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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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dog days are over | ben x isaac
Consuelo Ricci
Consuelo Ricci
Since : 13/07/2020
Messages : 195
Faceclaim : Halle Bailey
Crédits : Moontea
DC : clyde & mila & Cole & amitola
Age : dix neuf ans, plus vraiment une enfant, mais pas encore tout à fait adulte
Statut : cœur d’artichaut, elle fait tourner les têtes pour son joli minois, sans jamais s’abandonner plus loin qu’à ses rêveries
Job : petite main, elle s’acquitte de toute tâche qu’on lui propose : blanchisseuse, couturière, vendeuse à l’épicerie Rinaldi, femme de ménage pour les Hennessy… Consuelo ne rechigne jamais lorsqu’il s’agit de gagner quelques sous.
Habitation : la maisonnée Ricci, où elle vit avec ses sœurs, sous l’autorité de Dino
Dim 28 Mar - 22:46
dog days are over

ft.  @Benjamin Blackship


Isaac faisait souvent le trajet entre la ferme des Doyle et le ranch des Kingsley de nuit. Il partait après sa journée de travail, demandait juste de quoi grignoter sur la route, et dormait dans la grange de l’une ou de l’autre jusqu’au petit jour. Ce rythme lui convenait, bien qu’éreintant. Ça ne lui laissait pas trop le temps de penser, et c’était justement le but. Moins Isaac ressassait ses malheurs, mieux il se portait. Le gamin n’était pas du genre à s’apitoyer sur son sort, mais il était vite sensible à la nostalgie, et se perdre dans sa propre tête ne le menait jamais bien loin. Non, il préférait travailler, gagner de l’argent, pour peut-être qu'un jour il s’autoriserait à rêver d’une autre vie.

Le ciel au-dessus de sa tête était clair. Il ne faisait pas encore complètement nuit, mais le soleil n’était plus qu’une fine ligne sur l’horizon. Il regardait l’étoile du berger, l’utilisant pour trouver le nord, lorsque son dos percuta le sol avant qu’il n’ait le temps de comprendre quoi que ce soit. Sa mule s’était cabrée brusquement, et sa chute fut plus aussi violente que surprenante, vidant ses poumons de tout air. Le souffle coupé, Isaac regardait le ciel comme un idiot, incapable de retrouver comment respirer. Ce n’était pas la première fois qu’il tombait de cheval, il savait parfaitement que paniquer ne servait à rien dans cette situation, mais il lui était difficile de ne pas céder à l’angoisse. Ses ongles grattant la terre pour s’assurer qu’il était toujours en vie, Isaac tourna la tête sur le côté pour voir sa monture piaffer et se ruer, complètement affolée.

Il aperçut alors une bête, croisement entre un chien et un coyote, qui lui fit perdre ses moyens. C’était donc ça. S’il n’était pas déjà figé par sa chute, il se serait certainement immobilisé. Son pouls s’affola immédiatement, et des images se mirent à défiler devant ses yeux. Il revoyait le chien qui avait déchiqueté le visage de sa mère, et ses hurlements résonnaient dans son crâne. Depuis lors, il avait une peur panique des canidés, peu importe leur taille ou leur domesticité. Se forçant à cligner des yeux pour chasser ces fantômes, Isaac concentra toute sa force pour se tourner sur le côté, retrouvant peu à peu sa respiration. Crachant et toussant pour retrouver un peu d’air, il essaya tant bien que mal de pousser sur ses bras pour se relever. Il devait dégager. Vite.

Mais à chaque aboiement de l’animal, Isaac se retrouvait projeté huit ans en arrière, comme tiré vers le passé par une force qui lui glaçait le sang, immobilisant ses membres. Le souffle court, il réussit tout de même à se relever, incapable d’entendre quoi que ce soit à l’exception de son sang pulsant dans son crâne. Attrapant une grosse pierre sur le sol, il la garda dans son poing serré, sentant les bords ciselés de celle-ci lui entailler la peau. Il n’avait rien d’autre pour se défendre, pas de flingue ni de couteau. Comme il était stupide de se balader sans armes dans la campagne, il aurait dû le savoir. Pourtant, il se trouvait là, tremblant, face à ce chien certainement juste affamé.

« Fuck off! » hurla-t-il à l’attention de celui-ci, y mettant toute sa volonté. Sa voix raisonna dans les plaines, mais visiblement pas assez fort pour faire fuir l’animal. Dans sa chute, il devait s'être entaillé le crâne, car il sentait maintenant un liquide chaud lui couler dans la nuque, se mêlant à la sueur provoquée sa peur.

(c) AMIANTE

Consuelo Ricci
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Lun 29 Mar - 0:10
dog days are over

ft.  @Isaac Lowell


La vie de Baby Outlaw était d’un ennui surprenant, considérant ses faits d’armes. Benjamin commençait à se demander si ses interventions n’avaient pas eu l’effet inverse de ses attentes et forcé le hors-la-loi dans une retraite dans le seul but d’écourter sa chasse. Il était cependant tenace, presque obsédé par sa quête de justice et de vengeance, et ce n’étaient pas quelques jours ou semaines un peu plus calmes qui lui feraient oublier que Baby Outlaw était le seul lien tangible vers Rogers. Alors il passait ses journées hors de vue, mais jamais hors de portée de ce bandit sans méfaits.

Sa tâche n’était pas compliquée: s’assurer qu’Isaac ne parle à personne sans qu’il soit au courant. Il avait déjà les noms de ses principaux interlocuteurs, les ayant éliminés un par un  de sa liste de suspects. Aucune des propriétaires n’avait ni la carrure pour être un assassin déguisé et probablement ni l’aplomb pour en cacher un. Quant aux travailleurs de l’une ou l’autre, il les avait tous longuement examinés grâce à ses jumelles pour comparer leurs traits avec ceux dessinés sur son affiche froissée.

Ce soir était jour de changement pour le prétendu garçon de ferme, et cela devait faire partie des soirées préférées de Ben. Il avait posé sa tente entre les deux domaines, ne s’y arrêtant que lorsque son sujet faisait le trajet, et il avait désespérément besoin de la retrouver ne serait-ce que pour une nuit. L’insomnie, c’était bien pratique, mais à la longue, il en perdait son acuité. Allongé sur une colline, il observait donc la silhouette d’Isaac émerger d’une montée. Le chasseur de prime ne put retenir un sourire en le voyant. Cet homme était, naturellement ou non, réglé comme du papier à musique, ce qui facilitait grandement son travail.

Il vit la mule se cabrer avant de voir la forme sombre. Lorsque le premier animal retrouva sa position initiale, il avait perdu son cavalier et Ben se précipita sans même y penser vers les trois ombres dont il ne distinguait maintenant presque plus que les mouvements.

Isaac ne se relevait pas. Il le voyait se débattre, comme cloué au sol par un esprit malfaisant. Le coyote était occupé avec la mule, pour le moment, mais il ne tarderait pas à s'intéresser à une proie sans sabots. Benjamin dégaina, visa, avant de réaliser qu'il était trop loin pour tirer sans risquer de toucher ou l’homme ou la monture. Par chance, Isaac s’était relevé et sa voix lui assura qu’il n’allait pas périr de sa chute. Par contre, la bête se tourna vers le bruit, et comme Ben s’en doutait, Isaac n’était pas armé. Le coyote se jeta sur le bandit, tous crocs dehors, et le chasseur se jeta entre l’homme et l’animal.

La morsure lui arracha un cri tandis que son pantalon brun tournait au rouge. Il tira un coup au sol, proche des oreilles sensibles du coyote, et le monstre s’enfuit en jappant.

Se tournant vers le hors-la-loi, il vit finalement le sang qui lui coulait le long du cou, coupant net sa douleur pour se concentrer sur celle de celui d’en face. Il tendit la main pour le prendre par les épaules, mais s’arrêta pour simplement pointer l’écoulement.

You alright?

L’inquiétude passée, ce fut la colère qui vint s’emparer de lui, exacerbée par sa cuisse trouée. Il le prit par le col, rassuré de sentir sa chemise sous ses doigts et refoulant l’envie de le secouer avec force. S’il avait une commotion, cela ne ferait que l’empirer.

You’re an outlaw or not? Get a gun or some shit! Looks like you’re trying to get yourself killed!

Mort, Isaac ne lui était plus utile, et il était hors de question qu’il repasse un an à chercher un autre lien vers Rogers. Il lâcha le hors-la-loi et tenta quelque pas. Il allait boiter pour quelque temps, voir plus s’il n’atteignait pas son camp à temps. Et il y avait Isaac, la tête ouverte et la main coupée, qu’il ne pouvait pas laisser comme ça.

You owe me a bullet,” grimaça-t-il

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Consuelo Ricci
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Lun 29 Mar - 17:56
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ft. @Benjamin Blackship


Isaac aurait certainement mieux fait de la fermer. Au lieu de faire fuir l’animal, sa voix l’attira, provocant sa rage. La bête sembla bondir pour se jeter sur lui, ses crocs prêts à lui déchirer la peau, mais la douleur ne vint jamais. Quelque chose – quelqu’un venait de se jeter entre lui et le chien, et c’est ce dernier qui se fit mordre. L’homme gueula, et Isaac ne comprit pas immédiatement qui il avait en face de lui, en état de choc. Il ne se mit à réagir qu’au coup de feu, lâchant la pierre qui lui entaillait la main, soulagé. Il commença à dire : « Thanks, I… » avant de comprendre qui il avait en face de lui. « Oh, it’s you. »

Ben. Comme par hasard, c’était celui qui lui venait en aide, sur une route perdue au milieu de nulle part. Évidemment ! Qui d’autre lui collait au cul d’aussi près, prêt à réagir à la moindre action ? Il n’y avait que le chasseur de primes pour avoir un minutage aussi parfait qu’inquiétant. Isaac fit de son mieux pour ne pas se laisser aller à lever les yeux au ciel. Après tout, aussi obsédé par Logan qu’il l’était, il venait quand même de lui épargner une belle chute et quelques traumatismes supplémentaires.  

Il observait sa main suspendue, pointant sa nuque, et Isaac passa ses doigts à l’endroit d’où provenait le sang. Il n’avait rien, juste une petite coupure qu’il aurait bientôt oubliée. « I’m good », se contenta-t'il de marmonner en baissant les yeux sur la jambe de Ben, et son pantalon déchiré par la morsure. Il réprima un haut-le-cœur, plus sensible à ce genre de blessures qu’a celles infligées par les balles et releva les yeux vers son « sauveur » qui l’attrapait par le col comme un pantin désarticulé. Il avait la sale manie de s’en prendre à lui de cette manière, ce qui irritait profondément le jeune hors-la-loi, qui ne broncha pourtant pas.

Il avait cependant raison sur un point : il était temps qu’il s’achète une arme. Isaac avait repoussé ce moment depuis plusieurs mois, prétextant qu’il n’en avait pas les moyens, alors que la vraie raison était toute autre. Avec une arme, même alors qu’il n’était plus aux côtés de Logan et du Silver, il restait un hors-la-loi. Sans, il se persuadait d’être réellement le garçon de ferme sans histoires qu’il prétendait être. Mais sans parler d’aller jouer les bandits de grands chemins, avoir au moins de quoi se défendre dans ce genre de situation aurait été utile, osons même dire : intelligent.  

Il s’apprêtait à lui répondre : « I owe you nothing », quand le chasseur de primes s’éloigna, boitant. Il devait avoir sacrément mal, se surprit à penser Isaac, qui jusque-là avait encore du mal à revenir dans le présent.  Il ne pouvait pas rester là planté comme un idiot. À peu de choses près, c’est lui qui aurait dû se retrouver avec un trou dans la jambe. Se précipitant vers le jeune homme, il ne lui laissa pas le temps de réagir - ou même de le repousser. « Let me help you », lui dit-il sans émotions, passant son épaule sous le bras de Ben pour l’aider. « Do you stay nearby? Or should I fetch for Miss Doyle or Miss Kingsley for some help? », le questionna-t-il sans le regarder, surpris par le poids du prétendu homme de loi, ravalant sa fierté. Les deux jeunes femmes vivaient chacune à une heure de route dans un sens comme dans l’autre, et Ben avait le temps de se vider de son sang s’il ne se faisait pas un garrot et quelques points de suture avant ça. Qui sait si l’animal n’avait pas la rage, en plus de tout ce merdier ? La question d’Isaac lui apparaissait alors comme idiote, comme s’il se trouvait toujours être le dernier des demeurés en présence de sa Némésis. Plaçant deux doigts entre ses lèvres, il se mit à siffler deux coups brefs pour appeler sa mule. Celle-ci n’avait pas filé bien loin, et rappliqua vers eux, encore toute affolée. Lorsqu’elle fut assez proche, Isaac passa sa main sur ses naseaux, lui parlant avec calme pour la rassurer : « Alright girl, it’s over, it’s over… ». Son ton était beaucoup plus doux que celui qu’il employait envers le chasseur de primes, ramenant un peu de chaleur dans cette situation tendue. Il attrapa alors les rennes, les faisant passer par-dessus la tête de l’animal, non sans flatter son encolure pour continuer à lui montrer que tout allait bien. Se tournant vers Ben, qu’il soutenait toujours, il demanda : « …you think you can climb on the sadle? I won’t let you in the middle of nowhere, outlaw or not… ».


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Consuelo Ricci
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Mer 31 Mar - 16:30
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ft. @Benjamin Blackship


It’s you.

Bien sûr que c’était lui! Isaac avait l’indécence de se balader sans escorte et sans arme, il n’allait tout de même pas le laisser se faire dévorer vivant! Il l’avait déjà laissé s’ouvrir la tête et le chasseur de prime s’en mordait les doigts. Parce qu’il avait plus de valeur vivant que mort, bien évidemment, et parce qu’il fallait qu’il reste en un morceau pour le conduire à Logan. L’attraper par le col ne lui apportait qu’un faible soulagement, qu’il dû abandonner bien vite pour se concentrer sur ses propres problèmes. Isaac se précipita vers Ben pour le soutenir et ce dernier eut un léger mouvement de recul. Mais le bandit était insistant et Benjamin se laissa égoïstement faire, se contentant de tourner la tête dans l’autre direction. La chaleur de l’homme lui fit presque oublier la douleur lancinante de sa cuisse et il prit une seconde de trop pour répondre. Il ignora la suggestion des fermes, trop loins pour être considérées.

I got a camp up that hill,” dit-il en pointant sa cachette précédente.

Puis Isaac siffla et sa mule se rapprocha. Il devait bien l’admettre, l’animal était courageux d’être resté si proche, entre le coyote et le coup de feu. Il observa avec curiosité les mots doux que le faux fermier chuchotait à sa monture et il réalisa soudain à quel point leurs échanges étaient acerbes, même lorsqu’ils s’entraidaient. Le bras par-dessus les épaules frêles d’Isaac, Ben se tourna ce dernier.

Il était grand, certes, mais il n’était pas bien musclé. Il l’avait déjà remarqué lors de leurs deux rencontres précédentes, et il pouvait maintenant le sentir, à travers leurs vêtements respectifs. Sa main serra son épaule, comme pour réajuster sa posture, alors qu’en vérité il tentait de mesurer son épaisseur. S’il ne se plaignait pas, il devait tout de même trouver le chasseur de prime assez lourd, avec toute sa masse. Ben força donc un peu de son poids sur sa jambe blessée pour alléger la charge, serrant la mâchoire pour ne pas geindre.

Isaac se tourna vers lui et il était soudainement beaucoup trop proche pour son confort. Encore une fois, les mots qui lui étaient adressés mirent un peu de temps à monter jusqu’à son cerveau. Il s’était perdu dans les yeux verts, presque gris dans la pénombre qui grandissait. Il ouvrit la bouche, mais rien ne s’en échappa alors il soupira pour ne pas paraître con.

I’m not too heavy?” finit-il par lâcher tout de même, les yeux toujours rivés sur le visage de celui qui l’aidait. Il se racla la gorge avant de reporter son attention sur la mule. “For her, I mean.

Il n’attendit pas la réponse et se rapprocha de la bête. Il mit sa jambe saine dans l’étrier, puis balança la moitié de son corps de l’autre côté. Il avait déjà chevauché avec une balle dans le bras et avec un flanc ouvert (pas simultanément), mais se percher sur une monture avec une jambe ouverte était beaucoup plus déplaisant que ces deux incidents. Il grimaça, se retenant de toutes ses forces pour ne pas crier. Il perdait du sang, et son pied commençait déjà à picoter. Il n’eut pas vraiment le temps de mesurer l’étendue des dégâts car Isaac monta derrière lui, se collant contre son dos. Interdit, il allait faire un commentaire mais se ravisa. La mule marcherait plus vite. Il se força donc à se concentrer sur le paysage qu’il connaissait déjà pour ne pas se laisser distraire par la façon dont il était pris en tenaille entre les bras de Baby Outlaw. Il pointa à nouveau la direction pour que le bandit dirige l’animal.
--

Le camp n’était pas loin, mais le trajet était douloureusement long. Lorsqu’enfin ils s’arrêtèrent, à côté de son cheval, Ben se laissa glisser au sol, faisant une petite mare de sang à ses pieds. Il prit une bouteille de vodka et une bouteille de whisky dans sa selle et boita vers le feu de camp éteint. Il ne voulait pas laisser à Isaac la tâche d’allumer le feu. Après tout, sa main était ouverte. Mais sa jambe ne le laissèrent pas agir sur ses bonnes intentions et il tomba presque contre le tronc qu’il utilisait généralement comme banc. Il sortit son couteau de chasse et commença à découper son pantalon, au-dessus de sa blessure. Il s’arrêta, jeta un coup d'œil à son compagnon avec une pudeur toute nouvelle. On l’avait déjà vu nu, beaucoup plus de fois qu’il ne souhaitait se l’avouer, mais de savoir les yeux d’Isaac sur sa jambe le mettait mal à l’aise. Il n’avait pourtant pas le temps de se complaire dans sa timidité, il perdait du sang. Il arracha donc le tissu et aspergea sa cuisse de vodka, étouffant ses plaintes à coup de whisky. Se ré-autorisant finalement à regarder la silhouette d’Isaac, il pointa son cheval.

I have an aid kit in my saddle, with bandages. Do you mind…?

Sa question se perdit quelque part entre la douleur, la honte et la retenue. Il n’allait pas être capable de s’occuper de son problème tout seul et c’était là une preuve de faiblesse. Pire encore, il devait se reposer sur Baby Outlaw, celui qu’il avait pris soin d’effrayer deux fois déjà, celui qu’il voulait donner en pâture aux autorités locales. Pourtant, quelque part, dans une partie de son esprit qu’il n’osait pas vraiment explorer, il se réjouissait presque de cette proximité forcée… Il chassa la pensée d’un serrement de mâchoire.

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Jeu 1 Avr - 19:15
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ft.  @Benjamin Blackship


« She’s stronger than she looks », marmonna Isaac en lâchant Ben lorsque ce le questionna sur la capacité de la bête à le porter. Il évitait soigneusement ses yeux clairs, leur proximité soudaine pouvant à tout moment lui faire montrer le feu aux joues. Aussi menaçant et affable c’était-il montré les dernières fois qu’ils s’étaient croisés, Lowell ne pouvait ignorer le charisme du jeune homme, ce qui l’agaçait d’autant plus. Se massant doucement l’épaule là où le chasseur de primes s’était appuyé pour réajuster sa prise, il sentait encore la prise de ses doigts sur sa peau, comme une trainée brûlante.

Lorsque Ben fut enfin en selle, Isaac grimpa derrière lui, retenant sa respiration. Leur rapprochement précédent s’était fait bref, furtif… là ils avaient quelques mètres à parcourir, et si Isaac marchait à côté de sa mule, ils n’étaient pas près de dépasser cette colline. Pas assez rapidement pour éviter que le chasseur de primes ne perde trop de sang, en tous cas.

La vielle mule ne faisait plus la fière lorsqu’elle se retrouva à porter leurs deux corps, mais Isaac n’aurait pour rien au monde échangé cette dernière. Elle n’était peut-être pas aussi gracieuse que les mustangs qu’ils croisaient parfois dans les plaines, ni aussi robustes que les bêtes de traie qui tiraient jours après jours les charrues dans les champs, mais elle était fidèle et maline. Elle supportait le cul de Baby Outlaw sur son dos depuis presque sept ans maintenant, et ce dernier s’appliquait à lui rendre sa loyauté en n’envisageant pas de se débarrasser d’elle. A l’image de l’animal, il était têtu concernant ce sujet.

Isaac se concentrait sur la destination, essayant tant bien que mal de ne pas penser à Ben, malgré lui entre ses bras. Il essayait d’ignorer l’odeur chaude émanant de sa nuque, comme si cette dernière était gorgée de soleil. Le jeune hors-la-loi se sentait idiot d’être aussi perturbé par ce détail, mais c’était toujours mieux que de penser à ce qui aurait pu arriver si son « sauveur » ne le détestait pas autant, surtout par principe.

Le camp n’était pas loin, par chance, et dès qu’ils furent à proximité du cheval de Ben, ce dernier se laissa glisser au sol, ne laissant pas le temps à Isaac de l’aider. Il le regarda boîter vers le centre où devait se tenir un feu pour les repas, interdit. Il vivait donc là, pendant que le prétendu garçon de ferme avait droit à un toit et à la chaleur d’un bon repas ? C’était une surprise, il l’avait imaginé dormir dans une chambre à l’hôtel, plus habitude au luxe qu’au froid, trompé par l’apparence soignée du jeune homme.  Ce dernier s’affairait déjà à soigner sa jambe, nettoyant sa morsure à grand coup d’alcool, s’autorisant à en boire d’autant plus pour noyer ses gémissements. Après la balle qu’Isaac avait reçu dans l’épaule l’été passé, il ne pouvait être que compatissant face à la douleur qu’il devinait sur ses traits. Il croisa alors le regard de Ben, et crut y déceler une certaine gêne face aux yeux du jeune homme qui s’attardaient sur sa jambe. Il n’avait pourtant pas de quoi avoir honte. De ce que le plus jeune devinait à travers ses vêtements, le chasseur de primes était bien bâti, effectivement taillé pour la vie dans les plaines plutôt que pour celle de salon. Isaac ne pouvait qu’être admiratif, et un peu jaloux, lui qui épuisait son peu de force à travailler dans les fermes, sans voir sa carrure changer.

Ben pointa son cheval du doigts, et demanda à son cadet d’aller lui chercher une trousse de soins, apparemment rangée sur sa selle. Isaac s’exécuta, s’approchant doucement de l’animal pour ne pas l’effrayer, dans de revenir plus rapidement pour ne pas perdre de temps. Il s’accroupit alors au niveau du chasseur de primes, contemplant sa plaie en faisant son maximum pour rester calme. A nouveau très proche de ce dernier, Isaac commença à chercher dans la trousse le nécessaire pour arranger son mal. S’il fallait lui faire un pansement, Isaac pouvait apposer un linge mais Ben allait devoir se déshabiller pour qu’il puisse entourer sa cuisse de bande. Cette pensée fit rougir le plus jeune qui secoua la tête pour chasser cette pensée. Celui même qui était blessé devant lui l’avait menacé plusieurs fois, au point de jouer avec ses nerfs, il il lui fallait quelques bouts de peau pour avoir un peu chaud ? Ridicule, pensa-t-il.

Cette seule pensée le figea, comme s’il n’avait pas le droit de songer à de telles choses. Il se força à déglutir, baissant les yeux sur la plaie, pour se reconcentrer. Elle était vilaine, et à l’humble avis d’Isaac – qui n’était absolument pas médecin ; elle aurait mérité d’être refermée par quelques points de suture. Grimaçant malgré lui, il osa demander, relevant les yeux pour venir croiser ceux de Ben : « I… I think you need stitches but… ». Il n’ajouta rien. Il ne voulait pas charcuter la cuisse de celui qui venait de l’aider, même s’il était capable de le faire s’il le lui demandait. Déglutissant, il attrapa un carré de linge propre dans la trousse et le donna au blessé. Tournant la tête vers l’emplacement du feu de camp, où il n’y avait pour le moment que de la cendre, Isaac se releva et dit : « I’ll light the fire. Stitches or not, keep pressing and wait until the bleeding stops… ». Son ton était légèrement directif, mais il ne voulait pas se retrouver avec le chasseur de primes en train de s’évanouir devant lui. Et puis, s’il devait bel et bien le recoudre, il leur faudrait de la lumière, et ce n’était pas ce que le jour déclinant allait leur offrir.

Il s’éloigna alors légèrement, pour ramasser un peu de bois sur une pile de bûches qu’avait préparé le chasseur de primes, non loin de là. Isaac en avait oublié la douleur de sa main, et le sang sécher sur sa nuque. Revenant vers son ainé, il commença à s’affairer pour préparer le feu, non sans lui jeter des œillades régulières pour surveiller son état.


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Consuelo Ricci
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Sam 3 Avr - 18:04
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Il avait coupé le pantalon pour voir la morsure et pour pouvoir la nettoyer, mais il savait qu’il allait devoir se défroquer s’il voulait faire un bandage digne de ce nom. Par chance, il portait un sous-vêtement ample, ce qui faisait qu’il n’aurait pas besoin de s’exposer devant Isaac. Il remercia la nuit d’être presque tombée et le feu d’être éteint car il sentait le sang qui ne tentait pas de s’écouler par l’ouverture lui colorer les joues avec violence. Rougissement qui se fit encore plus présent lorsqu’Isaac s’accroupit à près de lui. Il regarda les étoiles, espérant que sa gêne soit dissimulée par la douleur qui se faisait étrangement oublier à cause du tumulte de ses émotions.

Il sentit les yeux d’Isaac chercher les siens, alors il pencha la tête vers lui. Des points de suture… Il en avait déjà eu plusieurs, mais ne s’en était jamais fait lui-même. Peu sensible à la vue du sang, il doutait tout de même d’avoir la main assez sûre pour coudre correctement, en particulier avec la douleur lancinante et les regards inquiets de Baby Outlaw qui lui titillait l’esprit. Voilà maintenant que le bandit lui donnait des ordres. Benjamin attendit que l’insolent lui tourne le dos pour lui adresser un sourire. Il le préférait ainsi, avec du répondant et une petite impertinence qui lui donnait des airs de… Il ne savait pas vraiment quoi. Mais l’idée était qu’il aimait bien les bravades, cela lui rappelait que son interlocuteur était recherché, ce qu’il oubliait un peu trop souvent dès qu’il posait les yeux sur lui.

Ravalant sa fierté, il entreprit de défaire sa ceinture et de faire glisser son pantalon jusqu’au dessous de ses genoux. Il hésita à les enlever au complet, il aurait les chevilles libres et serait plus à même de courir, mais avec un trou dans la cuisse, il savait qu'il n'avait aucune chance de rattraper qui que ce soit. Il garda ses mollets au chaud, donc, et surtout hors de la vue d’Isaac, bien que ses cuisses soient exposées au vent et au regard. Il attendit que le plus jeune termine le feu, préparant le matériel nécessaire à l’opération tout en faisant pression pour arrêter le saignement.

Come here,” intima-t-il au hors-la-loi, tendant sa main libre.

Il avait tenté d’être moins directif, plus invitant. Espérant que le jeune homme comprenne que ses intentions n’étaient pas mauvaises, il se saisit de son poignet pour lentement l’attirer vers lui. Il tourna la paume blessée vers le ciel.

It’ll sting a little,” chuchota-t-il, se départant de sa main pour saisir la bouteille de vodka.

Il aspergea les coupures aux jointures des doigts d’Isaac, les sourcils froncés, trop conscient de ce qu’il lui infligeait. Il posa la bouteille et lui tendit le rouleau de pansement.

Do yours first.

Il se redressa un peu, grimaçant mais refusant toujours de se plaindre malgré le mal, puis tendit l’aiguille à Baby Outlaw lorsqu’il finit son propre pansement.

Put it in the fire for a bit

Une fois l’aiguille stérilisée, il ne resterait plus qu’à fermer cette maudite morsure.

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Consuelo Ricci
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Mar 6 Avr - 13:51
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Quand Isaac posa à nouveau les yeux sur le chasseur de primes, le feu commençant doucement à prendre, il eut l’impression de manquer d’air, comme s’il venait à nouveau de tomber de sa mule. Le jeune homme avait fait glisser son pantalon jusqu’à ses genoux, pour une question pratique relative à sa plaie, mais qui ne laissa pas le jeune hors-la-loi de marbre. Il mit sur le compte des flammes la chaleur qui se rependait sur ses joues, les teintant de rouge. Ce n’était pas la première fois qu’il voyait une paire de cuisses, fort heureusement, mais il n’avait jamais songé à se retrouver un jour face à celles de Ben, comme si toute cette situation était inappropriée. Étrangement, se baigner dans un lac sans ses vêtements, que ce soit avec Esmée ou avec qui que ce soit d’autre, avec lui paraissait moins gênant que de découvrir le jeune homme en caleçon. Mais c’était peut-être cette pudeur qui le mettait mal à l’aise, celle de savoir qu’il découvrait sa peau sans que ce ne soit voulu par celui qui se dévoilait malgré lui.

Il n’eut pas le temps de s’attarder sur ce sentiment de malaise, car Ben l’interpella, lui demandant de le rejoindre. Isaac se releva, rangeant dans sa poche la boîte d’allumettes qu’il avait trouvé près des cendres, par habitude. Essuyant ses mains sur son bas avant de jeter un dernier coup d’œil au feu naissant qui dévorait doucement le bois, il s’avança, non sans froncer légèrement les sourcils.  Le chasseur de primes lui attrapa le poignet dès qu’il s’approcha, et Isaac eut un léger mouvement de recul, par reflex, avant de s’immobiliser pour le laisser faire. L’homme de loi semblait bien plus tactile que lui, habitué à toucher les autres là où Isaac n’était que retenue, avare en contacts physiques. Baby Outlaw observa sa paume tournée vers le ciel, striée de coupures nettes et peu profondes. Rien de comparable avec la plaie qui entravait la cuisse de celui qui désirait la prime sur sa tête. Ben chuchota pour le prévenir, surprenant le jeune hors-la-loi qui ne connaissait jusque-là pas tant de calme dans sa voix. Ce ton ne lui semblait pas stratégique, comme il avait pu l’être lors de précédentes conversations, simplement neutre. L’odeur de la Vodka lui fit froncer le nez, comme le picotement de l’alcool sur ses coupures. Ses mains allaient coller après ça, mais au moins les blessures n’allaient pas s’infecter.

Isaac attrapa la bande que Ben lui tendait, enroulant sa main dans le coton en quelques mouvements. Il fallait économiser le plus de pansement possible pour en laisser à celui d’entre eux qui en avait vraiment besoin. Le feu brûlait avec de plus en plus d’ardeur, projetant ses reflets rougeâtres sur le visage du chasseur de primes, dont l’expression grimaçant cachait tant bien que mal sa douleur. Isaac culpabilisait de le voir ainsi, mais se ressaisit lorsqu’il lui ordonna de stériliser l’aiguille dans les flammes.

Il adressa alors un regard entendu au jeune homme, accompagné d’un petit hochement de tête, et attrapa alors une allumette, de la boîte qu’il venait inconsciemment de s’approprier. La flamme embrassant le petit morceau de bois illumina son visage d’espace d’un instant, et Isaac commença à faire rougir le métal. Il n’avait pas vraiment envie d’approcher sa main pleine d’alcool du feu, et espérait que Ben ne lui en tiendrait pas rigueur. Lorsque l’aiguille fut extrêmement chaude au toucher, il la secoua dans l’air pour la faire refroidir plus vite, avant d’enlever tout résidu de noir sur celle-ci ; en la frottant sur un morceau de bande. Ce n’était pas parfait, mais certainement mieux que rien.

Isaac n’avait jamais fait des points de suture à qui que ce soit. Il en avait reçu, il avait même vu Esmée en faire à Logan, mais ses connaissances s’arrêtaient là. Peut-être valait-il mieux qu’il ne précise pas ce point. Le déclarer à voix haute n’allait pas rassurer le blessé, qui devait déjà se douter de ses piètres talents d’infirmier, et même anticiper le pire. Il s’accroupit à nouveau aux côtés du chasseur de primes, pour finalement s’asseoir à même le sol. Il était maintenant au niveau de la jambe blessée de Ben, et se força à ne pas relever les yeux vers ce dernier tandis qu’il faisait glisser le fil dans le chas. Il ne serait pas capable de charcuter sa cuisse s’il croisait ton longtemps ses yeux clairs et la douleur au fond de ses pupilles. « I’m ready when you are », murmura-t-il en attendant le signal du brun, son cœur s’emballant légèrement à l’idée de ce qu’il s’apprêtait à faire.

Quand il reçut le signal attendu, Isaac prit une profonde inspiration et posa ses doigts sur la plaie pour rapprocher les chaires. Il n’aimait pas savoir qu’il était en train de faire souffrir Ben, même pour son bien. Il n’était pas vraiment persuadé de faire les choses correctement, d’en être même capable, mais enfonça malgré tout l’aiguille dans sa chaire, s’appliquant à faire des mouvements minutieux et rapides. Sans même le regarder, il sentait Ben se crisper sous ses doigts, devinant l’expression de douleur sur ses traits. Il décida de lui parler, pour qu’il se concentre sur autre chose que sur la sensation de l’aiguille dans sa chaire. Isaac laissa s’échapper la première chose qui lui traversa l’esprit, incapable de réfléchir à quelque chose de pertinent pendant que son esprit tout entier était concentré sur la suture ; « I know it hurts like hell… I’m sorry. » Les yeux toujours rivés sur son ouvrage, il continua, espérant que Ben se concentrerait davantage sur sa voix que sur son mal : « I got shot in the arm last summer ». La conversation ne devait pas lui sembler bien intéressante, pas assez pour le captiver au-delà de la réalité de son état, alors Isaac ajouta : « It’s the last time I saw him. Logan. ».

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Dim 11 Avr - 19:50
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Il lâcha sa prise dès qu’Isaac était assez près. Il avait senti son mouvement de recul et ses sourcils s’étaient froncés. Nul ne servait d'effaroucher le seul qui pouvait l’aider à des miles à la ronde. Il n’eut cependant pas le temps de s’interroger longuement sur la raison de son éloignement ou sur l’indécence de son geste, car déjà Isaac lui demandait l’autorisation de commencer. Le bandit évitait soigneusement son regard et Ben commençait à se demander s’il ne ferait pas mieux de le faire lui-même. Il prit une grande inspiration, retira le tissu de la plaie qui avait arrêté de saigner.

Do you worst,” plaisanta-t-il d’une petite voix.

L’aiguille ne faisait pas vraiment mal. Le plus douloureux était le fil qui glissait longuement contre la chair à vif. Cette fois-ci, Benjamin ne put retenir le gémissement de douleur. Par réflexe, il attrapa la première chose qui lui passait sous la main, soit le genou d’Isaac, pour le serrer avec force. Réalisant entre deux points la chaleur du bandit sous sa paume, il la retira pour se saisir du whisky qui trainait pas très loin. Il prenait une nouvelle lampée lorsque son docteur improvisé lui fit la conversation. Il doutait un peu de la véracité de son affliction quant à la douleur qu’il lui infligeait. Benjamin n’avait pas été tendre à son égard, Baby Outlaw devait tout de même prendre à certain plaisir à le faire souffrir. Lorsqu’Isaac lui confia avoir été touché par balle l’été dernier, il n’y avait pas besoin de réfléchir beaucoup pour associer le bal à la blessure. L’idée que le jeune hors-la-loi ait pu subir une blessure de la sorte lui semblait ignoble et une colère sourde gronda en lui. Il s’apprêtait à demander qui était le responsable lorsqu’il avoua que c’était la dernière fois qu’il avait vu Rogers.

Did he shoot you?” marmonna-t-il, serrant les poings, moins de douleur que de rage.

Il aurait voulu que leurs regards se croisent. Il savait que Baby Outlaw était un mauvais menteur, et il voulait être certain que sa réponse était la bonne. Il se persuada que la colère qui lui envenimait les veines était entièrement dirigée contre Rogers, bien que c’était l’idée de Isaac, gémissant, le bras en sang, qui lui retournait l’estomac. S’il était maintenant devant lui, c’était qu’il avait au moins reçu les soins appropriés. Ses yeux descendirent vers les manches du bandit, se demandant de quel côté la cicatrice ternissait sa peau.

Et comme par magie, les points étaient terminés.

What was he, to you?

Il espérait que la réponse soit proche du rien ou alors du bourreau, tentant par tous les moyens d’écarter le jeune brigand de sa liste de chasse pour une raison qui lui échappait encore. Ou pas vraiment. Il n’avait peut-être jamais été attiré par qui que ce soit, mais il n’était pas stupide. Il n’observait pas tout le monde de la sorte, cible de contrat ou non. Il ne se perdait pas dans leurs yeux, n’en connaissait pas les couleurs changeantes. Il n’avait pas non plus envie d’interagir avec eux plus que nécessaire, alors qu’avec Isaac, il prenait un malin plaisir à le provoquer. Alors qu’il se laissait momifier la jambe, la douleur encore présente, mais presque oubliée à cause des effleurements des doigts de Baby Outlaw, il réalisait qu’il ne souhaitait pas voir une corde autour de sa jolie gorge. Et il savait maintenant qu’il ne pourrait pas l’emmener aux autorités. L’affiche qu’il gardait dans la poche de sa chemise pesait maintenant aussi lourd qu’un lingot et il détourna la tête pour ne pas s’enfoncer plus dans ce sentiment qui remettait en cause ses croyances les plus profondes.

Rogers killed my parents…

L’aveu était murmuré, comme une excuse pour expliquer sa hargne. Peu importait la relation qu’il entretenait avec Isaac, Benjamin ne pourrait pas passer au-dessus des crimes que Rogers avait commis. Il ne pourrait pas l’épargner et encore moins le pardonner. Il leva finalement les yeux vers Baby Outlaw.

I’m going to kill him.

Il espérait presque que la révélation, qui n’en était pas vraiment une, tourne ce début d’intérêt en une certaine acidité. Il ne voulait pas s’alourdir de considérations, ne voulait pas questionner son jugement lorsqu’il appuyerait sur la détente. Et surtout, il ne voulait pas avoir à croiser ces pupilles vertes se remplir de larmes lorsqu’on lui annoncerait la mort de son partenaire.

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Mer 5 Mai - 18:44
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Ben s’accrocha à son genou en gémissant. Isaac crut qu’il allait lui broyer la rotule, mais ne cilla pas, se contentant de se raidir un peu pour ne pas perdre sa concentration. Il ne voulait pas lui faire encore plus mal, déjà peiné d’être son bourreau dans de telles circonstances. Quand le chasseur de prime détacha sa prise pour venir attraper la bouteille, Lowell avait déjà cousu quelques points, et arrivait sur la fin de sa boucherie.

La question de Ben était légitime, et Isaac se contenta de lui répondre avec une banalité telle qu’on aurait pu oublier qu’ils étaient en train de parler de plaies et de blessures. « No, it’s from that girl at the ball. The one who went crazy and started shooting on the poor folks. » Le jeune hors-la-loi avait eu beaucoup de chance. La balle n’avait fait qu’effleurer son bras, déchirant la chaire dans que le projectile ne reste coincé dans celle-ci. Il avait souffert, mais n’avait eu besoin que de quelques points pour s’en remettre. Ben quant à lui, allait boiter quelques temps.

Isaac s’appliqua à faire le dernier nœud, coupant ensuite le fil en empruntant le couteau de chasse, sans vraiment demander la permission. Il plaça ensuite un linge sur la blessure et déroula la bande, pour venir protéger la suture. Ses doigts étaient agiles, et il s’appliquait à être délicat, pour ne pas faire plus mal au jeune homme que nécessaire. Ben lui demanda alors la nature de sa relation avec Logan ce à quoi Isaac répondit simplement : « Like a brother… ». Il n’avait toujours pas relevé les yeux vers ceux de son interlocuteur, et s’en félicita. Il ne voulait pas qu’il découvre la tristesse dans son regard, qu’il le voit faible pour ce frère qui l’avait abandonné sans un regard en arrière, en pâture à la solitude et la mélancholie.

Isaac avait terminé, l’homme de loi allait pouvoir se rhabiller. Evitant toujours son regard, il s’appliqua à ranger les affaires dans la trousse de secours, essuyant ses doigts - tachés du sang du jeune homme - sur sa chemise ; elle n’était plus à ça prés, et sa couleur sombre y survivrait. Ben choisit ce moment précis pour lui faire un aveu donnant du sens à tout ce qui se passait depuis plusieurs semaines : la traque, les menaces, l’obsession du chasseur de prime pour sa personne et pour celle de Rogers. Logan avait tué ses parents. Baby Outlaw eut un pincement au cœur en entendant ces mots, et se figea. Il s’en doutait ; du moins qu’il y avait une raison derrière toute cette manie… mais il ne s’était pas attendu à quelque chose d’aussi personnel. Il ne s’était pas attendu à cette peine qu’il ne connaissait que trop bien, et dont il souffrait encore. Prenant une grande inspiration, Isaac se tourna vers le feu, éloignant la trousse, sa main venant attraper la bouteille de whisky presque vide. Il avait besoin d’un peu de courage lui aussi. Il n’était pas spécialement amateur d’alcool fort, mais avait besoin d’un peu de réconfort après ces efforts et ces émotions.

Ben continua sur sa lancée, en affirmant qu’il allait tuer Logan. Les doigts d’Isaac, enroulés autour de la bouteille, resserrèrent leur emprise sur celle-ci. Il se força à inspirer et à expirer pour rester calme. Ce n’était pas une colère violente qu’il sentait se muer dans son esprit. Non, c’était une tristesse infinie, mêlée de regrets. Il savait très bien ce qui allait advenir de Rogers si quelqu’un le retrouvait. Ou même de sa propre personne si Ben se décidait à le ramener aux autorités pour complicité de meurtres. Regardant danser les flames maintenant hautes en portant la bouteille à ses lèvres - là où Ben avait posé les siennes quelques instants plus tôt ; il finit par lâcher, comme une balle tirée vers le ciel : « He killed mine too. »

Son ton était neutre. Isaac, qui était généralement émotif et sensible, avait dit ça d’une telle façon qu’on aurait pu croire qu’il parlait de la météo. C’était sa façon à lui de se protéger, malgré tout ce qu’il confiait à Ben en seulement quelques mots. Le whisky lui brula la gorge, lui décrochant un léger froncement de nez. Il ne savait pas vraiment ce que ça allait lui rapporter d’avouer tout ça au chasseur de primes, et n’était pas persuadé que la notion de sympathie fasse partie de la liste, mais le mal était fait. Reposant la bouteille sans pour autant la lâcher, il tourna la tête pour découvrir l’expression de Benjamin face à son propre aveu. Son regard lui était difficile à supporter, mais il se força à maintenir l’échange, dévisageant le jeune homme. Les flammes semblaient lécher le visage de l’homme de loi, radoucissant ses traits à certains endroits, tout en accentuant d’autres. Il nota l’angle carré de sa mâchoire, la pointe légèrement relevée de son nez, la forme de ses lèvres…  Si Ben n’avait pas été si déterminé dans sa quête de justice, Isaac se serait volontiers laissé affaiblir par sa belle-gueule.

« Well, »
commença-t-il en se relevant, prenant appui sur le sol, de sa main bandée. « If you really want to kill him, do it quickly. I bet that the heads of the Silver Gang are already on it ». Il bluffait. Pour ne pas lui montrer qu’il était touché par ses aveux, par sa promesse. Parce qu’Isaac ne voulait pas se montrer aussi faible qu’il l’était réellement. Il avait toujours la bouteille dans les mains, et reposa cette dernière au niveau du chasseur de primes. Il faisait sombre maintenant, la nuit s’étant abattue sur eux, et il savait que Charlotte allait s’inquiéter. Il n’était pourtant pas pressé de partir, mais avait déjà besoin de s’étirer un peu. Le jeune hors-la-loi mourrait d’envie de lui demander les circonstances tragiques ayant provoqué le destin pour que ses parents ne croisent Logan, mais il n’osa pas.

Alors, Isaac se contenta de fixer le ciel étoilé, en faisant craquer sa nuque à gauche puis à droite, pour se détendre.


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Lun 17 Mai - 21:21
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“Like a brother.”

La phrase lui donnait deux informations qu’il détesta dès qu’il les comprit: il n’allait pas l’aider dans sa traque et il allait lui en vouloir lorsqu’il se débarrassait de Logan. Pour le préparer à ce moment fatidique, il lui annonça tout de suite la couleur. Il allait tuer le meurtrier de ses parents, et Isaac pouvait être aussi attirant qu’il le voulait, il ne changerait pas sa détermination. La crispation de sa main sur la bouteille et de ses traits ne lui échappa pas et le cœur de Ben se serra face à ce qu’il lui infligeait. Il ne pouvait pourtant pas lui apporter de réconfort. Même s’il le pouvait, l’ironie du geste n’aurait probablement que jeté de l’huile sur le feu. Il se contenta donc de le regarder en silence, lui donnant tout le temps nécessaire pour digérer l’information, réagir, aussi, d’une façon ou d’une autre. Il se crispa aussi, s’attendant à se faire frapper, espérant que le bandit ait assez de compassion pour ne pas s’en prendre à sa jambe blessée. Il accepterait un coup, peut-être deux, mais au-delà, il se défendrait.

Le choc des mots fut pourtant plus violent que la mâchoire du coyote. Lancée avec nonchalance, la phrase ébranla pourtant le chasseur de prime, rendu sensible par la subtile combinaison de l’alcool, de la douleur et de son attirance qu’il ne se cachait maintenant plus. Il resta interdit, les yeux plantés sur le visage de Baby Outlaw. La grimace due à l’alcool lui donna presque envie de lui retirer la bouteille. Cela ne valait pas la peine de se bousiller la tête s’il n’en appréciait pas le goût, peu importait la souffrance que l’on voulait noyer. Il le laissa pourtant la garder car il tourna la tête pour accrocher son regard. Isaac le dévisageait et il le laissa faire, accueillant presque avec soulagement ces regards inquisiteurs qui n’étaient pas des poings.

“One more reason to get rid of him…” finit-il par dire tout de même. “I’m sorry for your loss.”

Isaac se leva, brisant la tension qui contractait tout l’être de Benjamin tout en le laissant plus seul qu’il ne l’avait jamais été. Il n’aimait décidément pas cette sensation de dépendance qui s’installait petit à petit en lui. Isaac mentionna le nom de la Silver Gang, qu’il avait déjà entendu mais ignoré jusque-là. Il se nota mentalement d’aller chercher plus d’informations sur le groupe de hors-la-loi s’ils étaient reliés d’une façon ou d’une autre à Rogers. Puis ça lui donnerait quelques dollars de plus, vu qu’il savait maintenant avec certitude qu’il ne récupérerait pas la prime de Baby Outlaw. Il se garda pourtant de partager l’information, de peur qu’il n’informe le fameux gang de ses intentions. Il remarqua pourtant que se confier déliait aussi la langue du jeune hors-la-loi, alors il continua sur sa lancée.

“I had a pendant with a picture of my parents… I lost it at this shitty event. I guess that makes me a horrible son...”

Ben prit la bouteille qui était maintenant à côté de lui pour en boire plusieurs gorgées. Il s’en voulait énormément d’avoir perdu ce médaillon, qu’il gardait pourtant autour de son cou ou dans une de ses poches en tout temps. Obnubilé qu’il avait été dans sa recherche de Logan, il n’avait remarqué son absence que bien trop tard. Peut-être qu’il pouvait oublier sa stupidité avec le liquide ambré. Il ne sentait déjà presque plus la piqûre de la morsure, remplacée par la chaleur relaxante de la boisson. Il gardait tout de même assez d’acuité pour remarquer que la nuit était tombée, qu’Isaac était debout et qu’il allait peut-être vouloir partir.

“Stay here, tonight. You can sleep by the fire.”

Il n’allait probablement pas pouvoir rattraper son sommeil dans ces conditions, mais c’était mieux que d’envoyer le jeune homme dans les landes, sans armes et dans le noir. Il pencha la tête vers sa jambe et ce ne fut qu’à ce moment qu’il remarqua qu’il était toujours en sous-vêtement.

“Shit…” lança-t-il avec un demi-gloussement. “Sorry for this show.”

Il s’appuya sur le tronc d’arbre et se leva avec difficulté, boitant jusqu’à la tente en toile beige. Il retira ses bottes, puis son pantalon qui traînait mollement autour de ses chevilles. Sa chemise aussi, puisqu’elle était pleine de sueur et de poussière. Il la secoua et l’étendit par-dessus la tente. Finalement, il sortit d’un sac une tenue complète et propre. Ce n’était pas son costume, mais il avait tout de même tenu à ce que la coupe soit élégante, comme pour toute sa garde robe limitée. Mettre le pantalon avait été une épreuve, mais pas aussi grande que lorsqu’il comprit ce qu’il venait de faire devant le plus jeune. Il était en train de faire le premier bouton de sa chemise et arrêta son geste pour se tourner vers le bandit, curieux de voir sa réaction. Il était hors de question qu’il le laisse savoir que ce n’était qu’une étourderie de sa part. Retrouvant son côté théâtral, il reprit le boutonnage avec une lenteur mesurée, observant en détail les réactions de son compagnon de camp.


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Lun 12 Juil - 18:17
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Ben profita de sa remarque pour insister sur le fait que, selon lui, Logan méritait définitivement de disparaitre. Ce n’était pas le point qu’Isaac avait voulu faire en lui partageant cette information sur sa famille, et il ne put s’empêcher de soupirer, fermant les yeux quelques secondes pour mieux se concentrer sur l’air de la nuit caressant son visage. Toujours debout, il commença à dire, sans rouvrir les yeux : « No…not the way you think. But, undeniably, it was his doing - even if he never wanted it. » Il savourait la brise venant calmer sa peau brulante. Il avait besoin d’air, par chance la nuit lui en offrait.

Le chasseur de primes s’excusa pour sa peine, et Isaac s’empressa de lui rendre ses paroles, en répondant simplement : « Sorry for your parents too ». Ils se ressemblait bien plus qu’ils n’en donnaient l’impression, constata le jeune hors-la-loi. Orphelins, habitués à la vie de vagabonds, peu épargnés par la vie – trois grands points qui avaient forgées leurs personnalités, aussi similaires qu’opposées. Ils auraient certainement pu s’entendre, dans d’autres conditions. Mais tous deux se situaient aux antipodes d’un système, où outlaws and bounty-hunters associés ne faisaient pas bon ménage. Pourtant, Ben s’était jeté pour l’aider face au coyote, et il avait du mal à croire que son lien avait Logan était une raison suffisante pour un tel risque. Hélas, il se faisait peut-être des idées, désireux de voir en son sauveur quelque chose qui n’existait peut-être pas.

Ce dernier mentionna un pendentif et Isaac sut immédiatement de quoi il parlait. Il le lui avait volé lors de la soirée décadente à l’Open Purse, et l’avait gardé dans ses affaires depuis. Il s’en était voulu en découvrant la nature de l’objet qu’il lui avait prit, et comptait le lui rendre. C’était l’occasion, à vrai dire. Lorqu’il ajouta que cette perte faisait de lui un fils indigne, Isaac dut se mordre l’intérieur des joues pour ne pas réagir, la culpabilité allant jusqu’à lui tordre les entrailles. Il choisit donc ce moment pour rouvrir les yeux, tournant la tête vers le jeune homme pour le voir entrain de boire plusieurs gorgées de whisky. Il allait rapidement être complètement ivre, avec tout ce qu’il avait déjà bu pour faire passer la douleur de sa jambe.

« Stay here, tonight. You can sleep by the fire. »

Isaac ne s’était pas attendu à une telle proposition. Après tout, il n’avait pas vraiment envie de se lancer à nouveau sur la route en pleine nuit, et prendre le risque de croiser d’autres coyotes, mais passer la nuit ici, avec lui… cette idée avait un goût d’interdit, comme s’il aurait mieux fait de refuser. Mais ils étaient entre hommes après tout, que pouvait-il arriver ? Ben n’est rien d’autre que cordial, pensa le jeune hors-la-loi. C’est tout.

Le chasseur de primes s’excusa de sa tenue, dont sa pudeur précédente à ce propos semblait avoir disparue. Isaac eut envie de répondre « it’s quite a show indeed », mais il refoula cette même idée aussi vite qu’elle était apparue. Ils n’étaient pas assez proches pour qu’il se permette de plaisanter de la sorte. Il dit plutôt : « It’s ok », et l’observa se relever, hésitant à aller l’aider, mais Ben était toujours en sous-vêtements. Son pantalon trainait encore sur ses genoux, et il ne voulait pas le mettre mal à l’aise. Lui-même d’ailleurs, préférait garder une distance raisonnable entre sa personne et le jeune homme, le feu ayant tendance à lui monter bien trop vite aux joues. Isaac resta alors planté là, à le regarder se déshabiller plus ou moins aisément, pour se retrouver avec son caleçon long pour seul vêtement. Inévitablement, le rouge vint colorer ses joues, pour la énième fois ce soir. Il se pencha alors pour attraper la bouteille que Ben avait abandonné près du tronc coupé, et s’autorisa quelques gorgées. Cette fois il ne grimaça pas, essayant d’apprécier le liquide ambré, même si son attention était ailleurs. Le dos musclé du jeune homme ne le laissait pas de marbre. Il se surprit à parcourir ce dernier du regard avec une certaine fascination, allant même jusqu’à se demander quelle en serait la sensation sous ses doigts. Isaac se força à déglutir, ayant du mal à détacher son regard de du corps de Ben. Il avait conscience de ne pas être sensible aux charmes féminins, et y préférer les attraits masculins. Mais il y avait quelque chose au-delà du physique dans cette attirance envers le même sexe, qu’il n’aurait su définir ; c’était évident, naturel. Quant au chasseur de primes face à lui, il n’était pas vraiment convaincu d’avoir même le droit de le regarder ainsi, avec autant d’arrières pensées déplacées, mais ne pouvait s’en empêcher.

Il était toujours entrain de l’épier lorsque Ben se retourna vers lui, boutonnant sa chemise propre. Isaac était figé, son corps entier raidit par l’impression de s’être fait prendre la main dans le sac. Ses joues devaient redoubler de couleur car il sentait celles-ci s’enflammer, et Baby Outlaw se surprit à prier pour que le chasseur de primes ne le remarque pas.

« I’ll get my things for the night, then », lâcha-t’il en s’éloignant vers la mule, abandonnant la bouteille sur place et fuyant le regard inquisiteur de celui qui l’invitait à passer la nuit sur son campement. A hauteur de l’animal, il commença à défaire la sangle de sa selle, pour la laisser se reposer pour la nuit. Il décrocha ses affaires, déposant sur le sol le baluchon de fortune lui servant de sac. Il hésita à retirer le mords de la bouche de la bête, mais préférait le lui laisser pour la nuit – par précaution, s’il devait décamper en vitesse. Accroupis pour fouiller dans son sac, il se mit à chercher une petite trousse de cuir où il gardait ses trésors. Il y avait quelques objets précieux, dont la montre qu’il avait volé à l’ancien croque-mort - avec la photo de la femme du maire à l’intérieur. Mais il y avait surtout le médaillon de Ben. Isaac fut pris d’une certaine nostalgie. Il n’avait rien gardé de ses parents, n’en n’avait pas eu le temps. Et il ce qu’il soutiré au jeune homme était la seule chose qui lui rappellerait encore les siens. Son geste avait été motivé par son aigreur, qu’il regrettait à présent. Isaac n’avait pas vu le visage des ses géniteurs depuis si longtemps qu’il n’était pas certain d’être encore capable de se les représenter en détails. Ils n’étaient que formes dans ses souvenirs, un sourire ou une voix s’imposant parfois à son esprit, devenant de plus en plus flous chaque jour. Le visage de Logan le deviendrait aussi un jour, flou et lointain. Le pendentif dans les doigts, il le fit tourner pour en observer la délicatesse. Il ne l’avait pas ouvert, par respect, mais avait toute suite devinée qu’il était précieux et intime. Cependant, il remarquait quelque chose de nouveau ce soir, auquel il n’avait pas fait attention avant : le nom de son propriétaire y était gravé, en lettres très fines, légèrement effacées par la friction entre le métal et la peau de son porteur. Benjamin Blackship.

Se relevant, il fit basculer son baluchon sur son épaule, le médaillon toujours dans la main. Il s’avança droit vers le chasseur de primes, hésitant sur ce qu’il allait dire. La vérité ne risquait pas de lui apporter sa sympathie. « I stole this from your pocket because I was pissed off the last time we ran into each other, I’m sorry », ne lui semblait pas être une excuse suffisante pour ne pas se prendre un poing. Et il voulait éviter cette possible conséquence. Il se racla alors légèrement la gorge, ayant conscience de ses piètres talents de menteur, et dit en ouvrant sa paume bandée vers le ciel : « I found it at that shitty party. I didn’t knew it was yours until I looked at the back… ». Le petit bijou reflétait les couleurs chatoyantes du feu de camp, et Isaac releva les yeux vers le propriétaire de l’objet en demandant : « It’s… Benjamin Blackship, then ? ». Un demi-sourire au bord des lèvres, il n’y avait aucune animosité dans sa remarque, plutôt de la curiosité. Le jeune hors-la-loi se demandait s’il allait gober son bobard, et pour ne pas lui laisser trop de temps pour y réfléchir, il avança son autre main pour la tendre vers lui, comme il l’avait chez Charlotte quelque temps plus tôt : « Isaac Lowell. ».



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Sam 20 Nov - 22:52
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S’il n’était pas ivre, il était suffisamment alcoolisé pour ne réussir à penser qu'à deux choses à la fois. Contrôler les informations qu’il donnait à Baby Outlaw et se changer faisait deux, ce qui écartait toute considération pour les pauvres yeux d’Isaac qui pouvaient admirer sa peau nue sans vergogne. Lorsqu’il comprit son audace, il ne rougit cependant pas, sa pudeur oubliée sous les effets de l’alcool, mais une certaine curiosité le força à chercher le regard du hors-la-loi.

Il regretta ses actes dès qu’il posa les yeux sur le dit bandit. Figé comme une biche face au danger, Isaac avait les joues rouges. Ben serra la mâchoire, ses propres joues prenant finalement la couleur qui leur était due. Il l’avait mis mal à l’aise juste après lui avoir proposé de passer la nuit… Il se maudit intérieurement tandis que l’autre s’éloignait. Malgré la confirmation qu’il allait rester, Benjamin n’y crut que lorsqu’il le vit défaire la selle de sa mule. Il soupira, plus soulagé qu’il n’était décent de l’admettre. Laissant le plus jeune à ses occupations, il retourna à son tronc pour s’asseoir. Alcool ou pas, il ne voulait pas mettre trop de pression sur sa jambe. Baby Outlaw avait abandonné la bouteille et il s’en saisit à peine fut-il assis pour en boire encore une gorgée. Il allait avoir besoin de courage pour la soirée qui se préparait.

Benjamin était surpris de sa lucidité sur ses ressentis. Jusqu’à présent, il n’avait uniquement vécu que par et pour sa chasse. La disparition prématurée de ses parents avait mis sa vie et ses sentiments en pause et il était alors persuadé qu’il ne serait pas capable de faire autre chose que de traquer l’assassin. Lorsque son mentor lui avait payé les services d’une fille de joie, pour “le déniaiser”, il n’avait réussi qu’à lui offrir un sourire désolé et ils avaient fini par discuter de leurs vies pendant une heure. Ce manque d’intérêt pour la gente féminine, il se l’était expliqué par sa quête de vengeance. Il aurait le temps de batifoler une fois son némésis enterré, s’était-il dit. Il aurait le temps de fonder une famille, de s’établir quelque part, mais seulement après. Et jusque-là, c’était vrai. Ni son temps dans le groupe de chasseurs, ni les primes qu’il avait récupéré, ni même le baiser de la belle Louisa, n’avaient eu de saveur. Sa vie était grise, monotone, dictée par une mission qui s’était imposée à lui et qui dominait chaque parcelle de son être.

Jusqu’à Isaac.

Baby Outlaw, comme l’appelait l’affiche. Le sobriquet l’avait persuadé qu’il allait tomber sur un bandit de seconde zone, trop jeune pour causer de véritables dommages. Leur première rencontre, il devait l’avouer, avait confirmé ces attentes. Puis il l’avait observé. Puis il y avait eu le bal. Et Baby Outlaw s’était immiscé dans son esprit avec autant de perfidie qu’un serpent, silencieux et discret mais pas moins dangereux. Maintenant, Ben voguait entre la méfiance nécessaire et le désir inavoué. Il était si faible qu’une simple paire d’yeux avait réussi à le faire dévier de sa mission en ajoutant le vert à son tableau monochrome. Pour limiter les dégâts, il avait pris le parti d’être franc envers lui-même et de faire face à ce tumulte. Il avait l’espoir que son discernement suffise à dompter ses pulsions, maintenant que l’objet de son affliction était plus proche que jamais, mais il parlait déjà trop, s'épanchant sur ses parents, sur sa mission, sur son étourderie. Il fallait qu’il fasse attention, ou il s’aventurerait sur un terrain bien plus glissant que celui de vouloir planter la figure fraternelle du jeune homme. Ni l’un ni l’autre n’avait besoin de cela.

Il avait les sourcils froncés et le visage grave lorsqu’Isaac réapparut à ses côtés et, avec lui, le pendentif qu’il aurait pu reconnaître dans le noir. Incrédule, il fit passer son regard du médaillon au visage de Baby Outlaw, imaginant tous les scénarios qui auraient pu amener le jeune homme à se retrouver avec sa possession. La plupart lui firent froncer les sourcils de plus belle, mais il accepta l’histoire, trop heureux de pouvoir lui accorder le bénéfice du doute. Il ne donnait jamais son nom à ses cibles avant de les avoir menées à la potence et le fait que Baby Outlaw connaisse son identité levait une quantité de drapeaux dans son esprit de chasseur de primes, rapidement redescendus par la vague de chaleur qui lui montait au coeur et jusqu’aux joues. Il se saisit de la main avant du bijou.

I know,” dit-il avant de s’en mordre les doigts. “I mean… Nice to finally meet you for real, Baby.

Il retint les doigts d’Isaac un peu plus longtemps que nécessaire, se plongeant dans ses yeux avec un sourire mi-amusé mi-satisfait. Le premier sourire sincère qu’il lui offrait, s’il avait bonne mémoire. Il lâcha la main pour se saisir du médaillon, encore chaud des attentions d’Isaac. Il l’ouvrit pour s’assurer que les photos étaient encore bien en place. Ses parents étaient plus jeunes que ce qu’il se rappelait d’eux, mais cela leur donnait un air immortel que Ben chérissait. Il passa la chaîne autour de son cou puis dans sa chemise, trop heureux de retrouver le métal du bijou contre sa poitrine. Il posa la main par-dessus sa chemise, un sourire un peu triste au bord des lèvres, avant de relever les yeux vers Isaac.

Thanks, it means a lot to me.

Il y eut un moment de flottement, un silence dans lequel il espérait que le bandit ressente toute sa gratitude. Il leva finalement les yeux au ciel pour y chercher dans les étoiles un sujet de conversation, mais ne fut accueilli que par un noir profond, peut-être révélateur de la véritable nature de leur relation. Mais Ben ne voulait pas se laisser porter par un pessimisme mal venu. Il avait à nouveau son médaillon, Isaac était à ses côtés et presque avenant, et il avait surtout bu suffisamment pour oublier qu’un coyote venait de lui croquer la cuisse.

Sorry for… hum… handling you, in our last encounters,” jeta-t-il finalement avant d’essayer d’attraper le regard du jeune hors-la-loi. “I guess I could have been more gentle.

Son esprit embrumé dériva sur toutes les façons dont il pouvait être “doux” et il se racla la gorge en détournant son visage pour ne pas penser à ce genre de choses.


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Statut : cœur d’artichaut, elle fait tourner les têtes pour son joli minois, sans jamais s’abandonner plus loin qu’à ses rêveries
Job : petite main, elle s’acquitte de toute tâche qu’on lui propose : blanchisseuse, couturière, vendeuse à l’épicerie Rinaldi, femme de ménage pour les Hennessy… Consuelo ne rechigne jamais lorsqu’il s’agit de gagner quelques sous.
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Ben attrapa sa main avant de prendre le pendentif, surprenant Isaac qui remarqua pour la première fois le rouge sur les joues du jeune homme. Ce contact le mettait-il mal à l’aise ? Il semblait pourtant bien plus tactile que lui en temps normal…

« I know »


Isaac haussa un sourcil. Il se doutait que le chasseur de primes avait pris sa mission à cœur, et que depuis qu’il avait appris son vrai prénom à l’Open Purse, il en savait certainement plus sur sa personne que lui-même, mais l’entendre l’avouer à voix haute le fit sourire. Était-ce l’alcool qui déliait leurs langues d’une telle façon ? Ou les confessions sur leurs similarités, les rendant plus humains ?

« I mean… Nice to finally meet you for real, Baby. »

Le sobriquet choisi fit frissonner Isaac. Il comprenait bien la référence à son pseudonyme ridicule, mais entendre ces mots dans la bouche du chasseur de primes avec un drôle de goût – mélange de sucre et d’amertume. Il se moquait de lui, et cette fois, le jeune hors-la-loi ne rougit pas. Un sourire en coin s’étira sur son visage en découvrant celui que Benjamin lui offrait. Car sa moquerie n’avait pas pour but de le blesser, et il était bien décidé à le lui rendre maintenant qu’il ne voyait plus en lui un ennemi. Il avait peut-être tout faux. Il aurait très bien pu être en train de se faire manipuler, Benjamin l’ayant aidé et essayant de le mettre à l’aise pour récupérer plus d’informations sur Logan… mais il voulait croire qu’il s’était jeté devant ce coyote pour d’autres raisons que son propre désir de vengeance. Au moins par humanité.

Les doigts du jeune homme glissèrent loin des sien et Isaac l’observa passer la chaine du médaillon autour de son cou. Il accepta ses remerciements non sans une certaine gêne, secouant la tête avant de répondre : « …don’t thank me, it’s normal. I would feel the same if I had such a thing. » Le silence qui suivit lui sembla trop long, comme si aucun d’entre eux ne savait quoi ajouter après toutes ces confidences et ses révélations. Perdus entre deux états, ils n’étaient plus des inconnus, mais leurs connaissances de l’autre étaient limitées, installant un climat de curiosité qu’Isaac n’osait pas franchir.

Il finit par poser ses affaires sur le sol, et s’assoir aux côtés du jeune homme, attrapant une grosse buche pour poser son cul dessus. Il passa sa main non bandée dans ses boucles indisciplinées, songeant qu’elles étaient longues et qu’il lui faudrait demander à Charlotte de les lui couper.

C’est Ben qui reprit la parole en premier. Il s’excusait de l’avoir malmené lors de leurs précédentes rencontres, et tourna son visage vers le sien avant de se racler la gorge. En toute honnêteté, Isaac ne lui en tenait pas rigueur. Il ne faisait que son métier, et les chasseurs de primes délicats n’allaient souvent pas bien loin avec leurs primes. C’était lui qui se montrait être un piètre hors-la-loi. « It’s ok, I… I understand your motives. », commença-t-il en détaillant les traits du jeune homme, cherchant à lire la sincérité dans son expression, mais y trouvant autre chose, comme si son esprit était ailleurs. Les pensées d’Isaac étaient un peu confuses - avec toutes ses gorgées de whisky qu’il s’était autorisé à boire ; sans pourtant en apprécier le goût.  Il essaya d’argumenter : « I’m just not used to be… handled. Gently or not, but especially not. » Mais regretta son choix de mots et leur double sens dès qu’ils franchirent ses lèvres. Il se racla la gorge à son tour, gêné, avant de tendre la main pour que Benjamin lui passe la bouteille, qu’ils allaient très certainement vite terminer à ce rythme. « In short, I don’t mind you for that. It’s understandable, as I already said », conclu Isaac, en plongeant son regard dans le feu, hypnotisé par les flames dansantes- réchauffant l’atmosphère - qui n’avait plus rien de glacial entre eux.

« Tell me, Blacksheep » commença-t-il en marquant une pause pour insister sur ce surnom tout trouvé. « …for how long have you been doing that? ». Il l’avait trouvé terriblement jeune pour exercer un tel métier, dès leur première rencontre ; mais le chasseur de primes devait penser la même chose de sa situation. Son regard toujours perdu dans le brasier, il sentait ses sens se désinhiber grâce à l’alcool. « Hunting people like me, I mean, not to serve as a meal for the coyotes », plaisantât-il, preuve de son état. Le jeune homme semblait déjà en savoir tant à son sujet : il savait pour Logan, pour ses faits d’armes, et pour ses parents maintenant. Baby Outlaw quant à lui, ne savait rien de l’homme qu’il avait en face de lui.

Une goutte tomba sur sa nuque, se mêlant au sang séché qu’il n’avait pas encore eu l’occasion de nettoyer. Isaac releva la tête, tournant une paume vers le ciel pour sentir s’il allait pleuvoir. C’était une goutte isolée pour le moment, suivie de quelques-unes tout aussi rares. Ils pouvaient encore profiter du feu pour quelques temps, mais le jeune hors-la-loi n’allait pas pouvoir passer la nuit dehors comme prévu s’il ne voulait pas attraper la mort.




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Dim 6 Mar - 19:51
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Il y avait un certain malaise entre eux que Benjamin regrettait tout autant qu’il appréciait. Regrettait, naturellement, parce que personne ne voulait marcher sur des œufs pour une soirée entière. Appréciait, par simple déformation professionnelle. Ce n’était jamais bon qu’un hors-la-loi se sente trop à son aise à ses côtés. Mais au-delà de ça, cela signifiait aussi qu’il n’était peut-être pas le seul à être chamboulé par ce qu’il se passait, quoi qu’il se passait entre eux. Le fait qu’Isaac reculait à son touché lui avait enlevé tout espoir que ce qu’il ressentait était réciproque, alors le voir ainsi rallumait en lui une petite curiosité qui le forçait à se demander “et si?”.

Alors il l’observait aussi longtemps qu’il le pouvait, buvant ses paroles, apprenant ses traits encore plus qu’il ne les connaissait déjà, effaçant petit à petit l’image dessinée et immature par le visage un peu trop sérieux, un peu trop triste, mais si vivant qu’il en bafouillait ses mots. I know… Le sourcil de Baby Outlaw se leva au même rythme que ses pensées confuses. Oui, il savait qui il était. Il avait traqué son véritable nom dès le lendemain de leur première rencontre, après s’être assuré qu’il était au travail pour la journée entière.

Il n’avait pas beaucoup dormi, cette nuit-là. Son manteau en guise de sac de couchage, il avait observé la demeure, prêt à suivre toute ombre qui en sortait ou y pénétrait, la main sur le colt. Il était si près, à ce moment-là, qu’il pouvait presque entendre le souffle de Rogers dans le vent de la lande. Mais le jeune hors-la-loi avait passé la nuit seul, tout comme les jours qui avaient suivi. Le seul événement notable, mis à part le bal, était cette étrange soirée qu’il avait passée autour d’un feu de camp à la ferme Doyle, mais même les volutes de sauge n’avaient pas attiré sa cible. Bref, dans les dernières semaines, Isaac n’avait rien fait d’illégal et n’avait vu personne de compromettant. Si le chasseur en était fâché, Benjamin ne pouvait pas s’empêcher d’être soulagé de ce manque d’activités illicites, se berçant de l’illusion que Baby Outlaw n’était qu’un jeune fermier travaillant de l’aube au couchant, perdant la moitié de son sobriquet pour ne devenir que Baby.

Il l’avait appelé ainsi sans même y penser, dans une boutade peu intelligente, mais qui effaçait aussi toute l’animosité qu’il pouvait garder en lui. Baby. Ben parlait, mais le nom qu’il lui avait donné tournait dans ses pensées. N’était-il pas trop proche, sur sa bûche? Ou alors il avait perdu les notions de distance. Dans un cas comme dans l’autre, son coeur s’affola un peu, et il déglutit avec une certaine difficulté lorsqu’Isaac passa ses longs doigts dans les mèches brunes qui lui couvraient le crâne. Il se surprit à le jalouser. Isaac était injuste, à lui faire miroiter la sensation alors qu’il se figeait ou se retirait dès qu’il l’approchait. Puis il réfléchit.

Il n’était pas surprenant qu’il se crispe. Toutes les fois précédentes, Benjamin n’avait fait montre que d'agressivité ou de manipulation, deux comportements si ancrés dans son quotidien de la dernière décennie, ou presque, qu’il en avait oublié que ce n’était pas une bonne base pour une relation de n’importe quelle autre nature que la rivalité. Mais il n’était pas traqueur sans manipulation, et il n’était pas homme sans agressivité. S’il ne pouvait pas se départir de ces deux facettes, il devait en adopter une nouvelle, plus vraie, mais aussi plus vulnérable. La simple éventualité lui retournait l’estomac avec plus d’efficacité que le whisky qu’il avait ingéré.

Il s’excusa pourtant, à défaut de ne pas pouvoir apporter plus, pour le moment. Et Isaac accepta ses excuses alors que lui-même se perdait à nouveau sur ses traits. S’il avait compris ses intentions d’avant, il doutait qu’il comprenne celles qui l’habitaient maintenant. Il ne pouvait pas savoir qu’il voulait lui aussi passer la main dans ses boucles, lui chuchoter milles pensées au creux de l’oreille, entre-coupant ces confidences de milles baisers au creux de son cou pour en chasser la blessure. Et s’il savait, il n’accepterait probablement pas. Ben était homme, grossier et manipulateur, et avait pour seul but de tuer son frère. Chaque énoncé était un obstacle de taille…

Mais Baby Outlaw ne l’aidait pas vraiment et ses explications ne faisaient qu’alimenter ses pensées peu justifiables. Il passa la bouteille au plus jeune, prenant soin d’effleurer ses doigts au passage pour l’habituer petit à petit à son contact. Il attendrait le temps nécessaire et ne prendrait que ce qu’Isaac voudrait bien lui offrir. Lui toucher les mains ne lui semblait pas trop envahissant, mais il observa tout de même avec attention ses réactions. S’il sentait un malaise, il ne se permettrait plus ce genre de contact. S’il n’y en avait pas, il continuerait d’explorer avec patience, laissant le plus jeune établir les limites de ce qu’il pourrait se permettre. Il espérait au moins pouvoir le serrer dans ses bras, parce qu’il n’était pas normal qu’un être aussi doux n’ait pas l’habitude de tendresse.

« You should have been, » lâcha-t-il trop vite pour que son esprit embrumé puisse le retenir.

Isaac se tourna vers le feu et Ben en profita pour reprendre la respiration qu’il avait perdu sous l’examen du hors-la-loi. Il avait chaud, se sentait à l’étroit dans sa tenue pourtant parfaitement à sa taille et il savait pertinemment que l’alcool n’y était plus pour grand-chose.

Isaac évitait encore de le regarder lorsqu’il reprit la parole et Ben grimaça à la déformation de son nom. Il laissa pourtant couler, premier fautif dans ce jeu de pseudonymes. La curiosité d’Isaac était légitime, mais Blackship était, de nature, peu enclin à partager son histoire. En particulier avec un complice de Rogers. Mais pour commencer une amitié saine avec Isaac, il devait rétablir un peu l’équilibre. Ça ou alors l’alcool et le désir lui disaient de mettre ses réticences au feu.

« Like you? You’re the first, » avoua-t-il, ne tentant même plus de cacher le double sens.

Un sourire amusé flotta sur ses lèvres alors qu’il épiait la réaction d’Isaac. Une partie de lui espérait qu’il se contenta de cette réponse, mais il savait que ce n’était pas une information suffisante pour équilibrer les choses.

« It’s been eight years, maybe nine? Third year solo, though. Lost my mentor to train robbers. »

Si en temps normal, il n’était pas peu fier de son tableau de chasse, il se doutait que s’en vanter n’était pas la meilleure des choses à faire lorsque celui d’en face était supposé en faire partie.

« As for coyotes, they prefer boys without weapons, it seems. » Il agrémenta la pique d'un sourire. « And I definitely won’t shield the first one that comes around... »

Il savait pertinemment le sens de cette déclaration mais laissa Isaac l’interpréter comme il le souhaitait. Le sourire toujours sur les lèvres dans l’espoir qu’il comprenne, il ne lâchait toujours pas le hors-la-loi des yeux, observant le bout de son oreille qui disparaissait sous ses cheveux. Le sang qui lui avait coulé sur la nuque avait séché et Ben voulut le lui essuyer. Il tourna la tête vers sa gourde, assez proche pour l’attraper au besoin, mais il ne le fit pas. Il reporta son regard sur sa jambe pour l’instant anesthésiée par l’alcool qui lui coulait dans les veines.

« You could have let me, ya know? » Il releva la tête. « Would have make sense. Would have been smart, even. »

Il n’avait pas vraiment peur de mourir. Son seul regret aurait été de ne pas avoir emporté Logan dans sa tombe avec lui. Mais la silhouette d’Isaac qui se détachait des flammes lui rappelait qu’il aurait probablement regretté de ne pas savoir si… si… Il ne savait pas trop… Des milliers de questions et de scénario se bousculaient dans sa tête et il se la prit dans une main pour tenter d’arrêter le flot d’images qui envahissait son imagination jusqu’à en corrompre sa vision de la réalité. Isaac rougissait-il? Était-il si proche que cela? Était-ce le feu crépitant qui lui brûlait les poumons jusqu’à l’essoufflement et les joues jusqu’au rouge?

« I’m glad you didn’t, » murmura-t-il. « I have too many questions left. »

Le sang séché attira encore son attention. Il prit finalement la gourde et hésita entre la lui lancer, pour le simple affront de se faire désirer, ou la lui verser sur la chemise pour rendre le tissu transparent. Cela aurait été juste, après tout, il l’avait déjà vu en sous-vêtements. Mais la nature s’occupa d’exaucer ses vœux, les quelques gouttes discrètes prenant de plus en plus d’ampleur.

« Tent, now. »

La voix de Ben s’était faite directrice. Il se leva, s’appuyant sur sa jambe valide et sautant jusqu’à l’ouverture dans la toile.

« Don’t get your boots inside. »

Il retira la botte de sa jambe mordue debout mais dû s’asseoir les fesses dans la tente et les mollets dehors pour retirer l’autre. Une fois fait, il se recula pour laisser la voie libre. Après toute la chaleur qu’il avait ressenti près du feu, il avait maintenant froid.



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Alors qu’il expliquait ne pas être habitué à être touché, tendrement ou non, Ben le coupa pour insinuer que ça aurait pourtant dut être le cas. Isaac se mit à froncer les sourcils, attrapant la bouteille en sentant les doigts chauds du chasseur de primes glisser contre les siens. Il était surpris par une telle déclaration, et ne sut quoi répondre. Il avait perdu ses parents le jour de ses onze ans, Logan l’avait recueilli malgré lui, lui offrant une relation fraternelle où la tendresse n’était pas quelque chose de courant. Il comptait pour lui, Isaac le savait – enfin, jusqu’à son départ – mais il avait une autre façon de le montrer.

La question sur les activités du chasseur de primes fut accueillie bien différemment, avec plus de chaleur, laissant place à la plaisanterie. Benjamin avoua qu’Isaac était le premier en son genre, et le jeune hors-la-loi le crut sur parole. Il devait lui sembler bien ridicule, face aux vrais bandits, répondant pour des crimes aussi réels que sanglants. Baby Outlaw n’avait à se reprocher que sa complicité, qui lui valait tout de même ce surnom ridicule accompagné d’une prime de quelques dollars sur sa tête.  

Apparemment, le jeune homme avait commencé ses activités à la même époque que lui, ajoutant encore plus de similitudes à leurs histoires. Et tout comme Isaac, il avait perdu son mentor. A quel point étaient-ils donc semblables ? Ils avaient pourtant l’air si différents, à première vue. Toutes ces similitudes intriguaient le jeune homme, dont la curiosité faisait taire tous les signaux que sa tête lui envoyait pour qu’il se méfie du chasseur de primes. La pique sur les coyotes préférant les garçons sans armes fit rire Lowell, qui ne sut ensuite comment interpréter la remarquer concernant le fait que Ben ne prenait pas la défense de n’importe qui dans ce genre de situation. Était-ce à cause de son lien avec Logan ?  Tenait-il tant que ça à sa vengeance, au point de se mettre en danger dans sa quête d’informations ? Isaac espérait que non, mais restait hésitant quant à la réponse.

Et Benjamin continuait. Cette fois, il insinua que Baby Outlaw aurait peut-être mieux fait de l’abandonner à son sort face au coyote. Que ça aurait même été intelligent.  

« I know », dit-il alors qu’il n’y avait même pas pensé, sur l’instant. L’aidé lui avait semblé si naturel. Isaac était plutôt altruiste de nature, du genre à tendre la main et à se faire mordre en retour.  « Maybe I’m very smart, helping the same bounty-hunter that just shield me from a coyote », ajouta-t-il, peu convaincu par ses propres mots mais aimant cette idée : celle d’avoir du contrôle sur toute cette situation qui le dépassait amplement.

Il regarda Benjamin. La pluie se faisait plus dense autour d’eux, prenant plus d’ampleur, pendant que le chasseur de primes le remerciait de ne pas l’avoir abandonné à son sort -ajoutant qu’il avait encore des questions pour lui. Isaac, qui comprenait son point de vue même s’il aurait aimé entendre une autre raison pour ses remerciements, de contenta de dire : « I’m glad too… seems better to be your ally than your enemy… ». Le brun était même persuadé qu’ils auraient pu bien s’entendre, sans toute cette histoire de vengeance et de lois. Après tout, Benjamin semblait bien plus humain ce soir, que toutes les fois précédentes où ils s’étaient croisés. « Are you ok? » ajouta-t-il en posant une main sur son épaule, alors que le jeune homme tenait son visage dans une de ses mains, comme s’il se sentait mal. Benjamin ne sembla pas l’entendre. Il attrapa une gourde, avant de lui ordonner d’aller dans la tente, la pluie redoublant de violence de façon assez soudaine : « Tent, now. »

Isaac hésita.

Il se voyait mal passer la nuit sous la même tente que celui qui voulait la peau de son frère et en même temps, il n’allait pas rester là sous la flotte. Le chasseur de primes se leva sans l’attendre, allant en boitant vers la toile, avant de retirer ses bottes – non sans difficulté. Isaac quant à lui, resta planté là sur sa bûche, incapable de savoir s’il devait vraiment le rejoindre ou non. En temps normal, il se fichait bien de dormir seul ou avec quelqu’un d’autre. Il ne se posait même pas la question avec Chuy par exemple… mais là, l’enjeux lui semblait différent. Benjamin avait bien trop d’impact sur lui, qu’il le veuille ou non.

Ce dernier semblait sérieux, se décalant même pour lui faire de la place.

Quand Isaac commença à être vraiment trempé, réalisant quand le feu commençait à s’éteindre et l’obscurité à prendre plus de place, il se releva pour aller le rejoindre. Son baluchon avait bien pris la pluie, lui aussi, avec toutes les affaires qu’il contenait.

Le jeune hors-la-loi se glissa sous la toile non sans être encore une fois gêné, retirant ses bottes comme le lui a demandé le chasseur de primes. Il aurait mieux fait de se dépêcher un peu plus pour le rejoindre, plutôt que de rester sous la pluie ; il allait maintenant avoir froid toute la nuit avec ses vêtements humides et ses cheveux trempés. S’asseyant dans la tente, il constata que celle-ci était exiguë, et le jeune hors-la-loi n’avait d’autre choix que de se retrouver à quelques centimètres seulement du chasseur de primes. Il y avait un goût d’interdit dans toute cette situation, et Isaac s’efforçait de ne pas laisser paraitre son embarras. L’idée même qu’il allait dormir aux côtés de cet homme le troublait, mais pas pour les bonnes raisons. Il aurait dû ressentir une incommodité par rapport à Logan et aux projets du jeune homme pour lui… mais il était plutôt confus par ce que leur rapprochement physique insinuait dans son esprit, et les images peu conventionnelles qui s’y immisçaient sans qu’il ne puisse les contrôler.

Le jeune hors-la-loi s’allongea, pour donner l’impression de prendre ses aises, juste assez pour chasser son air embarrassé. Le regard perdu vers le toit de la tente, il écoutait les gouttes de pluie tomber sur la toile, les bruits de la nuit et la respiration de Benjamin. Ce dernier lui semblait trop proche, et il savait déjà que la nuit allait lui sembler longue. Heureusement, avec tout le whisky qu’ils avaient bu, l’atmosphère serait certainement moins lourde – si la consommation du chasseur de primes était légitime, la sienne n’avait aucun sens ; Isaac ne buvait pas autant en temps normal. Son torse se soulevait à un rythme régulier, secoué parfois de frissons dans sa chemise trempée. Ils étaient bien mieux auprès du feu, et le brun ne se voyait pas demander à son hôte de lui passer des vêtements secs pour la nuit… il y avait très certainement des limites à son hospitalité.

Tournant son visage vers ce dernier, il pila son bras - le plus proche du jeune homme - pour venir le caler sous sa tête. « Go ahead. » Marquant une pause, il finit par ajouter : « Ask your questions. You said earlier you still have too many left ». Isaac n’allait pas être capable de dormir toute suite, pas avec le froid ni la présence de Benjamin si près de lui. Autant gagner la confiance de ce dernier et peut-être même le faire changer d’avis, si la nuit continuait à les contraindre dans un si petit espace. « …and as you said at that party, we can maybe help each other to find him. » Lui-même allait peut-être glaner des informations sur son mentor, à travers les dires de Ben. Il regardait le chasseur de primes en s’attardant sur ses traits. Il les distinguait moins bien dans l’ombre de la tente. Il s’attarda alors sur ses cheveux humides et luisants dont l’aspect désordonné le rajeunissant, là où sa coiffure habituelle trop impeccable durcissait ses traits. Benjamin était insolemment beau, ce genre de grâce indéniable qui ne laisse personne de marbre. Si seulement leur situation n’était pas ce qu’elle était…

« We make a pretty good team already », lâcha-t-il sans même le vouloir, l’alcool déliant sa langue bien plus qu’il ne le souhaitait. En redirigeant son regard vers le plafond de la toile de tente, il prit une profonde inspiration. Il pouvait bien s’extasier sur son corps, le chasseur de primes ne voudrait pas moins récupérer l’argent sur la tête un jour ou l’autre. Ce dernier avait beau l’avoir aidé face au coyote, et se montrer de plus en plus agréable, il n’allait pas reculer face à son désir de vengeance. Non, Isaac pouvait s’imaginer bien des choses, se trouver un milliard d’excuses, ils restaient surtout deux des hommes - aux objectifs opposés. L’alcool jouait peut-être un rôle dans tout cela, et le petit jour aurait vite fait d’en effacer les traces.

« Or I can let you sleep, you must be tired with your leg and everything »,
lui-même bailla en prononçant ces mots, jetant un coup d’œil à Benjamin pour s’assurer de son état. Avec sa jambe en douloureuse, il devait avoir besoin de repos.



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Consuelo Ricci
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Lun 20 Juin - 21:35
dog days are over

ft.  @Isaac Lowell

Isaac lui fit remarquer que lui aussi l’avait sauvé, et il n’avait pas vraiment tort. Maintenant que l’alcool désinhibait ses pensées, il savait qu’il l’avait fait pour ses beaux yeux, mais la partie pragmatique de son esprit voulut tout de même le persuader que la raison était Rogers. Il se garda pourtant de donner l’une ou l’autre justification, la première étant diablement culottée, la seconde bien trop lourde d’implications. Isaac continuait sur sa lancée, insinuant qu’il souhaitait être un allié plus qu’un ennemi et Ben dû se mordre l’intérieur des joues pour ne pas répondre une nouvelle phrase à double sens. Décidément, il ne devait pas comprendre dans quel état il le mettait… Pire encore, voilà qu’il posait la main sur son épaule. Le chasseur de prime prit une longue inspiration pour cacher son affolement, mais déjà la main disparaissait pour laisser place aux gouttes froides de cette pluie printanière, presque douloureuses après les doigts de Baby Outlaw.

S’il arriva rapidement dans la tente, malgré son handicap temporaire, Isaac se fit désirer. Sa présence l’importunait-elle au point qu’il préfère attraper la crève? Il allait l’appeler encore, mais se retint. S’il ne voulait pas venir, il ne pourrait pas le forcer, mais s’il souhaitait mourir de froid, il aurait au moins dû avoir la décence de le prévenir. Cela lui aurait évité de perdre sa jambe pour le mois... Ben attendait donc, à demi allongé, en équilibre sur ses avant-bras et les yeux plantés sur le feu qui perdait en intensité, probablement comme Isaac perdait en chaleur. Il n’entendait que les gouttes sur les feuilles des arbres au-dessus d’eux, sur les cailloux sur le sol, sur la toile de la tente, et il se demanda quelques instants si le hors-la-loi en avait profité pour partir.

Isaac?” l’appela-t-il, la voix presque tremblante de cette soudaine solitude.

S’il préférait être seul, il était tout de même déçu que le jeune homme décide de prendre la poudre d’escampette après la soirée qu’ils venaient de passer. D’abord trop pernicieux, il avait dû se montrer trop avenant, ce soir. Décidément, se faire des amis était bien plus compliqué que se faire des ennemis… Au moment où il allait lancer un juron contre son incompétence sociale, Isaac apparut dans l’ouverture de la tente. Il resta interdit quelques secondes, le regardant, enfin regardant plutôt son ombre, se glisser à l’intérieur avec toute l’humidité qu’il avait prise. Les mèches qu’il avait souhaité caresser plus tôt étaient gorgées d’eau, tout comme la chemise qu’il devinait transparente, bien que l’obscurité ambiante l’empêchait d’en profiter. Il se lécha tout de même la lèvre inférieure, soudainement assoiffé de contact. De son contact…

Isaac s’allongea et Ben paniqua un peu lorsque l’angle lui fit croire qu’il allait s’adosser contre lui. Il se raidit, prêt à accueillir le jeune bandit qui finalement alla tremper une des couvertures posée sur le sol. Il l’aurait engueulé, sans doute, s’il arrivait à penser à autre chose qu’à ce qu’il s’était passé dans sa tête. Isaac contre lui était une bien douce façon de se retrouver trempé… Il se força à ne pas le regarder, mais il connaissait déjà sa silhouette dans les moindres détails. La carrure élancée, la dégaine un peu timide et l’attitude insolente, il les avait observés bien avant que son intérêt se mût et il était surpris d’à quel point des observations qui lui étaient nécessaires en temps normal lui apparaissaient maintenant comme impudentes. Car il y avait en effet une frontière bien distincte entre reconnaître une proie dans une foule et fantasmer sur un être en secret. Isaac, dont la douceur des traits contrastait avec la violence des faits passés, brouillait cette frontière, ne laissant à Benjamin qu’un goût mi-doux mi-amer, partagé entre l’admiration fiévreuse et l’hostilité habituelle. Mais ce soir, il n’était pas chasseur, il était proie. D’abord du coyote, puis du whisky et enfin de ces yeux verts, déchirés par la tristesse et l'isolement.

Il s’allongea aussi, posant son dos contre les couvertures pour lui aussi admirer la toile au-dessus d’eux. Il se tourna peu après lui, imitant sa posture, ignorant la protestation de sa cuisse. Ils étaient si proches l’un de l’autre que Ben n’aurait même pas eu à tendre le bras pour le toucher. Il hésitait à le faire, pour éloigner la boucle qui décorait sa tempe, lorsqu’Isaac lui dit “Go ahead”. Ses sourcils se froncèrent et il attrapa le regard du bandit, allant d’un œil à l’autre sans pouvoir se poser. Venait-il vraiment de lui donner le droit de le toucher? Quoi qu’il en soit, il n’allait pas se faire prier. Il leva la main, doucement, et l’arrêta juste à temps pour que le bandit ne le remarque pas lorsque ce dernier continua sur sa lancée.

Ah, il voulait connaître les questions… Ben réfléchit. Il avait certes des questions à lui poser, mais aucune ne se prêtait à la situation actuelle. Ils étaient tous deux détendus, plus proches qu’il ne pouvait l’espérer et il n’avait aucunement envie de rompre l’enchantement, même si Isaac lui-même faisait mention de Rogers. Silencieux, il se contenta de l’observer, à la recherche d’un sujet neutre dans lequel aucun des deux n’aurait à souffrir des choix de l’autre. Il ne le connaissait pas vraiment, mais il savait qu’Isaac avait déjà suffisamment souffert pour qu’il ajoute encore à son fardeau. Enfin, plus encore qu’il n’allait probablement le faire lorsqu’il trouverait enfin ce frère d’adoption. Il cherchait comment répondre lorsque le jeune bandit mentionna qu’ils faisaient déjà une bonne équipe. Ben avait envie d’y croire, mais ça aurait été oublier beaucoup trop de choses. Sa mission, en premier lieu, qui le forçait à utiliser Baby Outlaw pour avoir le plus d’informations possible. Son désir, en second, qui pervertissait toutes les pensées qu’il avait d’Isaac. Si jusque-là il avait réussit à garder l’une comme l’autre sous contrôle, sa propre résistance s’étiolait à chaque souffle qu’il sentait sur son visage grâce à leur proximité. Isaac se rallongea, mais Ben garda sa position pour observer ce qu’il pouvait distinguer de son visage fin. Il se mordit les lèvres à la vue des siennes, se demandant soudain quel goût elles pouvaient bien avoir.

You’re tempting me, Lowell,” répondit-il, le cœur battant et les mains moites, avouant finalement à voix haute le désir qui lui nouait l’estomac depuis qu’il ne sentait plus la morsure. “With your team idea…” ajouta-t-il presque à contre-coeur pour ne pas l’effrayer.

Il frissonna tout autant qu’Isaac, mais ce n’était pas de froid. Il voulait qu’il sache l’effet qu’il avait sur lui tout autant qu’il refusait de le laisser savoir. Alors il parlait en sous-texte, sussurait presque sous des phrases qui pouvaient être innocentes si Isaac le décidait ainsi. Il se rendit alors compte d’à quel point Isaac était maître de son humeur, pour ce soir, et il se dit qu’il était temps qu’il reprenne un peu les choses en main. Chuchotant, puisque l’obscurité appelait à parler à bas-mots, il se pencha un peu plus près de son oreille.

So, I can ask you some questions?” Il n’attendit pas qu’il réponde pour continuer. “First of all: are you really going to sleep like this and drench all my covers?

Il eut un petit sourire narquois pour cacher le fait qu’il s’inquiétait plus pour lui que pour ses couvertures. S’asseyant de nouveau pour ne pas laisser sa taquinerie le pousser dans les bras du bandit, il prit une chemise dans la pile de linge proprement pliée dans un coin de la tente.

You can keep this one, it’s too tight for me.

Et un peu trop grand aussi, mais il n’allait pas le lui dire. Il tira la couverture humide de sous les fesses d’Isaac. Elle allait servir de serviette pour les cheveux du bandit décida-t-il.

Your hair is wet…” dit-il en tenant la couverture. “Want me to help you with that?

Il attendit que le hors-la-loi lui donne sa réponse avant d’agir. Lentement, comme il aurait approché un bête à peine apprivoisée, il approcha ses mains recouvertes du long tissu. Il plaça la couverture sur la tête d’Isaac avec une délicatesse qu’il ne connaissait pas puis commença à frotter pour en retirer l’humidité. Il n’avait pas oublié qu’il était blessé et profita du moment pour s’assurer qu’il n’y avait vraiment rien de grave. Il essuya la nuque de son protégé d’un soir avec un des pans, puis retourna son attention sur la chevelure en bataille. Elle était aussi sèche qu’elle le pouvait, maintenant, mais il s’attarda tout de même, épongeant les pointes déjà dégorgées et le cou maintenant chaud. Lorsque ce fut trop long pour être justifiable, il jeta la couverture à leurs pieds d’une main, passant finalement l’autre dans les boucles un peu trop longues. Pour s’assurer qu’elles étaient sèches, dirait-il si Isaac posait des questions, mais le whisky lui faisait oublier les notions de temps et de pudeur, et il caressa le cuir chevelu bien plus longtemps que nécessaire.

Il se râcla la gorge et se rallongea pour laisser l’espace à Isaac pour changer de chemise, sa jambe saine relevée pour cacher ce que l’obscurité ne faisait pas déjà. Il se couvrit les yeux de son avant-bras pour laisser un peu d’intimité au bandit, bien que l’envie de l’épier était forte. Il devait parler pour chasser ce malaise, penser à autre chose qu’à la naissance de ses cheveux de jais sur sa nuque blanche…

I don’t want you to help me,” lâcha-t-il alors, la voix à nouveau rêche. “I know you don’t want me to find him, I won’t ask you to help.

Il n’était pas si cruel. Enfin, il avait déjà fait ce genre de chose, demander à un ami de pourriture de l’aider dans sa quête, mais il ne pouvait définitivement pas le faire à Isaac. Cela signifiait aussi qu’il allait probablement relâcher sa surveillance sur le faux fermier. De toute façon, il ne savait de toute évidence pas où Rogers se cachait, et l’ordure ne semblait pas vouloir renouer avec son “petit frère”. Il serra la mâchoire et les poings, se jurant de faire payer à cet enfoiré l’abandon d’Isaac autant que la mort de ses parents. À moins que le plus jeune souhaite lui-même se faire justice. Après ce qu’il espérait être suffisamment de temps pour que Baby Outlaw se change, il se releva sur ses avant-bras.

Do you want me to bring him to you before?

Il savait qu’il prenait un risque en le lui proposant, mais il voulait offrir à Isaac la possibilité de dire au revoir à une figure fraternelle, aussi pourrie soit-elle. Il espérait que le bandit comprenne ses intentions, alors ce fut son tour de placer une main sur son épaule, arrivant avec une lenteur mesurée pour ne pas l’effaroucher, chuchotant encore.

It’s up to you, though. I’ll understand either way.

Il tenta un sourire, probablement avalé par le noir. Comme il avait envie de l’attirer contre lui pour le rassurer! À ses yeux, l’ironie du geste disparaissait totalement sous le désir de lui apporter un peu de cette tendresse dont il avait manqué. Ses doigts agirent sur son désir plutôt que son esprit et se rapprochèrent de la nuque du jeune hors-la-loi, tandis que son pouce se posa juste sous son oreille.



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Consuelo Ricci
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Mer 13 Juil - 20:04
dog days are over

ft.  @Benjamin Blackship


« You’re tempting me, Lowell… with your team idea. »

Isaac avait beau mettre beaucoup de choses sur le dos de l’alcool, il avait vraiment l’impression de découvrir une nouvelle personne en Benjamin. Cette pensée avait un gout d’évidence car dans les faits, il ne le connaissait pas. En tous cas, pas dans l’absolu ; mais celui qui c’était présenté à lui chez Charlotte et à la soirée à l’Open Purse n’avait rien à voir avec l’homme qui était devant lui ce soir. Il n’arrivait pas à ne pas en faire abstraction, curieux de faire la connaissance de celui qui se révélait être aussi attentionné que déterminé. Et peut-être que le jeune hors-la-loi se faisait avoir en beauté, que toute cette situation n’était que ruse et manipulation… mais tout l’invitait à croire le contraire, à lire la sincérité dans les gestes de Ben. La candeur de Lowell causerait surement sa perte. Mais à défaut d’avoir autre chose à perdre, il se laissait volontairement avoir, l’esprit suffisamment embrumé pour y croire.

Sa seule réponse fut d’hausser les épaules. Tant mieux s’il trouvait cette idée intéressante, et qu’il avait envie de lui faire confiance. Ça ne pouvait qu’être bénéfique pour eux deux, et leur objectif commun de retrouver Logan.

Benjamin redemanda s’il pouvait en effet lui poser des questions, et Isaac hocha la tête, prêt à répondre à l’interrogatoire. Tout ce qui pouvait lui faire penser à autre qu’a cette proximité était la bienvenue.

« First of all: are you really going to sleep like this and drench all my covers? »

Isaac se tourna pour lui offrir un sourire, se mettant à rire malgré lui. Oh, il n’était pas certain d’être capable de dormir. Quoi que, le whisky allait certainement avoir raison de lui à un moment. Isaac était peut-être grand, il n’était pas bien gros, et il sentait déjà le monde tourner légèrement autour de lui, douce sensation de houle qui le berçait. Il observa le sourire narquois Ben, persuadé que c’était la première fois qu’il découvrait cette expression sur son visage, et l’appréciant tout particulièrement. Le chasseur de primes se releva pour attraper quelque chose sur ce qui ressemblait à une pile de linge propre. Isaac se redressa à son tour, juste sur les coudes, pour venir attraper la chemise qu’il lui offrait. Il était impressionné par la garde-robe du chasseur de primes. Isaac devait avoir l’air d’un pouilleux à côté : il n’avait que deux tenues, une pour la ferme et une pour le reste du temps. Ses pantalons étaient légèrement trop petits, et ses chemises peu cintrées. Il avait le même veston en laine depuis plusieurs années, et il aurait mérité un nouveau manteau pour l’hiver. Mais le reste du temps, il se fichait bien de son allure : il lui était inutile de se rendre élégant pour aller ramasser du crottin et nourrir des poules.  « Thanks », murmura-t-il, adoptant le même ton de confidence que Ben, comme s’ils ne voulaient pas déranger la nuit. Il était heureux de ne pas avoir à justifier ce qu’il l’avait poussé à rester planté sous la pluie comme un idiot, avant de finalement se décider à le rejoindre.

La seconde question quant à elle, le prit davantage de court. S’il voulait de l’aide pour sécher ses cheveux ? Isaac ne sut quoi répondre. Techniquement, il était bien capable d’éponger ces derniers tout seul. Il ne les aurait d’ailleurs pas touchés en temps normal, les laissant à l’air libre sans trop s’en préoccuper. Mais il avait comme l’impression que repousser l’aide de Ben allait peut-être jouer en sa défaveur, réinstaurant les barrières qui s’effondraient un peu plus entre eux à mesure que la nuit avançait. Et puis, Benjamin pourrait jeter un œil à la plaie qu’il s’était faite en tombant. Alors il dit, « …yes, sure », en se relevant complètement. Il se tourna pour présenter sa nuque au chasseur de primes, la chemise propre toujours entre ses mains, à laquelle il s’accrochait pour s’ancrer dans le présent, le whisky effaçant les frontières entre ses pensées et la réalité. Pourquoi diable avait-il autant bu ?

Il s’efforça se rester immobile pendant que Benjamin plaça la couverture sur sa tête. S’il avait jusque-là des doutes quant à ses bonnes intentions, ils s’envolèrent au rythme des mouvements du chasseur de primes. Ce dernier ne pouvait pas être fondamentalement mauvais et se montrer aussi attentionné avec un inconnu ; ou alors Isaac n’avait rien comprit à la vie et au genre humain. Il ne pouvait pas lui vouloir du mal et s’attarder sur ses boucles avec tant de prévenance, comme si c’était banal de se sécher les cheveux entre hommes après avoir pris la pluie. Cette idée en fit émerger une autre dans l’esprit du jeune hors-la-loi, qui ne put s’empêcher de rejouer dans sa tête toutes leurs conversations précédentes. Et si ce qu’il prenait pour de la bienveillance et une impressionnante hospitalité était motivée par autre chose ? Il avait du mal à y croire, et en même temps… est-ce qu’il se serait posé autant de question sur son amabilité et la raison animant cette dernière si Ben n’avait pas été ce qu’il était : un homme, et un chasseur de primes ?

Isaac n’en savait trop rien. Perdu dans ses pensées, il ne revint au présent que lorsqu’il senti les doigts du jeune homme glisser dans ses cheveux. Un frisson lui parcouru le l’échine, réchauffant ses membres et faisant monter le feu jusqu’à ses joues. Non, cette fois il était persuadé qu’il ne réservait pas ces gestes à tous les hors-la-loi de passage. Qu’est-ce que cela signifiait donc ? S’il avait poussé la réflexion un peu plus loin, il aurait très vite compris. Mais affronter la vérité lui semblait compliqué. Cela revenait à assumer ses propres envies et à faire abstraction d’un tas de choses rendant cette situation bien trop compliquée ; suffisamment pour qu’il ne puisse se laisser aller à profiter de la sensation des doigts de Benjamin jouant avec ses boucles. Mais assez pour nourrir son envie d’en savoir plus à son sujet, de découvrir jusqu’où pouvait aller la tendresse dont il dévoilait des fragments ce soir, d’avoir droit à son attention.

Le chasseur de primes s’éloigna en se raclant la gorge, mettant un terme à cet instant hors du temps. Isaac se tourna vers lui pour croiser son regard, un milliard de questions en tête concernant ce qui venait de se passer, mais Ben se rallongeait déjà. Il allait vraiment faire comme si ses gestes étaient d’une banalité affligeante ? Isaac eut du mal à déglutir, un poids se formant dans son estomac. Il était complétement perdu. Ce qui avait commencé par une simple entraide plutôt bienveillante prenait une tournure qu’il n’était pas certain de réaliser dans son ensemble, quelque chose de plus grand que sa personne.

Ben cacha ses yeux avec son bras, et Isaac comprit qu’il était temps pour lui de se changer. Il ne se fit pas prier pour retirer sa chemise humide, l’envoyant former une boule vers ses propres affaires toutes aussi trempées. Il attrapa la couverture qui avait servie pour lui sécher les cheveux afin de s’essuyer un peu le corps, tamponnant sa peau pour la sécher. Malgré la boisson, le chasseur de primes semblait plus lucide que lui, car il reprit leur précédent sujet de conversation pour lui avouer qu’il ne voulait pas de son aide pour traquer Logan. Isaac était un peu déçu par cet aveu, et s’immobilisa. En effet, Benjamin avait visiblement conscience que s’ils s’entraidaient, Isaac n’aurait pour seul but que de sauver les fesses de Rogers, même s’il n’avait certainement pas besoin de lui pour cela.

Le chasseur de primes remua dans son dos, et Isaac s’empressa de jeter la couverture pour venir enfiler la chemise. La sensation du tissu propre et sec contre sa peau était agréable, et il essayait de se concentrer sur ça plutôt que sur le parfum de Benjamin émanant du vêtement. Ce dernier lui posa une question qui figea à nouveau Lowell dans son mouvement. Est-ce qu’il voulait que Ben mène Logan à lui avant de prendre la prime sur sa tête ? Il fallait déjà qu’il y arrive… mais dans cette éventualité, il aurait alors une chance d’aider Logan à fuir. Aussi attentionné et fascinant était-il à ses yeux, le jeune homme qui l’abritait ce soir ne l’avait pas élevé ces huit dernières années. Si le destin lui offrait le choix, il savait déjà ce qu’il s’empresserait de choisir.

Il était encore immobile, n’ayant pas terminé de boutonner son haut lorsque Benjamin vint poser une main sur son épaule, chuchotant qu’il lui laissait le choix quant à sa proposition précédente. Hésitant, Isaac se força à se concentrer sur cette maudite chemise pour retrouver un peu de contenance, désemparé face à la proposition et à ce contact. « Hmm… if you do catch him, yes. There’s a few things I would like to tell to my brother... », répondit alors le jeune hors-la-loi, avec une certaine amertume qu’il essaya de faire taire dans sa voix. Peut-être que son choix de mot n’allait pas plaire à Ben, mais il ne souhaitait pas faire semblant et rester indifférent. Il ne l’était pas et ne le serait jamais. Isaac était sensible par nature, pas vraiment une qualité louable pour un hors-la-loi, mais faisant entièrement partie de sa personne.

Le pouce de Ben glissa sur son cou, venant se placer sur sa nuque près de l’oreille de Lowell. A quoi joue-t-il ? se demanda Isaac. Qu’attend-il de moi ? La boule dans son ventre se fit plus lourde à ce contact, mais pour la seconde fois ce soir il ne repoussa pas cette forme d’intimité qui s’instaurait entre eux. Non, a la place, Isaac posa sa main bandée sur celle du chasseur de primes, pressant ses doigts contre ceux du jeune homme. Sa peau était froide, et il s’y attarda quelques secondes de plus, comme pour le réchauffer, en déclarant : « Thanks for caring. But don’t worry for me, I’m an Outlaw, remember? ». Il lui semblait nécessaire de poser ces mots, de réinstaurer cette distance que Ben faisait céder un peu plus à chaque geste. Il n’en avait pas spécialement envie, pourtant, mais s’il ne le faisait pas maintenant il n’était pas certain d’être capable de continuer ainsi.

Faisant glisser sa main loin des doigts de Benjamin, il finit de boutonner sa chemise, puis s’appliqua à rouler ses manches pour dégager ses avant-bras. Lorsqu’il eut terminé, il se tourna pour venir se réallonger sur le dos. Il venait de repousser le chasseur de primes avec ses mots, pourtant il avait envie de savoir ; d’avoir la certitude que ce qu’il avait cru déceler dans les gestes et les paroles du jeune homme n’était pas que le fruit de son imagination. Car si ce qu’il pensait comprendre était vrai… Qu’est-ce que ça allait changer ? se questionna-t-il. Qu’est-ce que ça ferrait, si Ben était bel et bien comme lui ? La question tournait en boucle dans sa tête et Isaac ne put s’empêcher de regarder le jeune homme. Qu’est-ce que ça ferrait ?

Peu importe, il aurait tout le temps de le découvrir une fois qu’il serait fixé. Se tournant sur le côté pour faire face au chasseur de primes, il releva son coudre pour utiliser son bras comme appuie-tête. Son regard s’attarda sur ce qu’il distinguait de ses traits. Il lui semblait loin, l’homme de loi impartial qu’il avait croisé à deux reprises. Baby Outlaw s’attarda sur la mâchoire de Ben, puis sur son cou, laissant ses yeux parcourir la distance jusqu’à la naissance de son torse. Son regard s’arrocha alors à la chaine qui y pendait, reflétant la lumière de la lune au dehors.

Isaac glissa ses doigts sous la chemise de Benjamin pour venir attraper le médaillon qu’il lui avait rendu quelques temps plus tôt. C’était un geste osé, risqué même, qu’il mettrait sur le compte de la boisson si Ben lui en faisait la réflexion. Mais s’il ne poussait pas un peu ses propres limites, il ne saurait jamais. Tournant doucement le petit bijou entre son pouce et son index, il dit sans réfléchir : « My mother always said that there’s good in everyone. You just have to choose to see it. » Il regretta immédiatement ses mots, dès qu’ils franchirent ses lèvres. Pourquoi diable lui disait-il ça ? Qu’est-ce que le chasseur de primes pouvait bien en avoir à faire des vieux dictons de feu sa mère ? Le pouls d’Isaac s’accéléra, et il reposa le collier sur le torse de Benjamin en sentant ses mains devenir moites.

« Sorry for that. I may be a bit drunk… », s’empressa-t-il d’ajouter en passant sa main libre sur son visage, ricanant pour maquer la gêne et la honte le teintant en rouge. Comme il pouvait être stupide parfois, à ne pas réfléchir avant de parler. Il se retourna sur le dos, faisant mine de s’étirer un peu, avant de venir se frotter les yeux. Sa main bandée glissa jusqu’à ses cheveux, qu’il recoiffa sommairement. Naturellement, il posa l’autre sur le haut de la cuisse de Benjamin – celle qui n’était pas blessée – pour venir lui donner deux petites tapes presque fraternelles, avant de dire : « Don't mind me and what I say. I’m just a fool who can’t handle whiksy. »

Il espérait que Ben allait se contenter de cet argument.

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Consuelo Ricci
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Ven 29 Juil - 17:04
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ft.  @Isaac Lowell


Benjamin ne réalisa pas vraiment son geste, en premier lieu. Dans la pénombre de la tente, cela lui semblait naturel. Les contacts qu’ils avaient partagés le remplissaient d’un sentiment bienheureux tout en lui dictant d’en chercher plus encore. La fatalité de leur sujet de discussion était presque secondaire tant la tension était palpable, en tout cas aux yeux de Ben. Pourtant un seul mot suffit à ramener leur réalité dans cette bulle confortable mais mensongère. “My brother.” Il avait beau essayer de comprendre, il n’y arrivait pas. Il allait poser des questions lorsqu’Isaac posa sa main sur la sienne.

S’il pensait au début se faire rejeter comme un malpropre, il fut surpris de la langueur du geste. La phrase, pourtant, lui fit l’effet d’une douche froide et il retira sa main dès qu’Isaac retira la sienne. Il en oublia même que la chemise était encore ouverte, la pudeur de Baby Outlaw étant de toute façon protégée par l’obscurité.

« You’re a terrible one, in my opinion. »

Dans sa bouche, la phrase était un compliment, mais il doutait qu’il l’interprète de la sorte.

« I mean… it’s a good thing, » tenta-t-il piètrement.

Il grimaça et s’allongea aussi, se massant l’arrête du nez de la main opposée à Baby Outlaw. Décidément, il était vraiment terrible en relations interpersonnelles. Pourtant, il voulait croire que ses attentions n’étaient pas malvenues. Il s’était laissé faire, il rougissait, il avait même posé sa main sur la sienne! S’il n’y avait pas un léger intérêt, Isaac était un maître manipulateur. Mais Benjamin avait aussi été très insistant, et les réactions d’Isaac ne trahissaient peut-être qu’un inconfort. “You need to keep your feelings in check,” se réprimanda-t-il. Il n’avait en aucun cas envie de forcer quoi que ce soit.

Isaac se releva légèrement, mais Ben resta immobile, se faisant violence pour ne plus l’importuner. Pourtant il sentait le regard du hors-la-loi sur sa personne et il sentit ses joues s’empourprer. Il prit une grande inspiration en sentant les doigts de son compagnon de tente se frayer un passage sous sa chemise. Les doigts étaient chauds, maintenant, et Ben ferma les yeux pour apprécier la brève caresse, trop vite arrêtée par la prise du pendentif. Le chasseur de prime pencha le menton pour regarder la scène. Tout cela lui semblait si naturel, si normal. Isaac à ses côtés, tous deux protégés par la nuit de la lande. Il y avait pourtant encore la possibilité que son imagination ne soit que cela et que ses engouements soient à sens unique. Ils ne pouvaient pas l’être, si? Pas alors que le bandit lui-même s’était penché sur lui, avait mis sa main dans sa chemise… Il devait bien avoir un moyen de savoir.

Mais Isaac parla avant qu’il ne puisse poser des questions. De la bonté en chacun? Le Ben de deux mois auparavant aurait dit non, bercé des histoires de sa propre mère, puis de celles de son mentor pour finalement confirmer leurs dires par ses chasses. Il n’y avait rien de bon dans les assassins qu’ils avaient ramenés, ni dans les autres malfrats aux primes exorbitantes. Il était persuadé qu’il n’y avait rien de bon chez tous les hors-la-loi, à vrai dire. Jusqu’à ce qu’il croise la route d’Isaac, en tout cas. Peut-être que cette vision des choses, inculquée par sa mère, lui avait permis de garder cette candeur qui aujourd’hui faisait battre le cœur d’un chasseur de prime un peu trop bourru et à la fois un peu trop sensible.

« She was wiser than mine. »

Si sa mère était douce, elle n’en était pas moins sévère. Fille de shérif oblige, elle en avait vu passer, des raclures, et les imaginer sortis tout droit des enfers avaient dû être un mécanisme de défense face à leur exécution. Le même que Benjamin utilisait pour exercer son métier en toute impunité.

Isaac se retira et Ben s’empressa de lui attraper le poignet.

« Don’t be, » chuchota-t-il, mais il le laissa partir, encore une fois glacé par son absence.

Il s’excusa encore, tapotant sa cuisse un peu trop haut pour que le geste n’ait pas d’effet sur le chasseur. Finalement, Ben se retourna aussi, s’appuyant sur son coude. Il devenait de plus en plus difficile de distinguer les détails et il eut envie de lui caresser la joue pour voir avec ses mains. Il se contenta pourtant de dessiner du regard la silhouette qui se soulevait au rythme de la respiration d’Isaac. Il prit entre ses doigts le tissu retroussé sur les avant-bras d’Isaac.

« I’m drunk too... » avoua-t-il en caressant le coton qu’il connaissait déjà.

Il laissa couler un silence, s’affairant sur le morceau de tissu en prenant soin de ne pas effleurer Isaac. Il repensa à la main du bandit sous sa chemise et sa respiration se fit plus courte.

« Do you see some good in me? »

La question était posée presque silencieusement, les chuchotements qu’ils partageaient déjà presque cris en comparaison. Il avait peur de la réponse, sachant pertinemment ce qu’il représentait pour ceux qui vivaient hors des lois. Pourtant, lui-même avait réussi à faire abstraction de leur réalité, du moins pour un soir, aidé par la quantité de whisky qu’ils avaient ingéré. D’ailleurs, la boisson faisait à nouveau des siennes et se fut au tour de Ben de poser la main sur le torse d’Isaac, remontant en suivant les boutons.

« Pretty sure someone who can’t button up correctly isn’t entirely bad, » plaisanta-t-il en trouvant un bouton défait.

Si une partie de lui voulait le refaire, une autre voulait arracher le reste et il dû serrer la mâchoire pour résister.

« It suits you well, » dit-il finalement, sa main toujours sur le bouton détaché.


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Consuelo Ricci
Consuelo Ricci
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Age : dix neuf ans, plus vraiment une enfant, mais pas encore tout à fait adulte
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Job : petite main, elle s’acquitte de toute tâche qu’on lui propose : blanchisseuse, couturière, vendeuse à l’épicerie Rinaldi, femme de ménage pour les Hennessy… Consuelo ne rechigne jamais lorsqu’il s’agit de gagner quelques sous.
Habitation : la maisonnée Ricci, où elle vit avec ses sœurs, sous l’autorité de Dino
Ven 29 Juil - 20:11
dog days are over

ft.  @Benjamin Blackship

Il était bel et bien un piètre hors-la-loi, et le fait que Ben le soulève le fit sourire. Il en avait conscience, tout autant que ce que cela devait signifier pour le chasseur de primes : il n’était pas une menace. Ce qui expliquait beaucoup de ses actions aux yeux d’Isaac.

L’homme de loi compara la mère Lowell à la sienne, lui accordant d’être plus sage. Isaac haussa un sourcil dans le noir, interloqué, mais ne creusa pas plus loin. Il ne voulait pas remuer des souvenirs peut-être douloureux dans l’esprit du jeune homme, alors qu’ils trouvaient à peine un équilibre dans leur situation, entre non-dits, sous-entendus, et ébriété.

Baby Outlaw éloigna sa main et Benjamin lui attrapa le poignet.

« Don’t be »

C’était donc ça qu’il attendait de lui ? La proximité entre eux ? Pourtant il le laissa partir, et Isaac s’empressa d’ignorer ce geste, comme si c’était plus simple de l’oublier que de le prendre en compte. Son pouls redoubla pourtant ses battements. Le jeune homme ne savait plus si la réalité était aussi utopique, ou si l’alcool y était pour beaucoup. Il avait soudain trop chaud, à l’étroit dans cette tente.

Mais Ben lui avoua être tout aussi ivre, justifiant plus ou moins ses actes. Au moins, ils étaient tous les deux dans le même état, pensa le faux garçon de ferme. Il ne s’alarma donc pas lorsque le chasseur de primes commença à jouer avec sa manche, évitant soigneusement de le toucher.

« Do you see some good in me? »


Cette question en revanche, surprit Isaac. Le ton employé d’autant plus, à peine murmuré du bout des lèvres, comme s’il n’osait pas demander. Son avis comptait donc au point qu’il l’interroge ainsi ? Il eut envie de répondre oui, après toutes les démonstrations de bienveillance auquel il avait eu droit ce soir… mais il crut déceler un sens caché dans cette question, comme s’il lui demandait autre chose. Le jeune hors-la-loi se faisait certainement des idées. Avant qu’il n’ait eu le temps de répondre, Ben reprit la parole en remontant du bout des doigts la rangée de boutons sur sa chemise, laissant une trainée brulante sur son torse. Quelqu’un ne sachant boutonner sa chemise correctement, ne pouvait pas être entièrement mauvais. Isaac se répéta cette phrase plusieurs fois avant de comprendre son sens, l’alcool limitant sa lucidité.

Il voulut refaire ce fameux bouton, mais Benjamin ne bougea pas sa main. La sensation de celle-ci posée ainsi sur son torse lui donnait envie que le tissu entre leurs peaux ne disparaisse.
Il ferma les yeux, autant pour se calmer et se contenir, que pour se reposer un peu. L’alcool avait raison de lui, et ainsi allongé, il n’allait pas mettre longtemps avant de s’endormir… enfin, cela dépendait également de son compagnon, qui semblait ne jamais se lasser de le toucher ; et de ce que ces gestes provoquaient en lui. Le chasseur de primes finit par ajouter que la chemise lui allait bien, et Isaac souffla par le nez, petit rire silencieux. Son torse se souleva avec le mouvement, secouant la main de Benjamin au passage.

« I think my mother was right. » lâcha le brun, toujours sans rouvrir les yeux. Il chercha à entendre la respiration de son compagnon, perdue entre les bruits de la nuit et la pluie s’acharnant toujours sur la toile de tente.

Isaac luttait contre le sommeil qui l’attirait de plus en plus, à mesure qu’il gardait les yeux fermés. La journée s’était fait riche en labeur et en émotions, et son corps tout comme son esprit réclamaient du repos. Pourtant il ne voulait pas s’abandonner à la léthargie. Il voulait en apprendre plus sur Benjamin, découvrir si ses hypothèses étaient vraies. Il était curieux de savoir ce que le chasseur de primes voyait en lui. Mais surtout, il ne voulait pas que le jour se lève et emporte avec lui ce que la nuit avait fait naitre… peu importe ce qui était né, d’ailleurs. Il ne voulait pas redevenir proie, et faire comme si ces conversations n’avaient jamais eu lieu. Isaac se berçait certes d’illusions avec cette idée, mais il s’y accrochait pour ne pas sombrer dans les bras de morphée.

Sa tête roula malgré lui sur le côté, attestant qu’il succombait bel et bien. Il murmura alors dans la nuit : « I think you’re good, Blacksheep. I want to see that in you. » Toujours allongé sur le dos, il ramena sa main bandée vers lui, pour venir la poser sur son torse. Il savait pertinemment qu’il suffisait que Benjamin bouge la sienne pour qu’il effleure le bout des doigts. Il faisait un peu exprès, pour voir ce que le chasseur de primes allait faire, surpris par ses propres intentions malgré son assoupissement imminant. Etais-ce injuste ? Peut-être, mais Isaac n’était pas capable de plus à cet instant : Il ne voulait pas se mettre trop en danger. Il avait peur que la désillusion soit trop grande.

S’ils en restaient là, il se réveillerait le lendemain sans remords. Si Benjamin lui donnait confirmation quant à ses soupons, il se réveillerait sans regrets.

(c) AMIANTE

Consuelo Ricci
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