prise au piège, impuissante face à celui qui vient la confronter. Son impulsivité refait surface, lui faisant serrer les poings, enfonçant ses ongles à l’intérieur de ses mains. Elle serre si fort que ses mains en deviennent blanches. Et surtout, pour ne pas flancher face à ce regard qui la dévisage, elle se remémore les mots qu’il a eu envers elle.

Elle en a des choses à lui dire oui. Tellement. Qu’il n’a pas su lui faire confiance. Que si Kilian n’avait pas eu la grande idée de tirer, tout se serait bien passé. Que son attitude envers elle est insupportable. Qu’elle est libre, qu’elle ne lui appartient pas. Que les morts font partie de leur vie. Qu’elle lui en veut à lui, à son frère, d’avoir décidé de mêler les sentiments à leurs desseins. Que là, maintenant, tout de suite, elle veut qu’il lui foute la paix. Qu’elle n’a pas envie de creuser encore plus le fossé qui s’est installé entre eux. Qu’elle s’en veut de provoquer la désunion. Qu’elle rêve de lui en coller une, parce qu’il le mérite. Qu’elle ne s’en branle pas des autres, comme il dit. Que la diligence, c’est son idée. Qu’elle ne les a pas abandonnés. Qu’elle avait juste besoin de temps, loin d’eux, pour retrouver celle qu’elle est, indépendante. Que son exil volontaire n’a pas fonctionné. Mais surtout, qu’il lui doit des excuses. Que rien ne justifie les mots, qu’il a eu envers elle. Tout cela, dans le désordre, elle aimerait lui dire. C’est ce qu’elle a à lui dire. Matthews le sait, ce n’est pas ce qu’il attend. Leur vision est différente, elle n’est pas prête à lui dire, car elle n’a pas les mots justes. Et il n’est pas prêt à l’entendre. Son regard n’augure rien de bon. Tout de même, elle se dit que c’est incroyable dans cette famille cette envie commune qu’ils ont de vouloir absolument parler. Mae, elle n’aime pas parler, ce n’est pas son fort, elle a toujours préféré le silence. Là où il y a du silence, il ne peut y avoir de paroles déplacées. Les mots sont des armes, il faut toujours faire attention lorsqu’on les utilise. Ils peuvent tout détruire en quelques tirs.

Alors, elle fait ce qu’elle fait souvent avant de parler, elle l’observe. Matthews cherche la réponse dans l’attitude de l’aîné O’Reilly. Hors de question de répondre à ses attaques, elle ne s’abaissera pas à cela. Elle jette un regard par-dessus son épaule, pour s’assurer que personne ne soit en train de laisser une oreille trainer sur une conversation qui ne doit pas être entendue. « J’crois qu’on sait tous les deux qu’c’est pas le moment pour ça Sean. » A nouveau, elle pose ses yeux sur lui, échappant un soupir « Tu m’laisses partir maintenant ? S’il te plaît. »
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Mer 10 Fév - 15:00


Long Gone



Elle avait le regard de l’insolence, tandis que ses mains s’affairaient difficilement. Que faisait-elle ? À quoi pouvait-elle penser ? Il n’y avait qu’elle - ou les inconscients - pour soutenir son regard. Le sourire de la belle ne manqua pas de ramener Sean à ses premiers sentiments : un fort agacement et une colère qui ne manqueraient pas d’exploser à la moindre occasion. Seulement, cette fois, cette haine serait contrôlée, ce qui n’en serait que plus terrifiant. Les yeux de Sean s’abaissèrent pour observer ses mains sur lesquelles il manquait une bonne paire de gants. Élément plus que nécessaire en cette saison. Il avait envie de les prendre, de souffler dessus pour les réchauffer. Rien ne pouvait le tirailler plus encore que la tourmente de ses sentiments face à Matthews.

Sean suivit le regard de la belle, observant ce qui se trouvait derrière lui. Les autres avaient repris le cours de leur conversation et personne ne faisait attention à eux. Ils étaient à l’abri de la lumière du camp.

Les réponses à ses questions ne se firent pas entendre et elle tenta une nouvelle fois de fuir. Cette fois, il perdit patience. Sa mâchoire se serra tout à coup, plus fort, marquant un creux situé au niveau de ses joues. La cigarette coincée entre ses lèvres, il poussa froidement Mae, sans violence, mais sans douceur. Là, il attrapa la sangle de la selle pour la serrer davantage. Le cheval avait arrêté de gonfler son ventre et Mae n’avait visiblement pas la force de tirer sur le cuir trop rigide. Lui n’eut aucun mal à faire ce geste. Il tapa sur l’encolure de la bête et se tourna vers Matthews, le regard toujours aussi noir. D’un claquement de doigts, il lança sa cigarette plus loin, dans la neige.
Le silence était pesant. Sean attrapa les rênes qui étaient posées sur la crinière du cheval. Lentement, il les fit glisser, avant de les tendre vers Mae. Seulement, il était pressé et en colère. Alors, il attrapa les mains de la belle sans ménagement et y déposa le cuir gelé. Une fois qu’il fut certain qu’elle n’allait pas les lâcher, il retira ses gants et les ajouta aux rênes.

Sean se tourna et fit un pas. Sans un mot. Après tout, à quoi bon ? Si elle pensait que le temps ferait l’affaire, c’est qu’elle ne le connaissait pas. Si elle pensait que son silence la sauverait, c’est qu’elle ne connaissait même pas le monde dans lequel elle était. Pourtant, la laisser partir aurait repoussé le moment des explications, accentuant sa tourmente. Alors, il fit volte-face.
« Ça s’ra quand l’moment Matthews ? Quand ton p’tit corps se balancera dans l’vide après qu’le shérif t’ait arrêté ? Parce que tout le monde sait à quoi tu r’ssembles. Ta jolie p’tite gueule est partout. Les gars en font une collection d’puis l’bal. » Il passa sa main nue sur son front et descendit jusqu’à sa barbe. C’était un mauvais rêve. Que faire ? Que dire ? De toute manière, quitte à être stupide, autant l’être jusqu’au bout.
« Alors, dégage, si t’as pas envie d’t’expliquer. J’t’ai attendu trop longtemps déjà. » Il eut la sensation que cela ne concernait pas la disparition de Mae. « Va voler des cons en faisant croire qu’t’es une pute. Le clan, tout ça, apparemment c’pas ton truc, hein. Vu qu’tu l’quittes à la moindre occasion. »

Il la regarda une dernière fois et se retourna, car il ne pensait pas un seul instant ce qu’il était en train de dire. « J’suis pas Kilian. J’vais pas m’excuser, être gentil ou quoi qu’ce soit, juste pour qu’tu restes. » Il supposait que les deux avaient déjà eu une explication. Il est difficile de faire un braquage sans se mettre d’accord avant et s’ils ne l’avaient pas fait, c’est qu’ils étaient simplement stupides. « Mais j’vais pas accepter qu’tu me manques de respect encore une seule seconde. J’espère qu’tu grandiras un jour, parce que ton caractère de merde et tes silences constants, c’est juste usant. Faire la gueule, ça marche jamais. » Là encore, l’hypocrisie était à son comble. C’était lui qui disait ça. Lui qui n’avait pas su l’écouter la première fois. Et lui qui n’arrivait pas à la faire parler. Lui qui était parti, tout comme elle et qui était d’une humeur massacrante. « T’as… » Il ferma les yeux le plus fort possible. « T'as merdé. » En réalité, le fond du problème, c'était qu’il ne disait pas plus ce qu’il pouvait penser qu’elle. Il aurait aimé lui dire, lui gueuler Tu m’as trahi. Mais c’était plus simple de faire la gueule et de fuir. Sans aucun doute.  
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Ven 12 Fév - 22:42


Long Gone
Mae Matthews feat @Sean O'Reilly

Alors qu’il la pousse pour lui-même seller son cheval, le sang de Mae ne fait qu’un tour. À cet instant elle n’a qu’une envie, lui hurler de ne pas la toucher. Pourtant, elle n’en fait rien, prenant sur elle afin d’éviter tout emportement. Avec un peu de chance, elle aura réussi à l’éloigner pour un temps. Peut-être la laissera-t-il enfin partir. Peut-être la libérera-t-il de ce poids qu’elle a en croisant son regard depuis son retour. Ce qui inquiète la jeune femme, c’est l’étrange maîtrise de ses gestes ainsi que son regard. Le bleu de ses yeux s’assombrit pour laisser place à une mer agitée, tourmentée par un orage lointain qu’il semble vouloir éloigner. Lui aussi, il lutte. Le silence qu’il fait peser sur le peu d’espace qui les sépare ne laisse rien présager de bon. Encore une fois, elle le laisse faire lorsqu’il prend ses mains sans aucune délicatesse pour lui laisser les rênes de l’animal. Un instant, elle baisse les yeux, consciente d’aller trop loin dans son silence. L’aîné O’Reilly avait besoin de comprendre ce qu’il se passait dans la tête de Matthews. Eux qui, il y a quelques mois de cela partageaient tout, jusqu’à leurs plus grandes craintes sont aujourd’hui comme deux étrangers se rencontrant pour la première fois, jaugeant et testant les limites de l’autre.

Matthews a elle besoin de l’entendre lui dire qu’il regrette ce qu’il lui a dit. Qu’il n’aurait jamais dû lui dire tout ça. Malheureusement, deux âmes tourmentées et aussi têtues l’une que l’autre se font face ce soir. Elle veut seulement l’entendre lui dire qu’il est désolé et qu’elle a encore toute sa confiance, que sa place n’est plus à faire et qu’on fait tous des erreurs. Alors, enfin, il se décide à la laisser seule face à sa fierté. Un soupir de soulagement s’échappe des lèvres de la hors-la-loi alors qu’elle resserre ses mains autour des gants de l’Irlandais. Mais elle aurait dû s’en douter, avec toute la détermination dont il est capable, il se retourne, continuant les reproches envers Matthews. Si seulement cette terrible nuit le shérif de Silverstone l’avait attrapé. Si seulement son corps avait pu se balancer au bout d’une corde, elle n’en serait pas là, à fuir le monde et son propre clan. Mais elle s’en fiche bien que sa tête soit affichée partout, ils n’ont jamais pu la réussir de toute façon. Elle n’y a pas prêté attention, mais elle est certaine qu’on ne la reconnaîtrait pas. Et quand bien même, elle l’accepterait, car c’est la vie qu’elle a décidé de mener. Sa vie, elle l’a remise aux O’Reilly, scellant avec eux une union avec pour seule limite la mort.

Son cœur se serre à chaque phrase qu’il lui lance au visage, venant ronger un peu plus le peu d’espoir qu’elle avait de les voir se réconcilier un jour. Mais lorsqu’il lui dit qu’il l’a attendu trop longtemps, qu’elle peut partir, elle n’arrive plus à soutenir son regard, laissant ses yeux aller dans le vide de l’incompréhension des sentiments provoqués. Elle le déteste autant qu’elle l’aime, c’est bien là tout ce qu’il y a de tragique entre eux. Elle voudrait le blesser au plus profond de lui, par vengeance, tout en lui disant qu’elle l’aime, au plus profond d’elle.

Mais alors qu’il fait allusion à son frère, le souvenir de la soirée avec ce dernier lui revient en mémoire. Il peut dire ce qu’il veut, mais son frère a au moins le mérite de s’être excusé et surtout d’avoir accepté sa part de responsabilité dans ce désastre. Tout comme Mae avait pris la sienne pour le bal. Mais tout cela, il ne lui dit pas en face, il préfère se retourner pour ne pas avoir à la regarder. Rapidement, elle essuie une larme qui s’est échappé sans qu’elle ne puisse la retenir. Elle ne lui donnera pas ce plaisir. Il en a assez fait comme ça depuis son retour, elle ne lui appartient pas. En réalité, bien sûr qu’elle lui appartient, à lui et à son frère, elle n’arrive pas à vivre sans eux. Mais elle préfère se persuader du contraire. Après tout, il veut l’entendre. Elle brise alors le silence qui avait pris une trop grande place entre eux.

« C’est vrai. T’as raison. J’ai merdé. » Elle a envie de crier, mais elle sait très bien qu’avec lui, ça ne fonctionnera pas, qu’ils ne feront que se déchirer encore plus. Mae est épuisée de tout cela. Alors, elle prend sur elle, pour garder son calme. « Mais Sean, c’est toi qui viens me parler de respect ? » Les résolutions de Matthews sont déjà loin alors que sa voix s’élève dans la nuit. « C’est moi qui te manque de respect alors que la seule chose que j’fais depuis mon retour, c’est éviter qu’on s’gueule dessus encore une fois ? Et tu l’sais pourquoi j’veux pas hein ? » Elle lâche alors les rênes de son cheval, allant même jusqu’à lancer aux pieds de Sean les gants qu’il a placé plus tôt entre ses mains. « Tu l’sais qu’t’as été trop loin Sean O’Reilly ! Et c’est moi qui manque de respect et qu’a pas d’couilles ?! Mais putain si t’en avais, tu s’rais déjà v’nu m’dire qu’tu pensais pas un seul mot d’tout c’que tu m’as dit ! » Le risque avec Mae quand on la force à parler alors qu’elle ne veut pas, c’est qu’elle a du mal à s’arrêter par la suite. Alors, elle reprend d’une voix tremblante tout en s’avançant. « T’avais juste une seule chose à dire, et même ça t’en es pas capable ! Tu crois qu’j’serais revenue si j’avais pas conscience d’avoir merdé ?! Tu crois qu’jm’en suis pas assez voulu comme ça ?! Mais non ? Non, Sean O’Reilly lui, il fait jamais rien d’travers ! Il est parfait ! » La jeune femme avance encore, baissant le ton, maintenant proche de lui. « Mais t’as raison, me r’garde pas dans les yeux pour m’dire tout ça, ça m’prouve encore plus ta lâcheté. » Ou qu’il ne le pense pas. « Alors tu vois Sean, j’suis p’tête qu’une pauvre conne qui volait les cons en f’sant croire qu’elle était une pute. Mais ça a bien fonctionné sur deux pauvres cons y’a six ans. » Mae le contourne alors pour enfin lui faire face et plante ses yeux noirs dans les siens, luttant pour ne pas faillir. « Mais puisque tout c’que tu m’as dit ça a pas l’air de t’déranger, tu vas prendre tes responsabilités de leader Sean. » Comme il l’a fait auparavant, sans ménagement, elle prend sa main pour y placer son colt qu’elle colle contre son propre ventre. Prenant alors une profonde inspiration, elle ne le quitte pas des yeux et déclare. « Puisque j’suis si insignifiante pour toi, fais c’que t’as à faire. » La main froide et tremblante de Matthews se referme alors sur celle de Sean en même temps que ses yeux qui se plissent pour le défier.
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Lun 15 Fév - 12:29

Long Gone


Sean avait un don pour faire parler ceux qui se complaisent dans un mutisme facile. Il le savait. Bien souvent, c’était par le biais de mots percutants, bienveillants et justes. Mais certains ne marchaient qu’à la violence de propos qui brisent l’âme et le cœur. Mae était faite de ce bois si coriace. Il espérait qu’elle se confonde en excuses, mais c’était sans compter le caractère de la belle qui ne se laissait pas faire. Elle était la première à user de ce stratagème. Deux manipulateurs ensemble ne faisant jamais bon ménage, Matthews se décida à parler.

Les premiers mots furent la promesse de retrouvailles chaleureuses. La promesse d’une rancœur effacée par des excuses qu’il lui aurait retournées. Si elle n’avait pas continué à parler. Chaque mot envenimait la colère du chef de clan. Il avait conscience que c’était plus simple de fuir, mais il en était incapable et il voulait bien l’admettre. Il aperçut ses gants jetés au sol, d’un mouvement de tête à peine perceptible. Il refusait de la regarder, tentant de se contenir. Il préférait observait les gars au loin qui ne se doutait pas de la tempête si proche et si violente.
Hélas pour Mae, il pensait ce qu’il avait dit et c’était bien ça le problème. Leur dispute n’était que le reflet de son sentiment de trahison qui le rongeait. Pourquoi s’excuser de dire ce qu’on pense ? Pourquoi tant d’hypocrisie.

À chaque fin de phrase, Sean s’attendait à une nouvelle tirade pleine de rancœur. Il n’osait pas parler, car il avait peur de crier plus fort. De lui faire peur. Sa voix tremblante déchirait son cœur, incapable de rester froid à cette colère et à cette détresse. Il la sentait si proche de lui, ce qui avait pour effet de lui donner une violente envie se retourner pour lui assener un coup. Si ça avait été n’importe lequel de ses compagnons de route, Sean n’aurait pas hésité à remettre les choses en ordre d’un coup de poing. Mais pas elle. Pas jusque là.

Mae mentionna la lâcheté de Sean, ce qui brisa quelque chose en lui. Un sentiment qu’il ne comprit pas tout de suite. Elle avait touché un point qu’elle n’aurait jamais dû approcher. Quand elle se posta enfin face à lui, il ne bougea pas, attendant le bon moment pour faire sortir ce qu’elle avait éveillé en lui.

Le contact de sa main froide sur la sienne encore chaude le glaça un peu plus. Matthews avait pris le chemin du mélodrame, ce qui fascina Sean. Elle le testait, il le savait. Comment réagirait-elle s’il marchait dans ses pas.
Quand l’homme fut certain qu’elle ne renchérirait pas une nouvelle fois, il se décida à agir. Il attrapa de sa main libre le visage de Mae. Son visage semblait si petit et si fragile, ce qui contrastait avec son regard. Il pressa l’étreinte de ses doigts sur cette mâchoire crispée par la colère et descendit sa main autour de son cou légèrement dénudé. Il ne serra pas tout de suite, c’était simplement une menace. Une promesse.

D’un mouvement sec, il dégagea la main de Mae du colt, qu’il fit glisser le long du ventre de la belle. Il dessina un chemin contrôlé, effleurant cette poitrine qui se soulevait au rythme de sa respiration, ce cou agité par le sang qui peinait à circuler, cette joue sûrement si douce, pour finir par coller le canon de son arme sur la tempe de Mae. Il avait gardé un visage froid, observant celle qui se tenait en face de lui.
Il ouvrit la bouche pour parler, mais se ravisa. Il avait senti que sa voix risquait de dérailler, secouée par l’émotion. Il déglutit et se décida enfin. « J’vais pas m’excuser. » Au moins c’était clair. « Tu sais c’que j’aurais fait à n’importe qui ayant l’même comportement qu’toi ? » La question était rhétorique. Elle savait. « J’l’aurais traîné par les ch’veux jusqu’au camp et j’l’aurais humilié et p’t’être même exaucé. Et toi, t’aurais p’t’être fait pire. Sur moi ou un autre. Faut arrêter d’être hypocrite. J’suis con, mais pas à c’point. » Il serra légèrement son emprise, juste assez pour qu’elle peine à déglutir. « Tu peux pas simplement t’excuser, faut toujours qu’t’en fasses des tonnes. D’habitude ça m’fait rire, j’trouve ça adorable même. Là, j’ai envie d’te faire bouffer la neige. » Il était sincère, on ne pouvait pas lui enlever ça. « Les mots, ça marche pas avec toi. T’faut d’la violence, des larmes. J’en ai ma claque. Autant je n’pourrais pas m’passer d’nos débats sur tout et n’importe quoi, autant, là, j’vois pas ce qu’il y a à débattre. » Il soupira, comme pour relâcher la pression, desserrant légèrement ses doigts. « Tu cherches quoi? J’te dis, j’m’excuserai pas. T’as merdé. J’vais pas me prosterner parce que t’as ramené d’quoi bouffer. T’es capable de faire plier un roi, j’me contenterai pas d’un braquage comme excuse. Moi j’suis fatigué. »

Il décolla sa main de la peau de la belle, pour mieux y revenir, effleurant sa joue. Il pencha la tête, observant les endroits qu’il touchait du bout des doigts. « J’suis crevé de d’voir me battre avec toi. Alors j’vais baisser mon flingue et on va en rester là. » Mais contre toute attente, il n’enleva pas l’arme de la tempe de Mae. Il préféra caresser son cou, pour arriver sur ses clavicules. À ce moment-là, il plongea ses yeux dans ceux Matthews, un pincement au cœur qui balaya la colère. « J’ai eu mes excuses, j’t’emmerderai plus. Tu peux m’fuir sans crainte. » Ses doigts glissèrent sur son épaule et quand il atteignit le tissu de ses vêtements, il dégagea son étreinte. Décollant le colt du visage de Matthews, il le lui tendit, moins en colère, mais tout autant contrarié.  
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Lun 15 Fév - 17:58


Long Gone
Mae Matthews feat @Sean O'Reilly

Dans une dernière tentative, la jeune femme avait tenté d'obtenir des excuses de la part de l'aîné, allant jusqu'à admettre son erreur.  Mae savait pertinemment qu'il n'allait pas appuyer sur la détente. Pas parce qu'il était trop lâche, mais parce que lui aussi, il ne pouvait pas vivre sans elle, et Mae Matthews en a pleinement conscience. Ce geste, elle l'avait fait par défi, afin d'entendre enfin des regrets s'échapper des lèvres de Sean. Mais elle avait besoin d'aller au bout des choses, de repousser les limites encore et toujours. Ils vont d'affrontement en affrontement, dépassant toujours un peu plus les lignes qui arrivent à l’horizon de leur vie, jeu dangereux auquel ils jouent. Elle voulait le voir hésiter, trembler même et lui rendre l'arme, dévasté par le mal qu'il lui avait fait. Mais rien de cela ne se produisit.

Au lieu de cela, Sean décide de s'aventurer là où il n'a pas l'habitude d'aller avec elle, désarçonnant Matthews. Les poings serrés, ses yeux ne quittent pas les siens, renvoyant le même regard, reflet l'un de l'autre. Son cœur se met à s'emballer au contact de ses doigts qui se referment sur son visage comme un étau. Le piège se referme sur elle, l'ancrant encore un peu plus sur ces terres gelées qu'elle déteste tant. Mae le déteste de lui faire ça, mais elle ne peut pas lui en vouloir, elle aurait certainement fait la même chose si elle s'était trouvée à sa place. L'étau glisse le long de son visage, la faisant tressaillir pour venir se resserrer autour de son cou.

Mais il prend le colt, victorieux, le faisant remonter jusqu'à sa tempe, accélérant un peu plus la respiration de la brune. Tous ses gestes sont maîtrisés, Sean O'Reilly ne fait jamais rien au hasard. La situation n'a rien d'excitant pour Mae qui se sent, encore une fois rabaissée, mise plus basse que terre par un homme qui ne la considère plus. La scène qu'ils sont en train de jouer est à l'image de leur relation. Sean a raison, il n'y a que dans les cris et les larmes qu'elle arrive à communiquer. Mais si elle est comme ça, c'est parce qu'il la pousse constamment sur cette voie. Le contact de sa main sur son cou provoque en elle des sentiments contradictoires qu'elle se garderait bien de lui montrer. À cet instant, elle aimerait poser ses lèvres sur les siennes, bâillon qui ferait taire la douleur des mots de l'Irlandais sur l’Américaine. Mais à la place, elle ferme les yeux, forçant une respiration rendue plus difficile par la main du chef de clan. Elle s'en veut de penser à une telle chose alors que quelques jours auparavant elle passait la nuit avec son frère. Mae se déteste, mais une partie d'elle ne peut s'empêcher de lui dire qu'ils y sont pour beaucoup aussi. Car il n'a jamais été question de ça entre eux. Ce sont les frères qui ont initié tous ces regards, pas elle. Elle sent son cœur battre contre sa tempe, prêt à lui faire exploser les tympans. Quelques larmes viennent s'échouer sur la main de Sean qui ne quitte pas son cou, symbole des derniers remparts qui se sont effondrés en elle. Il la lâche enfin, laissant un soupire s'échapper de ses lèvres par une respiration qu'elle retenait. Mae attend que le canon froid de son colt quitte sa tête pour tenter de retrouver ses esprits, en vain. Elle le déteste de lui faire subir ça, Sean sait très bien qu'il est en train de l'humilier de la pire des façons. La tirer par les cheveux devant tout le clan avant de la tuer lui paraît plus doux en comparaison. Mais il n’a rien fait de tout ça car il sait qu’elle aurait accepté la mort sans ciller. Ce qu’il lui reproche, il le cherche aussi. Mae aussi est fatiguée de tout ça. Fatiguée de cette lutte qui semble éternelle entre deux êtres poussés par leurs sentiments cachés sous la fierté. La jeune femme baisse alors les yeux sur le colt qu’elle fixe un instant, la vue brouillée par des larmes qui veulent à nouveau s’échapper. Elle ne voulait pas lui offrir tout ça sur un plateau. Elle secoue alors la tête, ne sachant plus si elle est en colère ou tout simplement blessée d’être à nouveau à terre devant lui. Elle lui aurait pourtant volontiers pardonné son orgueil s’il n’avait pas blessé le sien.

"Ne me touche pas !" Son cri est étouffé par les tourments qui envahissent sa gorge serrée, comme si sa main ne l’avait pas quitté. Mae lève alors ses yeux vers l'homme, voulant lui faire face, pour lui montrer qu'elle reste debout, que la tempête, c'est elle et que lui n'est rien de plus qu'un arbre qu'elle pourrait décimer sur son passage. Mais ce n'est pas le cas. "J'veux juste entendre que tu m'en veux plus." La phrase est lâchée dans un souffle, presque inaudible car bien trop difficile à admettre pour Matthews. "C'est juste que ... T'as pas voulu m'faire confiance. Tu comprends ?" Ses mains agrippent le col du manteau du hors-la-loi qu'elle n'arrive déjà plus à regarder. Des larmes coulent à nouveau, plus nombreuses le long de ses joues. Ces larmes-là ne sont pas silencieuses et laissent entendre la détresse de la jeune femme. Elle sait très bien ce que Sean a ressenti, elle sait que ce qu'elle a fait à ses yeux est bien plus qu'un simple geste arrogant ou de fierté. Elle le sait parce qu'ils en ont suffisamment parlé entre eux et qu'elle lui a souvent répété que la personne qui lui ferait un tel affront ne mérite pas son attention et qu’elle mérite même la mort. Et alors qu'elle vide son corps secoué par des sanglots retenus trop longtemps, appuyée contre lui, cherchant son soutien, elle finit par dire : "Tu sais très bien qu'j'ferai jamais ça."
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Mar 16 Fév - 11:23


Voir Matthews pleurer n’avait rien d’agréable. Lui qui ne désirait qu’une chose : qu’elle comprenne et fasse disparaître ce visage boudeur, quitte à ce qu’elle pleure, n’était finalement pas satisfait. Pourtant, cela avait quelque chose de fascinant. Elle était si belle, même le nez rougi et les yeux gorgés de larmes. Il aurait aimé être quelqu’un d’autre. Peut-être son frère. Certes, Sean n’était pas celui le plus violent et le plus impulsif, mais il n’avait pas cette souplesse naturelle dont Kilian pouvait faire preuve. Il aurait aimé ne pas en arriver là, mais c’était déjà trop tard. Il était incapable d’aimer sans que ses idées ne viennent tout détruire, car il était indéniable que cette cause qu’il chérissait tant passerait toujours en premier. Mae en faisait maintenant les frais. Était-il voué à finir seul ? Peut-être. C’était une des raisons qui l’empêchait de s’ouvrir entièrement à quelqu’un pour lequel il éprouvait des sentiments. Il avait bien tenté cet exercice avec la douce Rosenbach, mais cela avait été un échec.

Le cri de Mae le ramena à l’instant présent, loin de sa mélancolie. Il la regardait, incapable de bouger, encore. Les mots de la belle vinrent briser le reste de sa froideur. La faiblesse de sa voix n’en accentua que davantage le désespoir de ces paroles. Lui en vouloir ? C’était tout ce qu’elle voulait entendre ? Et elle, avait-elle daigné lui faire confiance ? Il se laissa attraper, le visage froid, les sourcils froncés. Il envisagea d’essuyer cette tempête sur son visage, mais se ravisa. Elle ne voulait pas qu’il la touche. Cruelle amie qui pleure et ne souhaite pas être consolée. Il en était pourtant conscient : s’il n’avait pas été aussi con, elle se serait peut-être laissée faire. C’est ainsi qu’il resta interdit, lorsque Mae s’affaissa sur lui.

Cette vision était terrible et Sean sentait l’angoisse lui prendre la gorge. Les bras écartés, comme paralysée, il regardait cette jolie tête brune tressaillir contre lui. « Je… » Il avait commencé une phrase, qu’il n’aurait jamais osé terminer. Alors, fermant les yeux, il prit une grande inspiration et plaça sa main sur l’épaisse chevelure de Matthews. Une caresse, légère, vint bercer ces pleurs qu’il ne tolérait plus.

Dans un mouvement qui lui sembla si naturel, il la prit dans ses bras. D’abord, le visage contre son torse, puis il la tourna pour la serrer contre lui, plus fort. Une main maintenant timide sur sa nuque, l’autre sur son bras, il la lova contre lui, en collant sa tête à la sienne. Sean avait les yeux fermés, conscient que ce qu’il faisait n’était pas correct. Qu’il n’aurait jamais osé, si comme lui, elle ne l’avait pas poussé à bout.

D’une voix moins assurée que ce se qu’il aurait voulu lui faire croire, Sean se lança dans le vide. « Je t’en veux. Me faudra du temps. Parce que… » Parce qu’il était con. « Mais ça change rien. Enfin si. » Que voulait-il dire ? Même lui ne le savait pas. Les mots, alliés de toute une vie, lui échappaient maintenant. « Quand t’es parti, j’ai cru crever. J’m’en suis voulu d’avoir parlé comme ça. Mais j’ai réalisé que toi non plus, tu m’avais pas fait confiance. Moi, j’t’ai toujours fait confiance, les yeux fermés. J’pensais pas qu’tu merderais. Et ça m’a fait plus mal que si c’était Patterson ou n’importe qui d’autre. Presque aussi mal que si ça avait été Kilian. » Il n’avait peut-être jamais été aussi proche de Mae et il en profita pour enfouir son visage dans ses cheveux. « J’te prends pas pour ma soeur, attention. » Bien loin de là. « Mais t’es importante et tu l’sais. »

Il pivota pour qu’ils puissent faire face au camp, qu’il désigna ensuite, tout en regardant ses compagnons d’infortune. « C’est grâce à toi Matthews qu’on a ça. Et ça sera grâce à toi qu’on ira loin. Mais j’peux pas tout laisser passer et faut bien que quelqu’un cadre le clan. T’as envie d’être à ma place ? J’te la donne. Mais tu verras, au moindre faux pas, c’est pas la colère des autres qu’on risque, mais la vie d’tout l’clan. Alors tant qu’t’es là, faut qu’on essaie de s’entendre et qu’on se fasse confiance. J’suis pas arrivée là par hasard et j’t’avais jamais déçu. On a fait de grandes choses et on en fera bien d’autres. Mais pas avec toute cette colère. » Il souleva une de ses mains pour désigner le coeur de Mae. « J’veux bien qu’on s’dispute, ça a toujours été notre truc. Mais j’veux plus qu’tu me détestes comme ça. » Il vint essuyer la joue de la hors-la-loi, doux, mais maladroit. « Ou comme ça. »

Il replaça sa main sur l’épaule de Matthews et se redressa légèrement. Incapable de la lâcher. Incapable de décoller son torse de son dos. Comme paralysé par l’idée que cela n’arrive plus jamais. Par l’idée de retrouver le froid de l’hiver sur sa poitrine. Alors, il ferma une nouvelle fois les yeux pour sentir le coeur de la belle battre. Il se sentait bercé par sa respiration. Elle avait anéanti la colère et la haine du revers de la main. C’était peut-être pour ça qu’il l’aimait et cela, plus que jamais en cet instant.  
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Mar 16 Fév - 21:51


Long Gone
Mae Matthews feat @Sean O'Reilly

Ce mal-être qui la ronge ne s’apaise pourtant pas au fur et à mesure que ses cris s’étouffent dans le manteau de Sean. Se peine grandissante ne s’efface pas alors qu’il pose une main hésitante sur sa tête. Ses mots, vrais, aussi tranchants qu’une lame n’arrangent rien. Il ne passera pas au-dessus, bien trop blessé par la fierté d’une hors-la-loi en quête de reconnaissance. Sa raison lui ordonne d’arrêter ses pleurs, mais elle n’y arrive pas. Et quand il la prend dans ses bras, plaçant sa tête contre la sienne, elle n’arrive plus à contrôler quoi que ce soit, appelée par le sol, cherchant sa respiration dans le froid qui lui brûle la gorge. Elle porte alors ses mains tremblantes devant sa bouche, tétanisée, pour étouffer son désespoir et son esprit qui se mêle à tout cela. Il n’y a que lui qui pouvait la mettre dans cet état, une partie de Mae veut le haïr, se venger, mais elle n’en a plus la force.

Enfin, elle calme ses maux, maîtrisant ses larmes. L’amitié est une façade, une excuse qui cache un sentiment plus fort qu’on ne veut pas s’avouer ou que l’on a trop peur d’explorer. Ces deux êtres se reprochent les mêmes choses, coincés dans leur obstination mutuelle. Pourtant, face aux révélations de Sean, Mae reste silencieuse, refusant d’alimenter les cendres encore brûlantes d’une passion qu’ils ne pourront éteindre. Avoir le même sang leur aurait évité bien des tourments. Elle n’a pas l’habitude qu’il lui parle ainsi, offrant une faille qu’elle préfère ignorer, niant le fait que, lui aussi, est important pour elle. Voilà pourquoi elle ne voulait pas lui adresser la parole. Il était encore trop tôt pour que leurs deux âmes se confrontent sans causer d’irréparables dommages.

Mais alors qu’elle voudrait le laisser, s’échapper de ces bras qui l’oppressent et la rassurent, elle n’y arrive pas. Toute volonté s’enfui alors que le visage de l’aîné se dissimule dans ses cheveux. Sean semble avoir cédé à la facilité de ses sentiments alors qu’elle se débat pour faire taire son cœur. Elle est importante et elle le sait. Il est important et ne le sait pas. Il ne doit pas savoir.

Elle devrait tout lui raconter. Lui dire ce qu’elle a fait. À ce stade, il est encore temps, on ne peut pas parler de trahison. Elle devrait lui dire que lorsqu’il était absent, elle a passé la nuit avec son frère. Elle devrait lui dire qu’elle aime Kilian. Mais elle ne peut pas, car les sentiments qu’elle a envers lui sont les mêmes. Elle aimerait lui faire part de ce qui la divise, mais il ne comprendrait pas. Et l’on pourra dire ce que l’on veut, mais il n’y en a pas un qu’elle aime plus que l’autre. Tous les deux pourtant si différent, ils se complètent, apportant à Mae un équilibre dont elle a tant besoin. Et aujourd’hui, cette harmonie qu’ils avaient trouvée, ils sont en train de la détruire, à trois, oubliant les conséquences, bravant l’interdit si tentant. Interdit au goût amer. Au fond, cette liberté dont ils se disent esclaves n’est qu’une excuse. Face à cette débâcle, Matthews n’a pas d’autre choix que de laisser à nouveau couler ses larmes en regardant le campement. Toutes ces tentes qui se sont ajoutées à mesure que le temps et leurs ambitions avançaient. Tout cela, ce n’est pas qu’elle, c’est leur œuvre à tous les trois. Chaque coup de pinceau apporté à un tableau qu’ils ne cessent d’améliorer, ensemble. Leur cause avant tout autre chose. Il n’y a que ça pour les faire vivre, leur donner cette rage au ventre qu’ils ont, cette soif de justice dans un monde qui n’a pas voulu d’eux. Il faut l’avouer, tout cela dépasse largement ce qu’ils ont imaginé il y a six ans de cela. Radicaux, ils sont aussi dépassés, tendant à aller toujours plus loin. Elle le sait, ils peuvent en être fiers, mais quelque chose de plus fort l’en empêche. La culpabilité certaine de courir à leur perte. Le détester serait certainement la meilleure des solutions, mais elle n’y arrive pas. Elle ferme alors les yeux sur leur travail, laissant un flot continue de larmes couler à nouveau alors qu’elle accroche sa main à son bras soutenant son corps devenu asthénique, épuisé par une lutte sans fin contre elle-même. Sean a beau vouloir effacer la peine qu’il a causé, il n’y arrivera pas, car tout cela est bien plus profond qu’une banale dispute. Elle n’est pas uniquement en colère contre lui. Mae Matthews est en colère contre le monde et contre elle-même. Elle laisse alors sa tête se reposer contre lui, n’ayant aucune envie de briser cette étreinte, soulagée de ne pas avoir à lui faire face, elle sourit quelque peu malgré tout, brisant le silence qui allégeait leurs douleurs. « T’es pire que moi Sean O’Reilly. » Il ne le dira peut-être pas, alors elle le fera, volonté non avouée de lui prouver que si elle en est capable, alors lui aussi. « J’suis désolée, j’voulais pas tout ça. ». Et elle ne pourrait être plus sincère. Mae prend alors une inspiration afin de faire partir toutes ces pensées contradictoires, reprenant un peu d’elle-même dans un souffle. « T’es qu’un con… Mais un con que j’peux jamais détester trop longtemps. »
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Ven 19 Fév - 18:36


Ses mains étaient trempées des larmes de la belle. Sean ne savait pas quoi faire de cet instant. Devrait-il céder à son envie de quitter ses principes ? L’envie de lâcher cette retenue qui ne fait que l’accabler depuis quelque temps ?
Sentir Mae se reposer contre lui ne faisait qu’accentuer ce besoin de vérité, de sincérité et très certainement de passion. Matthews lui arracha un petit rire. Il n’y avait pas de doute, les deux se battaient pour la première place de la plus forte tête. Son sourire s’élargit un peu plus quand elle finit par s’excuser. Il ouvrit les yeux, décalant légèrement la tête pour pouvoir la regarder. Que lui arrivait-il ?

C’est avec difficulté qu’il sentit que ce moment était un tournant pour lui. Pour eux. Deux choix s’offraient à lui : reprendre l’habituelle manie de titiller la belle ou briser la distance qu’ils avaient établie. Il était difficile de faire un choix, car il avait toujours réprimé ce sentiment étrange qui s’était installé du jour au lendemain. Ou peut-être petit à petit. Il n’en savait rien. Après tout, c’était tête la première qu’il avait plongé dans les courbes de l’amour, freinant sa chute au dernier moment. Depuis, il était resté là, incapable de toucher l’eau étincelante sous ses pieds, en lévitation. S’y résoudre serait un crime. Belle Marianne, qu’adviendra-t-il de nous si je cède à ma passion. Serais-je toujours Robin ? Ne trahirais-je pas toute une vie pour tes beaux yeux qui hantent mes rêves ? Voilà toutes les questions qu’il se posait. Alors, le cœur battant, Sean se redressa.

Il frotta la tête de Mae, avant de la contourner pour lui faire face. La froideur de l’hiver percuta son torse sans qu’il ne tressaille. Son regard était fuyant, plongé dans la neige. « Matthews qui s’excuse. J’devrais faire pareil. » Il passa sa main dans sa barbe, imitant l’indécision - car il n’hésitait pas sur ce sujet, contrairement à tout le reste. « Mais j’vais t’laisser m’prouver que j’suis l’pire et j’vais rien dire. T’es toujours la plus intelligente, j’m’incline. » Parole performative, car il s’inclina véritablement. Théâtral dans ses gestes. Il ne pouvait s’empêcher d’embêter la belle, comme pour retrouver un semblant de normalité dans leurs échanges. Son choix était fait, il ne pourrait jamais lui dire. Trop fragile et forte à la fois, il se sentait pareil à elle. Cette impression qu’un tel choix pourrait les briser, tous les deux.

Sean se releva, un grand sourire aux lèvres et la malice dans les yeux. Son expression cachait sa peine et son désarroi. Aurait il préférait la colère, encore ? Cela aurait été décidément plus simple. Cependant, une chose étrange se produisit. Il plongea ses yeux dans ceux de Mae et vit pour la première fois depuis qu’il avait brisé leur étreinte ce visage qu’il avait tourmenté. L’expression de l’homme changea du tout au tout et il devint blême, inquiet. Ce n’était pourtant pas pour elle qu’il se retrouva si contrarié. Il s’avança alors, l’obligeant à reculer et plaça sa main sur un tronc qui soutenait maintenant Mae. Il la surplombait encore, mais cette fois cela se voulait protecteur. Il avança sa main libre, afin de caresser sa joue, mais s’arrêta, jusqu’à ce que Mae accepte ce geste du regard. Sean essuya quelques larmes qui s’étaient coincées dans une mèche de cheveux. Son cœur battait à tout rompre et il eut l’impression que l’arbre n’était là que pour le soutenir. Pour ne pas tomber à ses pieds. Sean attrapa la main froide de Mae, qu’il tint doucement en la soulevant légèrement. Enhardi par ces yeux qu’il observait, il déposa un baiser sur ces doigts, avant de souffler dessus pour les réchauffer. Cela ne dura pas longtemps, car il laissa cette main, pour retrouver cette joue.

Lentement, tandis que ses jambes allaient ployer sous sa tourmente, Sean avança son visage. Hésitant, il s’arrêta pour la regarder encore, être certain de ce qu’il allait faire. Dans une inspiration douloureuse, l’aîné des O’Reilly murmura quelque chose qui vint briser le silence. « Désolé. »

Alors, incapable de lui faire plus de mal, car trop indécis, Sean, qui n’avait rêvé que de ces lèvres, glissa sur sa joue froide. Il n’osa pas l’embrasser, car il savait maintenant toute l’étendue de ses sentiments. Douloureusement, son corps se recula sans qu’il ne le souhaite. Il ne pouvait plus la regarder, alors il préféra tourner la tête en direction du camp. Un sourire timide, forcé, se dessina sur ses lèvres.
« T’as dit qu’y avait d’la viande ? J’vais pas t’embêter plus longtemps si t’as b’soin de prendre l’air. » Loin d'moi.
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Sam 20 Fév - 18:00


Long Gone
Mae Matthews feat @Sean O'Reilly

Sean reprend un jeu qui s’était arrêté à la fin de l’été. Elle croise alors les bras, forçant un sourire qu’elle n’a pas envie d’avoir, bien trop harassée par la bataille qu’elle vient de mener. Mais elle ne ferait rien pour lui montrer, voulant, elle aussi, reprendre le court d’une vie qu’elle aimait tant. « J’reconnais mes erreurs, c’est tout. » Et dieu seul sait qu’elle en a fait ces derniers temps. Elle lève les yeux au ciel lorsqu’il s’incline face à elle, flattant et moquant son intelligence.  « C’pas une nouveauté ça. », en matière d’intelligence, il est vrai qu’elle en avait fait preuve ce soir, bien plus que lui. Mais elle le reconnaît, alliée de sa fierté, Mae Matthews pousserait n’importe qui à bout, même Sean O’Reilly. Ce soir, elle se sent pourtant humiliée, poussée dans ses retranchements par un esprit obstiné. Cependant, elle ne veut pas le haïr, elle lui aurait fait la même chose. À cet instant, elle se dit qu’avec le temps, tout rentrera dans l’ordre. Elle ira simplement parler avec Kilian, lui expliquer qu’ils ont fait une erreur, qu’ils ne peuvent pas trahir le clan et que leur combat doit passer avant tout le reste. Elle ira lui dire, car c’est ce qu’ils se sont toujours dit. Et ce soir, en acceptant de s’excuser, Mae Matthews a fait passer leur combat avant tout le reste. Un poids s’échappe enfin de son ventre.

Mais le sourire qu’elle aime tant voir sur le visage de Sean s’efface alors qu’il croise son regard. Mae ne peut pas cacher son désarroi derrière un sourire à son tour, car seul le regard révèle les maux, sans faire usage des mots. Elle comprend alors que rien ne rentrera dans l’ordre quand, au lieu de partir, il l’emmène encore plus à l’écart du campement.

Alors qu’il prend sa main, la hors-la-loi reste interdite, perdue face à des gestes qu’elle ne lui connaît pas. Mae devrait lui dire de partir, de ne pas aller aussi loin, qu’ils vont trop loin. Mais elle n’y arrive pas, impuissante face à des mots qui ne veulent pas sortir. Elle ne peut que le regarder faire, laissant ses yeux se perdre dans ses actions, sachant pertinemment que le simple fait de croiser son regard la ferait courir vers des songes aussi doux qu’abrupts. Libérée, Mae Matthews place ses mains derrière son dos, contre l’écorce de l’arbre qui vient s’y enfoncer. Elle aimerait disparaître, se perdre ailleurs, fuir, toujours. A son contact, elle presse son corps contre l’arbre, cherchant par-dessus l’épaule de Sean une excuse, un compagnon passant près d’eux qui viendrait briser leur imprudence, bien qu’elle n’en ai ni l’envie, ni la volonté. Quelqu’un qui viendrait les sauver de leur bêtise. Mais il n’en est rien. Elle sait qu’elle doit s’échapper, mais elle le laisse toujours faire, laissant son cœur résonner dans tout son corps alors qu’il approche son visage du sien. Elle ne veut pas le faire souffrir, les faire souffrir, lui, son frère. Elle. Rassemblant ce qu’il lui reste de courage, elle ouvre la bouche, prête à tout lui avouer. « Sean, je … » Mais elle est coupée dans cet élan par une gorge qui se serre à nouveau, pas assez forte pour affronter une nouvelle fois le sentiment de trahison dans les yeux de l’aîné O’Reilly. Elle ne saurait même pas quoi lui dire, bien trop désorientée parmi des pensées qu’elle ne comprend pas. Il s’excuse dans un souffle, conscient de la folie de ses actes. Dans d’autres circonstances, Matthews en aurait ri, lui aurait fait remarquer que lui aussi était capable d’une telle chose. Elle lui aurait même demandé s’il n’était pas malade. Mais elle n’a pas le cœur à en rire, car elle sait très bien de quoi il s’agit. Ce ne sont pas les excuses qu’elle attendait, celles-ci sont pires que tout autre chose, car il lui donne là l’occasion de ne plus rien ignorer de ce qu’il ressent. Mais alors que leurs visages n’ont jamais été aussi proches, il s’évanouit sur sa joue. Matthews éteint sa respiration dans la nuit froide, entre soulagement et consternation.

Elle regarde dans la même direction que lui, fixant au loin le feu de camp entouré de toutes les âmes qui ne se doutent pas du tournant que vient de prendre cette soirée sur leurs vies. Elle ne sait pas quoi lui répondre. Elle devrait aller prendre l’air oui, effacer toute cette discussion de sa mémoire et se laisser du temps. Du temps pour apaiser son indécision et ses tourments. Il doit partir, mais elle ne le veut pas. Certainement, pour la première fois de sa vie, Mae craint la solitude.

Sentant les larmes monter à nouveau, elle ferme les yeux, lèvres serrées. Sa tête vient heurter plusieurs fois l’arbre, cherchant à chasser tout un tas de pensées contradictoires. Mais son cœur bat trop fort pour qu’elle y parvienne. Mae prend alors une inspiration avant d’ouvrir les yeux et de murmurer dans un souffle, « C’est c’que tu veux ? »
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Lun 22 Fév - 19:41


Le destin peut s’avérer trompeur. Sean, qui pensait avoir libéré la jeune femme de cette tempête faisant rage dans son esprit, fut surpris de constater qu’elle n’avait rien de mieux à faire que d’ajouter la foudre et les flammes à cette guerre qu’il menait face à Dieu - et son clan.
La voix de Matthews le laissa interdit. Il n’osa pas la regarder immédiatement, car il mesurait tout le poids de ses mots. Si on lui avait dit qu’en une seule soirée de retrouvailles ils se seraient disputés, réconciliés, excusés, pour finir par un dénouement tout aussi inattendu, Sean aurait ri à s’en briser la voix. Il s’imaginait peut-être trop de choses, mais son cœur trouvait cette phrase bien trop belle pour être anodine.

Il se décida enfin à regarder la belle, les sourcils froncés. Mae cherchait-elle à reprendre un jeu qu’ils avaient délaissé ? Voulait-elle dire autre chose que ce que son cœur pouvait espérait ? Sean comprit qu’il risquait gros à se laisser tenter et envisagea un instant de lui dire un simple « oui », partant pour un monde meilleur, plutôt qu’un moment d’amour. Son égo était fragile, lui aussi et s’il s’aventurait dans des terres inconnues sans y être autorisé, le refus serait une honte qu’il ne pourrait tolérer. La belle aurait pu lui tendre un piège. Mais pourquoi ? Cruelle brune aux yeux qui auraient fait rougir Amour. Quelques mots et Sean ne savait plus quoi penser ou ressentir.

« Moi, c’que j’veux… On s’en fout non ? C’est plutôt toi… » Il enfourna ses mains dans ses poches, le visage interdit. Conscient que son malaise devait être palpable, Sean se mit à sourire à Mae. Il valait mieux tenter de jouer, plutôt que de se prendre un mur.
Tournant sur lui-même, il finit par écarter les bras, un sourire en coin. « T’as envie d’faire quoi ? Maintenant qu’on arrête de s’faire la gueule. » Sean s’avança vers Matthews et vint caresser une mèche de cheveux sur son épaule. « Si t’as pas d’idée, j’peux t’en donner. » Un doigt sur sa propre bouche, levant les yeux, l’aîné des O’Reilly s’amusait. Il avait envie de la voir sourire. À défaut qu'elle l'aime, il voulait qu'elle ne pleure plus. Plus jamais. Cette vision lui était trop douloureuse. « Botter l’cul de Patterson ? Piquer l'gin de Clyde ? On peut même tenter d'faire rougir Bonnie, s'tu veux. Hum. Une course p’t’être ? » Elle avait des yeux à se damner. Qu’est-ce qu’elle attendait ? Que lui voulait-elle ? Cette femme était une énigme. C’était à la fois délicieux et terrifiant de la résoudre et Sean doutait de plus en plus d’y arriver un jour.  « J’peux aussi réchauffer tes mains. » À ces mots, il s’approcha un peu plus, liant la parole à l’acte. Soufflant sur ses doigts une nouvelle fois, il embrassa ses phalanges, car c’était trop difficile. Trop dur de cacher quoi que ce soit. Qu’elle lui foute une claque. Qu’elle l’engueule. Peu importe. Elle aurait dû le laisser partir.

Sean attrapa les poignets de la belle pour qu’elle s’accroche à sa nuque. Là, il fit glisser ses doigts sur ses avant-bras. Caresse interdite faite sans hésitation. Ses yeux cherchaient le regard de Mae et son sourire s’était évaporé. Il était pendu à ses lèvres. Il passa ses mains sur son cou et glissa dans sa chevelure, caressant au passage ces joues encore humides. « Dis-moi Matthews. T’as envie d’quoi. Là ? J’ferai c'qui t'plaît. » Il suffisait d’un claquement de doigts pour qu’il rapplique, mais là, tout de suite, il s’en fichait. C’était une trop belle occasion pour refuser.
Dans la nuit, les deux êtres se faisaient face. Le cœur de l’homme semblait à l’arrêt, tandis qu’il regardait celle qui hantait ses nuits depuis maintenant bien trop d’années.
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Mar 23 Fév - 22:13


Long Gone
Mae Matthews feat @Sean O'Reilly

Les mots sont lâchés, doux supplice qu’elle lui impose alors, sûre de rien. Mais elle le voit, Sean ne sait pas quoi penser lui aussi. Elle le sait, car elle connaît son visage, ses expressions, ses joies, ses doutes, parfois même ses peines ou ses tourments. Elle le sait à son expression que, lui aussi se retrouve décontenancé face à ses mots. Il aurait sûrement préféré qu’elle lui demande de partir, mais son cœur en a décidé autrement. Et ce soir, elle est fatiguée de fuir des sentiments qui viennent la consumer un peu plus chaque jour. Éteignant à petit feu sa raison d’être. Mae Matthews ne veut plus de ça. Elle se demande si lui aussi ne comprend pas ce qu’il se passe. Si lui aussi doute autant qu’elle.

Collée contre son arbre, elle le regarde tourner sur lui-même, volonté de jouer à nouveau. Mais non, on ne s’en fout pas de ce qu’il veut, c’est important à ses yeux. Parce que ce qu’il veut, elle le veut, dépendante bien malgré elle de ses désirs. Il lui arrache pourtant un rire à l’évocation de leurs compagnons. Il est évident que botter le cul de Patterson l’emporterait sur tout le reste si elle avait le cœur à le faire. Il n’y a rien de plus amusant que de faire chier cet idiot. Elle secoue la tête dans un sourire lorsqu’il lui prend à nouveau la main pour réchauffer ses doigts rougis par le froid. Elle est bien loin sa colère du début de soirée. Elle qui s’était juré de lui faire mordre la poussière pour ce qu’il avait osé lui dire, la voilà de nouveau à rire à ses idioties, comme si leur brouille appartenait déjà à un autre temps. Elle a envie d’y croire, même si elle le sait, il lui faudra du temps. Mais elle n’y peut rien, quand elle est ainsi, elle sent le sang de la colère déferler dans ses veines et chanter à ses oreilles une rage infernale qu’elle n’arrive pas à éteindre. Ce même chant qui la révolte à chaque heure du jour et de la nuit.

Mae marque un temps, pour le regarder, les yeux encore humides d’une détresse passée. Et alors que ses mains s’enfoncent dans ses cheveux, elle en fait de même, répondant à un sourire disparu. Elle se décide enfin à briser le silence, résignée à ne pas les faire souffrir, elle baisse les yeux, fixant une main qu’elle pose contre le cœur du chef de clan. « J’ai envie qu’on réussisse tout ce qu’on a imaginé. Qu’on leur prouve qu’on est pas que des voyous, de simples braqueurs de train. J’ai envie qu’on leur montre qui on est vraiment, parce qu’ensemble, on fera tout, j’le sais. J’ai envie que les gens se révoltent avec nous. J’ai envie qu’on fasse changer les choses, comme on l’a toujours dit. » Mae place alors une main froide sur la joue de l’aîné O’Reilly. Mais elle ne veut pas le laisser parler, pas tout de suite, alors, elle pose son index sur ses lèvres afin de continuer ces paroles qui la déchirent. « Et j’ai envie de faire tout ça avec toi, avec Kilian, et tous les autres. Et peut importe l’prix à payer, tu l’sais. Mais j’peux pas t’faire ça, Sean. J’peux pas être une faiblesse qu’ils iront toucher quand j’srai plus là. Ou quand j’srai encore là. Y’a bien trop d’risques quand on touche à quelque chose qu’on maîtrise pas.» Cette fois-ci, les yeux de Mae viennent se perdre dans ceux de Sean, prête à affronter son regard. Ce regard pour lequel elle est prête à tout, jusqu’à risquer sa vie et sacrifier bien des choses. « Tu l’as dit toi-même Sean, au moindre faux pas, c’est la colère des autres qu’on risque. Et l’jour où mon joli p’tit corps s’balancera au bout d’une corde comme tu dis, j’veux pas alourdir ta peine avec des histoires comme ça. J’sais qu’tu penses pareil. On passe notre temps à s’pousser à bout, on a été trop loin.» Son cœur se fait entendre dans tout son corps alors qu’elle tente de détacher ses mains de son visage qu’elle encadre maintenant avec une douceur jusque-là inconnue chez la jeune femme. Elle doit le laisser partir, mais elle n’y arrive pas, le rendant prisonnier sans barreaux. Dans un dernier mouvement, le visage de Mae se rapproche de celui de Sean, lui faisant sentir le souffle de ses mots* qui viennent contredire tout ce qu’elle lui a dit avant. « Mais c’que j’veux vraiment, tu l’sais. Me force pas à l’dire. » Elle ne veut plus se battre contre ses sentiments. Incapable de faire un choix entre Sean ou Kilian, elle fait celui de les aimer tous les deux. « Arrête de jouer. »


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*copyright @Clyde King toujours les bons mots <3
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Mer 24 Fév - 12:46




C’était une réponse si douce qu’elle lui avait offerte, avant de tout balayer du revers de la raison. Imitant Sean, Mae avait passé ses mains dans ses cheveux, ce qui arracha un frisson à l’homme sentant l’impact s’approcher.
Cependant, l’espoir s’effaça quand elle baissa les yeux en prenant la parole. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle parle mieux que quiconque de leur cause et de leur clan. Il eut envie de lui dire que lui aussi, il ne désirait que ça. Ces paroles étaient le reflet de son amour qui avait grandi avec le temps. Sa Marianne. Quand elle était animée de la flamme de leurs espoirs, il n’existait plus rien autour. Eux, la nuit, l’amour, c’était tout ce qui pouvait envelopper l’aîné des O’Reilly. Pourtant, elle posa un doigt sur ses lèvres et il eut envie de l’embrasser.

« J’peux pas t’faire ça Sean. » Il s’agissait des paroles les plus cruelles qu’elle aurait pu lui offrir. Il lui sembla un instant que son cœur venait de déferler dans sa poitrine pour s’écraser dans son ventre. Un néant d’amour venait de se créer en lui. Sean recula légèrement ses mains, tandis qu’elle continuait. Elle aurait pu tout lui dire, refusant peut-être la réciprocité, mais là… Elle n’aurait pas pu faire pire. C’était accablant de vérité. Elle mettait des mots sur tout ce qu’il avait pu penser et désespérer. Il avait envie de la faire taire, mais il ne pouvait pas. Son visage se crispa dans une douleur qui laissait présager une tempête. De la colère ? De la peine ? Il se détestait d’avoir un jour songé à cette femme. Son trouble ne fit que grandir quand elle enserra son visage de ses mains froides. Elle avait raison, sur tout, chaque mot le blessait et il baissa les yeux, puis les leva. Non, Sean ne pleure pas. Il est fort. Il ne peut succomber à la détresse et aux émotions de ce genre. Sean ne pleure pas. Et pourtant, ses yeux s’emplir des méandres de l’amour qu’il chercha à disperser parmi les étoiles. Une larme dégringola et il serra la mâchoire si fort qu’il en eut mal.

Encore une fois, Matthews avait prouvé qu’elle était spéciale. Il aurait pleuré de frustration et de haine, mais s’écrouler par amour, c’était une chose si rare qu’elle n’en était que plus effrayante.
Sean s’attendait à ce qu’elle le lâche, car c’était ce qu’il fallait faire à en croire ses mots. Mais il ne se passa rien, elle restait là à le regarder, ses mains l’emprisonnant d’une douceur qu’il ne connaissait pas. Ne pouvant parler ou se détacher, Sean restait là à contempler la source de ses tourments. La veille, il envisageait de la conduire vers la sortie. Demain, il ne pourrait plus jamais la laisser partir. Ce jeu avait trop duré.


Il la regardait, sans comprendre, sans savoir. Il croyait rêver. Une douche glacée avant un bain brûlant. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, comme recollé et remis en place. C’était presque douloureux. Il avait peur de laisser aller ses émotions et son désir. Peur que ça fasse encore plus mal. Il résista un instant, quand elle s’approcha. Il se décida et vint attraper ses mains qui le maintenaient encore debout. Ses doigts se refermèrent avec ses paupières et il inspira en les plaçant sur la poitrine de Matthews, comme pour les lui rendre.

Sa voix se fit peu assurée. « Tu as… Raison. » Ses yeux s’ouvrirent sur la belle. Son corps entier était parcouru d’une chaleur qui le terrifiait. Posant sa main sur le tronc derrière elle, unique maintien qu’il ne risquait pas de briser, il détailla le visage de Mae.
Sean approcha son corps de celui de la belle et remonta son menton avec douceur. Sa main passa sur sa joue, dans ses cheveux, sur son cou. Il approcha son visage et déposa un baiser sur son front, tandis qu’il avait installé ses doigts sur son épaule. Sans trop s’éloigner, il recula légèrement pour descendre et embrasser sa joue gauche. Puis, tremblant, il embrassa sa joue droite, s’approchant de la commissure de ses lèvres. Sean hésita un instant. Sa poitrine lui faisait mal. Si seulement elle n’avait pas parlé. Il l’aurait embrassé avec passion et n’aurait pas eu tant de peine et de douleur. Son corps la désirait et la rejetait de la même manière.
Combat, qu’un baiser vint abolir. Il avait déposé ses lèvres contre les siennes, dans un tremblement qui ne tarda pas à disparaître. Il inspira pour reprendre son souffle et pour sentir son odeur, profitant de cet instant comme nul autre. Sa main se crispa sur l’écorce  de l’arbre et il s’en détacha finalement. Il la laissa tomber dans l’air pour venir la poser sur la taille de la belle. Il la tira vers lui, collant son corps contre le sien. Passant ses mains dans ses cheveux, il intensifia son baiser, les yeux fermement clos.

Sean n’attendait qu’un mouvement, un signe et il laisserait totalement aller ses désirs et ses passions. Demain, il aurait tout le loisir d’être accablé de remords, tant qu’il n’ait plus à ressentir un seul regret. L’heure n’était plus à la réflexion. Cela faisait longtemps qu’il se torturait avec ses sentiments. S’il fallait que quelque chose change, ça ne serait pas en gardant ce fantasme ancré en lui, car la frustration n’a jamais rien fait oublier. Mais qui aurait voulu oublier pareil amour et telle passion ?  
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Ven 26 Fév - 12:44


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Mae Matthews feat @Sean O'Reilly

Elle redoute déjà son départ lorsque, résigné, il vient déposer ses lèvres sur son front. Consciente qu’elle l’a perdu avec des paroles contradictoires, elle s’efforce pourtant de lui sourire. Elle ne veut pas lui faire de mal et pourtant, elle l’a fait. Âme forte, elle a pourtant réussi en quelques phrases à affecté Sean et cela sans même le vouloir. Voir cette larme s’échouer sur sa joue n’a fait que la conforter dans l’idée que cet interdit qu’ils brisent aura de lourdes conséquences à l’avenir. Mais lorsqu’il colle son corps contre le sien, réveillant une passion inavouée, elle n’arrive déjà plus à se raisonner. Elle maudit la faiblesse de son esprit tout en accueillant ses caresses, témoins de son attachement. Elle devrait être prise de remords lorsqu’elle lui rend ses baisers avec la même fièvre, mais elle n’y arrive pas. Matthews a décidé d’aimer deux frères, de les aimer sans contraintes et sur le moment, elle oubli les risques qu’elle prend. Le froid extérieur ainsi que son contact la font tressaillir alors qu’elle le désir sans paroles, laissant ses gestes l’avouer pour elle. Mais alors qu’elle ouvre les yeux sur le campement, les lumières du feu viennent réveiller la peur en elle. « Attends. ». Sans violence, elle le repousse avant de s’écarter. Ne quittant pas ses yeux, elle s’enfonce alors dans les bois en reculant et lui sort en riant « Reste pas là ! ». D’un geste de la main, elle l’invite à le suivre, une destination déjà en tête. « J’voudrais pas être obligée d’tuer Patterson, il finirait par m’manquer. »  

Un bon quart d’heure de marche dans la Pinède sous la lumière bienveillante de la lune suffisent pour arriver à la destination jusque-là gardée secrète par la jeune femme. « Bienvenue dans mon humble demeure !» Elle sourit tout en ouvrant une porte de bois donnant sur une vieille cabane de trappeur qui n’en avait plus que le nom car certainement abandonnée par son propriétaire depuis un temps. « C’est là qu’j’viens quand vous m’faîtes chier. » Elle sourit en coin en le regardant, provocation permanente qui ne la quitte pas. « Et j’ai bien eu l’temps d’l’aménager c’mois-ci. » Finalement, elle n’allait jamais bien loin, de peur qu’il puisse arriver quelque chose en son absence. Mae se déplace alors dans l’unique pièce, allumant quelques bougies déjà bien entamées puis, à l’aide de la dernière, fait rougir une cigarette. Dans un souffle, elle lui sourit. « Tu vois, j’suis jamais bien loin, même quand j’veux pas t’voir. » En l’emmenant ici, elle lui livre ses secrets. Cachant sa confusion derrière l’humour, elle continue, l’attirant pourtant doucement à elle en tirant sur un pan du manteau du hors-la -loi. Appuyée contre la table usée par le temps, elle le regarde, espiègle et pleine de défi. « Mais j’veux bien partager avec toi. » Mais tout ceci n’est qu’un masque, servant à cacher le peu d’assurance qu’elle a en se retrouvant seule face à lui. Quelques heures plus tôt, elle le défiait en lui imposant de lui ôter la vie, et la voilà maintenant à se faire une montagne d’une chose pourtant si simple pour d’autres. Mais Mae Matthews n’est pas comme les autres. Elle n’en mène pas large lorsqu’elle croise son regard, prise d’un mélange d’appréhension et de désir retenu depuis longtemps envers celui qui lui fait face. Passant sa main libre dans les cheveux de l’Irlandais, tendresse nouvelle qu’elle se découvre à son égard, elle prend le temps de détailler son visage, un léger sourire sur le bout des lèvres. « C’était plus facile de s’faire la gueule hein ? » Mais son cœur bat bien trop fort contre sa poitrine pour qu’elle lui cache la couleur de ses joues. Elle laisse échapper un rire nerveux, dissimulant son visage contre son cœur. « Pardon ! J’parle trop. » Parler de ses sentiments s’avère bien plus compliqué que de réclamer l’égalité de tous. Elle reste ainsi un moment contre lui, fermant les yeux, l’enserrant de ses bras avant de finalement éteindre sa cigarette qui ne servait qu’à lui donner de la contenance. Mae relève la tête et place celle de Sean entre ses mains, laissant ses yeux errer sur ce visage qu’elle connaît pourtant par cœur. Elle frémit, sachant qu’elle ne devrait pas faire tout cela. Mais il est déjà trop tard pour les regrets quand elle approche ses lèvres des siennes, laissant une douce effervescence l'envahir. « Embrasse-moi encore. »
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Mar 2 Mar - 20:00


Quand Sean comprit que ce baiser était tout autant désiré par Mae que par lui, il intensifia son étreinte. Ses mains dansèrent sur ce corps qui lui avait faire perdre ses moyens et qui ne cesserait peut être jamais de le faire. Cela faisait si longtemps qu’il imaginait cet instant. Dévalant son cou de baisers brûlants, il descendit jusqu’à sa clavicule, cherchant des lèvres le creux de sa poitrine. Le feu de camp, les doutes, leurs compagnons, la peur, la peine, l’angoisse, la colère, tout était parti. Il n’y avait plus qu’eux et le désir qui consumait Sean sans retenue. Sa peau se faisait ardente, alors que le froid tentait de l’apaiser, mais rien n’y arriverait. Il ne pourrait plus s’arrêter. Rien ne pourrait l’y obliger. Sauf Mae et sa voix qui vint surplomber les respirations haletantes et le frottement des tissus qu’il comptait déchirer. Il s’écarta, un peu hébété. Quand Sean vit Matthews partir, il crut que c’était une mauvaise blague. Un cauchemar qui ne se terminerait jamais. C’est ça, il se trouvait en enfer. La bouche entrouverte et les bras légèrement écartés, il la regardait partir, jusqu’à ce qu’elle se retourne en riant. Mais ?! Au diable Patterson ! Peu importe l’endroit, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Le cerveau embrumé, il ne comprenait pas ce qu’elle reprochait à cet arbre. Au pire, il y avait sa tente non loin. Si Kilian les entendait… C’était le cadet de ses soucis. Là, il s’agissait de marcher correctement dans la neige, son égo à l’étroit et sa frustration à son apogée. Sean était tiraillé entre la faim et le désir. L’un effaçait l’autre, mais plus la marche l’éloignait de son but, plus il regrettait la viande du souper.

J’peux pas croire qu’elle ait arrêté. Mais j’y étais presque. C’est pas possible, elle m’amène où ? En cinq ans, j’tombe deux fois sur des nanas qu’j’aime bien et qui m’laissent sur ma faim. Elles vont m’rendre fou. Et merde ! J’vais tomber tellement j’marche pas droit. En plus, j’ai faim. Mais… Oh c’est encore loin ? J’vais arriver là-bas j’aurais juste envie d’dormir, c’est pas possible. Non, mais Sean, t’as attendu ça d’puis des années, te pose pas d’questions, tu risques d’le regretter. Ah ! Mais j’vais définitivement me mettre aux hommes, ça s’pose moins de questions. Et ça a pas d’corset à délacer. Mais p’tin les femmes… Le Golden, voilà la vraie solution. J’vais arrêter d’baiser sans payer. Ça amène moins d’problèmes. Ah, mais même de dos elle est… Fait chier…

Sur ces belles pensées, Sean se trouva soulagé de voir une cabane miteuse se présenter à lui. Mae était étrangement joyeuse et l’aîné des O’Reilly observa l’endroit intrigué. « Moi qui pensais qu’j’avais trouvé toutes tes cachettes… » Au fond, il était presque vexé de ne pas avoir réussi à découvrir son ultime cachette. Venir la déranger lors de ses sorties solitaires était une de ces choses dont il ne se lasserait jamais.
En voyant l’intérieur, il ne put s’empêcher de sourire. « Si j’devais m’faire un endroit comme ça pour les fois où vous m’faites chier, ça d’viendrait la maison des Rosenbach. » Il lui retournait sa provocation du revers de la main, caressant du bout des doigts une petite table en bois branlante. Il s’agissait d’un endroit bien plus confortable que leurs tentes. Cela ne valait pourtant pas le coup de marcher autant. La lumière de la cabane en bois devint rougeoyante et vacillante. Elle dansait sur le visage de la belle, ce qui adoucit quelque peu Sean. Ce dernier lui souriait tandis qu’elle l’attirait vers elle. « C’est con. T’auras nulle part où t’cacher quand j’t’aurai emmerdé. Dans… Deux jours ? »

Il ferma les yeux quand elle passa sa main dans ses cheveux. Ce geste suffit à l’animer d’un frisson qui réveilla bien des choses en lui. Quand il ouvrit de nouveau les yeux, il aperçut les joues de Mae. Tout cela était si étrange et il l’observait avec tendresse. Marianne avait-elle donc un cœur ? Une sensibilité ? De la douceur ? Il n’avait jamais pu se permettre de l’imaginer ainsi. Il comprit rapidement qu’elle ne devait pas avoir eu beaucoup d’hommes dans sa vie. La voir rire, s’excuser, toutes ces choses réchauffaient son cœur d’une chaleur nouvelle. La prenant dans ses bras, il souriait bêtement, content. Sean ne se posa plus aucune question. Il avait déposé ses angoisses et ses doutes au pas de cette porte. Il en ferait son temple. L’antre de ses désirs inavouables et de ses passions interdites. Il y déposerait son amour et son cœur, bien trop lourds à porter pour un seul homme. Alors, quand elle lui demanda de l’embrasser, il n’hésita pas une seule seconde.

Il pressa ses lèvres contre les siennes et inspira de nouveau le parfum de sa peau. Plus de larmes cette fois. Rapidement, il enleva le manteau de la belle et fit de même avec le sien. Peu importe la suite, il ne supporterait pas d’avoir ces frusques entre elle et lui. Il décolla légèrement sa bouche, souriant. « J’préfère faire ça qu’de m’disputer avec toi. » À ces mots, Sean dévala le corps de Matthews de caresses enivrées, de son cou jusqu’à ses hanches. Il la porta pour qu’elle s’installe sur cette table qu’ils allaient sûrement briser. Peu importe, pour ce qu’il avait à faire, il n’en aurait besoin que d’un temps. Il monta ses jupons au-dessus des genoux et passa ses mains en dessous. Remontant lentement ses cuisses, caressant ses flancs, il détacha sa bouche, la tenant pourtant par les hanches. S’avançant un peu plus, Sean plongea ses yeux dans les siens et la malice vint caresser son visage. « Tu disais ? Sur notre but… » Il savait que c’était un jeu dangereux, mais il prenait le risque, voyant bien qu’elle ne pourrait plus se rétracter tant la passion les déchirait l’un comme l’autre. Il embrassa sa poitrine, son ventre et se mit à genoux devant elle, la regardant avec désir et fougue.

Embrassant ses genoux, puis l’intérieur de ses cuisses, il ponctua ses baisers de phrases qu’il savait troublantes. « Me faire de la peine ? » « Qu’on montre qui… On est… Vraiment ? » « Qu’on fasse changer quoi ? » Il souriait, sorte de vengeance à cette marche forcée, tout en baissant ces bas, caressant sa peau du bout des lèvres. Sa voix était à la fois vibrante et malicieuse. Puis il s’arrêta, la questionnant du regard. Elle était belle. Incroyablement belle et il ne put plus se cacher derrière un masque d’espièglerie : « Tu es incroyable Mae… P’tin qu’t’es belle. » Et il s’abandonna dans ses désirs. Chaque geste, chaque baiser étaient pour elle. Lui qui était facilement satisfait, il voulait lui monter l’étendue de son amour. Lui communiquer ce qu’elle représentait pour lui. Si cela devait rester ici, il sentait qu’il pouvait être lui et ne rien cacher.

Les mains agrippant toujours les hanches de Mae, Sean plongea dans ses jupons. Il ne faisait pas ça à toutes les femmes avec qui il couchait, mais plus jeune, des prostituées lui avaient indiqué comment agir avec celles qu’il aimait. Depuis, il s’adonnait à l’exploration des plaisirs féminins sans modération, toujours satisfait de les voir mourir à petit feu dans un plaisir qu’il ne pouvait qu’imaginer. De plus, il avait eu une blonde qui ne lui avait pas donné plus de possibilités, à l’époque.
Pourtant, fou de désir, il fut incapable d’attendre plus longtemps et après quelques minutes il se leva pour la porter et l’installer sur le lit en bois qui ne demandait qu’à s’écrouler. Le grincement fit grimacer Sean « Je sens… Qu’on va finir par terre. » Il lui sourit, avant de l’embrasser, s’adonnant à des caresses et des baisers qu’il ne pouvait plus retenir. Leurs vêtements n’eurent plus aucune utilité et sans les déchirer, ils s’en débarrassèrent. Ce n’était tout à coup plus un rêve, tandis qu’il se lovait contre elle.
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Jeu 4 Mar - 11:44


Long Gone
Mae Matthews feat @Sean O'Reilly

Ces derniers temps, Matthews remettait tout en question sur ce qu’elle pensait déjà savoir d’elle-même, sur sa façon d’appréhender sa vie et surtout leur cause. Convaincue, elle se voilait la face sur des désirs qu’elle refusait d’admettre. À nouveau, elle se retrouve forcée d’admettre que la passion est ce qui aide encore le mieux à vivre. Son regard posé sur elle, son sourire, ses baisers, ses caresses lui font oublier tout le reste. Elle lâche prise, laissant la chaleur de son amour pour elle envahir son corps alors qu’il la dépose sur cette table fragile. Elle ne laisse pas le temps à leur souffle de se reprendre, laissant peu d’occasions à leurs lèvres de se séparer, parcourant son corps à la moindre occasion. Elle aura tout le loisir de penser à Kilian par la suite et de s’en vouloir, mais sur l’instant, elle ne peut pas, elle laisse son ardeur guider ses gestes. Elle laisse la passion les mener jusqu’à la folie d’un instant hors du temps et de leur vie parfois si compliquée.

La jeune femme tente de répondre à ses questions, le feu aux joues et la respiration entre deux battements de cœur. Jamais l’on n’avait joué avec elle ainsi et chaque tentative de réponse s’échouait sur le bout de ses lèvres. « Toi aussi tu parles trop. » Finit-elle par lui lancer le souffle court et le regard rieur. Elle pose ses yeux sur lui, folle de désir, folle de lui. La peur qui s’était installée bien trop de fois en son for intérieur ces derniers temps laisse place à une douce euphorie lorsqu’il ne fait qu’un avec ses jupons. Troublée, elle découvre un homme qu’elle pensait pourtant connaître. Mae s’était toujours refusée à le voir ainsi, amant passionné, comme dans tout ce qu’il entreprend. Et c’est pour cela qu’elle l’aime. Sean est un homme entier, capable de haïr, mais aussi d’aimer de la plus belle des façons. Et il n’y a certainement pas plus belle manière d’être aimée pour une hors-la-loi au cœur bien trop endurci par la vie. Mae passe son temps à le défier, dans tout ce qu’elle fait, et ce soir elle se rend compte qu’il a toujours voulu d’elle, même quand elle est allée trop loin. Alors, elle ferme les yeux, le laissant envahir ses sens, une main sur la sienne, l’autre se refermant sur le rebord de la table. Le corps de la jeune femme se soulève au rythme de sa respiration. Sentant son cœur prêt à déborder, elle s’abandonne alors à la merci de ses émotions dans l’évanouissement de son souffle.

Elle l’accueil entre ses bras, laissant le feu du plus doux des enfers les embraser, dans le silence d’une nuit trop calme. Elle lui sourit se fichant bien que le lit cède sous leur poids. « On s’en fout ! ». À nouveau elle l’embrasse, refusant de séparer leurs corps impatients de faire brûler la nuit jusqu’au jour. Ces corps qui se meurent à mesure que leur désir se consume à la lueur des bougies. Dans une étreinte, elle se place au-dessus de lui afin de le regarder, allumant le désir sur ces yeux dans lesquels elle ne se lassera jamais de se noyer. Elle ne se pose plus de questions, écoutant chaque mot, chaque soupir, désireuse de l’aimer comme il le fait, frissonnant au contact de leurs peaux brûlantes. Il n’y a pas plus douce ivresse que celle de deux êtres qui s’aiment pour la première fois.

⁑⁑

Allongée à ses côtés, cherchant à apaiser sa respiration, réalisant peu à peu que son imagination ne lui avait pas joué des tours, Mae le regarde en souriant, mordant sa lèvre inférieure un court instant. Tout était vrai.  

Jamais elle n’aurait imaginé finir ici à l’issue de cette soirée. Tout avait si mal commencé. Elle rit légèrement à cette pensée, suivant les traits du corps de l’Irlandais du bout des doigts. En l’emmenant ici, elle lui avait offert ses derniers moments de solitude. « J’sais qu’tu l’diras jamais, mais … » elle s’approche alors de ses lèvres pour y déposer un baiser. « J’accepte tes excuses Sean. » Mae attrape alors son manteau laissé à même le sol par l’impatience pour y prendre son étui à cigarettes. Elle allume cette dernière, le sourire au coin des lèvres, la provocation dans les yeux, reprenant le cours des choses entre eux. Avec quelque chose en plus. Elle se redresse alors sur ses coudes pour le dévisager, laissant quelques volutes de fumée les envelopper. Redevenant plus sérieuse, elle passe sa main sur sa joue avant de porter sa cigarette à ses lèvres. « On va arrêter de s’faire du mal. D’accord ? ». Elle lui dit cela parce qu’elle le pense. Mais, au fond d’elle, elle sait qu’elle est déjà en train de lui en faire. « Et j’veux plus qu’tu penses que j’peux vous trahir. » Elle refuse pourtant de voir les choses comme ça. « J’ai aucune raison d’le faire. ». Mae ne peut plus reculer, il est trop tard pour avouer le chaos de ses sentiments. Et après cette soirée, elle n’en est plus capable, trop éprise des deux. Elle a toujours su qu’elle ne devait pas céder, que cela n’apporterait rien d’autre que des problèmes. Elle vient de sceller un destin, mettant en péril une cause qu’elle sait importante. Elle aurait dû se contenter de ça, continuer à se nourrir de leurs idéaux et abandonner l’idée dans un coin de sa tête. Mais elle n’a pas su lutter, se rendant à l’évidence. Elle n’a pas été assez forte. Alors, elle termine sa cigarette et la laisse tomber au sol avant de l’enlacer, plaçant sa tête au creux de son cou.

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Jeu 18 Mar - 16:42


Le cœur battant et la respiration saccadée, Sean était retombé sur le dos, faisant un peu plus craquer le lit qui, contre toute attente, avait tenu le coup. Il regardait le plafond, la bouche entrouverte. Son regard fut attiré par le rire de Mae. Ce son lui était si doux. Il jeta un œil dans sa direction, mais ne bougea pas, appréciant les caresses qu’elle lui offrait maintenant. Il rendit son baiser à la belle, encore incrédule face à ce qu’ils venaient de vivre. Ses lèvres s’étirèrent et il passa sa main dans les cheveux de Matthews, pressant ses lèvres plus fort encore. Sean laissa un rire s’échapper aux paroles de sa Marianne qui se détachait de lui pour récupérer son manteau. « Si ça peut t’faire plaisir. » Lança-t-il en attrapant des mains de Mae l’étui où il vola une cigarette. L’allumant, le hors-la-loi ne pouvait s’empêcher de s’étonner. Chaque caresse semblait irréelle. Comment pouvait-il s’habituer à pareille intimité. La voir tactile et douce n’avait rien d’anodin. C’était une part de sa personne qu’il ne connaissait pas et qu’il n’avait jamais imaginée auparavant. Sean était peut-être un amant attentionné, mais il était habitué à moins de complicité une fois la passion évacuée.

Plongeant ses yeux dans les siens, il se mit de côté pour mieux l’observer. Sa main vint caresser sa joue et son épaule. Il en avait le droit et c’était incroyable. Il attira la belle contre lui et emmêla leurs jambes, pour ne pas laisser trop d’espace entre eux. Tout ce qu’il y avait eu avant semblait s’être envolé et Sean ne put lui en vouloir. Il l’accueillit contre lui, l’imitant en jetant sa cigarette à peine consumée pour pouvoir mieux l’enlacer. Il n’avait pas envie de parler. C’était un moment hors du temps qu’il ne pouvait pas gâcher avec de vaines paroles, qui seraient certainement trop douloureuses. Alors, pour toute réponse, l’aîné des O’Reilly fit pivoter la belle, afin qu’elle se retrouve sur le dos et se redressa pour laisser les actes parler plus que les mots.


⁑⁑


Sean se réveilla le visage plongé dans le cou de Mae, son bras l’enlaçant comme si son inconscient ne souhaitait pas qu’elle parte sans lui. Il s’assit en s’étirant sur le lit qui s'était écroulé au milieu de la nuit. Le jour s’insinuait entre les planches de la vieille cabane abandonnée. Un rayon l’éblouit soudain et le hors-la-loi se frotta les yeux, avant d’enfiler ses vêtements. Il était en train de mourir de froid. Frissonnant, Sean se frotta les bras pour se réchauffer, avant de prendre le manteau de Matthews et de lui mettre dessus. Elle était belle et il ne pourrait jamais oublier la vision ce visage apaisé. Elle lui arracha un sourire et il replaça une mèche qui striait sa joue. Cette expression fut de courte durée, car le jour amenait son lot de réflexion et il se détourna pour placer son visage dans ses mains. Cela allait être dur. Quand il sentit la main de la belle se poser sur lui, il tressaillit. En réalité, il avait mal. Mais il avait fait tant de sacrifices pour son clan, sa famille et pour elle. Il s’était montré courageux et n’avait jamais hésité à se mettre en danger pour eux. Depuis toujours, les autres passaient avant lui. Une crise de Kilian : Sean mettait de côté ses sentiments pour l’aider et le soutenir, pour ne pas tout faire exploser. Le mauvais caractère d’Irina ? Tant qu’il n’était pas dangereux, tout était acceptable. Il avait donné son corps, son âme et son esprit pour sa famille. La veille n’avait été que la conséquence de plusieurs semaines d’inquiétude, amplifiée par une peur paralysante de ne plus jamais retrouver Matthews. Alors peu importe l’amour qu’il commençait à comprendre, elle avait eu les mots justes.

Attrapant sa main, il la plaça entre ses paumes pour venir embrasser ses phalanges de tendres baisers. « Tu as bien dormi ? » Son cœur commençait à lui faire mal. « Avant qu’tu parles… » Il fit glisser la main de Mae sur ses yeux, la tenant fermement. Sa peau contre la sienne lui faisait un bien fou. Ô comme il aurait aimé ne pas avoir cette conversation. Lui dire qu’il l’aimait, sans crainte ou contrainte. Pardon ma belle. Pardon pour tout ce que je vais te dire. Pardon, car j’suis fou de toi Mae… Il en aurait chialé. Aucun regret n’était à déplorer, car il aurait pu se damner rien que pour une nuit passée à ses côtés. « J’ai envie qu’on réussisse tout ce qu’on a imaginé. Qu’on leur prouve qu’on est pas que des voyous, de simples braqueurs de train. J’ai envie qu’on leur montre qui on est vraiment, parce qu’ensemble, on fera tout, j’le sais. J’ai envie que les gens se révoltent avec nous. J’ai envie qu’on fasse changer les choses, comme on l’a toujours dit. Et j’ai envie de faire tout ça avec toi, avec Kilian, et tous les autres. Et peu importe l’prix à payer, tu l’sais. Mais j’peux pas t’faire ça, Mae. J’peux pas être une faiblesse qu’ils iront toucher quand j’s’rai plus là. Ou quand j’s’rai encore là. Y’a bien trop d’risques quand on touche à quelque chose qu’on maîtrise pas. À quelque chose qu’on aime. J’l’ai dit moi-même Mae, au moindre faux pas, c’est la colère des autres qu’on risque. On passe notre temps à s’pousser à bout, on a été trop loin. » Sa gorge lui faisait mal et sa voix n’était pas assurée. Il avait dit presque mot pour mot ce que sa belle lui avait dit la veille. À la virgule près. Il s’en souviendrait pendant des années, de ces paroles et de ce qu’elles avaient engendré. Il ne reprenait pas cette tirade pour la blesser, mais pour qu’elle comprenne. La main de Matthews glissa hors de son emprise, laissant un sillon brûlant sur ses paupières. Il les ferma plus fort, effrayé à l’idée d’ouvrir les yeux sur cette réalité qui n’avait aucun sens.

« J’regrette rien, Mae. » Oh non, il ne regrettait pas un seul geste. Il se tourna et lui fit face, son regard cherchant à capter chaque réaction. « J’veux juste pas qu’on entre dans quelque chose qui risque de nous faire du mal. J’pourrais jamais m’le pardonner. De t’faire du mal ou d’mettre en danger notre clan. » Il leva une main pour caresser sa joue, mais elle resta en suspend dans l’air, interdit. Un sourire amer se dessina sur sa bouche. « On garde ça pour nous ? Et… » Il inspira bruyamment. « Si tu as envie qu’ça d’vienne notre endroit… » Il regarda la pièce dans laquelle ils se trouvaient. Putain que son cœur battait fort. « J’serai là… Si t’as envie d’laisser le temps en suspend quelques heures… » Sean se pencha et attrapa son propre manteau, tirant une cigarette de son étui. Elle se consumerait vite, celle-là. T’es vraiment un gros con Sean. Voilà tout ce qu’il arrivait à se dire, tandis que sa maudite clope se consumait, n’arrivant pas plus que ça à l’apaiser.
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Dim 21 Mar - 15:50


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Mae Matthews feat @Sean O'Reilly

Mae reste les yeux fermés, bercée par le rythme de son souffle régulier contre son cou. Cette nuit, alors qu’il s’endormait, elle avait hésité à partir rejoindre sa tente, comme elle l’avait fait pour Kilian. Non pas par soucis d’équité, mais parce qu’au fond d’elle, elle savait qu’elle venait de se mettre dans la pire des situations. Mais elle en fut incapable. Et pendant qu’il dormait, elle pensait à la façon dont elle avait traité son frère, dont il l’avait traité lui aussi et à tout ce qu’elle avait fait par la suite. Perdue dans des pensées toujours aussi contradictoires, elle avait fini par laisser le sommeil gagner du terrain et l’emmener vers d’autres songes, plus doux et moins douloureux.

Le soleil est beau, tout frais, il se lève, s’invitant entre les planches de la vieille cabane. Il se pose sur les deux amants endormis, comme une explosion venant lancer son bonjour. Sean vient alors poser le manteau de Mae sur son corps nu refroidi par la nuit. Ne pouvant plus faire semblant, elle ouvre ses yeux noirs qu’elle pose sur lui. Elle l’observe sans rien dire, souvenirs d’une nuit qu’elle a encore du mal à réaliser, et à accepter aussi peut-être. Mae n’a pas le temps de répondre à sa question qu’il s’empare de sa main afin de cacher la vérité qui se trouve dans ses yeux. La jeune femme fronce les sourcils tout en l’écoutant. Rapidement, elle reconnaît ses mots derrière cette voix mal assurée.  Ces mots qu’elle a eus pour tenter de le convaincre, mais aussi de se convaincre elle-même qu’ils ne pouvaient pas faire le choix de s’aimer. Elle a pourtant cru hier soir qu’il s’agissait de cela. Entendre ses propres phrases dans la bouche de Sean lui vrille le ventre d’une douleur lancinante qu’elle aurait aimé ne pas connaître. Mae le regarde, interdite, ne comprenant pas vraiment ce qu’il est en train de faire. Quand il lui rend sa main, elle enfile son manteau, cachant ce corps qu’il a pourtant pu explorer. Sur le lit qui a cédé, elle s’assoit, s’adossant contre le mur de planches. Les bras croisés, refermant son manteau, elle continue de l’écouter, silencieuse, et ses yeux noirs, promesses des ténèbres rivés sur lui cherchent à comprendre. Perdue, elle ne sait pas quoi penser de tout ce qu’il lui dit par la suite. Elle n’arrive plus à réfléchir, partagée entre l’idée que tout ce qu’il a fait n’était que manipulation pour se venger et celle qui, tout comme elle, fait qu’il ne sait pas quoi penser de tout cela. Elle veut pourtant lui accorder le bénéfice du doute, elle veut croire qu’il n’est pas capable de lui faire ça. Mais cela semble être une habitude bien ancrée chez les O’Reilly de jouer avec ses sentiments. Et surtout, ces années hors du monde ont façonné le caractère de la hors-le-loi, lui interdisant de croire des apparences parfois trompeuses.

Mae laisse le silence s’installer quelques minutes qui semblent pourtant interminables avant de se lever. Elle lui tourne le dos afin de se rhabiller, terminant par ses bas qu’elle enfile en s’appuyant sur la table qui bouge à nouveau sous la pression de son poids. Elle a envie de lui crier dessus alors qu’elle termine de boutonner sa chemise. Mais lorsqu’elle croise son regard, elle ne peut plus. La provocation s’empare alors de son visage quand elle se décide à briser le silence. « Moi au moins quand j’te l’ai dit, j’te faisais face. » Elle pose ses mains sur ses hanches et reste debout à le regarder fumer sa cigarette sur le bord de ce lit. « C’est tout ? Tu m’dis tout ça pour ça ? » Elle préfère décidément quand il se tait. « Evidemment qu’j’vais garder ça pour moi. Tu crois quand même pas qu’j’vais aller leur donner une autre raison d’m’emmerder et d’me remettre en cause ? » Elle souffle alors en levant les yeux au ciel, prenant sur elle pour ne pas crier. « C’que j’veux dire c’est que … » Touchée bien plus qu’elle ne veut l’admettre, Mae finie par s’avancer pour s’accroupir face à lui, joignant ses mains sous son menton. « T’avais pas b’soin d’me dire tout ça. On laissera juste tout ça ici, et c’est mieux comme ça.» Comme il l’a fait la veille, elle lui prend son étui des mains pour attraper une cigarette qu’elle fait rougir à l’aide de la sienne. « Ça r’garde personne. » Elle laisse alors ses yeux s’accrocher à ceux du bandit en recrachant sa fumée, lui rendant son étui. Mae pose alors sa main libre sur celle du hors-la-loi. « Mais Sean, j’te jure qu’si tu fais tout ça pour t’venger du bal … Si … Si c’est une façon d’me montrer qu’tu fais c’que tu veux d’moi …» Ne terminant pas sa phrase, elle lève sa main en l’air, lui intimant de ne pas parler tout de suite. « J’veux juste te rapp’ler qu’pendant qu’toi et ton frère vous étiez deux dans l’pays. J’étais seule. Et j’m’en suis toujours sortie. » Elle lui sourit tout de même, dernier espoir sur ce qu'elle ne veut pas croire. « Et moi non plus j’regrette rien. »

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Jeu 8 Avr - 12:28


Le silence qui régnait autour des amants faisait monter une tension qui n’avait rien à voir avec le désir ou la passion. Sean sentait les minutes s’écouler avec pour seul témoin de ce temps qui passe une cigarette laissant pleuvoir sur son pantalon des morceaux de cendre. Mais la belle refusa de parler, préférant se rhabiller là où tout avait commencé. Sean ne pouvait pas s’empêcher de la regarder, d’apprécier chaque mouvement, car il pensait qu’il ne la reverrait jamais ainsi. Après tout, il l’avait bien cherché.

Comme pour confirmer cette pensée, Mae ouvrit la bouche, déversant sa colère - ou sa tristesse - dans des paroles qui avaient toutes un fond de vérité. Sean baissa le regard et épousseta son pantalon, la clope entre les dents. Qu’allait-il pouvoir répondre à ça ? Une tempête s’annonçait et les mots déferlèrent sur lui, enserrant son cœur de regrets et de tristesse. Il ressemblait à un enfant qui avait fait une bêtise, la tête penchée, le regard parcourant le sol et détaillant chaque grain de poussière. Il n’avait pas envie de la regarder, car le ton de sa voix lui suffisait. Ce ne fut que quand sa belle s’accroupit face à lui qu’il put lever la tête, obligé de plonger ses yeux dans les siens. Cela n’aurait pas été possible autrement. Ne pas la regarder. Quand elle était là, aussi proche, c’était tout ce qu’il souhaitait. Même quand elle n’était pas là, en réalité.

« … On laissera juste tout ça ici, c’est mieux comme ça. » Que voulait-elle dire par là ? Il ne pourrait pas laisser tout ça derrière lui en faisant mine qu’il ne s’était rien passé. Face aux autres, oui, mais au fond, il garderait ce souvenir comme un secret aussi inavouable qu’incroyable. À chacun des gestes de Matthews, il verrait son corps jouer avec la lumière vacillante des bougies maintenant éteintes. Chacune de ses paroles se ferait l’écho d’un gémissement de plaisir. Chacun de ses regards cacherait un sourire offert sans contrôle ni colère. Juste un joli sourire posé sur ce joli visage dont il aimait chaque détail. Alors, laisser tout ça ici, il ne le pourrait jamais. Tout le ramènerait là, et c’était bien ça le problème.

L’étui à cigarettes glissa de ses mains et il en profita pour écraser la sienne sur le sol, passif face à ce qui se passait, trop inquiet de devoir bouger. Un frisson remonta de ses doigts jusqu’à son cou quand elle déposa sa main sur la sienne. Cela ressemblait à des adieux.
Puis tout s’écroula. Il déposa sur elle un regard affecté. Il allait pour parler, mais elle le lui refusa. N’avait-il pas le droit de protester ? De répudier ce qu’elle était en train de lui chanter d’une bien mauvaise manière ? Et la tristesse, l’affliction et l’étonnement laissèrent place à la colère. Ce n’était pas des adieux, mais bien une menace. Celle de partir. Sean eut un mouvement de recul et il enleva sa main, ne supportant plus ce contact qu’il avait pourtant tant aimé et désiré. Mae pouvait être dure et capricieuse, mais cela avait ses limites, surtout dans des moments pareils. Elle n’avait pas le droit. Pas avec cette douceur qu’elle lui offrait, accompagnée de paroles sans aucun sens. Elle eut beau lui répéter ce qu’il avait déjà formulé, cela ne l’apaisa pas. Pour qui le prenait-elle ?

Le visage froid, Sean se ralluma une cigarette. Sa mâchoire était serrée et il déglutissait en cherchant ses mots. Par où commencer ? Fallait-il vraiment répondre à ça ?
« Mae. » Sa voix grave se répercuta sur les murs de la cabane qui lui semblait maintenant bien petite. Presque étouffante. « Pour qui tu m’prends ? » À ces mots, il la regarda de nouveau, tirant rageusement sur sa cigarette. Comme elle, il lui fit signe de se taire. Les deux amants aimaient plus que quiconque la réciprocité quant aux supplices qu’ils s’infligeaient. « J’ai d’jà baiser un membre du clan pour me venger ? Qui fait ça ? J’mettrais tout en péril pour quoi ? Te prouver qu’j’ai l’ascendant sur toi ? Mais Matthews… Tu m’connais bien mal si tu penses ça. T’es pas une pute. Même les putes j’les traite mieux. » C’était dit avec franchise, crument et froidement, mais sincèrement. Sean déposa soudain sa cigarette sur le sol et se pencha pour attraper dans ses bras Mae. Ce geste, c'était le barrage à une nouvelle vague de dispute et de colère. Un besoin de contact. De paix.
La serrant contre lui, la tirant pour qu’elle puisse se lover dans ses bras ou qu’il puisse pleinement l’avoir pour lui, juste là, le hors-la-loi enfouit son visage dans les cheveux de la belle. « J’ai fait ça pour un tas d’raison… » Par amour. « Mais jamais pour te nuire. J’tiens trop à toi. À nous. Mais me menace plus. J’ai failli d’venir fou la première fois, alors me chante plus c’genre de connerie Matthews. » Il la repoussa en attrapant ses épaules, la tenant pour mieux l’observer. Il voulait qu’elle pèse tout le poids de son regard. « Promets-le-moi. J’veux plus jamais avoir peur qu’tu partes. Jamais. » Il n’aurait toléré une trahison de Mae Matthews. Il ne tolérait ce genre de choses de la part de personne, mais chez elle ou chez son frère, cela serait impardonnable et destructeur. Jusqu’à présent, cette idée avait été inenvisageable et il aurait aimé que cela le reste encore. Pour toujours peut-être. Mais il fallait se rendre à l’évidence, ce que Sean était incapable de faire, il ne pourrait pas toujours garder près de lui les êtres qui lui étaient chers. Repousser le moment, cultiver un semblant de cohésion, c’était tout ce dont il était capable. En vérité, Sean O’Reilly n’avait qu’une peur. Même la mort lui serait plus simple à surpasser.

Il ferma les yeux, soupira et les rouvrit pour caresser de son pouce le front de Mae comme s’il cherchait à lisser les plis d’inquiétudes ou de contrariété qui s’étaient formés par sa faute. Un sourire se dessina lentement sur ses lèvres, animé par un sentiment d’affection qu’il finirait par rejeter. Pour elle, pour lui et un jour pour son frère. 
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Ven 16 Avr - 18:20


Long Gone
Mae Matthews feat @Sean O'Reilly

Comme un vieux réflexe, pour se rassurer, Matthews a fait le choix d’imposer à Sean la responsabilité d’un éventuel départ. Elle ne lui dira pas, mais elle avait surtout besoin d’entendre qu’elle avait tort. Les mots du hors-la-loi percutent Mae de plein fouet, son comportement l’agace et s’il n’a pas compris, alors lui aussi la connaît mal. Mais elle est ainsi Mae, n’acceptant pas de dire ce qu’elle pense, laissant ses pensées errer dans son esprit, espérant que le monde puisse les deviner. C’est d’ailleurs ce qui, tant de fois, a provoqué la discorde entre eux. Mais il ne lui laisse pas le temps de crier, de s’énerver de sa propre bêtise en lui faisant croire qu’il s’agit de lui. Non, plus éclairé et peut être parce qu’il sait le caractère irascible de la jeune femme, il l’enlace, mettant un terme à toute hostilité qui aurait pu être lancée. Contre lui, Matthews ferme les yeux faisant ainsi taire ses préoccupations. Elle aimerait tant voler aux valses de ce monde leurs temps, les additionner au sien pour ne plus avoir à bouger et rester ainsi avec lui et oublier le reste. Sa cigarette se consume lentement entre ses doigts, mais ses yeux s’ouvrent à nouveau lorsqu’elle entend la suite de ce que Sean a à lui dire. A l’évocation d’un simple ‘’nous’’ la hors-la-loi fronce les sourcils, les yeux rivés sur la porte des quatre planches qui se dressent autour d’eux. Peut importe ce qu’il a voulu dire, elle comprend ce qu’elle veut alors que son cœur s’affole. Mae s’extirpe alors des bras de Sean quand il lui demande de tenir une promesse qu’elle est incapable de lui faire.

Sans rien dire, elle considère alors le visage de celui qu’elle aime, cherchant à effacer la passion qu’elle ne pourra pourtant oublier. Mais elle ne peut pas lui promettre une telle chose. Elle ne laissera jamais personne la priver de sa liberté dont elle est tant éprise. Mettant un voile sur ce qu’elle refuse de voir, elle s’accroche à ce privilège qu’elle s’est octroyé depuis tant d’années. Pourtant, la garantie de l’avoir toujours à ses côtés vient apaiser l’étincelle de l’incertitude qui parfois s’embrase au creux de son ventre. Elle s’évade un instant, laissant ses yeux se perdre dans les siens alors qu’elle retire la main de Sean de son visage. Ses bras se frayant un chemin pour aller se rejoindre derrière le cou du hors-la-loi et elle lui sourit avec tendresse, mais aussi avec une pointe de défi que son regard ne peut s’empêcher de lui envoyer. « Tu vois O’Reilly, tu respectes pas c’que tu dis, tu t’fais déjà du mal pour rien. » Matthews secoue la tête, riant légèrement. « J’ai pas envie d’partir, mais p’t’être qu’un jour, il faudra et qu’ça s’ra comme ça. Parce qu’on s’appartient pas dans l’monde qu’on veut. Ou p’t’être même qu’un jour, tu m’supporteras plus, ou l’inverse. » Mais elle le sait, elle ne pourra jamais partir, jamais les laisser et vivre sans eux, elle n’a pas réussi la dernière fois. Mae revient s’écraser contre les rochers, mer agitée attirée par un péril certain. Haussant les épaules, sa main vient caresser sa joue rugueuse d’une barbe naissante, sa cigarette accrochée au bout de ses lèvres. « Mais j’l’ai d’jà dit à ton frère, j’suis sûre qu’on mourra ensemble, alors, t’as pas d’raison d’t’en faire, hein ? … Mais j’te promets d’être là quand il faudra. » Comme toujours. Prenant sa cigarette en main, elle dépose un baiser sur son front et reste ainsi quelques instants avant de se lever.

Elle le regarde alors qu’elle se tient dans l’encadrure de la porte, le froid s’engouffrant sur sa jupe qui danse au rythme du vent léger. Non, elle ne regrette absolument pas ce qui a pu se passer entre eux. Un sourire vient étirer ses traits avant qu’elle se ressaisisse en se raclant la gorge, chassant l’émoi. « Bon ! Avant qu’la situation d’vienne trop ridicule, j’vais y’aller. Et puis, tu r’viens quand tu veux. Ici j’veux dire. » Mae se retourne alors tout en s’adressant au chef de clan : « à plus tard ! ».

Malgré le soleil, la fraîcheur du matin vient la réveiller complètement alors qu’elle retourne au campement, jetant sa cigarette parmi les restes de neige. Mais elle part à peine qu’un détail vient la frapper quand elle passe une main dans la poche de son manteau. Dans un soupir, elle constate que son holster est vide. « Merde … ». Elle revient donc sur ses pas, ouvrant à nouveau la porte, elle passe sa petite tête dans l’embrasure. «Va pas t’imaginer qu’tu m’manques d’jà. Tu m’as pas rendu mon colt. »

PrettyGirl
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Mar 25 Mai - 20:46


Se voir retirer le droit de la toucher donna à Sean un goût amer que seule une étreinte vint effacer. L’avoir là, toute proche, l’apaisait étrangement et l’entendre retrouver son espièglerie ne fit que le rassurer davantage. Elle avait raison, comme souvent. Ses paroles n’avaient pourtant pas le moindre sens après une nuit de la sorte et, pourtant, passé le pas de la porte, ils apparaîtraient comme une évidence. Peu importe ce qu’elle lui dirait ou ce qu’elle déciderait, Sean ne serait jamais capable de laisser partir qui que ce soit. Ce serait toujours une partie de son histoire qui s’en irait avec. Une partie de sa vie qui le laisserait là, comme un con. Se débarrasser des vieilles choses, voilà une tâche bien difficile. Ce serait comme déchirer les pages d’un livre. Rien n’aurait plus jamais de sens.

Le hors-la-loi recula légèrement, la regardant un sourcil levé. Mae déposa un baiser sur son front qui se dérida. « Toi et Kilian, vous crèverez pas avec moi. J’mourrai seul. Me vole pas ça. Toi ou le frangin dans les pattes, j’pourrais pas crever tranquille. » La mort de Sean se devait d’être grandiose, car sinon cela n’aurait pas d’intérêt. « La mort, ça s’vit seul. » Il avait ce sourire de certitude d’un homme qui ne se laisserait pas convaincre. Il fallait que sa famille lui survive. Pas par amour ou parce qu’il se trouvait être le chef, mais par peur et par faiblesse.

Mae était là, prête à partir, tandis que Sean s’allumait une nouvelle cigarette. Elle n’avait pas changé. Elle lui semblait peut-être un peu plus belle encore. Un peu plus réelle.
Le chef de gang se mit à rire. « Tu sais, avant l’ridicule ça aurait pu devenir… » Mais elle se tourna, lui claquant la parole au bec. « Tant pis, le matin j’suis encore plus en forme. » Il parlait surtout pour lui. Pour justifier le sourire stupide collé sur ses lèvres. Il prenait son temps, car rester ici, juste un peu, c’était laisser de côté les responsabilités et la réalité.

Sean venait de se lever quand la brune réapparut. « Va pas t’imaginer qu’tu m’manques d’jà. Tu m’as pas rendu mon colt. » Il eut ce sourire charmeur que Mae connaissait bien. Celui qui apparaissait quand il la cherchait sous le couvert de l’humour quant à ses prouesses sexuelles. « Ton colt. C’est une métaphore ? J’te signale qu’il est pas à toi, c’est encore une partie d’moi jusqu’à preuve du contraire. » Il s’avança vers elle, la regardant de haut, un peu plus proche, toujours plus, avant de lever l’arme du bout des doigts pour la glisser entre les siens. Il dépassa la belle et retrouva la neige et les arbres. « Bon, on fait un bout du ch’min ensemble ? Le nombre de fois où ils nous ont vus revenir ensemble d’on ne sait où… On s’est jamais cachés. » Sean s’avança sans attendre, mais lui jeta un dernier regard. Ses yeux glissèrent sur la cabane, puis sur elle. « Maintenant qu’tu sais à quel point j’suis génial à tous les niveaux, tu peux éviter d’en parler à Irina ? J’veux la séduire avec mon coeur et pas avec mon corps. » Il avait les yeux brillants, trahissant une certaine euphorie qui ne le changeait pas tant que ça finalement. Retrouver une légèreté stupide, celle des enfants qui se cherchent, voilà tout ce qu’il désirait. Même si cela paraissait puéril et franchement de mauvais goût, c’était sa manière d’évacuer les tensions et d’arrêter de se prendre au sérieux constamment. Un moyen de ne pas devenir aigri et inquiet à longueur de temps.

« Tu sais que quand t’étais pas là y a Patterson qui a pas arrêté d’parler de toi ? » Il se remit à marcher, entamant une discussion plus que normale dans cette matinée bien étrange. « J’sais pas s’il voulait qu’on t’cherche et qu’on t’bute ou si tu lui manquais. Faudra un jour qu’tu m’expliques votre relation. » Il donna un coup de coude à Mae, avant d’ajouter. « T’es quand même une emmerdeuse, j’ai pas pu avancer sur un tas d’choses pendant qu’t’étais pas là. Kilian était bizarre et pas vraiment là non plus, du coup impossible de s’organiser. Fallait m’dire que c’était le clan Matthews maintenant. » Il lui fit un clin d’œil. « Du coup, j’ai eu une idée et j’veux ton avis. »

Plus ils s’approchaient de leur camp, plus les chagrins de la veille et l’inquiétude du matin s’évaporaient. Il était loin le bal et Sean aurait bien assez de temps pour ressasser cette nuit interdite, sans jamais pouvoir y résister.
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