Voici la partie la plus importante de la fiche : les anecdotes. Elle devra contenir 10 anecdotes minimum (sur 25 lignes minimum). -#1. Née dans une Chine impériale en déclin, l’avenir ne s’annonçait pas des plus prometteurs pour la jeune Xue Dan. Comme toutes les jeunes filles, elle avait été formée très tôt aux arts de la séduction et à la musique afin d’attirer un mari que sa famille espérait fortuné. Sa beauté étant jugée ordinaire parmi ses semblables et ne possédant pas de talents particuliers à exploiter, Xue semblait être invisible aux yeux des hommes aux rangs sociaux intéressants pour la famille Dan. Leur dernier espoir était de la voir intégrer le harem d’un noble quelconque et que celui-ci l’engrosse volontairement ou non. Engendrer un fils était la seule perspective d’avenir pour la jeune chinoise et de cette vie, elle n’en voulait absolument pas. Si seulement elle pouvait trouver en elle le courage de tout abandonner pour suivre ses propres rêves…
… Et le courage lui apparut un jour sous la forme d’un homme. C’était un voyageur américain en quête d’artistes exotiques à ramener au pays avec lui afin d’agrémenter les spectacles offerts dans le cabaret lucratif qu’il disait posséder en Amérique. Selon lui, les musiciens et danseurs du Wild Horse rivalisaient de talents avec ceux des grands cabarets d’Europe et en faisaient un haut lieu de divertissements où les hommes les plus riches du monde se regroupaient pour dépenser leur argent. Séduite par les paroles de ce voyageur et cet espoir d’un avenir à la hauteur de ses rêves, Xue décida de quitter son pays et de le suivre sur le continent américain. C’était à l’automne 1878.
#2. Dès qu’elle posa le pied sur le sol sablonneux de Silverstone, Xue comprit que cette nouvelle vie qui s’offrait à elle n’avait rien de celle qu’elle s’était imaginée. À commencer par le Wild Horse qui n’était rien de plus qu’un bordel miteux où lesdits artistes se surpassaient davantage dans l’art de vendre leur corps que dans celui de produire la moindre note de musique mélodieuse; les seuls chants entendus entre les murs crasseux de ce lieu de perdition étaient ceux des clients satisfaits derrière les portes closes des petites chambres qu’occupaient les employés.
Heureusement pour la Chinoise, le souhait du propriétaire du Wild Horse n’était pas de la faire travailler comme le reste de ses employés; il croyait réellement aux talents musicaux de Xue et caressait le rêve qu’elle l’aide à élever son établissement au rang de cabaret décent. Il n’avait cependant aucun scrupule à laisser croire à ses clients que l’un d’eux pourrait un jour mettre la main sur cette femme exotique. Vendre du rêve, voilà ce en quoi il excellait…
#3. Sa première année de vie à West Esperanza fut difficile pour Xue Dan. La fortune promise ne lui souriait pas, elle craignait chaque soir qu’un ivrogne interrompe ses prestations musicales dans l’unique but de lui faire du mal, les employés, hommes et femmes, la jalousaient de ne pas avoir à subir les désirs des clients et la seule relation amicale qu’elle semblait entretenir était celle qui l’unissait au propriétaire du Wild Horse. Il lui arrivait souvent de regretter sa Chine natale, de s’ennuyer de ses parents peu aimant et même d’imaginer ce qu’aurait été sa vie si elle était devenue la concubine d’un noble chinois plutôt qu’une artiste se démarquant des autres uniquement par les traits exotiques de son visage.
Ainsi, il lui était de plus en plus fréquent de quitter Silverstone sur le dos de Sai Hu, sa jument et unique confidente, pendant de longues heures. Rien ne lui faisait plus de bien que ces promenades sous le soleil de plomb de la région qui brûlait sa peau et asséchait ses lèvres. Elle ne rentrait que le soir venu, les cheveux mêlés par le vent et les muscles de son corps meurtri par la chevauchée, pour se préparer à ses spectacles.
Un soir, cependant, elle ne rentra pas au Wild Horse.
#4. Fascinée par la beauté de la voute céleste au-dessus de sa tête et du reflet de la brillante lune sur l’eau de la rivière qu’elle suivait, Xue s’abandonna à la volonté de sa monture qui s’engouffra dans la forêt au nord-est de Silverstone, à la frontière de New Hanover. Comme si elle savait pertinemment où elle se dirigeait, Sai Hu conduisit sa cavalière jusqu’à un campement de fortune où cette dernière fit la rencontre fortuite d’un mystérieux inconnu au regard bleu d’une rare intensité. Ce fut le coup de foudre instantané et avant que les premières lueurs du nouveau jour ne se lèvent, la jeune Chinoise et l’inconnu s’offraient l’un à l’autre, scellant par le fait même leur destin commun.
Destin qu’ils ne partageraient cependant que des années plus tard.
#5. Inquiet pour son artiste préférée, le propriétaire du Wild Horse commanda à ses associés, des hommes dont le soutien financier provenait d’activités criminelles, de partir à la recherche de Xue. N’ayant pour seule consigne que de ramener la Chinoise à son patron sans lui faire le moindre mal, les bandits n’eurent aucune pitié pour l’homme aux yeux bleus qu’ils trouvèrent auprès de la jeune femme, après plusieurs heures de recherche. Sous le regard terrifié de Xue, ils rouèrent de coups le pauvre homme jusqu’à ce qu’il en perde le souffle et pour couronner leur dernier acte de barbarie, ils décidèrent de le pendre à l’une des branches de l’arbre sous lequel, quelques instants plus tôt, les deux amants avaient poussé les soupirs de leur passion amoureuse.
La dernière chose que vit la jeune Chinoise avant de perdre connaissance fut le corps de Markus qui se balançait au bout d’une corde…
#6. Anéantie par la mort de l’homme qu’elle n’avait pourtant pas eu le temps de connaître, les semaines qui suivirent le retour de Xue au Wild Horse furent éprouvantes. N’offrant plus aucun spectacle, la Chinoise devint rapidement un boulet financier pour l’homme qui regrettait malgré tout d’être la cause des souffrances de sa protégée. Les autres artistes se révoltèrent et puisque les clients envoutés par les prestations de Xue cessèrent de fréquenter l’établissement de spectacles, plusieurs décidèrent de tout quitter. Appauvri et sans aucun espoir de relever le Wild Horse du gouffre dans lequel il était en train de sombre, ce fut au tour du tenancier d’un jour partir. Du moins, c’est ce que laissait sous-entendre la lettre signée de sa main et désignant pour unique et nouvelle propriétaire du Wild Horse Xue Dan, qu’il laissa derrière lui.
D’aucuns supposèrent que cette lettre était falsifiée, que jamais cet homme ambitieux n’aurait tout abandonné aux mains de la Chinoise et que cette dernière devait être responsable de ce qu’ils pensaient être plutôt une disparition. Les hommes peu fréquentables qui se mirent à aider la jeune femme à tout rebâtir et à assurer sa sécurité n’en étaient-ils pas la preuve ultime?
#7. Quelques mois plus tard, alors que le Wild Horse semblait renaitre de ses cendres pour devenir le cabaret que son ancien propriétaire avait toujours rêvé qu’il soit, Xue donna naissance à un vigoureux petit garçon aux traits métissés et aux yeux d’un bleu unique et brillants comme les étoiles sous lesquels il avait été conçu. Elle le prénomma Sky. Puisqu’elle devait maintenant assurer l’avenir de son bébé, Xue n’hésita pas à créer des alliances avec des personnes aux activités plus ou moins légales afin d’assurer la pérennité du Wild Horse, l’unique source de ses revenus. Être mère célibataire et étrangère n’avait rien pour faire taire les rumeurs, mais l’argent pouvait lui permettre de vivre au-dessus de tout cela.
Moins de deux ans après la naissance de Sky, la jeune mère mit au monde un deuxième fils dont les origines demeurent encore mystérieuses à ce jour. Elle lui donna le prénom de Loan.
#8. Les années passèrent et Xue était une mère comblée par ses enfants et une tenancière bénie par le succès de son cabaret. Chaque soir, des musiciens, chanteurs et orateurs divertissaient les foules ou accompagnaient de leurs talents les soirées de jeux, de causeries et de rencontres de toutes sortes des clients du Wild Horse. Xue montait encore régulièrement sur scène, mais elle le faisait maintenant pour son propre plaisir et souvent avec orgueil lorsque l’un ou l’autre des clients réguliers la réclamait. Sky et Loan participaient parfois à ses prestations musicales, charmant à coup sûr les femmes et attendrissant les cœurs des hommes. La vie était belle, mais elle était destinée à l’être davantage.
Lors de la soirée dansante de l’annuelle foire de Silverstone, quelques instants avant que des bandits décident de perturber le déroulement de cet évènement, Xue, qui dansait au bras d’un ami, aperçut soudain la silhouette d’un fantôme du passé parmi les danseurs. À quelques mètres d’elle seulement, faisant tourner dans tous les sens une femme d’une grande beauté, se trouvait celui qu’elle croyait mort depuis des années. Markus Kennedy n’avait pas changé. Sans réfléchir à ce qu’elle lui dirait, Xue s’était approchée discrètement de lui, profitant de cette proximité pour observer celui qui avait été son amant et qu’elle n’avait jamais cessé d’aimer.
Leurs regards se croisèrent et le monde autour d’eux cessa d’exister; ils s’étaient enfin retrouvés.
#9. Puisque leur destin avait toujours été d’être unis, Markus et Xue se marièrent dans les mois qui suivirent, au cours de l’année 1886. Bien que seul Sky ne soit le fils biologique de Markus, celui-ci adopta aussitôt le petit Loan qu’il considérait également comme son gamin. La félicité de la famille Kennedy est depuis ce jour incontestable.
#10. Aujourd’hui, Madame Markus Kennedy est la respectable tenancière du prestigieux Wild Horse de Silverstone, mariée au seul homme qu’elle n’ait jamais aimé et mère de deux enfants tout simplement merveilleux. Rien ne semble pouvoir atteindre son bonheur… À moins que… Non. Le passé est bien enterré…