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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ
1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite
Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
Makoyepuk est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Kilian, Ichabod, Amelia, Benicio et Howard. PROFIL + MP
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Liam Hennessy est modérateur du forum ! Il se genre au masculin et ses autres comptes sont : Arthur, Chuy, Dino et Maria. PROFIL + MP
On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Hannah ne comprend pas. Elle ne comprend pas ce qui se dit autour d’elle. Le sommeil l’emporte dès qu’elle émerge. La douleur l’assomme dès qu’elle semble partir. Les bruits autour d’elle, elle ne sait pas d’où ils viennent. Les voix, la langue, elle ne connaît rien. Elle sent le temps filer, sans pouvoir s’y accrocher. Trop faible. Elle comprend qu’elle n’est pas en danger, pour le moment, et se laisse emporter dans cette tourmente. Incapable de lutter. Elle pense mourir, mais dans un sursaut, elle revit douloureusement. On la maintien dans cet état, alors qu’elle prie pour rester dans ce néant confortable qui ponctue ses réveils. Elle aimerait ne plus sentir son corps. Ne plus penser. Se laisser envelopper et oublier la souffrance.
Makoyepuk a retrouvé Hannah sur les terres du ranch Baxter. Le massacre de ses parents avait eu lieu plusieurs mois auparavant et la jeune femme avait tenté de retrouver les coupables sans succès. Elle s’était battue comme une lionne, refusant le réconfort des habitants d’Imogen ou la compassion des proches des Baxter. Hannah avait affronté un brouillard épais dans lequel elle s’était perdue. Un matin, incapable de retrouver son chemin, elle avait croisé la route de Mako. Il n’avait été qu’une soirée dans sa vie, mais une soirée qu’elle n’oublierait jamais. Imbibée d’alcool et de peine, elle lui avait proposé de venir chez elle, quand il en aurait l’occasion. Elle lui avait fait cette proposition comme elle avait pu, contrainte par la barrière de la langue qui s’érigeait devant eux. Hannah lui aurait offert des vêtements, des livres, son corps et peut-être sa ferme. Elle semblait vouloir se débarrasser de sa propre vie et quoi de mieux que de l’offrir au premier venu ? Dans cette optique macabre, elle était entrée dans un gouffre sans fond. L’alcool rythmait ses journées. Elle dépouillait le premier venu au saloon d’Imogen, jusqu’à se faire plumer ou voler, car trop saoule pour se défendre. Se réveillant dans des lits inconnus, cherchant du réconfort dans des bras peu recommandables, Hannah n’était qu’une ombre. Sa pensée et ses souvenirs se trouvaient brouillés par cette vie épuisante. De temps en temps, elle reprenait conscience au bord d’un ravin, une arme à la main, visant le ciel. Rien n’avait plus de sens.
Avant que le Blackfoot l’ait retrouvée, Hannah avait revêtu une robe appartenant à sa défunte mère. Par la suite, elle avait bu jusqu’à ce qu’un nouveau trou noir se forme dans son esprit. Aux pieds de Mako, elle semblait avoir été passée à tabac. Elle était inconsciente sur une terre qui avait été piétinée. Sa robe blanche était maculée de sang et de boue. Si la température avait été moins favorable, la fille n’aurait pas survécu. Combien de temps était-elle restée là ? Son pouls était à peine perceptible, son coeur menaçant de s’arrêter. Rien n’aurait pu prédire que cette jeune femme, allongée sur le sol qui avait épousé ses contours, aurait pu survivre au voyage jusqu’à la tribu de Mako. Des soubresauts de vie l’animaient et elle recrachait de petites quantités de sang, ballotée par le cheval du natif.
Hannah, à moitié consciente, tente maintenant de comprendre où elle est. Elle se rappelle du visage du Blackfoot, de la terre défilant sous les sabots de son cheval, mais tout est flou. Une main se pose soudain sur son front humide. Les yeux fermés, incapable de les ouvrir, elle lève son bras pour attraper le poignet de cette main inconnue. Elle l’enserre fébrilement et tente d’ouvrir ses paupières. La lumière l’aveugle et cet effort provoque un nouveau spasme. Elle roule sur le côté en lâchant le poignet, avant de vomir un liquide vert. La douleur la fait hurler, contractant son ventre vide. Elle tousse et finit par ouvrir le yeux en tentant de s’asseoir. Quelqu’un vient l’aider et Hannah quitte sa position allongée pour la première fois depuis des jours. Le dos courbée, elle regarde le sol, cherchant à retrouver la vue. Une main caresse son dos. Au lieu de la soulager, cette sensation lui donne le tournis. Elle recrache encore et une voix s’élève, dans une langue qu’elle ne connaît pas. Ses cheveux sales se collent à son visage et elle tente de les dégager. Sa gorge semble être tapissée d’une couche épaisse de verre. Elle ne sent plus sa langue.
« Eau… » Murmure-t-elle, en tâtonnant de sa main droite l’endroit où elle était allongée, cherchant quelqu’un ou quelque chose. Sa main vient se poser sur un genoux et son visage cadavérique se tourne vers la personne à côté d’elle. Elle a envie de pleurer, car elle n’est pas morte et que son corps brûle d’un feu qu’elle ne supporte plus. Elle a envie de pleurer, parce qu’elle a honte et parce que l’alcool n’agit plus dans ses veines. Hannah se rappelle et les larmes coulent. Alors, tremblante, elle supplie. « Alcool. Pitié… » Elle ne veut pas d’eau, elle veut qu’on l’achève.
Invité
Makoyepuk Blackfoot
Since : 07/07/2020
Messages : 482
Faceclaim : Kalani Queypo
Crédits : Ghoest
DC : Kilian O'Reilly - Ichabod Walsh - Amelia Burke - Benicio De La Fuente
Age : 38 ans
Statut : Veuf, père d'une fille qu'on lui a volé, monsieur est un vagabond
Job : Chasseur de prime
Habitation : Officiellement, Imogen, officieusement, un peu partout
Jeu 31 Déc - 4:42
Yound and beautiful
❝ I've been through the desert on a horse with no name. It felt good to be out of the rain. In the desert, you can remember your name 'cause there ain't no one for to give you no pain ❞
Voilà d’étranges fruits que l’ouest produit, chargé d’un venin qui infecte la terre sur laquelle ils pourrissent : les enfants du pays sont des âmes damnées, enfermées dans un cycle de violence. Plantée dans la terre, moribonde qui respire encore, Makoyepuk revoit ce corps aux couleurs fanées auquel ses assaillant n’aurait pas même donné une sépulture. Hannah s’était bien battue, le temps qu’elle a pu, mais l’âme à la dérive, il fallait la sortir de la tempête avant qu’elle ne rejoigne les abîmes. Les settlers pourront dire qu’il l’a enlevé, si ça les amuse, mais ce qu’il a fait, il l’a fait pour la sauver. Il est parti avec ce fantôme allongé sur le dos de son cheval, traversant les plaines pour rejoindre les étendues sauvages, là où reposait le salut de cette orpheline. Il a cavalé comme un diable, de peur que le temps ne leur échappe, une course face au soleil qu’il craignait de voir disparaître à l’horizon. Il n’y avait pas une minute à perdre : le sang qui rougeoyait au coin des lèvres de cette pauvre enfant en était la preuve. Mais il y avait aussi ce mal qui la rongeait depuis qu’avait brûlé les dépouilles des parents Baxter, maladie du corps et de l’esprit que seul un guérisseur saurait bannir de ses entrailles ( si elle survivait, long serait le chemin qu’elle aurait à parcourir jusqu’à sa guérison ). Quoiqu'il en soit, après ce qu’elle avait vécu, tragédie que le natif avait pu observer de loin, elle méritait un peu de cette pitié qu’on lui avait refusé. Si son peuple ne voulait plus d’elle, le sien la soignerait.
Mais aujourd’hui, cette terreur qui a saisi l’âme du jeune blackfoot n’est plus : alors que le jour se lève, enfin, elle reprend vie. Après deux jours passés dans l’attente, rythmés de soins et autres prières pour que ses plaies se referment, la moribonde montre qu’elle sait encore se battre : sa main, dans un geste fébrile, vient s'accrocher comme une liane au poignet de la guérisseuse. Makoyepuk ne peut s’empêcher de sourire, voyant toutes ses inquiétudes s’envoler : si elle peut bouger, elle pourra manger et boire - enfin, ses jours ne sont plus comptés. Mais la joie laisse place à de la surprise quand la peine la rattrape, tordant une fois de plus son corps comme une poupée de chiffon avec laquelle jouerait un enfant. Makoyepuk se redresse, désireux de bien faire, prêt à faire taire la douleur d’Hannah avec quelques paroles rassurantes - mais on le chasse bien vite, le condamnant au rôle de spectateur alors qu’une femme, visiblement plus aimé de la matriarche, prend sa place. — Tout va bien, tu es en sécurité maintenant. “ Comme une mère, elle chasse quelques mèches du front de la souffrante, tâchant de calmer sa peine comme elle peut. Mais rien ne semble arrêter le mal qui la ronge, sa détresse toujours aussi grande, et ce malgré les soins prodigués. Chacun de ses gestes est teinté de désespoir, inspiré par le choc, réponse à une langue qu’elle ne peut comprendre.
Elle tente tout de même à son tour de communiquer. Ses mains cherchent le traire verre qui a causé sa perte alors que ses lèvres articulent non sans peine ses attentes ( envie autodestructrice qui trahit ses plus sombres desseins ). Makoyepuk la regarde pour la première fois avec pitié, s’approchant malgré les interdictions. Il sait bien qu’il n’a pas grand pouvoir sur ce genre de démons, mais s’il peut les faire fuir de ses yeux embrumés, cela vaut bien le coup d’essayer. La main de la demoiselle, gelée par les hivers qui secouent sa jeune carcasse, se pose alors comme une araignée sur lui. — Qu’est-ce qu’elle veut ? “ La guérisseuse se tourne enfin vers son hôte, mais lui ne voit que cette figure blanche comme la lune qui le regarde. Il n’a pas envie de trahir ce secret qui, malgré elle, lui a échappé. A quoi bon de toute façon ? Il ne lui donneront pas ce poison qu’elle pleure. — Elle veut boire. Donne-lui de l’eau, Hausis. “ Il ment pour ne pas perdre de temps, ses yeux sombre détaillant encore le visage fatigué d’Hannah. Etrange comme il arrive à peine à reconnaître... — Non, elle en a déjà eu. il faut d'abord qu’elle finisse de vider son estomac. Tu vas la rendre malade, pauvre idiot. “ La vieille souffle, agacée par l’audace du jeune guerrier. L’autre femme, quant à elle, continue de bercer la petite martyr, comme si elle n’entendait pas les chamailleries de ses deux comparses.
Tentant d’ignorer cette remarque, Makoyepuk concentre plutôt toute son attention sur celle qui la mérite, s’approchant encore d’Hannah avant de s'asseoir à ses côtés. Délicatement, il guide son regard, encadrant son visage de ses mains. — Je t’ai ramené ici pour ton bien. “ Son anglais est défiguré par un accent prononcé, écorchant chacun des mots qu’il articule non sans peine. Il ne sait pas encore exprimer avec finesse la moindre de ses pensées, attendant avec impatience que reviennent les soldats de l’US amry pour parfaire ses connaissances - en attendant, il se contente de son maigre vocabulaire, se disant que ça fera toujours la différence pour celle dont le regard se perd de nouveau au loin. — Hausis t’a soigné. Ne bouge pas, tes plaies saignent encore . “ Sa main ne se pose pas tout à fait contre son ventre, lui faisant seulement comprendre d’où vient la douleur. Sous la chemise de peau avec laquelle la guérisseuse a habillé la jeune Baxter, quelques bandages restent inlassablement constellés de carmin, plaies que la vieille sage a pourtant baignées d’onguents. — Dis lui aussi qu’elle ne pourra pas rester. Les soldats vont finir par apprendre ce que tu as fait. S’ils la trouvent ici, tu vas tous nous attirer des ennuis. “ La doyenne siffle entre ces dents, toujours aussi amer, mais Makoyepuk ne compte pas se taire, cette fois. — Dis lui, toi. “ Sa réponse fuse, délaissant l'anglais pour donner plus de tranchant à ses mot. Alors, trahissant un cœur plus tendre qu'il n'y parait, la guérisseuse détourne le regard, soudainement sourde.
— Ici, pas d'alcool. “ Son regard se fait une fois de plus le reflet de celui d'Hannah. Pourtant emprunt de bonnes intentions, le message qu'il fait passé n'a rien d'une bonne nouvelle pour un cœur troublé - peu importe, il veut qu'elle sache qu'ici, elle n'a d'issue que la guérison et la raison.
Face à elle, un visage qu’elle croit reconnaître. Quand la voix de Makoyepuk s’élève, Hannah sanglote un peu plus. Elle ne sait pas pourquoi, mais ce visage la rassure. Elle pense qu’il la sauvera, ou qu’il l’achèvera si besoin. Depuis leur première rencontre, il apparaît dans sa vie comme si leurs destins commençaient déjà à s’entrelacer. Elle qui ne connaissait rien aux natifs - sans les juger ou les estimer - finit par se retrouver parmi eux. La crainte serre son ventre et elle ne recrache presque rien. Elle a peur, alors qu’elle veut mourir. Pour une enfant de bonne famille blanche, tomber dans une tribu inconnue ne peut qu’alimenter l’effroi. À cet âge-là, Hannah Baxter ne fait pas exception. Elle frissonne, tourmentée par le manque et l’angoisse.
Mako s’adresse à une femme qu’Hannah aperçoit brièvement dans son champ de vision. Le ton semble dur, mais les voix la bercent étrangement. Celle de l’homme, surtout. Elle le regarde, vaseuse. Elle a envie de se lever, de se placer debout devant lui et de se recroqueviller sur ses jambes, entre ses bras. Hannah le faisait souvent avec Jacob quand elle était petite. Depuis, elle reproduit ce geste de faiblesse touchante avec ses chevaux, la nuit tombée. À cet instant, c’est vers le natif qu’elle a besoin de se tourner. Elle veut qu’il la protège de ses bras, apaisant son cœur et son âme.
Les mains de l’homme calment pour la première fois les frissons qui parcourent Hannah. Elle le regarde et se blottit. La douleur est intenable, mais cette chaleur qui enserre ses joues émane jusqu’à ses yeux et son esprit. Elles sont douces et rugueuses à la fois. L’anglais du natif est à peine compréhensible, mais Baxter décrypte de son cerveau fatigué ces mots qui ne l’aident pas. Elle n’a que faire de son bien, ce qu’elle veut c’est boire. Encore. L’épuisement, la faim et la soif l’endorment de nouveau et elle cherche à comprendre qui est Hausis. Elle imagine que c’est cette voix dure à qui Mako parle. Quand ce dernier place ses mains vers son ventre, elle soulève sa chemise sans pudeur pour mieux observer ce qui l’affaiblit. La vue du sang la laisse perplexe. Hannah regarde ces tâches, comme hypnotisée. Elle a envie d’enlever les pansements et d’ouvrir les plaies. Elle attrape la main de Mako, afin de le repousser. Seulement, ses doigts s’entrelacent dans ceux de l’homme, tandis qu’elle fixe ce qu’elle ne comprend pas. Impossible de se rappeler. Son esprit refuse.
Quand son sauveur parle de nouveau dans sa langue maternelle, Hannah lâche sa main, comme effrayée. Elle ne sait pas ce qu’il a pu dire à cette femme, mais elle suppose que ce n’est pas tendre. Ses yeux le toisent. « Soif… Alcool… » Répète-t-elle, car c’est le plus important à cet instant. Elle pense devoir s’adresser à lui mot à mot, car il a l’air de comprendre. Pourtant, sa réponse ne lui convient pas. Pourquoi ? Pourquoi être si cruel avec elle ? Son corps tout entier supplie cet homme d’abréger ses souffrances. Elle lui en veut tout à coup, dès lors qu’il l’a sauvée, pour mieux la torturer. Tremblante, Hannah recule sans jamais lâcher du regard celui qui ne souhaite que son bien. Ses forces reviennent peu à peu, comme éveillées par la haine. C’est un bois bien cruel qui alimente ce corps au bord de l’implosion. Elle se tourne vers la matriarche, qui n’est pas seule. La beauté de la plus jeune l’effraie. Elle se sent comme un lapin au milieu d’une meute de loups. Bouger lui donne une nouvelle fois envie de vomir. Ses entrailles se tordent violemment et sa bouche s’ouvre sans rien rejeter. Elle appuie sur son estomac, car le spasme ne s’arrête pas. Son ventre est vide. Pour la première fois, l’égo de la fille surpasse la douleur et elle réfrène comme elle le peut ce cri qui ne demande qu’à sortir. Elle veut qu’il voit qu’elle n’a pas besoin de lui. Son regard se fait sévère. « Alcool. » C’est une enfant capricieuse qui se dresse devant lui. Elle n’est plus à chercher la pitié, elle veut qu’il la déteste, pour qu’il se décide finalement à lui apporter ce dont elle a réellement besoin.
Son attention revient se poser sur ses pansements, qui lui semblent tout à coup couverts d’une masse sombre et grouillante. Une couche de sang et de pourriture qui la ronge. L’ombre se faufile sur sa peau et Hannah, prise de terreur, arrache ses bandages. La voix de la matriarche gronde, au moment où la fille regarde son ventre et voit enfin les blessures qui la défigurent. Certaines suintent d’un liquide écarlate, tandis que la moisissure a disparu. La panique enserre l’esprit d’Hannah. Que lui a-t-on fait ? Elle cherche et trouve d’autres blessures, plus ou moins graves. Elle parcourt son corps, enlevant les vêtements qu’on lui a prêtés. C’est la première fois que des marques viennent strier sa peau. La première fois qu’on la blesse aussi sauvagement. Ses bras, ses jambes, peut-être son visage. Si une main s’approche d’elle, elle la rejette, refusant tout contact. Son cœur menace de lâcher et de grosses gouttes de sueur perlent de son front. Baxter finit par ramener ses cuisses contre son torse, cachant ses yeux. Elle se met à pleurer, ce qui la libère d’un poids qu’elle ne peut plus porter.
Petit à petit, tandis que les larmes coulent, elle se calme. Les sanglots puisent sur ses dernières réserves d’énergie. Elle lève finalement son regard sur Mako. Son visage a repris des couleurs, comme si ses gestes de panique procuraient enfin un peu de sang à ses joues livides. Ses yeux sont encore pleins de larmes, alors qu’elle s’allonge de nouveau. Sans demander, sans prévenir, elle pose sa tête sur la jambe de Mako, en tirant sur elle une peau qui n’apaise pas ses frissons. Les femmes parlent et Hannah ne comprend pas. Elle veut être seule, tandis que sa tête tourne et sa respiration se coupe. Elle sent qu’elle va de nouveau partir dans des méandres d’une folie sombre. « Makoyepuk. Fais-les sortir. » Elle ferme les yeux, tenant fermement cette main inconnue qu’elle ne semble plus vouloir lâcher. Certaines plaies se sont rouvertes, mais le travail de la guérisseuse a été d’une efficacité redoutable. Peu à peu, Hannah sombre. Ses dents claquent sans qu’elle ne puisse y changer quoi que ce soit. Elle n’a plus envie de se battre. Elle accepte que cet homme soit le détenteur de son corps qui souffre. Un de plus, un de moins. Hannah se contente alors de cette main qui la calme et de ce sommeil qui l’enveloppe.
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Makoyepuk Blackfoot
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Lun 1 Fév - 2:37
Yound and beautiful
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Douce quand elle entrelace ses doigts aux siens, elle devient ensuite peureuse comme un lièvres au milieu des champs, puis colérique quand elle ordonne à tout ce petit monde de faire à sa guise. Le trio la regarde avec de grands yeux, surpris et troublé par ce spectacle aussi triste que déplaisant. Mais quand elle hurle, prise d’une panique comparable à celle d’une possédée, ce sont les femmes du groupe qui, finalement, agissent. Alors qu’elle déchire ses vêtements, rompant les bandages qui séparent les regards curieux de l’horreur qu’ils cachaient, Hausis et son acolyte tentent tant bien que mal de maîtriser la demoiselle - mais rien n’y fait. Bête sauvage lâchée dans l'arène, elle crie et lutte, articulant quelques pensées trop rapides et décousues pour que makoyepuk les comprenne. Il regarde d’ailleurs cette étrange danse avec terreur, comme cloué au sol par une terrible réalisation : cette fille est en train de mourir ( c’est du moins ce qu’il croit ). Un peu plus de pitié lui tord alors l’estomac, dégoût mêlé à de la peur. Elle fait peine à voir, encore plus quand elle se met à pleurer, enfant perdue dans un monde qu’elle ne reconnaît plus. Il aimerait l’approcher, mais redoute de la toucher, comme si son mal pouvait être contagieux. Bien qu’il sache qu’il ne craint rien, l’idée d’effleurer la mort lui arrache un frisson : il n’a pas le courage d’Hausis quand il s’agit d’affronter les malades. Mais Hannah ne lui laisse le choix : à bout de larmes, à bout de souffle, elle jette sur lui un regard baigné de sel avant d’enfin reposer sa tête sur ses genoux. Une paix toute particulière replonge alors l’assemblée dans un silence religieux. La jeune fille, lovée dans une peau d’ours, ne dit plus un mot, mais ne semble pas pour autant guérie de sa mélancolie. — Elle est folle. “ Le ton d’Hausis est solennel, comme s’il s’agissait plus d’une constatation que d’un véritable reproche. — Ta mère va être heureuse d’apprendre que tu loges une démente dans sa maison. “ Makoyepuk lève la tête aussi vite que son père aimerait qu’il décoche une flèche, l’ai tout à fait mécontent de la justesse avec laquelle la guérisseuse décrit sa situation. La plus jeune, quant à elle, se contente de secouer la tête, désespérée. Mais alors que la conversation bat son plein, ponctuée de remarques et autres morales, la souffrante interrompt ses bienfaiteurs, retrouvant des accents de sévérité que sa voix brisée peine à souffler. Cette fois, le jeune chasseur ne tarde pas à comprendre le fond de sa pensée, serrant un peu plus cette main qui ne veut plus lâcher la sienne ( ’je t’ai entendu’ semble-t-il lui dire ). — Revient demain Hausis. S’il te plait. La vieille femme le regarde en soufflant, acceptant avec la tête haute cette petite défaite, presque comme si elle l’avait envisagé depuis le début. Comme toutes les grandes dames, elle quitte le tipis sans un au revoir, suivie de près par sa petite assistante.
Seul avec cette inconnue et le mal qui la ronge, Makoyepuk se sent minuscule. Et pourtant, c’est à lui d’être brave, à défaut de comprendre et compatir avec ce qu’elle traverse. Lui qui a encore été épargné par le monde, il n'imagine pas même les tourments dans lesquelles cette fille est plongée. Il tâche donc de se ressaisir, profitant de cette étrange solitude pour se faire plus doux qu’il ne l’est, loin du regard des autres. Il aimerait qu’elle dorme et, si possible, que son repos soit paisible : alors, il reproduit ces gestes qui ont bercé son enfance, imitant maladroitement une mère qui berce son enfant, chassant les mèches qui cisaillent le visage de la demoiselle. Elle qui tremble, il la couvre encore, penché au-dessus d’elle comme s’il s’était proclamé garde de son sommeil. — Dors. Je prends soin de toi. ” Son anglais sonne faux, alors il parle doucement pour qu’elle puisse le comprendre. Peut-être trop doucement, même : les yeux clos, elle semble déjà partie là où la réalité ne peut la rattraper.
. . .
Les semaines passent et la vie reprend son cours. Hannah n’est peut-être pas populaire, mais une grande partie du village semble au moins la tolérer. Sous le regard sévère d’Hausis, les femmes de la tribues l’initie aux arts sacrés ( et plus quotidiens ) piegans, sans que Makoyepuk puisse la libérer de ses corvées. Lui qui pensait qu’elle serait chassé une fois rétablie, il constate que les menaces de la guérisseuse n’étaient finalement que du vent ( il faut dire que l'apatride n'est pas non plus tout à fait remise ). Mais il ne s'en plain pas, au contraire : ravi, il laisse faire, toujours aussi surpris de voir l’étrangère endurer les leçons des mégères sans broncher ( ou presque ). Ceci dit, il préfère la voir ainsi plutôt que recroquevillée sur elle-même, perdue dans des cauchemars sans fin.
Mais aujourd’hui, Makoyepuk a autre chose que la paix en tête. Fraichement revenu de la chasse, accompagné par deux garçons à peine plus vieux que lui, les regards et les rires de la petite équipe ne présagent rien de bon. Postés non loin d’un attroupement de femmes affairées à dépecer le repas du soir, il regardent Hannah, discutant comme s’ils voulaient qu’elle les remarque. Au bout de quelques minutes c’est finalement Makoyepuk qui s’avance, seul traducteur de leur bêtise. Il regarde l’exilée, tâchant de partager en un seul regard le fond de sa pensée : ce qui est sûr, c’est que l’affaire s’annonce profitable pour elle. — Katao’pi dit que tu ne sais pas préparer le gibier. ” L’intéressé, en retrait, rit, comme s’il pouvait comprendre ce qui était en train de se dire, mais il faut croire que c’est plutôt l’expression de la demoiselle qui l’amuse. — Je lui ai dit que c’était vrai. ” Il rit, regardant la carcasse sur laquelle elle travaille avec un peu de pitié au fond des yeux. — Je lui ai aussi dit que tu étais une meilleure chasseuse. Mais il ne veut pas me croire. ” L’un des garçons tape alors sur le bras de Makoyepuk, n’attendant pas même qu’il se retourne pour déjà l’abreuver d’un flot de parole. — Il dit : tu n’as jamais chassé un bison, alors tu ne sais pas chasser. ” Le duo de mauvaises langues, ravies d'avoir pu faire passer leur message, regardent l'étrangère avec défis, pas même encore coiffé de plume pour fanfaronner de la sorte. Makoyepuk, quand à lui, se contente de sourire, sachant qu’il s’apprête à gagner un paris. — Tu vas leur montrer qu’ils ont tort ? ” Il fait un léger signe de tête, désignant les plaines désertes comme pour inciter Hannah à les rejoindre et ainsi abandonner ses devoirs. — Hm ? ”
Des songes bercés par la tendresse. Trouble agonie qui tente de terrasser Hannah. Mais elle est forte. Elle traverse ces méandres seule, même si Makoyepuk la guide. Mélange de rêves et de douleur, les cauchemars s’imbriquent avec la réalité. Frôlant la mort et l’oubli, Baxter finit par se relever. Au départ, ce n’est pas sans peine. La barrière de la langue n’aide pas et le caractère tempétueux de la jeune femme n’est qu’un obstacle de plus à franchir. Pourtant, le calme revient petit à petit. De temps en temps la souffrance est telle, que Baxter s'effondre. Elle le fait à l’abri des regards, honteuse et fière. Bercée dans une enfance aisée, elle en garde quelques traits. Il faut rester forte et digne. On ne pleure pas. Elle l’a déjà trop fait à son arrivée.
Docile, car se trouvant chanceuse d’être parmi ses sauveurs, Hannah accepte qu’on lui enseigne le travail des femmes. Leurs coutumes l'intriguent. Les tâches sont très souvent fatigantes pour quelqu’un qui a traversé l’enfer, mais elle reste brave et ne râle que très peu. Elle avait l’habitude avec sa mère qu’elle trouvait bien moins intéressante que ces dames.
Ici, il n’y a plus besoin de prier Dieu, les tâches à faire sont différentes (même si elle trouve des similitudes) et elle doit se montrer autonome. Tout est une découverte. Les odeurs, la nature, les goûts, les bruits, les gens et la langue. Hannah découvre et s'imprègne à une vitesse qui l’étonne elle-même. Ce qu’il y a de plus fascinant c’est son besoin d’apprendre et de comprendre. Elle se fait élève studieuse et en demande toujours plus. Petit à petit, elle trouve l’apaisement et le calme - malgré son état qui est encore à regarder de près. Elle ne regrette qu’une chose : la chasse et l’utilisation de ses précieux colts. Le calme n’est pas dans sa nature et elle préfère l’action à la plénitude. Voir Makoyepuk chasser ne fait qu’attiser ce besoin qui ne cesse de croître. Pourtant, elle a l’impression que si elle s'intègre assez, il finira par l’amener.
Hannah s’est affairée au dépeçage du repas du soir avec attention. Régulièrement, on lui tape sur les mains, ce qui est toujours suivi d’une remontrance qu’elle ne comprend pas encore (Mais à force de les entendre, elle sait lesquelles sont les plus véhémentes). Baxter lève le nez quand elle entend des voix d’hommes qui lui sont familières. Elle regarde Mako, fronçant les sourcils. Il a le droit de chasser et de s’amuser, pendant que nous on met les mains dans des intestins. Elle ne comprend pas, mais sent ces regards qui commencent à l’agacer. Depuis la mort de ses parents, elle se méfie tout particulièrement des hommes. Elle en a rencontré beaucoup et peu lui ont montré douceur et respect.
Quand Makoyepuk s’avance, Hannah se redresse, fière. Elle le toise, le visage sévère. Une pointe de malice traverse les yeux du natif, ce qui l’intrigue immédiatement. Elle se relève, et cela malgré le fait qu’elle n’ait pas terminé sa tâche. Mako est grand et elle n’aime pas être si proche du sol, ce qui lui donne le sentiment d’être une souris. « Katao’pi dit que tu ne sais pas préparer le gibier. » À ces mots, Hannah se penche pour tirer la langue au compagnon de Mako. Elle va pour parler, mais ce dernier l'interrompt pour rajouter une couche à leur affront. La carcasse n’a pas fière allure et on lui a donné l’animal le moins intéressant à manger, car tout le monde sait qu’elle n’est pas douée. Une moue sur son visage ne reste que quelques secondes et Hannah bombe le torse. « Je sais faire pleins de choses figure toi. Puis allez-y ! On échange de place. » Elle croise les bras, lui lançant un défi qu’elle ne saura peut-être pas relever. Pourtant les paroles du natif la rassurent. Il a toujours été de son côté - très étrangement - et elle n’en attendait pas moins de lui. « Je vois… » Baxter se met à sourire. Un sourire qui ne présage rien de bon. Elle met un certain temps à comprendre qu’il parle d’un bison. Cela ne sonne pas bien dans la bouche de son ami, mais elle finit par hocher la tête. Dans un sens, elle est terrifiée par cette idée. Mais dans l’autre, elle n’a pas grand-chose à perdre. Elle tient enfin sa chance de quitter les carcasses pour reprendre les armes. Le sourire de Mako ne fait qu’accentuer son envie de manger du natif au petit déjeuner et la guerrière qui est en elle prend sa décision.
Baxter sort son bras pour toucher le nez de Mako, laissant au passage une petite tache de sang. « Tu sais pas à qui tu dis ça, toi. » Elle le contourne pour faire face aux deux plaisantins. Les bras toujours croisés, le nez en l’air, elle prend la parole. « Déjà. J’aimerais voir si vous êtes aussi habile que moi bande de fanfarons. Ensuite. Je vais vous montrer que je sais mieux chasser le bison que vous le lapin. » Hannah revient à Makoyepuk. « Toi, ne traduis pas tout, ou donne-moi l’équivalent dans ta langue, sinon je ne vais jamais apprendre et j’aimerais bien savoir quand on me gronde. »
Elle n’est sûre de rien, même pas certaine de la façon dont on chasse des bisons. Peut-être à l'arc ? Tirer à l’arc n’est pas son point fort, mais Jacob lui a déjà enseigné cette pratique. Si c'est avec une arme à feu, alors elle ne sera que plus efficace. Son seul véritable problème reste sa tenue : ainsi en robe, elle risque d’avoir du mal à courir ou à se mouvoir, mais elle a déjà chassé en corset, alors pourquoi pas ? Cela dit, jamais un bison. Elle troquerait bien ce vêtement plutôt court pour un de ces pagnes qui laisse une liberté totale aux mouvements des hommes - sans parler de la vision qu’ils offrent à tous et dont elle ne s’habitue pas.
Celle que tous appellent l’étrangère attrape la main de Makoyepuk et l’entraîne plus loin, faisant signe aux deux Blackfoot de les suivre. Une fois hors de la vue de celles qui lui imposent cette pratique qu’elle ne maîtrise pas le moins du monde, Hannah tape sur l’épaule d’un des jeunes hommes. « On y va ? » Elle a retrouvé le sourire et quelque chose en elle semble se mouvoir. Un instinct qu’elle avait perdu. La joie de retrouver sa véritable nature.
Invité
Makoyepuk Blackfoot
Since : 07/07/2020
Messages : 482
Faceclaim : Kalani Queypo
Crédits : Ghoest
DC : Kilian O'Reilly - Ichabod Walsh - Amelia Burke - Benicio De La Fuente
Age : 38 ans
Statut : Veuf, père d'une fille qu'on lui a volé, monsieur est un vagabond
Job : Chasseur de prime
Habitation : Officiellement, Imogen, officieusement, un peu partout
Dim 16 Mai - 14:30
Yound and beautiful
❝ I've been through the desert on a horse with no name. It felt good to be out of the rain. In the desert, you can remember your name 'cause there ain't no one for to give you no pain ❞
Quand elle parle dans cette langue aux accents étrange, la petite compagnie masculine échange quelques regards globuleux, empreints d’incompréhension, voir, de dédain. Alors, même si Makoyepuk essaye de suivre comme il peut la conversation, certains mots lui échappent. — Áakanisttsiwa ! Óki, nitsiksímsstaa...” Katao’pi et Sipiskomaapi ricanent une nouvelle fois, visiblement plus au courant que leur comparse d’une farce gardée secrète. — Soká’pii. ” Il aurait aimé questionner le fils du chef un peu plus intensivement sur la suite des opérations, mais Hannah l'entraîne déjà loin du petit groupe de femmes qui dévisagent au passage celle qui vient de quitter son poste. Un peu perdu, tombant de son pied-d’estale de fierté masculine qu’il partageait avec les chasseurs de son âge, il a l’air moins certain de sa bêtise - et surtout de son anglais. — Tu es sûre tu veux faire ça vraiment ?”
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Perchés sur quatre petits chevaux, l’assemblée silencieuse regarde paître au loin les géants des plaines, derniers représentants d’une race qui, il y a peu, dominaient ces terres . D’ici, ils ressemblent seulement à de petites tâches perdues entre ciel et terre, offrant audace et insouciance à ceux qui ne les ont jamais vu de près. — Katao’pi, Kitáitstaki iniskim ?” Makoyepuk se penche sur son cheval, regardant son camarade avec un sourire presque trop fier. — Saa. ” Lui répond le garçon, lui aussi confiant. Un peu trop, vu sa réponse. Après tout, c’est sur ce talisman que repose tout l’art de la chasse au bison - sans lui, impossible de parler aux bêtes et de les attirer près de la falaise. — ha? Tsá nitsáyáakikkiaaki íniimiksi ?” Un vent de panique souffle un peu de rouge aux joues de Makoyepuk qui, décidément, ne comprend plus rien de ce qui se passe. — Áaksiksspitoyiiwáyi íniimiksiyi. ” Cette fois, c’est au blanc que vire la figure du jeune chasseur, comprenant seulement trop tard l’étendu de la mesquinerie de son cadet. — ha?! ” Lui qui chuchotait, voilà qu’il se met à crier. Voyant son inquiétude, Sipiskomaapi tape sur l’épaule de Makoyepuk, l’intimant ainsi de parler plus bas tout en saluant bêtement Hannah de la main quand celle-ci fait volte face. — Máópiit! ...Oki, nitsáikkahsístotoyiiwáyi...” Makoyepuk ouvre un peu plus grand les yeux, voyant que le duo ne démord pas de sa bêtise. Pourtant, un peu trop influencé par la réputation que lui offre leur amitié, il baisse tout de même la voix, retenant malgré tout un accent colérique dans son parlé. — Kitaikitáttsa’pssi ?! áakohka’pssiwa !” Katao’pi croise les bras, fier. — On verra.” Voilà que de son plus mauvais accent, son ami dévoile peut-être la plus grosse supercherie de cette journée. — Kitáápíí’pats ?!” Sans répondre, le brave s’en va plutôt rejoindre la petite settlers qu’il commence déjà à baratiner avec son plan ( dans un anglais bien approximatif, certes ). Triste nouvelle pour Makoyepuk : Il faut croire que les soldats ont aussi pris sous leur aile ce garçon. Mais leur générosité ne risquait pas de durer s’ils tuaient une blanche avec leur stupide farce.
Avec ses mains autant qu’avec le peu de mots qu’il parvient à articuler, le fils du chef explique comment ils vont s’approcher des bêtes et attirer leur attention. Une fois que le troupeau les suivra, Hannah n’aura plus qu’à se placer devant eux et tirer dans la tête des plus curieux. De quoi créer la débandade chez ces animaux, finalement. S’ils se mettaient à charger, la pauvre n’aurait aucune chance. Alors que les deux autres garçons se mettent en place, Makoyepuk reste en retrait, regardant la petite settlers avec des yeux inquiets. Il aimerait la prévenir, mais ne risquerait-il pas de s’attirer les foudre d’un des siens ( un peu trop bien placé ) ? Il s’approche pourtant, plein d’hésitation, le fusil en berne, comme s’il avait déjà renoncé à cette folle entreprise. — Hannah… C’est pas la bonne idée de faire ça. ” Les bisons commencent déjà à s’approcher, happés par l’étrange manège des deux chasseurs qui semblent jouer à cache-cache avec eux. — Hannah… Vraiment, je mens pas. Faut pas que tu fasses ça. ” Son ton devient plus pressant alors que la horde se met déjà à trotter, droit vers eux. — há’ayaa ! Hannah, on s’en va ! ” Les bisons galopent et les deux fanfarons ont déjà disparu à l’horizon, laissant le troupeau sans supervision. Impossible de faire changer le cours de leur course si personne ne se trouve à leurs flancs. Alors makoyepuk tire de toutes ses forces sur le mors qui scie la bouche au cheval de l’étrangère, tachant de l'entraîner avec elle loin d’une mort certaine.
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(c) sweet.lips
traduction : 1 “Elle va le faire ! Enfin, je crois…” 2 “ Bien.” 3 “Katao’pi, Tu as la pierre de bison ? “ 4 “Non.” 5 “Hein? Comment est-ce qu’on va piéger les bisons alors ?” 5 “Elle va leur tirer dessus.” 6 “Tais toi ! ...Allé quoi, on veut juste lui faire une blague…” 6 “T’es Dingues ?! Elle va mourir !” 7. “Tu parles anglais ?!”