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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ
1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite
Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
Makoyepuk est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Kilian, Ichabod, Amelia, Benicio et Howard. PROFIL + MP
Pearl Hennessy est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Maxence, Nadie, Jacob et Grace. PROFIL + MP
Liam Hennessy est modérateur du forum ! Il se genre au masculin et ses autres comptes sont : Arthur, Chuy, Dino et Maria. PROFIL + MP
On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Statut : Célibataire, mais vieux garçon lui va mieux
Job : Pasteur
Habitation : Imogen, dans le temple ou une petit bicoque située non loin
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Sam 18 Déc - 2:31
El Sapo
❝ A bailar, A bailar ! ❞
Il chantonne mal, mais avec beaucoup d’entrain, incrustant quelques “la la la” dans son récital quand il ne se souvient plus des paroles. — El sapo más se mareaba, y los mosquitos cantaban : A bailar, a bailar. “ Il se penche un peu pour regarder sa camarade de route dans un mouvement taquin, une lueur de malice au fond du regard. Puis il reprend, volant au Mexique ses chansons enjouées. — Y entonces el baile ! Lo hizo enojar y todos los moscos se puso a tragar. “ L’air terminé, il finit juste par siffler, achevant ce maigre spectacle comme il le fait bien souvent : retrouver un peu de calme, malgré les routes désertes, voilà qui ne peut pas leur faire de mal.
Voilà quelques heures déjà que leur voyage a commencé : les roues de la carriole grincent à chaque pente, rendant les chants religieux un peu moins cérémonieux ( d’où le choix d’un tout autre registre ). Il lui a dit à Nadie qu’il devait récupérer un colis chez un quincailler d’une ville voisine - ce qui n’est pas tout à fait faux. Mais ce qu’il veut surtout, c’est garder le temple bien fermé pendant que le fermier du coin promène ses moutons d’un champ à l’autre - ces sales bêtes s’entêtent à faire de la maison de Dieu leur abri, et ce à chaque sortie. Alors il se dit qu’aller voir du pays leur épargnera au moins un peu de ménage ( enfin, surtout à elle ).
— Ah. On dirait que quelqu’un est coincé. “ Au loin, il aperçoit une caravane aux voiles blanches. Elle tangue dans le petit ravin qui borde le chemin, comme si l’une de ses roues était brisée ( ce qui semble bien être le cas à mesure qu’ils se rapprochent ). Becky râle alors qu’ils s'arrêtent à hauteur du véhicule. — Je te parie que ce sont encore des allemands. “ il rit un instant, se redressant sur son banc de cochet pour venir toquer contre la structure de bois. Presque immédiatement en sort une fille : elle est mal coiffée et sa tenue semble en dire long sur l’état de ses économies - mais aussi ses occupations. A elle se joignent cinq autres petites têtes qui regardent avec curiosité le pasteur et sa passagère. — Ah. oh. Euh… Pardon mesdames. “ Il se rassoit aussi prestement que sont apparues ces concubines à louer. Mais il n’oublie pas de baisser son chapeau, histoire de les saluer. — Ma compagne et moi, nous nous demandions si par hasard vous aviez besoin d’un peu d’aide ? “ L’assemblée de visages acquiesce de façon irrégulière.
L’une d’entre elles leur explique qu’elles devaient se rendre au Bog mais que la route n’avait pas été très clémente avec leur projet : il fallait maintenant changer une roue, sous peine de rester bloquées là. L’une d’entre elles était partie à pied pour faire ce dur voyage, il y a déjà un moment de ça - le souci commençait à se lire sur leurs visages. — Ay… Comme c’est terrible. Si vous voulez, nous pouvons retrouver votre amie en chemin et la ramener jusqu’à Grafton ? Nous allons là-bas pour affaires - je suis sûr qu’elle trouvera quelqu’un là-bas pour venir changer votre roue. Désolée, mais la carriole est déjà trop chargée et surtout trop petite pour vous amener vous toutes - Ruby, donne leur un peu d’eau et des vivres - désolé vraiment. Mais ne vous en faites pas, nous allons la retrouver. “ Son sourire semble moins franc.
Il fait de nouveau claquer les rênes sur le dos de sa mule, lançant leur humble attelage au pas. Plus aucune chanson ne viendra rendre l’attente un peu plus supportable.
* * *
Sur le bord de la route, vacillant avec la fatigue, une fille apparaît. Elle a les chaussures pleines de boue - la terre remonte sur le bas de sa robe rose, montrant qu’elle a bien battu la campagne. — Hey là ! “ Benicio lance un bras vers le ciel, le secouant pour attirer l’attention de cette dame blanche.
Après quelques négociations, la demoiselle finit par grimper à l’arrière de l’embarcation : ses jambes vivotent dans le vide tandis que ses yeux regardent la poussière défiler sous ses pieds. Elle semble tout à fait à l’aise, elle qui rechignait d’abord à monter. Il faut dire que la présence d’une autre femme a bien aider à la faire craquer : elle lui a sourit prestement et semble par moment chercher son attention, comme un animal qui ne se reconnait que dans ses semblables.
Attrapant la gourde qui leur reste, il avale la dernière gorgée d’une eau qu’il a vidé sur le chemin. — Ah. Je crois que nous sommes à court. “ Pour mieux exprimer le fond de sa pensée, il suspend dans le vide le contenant qui ne crache plus aucun liquide. — Madison - c’est ça ? - Madison, est-ce que tu pourrais aller chercher un peu d’eau ? Je crois qu’il y a une rivière juste là, en contrebas. “ Il connaît bien le paysage de ce purgatoire montagneux - combien de fois a-t-il joué de cette astuce ? Il ne s’en rappelle plus bien. La demoiselle, sans un mot, s'exécute timidement. Bientôt, elle disparaît dans la pente, le bruit de ses pas indiquant seulement sa présence au milieu de ce No man’s land. Son sourire disparaît.
— Reste là, Nadie. “ Il quitte enfin son poste, vérifiant au passage qu’il a bien dans sa poche son coupe-cigare.
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Benicio M. De la Fuente
Nadie
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La bonne humeur que Benicio lui sert pendant tout le trajet la conforte dans un sentiment qu’elle a déjà formulé sur l’oreiller : tout va bien ! Il chante, il rit, il la balade dans tout le comté, gai comme un jeune marié. Alors Nadie partage sa fantaisie, à défaut de comprendre les paroles. Peu importe, elle est assez fière d’être la dame d’un érudit qui parle autant de langues -et qui a en ville autant d’autorité, que les chrétiens se déplacent pour connaître ses sagesses. Être la femme d’un notable était une perspective totalement inespérée, “un cadeau du ciel”. Les bras autour de sa taille, elle chantonne avec lui en répétant approximativement les derniers mots de sa comptine. Les problèmes étaient loin derrière eux et rien ne troublait l’horizon. Ruby, elle commence à le croire, était le bon choix.
“C’est aussi en espagnol ?”
Un soupçon vient noircir le tableau de cette jolie après-midi lorsqu’il arrête la charrue pour discuter avec les voyageuses infortunées. Le voir secourir ces femmes ne la rend pas jalouse, mais son coeur se met à battre un tout petit peu plus vite. Rassurée qu’ils reprennent la route seuls, elle réprime encore sa méfiance quand ils rencontrent la gentille Madison. Alors que Benicio est d’humeur à faire la conversation, Nadie est monté à côté de lui pour laisser la jeune prostituée s’asseoir devant leurs bagages. De temps à autre, Madison lui adresse la parole comme pour l’inclure dans une conversation qui lui passe un peu au-dessus de la tête.
“Oh il en reste peut-être dans le…”
Déjà, leur autostoppeuse téméraire a sauté sur ses pieds. Alors que Nadie se tourne pour essayer d’apercevoir la source entre les arbres, Benicio se lève. Elle lui tourne le dos, saisie. Ne l’a-t-il pas ramassée elle-même au bord du chemin, lors de leur rencontre, sans que rien d’inquiétant ne se produise ? Au fond, elle est plus curieuse de savoir ce que ces gentilles naufragées vont faire au bog et d’avoir peut-être des nouvelles d’anciennes connaissances. Sa seule hâte est de se présenter aux pauvres pour leur donner la soupe, toute orgueilleuse de son nouveau statut. Il ne va tout de même pas… Sidérée, la bonne épouse tire sur le cordon de son chapeau de paille en regardant son aimable chauffeur talonner Madison.
L'ordre donné la cloue sur sa banquette. “Ah…je...” Un frisson montre dans sa colonne mais elle n'arrive pas à poser une question, le héler alors qu'il s'éloigne du chemin.
Le ciel est blanc et la lumière aveuglante. L’habit noir de Benicio fait une ombre dans ce paysage lumineux. Elle le regarde, une mains qui monte doucement à ses lèvres, et elle voit les épaules massives de son honorable mari disparaître dans la pente, en contrebas, près de la rivière. Il ne va pas pisser contre un arbre à côté d'elle ? Becky grogne en secouant un peu la tête, agacée par une mouche. Nadie tend l'oreille. Il lui semble les entendre parler, rien d’alarmant se dit-elle. Peut-être que c’est un peu étrange qu’il, elle croit reconnaître une prière...qu’il soit descendu pour discuter en seul à seul mais, on dirait vraiment le Notre père ? Elle commence à tirer sur les mèches de ses cheveux, imaginant mille et une raisons plus absurdes les uns que les autres pour qu’elle voit ce qu’elle voit et entende ce qu’elle entende.
Il reste vraiment de l’eau dans la gourde qui est à ses pieds. Pourquoi a-t-elle parlé si bas ?
Leur entretien s’étire, longtemps. Elle hésite à se lever pour jeter un coup d’œil. Doucement, elle se lève et aperçoit leur deux silhouettes, toujours près de l’eau, qui font...Dieu sait quoi. Aussitôt, sans insister, Nadie va se rasseoir à l’arrière de la charrue. De quoi parlent-ils ? Pourquoi prient-ils ? Cela ne veut rien dire. Personne à l’horizon, pas un cavalier qui passe. Rien, dans ce contexte, ne fait aucun sens. Bien-sûr, bien-sûr, même si elle s'efforce de chasser cette pensée, elle a trouvé les doigts. Son adorable mari a essayé de la tuer. Il est étrange, oui, il est morbide, mais elle ne comprend pas ce qu'il fait à cet instant.
Tout à coup,, dans un sursaut, elle doit réprimer un cri. Le hurlement de Madison déchire le calme pesant des montagnes, éclate au-dessus des arbres et ricochent contre les rocheuses. Les deux mains sur la bouche, elle entend les supplications de cette pauvre fille qui appelle à l’aide dans des sanglots étranglés. Il lui semble que c'est elle qu'on appelle. Nadie appuie l’os de ses paumes contre ses oreilles, la tête entre les genoux. Elle ne sait pas combien de temps ça dure. Ça lui écorche le cerveau mais ça passe vite. A travers ses mains, elle n’entend bientôt plus rien qu’un battement sourd dans ses tempes. Tout doucement, elle écarte les bras et se tourne vers la forêt. La brise fait trembler les feuilles. Becky aussi regarde les arbres de son œil borgne, puis s’en désintéresse vite. Elle ne cogne pas le sol ni ne lève les oreilles. Incapable de bouger, Ruby attend qu’un voyageur la découvre.
Enfin, après un horrible silence qui dure une éternité, Benicio réapparaît. Vivant, en bonne forme, l'air...elle ne saurait dire. La jeune mariée, terrorisée, pose sur lui ses yeux désemparés. Sa lèvre tremble, son chapeau est tombé. Sur son front, ses cheveux sont dressés, emmêlés.
“...elle est morte…?”
Les genoux serrés contre sa poitrine, elle baisse les yeux et regarde le petit mouchoir tâché qu’il tient dans la main.
Nadie
Benicio M. De la Fuente
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Dim 19 Déc - 7:06
El sapo
Le tissus n’est plus tout à fait blanc entre ses doigts, empactant comme une relique un bout de la pauvre Madison. Dans une petite boîte en fer, il dépose la relique, ne regardant pas vraiment Nadie tandis qu’il s’active d’une façon presque mécanique. — Hm hm. “ Répond-il simplement à sa passagère. Ses yeux ne semblent pas vouloir quitter le maigre tombeau qui repose dans la carriole. Il reste un instant ainsi, les mains sur les hanches, avant de lever la tête vers celle qui, avant, ne faisait pas partie de ses sombres équations. Il a l’oeil noir et l’air serein. — Pourquoi ? “ La question reste en suspens, presque rhétorique - ‘ à quoi t’attendais-tu ?’ semble-t-il demander.
D’une autre malle, il tire une robe blanche, trop large pour être une toilette d’apparat. Il la plie sous son bras avec moultes précautions, tâchant de ne pas salir le tissu pourtant pas si précieux. On dirait presque qu’il s’attendait à l’utiliser pour ce voyage. Il faut dire que cela fait bien longtemps que ces instincts ont été endormis par le feu d’une passion surprenante - mais on ne retient jamais la vérité : bien laide, elle sort de son puit pour rappeler aux hommes qu’ils ne sont au final que des animaux. Benicio est régi par un besoin plus grand que celui des fonctions maritales, un qu’il n’a pu assouvir pour les beaux yeux de son trophée fait femme.
— Tu peux prendre la pelle, s’il te plait ? “ Distraitement, il s'essuie les mains sur un chiffon qu’il tire de son paquetage. On dirait une vieille écharpe. — Suis moi. “ Faisant le tour de l'embarcation, il s’avance au-delà du chemin de terre qui forme un sentier. En contrebas, le cadavre de la petite est étendu, la tête à moitié dans l’eau. — Ne regarde pas. “ Il continue son chemin, ne prêtant lui-même pas trop attention à ce triste spectacle.
II marche vers un petit bois, cherchant au milieu des arbres millénaires le bon endroit - une terre meuble, fertile - des fleurs peut-être ? Qui sait. Il a l’air concentré en tout cas. — Là. “ Il pointe le sol, trouvant des qualités à ce recoin de verdure que seul lui reconnaît. — Commence à creuser, je reviendrais finir. “ Sans plus d’explications, il s’éclipse.
Il s’en retourne vers la morte, prêt à la nettoyer et la changer.
Quand il revient, une vingtaine de minutes se sont écoulées. Il s'essuie le front, plus décoiffé qu’il ne l’était. C’est aux pieds de Nadie qu’il jette un tas vêtement usés - ceux de la gamine. — Hm…Tu ne l’as pas fait assez large. “ Il penche la tête, admirant silencieusement l'œuvre de sa complice. — Ne t’en fais pas, je vais reprendre la main. Ramène plutôt ça là-haut - tu les ranges avec les autres, dans le coffre de bois. “ Il lui prend la pelle des mains, presque trop gentiment étant donné la situation. Comme annoncé, il reprend le travail là où elle l’a laissé. Mais ne la voyant pas bouger, il s’arrête presque immédiatement dans son geste, le bec de l’instrument à peine enfoncé dans le sol. — Allé. “ Il fait un vague signe de la main pour la chasser.
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Benicio M. De la Fuente
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La pelle. Pour ? Oui, évidemment. Tandis ce que Benicio furète entre les broussailles à la recherche d’un coin de terre meuble, Nadie entrevoit dans le coin de son œil la coiffe en lin qui glisse sur le ruisseau et se prend entre les rochers immergés. Madison n’a pas eu autant de chance qu’elle, en fait elle n’a même pas eu une seule chance. Bouchebée, la confidente magnanime se tord le cou en trottant derrière l’ogre pour regarder le corps sans vie de celle qui, un instant plus tôt, lui parlait à l’arrière du charreton, toute expressive et pleine d’entrain. Un sentiment de pitié sincère lui broie les épaules et la gorge.
Assommée, Nadie se met à genoux pour dégager les épines et les feuilles pendant que le pas lourd du prédicateur s’éloigne. Le trou qu’elle creuse n’a pas vraiment la forme d’une tombe et pour cause, Nadie agit trop vite, hantée par ce qui se passe hors de sa vue, par-delà ce coin de végétation, au bord de l’eau claire. Malgré ce qu'on pourrait croire, creuser des tombes ne fait pas partie dans ses aptitudes. Comme à chaque fois qu’elle est confrontée à ce Benicio froid, incommodant et fermé, plus aucun son ne sort de sa bouche. La tétanie lui dicte de se faire aussi petite qu’une souris et silencieuse comme une couleuvre. Sans acquiescer, elle tourne les talons, les bras chargés de la robe et de sa crinoline. Le temps est aussi épais que de la gelée et pourtant il faut faire vite : si quelqu’un les trouvait, là, que se passerait-il ? On les pendrait, n’est-ce pas ?
Les coups de pelle donnés par Benicio sont autrement plus vigoureux que les siens, elle l'entend piocher derrière elle. Ce n’est qu’en découvrant le nouvel habit de Madison qu’elle prend conscience qu’il l’a déshabillée. Nadie regarde bêtement la robe qu’elle a dans les mains et puis la chemise virginale qui drape désormais une belle vestale aux mains jointes, qu’on croirait endormie si elle n’avait pas les cheveux si mouillés et si son visage n'avait pas cette drôle de couleur...
Pour mettre cette vision traumatisante loin d’elle, la mauvaise complice remonte la petite pente vers Becky presque en courant. Obéissante, elle ouvre la caisse qui contient les autres robes et dépose soigneusement ce nouvel atour dans la collection. Son esprit ne parvient pas à chasser le souvenir de cette robe sur une Madison bien vivante. La gorge serrée, elle comprend qu’il n’y a pas que trois doigts dans un tiroir mais une dizaine, plus d’une dizaine !, de robes qui prennent la poussière dans ce vieux caisson et qu'elles sont autant de femmes qu’il a dévêtues. Les chaussures, les ceintures, les épingles, les bijoux, Nadie fouille jusqu’au fond de la boîte pour sentir dans ses mains le poids d’autant de tissus, et quand elle referme enfin précipitamment le coffre dans un claquement sec, c’est sa propre robe qui lui fait baisser le menton.
Depuis combien de temps revêt-elle les parures qu’il a croqué sur les dépouilles d’autres filles innocentes ?
Lorsque Benicio remonte enfin vers elle, c’est en conversation qu’il la trouve avec un cavalier qui passait par-là. Les bras croisés, une ombre qui ressemble à de la grande fatigue sous les yeux, elle marmonne à voix basse avec le voyageur qui a ralenti pour s’enquérir, comme c’est ironique, de ce qu’elle fait toute seule sur le bas côté. “-Mon mari, il...il se lave à la rivière, je l’attend comme ça” explique-t-elle, encore plus terrorisée à l’idée qu’on les découvre qu’elle ne l’est déjà. “Le voilà, c’est lui” dit-elle en désignant le chauffeur qui s’en revient. Il en a mis du temps. L’homme lève son chapeau et n’en demande pas plus. A Benicio, il s’adresse poliment en reprenant le trot; lui suggérant au passage de ne pas laisser sa femme toute seule sur cette route. Avec ces comanches qui rôdent, on ne sait jamais.
Quand, enfin, ils reprennent le chemin qui sillonnent à travers les Hills, Nadie jette régulièrement des coups d’œil inquiets derrière-eux. Assise sur le coffre à l’arrière du véhicule, elle se triture les doigts. Au fond du coffre, elle a rangé son châle et son chapeau. La chaleur lui paraît justifier qu’elle ne souffre plus de porter les habits d’une morte inconnue. Le lacet à sa gorge est défait et elle a les bras nus comme une paysanne. Pendant qu’ils progressent en silence, ils croisent un autre cavalier qui les salue.
La question des robes lui brûle les lèvres mais elle n’ose pas. Peut-être qu’il y a une chance pour que certaines soient réellement des donations aux bonnes œuvres de la paroisse. Toutefois, elle commence à en douter sérieusement : on peut facilement reconstituer des tenues complètes, il y a au moins autant de paires de chaussures que de jupes. Et puis pourquoi se balader avec ça ? Il ne les sort jamais pour d'autres pauvres femmes, hormis pour elle.
“Quelqu’un aurait pu voir” maugréé-t-elle du bout des lèvres alors qu’ils s’engagent dans une allée bordée de grands tilleuls. La civilisation se rapproche. “C'est de la folie.”
Petit à petit, elle commence à lui en vouloir de l’entraîner dans ces combines insensées et répugnantes. Il n’y avait aucune raison de tuer Madison, elle ne leur avait absolument rien fait. Même ces salauds d'irlandais n'auraient pas détroussés une fille si impécunieuse.
Becky entre la première dans la toute petite bourgade où les trappeurs viennent échanger leurs marchandises. La présence d’autant de monde autour d’eux l’enhardie un peu plus.
“La première fois, c’est moi que tu voulais couler dans le ruisseau” peste-t-elle en chuchotant dans son dos. “Quelle idiote...” Plutôt que des reproches, c’est la sidération qui module ses murmures. Les bras lui en tombent.
Deux jeunes femmes autochtones la dévisagent en traversant l'allée boueuse, souriantes, l'une porte un pot de lait et l'autre du petit bois. Les stands de fourrure et d’autres denrées sont installés, pour la plupart, à même le sol. Les visages sont burinés, un vieillard dépèce un jeune loup sur une paillasse sous la surveillance de trois clients. Ils dépassent un petit saloon miteux où des types jouent aux cartes. La quincaillerie fait aussi office de poste. Elle se dresse, avec son écriteau peint, à la lisière de la forêt. Nadie saute du chariot pour attacher Becky devant l’entrée.
Son regard évite très soigneusement celui de Benicio, à tout prix, aussi longtemps que cela lui sera possible.
Nadie
Benicio M. De la Fuente
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Mar 21 Déc - 14:16
El sapo
Il remonte la pente de son pas lourd. Le méfait accompli lui a laissé un peu de terre sous les ongles et lui donne une sale mine sombre qui souligne chacun de ses traits déjà trop épais. On dirait l’un de ces dévots à la sortie d’une transe - le faux prophète ressemble un peu plus à ce qu’il est vraiment : un monstre. Pourtant, cette image s’étiole comme une vieille mantille alors qu’il aperçoit Nadie en bonne compagnie.
Elle a l’air épuisée, désabusée, comme une victime qui se présente au bureau du sheriff. Le cœur de Benicio a raté un battement alors qu’il ralentit le pas. La tête lui tourne et il ne sait plus s’il veut continuer d’avancer ou s’enfuir ( est-ce qu’elle a osé ? Est-ce qu’elle l’a balancé ? ). Son front devient blanc quand l’assistance le remarque enfin. Le doigt accusateur qu’elle pointe vers lui le met en apnée - il lui semble que le sol se dérobe sous ses pieds, comme un pendu qui subit sa sentence. Pourtant, le cavalier se contente de le saluer. Il respire de nouveau. Il a perdu l’habitude de se balader avec une carabine - trop confortable dans son petit rôle de bon pasteur. Mais peut-être faudra-t-il à l’avenir ressortir ce vieil outil. Les curieux ne le sont plus tant avec du plomb dans la tête - quoique, ce genre de sacrifice ne fasse pas parti de son plan.
La route se fait en silence, si ce n’est pour les reproches de sa comparaison. Il lui jette un regard en coin, comme celui d’un chien blessé qui pourrait mordre — Non. “ Son ton porte la certitude vexée d’une morale contrariée. — Dieu nous protège. “ Elle n’a rien dit, mais elle aurait pu. Elle s’est tue, elle n’a pas fui, voilà des preuves suffisantes de sa dévotion et de la protection divine dont il dispose. Cela fait des années qu’il se perd dans l’horreur - et personne n’est venu l’en déloger. Chaque obstacle a été surmonté le plus facilement du monde, comme si le destin le lançait toujours plus loin sur les routes.
* * *
Il s’engouffre dans la quincaillerie déjà bien bondée. Les objets et les humains s’entassent dans un chaos propre aux petites villes d’Amérique ( tout y est miteux, moisie, presque ). Benicio s’avance jusqu’au comptoir en évitant les corps et les présentoires. Sortant un petit papier de sa poche, il montre son bon de poste à l’employé qui l'accueille avec un sourire trop grand pour son visage. Tous deux échangent quelques politesses avec entrain ( comme si une fille n’avait pas été étranglée aujourd’hui ), puis, le petit monsieur disparaît de son comptoir pour ramener un grand paquet de l’arrière boutique.
Une fois le colis payé, il s’en retourne vers la rue, attrapant Becky par le licole pour la mener vers l’auberge du coin. Le paquet reste sous son bras et le suit même à l’intérieur de la grande salle ( enfin…”grande”… ) où il prend une table et deux repas - encore un bouillon flotteux qui va lui rester sur le ventre. Sur la table, il fait glisser vers Nadie - qui ne daigne plus lever la tête depuis leur arrivée - le carton grossièrement emballé par les services de poste. — Va essayer ça après le repas. Tu me diras s’il faut y faire des retouches. “ D’après le rite dans lequel on l’a baptisé, voir son épouse dans sa robe avant le mariage porte malheur. Il ne l’assistera donc pas dans cette tâche, respectant certaines coutumes plus que d’autres. La robe blanche pliée dans son étui est des plus simples : on ne penserait pas un instant qu’elle est celle d’une mariée. Sans fioritures ni ornements, on dirait presque une robe de ville. De campagne. Il faut rester humble, même un jour de fête.
— Je sais que... “ Après une hésitation, les mots semblent difficilement sortir de sa bouche. Entre deux cuillères de soupe, il réfléchit un peu. — ...Tu ne comprends pas encore tout ce que je fais. “ Il avale une gorgée de bouillon amer et huileux. — Mais ça viendra, tu verras. “ C’est une promesse qu’il est prêt à tenir si elle ne faillit pas. — C’est pour les sauver que je fais tout ça. “ C’est l’explication la plus raisonnable qu’il ait trouvé - il s’en est lui-même convaincu, comme si regarder l’abysse le terrifiait.
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Le premier mariage de Nadie est un souvenir moins malheureux que confus. A l’époque, elle ne parle pas un mot d’anglais et connait à peine quelques expressions dans la langue de la tribu qui la détient. L’incident est arrivé sans prévenir. Un mâle est décidé à rappeler à son bien qu’il en dispose alors que la pièce rapportée préfère la compagnie d’un guerrier plus jeune, plus méritant à ses yeux. Le brave ramène sous sa tente la jeune Wawetseka. En harmonie avec le climat belliqueux du campement, elle se débat et résiste comme une oie blanche, décidée à prouver à Mah-To-Wit-Ko qu’elle a une vraie valeur. L’oreille arrachée de ses dents lui scelle un autre destin. Quelques semaines plus tard, Ethan la gagne aux cartes ou l’achète sur une table de son établissement. A partir de là tout devient étrange. Nadie n’avait jamais vu d’homme blanc avant de passer les portes de Little Hope. Elle n’avait jamais vu de villes, ou alors de très loin, en chevauchant par le Montana jusqu’au lointain Wyoming. Là encore, les cavaliers lui cachait la tête dans un sac. Elle n’avait jamais vu non plus d’église, de pasteur, de robes, de saloon ou de théière. La belle si chantée chez les siens avait grandi dans un écrin rare, au plus profond des réserves, là où les seuls étrangers sont des chasseurs inuits et des trappeurs itinérants. Son indolence, les chansons qu'elle avait apprises, les jeux de jeune-fille, son talent d’habile couturière, vanté par sa mère, ne lui étaient plus d'aucune utilité dans ce monde nouveau. Devant l’objectif du photographe, elle comprenait tout juste qu’elle se mariait.
Ses petites mains agiles défont la cordelette qui renferme son cadeau. Le bol de soupe poussé sur le côté, Ruby touche le lin blanc. Alors que sa vie prend un virage étonnant, elle se surprend à accorder de l’importance à des traditions auxquelles elle avait renoncé. Sans le savoir, Benicio lui offre une parure comme le font les soupirants du peuple nêhiyaw. Un tout petit sourire tire le coin de ses lèvres tandis ce qu’elle referme la boîte et la pose à côté d’elle. “Je l’aime bien” dit-elle en ramenant l’assiette chaude entre ses mains. “Je vais retoucher, moi.” Un détail en particulier lui plaît : si elle n’a pas déplié encore le vêtement, elle a vu quelques perles blanches autour du col. Adolescente, elle se destinait tellement au mariage qu’elle en apprenait par cœur les étapes. Les noces de sa sœur furent un des jours les plus heureux de sa courte vie humaine. Ses petits doigts filèrent des jours durant pour compléter la tenue de la mariée. Benicio l'épousait et pour elle, c'était la preuve ultime de son attachement. Même si elle n'aurait pas les fiançailles imaginées parmi les siens, elle se sentait prête à renoncer à sa dignité nêhiyaw pour devenir enfin une femme complète. Il réparait une blessure très profonde sur son ego.
Il y avait toujours les mortes.
Son explication lui fait lever les sourcils, expression culturelle de scepticisme dont elle ne s’est pas défaite non plus. La conception que Nadie se fait du mot “sauver” a plus à voir avec les contes de fées, les princesses sauvées des dragons. Pas étranglées au bord de la rivière. Calmement, elle porte une cuillère de soupe à sa bouche, en silence. “Tu allais le faire à moi” répète-t-elle sans le regarder. La pensée qui l’obsède s’insinue dans tous ses souvenirs. “Au bord du ruisseau, ...mais tu ne voulais plus après.” L’expression qu’elle avait surprise chez lui parfois, cet air lugubre qui peignait sur son visage une ombre effrayante, elle s’en rappelait à plusieurs moments de leur vie. Au début, elle pensait qu’il y avait deux Benicio dans un seul mais maintenant elle savait qu’il n’était qu’une peau d’homme sur les os d’un prédateur. “Dieu t’a dit de ne pas le faire” poursuit-elle en amenant le bord de la coupelle à ses lèvres. Son raisonnement lui paraît assez prudent, proche du délire de son prédicateur. Il ne lui fera pas de mal car Dieu la protège. “Les autres il te dit oui.” Sa conception ésotérique du monde trouvait une explication pour lui rendre l’horreur plus supportable. Les enseignements de la Bible se mélangeaient à ses croyances d’antan et elle pouvait croire qu'un être invisible poussait Benicio à être mauvais.
En levant enfin les yeux vers lui, elle voit que l’ombre n’y est plus. La tête posée contre son poing fermé, elle réfléchit. Benicio n’est pas le premier assassin qui s’éprend d’elle. Un trophée ne revient qu’aux combattifs. Toutefois, la guerre qu’il mène a quelque chose de moins noble que battre les ennemis de sa communauté. Nadie l'a vu souffrir lui-même de ses actions, il pleure, il tremble, il bave, il en tire une gloire bizarre, sans chanson. Elle le croit : son esprit est malade.
“Je l'ai, confiance en toi” murmure-t-elle. Il est fou mais c’est son dieu qui lui parle.
Depuis les reliques trouvées dans son bureau, Nadie pare Benicio d’un habit moins ecclésiastique et plus cabalistique. Elle commence à le percevoir comme un sorcier, un fantôme dévoué à sa malédiction qui cherche une réparation en attaquant les putains. Quand il parle aux paroissiens ou aux marchands, il lui fait peur. Il lui fait vraiment peur. Mais il prend soin d’elle comme un dragon sur son trésor, il lui offre des choses et aussi, il couche bien avec elle. Ce n’est pas un soldat, un pressé, un exigeant ou un méchant, il l'aime. Il n'en veut pas une autre. Il va lui apprendre à lire comme il lui apprend déjà à parler. Ils vont se marier dans quelques jours et elle deviendra une épouse du monde. Alors, croit-elle, elle peut fermer encore un peu les yeux sur la noirceur qui infeste son sauveur. Il change avec elle, il changera. Les rêves de ses nuits à venir seront constellés des reproches de Madison en plus de ceux de Louise. Mais Benicio ne lui laisse pas le temps d'expulser l'effroi de ses visions atroces, il tire sur ses émotions comme sur des ficelles. A certains moment, elle jurerait qu'il entend ce qu'elle pense tant il arrive bien à exprimer en mots ce qu'elle ressent au fond d'elle.
“Tiens.”
Sous la table, elle se penche pour ramasser sa petite besace en laine. A l’intérieur, elle sort deux gâteaux secs emballés dans un morceau de tissu. La veille, elle les a préparé avec leur repas mais ne les avait pas encore servi. D’une main, les yeux baissés (par honte, à différents endroits), elle les pousse vers lui. “Mange, pour moi” demande-t-elle sans expliquer la métaphore d’une coutume cree révolue depuis longtemps.
Il y a mille autres questions qui la taraudent. Beaucoup à propos des robes, des chemises blanches, des doigts, du sang, de Madison… Mais elle ne veut pas non plus trop en savoir. Il ne faut pas se pencher trop au-dessus de l’abîme quand on décide de s’installer au bord. Pas après ce qu'elle a vu aujourd'hui. Surtout, elle ne veut pas risquer de le mettre à nouveau en colère contre elle. Il y a déjà des règles qui s'établissent autour de leur secret partagé, parmi lesquelles : qu'elle en parle le moins possible. Depuis la semaine dernière, ses yeux ont l'air plus grands.
“Je demandais. Où est ta mère ? Elle vient au mariage ?"
Nadie
Benicio M. De la Fuente
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Jeu 23 Déc - 2:23
El sapo
Son cadeau semble lui redonner le sourire, ou en tout cas un sens de la conversation. Elle trouve même des excuses à sa colère, élevée à la bonne école de l’hypocrisie. Sa petite sainte connait les voies du seigneur et celles du cœur des hommes. Il s’en veut même presque d’avoir douté d’elle quand il a cru voir l’ombre d’une trahison se glisser dans l’après-midi. Un long souffle lui échappe quand elle lui dit toutes ces choses, jamais mieux rassuré que par cette épouse parfaite. Il mettrait presque de côté tous les souvenirs d’un autre amour qui le hante encore : il compare volontiers Ruth à Nadie. Peut-être qu’au final, il lui fallait une peureuse, pétrie par la même violence que lui. Si Benicio en est l’auteur, elle, n’est que trop habituée à ce genre d’exaction pour y prêter trop d’attention. Lui, pense que c’est sa nouvelle foi qui la guide.
Quand elle lui tend le sachet, il ne rechigne pas à la tâche, ouvrant le contenant pour en vider le contenu.. — Qu’est-ce que c’est ? “ Il n’attend pas même une réponse pour croquer dans le premier. La sécheresse de la pâte lui rappelle celle des Polvorones. Il ne sait pas bien s’il aime, mais en tout cas, il dévore sans soucis les deux offrandes d’une tradition dont il ignore tout. Pourtant, il s’étouffe un peu quand une question vient interrompre son repas.
— Ah, non, elle ne pourra pas. Elle vit toujours en Espagne et elle est très vieille maintenant. “ Il avale une gorgée d’eau pour faire oublier à sa gorge le goût de la farine et du sel. “ Mais elle est très contente, tu sais. “ Il se force à sourire, n’osant la regarder sa fiancée dans les yeux. Elle n’a pas besoin de savoir, juste d’être heureuse. Il faut se réjouir à un mariage, non ? Enfin, peut-être pas. Il n’y avait jamais eu de fêtes à Tolède pour l’union de son aîné. La robe noire d’Ainhoa et l’air distant de son frère ne transpirait pas le bonheur, mais le devoir accompli. — Je vais être franc avec toi, Nadie. “ elle lui a dit qu’elle lui faisait confiance, après tout. — Elle n’est pas au courant. “ Maladroitement, il vient empiler les bols vides et les couverts, comme pour s’occuper les mains. — Ce n’est pas parce que j’ai honte de toi, hein - tu es très bien. Je te l’ai déjà dit; c’est seulement qu’elle pense que je me suis marié avec mon ancienne fiancée - et que je le suis encore. “ Il boit une nouvelle gorgée d’eau. Entre ça et le bouillon, il a l’impression d’être sur le point d’implosion. — C’est la meilleure excuse que j’ai trouvée pour qu’elle m’envoie un peu d’argent - pas pour moi. Pour Ruth. “ Le verre est vidé, mais immédiatement rempli. — C’est un peu compliqué. c’est - hm - pour ne pas qu’elle parle. “
Quand elle avait découvert le carnet, il avait pensé à la tuer. Il avait même essayé. Mais il n’avait rien trouvé de mieux que de tenter de se pendre, pour ne pas qu’un autre lui prépare sa corde et pour ne pas la perdre elle. Cela n’avait bien sûr pas bien fonctionné, mais entre les menaces proférées, la pitié qu’il avait dû lui inspirer, et l’argent qu’il avait promis à sa famille, il avait fini par convaincre cette pauvre petite fermière de ne rien dire.
— Je ne l’ai pas épousée parce qu’elle a su, comme toi, pour le carnet. Mais elle n’a pas compris. Maintenant, elle me fait chanter pour garder le silence. “ Comme il est bon de rejeter la faute sur un autre. Ce marché, c’est bien Benicio qui l’a passé et s’embête à l’entretenir. Ruth n’y est pour pas grand-chose dans cette machination terrible, elle qui menaçait de tout dire jusqu'à ce qu'il lui promette de tuer sa jeune sœur et un revenu stable. — Aucun membre de ma famille ne sera présent au mariage .Tu ne les rencontreras sans doute jamais. “ Cette triste vérité lui arrache à peine une grimace. Si ce n’est pour sa mère, il n’a jamais été très proche de sa fratrie ou même de ses nombreux cousins. Ses jeux, enfant, étaient solitaires : il avait pour lui tout le jardin de leur grande maison, des journées faites d’explorations et de découvertes, souvent collé aux jupons de sa mère. — J’ai quelques amis qui viennent - enfin, des connaissances d’Imogen et de Silverstone; Je vais peut-être demander au Sherif d’être l’un de mes témoins…Ah, d’ailleurs, tu as trouvé les tiens ? Il t’en faut deux. Je peux t’en designer, si jamais. Ou tu peux voir ça avec Chuy, s’il vient - tu as des invités ? “
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Cet étonnant fleuve de sincérité la happe, le regard attentif comme un chevreuil qui hume dans la clairière. A certains moment, la bouche entrouverte, elle lui fait signe de répéter un mot. Du coin de l’oeil, elle surveille que les tables d’à côté ne les écoute pas bien que son récit ne soit pas si incriminant. La petite fiancée a du mal à le croire, mais l’espagnol révèle petit à petit ce qu’il cache sous le noir manteau de sa foi. Il y a tellement de pulsions et de secrets dans ses poches d’homme d’église. Le masque craque chaque jour un peu plus tandis ce que Benicio se détend auprès d'elle.
“Ta mère. Elle envoie de l’argent. Pour que tu payes à Ruth” résume-t-elle à voix basse, l’air consternée. “Elle pense que c’est ta femme.”
Sans commenter davantage cette découverte, elle secoue la tête et baisse les yeux dans son bol de soupe. Ce n’est pas la déception de ne pas rencontrer ses beaux parents qui la surprend mais bien le visage d’escroc qui s’ajoute à celui d’assassin. Benicio prêche des dogmes qu’il ne respecte aucunement, elle le devine à travers son discours lissé. Le nom de Ruth s’imprime dans sa mémoire, durablement. Il y a quelque part une autre femme, vraisemblablement plus éduquée, plus respectable, qui sait et qui ne dit rien. Bizarrement, cette pensée conforte Nadie dans son choix de ne pas combattre Benicio. S’il est capable d’intimider une blanche, elle n’a aucune chance.
“Pourquoi tu…” Les yeux toujours rivés sur les restes de sa pitance, elle lève un peu le menton et penche la tête sur le côté. “Pourquoi tu l’a pas…?” Tuée ! pourquoi il ne l’a pas tuée cette fille-là ? Une qui lui vole son argent. Peut-être que ses raisons l’aideront à comprendre ce qui l’a empêché de la tuer, elle aussi. Mais comment peut-il se laisser marcher dessus par une sorcière ? Est-elle la soeur d’un pape ? “Combien tu donnes à elle ?”
***
L’aubergiste encaisse encore une miche de pain et un sac de farine avant que l’étrange duo sortent retrouver Becky. Pendant leur conversation, Nadie a repensé à ses parents. Son père était un brave nehiyaw, il est mort quand elle était très jeune pendant une chasse. Ses souvenirs lui paraissent si lointains mais elle se rappelle que, autrefois, ils vivaient dans un wigwams avec sa mère nassiboine et deux autres épouses nakawek plus âgées avec leurs enfants. La troisième compagne avait accouché de Nadie toute seule dans la plaine, à l’époque où ils ne partageaient pas la vie de la tribu la plupart de l'année. Quand le vieux guerrier est mort, ses femmes ont rejoint un frère et vécu de nouveau parmi les cris. “Mon père est mort” dit-elle pour expliquer à son tour que ses parents ne viendront pas aux noces. “Ma mère elle vit dans les prairies, on ne peut pas lui dire car on ne peut pas entrer sur la terre sacrée.” Peut-être qu’elle était morte, depuis le temps, ou qu’elle avait eu d’autres enfants, - mais à son âge ? Nadie était sa préférée, de loin. Elle aussi lui disait qu’être belle ne suffit pas qu’il faut aussi faire des sacrifices et travailler pour être une bonne épouse. “Je peux dire à Chuy et aussi à Nuttah, à la place” conclue-t-elle à propos de ses parents autant que de ses témoins. “Je voudrais dire à Amitola et Filippa” ajoute-t-elle en réfléchissant à ceux qui pourraient lui faire l’honneur. Sa tradition voudrait qu’elle confectionne un présent pour chaque invité aussi n’énumère-t-elle pas chaque paroissien ou chaque commerçant de leur entourage, quand bien-même elle les voit plus souvent que ceux qu’elle appelle ses amis. Nadie est contente d’apprendre que Ruth ne vient pas au mariage. Elle veut bien être la rivale d’une première épouse vieille et laide, une “grenouille de bénitier” comme il disait, c’est ainsi qu’elle se l’imagine. Une femme de l'âge de Benicio certainement. S’il ne l’invite pas c’est qu’il n’a plus d’amour pour cette ancienne compagne.
Voyant que le pasteur engage la charrue sur le chemin par lequel ils sont arrivés, elle conteste. Assise à côté de lui, elle lui attrape le poignet pour l'arrêter.
“Tu reprends la même route où...on va recroiser les dames.”
Il lui paraît plus prudent et préférable de ne pas retourner sur le lieu où est fraîchement enterrée Madison.
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Mar 28 Déc - 15:06
El sapo
Il acquièce au résumé de sa comparse, les sourcil froncés, comme s’il attendait le fin mot de cette histoire - pourtant cette conclusion finit le bec dans la soupe : Nadie a la tête baissée comme une mule fatiguée. Benicio grimace un peu, prêt à ajouter quelques ornements à son récit si cela peut le sauver. Avec un peu de vocabulaire, tout celui qu’elle n’a pas, il peut toujours amoindrir cette histoire, au besoin - mais le nouvel élan de questions dans lequel se lance Nadie lui coupe la chique. Quoique, la réponse qui suit est lancée si prestement que le pasteur se surprend lui-même. — Je l’aimais. “ Ce n’est pas un mensonge, pour une fois. Il l’aimait vraiment. Ce verbe conjugué au passé, en revanche, est une nouvelle variante. Il lui semble pourtant que son cœur est toujours partagé entre deux vies : celle d’aujourd’hui et celle qui aurait pu être. Le lien qu’il entretient encore avec cette fille en est la preuve, comme s’il ne voulait pas renoncer à Ruth, même si leur seul contact devait exister sous la forme d’un chantage ( pitoyable ). Dire qu’elle ne lui envoie même pas de nouvelles. Il sait tout de même qu’elle s’est remariée et qu’elle a eu un petit garçon. Son nouveau mari ressemble à une allumette.
— Cinqu- ça… “ Il se racle la gorge, comme s’il avait parlé trop vite. “ ...ça dépend. D’habitude je lui envoie six ou sept dollars, mais ce mois-ci, c’est un peu plus. Cinquante quatre. Je sais, c’est beaucoup. Mais ils ont été attaqués par des indiens alors… “ Il ne finit pas sa phrase, puisqu’elle connaît bien ce sujet.
* * *
La main qu’elle serre autour de son poignet ne l’empêche pas de fouetter Becky pour qu’elle continue d’avancer. Sa question ne le fait même pas sourciller. Il lui semble tout à fait normal d’y retourner, nécessaire, même. — Il va bien falloir leur dire quelque chose. “ Il a l’air surpris, comme si Nadie n’avait pas compris l’évidence.
Quand la caravane apparaît au bout du chemin, ce sont les demoiselles qui leur font de grands signes et les appellent. Elles se pressent en dehors de l’habitacle, comme pour mieux chercher du regard celle qui n’est pas revenue. Benicio leur sourit gentiment et ne laisse pas trop leur espoir retomber. — Sachez, mesdames, que votre amie va bien. Nous ne l’avons pas croisé sur la route, mais en ville : elle était accompagnée d’un monsieur qui s’est proposé de vous aider. Ils ont fait le plein d’outils et ne devraient pas tarder à vous rejoindre - je crois qu’il sont partis juste après nous, c’est ça Ruby ? Il a une carriole de quincailler. “
Aux questions qu’on lui pose, il répond aimablement. Il leur redonne même un peu d’eau, de quoi les faire tenir jusqu'à ce qu’elle comprenne que personne ne reviendra.
— Tu vois, ce n’était pas si dur. “ la confidence est glissée alors que les premières foulées de Becky les éloignent des filles de joie.
* * *
De retour à Imogen, c’est dans son bureau qu’il passe le reste de l’après-midi, jusqu’à ce qu’il fasse bien nuit et que les allers et retours de celle qui encore sa bonne s’arrêtent. Ce sont ses paupières trop lourdes qui lui font réaliser qu’il est temps de dormir, alors il s’en va d’un pas pesant vers la maisonnée.
Pas une bougie n’est allumée à l’intérieur. Nadie dort déjà, alors il la pousse un peu pour se faire une place dans le trop petit lit qu’ils partagent. Ils ne retirent que ses chaussures, comme plongé dans un demi sommeil. Lui non plus, ne tarde pas à sombrer.
C’est un cri, en revanche, qui le sort de ses rêves. On dirait celui d’une dame blanche, soudain et déchirant. Dans les ténèbres, il ne sait pas si c’est encore l’échos de son imagination - ni l’heure qu’il est ( détail qui l’interpelle étrangement ). Le deuxième, un peu plus éteint, finit de le réveiller : c’est Nadie qui geint. — Hey, Nadie ! “ Avec un empressement aveugle, il tente de la redresser, presque assise contre le mur. — Nadie ! Nadie, chut chut chut. “ Il lui tient un peu la tête, planquant par accoup sa main contre sa bouche. Il essaye de la réveiller sans lui faire peur - mais il ne veut pas que ses cris alertent le voisinage ( une habitude, presque ). — ça va ? Tu fais un cauchemar, c’est tout, réveille toi. Respire, respire. “ Il essaye de la tenir si elle se débat, véritable camisole humaine. Il reconnaît ce genre de terreur, celle qui vous broie le cœur et vous vide les poumons - mais il ne voit que les symptômes, la cause, il l’imagine seulement.
Il l’abandonne seulement pour aller craquer une allumette et régler la lampe. Une lumière tamisée éclaire à peine leurs visages.
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La main collée au mur, le front brillant de sueur, Nadie se réveille d’un sommeil sans pitié. A la lueur de la lanterne, ses yeux noirs luisent d’effroi, cherchant à se rappeler des lieux, du temps, de l’homme qui lui fait face. La réalité se superpose sur le rêve et en chasse les derniers scintillements, mais une folie sinueuse semble s'être échappé du royaume des songes pour hanter son regard. Dans l'emprise précipitée, un peu brutale de Benicio, elle revient à elle en cessant tout à coup de lutter contre la main qui l’étouffe et le bras qui la ceinture. “Benicio” elle reconnaît l’ombre géante penchée sur son petit squelette tremblant, il est tout habillé encore. “Tu vas bien ?” demande-t-elle, perdue, comme si c’était lui qui se réveillait si pâle.
Assoupie auprès de son promis, elle luttait contre ses pensées qui étaient comme des petits vers parasites rampants dans son cerveau. Ils attaquaient son ignorance, grignotaient ses remords, creusaient des tunnels dans sa conscience. La journée s’était écoulée presque normalement après le meurtre mais Nadie ne songeait plus qu’au doigt de cette pauvre Madison. La fille aux nez retroussé, l’air intelligente, qui lui avait demandé si elle connaissait Kitchi, un mendiant métisse qu’on voyait souvent au bog, assomé d’ivresse, toujours étendu près du même arbre comme un sac de foin. Le souvenir de Kitchi avait sincèrement fait sourire Nadie et les deux femmes avaient échangés un moment de complicité sincère. Juste avant l’abattoir. Ce fragment de mémoire la hantait quand elle préparait la soupe puis quand elle commença à repriser sa nouvelle robe près du feu, dans le silence pesant. Benicio ne revenait pas et le soleil s’était couché depuis longtemps. Le crépitement des flammes lui rappela une autre femme morte, près d’un autre feu, il y a longtemps. (Pourquoi avaient-ils parlés de leur famille ? Maintenant, elle repensait à des choses. A sa mère, d’abord. A trois jeunes hommes, la figure peinte de blanc et de noir, effrayants, qui parlaient une langue étrangère, qui dévisageaient, qui touchaient les cheveux et le menton…)
Quand Benicio est venu s’allonger, Nadie dormait déjà profondément et son sommeil était un gouffre tourmenté où revenaient des figures d’exil, des statues sur les côtes d’un rivage naguère. Cette maison lui donnait de mauvais rêves. Ce soir, les fantômes qui s’invitaient au festin avaient les masques noirs et blancs des jeunes guerriers nakotas, ils surgissaient du cimetière, festoyaient sur elle, se la partageait comme un repas. Au bord de la rivière, comme Madison, elle avait beau essayer de s’enfuir, elle n'y arrivait pas. Ce n’est que lorsque Benicio succéde à un assaillant imaginaire que Nadie réalise qu’elle crie.
“Je fais euhm un rêve” explique-t-elle encore profondément troublée “j’ai vu les ...Cîpayâmaisow ! Les esprits ne sont pas contents...” Le passé tambourine à la porte et la rendait plus vulnérable que jamais. Recroquevillée dans un coin du lit, elle respire par la bouche en s’essuyant les yeux et en reniflant. Le premier regard qu’elle pose sur lui depuis la pénombre est un reflet de détresse absolue. L’horreur est encore imprimée sur les traits de la jeune mariée. Nadie remonte sur elle le mou du drap chaud dans lequel elle a sué. Une ombre délirante danse sur son front où les mèches inégales sont dressées et humides. “Elle va me suivre…” gémit-elle d’une voix fragile, brisée par les accents de sa terreur
Ses petits doigts se referment sur le bord du drap, on dirait qu’elle entend encore des choses qui ne sont pas là. Un grincement dans la maison la fait sursauter.
“Madison...elle va me suivre partout…” chuchote-t-elle en regardant vers les escaliers, comme si la morte allait en descendre parée des peintures impies. “Elle ne veut pas du mariage” bafouille-t-elle encore “elle veut me tuer, moi…”
Les fantômes en colère lui envoient les chiens et les guerriers de la mort. L’espace d’un rêve, ses croyances profondes balaient son catéchisme. Le délire de sa pénitence la fait frissonner. Faut-il prier ? S’isoler dans la forêt pour épargner la tribu de sa malédiction ? Les yeux qu’elle posent sur lui ne sont pas tout à fait revenus du monde invisible.
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Ven 7 Jan - 14:14
El sapo
On dirait qu’elle est encore piégée dans son rêve. Elle a les yeux d’un cerf devant le chasseur - les larmes qui n’en ont pas coulées reflètent bien trop la lumière de la lampe, leur donnant l’air d’être plus grands. Ils regardent partout, pleins d’une curiosité terrifiée, coups d'œil tremblants qui vont vriller les lumières qui les éclairent. Recroquevillée comme ça, à chuchoter d’incompréhensibles folklores, elle ressemble à une sorcière ( elle vit son propre bûcher avant même qu’il l’y ait jeté dedans ).
Il regarde à son tour ce qu’elle fixe : le néant, un pan de nuit qui transforme les escaliers menant au grenier à un puits sans fond. Un peu de sa fièvre passe sur le front du pasteur qui contemple maintenant l’obscurité; pourtant, il hoche la tête à la négative. — Mais non, tout va bien, tu as juste fait un cauchemar. “ Il sait quel genre de rêve a bien pu lui flanquer ce calibre de frousse : les siens le transforment en gosse gémissant et bavant, tas informe de regrets et de remords. Mais personne n’est jamais venu le chercher. Les fantômes n’existent que dans les rêves : ils se torturent eux-même, et cela n’est pas du fait de Maddison ( elle repose trop confortablement en terre ). Ou plutôt, c’est Dieu qui les met à l’épreuve : Ils payent le prix du sang qu’ils font couler car les commandements l’ont ainsi exigé. Ceux que le Seigneur aime, il les fait souffrir.
— Regarde, il n’y a personne. “ Il se lève, marchant lourdement jusqu’au point qu’elle fixe. “ Tu as trop d’imagination, Nadie. “ Lâche-t-il ensuite dans un bâillement. Malgré tout, il reste quelques secondes de plus debout dans les ombres, comme s’il essayait lui-même de se convaincre. Il y a dans la sorcellerie des premiers peuples un savoir secret qui fait trembler les pèlerins. Cette religion que tous méprisent fait pourtant parler les soldats qui se font peur au coin du feu : quelques frissons qui vous refroidissent la caboche et vous rendent plus civilisé quand vous les démantissez, voilà de quoi vous rendre la nuit moins douce.
— Tu ne risques rien ici - et si tu as peur, il faut prier. “ Toujours cette recommandation qu’il répète, à s’en rendre fou, à en perdre le sens des mots. C’est bien facile de croire que Dieu peut tout faire pour celui qui l’appelle : c’est à se demander qui est le plus superstitieux des deux. Il s’en retourne vers le lit qu’ils partagent, s’asseyant sur le rebord - il fait au passage pleurer les ressorts qui supportent mal son poids. — Tu en a déjà vu un en vrai, d’esprit ? “ Ses doigts épais viennent mettre un peu d’ordre dans la chevelure trop courte de cette Sainte Rita habituée aux causes désespérées. “ Je veux dire, de jour, à part dans tes rêves, tu en a vu un ? “ Il se penche encore un peu, comme s’il voulait donner à cette conversation le ton de la confidence. — Moi, jamais. “ Sa voix trop grave s'éteint dans cette stricte constatation à moitié murmurée. “ ça n’existe pas. Les gens vont soit au paradis, soit en enfer - ou au purgatoire - mais ils ne restent pas ici. Tu ne crois pas que Maddison mérite le repos ? “ Du dos de sa main, il essuie les gouttes qui perlent sur le front de sa triste fiancée.
— Tu sais, j’ai longtemps cru qu’elles me hanteraient. “ Il remplume un peu le coussin sur lequel l’empreinte de sa tête creuse encore un trou confortable. Il vient ensuite glisser le polochon derrière la nuque de Nadie. “ Mais regarde : je suis toujours là. Je vais bien. Et depuis que tu es arrivée, personne n’est venu te déranger au grenier, hein ? Tu n’as pas vu de dame blanche au pied de ton lit ? Si les autres ne sont pas venues te voir, je ne vois pas pourquoi celle-là le ferait. “ Pourtant, elles le poursuivent encore. Il lui semble parfois que ce n’est pas la maison qui est hantée, mais lui. “ Et tu sais pourquoi ? Parce qu’elles sont toutes au Paradis. Elles sont bien tranquilles et heureuses là-haut. “ Il s’affale un peu plus à côté d’elle, ôtant seulement sa veste pour être un peu plus à l’aise. “ Elles sont dans un endroit que personne ne voudrait quitter - imagine ne plus avoir feint, ne plus avoir froid, ne plus avoir peur. Le Seigneur veille sur elle, comme sur toi. “ Il défait sa cravate dans un geste las. “ Le reste n’est qu’affabulations. “