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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Un souper presque parfait | ft. Dino, Thomas & Bartel
Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
Since : 30/11/2020
Messages : 318
Name : Cendre
Faceclaim : Oona Chaplin
Crédits : I-rain (gifs) | Wanderlust (avatar)
DC : Irina | Blair
Un souper presque parfait | ft. Dino, Thomas & Bartel Boeq
Age : 29 ans
Statut : La revanche a fait d'elle son épouse, personne ne sait qui des deux deviendra veuve
Job : Cuisinière officiellement | Nouvelle comptable des Hennessy en compagnie de Wyatt Smith | Réalise des petits boulots illégaux avec un groupe d'italiens de Silverstone | Ancienne contaiuola de la famille Rinaldi
Habitation : Petit étage en piteux état au-dessus de l'épicerie de ses grands-parents, Silverstone
Disponibilité : Dispo [1/3]
Dim 11 Juil - 18:32


Un souper presque parfait


« In nómine Patris, et Fílii, et Spíritus Sancti. »

La voix du prêtre s’éleva sans écho dans le bâtiment de bois exiguë que les initiés osaient appeler l’église catholique de Silverstone.
Les croyants s’entassaient les uns sur les autres, les fesses à peine posées sur les bancs de bois. Lorsqu’ils n’avaient plus de place, on s’agglutinait dans la nef et dans les allées.  

Le soleil printanier pleuvait à grandes giclées à travers les fenêtres taillées à niveau d’yeux. La lumière était là, blanche, crue, vive, éclairant sans pudeur les visages et jetant une chaleur désagréable sur les peaux moites.
Point d’anges, de saints, de madone et d’auréoles pastels pour illustrer des versets de la Bible et assourdir l’esprit de sublime. Non, lorsque d’aventure, le regard se perdait contre les murs, il rencontrait un bois défraichi, lorsque ce n’était pas une vache curieuse s’étant approchée des vitres de trop près. Car l’église clandestine n’était pas placée au coeur de la ville - histoire d’enlever aux protestants le plaisir de les faire brûler sur la place publique -, mais dans une grange abandonnée, en marge de Silverstone.

Filippa roula des yeux lorsqu’elle surprit un âne - pour une fois, ce n’était pas une génisse - posté à côté d’elle, de l’autre côté du mur aussi épais que du papier de verre. Ainsi, lorsqu’il leva la queue pour déféquer, le bruit s’infiltra dans l’édifice en même temps que l’odeur.

« Amen, » s’écria le prêtre alors qu’il aurait dû s’agir d’un modeste murmure, dans l’espoir de masquer les hennissements joyeux de l’animal.

« Amen ! » répétèrent en coeur les fidèles, un peu plus puissamment que d’habitude.

Dans un concert de froissements de jupes, de pantalons, de bois qui craque, de mouchoirs que l’on collait sur son front et de toux, l’assemblée se laissa tomber sur les bancs. Le religieux commença son office, criant à pleins poumons pour que tous les membres puissent l’entendre.
Ici, il n’était pas question de compter sur l’espace démesuré pour porter la voix. De grosses gouttes de sueur perlaient sur son front. Sous l’effort, une vilaine veine bleue se traçait, de la pointe de son sourcil blond jusqu’à son oreille.

Dans un claquement, nonna ouvrit son éventail de dentelles noires - une relique de leur passé - pour s’éventer un peu. Ses yeux furetaient à gauche, à droite, repérant qui était là et qui ne l’était pas. Il ne faisait aucun doute qu’après le repas dominical, elle installerait son fauteuil dehors et que toutes les autres mama du quartier feraient de même. Alors commenceraient les ragots, les demi-siestes et l’espionnage méthodique des passants et de ce qui se tramait derrière les rideaux.
Quant à nonno, s’il avait actuellement les yeux ouverts, personne n’était dupe. Mais enfin, il préférait dire à tout le monde qu’il réfléchissait.

Toute à son recueillement, ses doigts tripotant sa médaille de baptême en même temps que les cornes païennes qu’elle avait accroché à son cou, Filippa fut tirée de sa réflexion par les coups de coude que Dino lui enfonçait légèrement dans son flanc droit.
Fronçant les sourcils, elle ferma un peu plus fort les yeux. Cela devait être assez pour lui signifier qu’elle avait décidé de l’ignorer. Mais le napolitain ne s’avoua pas vaincu et redoubla d’efforts avec une dextérité renouvelée : il fichait à présent sans mal la pointe de son coude juste entre deux côtes. Elle n’avait pas besoin de le voir pour imaginer l’étincelle amusée au fond de ses yeux noirs.

Retenant un soupir agacé, elle rendit les armes. Elle papillonna des paupières sans dénouer ses sourcils et agita la tête, index et majeur se détachant brusquement de son pouce. « Quoi ? » était peint sur tout son visage.

L’ouvrier s’inclina à peine vers elle, le regard toujours sur le prêtre qui s’égosillait. Sa voix fut couverte sans mal par le latin du religieux.

L’italienne manqua de s’étrangler de rire (matérialisé ici par un pincement de lèvres à peine perceptible). Elle exhala à peine par le nez, son ventre contracté par la blague absurde de Dino.

« … et omissióne. »

Froissements de vêtements à nouveau et voilà que tous se mettaient debout.

« Mea culpa, mea culpa, mea máxima culpa. »

Les mains droites frappaient sur les coeurs, comme les romains auraient frappé leurs boucliers avant une attaque. Il y avait probablement un peu moins d’entrain. Sûrement, même.

Son regard glissa à nouveau sur Dino qu’elle s’imagina avoir regagné son sérieux, la farce passée.

Il haussa les sourcils et, cette fois, ses lèvres s’étiraient si bien que sa moustache s’était retroussée sur ses dents.

Filippa comprit qu’il ne riait pas.

Les coins de sa bouche retombèrent mollement, reprenant la moue exaspérée trop souvent sculptée sur son visage. « Quoi ? » était peint sur tout son visage, mais plus que de l’exaspération, cette fois, elle oscillait entre la mauvaise surprise et l’ébahissement.

Misereátur nostri omnípotens Deus.



*



Nonna était perchée sur l’épaule de sa petite-fille comme un oiseau de mauvaise augure. Elle surveillait avec la plus grande attention la cuisson des pasta aglio e uoglio et ne put s’empêcher de faire claquer sa langue contre son palais.

« Tu es sûre de faire comme ça ? » commença-t-elle en bousculant Filippa. « Regarde, moi je fais comme ça, c’est bien mieux. »

L’ancienne mafieuse serra les dents.

La journée avait été un enfer. Nonna, plus qu’omniprésente, s’était invitée dans tous les plats, critiquant deçà, delà, à mesure que Filippa sortait les recettes. Les deux Rinaldi n’avaient cessé de se prendre le nez, pestant l’une contre l’autre à mesure que l’heure fatidique approchait.

« Je te déteste, Dino. Vraiment, je te déteste, » siffla-t-elle mentalement, rongeant son frein. Nonna rajouta du sel dans la sauce.

« Surveille les pâtes, madre mia ! Elles vont coller ! » s’écria la grand-mère avec la même alarme qui si un bébé était tombé dans le feu.

« Je m’en occupe ! » s’agaça Filippa, une pointe d'inquiétude dans la voix. « Va donc t’asseoir, regarde toi ! Tu es en nage ! »

Après tout, il n'y avait pas si longtemps qu'elle était tombée dans les pommes en pleine rue. Nonna s’épongea le front sans obéir à sa petite-fille.

« Pour conquérir le coeur des hommes… » commença-t-elle en plongeant à nouveau vers les casseroles. « Il faut d’abord conquérir leur assiette. »

La jeune femme leva les yeux au ciel. L’aïeule - elle ne le cachait pas - espérait qu’après ce repas, elle serait fiancée. Au shérif, à l’avocat ou bien au pied de table, cela n’avait plus vraiment d’importance quand votre unique petite-fille restante avait vingt-huit ans et que sans enfant, eh bien, plus de Rinaldi. Qu’il s’agisse d’une mauvaise blague de Dino ou non, nonna était prête à sauter sur la moindre opportunité ; la prochaine étape étant qu’elle en crée elle-même, mais personne n’avait vraiment envie de voir ça.
Filippa avait eu beau lui répéter que jamais rien ne se passerait, qu’une telle idée lui donnait des frissons, nonna n’en démordait pas - testa dura -.

Le tintement de la clochette lui indiqua que le premier invité - Dino, très probablement -, venait de rentrer dans l’épicerie. Tous les étales avaient été poussées contre les murs pour dégager l’espace et y installer une grande table (deux petites tables de niveaux inégaux en réalité dont tous espéraient que la nappe dissimulerait assez la supercherie).

« Vavilla, vavilla ! » la chassa Filippa en utilisant le dialecte de Naples. « Et si tu croises Laura, dis-lui de venir m’aider au lieu de se cacher derrière la maison ! »

L’adolescente s’était enfuie à la seconde même où elle avait apprit que le shérif viendrait ici, percluse de réserve (ou bien d’autre chose, personne n’avait vraiment envie de savoir).

Les bras chargée des assiettes d’antipasti, Filippa poussa la porte séparant la cuisine de la boutique avec ses fesses.

« Dino, giuro che ti ammazzo dopo tutto questo, » râla-t-elle.

Mais l’ouvrier était arrivé flanqué de Bartel Murphy et de Thomas Rosenbach, fier comme un paon et la moustache aussi frétillante qu’un jeune saumon sorti de la rivière.

« Ah, sera’, » les salua-t-elle en disposant les plats sur la table. « Andiamo, ne restons pas debout. Assedete. »

N’ayant pas entendu la porte claquer derrière elle, elle jeta un oeil dans son dos. Elle croisa celui de nonna, son nez arqué glissé dans l’embrasure de la porte. Elle la referma prestement.

« Misereátur nostri omnípotens Deus, » songea Filippa en repensant à la messe de la semaine dernière. « Amen. »



________________

Vedi Napoli e poi muori
Fratelli d'Italia
Filippa Rinaldi
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Dim 25 Juil - 15:22


Un souper presque parfait

w/ @Filippa Rinaldi, @Dino Ricci & @Bartel Murphy

Belle, c’est un nom que l’on dirait inventé pour elle. Mais elle s’appelle Filippa. Filippa Rinaldi et bien qu’elle n’est pas le nom d’une gitane, cela ne lui enlève en rien sa beauté qui subjugue chaque jour un peu plus Thomas Rosenbach. Dire qu’il ne dort pas depuis qu’il a reçu l’invitation de son cher ami Dino Ricci (heureux hasard, il s’agit également de l’oncle de la belle épicière aux yeux de biche), serait un euphémisme. Le jeune homme passe son temps à rêver de la si belle occasion qui se présente à lui. Sa garde-robe n’étant pas assez adaptée à la gueuserie de ses hôtes, il a alors cherché des vêtements plus modestes, acceptant même de reprendre un veston déjà porté une ou deux fois (les ravages de la fast fashion dans le farwest et très certainement le début de la seconde main). Il n’a tout de même pas poussé le vice en prenant un pantalon troué, non, n’exagérons rien.


Le voilà donc apprêté modestement, parfumé et muni de son plus beau bouquet de pivoines pour la belle italienne ainsi que d’une bouteille de vin français hors de prix. Mila Rosenbach fait cultiver par les meilleurs jardiniers de Silverstone de merveilleuses pivoines, réalisant ainsi l’exploit d’être la seule à en avoir dans ce coin de désert. Recevoir une pivoine Rosenbach est donc un gage d’une grande estime de la part famille.


Il marche alors d’un pas léger dans les rues de la ville, fier comme un paon et la moustache aussi frétillante qu’un jeune saumon sorti de la rivière. Il se permet même de siffloter un petit air américain bien connu de tous qu’il termine par chanter du bout des lèvres. « I once was lost, but now I am found, was blind but now I see. » parfaitement révélateur du coup de foudre qu’il a eu pour la jeune femme. Et cette fois-ci, il ne s’agit en aucun cas d’une conquête de plus. Non, Filippa sera la deuxième mère de ses enfants. Leur dernière rencontre n’a pas été des plus déplaisantes, puisque la jeune femme lui a même demandé de l’aide qu’il s’est faite un plaisir de lui apporter au sujet d’un de ses ouvriers. Son mariage à venir avec Rose Hennessy n’est en aucun cas un obstacle pour lui, Filippa saura parfaitement s’intégrer dans sa vie sans que cela ne puisse lui nuire à lui ou sa future femme. Il ne compte certainement pas entacher sa réputation pour une femme.


Il se retrouve pourtant surpris en arrivant devant la petite boutique, apercevant le marshall de la ville, Bartel Murphy en embuscade. Thomas se rend cependant vite compte que l’homme est également invité. Bien élevé, l’avocat lui adresse un signe de tête tout en le saluant d’un « Cher Marshall, c’est un plaisir de vous voir ici ! » Accompagné de son plus beau sourire qu’il gardait pourtant pour Filippa. Mais à situation imprévue, improvisation maîtrisée.


Ils pénètrent alors dans la boutique, découvrant une table dressée au milieu de l’huile d’olive et des boîtes de conserve. Thomas trouve d’ailleurs tout cela très charmant, l’environnement donne un air très pittoresque à tout cela. Il se croirait presque en Italie. Il est évident que les Italiens mangent ainsi. Il ne faut décidément pas grand-chose à ce peuple pour être heureux. La simplicité italienne à l’état pur. Une table, de l’huile d’olive, un peu de nourriture de basse qualité et les voilà heureux. Le monde devrait s’inspirer des Italiens. Dino et Thomas se saluent comme deux frères d’armes. Pour eux, il s’agit bien plus de deux frères habitués des soirées poker et de l’Open Purse. Mais ils tairont leurs habitudes nocturnes devant les oreilles chastes de Filippa. Pour le moment. « Ah Dino, quelle idée merveilleuse que ce dîner en petit comité ! » Évidemment, il se tourne vers Filippa qui s’active avec les plats, une vraie femme d’intérieur comme on en fait peu dans son monde. « Mademoiselle Rinaldi, c’est toujours un plaisir de vous revoir. » Il lui tend alors le bouquet de pivoines. « Ce sont les seuls que vous trouverez à Silverstone. ». Thomas se tourne alors vers une vieille domestique tapie dans un recoin et lui tend sa veste ainsi que la bouteille de vin, donnant ses indications. « Ouvrez-le rapidement, il faudrait le faire aérer afin qu’il soit bon. » Mais Filippa referme aussi sec la porte. Haussant les épaules, Thomas se dit qu’ils ont une drôle de façon de traiter les domestiques ici. Les Italiens sont très avancés sur le sujet, les domestiques sont exemptés du service du soir. Incroyable.


Sans plus attendre, il va poser la bouteille sur la table et étend sa veste sur le dossier d’une chaise qui sera donc sienne (il veut bien faire l’effort puisqu’il s’agit de Filippa.). En prenant place, ses grandes jambes manquent de renverser les plats disposés sur la table. Il observe alors les plats disposés sur cette dernière et s’adresse à Filippa : « Mademoiselle Rinaldi, vos cuisinières ont fait un travail remarquable, elles se sont surpassées ! »

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Mer 28 Juil - 10:42


Un souper presque  parfait

@Filippa Rinaldi  @Thomas Rosenbach  @Dino Ricci

Des le réveil, j'ai su que cette journée serait... peu ordinaire. Cette invitation m'avait totalement pris par surprise. Je n'avais pas mis les pieds dans le très petit quartier italien depuis un certain temps. Je n'imaginais pas avoir réussi à tisser des liens affectifs si profonds pour qu'on puisse m'inviter à partager un repas.

Mais pourquoi pas... Les italiens sont si lunatiques.

Tout en marchant, j'ai une pensée pour la petite Laura. Cette gamine me fait me sentir coupable... j'ai délégué sa garde pour me simplifier la vie, en prétendant que c'était pour son bien. C'était surtout pour le mien...
J'aurais fait un père merdique...

Et me voila devant la boutique. J'ai un instant d'hésitation. Entrer, ne pas entrer... tel est mon problème... Je m'allume une cigarette pour me donner le temps de la réflexion.
Ma dernière présence en ces lieux fut très agitée. Je me demande ce que l'on attend de moi. Il n'y a pas d'actes gratuits... il y a toujours une raison tordue cachée derrière un sourire, une invitation...

Mes pensées sont interrompues par un nuage de parfum. Je tourne la tête pour découvrir le fils Rosenbach. Le parfum entêtant provient d'un bouquet qui est en train de mourir entre ses mains.
Sa présence ne devrait pas me surprendre. Si l'on veut trouver ce gars, inutile de chercher sa fiancée, il suffit de répondre à une invitation de mademoiselle Rinaldi

« Cher Marshall, c’est un plaisir de vous voir ici ! »

Surement pas... mais je lui reconnais des qualités de comédien certaines. Quant à moi, je n'ai jamais appris à faire semblant de m’intéresser aux autres...

Je jette ma cigarette pour le suivre. Je dois avouer que cela me convient... Il ouvre la route comme un éclaireur de l'armée en pays indien.
Je ralentis le pas. Décidément, j'aime l'odeur de cette cuisine. C'est un peu moins gouteux et odorant que la cuisine créole, mais je pressens que je pourrais facilement m'intoxiquer le cerveau avec...

Je salue nos hôtes alors que le fils Rosenbach fait une débauche de courbettes. Il offre vin et fleurs... un véritable homme du monde, un homme politique en campagne... ou plus surement, un type qui veut culbuter une femme qui lui résiste.

Je retire mon chapeau pour saluer les femmes de cette pièce. La hiérarchie est parfaitement visible à l’intérieur des murs. La reine du quartier est aux ordres d'une reine-mère aux cheveux blancs. Et après un regard circulaire, il est facile de voir que les hommes si bruyants à l’extérieur, ferment leurs gueules à l’intérieur.

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Dino Ricci
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Jeu 16 Sep - 0:20


Un souper presque parfait


Dino s’était délecté du visage décomposé de Filippa alors que le prêtre à l’accent irlandais (qui ne n’était certainement jamais passé diacre, mais il fallait bien dépanner et ses études de théologie servaient bien) baragouinait un sermon inspiré. Il avait passé la majorité de l’après-midi à mimer la drôle de tragédie aux amis et aux voisins et tous s’époumonaient à en cracher la cendre de leurs poumons (en tout cas le vieux Carlo avait recraché un mégot qui avait du vivre un petit moment dans son œsophage sans que ça ne l’embête de trop). Tous le quartier était à présent au courant pour le repas et ça avait traîné des pattes dans la petite épicerie populaire bien après l’horaire de fermeture passé. Au moins les Rinaldi s’étaient vu rincés de cadeaux plus ou moins inspirés. Il fallait bien des excuses pour venir zieuter les préparations et y aller de son petit commentaire. Les signoras avaient donné nombreux conseils à Filippa pour qu’elle attire dans ses filets le plus gros et le plus beau des poissons. Même si le problème ce n’était pas de les avoir attrapé, maintenant il fallait se décider duquel éviscérer. Marshal ou avocat, c’était bien, très bien. Dino savait pertinemment qu’il avait ruiné la journée entière de la napolitaine.

C’est pourquoi il avait un sourire jusqu’aux oreilles quand il entra dans l’épicerie qui n’avait pas perdue de sa chaleur malgré la nuit tombée. En voyant les deux invités patienter en fumant devant la porte de la boutique il les avait pressé d’entrer et parlant pour trois. Si le fils aîné Rosenbach n’avait pas besoin d’aide pour faire la conversation il était évident que l’homme de loi avait besoin d’un coup de pouce. Dino envoya un baisé à Filippa quand elle fit de son entrée tout un drame. Voir son joli minois tout suant d’avoir tout travaillé ne fit qu’agrandir son sourire. Il revoyait sa joie fondre comme neige au soleil quand il lui avait apprit la nouvelle sur les bancs inconfortable de l’église prohibée improvisée. Ponctué par un concerto du trou de balle d’un âne. Le rêve américain. Quand elle passa près de lui, il poussa le vice à suivre du bout du nez le fumet qui se dégageait des plats. « So che mi vuoi bene troppo. Ça a l’air délicieux, Filippa. Ça sent très bon. » Il ne faisait que peu d’effort pour dissimuler son accent épais qui roulait dans son palais. Au moins il se rendait compréhensible pour les convives.

Sa veste fut abandonnée avec désinvolture sur le dossier d’une chaise qui n’était pas choisi au hasard. Il se trouva épaule contre épaule avec Thomas. Thomas… un véritable poème ce grand gaillard. Dino s’était tout de suite attaché à lui. Il était drôle et en plus il était riche. Mais surtout il était drôle. « Ah ! La cuisinière ici c’est Filippa. Elle est la meilleure que n’importe qui dans cette ville. Vous les américains, vous ne connaissez pas la bonne nourriture de toute façon. N’est-ce pas ! » Il n’y avait aucune méchanceté dans la voix de Dino quand il n’énonçait qu’une évidente évidence. « Elle a passé toute la journée à la cuisine pour vous préparer le meilleur.  Ah, Thomas, tu as tes cigares, encore ? » Dino avait passé son bras autour des épaules du grand et beau bébé et tapota celle qui se trouvait le plus loin de lui. Ce n’était pas un exercice aisé car l’avocat était bâti comme une armoire à glace mais Dino rendait cela facile.  « C’est incroyable tout ce qu’il sait sur les cigares, Filippa ! » Il l’avait lâché pour se pencher sur la table, désignant un coup Thomas et un coup le ciel. Au petit bonheur la chance. « Il m’a dit qu’il est dans un club. Un club des cigares, ici ! » Il rit de bon cœur et flatta encore le dos de son voisin de table, Filippa s’en fichait bien des histoires de cigares elle. Thomas lui rappelait un de ses cousins. Immense et avec des bras qui auraient pu faire traverser la méditerrané en un lancer à n’importe quel corse désireux de rentrer au pays. C’était un garçon bête mais terriblement intelligent.

« Et vous monsieur le Marshal, vous connaissez des histoires de cigares ? Ou vous êtes plutôt cigarettes ? Moi je préfère les cigarettes, ça coûte moins cher ! On dit que ça pue moins, mais des excuses tout ça. » Toujours tout sourire, il se voyait animer le repas comme un chef d’orchestre, la baguette en moins. Dino se servait sur la table comme s’il était chez lui parce qu’après tout c’était tout comme. On se trouvait une famille où l’on pouvait, et c’était bien arrangeant qu’il ait décimé la majorité de celle-ci. Ça laissait un peu de place, forcément.  « Filippa, dov'e Laura ? Il faut qu’elle dise bonsoir au Marshal ! » Même si il était évident qu’elle ne se cachait pas dans la pièce, Dino y jeta un coup d’œil. Après tout on ne savait jamais avec cette gamine, elle avait de drôles de manies. « Elle a mangé avec mes filles tout à l’heure, je lui ai dit de venir ici pour aider. » Il lança un nouveau regard appuyé à son amie, reposant clairement la question émise un peu plus tôt sans ouvrir la bouche. « Tu lui as fait peur, c’est ça ? Elle parle pas beaucoup la petite. Comme vous. » Dino reprit tout naturellement la conversation avec Bartel. Il passait aisément d’un interlocuteur à l’autre. « Filippa m’a dit que c’est vous qui l’a trouvé. C’est bien d’avoir aidé Filippa, aussi. Qui sait ce qui lui serait arrivé, sinon. » Un regard appuyé et complice accompagna cette phrase, dédié à l’hôtesse. « Des problèmes. Elle les attire toujours. »

Dino Ricci
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Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
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Sam 2 Oct - 12:20


Un souper presque parfait


La table était petite. Étriquée. Bancale. La nappe blanche avait été jetée là dans l’espoir qu’à elle seule, elle cache toute la misère de cette famille toute aussi petite, étriquée et bancale où ils n’étaient plus que trois. Dernières reliques d’une époque douloureusement révolue.
Filippa savait qu’elle ne s’y habituerait jamais. Comment aurait-elle pu alors que ses souvenirs étaient encore bercés des dimanches glorieux où, après la messe, on se retrouvait tous. Parents, grands-parents, frères, soeurs, oncles, tantes, cousins, cousines, amis, amis que l’on appelait oncles, tantes que l’on appelait cousines, les petits à la table des enfants, les grands à celles des adultes. On s’esclaffait, on se souvenait du bon vieux temps, on demandait des nouvelles, on parlait plus fort à mesure que le vin cognait, on faisait claquer ses couverts contre l’assiette lorsque l’on n’était pas d’accord, on dénouait les sourcils lorsque le plat suivant arrivait. Chaque met un nouveau départ, on faisait table rase et on recommençait jusqu’à ce que le ciel rosisse. Jusqu’à ce que le crépuscule n’élève les odeurs d’herbe mouillée et des citrons trop lourds qui tordaient les branches en saules rieurs. On était presque plus religieux à table qu’à l’église, respectueux des mystérieuses traditions familiales dont on ne savait plus comment elles étaient nées, mais qu’on craignait de briser de peur de s’attirer le mauvais oeil. Leurs rires la hantaient comme des cauchemars.

Un dîner, ce n’était certes pas qu’une grande table, mais également les personnes qui étaient installés autour. Et lorsque les dimanches n’étaient pas ensoleillés, c’était en petit comité que les Rinaldi se retrouvaient. Les six frères à la fois discrets, turbulents et bavards, le père toujours pensif, le grand-père qui multipliait les jeux de mots hasardeux, la mère et la grand-mère en cuisine qui s’asticotaient jusqu’à ce que l’une d’entre elles ne s’agace définitivement. Puis, les pâtes, les odeurs de sauce tomate, le parmigiano qu’on renversait par mégarde à côté de l’assiette, les doigts que l’on essuyait dans la nappe. Comment va l’Iseppa ? Et l’Aldo ? Que va-t-on manger demain ?
Tous liés par ce moment où le monde n’était plus composé que d’eux.

Dans le cas présent, la napolitaine n’avait plus aucun des deux. Ni grande table, ni proches. Cette réalité la creusa un peu plus du vide qui l’habitait tandis que son regard se posait sur les deux invités du jour, d’illustres inconnus qui n’auraient jamais rêvé pouvoir s’asseoir à côté d’elle il y avait de cela sept ans. Et aujourd’hui, c’était eux qui détaillaient son intérieur, leurs yeux se posant de partout, félicitant des cuisinières que les Rinaldi n’avaient pas. Enfin, eux. Thomas Rosenbach en l’occurence, tout à sa logorrhée et à ses pivoines tandis que le marshal se murait dans un silence caractéristique. Sa fierté prenait trop de place et elle ne supportait pas ce qu’elle imaginait être la condescendance crâne et candide des hommes peu habitués à l’infortune.

L’italienne avait appris à redouter ses rencontres avec l’ancien shérif. Pas parce qu’elle craignait Murphy. Non, c’était parce qu’il portait malheur. L’écossais, le train et maintenant aujourd’hui. Le Seigneur seul savait ce qui risquait de leur tomber sur le coin du nez ce soir.

Au milieu de ce patchwork d’invités qui n’auraient jamais dû être installés à la même table, Dino s’escrimait à être le fil de couture les maintenant ensemble.

Elle plissa ses gros yeux noirs devant les pitreries de l’italien tandis qu’elle arrangeait les pivoines duveteuses dans un vase qu’elle installa au centre de la table. « Les pivoines, c’est bien joli, mais c’est plein de fourmis, » répétait inlassablement sa mère lorsque la fin avril arrivait et que le jardin se mettait subitement à fleurir. Filippa n’y avait jamais fait attention, mais ce soir-là, elle jeta un coup d’oeil aux pétales au rose dilué. Rien.

« Grazie. Elles sentent bon, » répondit-elle sobrement, autant avare avec ses mots qu’elle l’était avec ses sous.

Elle s’installa sur la chaise en osier branlante. Les pieds de chaises crissèrent contre le parquet que nonna avait mis un point d’honneur à briquer toute la matinée avec l’aide de Madolina et de Donata. « Signore, bénis ce repas, » pria-t-elle mentalement, même si cela avait des allures de supplications.

En quelques secondes, le Don Juan de pacotille, le marshal instable, l’ouvrier bavard et la cuisinière agacée se trouvèrent réunis autour d’un souper qui avait des allures de pièce de théâtre. Écrite par quelqu’un qui n’allait visiblement pas très bien.

Le compliment de Dino aurait pu la faire rosir - comme cela lui arrivait trop souvent lorsque l’on complimentait sa cuisine -, mais elle était trop habituée à ses mots doux et trop exaspérée de se trouver prise au piège de ce dîner qui n’avait aucune logique en termes d’invités. Et peut-être était-elle également gênée par le fait que l’avocat et le marshal puissent penser ne serait-ce qu’une seule seconde qu’elle s’était pliée en quatre pour eux. C’était simplement qu’elle ne pouvait souffrir de proposer des plats médiocres. Cela aurait été un affront envers tous les italiens foulant et ayant foulé la Terre. Avec une pudeur empreinte de fierté, elle haussa les épaules, comme pour esquiver les flatteries de l’ouvrier, avant de le gratifier d’un regard torve.

Les sourcils haussés, les lèvres étirées en une moue crispée, elle hocha brièvement la tête sans piper mot, bien décidée à freiner des quatre fers pour ne pas se laisser entraîner dans la valse passionnante des cigares.

« Incroyable. Ma non mi dire. Je vous en prie, dites-nous en plus, » commenta-t-elle avec un faux entrain.

Elle disposa les petits bols aux couleurs passées pour l’aperitivo. Des peperoncino que nonno s’escrimait à faire pousser dans leur petite cour envers et contre tous, des tomates confites, des poivrons marinés, des radins plus blancs que blancs, des focaccias au romarin et des lupinis. Filippa adorait les lupinis. D’ailleurs elle ne manqua pas d’en attraper un, de l’ouvrir avec ses dents et de presser la peau pour faire sortir la graine. Il manquait beaucoup de choses sur et autour de cette table. Le goût du lupini sur sa langue le lui rappelait. La voix de Thomas badinant sur les cigares aussi.

Le bal était ouvert et d’un moulinet du poignet, elle invita les autres à se servir.

La tentation de réaliser la farce des peperoncino était présente. La dernier à en avoir fait les frais était John. Tout à sa bonhommie naturelle, il ne s’était offusqué de rien, heureux comme un ravi de la crèche.
Néanmoins cela induisait une certaine complicité que Filippa n’avait aucunement envie de tisser avec ses invités du soir. Nonno ne s’embarrassait jamais de cela, trop content de mettre son espièglerie sur le devant de la scène, peu importait sa victime ou ses relations avec cette dernière.

Elle haussa les épaules à la question de Dino, croquant dans son deuxième lupini.

« Paura ? Me ? C’est plutôt moi qui en ai peur, oui. L’autre matin je l’ai surprise à marmonner toute seule nell’oscurita de l’épicerie. »

Il était d’ailleurs cocasse que le mot peur en italien soit si proche du prénom Laura. D’aucun aurait pu penser à une coïncidence. Filippa, non. Et que cela soit sa propre peur ou celle qu’elle générait chez les autres, cela avait peu d’importance. Parfois, elle avait la sensation que la vénitienne était comme ces objets hantés qu’avait l’habitude de lire son frère Aldo. Choisis par une main naïve chez un revendeur et qui finissaient par vous porter malheur jusqu’à ce qu’un drame n’arrive.

Filippa se retint de laisser son index tracer des cercles près de sa tempe droite.

« Pazzi, » articula-t-elle à la seule intention de son ami.

Un coup d’oeil vers les vitrines fit apparaître un visage mat rendu blafard par la nuit, se détachant trop bien du tableau noir qu’était le ciel. Ses longs cheveux noirs tombaient comme de la brume sur ses épaules.
L’italienne manqua de sursauter devant l’apparition spectrale qui se retira bien vite dans les ombres. Elle jeta un regard vers l’ouvrier. « Tu as vu ? » lui demandait-elle par la seule force de son regard. Mais le bout-en-train s’égayait comme un pinson après l’hiver, déblatérant des fadaises avec une jovialité déconcertante. « Elle ne tourne pas rond cette petite, » songea Filippa en tentant de faire reprendre à son coeur un rythme normal. « Elle a les fils qui se touchent. »

Au regard complice de Dino, elle répondit par un sourire hypocrite et un coup de pied sous la table.

« Spesso, je suis bien aidée, eh, Dino ? Et il ne me serait rien arrivé. »

Elle était d’ailleurs persuadée qu’il lui en était plus arrivée flanquée du marshal qu’il ne lui en serait arrivée si elle était restée seule à comater dans le train.

Et en l’occurence, des problèmes, elle voyait deux gros à sa table et ce n’était pas elle qui les avait traînés ici. On n’avait pas idée de convier un avocat et un homme de loi à leur table. Si en Italie, la chose était parfaitement commune et normale - la corruption se dégustait très bien accompagnée de gnocchis - ici, les choses étaient différentes.

Elle se redressa pour attraper le plateau de focaccias qu’elle fit passer à Thomas, le plus éloigné d’elle alors qu’elle présidait la table (volant pour une fois sa place à nonno). Autour de cette table digne d’une dinette, il ressemblait à un géant sans toutefois paraître mal à l’aise.

« Mangia. »

De l’ordre emprunté à nonna, il y avait la pudeur d’un remerciement un peu trop sec. Elle n’avait pas oublié qu’il avait aidé Vitale. Si sa mémoire était bonne pour la rancune, elle l’était également pour la gratitude. Et elle n’aimait pas se sentir redevable. Elle préférait quand l’altruisme était suivi d’une demande précise, plutôt que de s’échiner par la suite à tenter de rembourser une dette dont elle ne parvenait pas à estimer le montant.
Elle agita le plateau avant de lui poser sous le nez.

Son regard croisa les petits yeux fourbes de nonna, Madolina et Donata qui les épiaient à travers la vitrine - pauvrement dissimulés derrière les rideaux bordeaux, comme l’avait fait Laura il y avait peu. Madolina, la voisine du bout de la rue, pointait le marshal du doigt en marmottant des mots qu’ils ne pouvaient entendre. Son dernier passage dans le quartier faisait encore parler. On ne l’appréciait guère par ici. Quant à Donata, elle se touchait les épaules et gonflait la poitrine pour mimer Rosenbach à nonna qui ne perdait pas une miette du spectacle. Cette dernière estimait probablement ceux qu'elle s'imaginait en compétition pour devenir l'époux de sa petite-fille et peut-être (sûrement) avait-elle eu l'audace de parier avec les commères du quartier.
Les aïeules redevenues adolescentes cancanaient en se cachant la bouche. Les ragots avaient presque lissé les rides de leur visage.

« Ma non è possibile, » rouspéta-t-elle en se levant.

Elle se planta devant la vitrine et asséna un regard las aux Trois Grâces (qui protestaient en la suppliant des mains). Elle tira les rideaux avant de se réinstaller.

«  Spiacente, » s’excusa-t-elle. « Vous êtes devenus un phénomène, qui. »

Un phénomène dont elle se serait bien passée.



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Vedi Napoli e poi muori
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Filippa Rinaldi
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Jeu 7 Oct - 14:50


Un souper presque parfait

w/ @Filippa Rinaldi, @Dino Ricci & @Bartel Murphy

Bartel Murphy ne daigne même pas lui adresser la parole, quel homme mal élevé. Si Thomas ne le porte pas dans son cœur (il se souvient du café renversé cet hiver à Moonstone.), il reste cependant aimable. Le jeune avocat décide donc d’ignorer sa mauvaise humeur apparente et de s’en remettre à son ami Dino qui, lui au moins, sait accueillir les gens comme il se doit. Véritable maître de cérémonie, il ne peut s’empêcher de parler à tout va, amusant Thomas. Cependant, il l’écoute à moitié, n’ayant d’yeux que pour la maîtresse des lieux observant son bouquet de pivoines. Elle ne le dit pas, mais il est certain que cela a fait son effet. Quelle femme n’aime pas les fleurs ? Il se permet donc d’en rajouter une couche, car il n’y en a jamais assez quand il s’agit de flatter l’Italienne. « Une senteur rare à Silverstone pour une femme qui l’est tout autant ! » Et c’est vrai qu’elle sait se faire invisible. « Vous cuisinez ? » Epaté, Thomas hausse les sourcils en hochant la tête. « Et bien, nous tenterons de faire honneur comme il se doit à vos plats ! » C’est curieux, mais c’est vrai que tout le monde n’a pas les moyens d’avoir une cuisinière à son service. « Et comment va votre ami ? » En prenant des nouvelles, il cherche surtout à s’assurer qu’il ne sera pas là ce soir.

« Voyons, nous n’allons pas ennuyer mademoiselle Rinaldi avec cela. » Les cigares, c’est une affaire d’hommes, les femmes n’en ont que faire. Il serait bien incapable de rendre cela intéressant pour une ménagère comme elle. Aussi sublime soit-elle. Il sourit alors à Filippa, ne pouvant s’empêcher de la regarder. Dans cette petite pièce peu éclairée, elle avait l’allure d’une figure du clair-obscur, tout droit sortie d’un tableau du Caravage. Pourtant, rapidement, Thomas reprend ses esprits sous la main baladeuse de Dino. Dieu que cet homme est tactile, et peut être même un peu trop. Les Italiens. Rosenbach lui sourit alors en lui rendant sa tape sur l’épaule, riant avec lui. « Sacré Dino ! » Thomas aime beaucoup Dino, ils passent de nombreuses soirées à jouer au poker. Pourtant, jamais il ne l’invitera à fumer le cigare dans l’univers capitonné de la Silverstone Society. Il faut savoir ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier, mais il faut surtout apprendre à ne pas les faire se rencontrer. Il y a un temps pour tout et Thomas Rosenbach s’adapte parfaitement. Certes, il ne vivrait pas toute sa vie comme ils le font, mais voir la réalité du terrain de temps en temps ne fait pas de mal et permet ainsi de se reconnecter à la réalité.

Alors que la conversation se tourne vers le marshall, Filippa lui tend tout un tas de plats plus colorés les uns que les autres et surtout qu’il ne connaît pas. S’emparant du petit pain, il l’observe alors, trouvant cela admirable. « Qu’est-ce ? » Il n’a jamais vu cela par chez lui. Du bout des doigts, il pose le petit pain dans son assiette et cherche les différents couverts avec lesquels le manger. Il n’a malheureusement pas grand choix, seuls une fourchette et un couteau se battent en duel. Ne montrant en rien sa gêne et les laissant discuter avec monsieur Murphy, Thomas découpe délicatement le petit morceau de pain. Dino a raison, cela a bien meilleur goût que leur cuisine. Il s’apprête alors à en faire la remarque à Filippa mais cette dernière se lève pour aller refermer le rideau au nez des commérages. Il lui sourit alors. « Un phénomène peut être, mais uniquement grâce à vous. ». Oui, Thomas se souvient encore de sa première visite à l’épicerie.

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Mar 12 Oct - 11:52


Un souper presque  parfait

@Filippa Rinaldi  @Thomas Rosenbach  @Dino Ricci

Mon sang irlandais est assez dilué. Pourtant, c'est bien la première fois que je me sens un étranger parmi des blancs... C'est sans doute du à cette volonté de parler une langue que je ne comprends pas. C'était déplaisant et arrogant de leur part....

Il y avait une volonté chez ces femmes et  ces hommes de se singulariser, une sorte de complexe de supériorité ou d'infériorité (je ne sais dans quel sens cela marche...)qui mine tous les migrants.
Je me demande ce qu'ils ont du quitter pour se complaire dans une sorte de nostalgie d'un passé révolu...
Cette mélancolie entretenue se ressent par la persistance de leur langue, une attitude culturelle que je ne comprends pas mais qui semble aller de paire avec les latins...
...le bavardage insipide des hommes et le silence des femmes.

Filippa Rinaldi...
Je suis prêt à parier gros qu'elle n'est pas à l'origine de cette invitation. Je regarde la vieille femme et  c'est moi qui souris. La dame brune est finalement aux ordres des ainés.
Comme elle doit souffrir. Je lutte pour ne pas ricaner à cette idée.

J'écoute un mot sur deux déversés par Dino... j'en saisis quand même un au passage ... cigarette.

Je suis un adepte des cigarettes. Elles me calment...

C'est faux. C'est même le contraire.
Je suis devenu un grand fumeur avec la succession des guerres. L'odeur de la fumée masque celle de la pourriture de la nouriture et de la putréfaction des corps. Et ça fait passer le temps...

Quant à cette nourriture odorante et gouteuse, elle parvient à me plonger dans la nostalgie. Je me souviens de la plantation... la cuisine de Mama me manque à ma grande surprise. Cette vielle femme m'aurait presque fait croire en dieu... mais elle est morte.
Ce monde n'est pas fait pour les personnes trop douces...

Je regarde mon plat. Il se peut que je me convertisse aujourd'hui à la cuisine italienne...

Je lève les yeux vers la dame brune, tout en dégustant mon plat.

Tout est parfait.

Je ne suis pas adepte des compliments. Mais je me reconnais la qualité d’être honnête.

Je regarde autour de moi. Je ne vois pas Laura. Cela me contrarie... Je suis inquiet de l’avenir de cette gamine. Je n'aimerais pas la voir engrosser à quatorze ans...

Pourquoi Laura ne mange pas avec nous...?

Après tout, je suis invité. Et Laura est un des rares êtres humains qui ont éveillé mon attention depuis longtemps. Il n'est pas anormal que je pose la question.
Les quelques mots que j'ai saisis à son sujet m'ont inquiété

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Dino Ricci
Dino Ricci
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Un souper presque parfait | ft. Dino, Thomas & Bartel 628d8a27fb6ef6f6eef3e0baaa2b4405e6303a51
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Mer 20 Oct - 21:09


Un souper presque parfait


Dans le petit quartier italien tout le monde savait que le bel (et riche ! surtout riche !) avocat n’avait d’yeux que pour l’épicière aigrie (cette partie la venait de Dino, d’ailleurs il lui avait dit de faire attention qu’à être si aigrie elle aurait des problèmes aux reins en plus de vieillir prématurément). Il roucoulait comme un petit pigeon, fier comme un paon à lui présenter ses trois pauvres fleurs. Dino avait joué le jeu, prétendu pendant une petite poignée de secondes être ébaubit par de malheureuses pivoines. Mais il fallait lui donner ceci, il était particulièrement incroyable de trouver ces fleurs dans un trou comme celui-là. Thomas avait réellement soulevé terre et ciel pour celle qu’il voulait comme amante, quel brave homme. Et Filippa était fidèle à elle-même.

Le problème de Filippa était qu’en cinq ans elle n’avait pas changé. Elle continuait de s’embourber dans le passé sans réussir à s’en défaire. C’était une noyade volontaire, certainement plus douce que sa réalité américaine. Elle se complaisait dans sa nostalgie envahissante qui l’empêchait de devenir qui que ce soit de nouveau. A chouiner sur son sort comme la princesse reniée qu’elle était, elle ne faisait que reculer. Les Rinaldi, c’est elle qui les avait achevé, en pleurant des torrents de larmes sur son nom bafoué et sa personne au lieu de se lever et d’avancer. Elle était pathétique et tout les efforts qu’elle réalisait pour dissimuler la vérité ne faisait que la rendre plus évidente encore. Dino se pencha sur la table (il n’en avait pas besoin de sa grande taille) et fit tinter son verre contre celui de Filippa avant de le vider en quelques gorgées. Son sourire creusait ses fossettes.

La plat de focaccias passa sous sa moustache pour aller vers Thomas mais Dino piocha d’abord dedans, volant une des part découpée au préalable. Il l’abandonna dans son assiette et alla taper ailleurs une olive noire qu’il détacha de sa pâte et sa sauce pour l’engloutir à la manière d’un gamin impoli. Ça n’avait pas le goût de la maison, mais cet arrière-goût âpre et amer des choses qui ne sont pas tout à fait comme elles devraient l’être. Il ne manquait pas grand-chose pour que ce dîner soit une fête et en même temps il manquait tout. Dino se servit encore une fois de quelques olives sans goût ici et là, dans un plat qui n’avait rien demandé à personne, et se lécha les doigts non sans se départager de son sourire. Oh, entre amis on ne faisait pas des manières.

Sans se cacher, observant avec le rire jusqu’au fond de la pupille, Dino se délectait du spectacle qu’offrait le petit avocat. Il était aussi à l’aise qu’un poisson hors de l’eau, l’élégance en plus et c’était tout à son honneur. Il cherchait ici et là, à coups d’œil ou de mouvement incertain ce qui semblait manquer à sa tablée. Les américains avaient le chic pour se compliquer une vie qui était bien morne. Peut-être cela leur procurait-il de l’amusement, à juste titre. Jamais un repas de famille ou entre amis aux jardins n’auraient su s’encombrer de plus de couverts que de plats et de convives.

Tant pis si elle n’était pas tout à fait la famille et s’ils n’étaient pas du tout des amis.

Dino assena une nouvelle claque dans le dos du pur produit américain (ou peut être que c’était le fermier texan, en fait). Il rit de bon cœur. « Non, non. Vous étiez un phénomène bien avant. C’est le nom de la famille qui fait ça. Il sonne bien. » Il s’arrêta néanmoins vite de rire et de gesticuler quand le Marshal ouvrit de nouveau la bouche. L’homme était avare en paroles. Dino se tourna vers lui, continuant de grignoter paisiblement ce qui se présentait devant lui et finissait dans son assiette. Quand un homme parle peu, souvent c’est qu’il parle bien. Une sagesse diluée dans le silence, il faut savoir tendre l’oreille et attraper ce que le grand homme voulait bien offrir.

« Laura ? »

Dino resta silencieux juste un instant. Le temps de s’humidifier les lèvres pour cacher un rire. Il était plus amusé que vexé. C’est ce qu’il fallait. Ça ne servait à rien de perdre son sang-froid contre des américains, une perte de temps. Bon grès mal grès, le marshal taciturne le faisait rire.

« Je disais … Laura ! Elle a déjà mangé ! » Dino était un bouffon. Il parlait fort et articulait chaque mot, prenant garde de bien les détacher les uns des autres. Il était de nouveau penché sur la table, le corps vers le Marshal. En même temps il mimait ce qu’il racontait. Ses mains allaient plus vite que sa bouche. « Elle ne mange pas avec nous parce que, elle a déjà mangé ! Tu comprends ? Elle a mangé avec mes filles. J’ai des filles. » Il n’alla pas jusqu’à faire l’effort d’aseptiser son accent, évidemment. La plaisanterie avait ses limites. « Elles ont presque le même âge. Donc c’est bien qu’elles mangent ensemble. » Dino souffla, retrouvant le dossier de sa chaise branlante (un des pieds étaient mal équilibré ; un dimanche midi il s’était ainsi retrouvé à faire une pirouette au beau milieu du dessert).

« C’est à cause des coups de feu, c’est ça ? Je sais que ça peu faire… » Il chercha ses mots un instant, à présent que Dino avait reprit son débit (rapide) habituel et arrêtait d’hausser la voix comme s’il s’adressait à un enfant en bas âge, il parlait à Thomas. « ça peut rendre sourd, huh ? » Son visage s’illumina, les bouts de sa moustache se dressèrent en même temps que ses joues à son sourire. « Ou l’accent, peut-être ! Ça doit être ça. Il faut le dire si vous ne comprenez pas. Je peux répéter comme ça, marshal. » Il était évident qu’il répéterait sans faire plus d’effort de compréhension que cela. Et si le marshal avait déjà côtoyer des italiens difficiles à comprendre, il y avait de forte chance qu’il soit déjà au courant.

« On va pas imposer un repas d’adulte à une enfant, huh ? Moi à son âge je n’aimais pas ça. C’est long, c’est inintéressant. » Il chassa la conversation d’un geste de la main, la considérant comme close suite à ses arguments particulièrement percutants. « Elle viendra plus tard. D’accord, Filippa ? » En parlant au marshal, il désigna Filippa d’un signe de tête et donna un coup de pied sous la table à celle-ci avant qu’elle ne puisse le faire. « Filippa elle a du mal avec les enfants. Il faut l’aider. C’était pas le mieux de lui confier à elle. »

Dino Ricci
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Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
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Statut : La revanche a fait d'elle son épouse, personne ne sait qui des deux deviendra veuve
Job : Cuisinière officiellement | Nouvelle comptable des Hennessy en compagnie de Wyatt Smith | Réalise des petits boulots illégaux avec un groupe d'italiens de Silverstone | Ancienne contaiuola de la famille Rinaldi
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Disponibilité : Dispo [1/3]
Lun 8 Nov - 22:35


Un souper presque parfait


Filippa manqua de rouler si fort des yeux qu’elle aurait été capable d’observer la mine ravie et sournoise de Dino dans son dos, tout à sa dégustation de focaccia. « Un phénomène peut-être, mais uniquement grâce à vous, gngngngn, » singea-t-elle mentalement en se repassant les accents idiots du Rosenbach dans la tête. Se rendait-il seulement compte de la gêne qu’il diffusait dans la pièce ? Chacun de ses mots, chacune de ses respirations lui donnaient envie de grimacer et de sauter par la fenêtre. Mais en heureux benêt, il semblait totalement hermétique à ce qu’il dégageait, coulant ineptie sur ineptie avec l’application d’un peintre à l’huile.

Néanmoins, la frustration de se trouver prisonnière de sa propre échoppe en bien terrible compagnie fut vite remplacée par un haussement de sourcils étonnés. Puis, par un fou rire qu’elle ne retint qu’à grande peine, ses lèvres comme seul barrage à un flot ininterrompu. Comme les rivières de ce pays en été, sa gorge était généralement sèche d’hilarité. Alors, lorsqu’un orage surgissait de nulle part, il était toujours puissant. Et effrayant.
Thomas Rosenbach dégustait sa focaccia avec ses couverts. Elle le regarda, médusée, couper le pain en petits carrés qu’il enfournait délicatement dans sa grande bouche. « Eh bah, ça alors… » Filippa avait vu beaucoup de choses dans sa vie ; mais alors ça, c’était unique.
Dans la panique de voir cet incroyable instant lui échapper, elle glissa un regard légèrement écarquillé à Dino. « Tu as vu ? Je t’en prie, dis moi que tu as vu, » lui signifiait-elle sans un mot. Elle fut soudain prise de l’envie de tout raconter à ses grands-parents. À Alessio et Vitale, aussi. À tout le quartier italien, en fait. Mais elle savait qu’il suffisait que ses mots ne s’échouent que dans une oreille au matin pour que tout le voisinage ne se repaisse de l’anecdote au dîner en famille. Voilà qui la ferait rire dans son lit, ce soir.

« De la focaccia, » lui répondit-elle d’une voix qu’elle tacha de maîtriser.

« La meilleure fourchette, ce sont les doigts ! » aurait rajouté son arrière-grand-mère en riant si elle avait été là. Mais enfin, elle était enterrée dans la terre sainte de Naples. Aussi, l’italienne se garda bien de lui dire que cela se mangeait avec les mains. Il fallait être idiot pour se priver d’un divertissement gratuit.

Elle déplia enfin sa serviette râpée par l’usage sur ses genoux.

« Et Vitale ne viendra pas oggi, » répondit-elle à sa première question en fronçant les sourcils. « Pourquoi, vous auriez préféré ? »

Cette fois, elle autorisa un mince sourire à ourler ses lèvres sans dévoiler ses dents.

Vraiment, elle aurait préféré que Vitale soit là. Alessio, un peu moins. Quoique. En faisant le singe toute la soirée, peut-être n’aurait-elle pas eu à ouvrir la bouche.

C’était en tout cas ce à quoi s’appliquait le marshall qui distribuait ses mots avec la générosité d’un Harpagon. À défaut de parler, il lorgnait tout de même les antipasti et peut-être était-ce la première fois que Filippa le voyait nettoyer l’expression constamment renfrognée de son visage. Décidément, cette soirée était pleine de surprises. « Qu’est-ce qu’on s’amuse. » Il était loin le temps des orgies décadentes de la Morue. Non pas qu’elle appréciait particulièrement l’euphorie grotesque de ces folles soirées - au contraire -. Elle préférait nettement le contrecoup, lorsque les gains des jeux d’argent s’accumulait sur ses livres de comptes en chiffres faramineux.
Là, elle ne comptait plus que les minutes qui la séparaient de son lit. Et elles s’écoulaient lentement.

La question de Murphy arracha un froncement de sourcils contrariés à la napolitaine. « D’abord Rosenbach qui s’inquiète de Vitale, maintenant lui qui voudrait que Laura mette les pieds sous la table… Eh quoi, ils voulaient peut-être que nous rassemblions tout Silverstone ?! » Ils étaient pauvres, par tous les Saints. D’être mise une nouvelle fois face à sa situation de nécessiteuse la plongea dans l’embarras et dans une colère noire. Elle préférait nettement quand l’homme de loi fermait son grand bec. « Pourquoi, qu’il demande. Pourquoi ! » Comme si cela eut été normal que l’adolescente se trouve avec eux. Ne jouaient-ils pas les bons samaritains depuis que l’ancien shérif la leur avait collée dans les pattes ? Elle finirait de plomber l'ambiance, en plus.

Elle ouvrit la bouche pour rétorquer, mais Dino fut le plus rapide. À son étonnement succéda un court silence seulement entamé par les bruits de mastication de Thomas.

En pitre de théâtre, il décrocha chaque syllabe comme une mère tenterait d’amadouer son bambin à ouvrir la bouche pour lui enfiler une cuillère de purée. La reprise de son début habituel ne marqua cependant pas la fin de la farce. D’ailleurs, peut-être était-ce lui qui allait finir en farce. « Il va y passer, ça y est, » pensa-t-elle tristement en regardant son ami s’enfoncer. Elle savait que cela arriverait tôt ou tard, avec sa grande bouche, elle espérait juste que cela serait plutôt tard que tôt, mais enfin on n’avait pas toujours ce qu’on voulait dans la vie. Elle en était le parfait exemple.
Car Filippa connaissait le marshall soupe-au-lait de Silverstone. Il lui suffisait d’un rien pour dégoupiller. Un regard de travers et voilà qu’il vous pointait le canon de son pistolet sur la tempe à menacer de vous faire sauter la cervelle si vous éternuez. Il avait sûrement dû avoir une enfance difficile.
Elle entreprit de détailler ce qui risquait d’être éclaboussé par Dino, mais abandonna devant l’ampleur de la tache ; il y en aurait d’ailleurs bien trop à nettoyer.

Lorsqu’il détourna l’attention vers elle, elle manqua de sursauter et sursauta définitivement lorsque Dino écrasa sa semelle contre son tibia. À cela, elle répondit par son meilleur sourire.

« Certo, » siffla-t-elle entre ses dents serrées. « Pour le dessert. »

Elle serra si bien sa fourchette dans sa main que ses jointures blanchirent.

« Invece, » répliqua-t-elle. « Je les aime beaucoup. »

Enfin, surtout les petits pécules qu’ils rapportaient gentiment. Enfin, quoiqu’elle fasse, cette phrase sonnait faux. Filippa était de celles qui n’aimaient que les siens, d’enfants. Et en l’occurence elle n’en avait pas. Ce qui rendait bien triste nonna. Et ce qui la rendait si heureuse de ce dîner. Peut-être épiait-elle encore, d’ailleurs, le nez écrasé contre la vitre.

Elle jeta un regard à Thomas, s’acharnant sur la croute boursouflée et dodue de la focaccia. Le couteau crissa sur l’assiette déjà bien éraflée. Les couverts avaient l’air minuscules dans ses grandes pognes.

« Arrêtez, » abrégea-t-elle ses souffrances (et les leurs) en posant sa main sur son avant-bras. « Vous pouvez manger avec vos dita. D’accord ? »

Elle joignit le geste à la parole en hochant la tête pour l’encourager.  

« Vous vous inquiétez pour Laura ? » demanda-t-elle au marshall en faisant repasser les assiettes d’antipasti (elles feraient d’ailleurs encore dix tours de table sans qu’on n’osa en picorer deux à la suite). « Perché ? »

Que craignait-il donc, l’américain ? Qu’ils ne la vendent au plus offrant à une foire aux bestiaux ? Les sauvages ici, c’était eux, pas les italiens.

« Ah Dino, monsieur Rosenbach ne connait certamente pas Laura. Raconte-lui l’histoire, tu vuoi ? Tu racontes mieux que moi. »



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Filippa Rinaldi
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Mar 16 Nov - 18:42


Un souper presque parfait

w/ @Filippa Rinaldi, @Dino Ricci & @Bartel Murphy


« La cigarette pour vous calmer ? » le jeune homme hausse les sourcils d’étonnement. « Je préfère de loin un bon cigare enfoncé dans mon fauteuil au coin de la cheminée qu’une vulgaire cigarette. » Mais il est vrai que les pauvres n’ont pas la même définition des plaisirs de la vie.Dino ne cesse de lui mettre des tapes dans le dos et Thomas de lui rendre en riant. Les Italiens ont toujours été chaleureux. Excepté le jour où les frères d’Angelina ont voulu lui faire comprendre qu’on ne pouvait pas faire un enfant à leur sœur sans en assumer les conséquences derrière. Mais en bon diplomate qu’il était, Thomas avait su trouver les mots (en leur agitant des billets sous le nez surtout) pour leur faire oublier la disgrâce dans laquelle il mettait la famille Popolizio (ce nom l’amusait toujours autant). Dieu merci, Angelina élevait le petit Francesco sans se faire trop remarquer. Certes, elle venait toujours sous sa fenêtre lorsqu’il se trouvait à New-York mais elle n’avait jamais essayé de le suivre jusqu’à la gare. Il n’aimerait pas vraiment la voir ici et l’enfant lui ressemblait bien trop pour qu’il puisse en nier la paternité. « Focaccia … Intéressant. » Encore un drôle de nom qui le fait sourire dans la bouche de Filippa. Il aimant tant l’entendre parler. Le son sec et distant de sa voix ne le rebute absolument pas. « Oh, je ne sais pas, je ne le connais pas assez pour m’exprimer sur le sujet. » Non, évidemment que non. Il est bien content que Vitale ne soit pas là, il a tout le loisir d’apprécier la cuisine de l’épicière pour lui seul.

La remarque de Dino au sujet du comportement de la belle italienne envers les enfants donna alors l’occasion à l’avocat de plaider à nouveau en sa faveur. « C’est bien pour cela que nous engageons des nourrices ! » Il sourit alors en coupant à nouveau dans sa focaccia avant d’ajouter en piquant le morceau du bout de sa fourchette. « C’est pour cela que nous en faisons autant, des enfants ! » Un rire accompagne alors sa bouchée et il sourit à Filippa une fois que tout est dans son gosier. « Je ne les apprécie pas plus que cela. » Et de se tourner vers Bartel Murphy : « Marshall, Dino a raison, pourquoi faire venir une enfant à cette table, elle a le tend de voir venir les discussions adultes ! »

Une fois son intervention terminée, il se remet à la découpe méticuleuse de son plat, écoutant peu ce qu’il se dit. Thomas ne s’intéresse pas aux enfants, alors un enfant italien … Il en oublierait presque qu’il en a un à New-York, d’enfant italien. Mais il ne refera pas les mêmes erreurs, avec Filippa Rinaldi, il fera les choses bien et ne la mettra pas enceinte pour la garder aussi longtemps qu’il peut auprès de lui. C’est d’ailleurs la main de l’italienne qui vient le tirer de ses douces pensées. Il lui sourit sans comprendre. « Mes dita … ? » Il se perd un instant dans ses beaux yeux avant de comprendre en lâchant ses couverts en s’exclamant : « AH ! Les mains ! Oui ? C’est inhabituel ici ! » Il continue de sourire en servant un verre de vin à tout le monde, la grand-mère ne semblant pas être décidée à faire le service. « Mais après-tout, nous sommes un peu en Italie ce soir, n’est-ce pas ? » Focaccia dans une main et verre dans l’autre, il prend alors une gorgée de vin avant de continuer. Si Thomas Rosenbach sourit autant, c’est parce qu’il est aux anges. Filippa a touché son bras.

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Sam 1 Jan - 12:20


Un souper presque  parfait

@Filippa Rinaldi  @Thomas Rosenbach  @Dino Ricci

L’Italie... je me suis fatigué à la chercher sur une carte. ... à peine la taille du plus modeste des états des États Unis d'Amérique...

C'est un étrange peuple. Ils affectent une arrogance ridicule avec leur langue qu'ils pratiquent dans le but délibéré d'exclure les autres, ils charment par leur cuisine et certaines de leurs femmes.

Comme cette femmes ici présente  et qui ne cherche  pas à masquer son ennui devant deux lourdauds d'américains. Je suis catholique... C'est peut être la seule chose qui trouverait grâce à ses yeux.

Mais je m'en moque. Je suis tombé amoureux de sa cuisine. J'aimerais bien resté agréable. Ne serait-ce que pour la gouter de nouveau...

Le meilleur moyen que je vois pour cela et de me taire...

Je jette un regard sur le fils Rosenbach. Je me demande comment il compte mettre cette dame si chaste dans son lit...?
J'ai tendance à me méfier des femmes qui affichent trop visiblement leur vertu. Elles sont souvent bien plus perverses et retorses que la putain la plus expérimentée. Je serais très surpris qu'elle soit encore vierge, mais on est pas à l'abri de surprises...

Je me sens en dehors de cette compétition ridicule.

J'ignore ou elle irait choisir ses amants, mais si elle doit un jour afficher une relation, se sera avec l'un de ceux de son peuple.
Et devant le peu de choix, elle finira sans doute vieille fille.

Je suis en train de déguster avec les doigts une focaccia tout en y songeant. Je me demande bien qui l’intéresse? Qui l’intéresse vraiment...? Peut-être personne. Ça me semble même le plus probable. Sinon, elle aurait envoyé au diable cette curieuse réunion.

Mais elle est peut être soumise aux caprices et volontés des ainés... Je plaindrais presque les femmes de cette communauté...
Cette Italie en miniature m'a tout l'air d'une prison.

J'ai considéré un instant cette femme soumise... cette simple idée m'arrache un sourire.

Si Laura est vue encore comme une enfant... cela ne me dérange pas. J'en suis même ravi.


Cette petite est désormais américaine. Je ne la laisserais pas être vendue pour devenir la femme d'un cul-terreux de rital et se retrouver à vingt ans avec un ventre distendu par des grossesses à répétition.... ou finir par mourir en couches.

Je regarde la femme aux yeux noirs

J’espère qu'elle prendra exemple sur vous... si farouchement indépendante et ... de toute évidence... si peu incline au mariage.

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Dino Ricci
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Ven 28 Jan - 0:18


Un souper presque parfait


Il n’existait rien de plus infecte que d’être ignoré. Dino se laissa couler contre le dossier de la chaise et déplaça très légèrement sa fourchette qui rognait sur son assiette pour que l’angle qu’elle prenait lui plaise mieux. Ensuite il croisa ses mains sur son ventre loin d’être remplis. Il valait mieux se faire cracher au visage qu'ignorer dans sa propre demeure.

Aussi loin que Dino se souvienne, il n’avait jamais été traité avec aussi peu de convenances aux vues des circonstances. Le reste des conversations s’éleva au-dessus de sa tête et il n’y fit plus attention. L’italien observait le marshal en face de Thomas. Il souriait paisiblement, peut-être un peu narquois. Quand l’homme de loi croisa son regard, Dino le bénit de la vision de ses dents dans un sourire qu’on pouvait difficilement égaler. En Italie, il n’avait jamais été quelqu’un de très important. Deuxième d’une fratrie de trois, il disparaissait entre l’aîné et la cadette. Puis, il avait étouffé les mauvaises habitudes. Sans devenir quelqu’un pour autant, il pouvait se vanter de ne plus être personne. De toute façon, il avait toujours été difficile à ignorer. Soit on l’appréciait, soit on le détestait. Il y avait rarement d’entre deux. Dino s’en assurait. Ce soir aussi, il s’en assurerait.

Le napolitain détourna paisiblement les yeux quand Thomas fut rappelé à l’ordre par la maitresse de l’épicerie, à défaut de véritable maison ou dîner aux chandelles. Il éclata de rire lorsque l’avocat compara cette pauvre table minable et ses plats qui manquaient de couleurs et de chaleurs à l’Italie. Pour mettre une ponctuation à la plaisanterie, il fit claquer la paume de sa main contre le dos de l’armoire à glace une fois de plus. « Si, l’Italie, c’est ça ! On s’y croirait. En fermant les yeux, on entend les goélands du port ! » En se redressant il passa son indexe sous son nez pour le frotter et reprit sa fourchette. Plus pour l’agiter que pour réellement l’utiliser. Murphy graciait Filippa d’une poignée de mots. Quelle bonté.

« Oui, mais ne vous inquiétez pas, monsieur le marshal. Dès que la petite n’est plus une enfant, elle file, non ? » Dino lâcha sa fourchette, plus brusquement cette fois. Comme s’il ne savait pas quoi faire de son couvert ou qu’il avait oublié pourquoi il l’avait pris en premier lieu. Les mains libres, il se leva et attrapa sa chaise par son dossier pour la traîner avec lui. Il la lâcha une fois arrivé en bout de table, entre Murphy et Rosenbach. Dino se laissa de nouveau choir sur son trône et il se pencha vers le marshal imberbe. « Vous savez ce qu’il vous manque, les Américains ? Ce sont les bonnes manières. Vous pensez que vous êtes chez vous partout. Même autour de la table de quelqu’un d’autre. » La colère jouait rarement en la faveur de Dino, mais la chance l’avait dorloté toute sa vie. Il avait depuis longtemps laissé la confiance prendre le pas sur la raison. Il haussa quand même les épaules. « Laura elle vous ressemble un peu pour ça. C’est une pauvre gamine mal éduquée. Elle est comme vous : pas bonjour, pas merde, elle met les pieds sous la table et elle attend qu’on lui serve à manger comme si ça lui était dû. » Dino renifla. Peut-être bien que la gosse était sa fille, au fond. Il avait le même sens des convenances. « Mais c’est une adolescente, encore. Je lui pardonne, vous savez. On sait ce que c’est, je suis passé par là et j’en ai deux autres à la maison. Elle ne fait pas honneur à ses parents comme ça, mais c’est elle. C’est son problème. » Ils étaient si penchés l’un sur l’autre, que Dino pouvait sentir le souffle de Murphy sur son visage et la mauvaise expérience était certainement réciproque. La focaccia était délicieuse, mais ne faisait pas des merveilles pour l’haleine. Son sourire chaleureux ne l’avait toujours pas quitté pour autant. Il s’élargit, même.  « Mais il n’y a pas plus hospitalier que les Italiens ! Alors, je ne vous en tiens pas rigueur. »

Avant que le Marshal ne puisse se soustraire à sa proximité imposée, le napolitain attrapa le (séduisant) visage de l’homme de paix entre ses mains pour pouvoir mieux déposer sur ses lèvres un très chaste baisé. Il n’eut pas le temps de faire plus de toute façon. Dino brisa le charme etn se laissa aller contre sa chaise, explosant d’un rire aux allures de coup de foudre dans un ciel clair. Cette fois, ce fut le marshal qui eut droit à une claque amicale sur l’épaule.

« Aller, aller. C’est drôle ça, Filippa, c’est vrai. » Il n’avait pas oublié la réclamation de son amie. Soudainement plus sérieux (pourtant le frémissement du coin de ses lèvres trahissait son hilarité toujours présente), Dino se tourna vers Thomas. « La petite, Laura ! Une gamine toute mince, elle ne doit pas peser plus lourd qu’un bocal de pesto. C’est Filippa, malade comme un chien, qui vient frapper chez moi avec la gosse un matin. “C’est le Marshal qui veut qu’on s’en occupe”, elle me dit. Ils l’ont trouvé… » Dino fit claquer ses doigts, à la recherche de ses mots. « Où est-ce que vous l’avez trouvé déjà, la petite ? » Finalement, il agita le bras pour ponctuer son désintérêt dans la réponse. « Enfin… Dans le train, à se faire malmener par des flics. C’est ça ? Et c’est monsieur Murphy qui l’a aidé et l’a refilé aux italiens. À son peuple, hein. Parce que ce n'est pas une vie pour une petite, de suivre un marshal partout. Vous imaginez bien ce que les gens vont penser. Pauvre fille. » Dino croisa les bras sur sa poitrine. Il regardait son auditoire, visiblement peu sensible au peu de sens que faisait son histoire. Il avait connu meilleur texte. « Enfin… Ce jour-là, j’ai gagné deux choux et une fille. »

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Filippa Rinaldi
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Dim 30 Jan - 17:58
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Un souper presque parfait


Il y avait certaines lois, certaines règles qui, si elles n’étaient écrites nulle part, étaient cependant connues de tous. Des constantes de l’univers. Tout comme le soleil se levait le matin, les américains étaient des pouilleux sans goût et nonna avait un nouvel ongle incarné chaque semaine.
Si l’on se penchait sur le sujet très spécifique des dîners, ils étaient voués à être le décors d’esclandres. C’était un fait. Dès lors qu’il s’agissait de réunir des humains dans un contexte détendu alors, on se laissait aller, on baissait sa garde et c’était lors de ces moments précis que les paroles dérapaient.

Le premier coup, mineur, vint de Thomas. Mais enfin, il était américain et on ne pouvait trop espérer de lui.
Ce fut donc avec une moue empreinte d’un mélange de compassion et de condescendance que Filippa accueillit son commentaire qui se voulait être un compliment. « C’est ça, oui, » songea-t-elle en ne tentant même pas de dresser un parallèle entre l’épicerie miteuse des Rinaldi et leur pays d’origine. L’avocat n’avait très certainement jamais mis un pied en Italie (non, il n’avait jamais mis un pied en Italie, elle en était persuadée). Peut-être en avait-il eu, tout au plus, un très avant goût à New York en voyant débarquer des centaines et des centaines de pauvres âmes italiennes sur les côtes américaines. Et elle ne doutait pas qu’il ne leur avait guère accordé d’importance, si ce n’était la même condescendance dont elle le gratifiait aujourd’hui.
C’était un ignorant et sa naïveté aurait pu être touchante si la napolitaine ne l’avait pas trouvé blessante, compte tenu de ce qu’elle remettait en perspective. Dino réagit moins amèrement, mais le cynisme ne lui échappant pas, il éclata d’un rire sonore qui gonfla l’épicerie d’une humeur étrange. Filippa fronça les sourcils en terminant de servir les apéritifs. Ricci était contrarié. Elle pouvait le sentir à la manière dont sa voix sonnait, à ses yeux plissés. Le marshall ne lui répondait pas, s’obstinant dans un mutisme de catholique à la messe. Dino n’aimait pas être ignoré.

Naturellement, ce fut donc le marshall qui délivra le deuxième et le troisième coup.
Le second était d’ailleurs filé depuis quelques minutes. Laura était un sujet qui tenait visiblement à coeur à Murphy, tellement qu’il n’avait qu’elle à la bouche. Et Filippa n’appréciait guère les sous-entendus qu’il martelait. Elle serra les dents et sentit les muscles de sa mâchoire se serrer. Non seulement, il ne répondait pas à sa question, mais il continuait avec ses allusions voilées. Qu’imaginait-il ? Qu’ils allaient vendre Laura au plus offrant ? Certes, la comptable l’avait envisagé, mais elle ne l’avait pas fait. Quand bien même, il leur avait refilé cette gamine dans les pattes, il était bien aisé, maintenant, de critiquer leurs manières.
D’ailleurs, elle n’aimait guère son petit sourire ironique qui, désormais qu’il n’était plus caché sous sa moustache, lui apparaissait d’une parfaite impudeur. Qu’y avait-il de drôle ? Thomas avait arrêté de batailler avec ses couverts. Alors quoi ?

Le troisième fut une frappe chirurgicale. Le sujet de son mariage - et plus particulièrement de la survie de ce qu’il lui restait de famille - la concernait tout particulièrement et la tracassait grandement. De souligner son célibat en plein repas, sous les yeux de Dino et Thomas la mit mal à l’aise et elle se sentit blêmir de colère. « Non mais, de quoi je me mêle ?! » se sentit-elle sur le point d’exploser en retournant la table. Elle n’en dit rien, cependant, se confortant dans le silence d’une fureur froide qui ne pinça que légèrement ses lèvres.
Déterminée à ne pas se laisser insulter, elle sourit en rassemblant les assiettes, les yeux glacés.

Le napolitain jeta sa fourchette dans l’auge juste avant que Filippa ne la ramasse. Cette dernière leva un sourcil interrogateur vers lui.
Il se redressa brusquement.

« Cosa f- » siffla-t-elle entre ses dents serrées, plus par surprise que par réprimande.  

Mais la chaise qu’il traina contre le bois grinça, avalant les deux dernières lettres manquantes à sa question.

Les couleurs qui lui étaient revenues au visage pâlirent à nouveau tandis que Dino déclamait ses remontrances. Son sourire avenant devenait menaçant à mesure qu’il égrainait les syllabes. Sous ses airs de pitres, Dino avait du sang sur les mains, mais cela le marshall l’ignorait.  
Filippa ferma les yeux et appuya son index et son majeur entre ses sourcils tandis que le reste de sa paume recouvrait sa joue. Désormais, elle était persuadée que tout cela allait mal finir.
Néanmoins, malgré ses airs excédés, elle tenta de dissimuler un sourire satisfait dans l’ombre de sa main. Il avait raison ; Laura était une petite ingrate et le marshall méritait qu’on lui mette le nez dans la merde qu’il se permettait de répandre autour de lui, bien à l’abri derrière son statut de petit chef.
Le sourire de Filippa atteignit ses yeux qui se plissèrent légèrement.

À travers ses cils, elle jeta un regard bref à Thomas - l’unique autre témoin de la scène - qui terminait de se lécher les doigts.

« Bon, » réfléchit-elle. « Il l’a ignoré jusqu’à maintenant. Il va peut-être poursuivre sur la même voie. »

Dino froissa sa bouche contre celle de Bartel Murphy.

Le suicide n’était pas une chose très acceptable, selon les très Saintes Écritures. La doctrine écrivait noir sur blanc que « mettre fin à ses jours était contraire à l’amour du Dieu vivant » et était donc interdit par le cinquième commandement.
Filippa se souvenait du grand-oncle Pepe qui s’était jeté du pont de Chiaia. Son corps s’était fracassé sous le blason des Bourbons avant d’être réduit en bouillie par une calèche qui n’avait pas eu le temps de freiner. Il avait fallu payer les témoins (et tuer ceux qui refusaient qu’on leur graisse la patte) pour qu’ils racontent que quelqu’un avait poussé Pepe. Ainsi, on avait pu l’enterrer convenablement avec une messe et un aller-simple pour le caveau familial. Il avait fallu ensuite zigouiller le faux coupable (un pauvre type au mauvais endroit au mauvais moment) pour bien souligner - si cela était encore nécessaire - qu’on ne s’en prenait pas impunément aux Rinaldi. Finalement, la mort de cet assassin affabulé n’avait pas empêché les Mazzarella d’assouvir leur vendetta.
Filippa se demanda si Dino aurait le droit à une messe. Techniquement, c’était le marshall qui allait le tuer. Quel dommage qu’ils n’aient plus de caveau.

L’ouvrier éclata d’un grand rire ravi et toutes dents dehors. L’exclamation ne suffit pas à apaiser l’atmosphère malmenée par les humours de tous (il n’y avait que Thomas pour profiter pleinement du repas). Ce fut d’ailleurs à nouveau vers lui que Filippa se tourna, comme pour lui demander si lui aussi avait bien vu ce à quoi elle venait d’assister.

Lorsque son ami l’interpella, elle remarqua le visage neutre, parfaitement inerte de l’homme de loi. Il semblait qu’en véritable sirène, Dino avait aspiré l’âme de leur invité par son baiser. Désormais qu’elle toisait l’entièreté de son visage ahuri, elle comprit qu’elle ne pourrait plus jamais le regarder autrement qu’en s’imaginant le napolitain l’embrasser.
Ses propres lèvres frémirent du même rire que celui qui continuait d’envahir Dino. Le point fermé devant la bouche, elle tenta de ravaler ses hoquets qui eurent tout de moins le mérite de faire tressauter ses épaules.

« À euh… » Hoquet. « Purgatory. »

La réponse à la question de Dino fut une épreuve tant sa voix grouillait d’une hilarité dont elle ne parvenait pas à se libérer. La mention des choux fut le coup de grâce.
Un petit rire jaillit dans l’air qu’elle souffla de son nez.

« Je vais chercher les primi piatti, » annonça-t-elle en récupérant les assiettes à la hâte.

Bon Dieu, ils n’en étaient qu’à l’apéritif.

Arrivée dans la cuisine, elle s’esclaffa enfin, la douleur de son rire contenu déliant enfin ses poumons comprimés. Au bout de quelques secondes, ses joues se crispèrent et elle renifla en tentant de se contenir. Mais cela ne signa pas la fin de l’hilarité ; elle pouffa en servant les gnocchis dans les assiettes, se remémorant la moue parfaitement surprise de Murphy. « Peut-être que ça va lui donner des idées, tiens… »

Lorsqu’elle reparut dans l’épicerie, le rire s’était envolé, mais son visage en portait encore les stigmates. Les yeux luisants. La bouche amusé. La fossette dans sa joue qui ne partait pas.

Elle fut ravie de constater que la tête de Dino n’avait pas encore éclatée de partout et que le marshall poursuivait son numéro d’artiste de rue (ceux qui jouent aux statuts pour amuser les enfants et surprendre les inattentifs).

« Gnocchi al pomodoro, » annonça-t-elle en disposant les mets devant eux.

Elle déplia sa serviette sur ses genoux en s’installant devant sa propre assiette fumante. L’odeur suave égaya la pièce à l’atmosphère à découper au couteau.

« Oh et je ne suis pas peu incline au mariage, » rétorqua-t-elle au marshall en profitant de sa transe. « Il n’y a simplement personne qui me convienne. »

Elle piqua sa fourchette dans la rondeur d’une patte.

« Vous êtes bien crudele, » sourit-elle froidement, « de souhaiter ma situation à Laura. Les zitelle ne sont guère appréciées, l’ignorez-vous ? Sans marito, avec un homme seul, vous, pour protecteur… Autant l’envoyer directement à la cour des miracles des environs. Ne souhaitiez-vous pas désespérément qu’elle s’intègre ? »

Il y avait, après tout, tout un cirque qui trainait ses loques autour de Silverstone. Des gitans, des astrologues, des gangs divers et variés...

Le gnocchi piqué resta au bout de sa fourchette, à mi-chemin entre son assiette et sa bouche.

« Mais je vous remercie de vous soucier de mon mariage, ovviamente questo è motivo di preoccupazione per alcune persone… Come per te… »

Un homme seul et bourru qui vivait reclus, hein… Elle ne termina pas sa phrase, la laissant flotter un instant à table, comme si une cinquième personne avait été invitée.

Elle enfourna son gnocchi. Un peu trop chaud, mais elle préférait laisser fondre son palais que de geindre en recrachant sa patte devant une assemblée.

« Et vous, monsieur Rosenbach ? »
reprit-elle en déglutissant, rendue bavarde par la farce de Dino (puisqu’il avait mis les pieds dans le plat, elle n’allait rien se refuser non plus). « Ne deviez-vous pas vous marier il y a quelques mois ? »

Une lampée de vin pour faire glisser le tout.



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Mer 8 Juin - 16:37


Un souper presque  parfait

@Filippa Rinaldi  @Thomas Rosenbach  @Dino Ricci

On me prend souvent pour un homme colérique. C'est bien  possible... Mais j'ai mes heures pour cela.

Et je n'ai plus vingt ans et la folie que peut aller avec. Dieu merci...
A cette époque lointaine, j'aurais sans doute attrapé le premier objet qui m'aurait tombé sous la main.
Comme l'un de ces couverts qui embarrassent la table... pour lui planter le manche dans l’œil jusqu'à la garde.

Au regard de l'entourage et le lieu très hostile à l'exterieur, je n'aurais pas survécu longtemps... mais quelle satisfaction pour moi d'effacer ce sourire suffisant sur la gueule de ce bellâtre latin...

Mais pas pour cette fois... je suis patient.

Je ne manque pas d'idées pour tuer. C'est presque effrayant si je me laissais aller...

Mais j'ai cessé d’être un idiot après ma première bataille... et rien de telle qu'une guerre pour qu'un homme cesse de rire jusqu'à sa mort. Et cesser de se penser immortel...

J'entends les moqueries.
Il faudrait être sourd pour ne pas entendre le rire de mon hôtesse.
Mais on me vexe très difficilement...  Je combats plus difficilement le besoin de me laver la bouche avec le vin de la bouteille sur la table. Au lieu de cela, je me remplis un verre avec un certain calme. Je le bois tout aussi calmement. Puis je me tourne à demi vers le brun et moustachu rital.

Je vous dois un remerciement...

Je repose mon verre.

J'envisageais de me laisser repousser la moustache. Parce que se raser est une véritable perte de temps... mais je vais continuer à le faire.

Un vague sourire me vient aux lèvres. Je survivrais aux coupures.

Je viens de réaliser l'épreuve faite aux femmes de subir ce genre d'assaut sans permission. En dehors de la brutalité... Elles peuvent savoir ce que l'on a mangé sans avoir à le demander...


Une pensée me traverse l'esprit

Franchement.... Rasez-vous.
La bouche des hommes est four dégueulasse...

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