Le forum est la propriété du staff et de ses membres. Toute copie, même partielle, est prohibée.
Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ
1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite
Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
Makoyepuk est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Kilian, Ichabod, Amelia, Benicio et Howard. PROFIL + MP
Pearl Hennessy est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Maxence, Nadie, Jacob et Grace. PROFIL + MP
Liam Hennessy est modérateur du forum ! Il se genre au masculin et ses autres comptes sont : Arthur, Chuy, Dino et Maria. PROFIL + MP
On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
Le forum a été créé le 10.01.2020. La page d'accueil a été designée et codée par Artemis, pour Artifices. Le reste du design a été pensé et codé par GHOEST.
Cela lui avait pris un mois. Un mois entier de questions posées, de fourmilières frappées du pied, d’oreilles tirées. Finalement, il était arrivé dans les landes, le costume un peu poussiéreux de ses voyages, mais l'œil vif et le colt rutilant. La ferme était vieille, mais la couleur de certaines planches indiquait qu’elle avait été retapée il y a peu. Benjamin avait laissé son cheval chez un voisin. Il ne voulait donner aucun signe de son arrivée à sa cible, préférant le surprendre, avec un peu de chance la main dans le sac, à voler la propriétaire.
Elle n’était pas là, il s’en était assuré. Un bal, ou quelque chose, l’avait appelée à Silverstone, et le chasseur de prime comptait bien profiter de la solitude du jeune bandit pour lui ficher la trouille. S’assurant de ne pas être vu, il contourna une vachette rousse puis se glissa à l’intérieur. À sa gauche, un salon, ou salle à manger, n’était éclairé que de quelques fenêtres. Il se doutait que Baby Outlaw ne serait de retour qu’au crépuscule, ce qui rajouterait à la théâtralité de son apparition. Il s’assit dans la chaise qui faisait le plus face à l’entrée, prenant bien soin de ne pas être visible par les fenêtres donnant sur l’extérieur. Puis il s’alluma une cigarette, plaçant une affiche de recherche bien en évidence sur la table, à côté de son colt chargé.
Lorsque la porte s’ouvrit enfin, Benjamin s’était presque endormi, fatigué de rester aux aguets. Le bruit sec de la poignée le réveilla presque en sursaut et il craqua une allumette, espérant attirer l’attention du jeune faux garçon de ferme, avant de s’allumer une nouvelle cigarette. Il recracha la fumée avec toute la nonchalance dont il était capable, savourant ces secondes de silence à moitié dissimulées dans la nuit naissante.
“Welcome home, Baby Outlaw.”
La voix était plus grave qu’au naturel, déjà rauque sous son ensommeillement premier, mais surtout par habitude, pour se donner quelques années de plus. Il mit la main sur le colt et enclencha le mécanisme pour que son adversaire sache qu’il était armé. Puis il poussa la chaise en face de lui du pied.
“I was waiting for you. Have a seat.”
(c) AMIANTE
Invité
Consuelo Ricci
Since : 13/07/2020
Messages : 195
Faceclaim : Halle Bailey
Crédits : Moontea
DC : clyde & mila & Cole & amitola
Age : dix neuf ans, plus vraiment une enfant, mais pas encore tout à fait adulte
Statut : cœur d’artichaut, elle fait tourner les têtes pour son joli minois, sans jamais s’abandonner plus loin qu’à ses rêveries
Job : petite main, elle s’acquitte de toute tâche qu’on lui propose : blanchisseuse, couturière, vendeuse à l’épicerie Rinaldi, femme de ménage pour les Hennessy… Consuelo ne rechigne jamais lorsqu’il s’agit de gagner quelques sous.
Habitation : la maisonnée Ricci, où elle vit avec ses sœurs, sous l’autorité de Dino
Les journées de labeur à la ferme des Kingsley étaient longues. Isaac passait ses semaines à alterner entre celle-ci et celle de Nuttah Doyle, en fonction de là où il y avait le plus besoin de main d’œuvre : réparer les toits, les barrières, repeindre les granges, traire les vaches, débourrer les poulains, nettoyer les stalles et encore bien d’autres tâches qui l’épuisaient à vue d’œil. Ce jour-là, c’était jour de labourage. Isaac avec retourné la terre, sa pauvre mule en guise de cheval de trait, à défaut d’en avoir un sous la main – ce qui avait multiplié le travail par deux en termes de temps, la bête refusant plus souvent d’avancer que de faire ce qu’on lui demande. Le jeune homme s’était cassé le dos à pousser la charrue, et l’idée d’un bon repas chaud et d’une nuit sans rêve le berçait sur le chemin du retour jusqu’à la demeure. Charlotte était absente pour quelques jours, mais elle lui avait dit de faire comme chez lui, et c’est ce qu’il avait prévu.
Après avoir rentré Dolly, qui grossissait à vue d’œil malgré les terres sèches, Isaac entra dans la maison sans délicatesse. Il tourna la poignée, accrocha sa casquette et sa veste au porte-manteau qu’il devinait dans le noir, et se retourna en voyant de la lumière dans son champ de vision. Il eut un sursaut et son cœur manqua un battement tant la surprise était inattendue. La voix de l’intrus raisonna dans la pièce, mentionnant très clairement qu’il avait eu écho des faits d’armes d’Isaac aux côtés de Logan et des Hennessy. Il avait toujours détesté ce pseudonyme ridicule qu’un marshall en manque d’inspiration lui avait attribué, et il ne put s’empêcher de grimacer en l’entendant, malgré la peur qui lui nouait le ventre. De ce qu’il observait à la lueur vacillante de la cigarette au bout des doigts de l’inconnu, celui qui l’interpellait de son entrée théâtrale était jeune. Plus vieux qu’Isaac, mais jeune. Et charismatique également - ce qu’Isaac n’était pas, crotté de la tête aux pieds d’avoir travaillé dans les champs, mais également de nature.
« There’s no one with that stupid name here… », répondit le brun en essayant de rester calme, et de donner l’impression d’être sûr de lui. Après tout, ce n’était pas entièrement faux : il n’y avait plus de Baby Outlaw depuis quelques années déjà. Isaac approchait de la vingtaine, et ne ressemblait plus vraiment à un enfant après ces mois de labeurs passés à retaper des ranchs. Et avec la disparition de Logan, il n’avait pas touché de colt depuis l’été passé. En parlant d’arme, il comprit au cliquetis de celle de l’homme en face de lui qu’il fallait qu’il trouve rapidement un moyen de récupérer celle de Charlotte cachée dans le vase sur la cheminée.
Observant la chaise qu’on poussait vers lui, il releva ses yeux verts vers l’indésirable invité, et dit : « No, you’re wasting your time, sir… ». Isaac jouait un rôle et faisait de son mieux pour s’y tenir. Avec un peu de chance, ce petit manège allait fonctionner ? Il n’y croyait pas vraiment, mais préférait tenter sa chance. Il ne savait pas ce que ce type voulait à Baby Outlaw, mais ça ne sentait pas bon. S’approchant de l’homme calmement – et la cheminée de la même façon ; il ajouta, levant ses paumes devant lui en signe d’apaisement : « …I’m not the one you’re looking for, just a farm boy. I don’t want any trouble with Miss Kingsley, so please, could you leave? ». En d’autres circonstances, il ne se serait pas montré aussi directif avec un homme armé. Mais ce dernier ne semblait pas plaisanter, et Isaac faisait de son mieux pour cacher sa peur et son pouls affollé. De plus, si Charlotte venait à apprendre qu’il penchait du mauvais côté de la justice, elle allait sûrement le renvoyer et il ne voulait pas retourner croupir là où Chuy l’avait trouvé. Les Hennessy n’avaient pas encore mis la main sur lui après l’événement du bal, et il ne se cachait pas jusqu’ici pour finir pendu par le premier bougre un peu trop zélé.
Au moindre mouvement violent de l’homme, il était prêt à faire tomber le vase et à récupérer l’arme cachée à l’intérieur. Rien ne disait qu’il serait assez rapide ou même assez bon tireur pour se défendre, mais pour le moment, il n’avait pas de meilleure solution.
Benjamin ne put s’empêcher un sourire, qu’il camoufla sous des yeux plissés comme pour l’observer. Il était mauvais menteur, personne ne réagissait avec tant de véhémence à un surnom qui ne lui était pas destiné. Il observa la silhouette qui se découpait dans les ténèbres, guettant la moindre tentative de prendre une arme. Mais le garçon ne semblait pas en posséder et le chasseur de prime se détendit juste suffisamment pour se redresser un peu.
Si l’obscurité ne lui permettait pas de voir toutes les subtilités de sa cible, il devinait tout de même qu’il n’était pas aussi petit que son sobriquet portait à croire. Et le garçon, comme il l’avait pensé, était peut-être plus homme qu’il ne se l’était imaginé. À coup sûr, il ne le confronterai pas debout tant qu’il n’était pas certain que le plus jeune savait qui avait la dominance dans cette conversation. Il tentait encore de lui mentir et Benjamin eut l’idée de jouer sur sa piètre tentative. D’un geste discret, il replia l’affiche pour la dissimuler dans sa manche.
« So you’re not? Must’ve been given the wrong place. »
Il craqua encore une allumette, mais pour allumer une bougie du chandelier de la table, cette fois-ci. À la lueur de la flamme, Baby Outlaw n’était définitivement pas un bébé. Il serra la mâchoire et son regard se fit inquisiteur. Les croquis des affiches le présentaient encore gamin, mais la ressemblance était pourtant là. Les petits yeux, vifs et clairs, le nez fin et rond, les pommettes hautes… il allait falloir qu’il subisse un ravalement de façade conséquent s’il espérait duper qui que ce soit. La seule différence était que sa mâchoire avait perdu en rondeur et s’était dessinée carrée. Il laissa ses yeux glisser un peu plus longtemps que nécessaire jusqu’à ses lèvres fines avant de prendre une nouvelle bouffée de tabac. Il aimait bien traîner en longueur, cela donnait toujours l’impression qu’il était en contrôle tout en augmentant le stress des participants.
« You don’t look like him. Guess I have the wrong guy… »
Avec tout ça, le brigand était toujours debout et cela commençait un peu à agacer Benjamin. Doucement, les yeux fixés sur ceux de Baby Outlaw, il posa la main sur le colt pour ré-enclencher la sécurité. Imitant le geste de celui qui lui faisait face, il leva les mains en signe de paix. S’il tentait quoi que ce soit, il avait confiance en ses réflexes pour réagir avant lui.
« Relax, you’re not my guy. Let’s chat a bit. Have a seat. »
Il pointa de sa main ouverte la chaise qui l’attendait encore avec un sourire en coin, pour retenir la cigarette qu’il avait au bec.
« So what’s your name? Mine’s Ben. Promise I won’t hurt you if you answer some questions. »
Si Baby Outlaw voulait jouer l’idiot, il se ferait un plaisir de rentrer dans son jeu. En général, il avait de meilleurs résultats en utilisant du miel dans ce genre de cas. Il prit le paquet de clopes qu’il avait gardé sur la table et l'ouvrit pour lui en offrir une.
« You’re working for Miss Kingley, hum? Is she seeing anybody, suspicious or not? »
Soit elle était complice de sa fuite et dans ce cas, elle était un intéressant sujet de discussion, soit elle n’en savait rien et il aurait un arme de dissuasion en plus si le bandit s’était pris d’affection pour elle. N’étant pas du genre souriant face à la vermine, Benjamin fit quand même l’effort de relever ses lèvres dans un rictus qu’il voulait invitant.
(c) AMIANTE
Invité
Consuelo Ricci
Since : 13/07/2020
Messages : 195
Faceclaim : Halle Bailey
Crédits : Moontea
DC : clyde & mila & Cole & amitola
Age : dix neuf ans, plus vraiment une enfant, mais pas encore tout à fait adulte
Statut : cœur d’artichaut, elle fait tourner les têtes pour son joli minois, sans jamais s’abandonner plus loin qu’à ses rêveries
Job : petite main, elle s’acquitte de toute tâche qu’on lui propose : blanchisseuse, couturière, vendeuse à l’épicerie Rinaldi, femme de ménage pour les Hennessy… Consuelo ne rechigne jamais lorsqu’il s’agit de gagner quelques sous.
Habitation : la maisonnée Ricci, où elle vit avec ses sœurs, sous l’autorité de Dino
Isaac n’était pas serein. Il faisait de son mieux pour laisser paraitre le contraire, d’avoir simplement l’air d’un garçon de ferme agacé d’être dérangé après sa longue journée de travail… mais il n’avait jamais été doué pour mentir. C’était pour cette simple et bonne raison qu’a chaque braquage de diligence qu’il avait pu faire avec Logan, il se prenait généralement un bonne rouste juste avant : pour que les larmes soient aussi vraies que la peur dans ses yeux. Ce triste manège avait aussi eu pour effet de renforcer sa tolérance : il en fallait beaucoup pour le faire pleurer maintenant, à force d’habitude. Non, ce qui inquiétait Isaac, c’était d’avantage les intentions de cet homme. S’il employait ainsi son pseudonyme ridicule, c’est qu’il le recherchait. Mais pour quelle raison ? Il lui semblait bien jeune pour un homme de loi, et il y avait des criminels bien plus rentables dans la région… comme Logan. Peut-être qu’il commençait à comprendre justement. Son frère ne s’était pas fait que des amis au cours de leur aventures.
Il observa l’inconnu se redresser dans son siège, et fut extrêmement surpris de voir qu’il gobait ses mensonges. Ce dernier alluma une bougie, permettant à Isaac de mieux discerner ses traits. S’il n’avait pas autant peur de se retrouver plombé ou à se balancer au bout d’une corde dans le quart d’heure suivant, il aurait surement grandement apprécié le visage qui se trouvait en face de lui. Il était tout ce qu’Isaac n’était pas : charismatique, élégant et sûr de lui. Des qualités qui, lorsqu’on ne le menaçait pas de la sorte, plaisaient beaucoup au jeune homme. L’inconnu lui intima de se détendre, tout en réenclenchant la sécurité de son arme. Le garçon de ferme senti ses épaules s’affaisser malgré-lui, mais il avait du mal à se détendre pour autant. Et une fois encore, l’intrus lui demandait de s’assoir, lui offrant un sourire qui donna des frissons au jeune hors-la-loi. L’interrogatoire commença sans qu’Isaac n’obéisse, sous la menace de ne pas souffrir s’il répondait à quelques questions. Ce dernier ne bougea pas, et fit mine de ne pas avoir entendu le sous-entendu indiquant qu’il était prêt à lui faire du mal si nécessaire. Il n’avait pas envie de poser son cul sur cette maudite chaise. Il voulait rester à niveau du colt pour pouvoir avoir une chance, même infime, de se défendre. Et puis l’homme voulait un nom. Isaac n’était pas serein à l’idée de lui donner le sien. Après tout, il n’avait aucune idée des informations que détenait cet individu à son propos. Son regard croisa une pile de livres sur la grande table - derrière celui qui se présentait comme se nommant « Ben » ; et il s’attarda sur le premier qu’il distinguait dans le noir : « Jane Austen, Pride and Prejudice ».
« James. James Austin, sir… » lui dit-il en attrapant la cigarette qu’on lui tendait, plus pour la forme que parce qu’il avait vraiment envie de fumer. « ...thanks! »
Avec un peu de chance, la petite drogue lui donnerait un peu de constance, mais c’était une bien grande mission pour une si petite chose. Par habitude, il présenta une main tendue vers Ben, ayant appris qu’une poignée de main était toujours la première des politesses entre personnes respectables. S’il n’en était pas une, et que son interlocuteur n’avait pas non plus l’air de faire partie de cette catégorie, il se devait au moins de faire semblant que si. Ses paumes étaient sales de terres et ses ongles noirs de boue séchée, mais il ne se démonta pas dans son geste. Isaac hocha la tête lorsque l’homme lui demanda confirmation quant au fait qu’il travaillait pour Miss Kingsley, gardant la clope entre son pouce et son index sans l’allumer. « She is a very respectable Lady, if that’s your question », lui répondit-il en fronçant les sourcils, ne comprenant pas vraiment la nature de la question qu’il lui posait. Le ventre du jeune hors-la-loi se mit à crier famine dans un grondement sourd. Il avait vraiment faim, malgré la peur jouant à lui tordre les entrailles.
Passant dans ses cheveux la main qui tenait la cigarette, il se permit de demander : « Do you mind if I take a drink? The day was long, you know… working. » Le jeune homme essayait d’apparaitre nonchalant, comme s’il n’avait réellement rien d’important a perde dans cette histoire – pas comme sa vie, par exemple. Désignant la cuisine du pouce, il ajouta : « …can I offer you something? Miss Kingsley have beer for the workers, and whisky for her guests. » Si le brun face à lui l’y autorisait, Isaac aurait peut-être le temps de récupérer un couteau ou quelque chose pour se défendre.
Benjamin ne savait pas si le brigand croyait à son subterfuge, mais les épaules qui s’affaissaient lui donnèrent la conviction qu’il s’était au moins un peu détendu. James était toujours debout, cependant, et le chasseur de primes commençait à se dire qu’il allait devoir le forcer à poser ses fesses sur la chaise, si cela continuait ainsi. Il aurait préféré éviter, il n’aimait pas user de la violence lorsque ce n’était pas nécessaire, contrairement à ce qu’il laissait paraître. Ben saisit la main tendue du prétendu fermier, serrant un peu trop fort, un peu trop longtemps, pour que cela semble naturel. Incapable de savoir s’il lui disait la vérité ou non, Benjamin accepta le nom, le notant mentalement pour vérifier plus tard si cela correspondait. Parce qu’en grand impatient qu’il était, il n’avait pas pris la peine de demander le nom du garçon face à lui aux voisins...
“Just Ben is fine, Jimmy.”
Planté devant lui, le grand menteur semblait ne pas savoir ou se mettre. Ben soupira et se craqua le cou pendant qu’il parlait de sa patronne. Il ne manqua pas le grondement de son ventre, et une faible inquiétude le prit. Il ne paraissait pas bien épais, mangeait-il seulement à sa faim? Chassant la pensée ridicule, il écouta la proposition du fermier. Ses sourcils se froncèrent. Il devait le penser bien idiot s’il croyait qu’il allait le laisser se balader seul dans la maison pour lui laisser une chance de s’enfuir par la porte de derrière. Il soupira à nouveau. Il allait vraiment devoir se lever. Il écarta un peu les jambes pour se pencher vers James.
“Here, let me light it for you,” dit-il en prenant la cigarette de la main du pseudo-fermier.
Il la porta à sa propre bouche pour en allumer l’extrémité. Il rangea les paquets de cigarettes et d’allumettes dans une de ses poches avant de se lever et de placer la nouvelle clope allumée entre les lèvres de Baby Outlaw. Comme il l’avait deviné, le bandit le dépassait d’une demi-tête, mais il tâcha de ne pas laisser paraître sa déception. Il leva la tête pour toiser le plus jeune, puis tapota presque amicalement son épaule.
"Beer sounds great. Let's get this drink, shall we?”
Il pointa de sa main ouverte la direction que James avait préalablement indiqué, l’invitant à le guider vers les fameuses bouteilles. Il récupéra son arme, la plaça dans son holster ouvert, avant de le suivre vers la cuisine.
Des centaines de questions se bousculaient dans sa tête alors que ses yeux brûlaient la nuque du hors-la-loi. Il s’était attendu à ressentir une colère sourde lorsqu’il le rencontrerait enfin, si intense qu’il devrait la maîtriser à tout instant. Pourtant, il n’avait pour le menteur qu’un fort sentiment de curiosité, mêlé d’un certain amusement de ce jeu de chat et de souris qui s’était établi entre eux. Baby Outlaw était fourbe, préférant jouer sur sa discrétion et son apparence fragile. Enfin, c’est ce qu’il avait deviné en lisant les rapports qu’il pouvait trouver et en interrogeant les témoins. Maintenant qu’il était face à lui, il comprenait pourquoi. Sa gueule d’ange pourrait charmer n’importe quel être avec un cœur un peu tendre, même maintenant que l’enfance l’avait quitté. La Kingsley avait sans doute succombé aussi et il se dit qu’il devrait faire attention à ne pas se laisser berner par ces grands yeux verts et cette allure indolente qui invitait à la paresse plus qu’au combat.
Se reconcentrant sur le moment présent, il garda une distance raisonnable avec le hors-la-loi, l’air sévère sans être menaçant.
“So how long have you been working here, Jimmy?”
Il serra la mâchoire. Celui d’en face n’était visiblement pas à l’aise et s’il souhaitait continuer son jeu de rôle, il allait devoir relâcher un peu la pression. La main droite dans la poche, il adopta une attitude un peu plus désinvolte.
“I’m looking for someone around here. Just trying to protect the good folks like you, know what I mean? Seen anyone I should be aware of?”
(c) AMIANTE
Invité
Consuelo Ricci
Since : 13/07/2020
Messages : 195
Faceclaim : Halle Bailey
Crédits : Moontea
DC : clyde & mila & Cole & amitola
Age : dix neuf ans, plus vraiment une enfant, mais pas encore tout à fait adulte
Statut : cœur d’artichaut, elle fait tourner les têtes pour son joli minois, sans jamais s’abandonner plus loin qu’à ses rêveries
Job : petite main, elle s’acquitte de toute tâche qu’on lui propose : blanchisseuse, couturière, vendeuse à l’épicerie Rinaldi, femme de ménage pour les Hennessy… Consuelo ne rechigne jamais lorsqu’il s’agit de gagner quelques sous.
Habitation : la maisonnée Ricci, où elle vit avec ses sœurs, sous l’autorité de Dino
La façon dont l’intrus prit la cigarette des doigts du garçon de ferme, fit frissonner ce dernier. Mais ce n’était rien en comparaison de la sensation électrisante qui se mit à parcourir son corps lorsque qu’il le laissa placer sur sa bouche la cigarette qu’il venait d’allumer entre ses lèvres. Isaac manquait d’air, mais il ne savait plus vraiment si c’était à cause de la peur ou à cause de ces gestes déroutants. Ben était légèrement plus petit que lui, mais Isaac avait l’impression d’être minuscule face à la prestance du jeune homme ; celui-ci ne semblait pas s’en rendre compte, mais il rendait l’air lourd par sa seule présence.
La tape qu’il se prit sur l’épaule ramena Lowell au présent. Une bière donc, pensa-t-il en déglutissant, voyant que l’homme insistait pour le suivre jusque dans la cuisine. Attrapant entre ses doigts sales la clope qui pendait toujours de façon stupide au bord de ses lèvres, il se força à en inspirer la fumée, non sans avoir envie de tousser. Il en recracha la brume en tournant son visage à l’opposé du brun, avant de s’avancer vers l’arrière-cuisine où étaient rangées les bouteilles.
Alors qu’il attrapait deux contenants en verre, et faisait sauter la capsule sur le bord de la table, Ben continuait de le questionner. Et Isaac, en évitant scrupuleusement de le regarder, connaissant les limites de ses piètres talents de menteur, répondit en haussant les épaules : « A few weeks ago… about a month now, I think. »
Ben sembla étrangement se détendre, avec sa main dans la poche, mais le jeune hors-la-loi n’en oubliait pas le colt rangé dans le holter non loin de là. Il lui tendit la bière avant d’attraper la sienne, sans pour autant boire. Il avait les deux mains encombrées, l’une tenant la boisson, l’autre, la clope. Le jeune homme face à lui mentionna qu’il voulait juste protéger les braves gens du coin, et Isaac fronça les sourcils. L’homme ne s’était que brièvement présenté, sans faire état de sa fonction. Le garçon de ferme ne se gêna pas pour le lui faire remarquer : « So, you're like a sheriff's deputy or something? ». Il paraissait particulièrement jeune pour prétendre à cette fonction, bien qu’il lui semblait plus vieux que lui. Et puis, ce n’était pas vraiment le genre du vieux Clayton de faire confiance à des inconnus. Sauf si Ben était terriblement doué pour le croquet. Trouvant un peu de confiance en lui, sans trop savoir d’où il la tirait, Isaac continua : « Well, tell me more about the one you're looking for, Ben. » Il insista sur le prénom de celui face à lui, comme il avait vu Logan le faire plusieurs fois lors de situations tendues, avant de reprendre : « I might be able to help you… but I don't make promises, I mostly work all day long. » Le hors-la-loi avait beau essayer de paraître calme, il était nerveux et sa voix devait autant le trahir que sa posture. Portant la bière à ses lèvres pour se calmer, il finit par conclure : « There's not many people around here, you know… except for the sweet Dolly and Miss Kingsley. » Il jouait à un jeu dangereux, mais c’était la seule façon pour lui d’en apprendre un peu plus sur qui lui voulait du mal, et pourquoi. Oh, heureusement que Charlotte n’était pas là pour surprendre cet échange. Il continua à toiser le supposé « homme de loi » tout en laissant l’alcool frais le désaltérer.
Le jeune bandit évitait de poser son regard sur le chasseur de prime, ce qui compliquait la tâche d’interrogation de Benjamin. Cela facilitait cependant grandement le procès qu’il lui faisait en pensées: il était coupable. L’agacement de l’homme de loi grandissait sans qu’il en comprenne vraiment la raison. Il s’amusait, en général, de ce jeu de devinettes où il avait le dessus. Pourtant, aujourd’hui, il ne retirait aucun plaisir à voir ce James se décomposer sous son interrogatoire. Le mouvement inconfortable de sa pomme d’Adam, les yeux qui le fuyaient, les mains qui s’occupaient comme elles pouvaient… Benjamin avait subitement conscience de l’effet que son manège avait sur le jeune homme, et il n’aimait pas vraiment le rôle qu’il s’était donné.
Il chassa pourtant ces pensées en serrant les dents. La nature de Baby Outlaw était dans son nom même: Outlaw. Hors-la-loi. Vermine. Pire encore, complice du meurtrier de ses parents. Finalement de nouveau d’humeur carnassière, il prit la bière offerte, prenant bien soin de ne pas le quitter des yeux une seule seconde.
Au moins, le bandit lui disait la vérité sur la durée de son emploi. La date qu’il lui donnait concordait avec ce qu’il avait glané. Mais James posa la question de son travail à lui, le regard inquisiteur malgré sa retenue, et Ben ne put retenir un fin relèvement de lèvres face au double message que le fermier envoyait.
« Something like that, yeah. Depends on who’s asking. »
Et voilà qu’il utilisait son propre stratagème contre lui. Finalement, Ben allait peut-être pouvoir en tirer un brin de satisfaction. Il fit mine de réflechir.
« Anything you say can help me, at this point, » dit-il en haussant les épaules. « You know the name, already. He’s young, ‘bout your age. »
Il prit une longue lampée de bière et poussa un ah de satisfaction après l’avoir avalée.
« Damn, Miss Kingsley’s treating her men well, if that’s what she gives you. Might want to work for her myself, as long as I stay around. »
Benjamin n’avait aucune idée du genre de travail qu’on pouvait bien effectuer dans une ferme, et en vérité la bière, bien que meilleure que ce à quoi il s’attendait, n’était pas aussi bonne que cela. Mais il voulait planter l’idée qu’il pourrait s’éterniser dans la tête de son interlocuteur, et c’est pourquoi il agrémenta son propos d’un soulèvement de sourcil complice. Il tira son nouvel ami vers les deux chaises de la cuisine, lui serrant l’épaule sans force. Le chasseur s’était fait suffisamment menaçant, pour le moment, et il avait envie, non, besoin que James se détende un peu s’il voulait lui tirer les vers du nez.
« Some people have to visit this farm, no? For work, or just to talk to Miss Kingsley. Or even to you, Jimmy. »
Il reprit une gorgée, les yeux cette fois-ci plantés dans ceux de Baby Outlaw qu’il avait réussi à accrocher.
« I mean, this is a large farmland. You’d have to be pretty tough to take care of it alone. »
Il n’avait pas eu besoin d’utiliser son jeu d’acteur pour dénicher la surprise qui teintait sa voix. Ce n’était pas tous les bandits qui se recyclaient en travailleurs des champs. James, crotté de la tête au pied, l’allure éclatée et les muscles qu’il devinait endoloris, semblait prendre son rôle à cœur et le dévouement dont il faisait preuve pour passer inaperçu forçait l’admiration. Mais on ne trompait pas un chasseur de prime dont la cible unique était son acolyte.
Benjamin quitta des yeux la silhouette du jeune homme pour la première fois de leur brève altercation. Il gratta paresseusement le bois de la table, tout en gardant James dans son champ de vision. Il attendit un silence un peu plus long avant de reprendre la parole.
« Do you think I can pull it? » Il prit une pause, laissant le jeune homme imaginer toutes les significations possibles du ‘it’ avant de finalement tourner la tête vers le plus jeune sans la moindre hésitation sur ses traits. « The job, here, I mean. »
Il s’étira bruyamment pour se donner une nouvelle fois un côté désinvolte.
« Cause, you know, it’s been a while since I started looking for my man. And every time I come close, » il ouvrit sa paume devant lui, « he just slip through my fingers. »
Il referma le poing en même temps que son dernier mot, laissant là encore un souffle de silence, profitant pour regarder en détail les traits candides du jeune malfrat. Il n’avait pas de taches de rousseurs sur les affiches et son teint de lait, à peine tanné par le soleil, ne ressortait pas sur le papier jauni par le temps. Sa voix se fit murmure sans qu’il n’en ait contrôle.
« But I know him. I know he is nearby and I’m going to catch him. »
Il tourna subitement la tête, se raclant la gorge et laissant Baby Outlaw sans surveillance pendant quelques secondes.
« But, hey! I’m just a man. If I lose him again, I might want to come on this farm with you, Jimmy boy. »
(c) AMIANTE
Invité
Consuelo Ricci
Since : 13/07/2020
Messages : 195
Faceclaim : Halle Bailey
Crédits : Moontea
DC : clyde & mila & Cole & amitola
Age : dix neuf ans, plus vraiment une enfant, mais pas encore tout à fait adulte
Statut : cœur d’artichaut, elle fait tourner les têtes pour son joli minois, sans jamais s’abandonner plus loin qu’à ses rêveries
Job : petite main, elle s’acquitte de toute tâche qu’on lui propose : blanchisseuse, couturière, vendeuse à l’épicerie Rinaldi, femme de ménage pour les Hennessy… Consuelo ne rechigne jamais lorsqu’il s’agit de gagner quelques sous.
Habitation : la maisonnée Ricci, où elle vit avec ses sœurs, sous l’autorité de Dino
Ben évitait soigneusement de répondre à ses questions, faisant comprendre à Isaac qu'il voulait être le seul à mener la danse. Ce dernier se renfrogna d'autant plus dans son attitude bornée, et resta contemplatif pendant que le supposé homme de loi lui décrivait son portrait.
Lorsqu'il fit un commentaire sur la bière, Isaac ne réagit pas plus, mais l'idée que Ben pouvait prétendre à devenir fermier lui aussi, le fit grimacer. Il n'allait quand même pas pousser le vice jusque-là, si ? Il avait du mal à y croire, et en même temps, l'idée que cet homme soit légèrement sadique sur les bords ne l'étonnait pas tant - il prenait un malin plaisir à lui faire peur depuis son arrivée, si ce n'était pas là une preuve accablante de sa bassesse.
Il laissa faire lorsque Ben le poussa vers les chaises de la cuisine, se retrouvant finalement forcé de s’asseoir, contre son gré. Le brun continuait son interrogatoire, mentionnant que des gens devaient bien passer par là, et Isaac se contenta d’hausser les épaules et secouant la tête. Sincèrement, peu de gens passaient dans le coin, la ferme était en ruine et les connaissances de Charlotte, peu nombreuses. Mais là n’était pas le réel sujet de la conversation. Quant au commentaire sur le manque de muscles d’Isaac, ce dernier se contenta de rester stoïque, ne voulant pas s’abaisser au point de prendre la mouche à cause d’une remarque sur son physique.
Pendant l’instant de silence qu’imposa le brun, il prit une longue gorgée de la bière, pour réellement se désaltérer cette fois. Il était exténué, et toute cette mise en scène n’allait pas l’aider à trouver le sommeil pour avoir une bonne nuit de repos et continuer le labourage à l’aube. Le lendemain allait être long, il pouvait déjà le prédire. Il se surprit à dévisager le jeune homme qui lui offrait son profil, s’attardant sur l’angle de sa mâchoire, l’arrête de son nez et l’expression de ses traits. Il aurait presque cru l’avoir déjà aperçu quel part, dans une autre vie peut-être.
Ben reprit finalement la parole, cette fois pour lui demander si Isaac le pensait capable de travailler ici. Les nombreux sens du « pull it » de son interlocuteur, se retrouvaient traduits en un froncement de sourcils intrigué sur le visage du jeune hors-la-loi. Son pouls s’accéléra en comprenant que le prétendu homme de loi le traquait depuis quelque temps déjà, et qu’il pouvait remercier que la chance de ne pas l’avoir croisé plus tôt. Isaac n’avait pas spécialement cherché à disparaître à la suite du bal, il avait simplement essayé de survivre, enchaînant les petits boulots pour avoir un toit pour l’hiver et quelque chose pour lui remplir la panse tous les soirs. Il ne s’était pas imaginé qu’on puisse lui vouloir du mal, et se trouvait idiot de ne pas avoir pensé que le mode de vie qu’il avait depuis presque une décennie, allait finir par le rattraper tôt ou tard.
Ben en rajouta une couche en disant que s’il ne trouvait pas le tristement célèbre « Baby Outlaw », il pouvait très bien venir ici aux côtés d’Isaac. Ce dernier se surprit à répondre le plus calmement du monde, les mots franchissant ses lèvres sans même qu’il n’ai pensé à leur répercussion : « I don't think you can pull it. » Il avait parlé un peu vite, mais ne pouvait plus revenir en arrière maintenant. Un silence ponctua sa phrase, peut-être un peu trop long pour être naturel, mais lui laissant le temps de puiser en lui assez d’assurance pour dire tout haut le fond de sa pensée.
« The job, I mean », précisa Isaac.
« It takes some willingness to be outside all day long, in any weather. Hard for the ones born with a silver spoon in the mouth. » dit-il en lui offrant un regard accusateur, soupoudré d’un léger sourire, sa seule arme dans tout cet interrogatoire aux airs de condamnation étant ses mots. Il regarda les beaux habits du brun, s'attardant sur ces derniers, qui trahissaient que Ben n'était définitivement pas un homme de la terre. Puis son regard s’attarda sur mains du jeune homme, qui grattaient le bois de la table un peu plus tôt. Isaac leva devant lui sa main gauche, celle qui tenait la cigarette se consumant d'elle même plutôt qu'au bord de ses lèvres. Le bras appuyé sur son coude, il observa les cloques, les égratignures, les engelures à peines guéries et les sillons noirs de terre dans sa paume. Désignant de cette même main celles de Ben, il ajouta : « ...those are pretty hands, you have. Not made for that kind of work, if you ask me... You shouldn't ruin them, ‘would be a pity. »
Portant ladite cigarette à ses lèvres, il tira longuement dessus, comme le faisait souvent son père - il y a des années de cela; lorsqu’il cherchait ses mots. La fumée lui brula la gorge, mais il se garda bien de le montrer. « But who am I to tell you what to do, hm? », finit-il par reprendre, le plus naturellement possible dans toute cette mascarade, relevant les yeux vers Ben pour venir croiser son regard avec insolence. « Wait for Miss Kingsley and ask her yourself, if you want. She’ll be back tommorow…», il bluffait. Isaac commençait à se demander s’il ne ferait pas mieux de se reconvertir en acteur plutôt qu’en fermier, il s’étonnait lui-même de sa capacité à jouer un tel rôle sous la pression. Poussant son imprudence jusqu’aux limites de celle-ci, il ajouta : « I'm sure we would make a good team, if you’re ready to sacrifice that soft skin of yours, and those nice clothes. »
Benjamin ne put s’empêcher de répliquer lorsque James lui dit qu’il ne le pensait pas capable d’effectuer un travail de ferme. Il leva un sourcil, surpris de l’insolence du bandit, et écouta son argumentaire avec un certain divertissement. Les piques qu’il lui adressait étaient presque flatteuses au vu des efforts qu’il mettait dans son apparence. James l’imaginait même venant d’une famille aisée et l’ironie de la suggestion aurait été drôle si elle n’était pas tragique.
Certes, ses mains à lui n’étaient pas aussi abîmées que celles de Baby Outlaw, mais il compensait l’absence de cloques par des jointures solides, durcies par le nombre de coups qu’il avait donné à des gens de l’aiguille de morale mal alignée. À d’autres aussi, qui parfois testaient d’un peu trop près sa patience. Mais si James appartenait à ces deux catégories, il n’avait pourtant aucunement envie de le frapper, et la constatation lui fit plisser le nez. Benjamin ne savait pas sur quel pied danser avec le jeune homme qui lui faisait face. Entre la haine et la curiosité, la colère et l’amusement, il se persuadait qu’il ne servait à rien d’user de violence tant que Baby se tenait tranquille, justifiait son manque d’animosité par la quête d’informations.
Ce qui le piqua à vif, cependant, fut la possibilité qu’ils puissent faire équipe un jour. Le jeune bandit l’amusait peut-être, mais de là à travailler main dans la main avec lui, il y avait un monde. Et puis, il mentait à nouveau, mais cette fois-ci avec plus d’aplomb et moins d’erreurs. Benjamin se força à laisser couler, reprenant une gorgée de bière pour ne pas serrer les poings.
« I trust you weren’t born with a scythe in your hand, Jimmy. I could learn, forget about my past. Pretty sure I could disappear, around here. »
Il se tourna au complet vers le bandit. Sa main droite s’agrippait à la bouteille presque vide, tandis que la gauche pendait le long des pattes de la chaise.
« But I’d miss the excitement. Sure I won’t have time during the day to think about it, but at night, I’d dream of what I did before. The folks I met, the campfire in the wild, the travels. Diligences are not the most comfortable but you can make a heck of memories in there. »
La bougie allumée sur la table donnait à la joue de James une couleur orangée tandis que la nuit lui dessinait des contours bleutés. Il n’aimait décidément pas le contour franc de sa mâchoire, la finesse de ses épaules, le pli qui séparait son front en deux. Il n’aimait pas sa belle gueule et tout ce qu’elle représentait. Pourtant il se pencha, prenant appui de ses coudes sur ses genoux pour s’approcher encore de Baby Outlaw.
« Yeah, you’re right. I don’t think I can live like that. I’m too soft. »
L’affiche qu’il avait dissimulée dans sa manche le démangeait, comme un rappel du lien étrange qui les unissait.
(c) AMIANTE
Invité
Consuelo Ricci
Since : 13/07/2020
Messages : 195
Faceclaim : Halle Bailey
Crédits : Moontea
DC : clyde & mila & Cole & amitola
Age : dix neuf ans, plus vraiment une enfant, mais pas encore tout à fait adulte
Statut : cœur d’artichaut, elle fait tourner les têtes pour son joli minois, sans jamais s’abandonner plus loin qu’à ses rêveries
Job : petite main, elle s’acquitte de toute tâche qu’on lui propose : blanchisseuse, couturière, vendeuse à l’épicerie Rinaldi, femme de ménage pour les Hennessy… Consuelo ne rechigne jamais lorsqu’il s’agit de gagner quelques sous.
Habitation : la maisonnée Ricci, où elle vit avec ses sœurs, sous l’autorité de Dino
Isaac avait peut-être poussé son insolence un peu loin. Il crut pendant quelques instants que Ben allait franchement céder et lui en coller une ; mais ses mouvements ne se firent jamais brusques. Il était inlassablement calme, bien qu’extrêmement tendu. Le jeune hors-la-loi le devinait à la façon donc sa mâchoire se crispait à chacun de ses affronts, et à sa position, faussement décontractée. Son interlocuteur cherchait des réponses, et Isaac jouait avec sa patience en ne faisant aucun effort pour paraître coopératif.
Ben ne sembla pas lui en tenir rigueur, et il commença à parler d’un passé visiblement fait de feux de camps et de vagabondage. Ces mots faisaient étrangement écho à une vie qu’Isaac connaissait bien, loin du quotidien qu’il avait adopté entre la ferme des Doyle et le ranch des Kingsley. L’amertume de la mélancolie s’exprima en un goût métallique dans sa bouche, qu’il chassa en se forçant à déglutir, prit de maux de cœurs qui n’avaient rien à voir avec la présence de l’intrus face lui. Isaac peinait à trouver sa place depuis que Logan l’avait abandonné. Il n’était pas un brigand dans l’âme, pas plus qu’il n’était fermier. Il avait simplement un drôle de talent pour survivre aux coups durs de la vie, et jusque-là se laissait porter par celle-ci sans vraiment essayer de la prendre en main. Il aurait pu se donner les moyens d’essayer, de faire des plans pour devenir « quelqu’un », mais l’intérêt le dépassait. Ses parents lui avaient inculqué des valeurs simples, et Logan un sens de la loyauté. Au-delà de ça, il n’avait rien.
La mention des souvenirs que Ben avait accumulés lors de ses voyages en diligences, renvoya Isaac aux siens. Les images que lui imposaient son esprit n’avaient rien de jolies, souvent teintée du sel de ses larmes et du sang des victimes. Il n’avait jamais aimé faire ça. Ni les coups pour le faire chialer, ni sa participation au massacre. Il avait tremblé pendant des jours lorsqu’il avait participé à son premier braquage, incapable de fermer les yeux sans revoir le corps du cocher qui tombait au sol depuis sa place, le crâne explosé par une balle de fusils pour gros gibier. Il n’avait jamais voulu participer à toutes ces hécatombes, mais n’avait pas eu le choix. S’il ne servait à rien, aucune raison pour Logan et les Hennessy de se le coltiner. Enfin, si le gosse n’avait jamais eu à appuyer sur la détente, il ne se sentait pas moins responsable de tous ceux qui avaient trouvé la mort en s’arrêtant en pleine campagne pour sa belle gueule d’enfant de cœur.
Lâchant sa bière, il passa sa main dans ses cheveux, pour venir se gratter la nuque, trahissant son malaise. Il espérait que le prétendu homme de loi ne comprendrait pas la vraie raison de son embarras, certainement lisible sur ses traits. Il avait bien des raisons d’être troublé en sa présence, c’était certainement suffisant pour l’innocenter – au moins sur ce point.
Ben se pencha vers lui, acquiesçant à ses paroles précédentes sur un ton qui dévoilait parfaitement le fond de sa pensée. Lowell resta de marbre, ne voulant pas le provoquer davantage. Il avait déjà assez joué avec le feu pour aujourd’hui, et l’homme était armé, contrairement à lui. Le crépuscule s’éloignait de plus en plus, faisant rapidement place à la nuit. L’intérieur, qui jusque-là n’était éclairé que par la chandelle qu’avait allumé l’inconnu, et la lueur de leurs cigarettes, sombrait de d’avantage dans la pénombre, tant et si bien qu’ils se retrouveraient bientôt entourés de ténèbres. « Any other question? », osa demander Isaac, sans ironie ou insolence cette fois. Il avait envie de couper court à cette conversation, de façon assez évidente. Au-delà de toute les tâches qu’il avait à faire demain, il se demandait combien de temps il pouvait encore tenir comme ça sans exploser face à la présence et à la pression que lui imposait son invité. Il s’attendait à ne pas dormir de la nuit, ressassant leurs échanges jusqu’aux petites lueurs du jour, mais il avait besoin que Ben parte pour retrouver un peu d’air. Désignant la fenêtre la plus proche, laissant entrer la lumière de la lune, il ajouta : « …it's pretty dark outside, I hope you will find your way back. » Un sourire forcé se voulant compatissant s’accrocha sur son visage, dans l’attente d’une réaction positive du côté de l’homme de loi.
Il avait fait mouche. La main que Baby Outlaw passait dans ses boucles brunes n’avait pas échappé à Benjamin et son regard se fit plus dur. Bien. Qu’il sache qu’il ne le laisserait pas tranquille maintenant qu’il lui avait mis la main dessus. Qu’il en perde le sommeil comme lui l’avait perdu depuis maintenant neuf ans, qu’il sente la peur, oppressante et inarrêtable, comme lui l’avait senti pendant des mois après que Logan lui avait enlevé ses parents. Le plus âgé des hors-la-loi avait fait une erreur de ne pas s’assurer qu’il était mort, car maintenant, il allait se faire un plaisir de lui mettre une balle entre les deux yeux.
“Not for now,” répondit-il à la question de James, la mâchoire à peine desserrée. “Don’t worry ‘bout me, I’ve spent my share of nights outside.”
Il se leva et toisa l’homme en face. Sans le quitter des yeux, Ben sortit l’affiche qui lui grattait le poignet et la lui tendit.
“Now, if you see this guy, you come to me, right Jimmy?”
Une dernière menace pour Baby Outlaw, dans l’espoir de le secouer vraiment. S’il était assez inquiet, il y avait des chances qu’il aille se cacher dans les jupons de Rogers, et Ben n’aurait plus qu’à récupérer les deux ordures comme on cueillait des pommes. Pour une raison qui lui échappa, il fut incapable de regarder celui qui lui faisait face dans les yeux pendant qu’il fomentait ses plans. Enfin, la raison n’était pas si obscure. C’était la même que celle qui avait arrêté tous ces cochers. Baby Outlaw avait un air innocent, qui vous mettait au défi de ne pas le secourir, de ne pas le désirer, maintenant qu’il était homme. Il se força à remonter son regard de sa gorge vers ses pupilles.
“I’ll stay around for a while.”
Il réajusta son manteau et se dirigea vers la porte, sur ses gardes au cas ou James déciderait de faire quelque chose de stupide. Mais il trouva la porte sans aucun incident et il la referma derrière lui un peu plus brusquement que nécessaire.
Maintenant, il ne lui restait plus qu’à surveiller les moindre faits et gestes du jeune homme. Et avec un peu de chance, il aurait bientôt deux primes à récupérer auprès du shérif.