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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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La nouvelle orthographe | Basotte
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Sam 13 Mar - 21:29
L’invitation qui s’était retrouvée dans ses lettres l’avait fait se déplacer jusqu’à Silverstone. Le trajet en diligence, bien que peu confortable et relativement long, s’était assez bien passé, mais elle avait hâte de se poser à l’auberge pour reprendre un peu du poil de la bête. Deux jours enfermé dans une boîte sur roues avaient la capacité de donner à quiconque un teint de cadavre et une chevelure un peu folle.

Charlotte sorti de la diligence, aussi digne qu’elle pouvait l’être, et remercia le cocher d’une petite pièce lorsqu’il posa sa valise à ses pieds. Cette dernière n’était pas bien lourde, elle n’était pas là pour bien longtemps. Pendant une petite semaine, elle avait à cœur de profiter de la ville, de rencontrer des gens, de peut-être croiser ceux qu’elle connaissait déjà. Elle réajusta sa capine, s’assura que ses gants blancs n'étaient pas tâchés et s’aventura sur la route poussiéreuse. Avant de faire demi-tour pour récupérer son bagage abandonné et se mettre enfin en route.

Elle avait une petite carte lui indiquant les rues principales et l’emplacement de l’auberge. Soucieuse de ne pas paraître comme une étrangère en plus d’en avoir l’accent, elle avait mémorisé le chemin et paradait la tête haute entre les magasins champêtres de la ville d’argent. Les vitrines avaient presque tout à envier à celles qu’elle admirait dans son ancienne vie, mais il fallait bien admettre qu’elles étaient beaucoup mieux que celles d’Imogen. Il y avait même un chapelier, un luxe qu’elle pensait avoir mis de côté en embarquant pour les États-Unis. Après quelques minutes de marche, elle arriva à un parc dont elle n’avait pas souvenir. Enfin, parc était peut-être exagéré mais il y avait un arbre, quelques bancs et des buissons qu’elle devinait être des parterres de fleurs lorsque les températures étaient plus clémentes. Elle s’assit alors sur un des bancs, dissimulant la carte dans un livre pour retrouver son chemin en toute discrétion.

Son manège devait bien marcher car en moins d’une minute, un damoiseau joliment vêtu vint la voir.

Parlez-vous français?” demanda-t-il avec une jolie voix qui fit monter le rouge aux joues de la jeune anglaise.

Bien sûr, elle se fit un plaisir de lui répondre, son accent britannique teintant chacun de ses mots dans la langue de Molière. Lorsqu’il lui demanda la direction de la mairie, elle chercha brièvement sur sa carte puis se leva pour lui pointer la direction de la rue.

Vous devez prendre celle-ci, puis la troisième à gauche. Elle est juste à côté de la… la...

Le mot était sur le bout de sa langue, et elle le retournait dans sa tête dans tous les sens, jusqu’à en oublier le mot en anglais… Le pauvre perdu semblait maintenant bien pressé et peu patient. Confuse, mal à l’aise de perdre ses mots, elle chercha du regard si un bon samaritain voulait bien l’aider. Mais elle était dans le nouveau monde et la probabilité que quelqu’un parle la langue de l’amour était faible.

@Basile Duflot  
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Dim 14 Mar - 21:55
Faible ne signifiait pas pour autant nulle.

Se firent en effet entendre en la dite langue quelques mots empreints d’un raffinement exquis.

« -Saloperie de clébard ! Ramène tes fesses ici tout de suite.  Crévin di djou ! »

Presqu’immédiatement, les broussailles frémirent. Vif comme l’éclair, un boxer avait sauté au travers de la végétation avant de se réceptionner avec grâce et candeur à côté du banc. Il patientait désormais. Toute son attention focalisée sur les buissons,  il ne déniait accorder aucun regard aux badauds alentours. Il tenait fermement dans sa gueule les lacets d’une chaussure.

Quelques instants plus tard, apparut un jeune homme en pleine course. Malheureusement pour lui, il ne disposait ni de la vélocité ni des puissants muscles du canidé. L’obstacle des fourrés lui fut donc fatal. Tentant vainement de passer par-dessus, le maître du chien se ramassa de tout son long  dans la boue. Le boxer secoua ensuite la chaussure au nez et à la barbe de son propriétaire, le narguant de façon ostentatoire. Une nouvelle salve d’injures s’envola alors vers les cieux éthérés de la vulgarité, encore une fois en français.

« -Va chier, infecte chacal ! »

Le canidé, visiblement fier de ses actes, se détourna et repartit en gambadant joyeusement.

Maugréant des propos incompréhensibles, le jeune homme se releva et épousseta son veston. C’est alors qu’il prit conscience de ne pas être seul. Il s’arrêta net et fixa la jeune femme. La présence du passant ne lui avait certes pas échappé mais l'expression de cette demoiselle l’estomaquait. Il s’en dégageait une aura d’innocence et de pureté. On aurait dit un ange.

Le jeune homme lui fit son visage le plus adorable, bien que maculé de terre.

« -Basile Duflot, columnist foR Ze magazine Minuit, to serve you », déclara –t-il  dans un anglais volontairement massacré à grand coup d’accent français.
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Jeu 18 Mar - 15:50

L’injonction lui fit tourner la tête, autant surprise qu’un francophone passe dans les parages qu’outrée par son vocabulaire. Les grossièretés étaient les premières choses qu’on apprenait d’une nouvelle langue et si Charlotte ne les avait jamais utilisées, elle n’en connaissait pas moins la signification. Elle échangea un regard avec l’égaré avant de se tourner vers le chien qui était magiquement apparu à leurs pieds. Lorsque le propriétaire suivit peu après, elle grimaça en entendant l’impact de son corps contre le sol, tout en reculant légèrement pour que l’éclat de boue ne tache pas son jupon.

Elle se rapprocha du déchu pour l’aider à se relever, mais le chapelet d’insultes qui suivit la fit hésiter. Le chien, tenant fièrement son butin, repartit avec hâte et Charlotte regretta de ne pas avoir de quoi attirer la bête. Il ne méritait pas autant d’injures pour ce qu’il pensait être un jeu, mais elle pouvait comprendre la véhémence de son propriétaire en distinguant enfin le détail de ce qu’il tenait en bouche.

L’inconnu se releva et Charlotte reporta son attention sur lui. Il devait être un signe de la providence pour avoir un timing aussi parfait. Par contre, il était étrange avec sa tenue boueuse et son pied nu. Il se fit miel, et la politesse nouvelle fut qu’elle ne put réprimer un sourire amusé.

« Nice to meet you, Mister Duflot. » Elle fouilla sa poche pour lui tendre un mouchoir. « Vous tombez à point nommé. »

Il avait d’autres chats à fouetter, ou plutôt un autre chien à attraper, mais le français perdu était pressé, et elle ne trouvait toujours pas le maudit mot. Elle s’empressa de poser la question pour qu’il puisse repartir à la recherche de son Arsène Lupin.

« Tell me, how do you call the place where books are stored in French? I have “librairie” in mind, but I doubt it means the same thing as in my language… This kind sir is quite in a hurry. I promise I will help you retrieve your dog afterwards. »

Elle eut un hochement de tête pour le touriste, puis un sourire suppliant pour le reporter. Derrière lui, le chien, remarquant qu’il n’était plus suivi, s’était arrêté et dégustait sa prise avec allégresse. La filet de bave qui reliait la gueule au lacet n’avait rien de rassurant quant au sort de ce dernier. Ils allaient devoir faire vite si Basile souhaitait pouvoir être chaussé à nouveau.
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Mar 23 Mar - 10:23
« Vous tombez à point nommé. » Lui dit la délicate et délicieuse jeune fille.

Magnifique jeu de mots sachant que je viens de me ramasser !

Basile en était sûr : il adorait déjà cette petite personne à l’odeur de sainteté. Par contre, la demande qui suivit le surprit.

Un endroit où sont stockés les livres en français? Existerait-il donc un lieu dans la ville de Silverstone où se trouvaient réunis tous les bouquins de la langue de Molière? Bizarre cette histoire !

Perplexe, le chroniqueur marqua un temps d’hésitation avant de comprendre la situation. La choupinette ne le questionnait pas sur l’existence d’un bâtiment regroupant des écrits francophones mais renseignant le passant, cherchait un mot pour formuler son idée !

« A library ? It's a "bibliothèque", dear. » répondit Basile comme s’il était heureux de pouvoir rendre service.  

Ceci fait, la donzelle mit un terme à sa conversation avec le badaud qui s’éloigna.

L’attention du chroniqueur revint sur Protagoras qui avait entreprit l’étape suivante : la dégustation de la chaussure. Il fallait se faire raison : son bien était perdu à jamais. Basile s’accroupit alors et entreprit d’enlever son second soulier qu’il lança auprès du boxer. Il ôta ensuite ses chaussettes et dandina ses orteils à l’air libre. Tant pis pour ses petits petons… le reporter parcourrait la ville, tel le Messie, la voûte plantaire au frais.

« I am mourning the loss of my shoes ... », déclara Basile à sa charmante interlocutrice qui restait désormais seule avec lui.

Son regard évalua rapidement le gibier. C’était quand même de la biche attrayante. Il y avait là de sérieuses raison pour se pavaner et faire la paon auprès de cette gazelle des plus respectables. Bon qu’allait-il faire ? Roucouler avec cette élégante colombe ou la traiter en pigeon ? Cruel dilemme !  

Toutefois, quelque chose-impossible de dire quoi- le retint d’agir… L’insidieux arnaqueur séducteur ne frapperait pas aujourd’hui. Basile embraya sur le ton de la conversation :

« -So, radiant stranger, you master the language of Voltaire, don't you ? »

Protagoras, quant à lui, visiblement ravi de s’être procuré non pas un mais deux jouets, se mit à creuser un trou au pied du banc. Il en allait toujours ainsi. Ce chien cleptomane enterrait les objets subtilisés comme pour masquer ses méfaits. Une fois, d’ailleurs, son maître l’en avait maudit. Il avait en effet dérobé un coffre entier de bijoux et alors qu’il s’était assoupi, le boxer avait passé la nuit à planquer les joyaux dans tout le parc royal de Bruxelles.
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Jeu 25 Mar - 19:13

Bibliothèque! Le mot était si simple qu’elle rougit de sa bêtise. Et dire qu’elle avait condamné la chaussure du pauvre chroniqueur pour une broutille pareille! Elle renvoya le français avec des instructions plus précises et reporta toute son attention vers Basile, qui n’avait d’yeux que pour la bête mangeuse de souliers. Et le chien faisait honneur à son nom, le cuir se trouant sous ses dents acérées à chaque fois qu’il fermait la gueule. La mâchoire de Charlotte tomba dans une expression de surprise horrifiée alors que ses yeux allèrent du journaliste au chien. Le premier sembla rapidement faire le deuil de son bien car voilà qu’il se déchaussait, jetant la survivante à l’ogre. Elle resta un instant indécise. S’il elle n’avait pas retardé la chasse, peut-être ce curieux personnage aurait-il pu garder ses bas…

I'm terribly sorry for your loss,” dit-elle, perdue dans la contemplation de l’enterrement sans messe.

La question de Basile resta une seconde sans réponse, Charlotte étant trop occupée à réfléchir à comment se faire pardonner du contre-temps qu’elle avait causé. Elle regarda les pieds nus de Basile ou la boue élisait déjà domicile.

*Un peu, oui.Je vous en prie, asseyez-vous.

Elle pointa le banc derrière eux comme s’il s’agissait de sa propre causeuse et s’asseya aussi pour qu’ils soient à la même hauteur. Au moins, assis, il ne se salirait plus les orteils.

*Vos chaussures… Je ne sais pas comment me faire pardonner. En avez-vous d’autres que je pourrais aller chercher?

S’il n’en avait pas, il devait bien exister une échoppe ou elle pourrait se procurer une paire. Elle tourna la tête vers les boutiques qu’elle venait tout juste d’admirer. Le chapelier, la corsetière, les tisserands… Il y avait bien une vitrine présentant des bottines, mais le nom, “Aux pieds de ces dames”, ne promettait pas de les fournir correctement. Il fallait croire que la rue était destinée à la gente féminine et à moins que Basile ne désire porter des talons, elle allait devoir aller ailleurs. Consciente d’avoir ignoré son interlocuteur un peu trop longtemps, elle tourna la tête vers lui. Elle tenait toujours le mouchoir qu’il avait ignoré et elle le lui offrit à nouveau.

*Êtes-vous blessé? Vous ne vous êtes pas manqué, tout à l’heure.

Difficile de voir s’il y avait une blessure sous toute cette boue et Charlotte fronça les sourcils à la recherche d’une quelconque égratignure sur le visage de ce drôle de français.

Oh! I did not even introduce myself. Charlotte Kingsley, ravie de faire votre connaissance.

Elle tendit sa main gantée de blanc avec un sourire aussi poli que désolée.

*en français, avec un accent à couper au couteau.
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Lun 29 Mar - 1:00
Basile décela un accent anglais dans le phrasé français de son interlocutrice. Ce n’était toutefois pas l’empreinte laissée par une naissance aux États-Unis d’Amérique. Les subtiles inflexions de son élocution trahissaient une autre origine, l’Angleterre.  Pour sûr, cette jeune femme pas ne discourait pas non plus dans un langage rustique. Elle avait eu accès durant sa vie à l’enseignement et à une éducation poussée. Elle provenait sûrement d’une bonne famille.

Le reporter accepta son invitation et prit place à côté d’elle.    

Il n’en crut alors pas ses oreilles ! Le jeune femme s’inquiétait de la perte des chaussures ! Elle s’en sentait coupable alors que nul autre que Protagoras n’était à blâmer pour la tournure des évènements. Basile commençait à cerner la personne dissimulée par ces traits juvéniles. Un souci de pure bonté avait dicté ses mots.  C’était un peu comme si l’ingénu de Voltaire s’était détaché des pages d’un livre pour prendre vie. Tel le protagoniste du roman, cette délicate fleure de la jeunesse anglaise avait été amenée à quitter son pays pour gagner un nouveau continent. Cette candide page blanche était encore vierge de toute souillure de la vie.

- C’est très gentil de votre part Madame mais nul besoin d’aller quérir de nouvelles chaussures, je me porte comme un charme.

Que lui importait d’évoluer dès à présent pieds nus ? En Basile, le relativisme le plus extrême, celui que Xénophon dépeint dans sa critique acerbe de Protagoras d’Abdère, s’était fait homme. Verser dans cette philosophie présentait pour le chroniqueur un avantage indéniable, celui d’avoir trouvé le bien tant convoité de l’ataraxie, l’absence de troubles. La notion d’inquiétude lui était étrangère. Les vicissitudes de la destinée, les tourments du hasards ou les aléas de la vie –qu’importe  le nom que vous leur donnez- l’indifféraient. Basile avait découvert ce qu’un ours philosophe, beaucoup plus sage à bien des égards que tous les penseurs du XXe siècle, dirait un siècle plus tard : « Il en faut peu pour être heureux ». Assis sur ce banc,  avec cette délicieuse demoiselle, il savourait la douceur d’un temps clément, appréciait  les embruns de son doux parfum fleuri. Bref, il existait dans l’instant présent, ici et maintenant, profitant du moindre cadeau que lui offrait la vie.

-Non je ne suis pas blessé ma chère ! Je me suis égratigné en tombant, rien de plus, répondit-il  lorsque  s’enquit de son état.

Décidément … un ange ! Il n’y avait d’autres qualificatifs pour décrire cette  inconnue qui n’en était désormais plus une. Elle s’appelait donc Charlotte.  

- Et bien ma chère, je suis également enchanté de faire votre connaissance. Je le suis d’autant plus car vous vous exprimez dans ma langue natale. I was just inquiRing, befoRe being abruptly interrupted by my impromptu companion, about the latest news from the Old Continent.. Saviez-vous que l’Académie française a introduit dans le parler courant des néologismes ?  

Basile marqua une pause dans son monologue pour vérifier que cela intéressait la jeune fille. Encouragé par sa réponse, il continua sans même remarquer qu'une vilaine manie dont il était un praticien invétéré avait commencé à se manifester, sa tendance à mêler différentes langues au sein d'un même discours.

- L’académie a acté cette décision le mois dernier. Parmi the novelties, one clearly stands out to mon goût car elle représente des mois de recherches et de durs labeurs ! After des séances interminables de rudes négociations et de débats houleux, the maieutic process has taken place et nos savants ont accouché du graal so desired. À l’aide de racines grecques et latines, ils ont enfin forgé un mot touchant à la substantifique moelle, à la quintessence même de l’activité politique : la scatotechniperlocutoire. This neologism could not better translate the routine of the politicians of our Third Republic. C’est l’art de parler pour dire de la merde.
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Lun 12 Avr - 23:44

Charlotte tendait encore son mouchoir ignoré et lorsqu’il fut évident qu’il ne le prendrait pas, elle le rangea silencieusement dans une de ses poches. Le manque de chaussures ne semblait pas le déranger et Charlotte, sachant choisir ses combats, décida qu’elle n’insisterait plus bien que le sol froid ne devait pas être la plus agréable des sensations sur les orteils francophones. Elle allait donc faire en sorte qu’il n’ai pas trop à les utiliser tant qu’ils seraient ensemble.

Le chroniqueur était un peu étrange, mais sa compagnie était chaudement appréciée par la jeune femme, exténuée mais toujours heureuse de pouvoir converser, surtout dans une langue étrangère. Cependant, son compagnon parlait beaucoup, mais surtout, parlait vite. Malgré tout son bon vouloir, Charlotte manquait des mots, et le temps qu’elle retrouve celui qu’elle avait manqué, il y en avait d’autres, et elle était un peu perdue. Ajouté à cela, son accent, lorsqu’il parlait sa langue, était encore plus difficile à comprendre que son français. Quand il lui demanda tacitement son autorisation pour continuer, elle l’encouragea d’un sourire poli, appréciant malgré tout l’accent chantant de la langue de son voisin d’outre-Manche. Elle comprit tout à fait le mot et son explication, malgré tout, et éclata d’un rire franc et clair.

Je crains que ce… néologisme? Ne soit pas utile qu’à vos politiciens, mais je doute que notre Academy ait assez d’humour pour créer un mot tel.

Du moins, Charlotte ne pouvait pas en imaginer. Certes éduquée, elle restait une jeune femme dont le programme scolaire se limitait généralement à la courtoisie, au charme et à la place qu’elle occupait et occuperait dans la société. Ses bases en latin lui permettait tout de même d’apprécier l’humour des Français.

Je ne pense pas être capable de prononcer quelque chose comme cela, mais je jalouse l’inventivité de votre académie. I won’t be surprised if the British Academy bubbles around the French one when they learn about it.

Elle tenta de réfléchir à ce qu’elle pouvait apprendre à ce cher chroniqueur qui semblait déjà bien s’y connaître en anglais. Puis lui revint un mot qu’elle avait appris lors de son voyage, à côtoyer des gens un peu plus proches des réalités du monde qu’elle. Elle regarda à droite à gauche pour s’assurer qu’aucune oreille sensible ou qui puisse être fâchée de ce qu’elle s’apprêtait à partager.

Did you know what we call nos hommes de loi?” dit-elle sur le ton de la confidence. “Pigs! Pouvez-vous le croire?

Elle pouffa comme une enfant, encore surprise d’avoir dit ce mot peu flatteur pour ceux qu’elle respectait pourtant.

I guess it’s better for us, petit peuple, than mutton shunters.
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Lun 26 Avr - 23:41
-Je crains que ce… néologisme? Ne soit pas utile qu’à vos politiciens, mais je doute que notre Academy ait assez d’humour pour créer un mot tel ?

Cette preuve d’esprit critique arracha un sourire au reporter. La petite était donc moins naïve qu’elle ne le laissait paraître.  L’Académie n’avait en effet rien publié du tout. Ces grabataires intransigeants, fossiles d’un autre âge, avaient figé la langue à leur image.  La préservation d’un statut quo  était leur maître mot. L’évolution n’’était guère de l’apanage de leur langage.

 Mais pourquoi diable le chroniqueur avait-il raconté de telles sornettes alors que rien ne l’y obligeait ? Et bien… le mensonge constituait pour lui une seconde nature. Tout psychologue, à condition bien sûr de ne pas avoir affaire à un charlatan, aurait diagnostiqué chez le français une mythomanie irréversible.

Je mens comme je respire ...

Pourtant c’est cette habitude invétérée qui  lui avait permis de survivre livré à lui-même dans les rues de Paris ! Les paroles fallacieuses sortant de sa bouche à la langue bien pendue, couplées avec son imagination, lui avaient conféré la possibilité de faire de l’information son business et de s’extraire de sa condition.

-Je ne pense pas être capable de prononcer quelque chose comme cela, mais je jalouse l’inventivité de votre académie. I won’t be surprised if the British Academy bubbles around the French one when they learn about it, poursuivit Charlotte.

Cette fois, Basile rit à gorge déployée. Les Britanniques seraient certainement outrés si une telle injure  était faite à la politique, eux qui accordent tant d’importance à leur parlement !

-Did you know what we call nos hommes de loi?” murmura ensuite Charlotte comme si elle s’apprêtait à lui dévoiler un secret de la plus haute importance.   “Pigs! Pouvez-vous le croire?”I guess it’s better for us, petit peuple, than mutton shunters.

Le petit gloussement qu’elle émit ensuite eut raison du petit cœur du journaliste, habituellement de marbre à toute émotion.  Quelle immaculée candeur que celle-là ! Bien qu’ignorant la raison d’un tel sentiment, Basile était tout attendri.

Fermant les yeux, il inspira profondément. Il savourait cette surprise que la vie lui avait offerte en cette journée. Dans un monde sans foi ni loi,  aussi dangereux que le Far West, survivait un petit îlot de fraîcheur : une personne qui vous rappelle à que l’Homme n’est pas mauvais par nature mais peut se montrer intrinsèquement aimable, gentil et bon. Cette révélation vous invitait à ne pas perdre espoir. Peut-être, au lieu de croire en ce que l’Homme est, vaut-il mieux placer sa foi en ce qu’il pourrait être.  Un individu avec cet adage pour principe serait au fait de la condition humaine et ne pourrait être déçu par les actions d'autrui mais seulement positivement surpris à chaque pas posé sur le chemin de la bienveillance.

Derrière eux, Protagoras  finissait d’enterrer les chausses. Lui aussi était heureux. Il tirait orgueil d'un travail plus que correctement réalisé,  à en juger le sol aplani par-dessus le trou rebouché. La dissimulation d’objet n’était jamais prise à la légère par le boxer. Une cachette peu efficace augmentait la probabilité de se faire dérober son bien par d’autres chiens. Et Protagoras était loin d’être partageur.

L’affaire rondement menée, il vint s’asseoir au pied auprès de son maître qui le caressa d’un geste machinal. Toutefois, à peine eut-il posé sa main sur la tête du canidé que ce dernier apercevait sa ennemi naturel, la némésis de tout chien qui se respecte, une épée de Damoclès planant au-dessus de tout quotidien prosaïque : le facteur.  Le démarrage qui s’en suivit aurait laissé un cheval sur place. Tel une charrette de course –du moins si cela existait- Protagoras se mit en piste. Les fesses du pauvre postier n’en avait plus pour longtemps.

Soupirant, Basile se résigna. Ce n’était pas de gaité de cœur mais il fallait bien rattraper cette bête infernale avant qu’elle ne fasse trop de dégâts. Ni une ni deux, il fut sur ses talons et s’élança dans les traces de son chien. Avant de disparaître, il lança déjà loin à la pauvre Charlotte qu’il avait laissée là :

- I'm sorry but I have to go. The dog and all that! See you soon, I hope.

Pour une fois, ces derniers mots furent emprunts de sincérité. Le reporter aspirait vraiment à la recroiser sur son chemin. Dans sa course effrénée, les pièces du puzzle se mirent en place. Enfin, Basile sut pourquoi il avait tant été ému : Charlotte lui évoquait quelqu’un, un alter ego dont le souvenir resurgissait des tréfonds d’un passé à jamais oublié. Elle lui rappelait le jeune homme qu’il avait été, avant Silevrstone, avant le Comte,  … avant la mort de Balthazar. Ce garçon aurait pu intégrer une grande école, continuer sur sa lancée et devenir quelqu’un de bien. Basile le regrettait parfois et se demandait souvent ce qu’il serait advenu si tout était différent. Mais bon, avec des si, on mettrait Paris en bouteille.

Quoi qu’il en soit, Charlotte s’était fait un ami, un allié et un protecteur. Si un individu quelconque venait lui faire du mal, il le trouverait et lui ferait payer.

Sur cette pensée, il sortit de scène comme il était entré, dans le sillage du malicieux Protagoras.
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