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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Un enfant, un kidnappeur, des mangues | ft. Jaime Brooke
Irina N. Valanova
Irina N. Valanova
Since : 26/02/2021
Messages : 134
Name : Cendre
Faceclaim : Tilda Swinton
Crédits : behindfairytales (avatar)
DC : Fifi & Blair
Un enfant, un kidnappeur, des mangues | ft. Jaime Brooke 6cl0
Age : 25 ans officiellement | 56 ans officieusement
Statut : Veuve. À moins qu'elle ait oublié son mari quelque part ? Ou bien qu'elle n'ait jamais été mariée ?
Job : Princesse, arnaqueuse, terroriste, comédienne, acrobate, danseuse étoile, peintre. Bref, tout ce qui l'arrange.
Habitation : À Moonstone Pound, dans une petite tente de fortune.
Disponibilité : Disponible [3/3]
Sam 30 Avr - 23:20


Un enfant, un kidnappeur, des mangues

@Jaime Brooke


Une fois n’est pas coutume, Irina réalise une activité parfaitement normale. Assise sur les rochers entourant Moonstone Pound, une de ses jambes ballotte juste assez pour que ses pieds trempent dans l’eau fraîche. L’autre est repliée sous ses fesses pointues. Ses jupes sont remontées jusqu’à ses cuisses, exposant aux yeux du monde ses genoux cagneux et ses mollets de héron.
Mary, plus prude, à ses jambes rangées sur le côté, sa robe couvrant sagement chaque parcelle de peau, si ce n’est pour un triangle de cheville blanche qui tranche avec le tissu terne et crasseux de l’ensemble. Toutes les deux ont cependant retroussés leurs manches jusqu’aux coudes. Le fond de l’air printanier est encore frais ; lorsqu’il souffle un brin trop fort, les peaux se recouvrent subitement de chair de poule, avant de disparaître sous la caresse du soleil. D’ailleurs, l’arête du nez, les pommettes et les avant-bras de la salve commencent doucement, mais sûrement, à se recouvrir d’une multitude de taches de rousseur.
À l’ombre de leur chapeau, elles lisent. L’une est plus bruyante et dispersée que l’autre (inutile de préciser laquelle) ; chaque phrase avalée est soulignée d’un petit commentaire, d’un gloussement ou d’une tirade portant sur des sujets aussi divers que variés (comme le marché mondial de l’ananas, l’essor du verre à Murano ou encore la domestication des chèvres au Népal) et qui ne sont certainement pas du ressort de la lecture du jour. Cela ne suffit pourtant pas à troubler la concentration de l’épouse Davis, ni la sérénité ambiante. Cachées aux abords du lac frissonnant, des grenouilles coassent tandis que l’eau s’écrase mollement contre les galets. On a d’ailleurs l’impression que ceux-ci rient lorsque les vaguelettes se retirent et les font rouler. Irina est persuadée qu’ils réagissent à ses blagues.

« Ah, j’ai fini… » soupire Mary en laissant tomber le journal à côté d’elle.

Avec un grognement, elle étire ses bras et sa nuque. Puis, elle soupire. La slave glisse vers elle un regard en coin. La nouvelle mère tripote l’ourlet grossier de sa jupe, ouvre et ferme la bouche sans qu’aucun son n’en sorte puis, va perdre son regard vers les montagnes.  

« Tu sais, Princessa, je réfléchis en ce moment… »

« Un sourire épanoui fendit les lèvres de Jarod, ses dents blanches formant un contraste saisissant avec sa peau cuivrée. C’était la première fois que je le voyais avec les cheveux dénoués, et ils tombaient comme un rideau de satin noir autour de son large visage. » Irina grimace. Elle n’aime pas trop la direction que prenait La Lune de Midi depuis la disparition aussi soudaine qu’inattendue d’Edmund.

« Je pense, moi aussi. Dans ma tête, » la russe finit par répondre à Mary après un silence trop lourd pour être confortable.

Elle tapote son index contre son front.

« Des fois tellement fort que c’est comme si je me tapais la tête contre un mur. Un jour, ça va exploser. Vous pourrez manger ma cervelle. C’est bon si on hache fin, ha ha. »

Son rire en deux syllabes rebondit à la surface en ricochet avant de mourir dans les profondeurs. Mary resta impassible et se contenta de soupirer à nouveau.

« Ce que je veux dire, » reprit-elle, « c’est que John et moi venons d’avoir un bébé et nous continuons à vivre comme ça, comme des… comme des… »

Elle jette un coup d’oeil par-dessus son épaule. Elles sont trop loin pour les entendre, mais les rares hors-la-loi qui ne font pas la sieste sont affalés autour de leur table de fortune en rondins à jouer aux cartes. Probablement ivres.

« Enfin, tu vois ? » lâche-t-elle en se retournant vers le lac. « Avec ce qu’il s’est passé avec le train, tout ça, ça aurait pu s’arrêter comme ça… »

Elle mime un pistolet avec trois doigts qu’elle fait faussement résonner avant de lancer un regard triste vers le journal.

« Et puis je lis ça, ces femmes qui ont une maison avec une jolie clôture, deux vaches et… Enfin, juste quatre murs qui se tiennent et un toit, moi j’en demande pas plus… »

Nouveau regard vers les tentes bancales et maintes fois rapiécées après des tempêtes de grêle.

« Tu y penses, toi aussi ? » lui demande-t-elle finalement. « À ce que tu aimerais ? »

Cette fois, la russe se tourne vers Mary pour lui regarder la face. Sous son chapeau, ses sourcils noirs se haussent et elle hoche la tête pour l’encourager à parler.

« Des mangues, » répondit Irina d’une voix plate. « Dans mes rêves. »

La chair jaune. Le jus sucré.
Son regard est attiré par un mouvement brusque, de l’autre côté du lac. Un cheval qui s’éloigne au petit trot.

« Encore ? » grogne-t-elle en se redressant. « Tout le monde veut partir. Toi, les chevaux... Les grenouilles, bientôt ? »

Elle plisse des yeux et ne reconnait pas l’allure dégingandée et hasardeuse de sa jument (c'est généralement elle qui s'échappe en quête d'une herbe plus verte ailleurs), ni d'aucun autre cheval de la bande. Sur la selle, il y a un homme. Et Wyatt qui gesticule.

« Pas de problème, » rassure-t-elle Mary (qui n’a pas l’air le moins du monde troublée par la scène). « Je sais quoi faire. »

Faisant appel à son passé de coureuse olympique, la révolutionnaire se met en position.
Prêt ? Feu, partez !

Et la voilà qui détale jusqu’au camp, jupes remontées jusqu’aux hanches, sous les protestations de Mary. Mais cette dernière, laissée derrière, est déjà oubliée.
En tornade à moitié nue, Irina attrape le fusil à lunette de Clyde sans un mot avant de bondir sur sa jument. Cette dernière (qui n’est jamais attachée), s’affole et court droit devant en hennissant de surprise.

« On ne kidnappe pas les bébés. Pas bien, » se marmotte-t-elle à elle-même en pointant le fusil devant elle.

Le vent fouette les quelques mèches blondes échappées de sa tresse dans ses yeux et dans sa bouche.

« Blyat, » râle-t-elle en tentant de se dégager le visage d’une main maladroite.

Ses abdominaux et ses jambes tirent d’être mobilisés aussi brutalement pour tenir sur la selle sans les mains.

Cela ne l’empêche pas de tirer.

Lancer de dé:




Irina N. Valanova
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Jeu 30 Juin - 13:26



sounds of the drums beating in my heart,
the thunder of guns tore me apart.


***
Doucement, gamin. "
Ledit gamin gesticule en tout sens, excité, mal installé sur la selle sur-usée contre les cuisses de son oncle. Les sorties du camp riment toujours, pour le petit Wyatt, avec une excursion longue à cheval, les retrouvailles avec Cooper, et surtout l'air et l'ambiance de la ville d'Imogen. S'il a l'air de se plaire à l'intérieur du camp, au grand dam de son oncle, ce dernier sait que la vie à ses côtés lui est douce également. Nouvelle, parfois un peu longue certes, les prêches et litanies sont barbantes même pour le vicaire, mais toujours enrichissantes. On apprend ce qu'on ne sait pas au camp, voire ce qu'on ne fait pas. Et si Jaime est parfois une brute maladroite, il tient tout de même le beau rôle : les rares fois où il a l'opportunité de passer du temps avec son neveu l'attendrissent plus que de raison. Tu te ramollis, Jaime. Tu te ramollis.

Le chemin depuis le camp jusqu'à Imogen a le mérite d'être agréable. Bien que dissimulé, l'endroit n'est pas difficile d'accès pour un cheval et un cavalier seuls ; s'il faut surtout grimper à l'aller, le retour en descente est toujours plus rapide. Le plus long, c'est contourner le lac. Il faut marcher à découvert, et le terrain est trop irrégulier. À tout moment, la jument du ranch à l'Ouest sur lequel se dandine encore Wyatt pourrait glisser, et tous finiraient dans l'eau. Aussi, le trot est plus recommandable, et brave bête qu'elle est, la jument s'est élancée sans rechigner. Jaime, quant à lui, tente tout pour garder son neveu contre lui : un accident est trop vite arrivé. Il ordonne, gronde, retient, demande encore et encore à ce que le môme s'accroche à la selle. Mais décidé à lui mener la vie dure, aujourd'hui, l'enfant se penche sur le pommeau et l'encolure, veut se retourner, demande à monter à l'arrière. Les rênes dans une main et l'enfant dans l'autre, Jaime perd patience.
Jusqu'à ce que le coup de feu retentisse.

La balle vient se loger dans un arbre, loin derrière eux. L'enfant crie de surprise, et la jument qui trottait cabre à peine pour s'élancer plus vite sur le chemin escarpé, sans que Jaime ne puisse la retenir. Cramponné aux rênes qu'il tire comme celles d'un bœuf, et à l'enfant qui a manqué de chuter, le vicaire jette un œil en arrière pour apercevoir seulement un jupon flottant, un cheval à leurs trousses, et le brillant d'un fusil. La poursuivante (semble-t-il), les rattrape à vive allure, d'autant plus que la jument ralenti finalement après le coup d'adrénaline. Ne réfléchissant pas au-delà du reste, Jaime beugle " Wyatt, tiens-toi ! " à l'enfant qui se fait le plus petit possible, désormais. Ses pleurs sont ceux de la surprise, de la peur soudaine et mordante. Le cœur du vicaire tambourine dans sa poitrine tandis qu'il serre plus encore l'enfant contre lui. Il pense à lui, à Clyde, aux Beaver, il pense aux armes des soldats et à toutes ces balles qu'on lui a retiré du ventre, des cuisses, à toutes celles qu'il a tiré aussi dans les corps qui se défendaient. D'un coup de talons brutal, l'homme d'église - non, l'oncle, ordonne à l'équidé de presser le pas. Un " YAH ! " retentit, tandis qu'ils s'enfoncent finalement dans les bois, cherchant à semer l'attaquante.

Il y a peut-être un deuxième tir qui les frôle quand le vicaire se retourne pour estimer la distance avec la poursuivante. Les chevaux sautent, freinent contre leur gré, préférant avaler la distance à grandes foulées, mais une mauvaise réception et tout le monde dégringole sans espoir de s'en sortir indemnes. Les troncs sont proches, on dirait même que le chemin se resserre ; les branches et buissons fouettent jambes et joues, Wyatt pleure, complètement collé à son oncle qui le tient de plus en plus fermement. L'enfant crie qu'il lui fait mal, mais Jaime n'écoute pas, incitant la jument à tourner à droite, parfois à gauche, brutalement. Elle fait de son mieux, mais ce n'est pas assez : l'assaillante se rapproche. Quand il tourne enfin la tête pour regarder la route, c'est un tronc renversé et épineux qui leur barre le chemin. D'un coup de rênes et de jambes, Jaime tente de l'esquiver.

*** lancé de dés : #3, le cheval est effrayé et pile devant l'obstacle. ***


Hélas, trop tard. Devant la demande de ce cavalier bien peu fiable, la jument ne répond plus à l'ordre. La survie avant tout : la voilà qui pile, antérieures en premier, face à cet énorme tronc au sol. Cailloux et branches s'envolent dans sa glissade, et c'est un miracle que Jaime parvienne à tenir en selle, l'enfant avec. Il n'a pas le temps de donner de nouvelles directives, la jument ne réagit pas assez vite, et leur poursuivante s'approche dangereusement.


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Irina N. Valanova
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Un enfant, un kidnappeur, des mangues | ft. Jaime Brooke 6cl0
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Disponibilité : Disponible [3/3]
Dim 31 Juil - 17:03


Un enfant, un kidnappeur, des mangues

@Jaime Brooke


La balle gicle hors du fusil comme du jus de citron trop fortement pressé, à la seule différence que si l’on souhaite l’oeil comme destination finale du plomb, ce n’est pas le cas de l’agrume. Le pruneau se fiche dans de l’écorce sèche avec un bruit de craquement. Wyatt hurle et Irina jure en faisant glisser l’arme dans son dos pour se dégager les mains et se saisir à nouveau des rênes. L’acier de la carabine est un cataplasme glacé sur sa peau brûlante.

Le cavalier cravache et prend une longueur d’avance sur la slave dont la jument est à la peine. Ni la meilleure galopeuse, ni la meilleure grimpeuse (elle n’a pour elle que l’effet de surprise lorsqu’elle zigzague), elle souffle, tire, remue la tête. La menteuse compulsive est obligée d’enfoncer ses talons dans ses flancs pour la forcer à avancer. Plus vite. Plus vite. Le cuir abimé scie les mains de la révolutionnaire. Heureusement, elle a ses gants. L’air frais qui frappe sa poitrine nue la fait moins frissonner que l’adrénaline de la course.
« Aw shit, » pense Irina tandis que le kidnappeur s’enfonce dans la forêt. Ce n’est pas forcément le terrain préféré de son destrier (euphémisme). Les Irina se sont prises tellement d’arbres que l’amazone ne les compte plus. Cela ne l’incite pas à ralentir la cadence.
Devant elle, le dos du ravisseur est moucheté de la lumière qui parvient à s’infiltrer à travers les branchages. Elle glisse sur lui comme une cape. Irina est tellement proche qu’elle pourrait tendre les doigts et agripper ce bout de tissu imaginaire pour le tirer en arrière. Elle imagine le son étranglé qui jaillirait de sa gorge. Son corps tombant dans les épines de pins. Ses membres qui se contorsionnent tandis que ses poumons vidés de leur air par la chute ne peuvent plus se remplir. Sa grande bouche désespérée qui glapit. Le canon ferait sauter ses dents. Comme des assiettes qu’on casse.

Mais il se dérobe sous ses serres, bifurque comme un lapin poursuivi par un chasseur. Il est aux abois. Irina reconnait dans le chaos de sa course ses propres lacunes. Il panique.
Sous les sabots martelant l’humus, Wyatt crie, s’égosille. Il appelle Tetushka à l’aide.
L’homme se retourne vers elle. C’est d’un masque, désormais, que la lumière hachée habille son visage.

Dans un hennissement, le cheval du cavalier freine des quatre fers. C’est une tornade de poussière et d’éclats de branches qui s’élèvent des pattes tremblotantes. Cette fois, il est pris au piège. Le fusil réapparait dans les mains d’Irina en un clignement d’yeux.

« Nowhere to run now little rabbit, » siffle-t-elle d’une voix basse, le sourire mauvais.

Sa jument, effrayée par l’angoisse soudaine de son congénère s’arrête également, les yeux révulsés et les poils couverts de sueur. Incapable de se calmer complètement, elle continue d’avancer d’un pas hasardeux et ce si bien que sa cavalière n’a de cesse de tourner la tête de gauche à droite pour garder un oeil sur le ravisseur.

« My - », fusil pointé droit devant. « Aw, Irina, stop! » fusil qui dévie sur la gauche tandis qu’Irina longe le kidnappeur. « My breast hurts so bad. »

Elle est maintenant contorsionnée sur sa selle, le canon presque sur son épaule alors que son destrier s’éloigne en renâclant. La course tire dans sa poitrine nue.

« You threaten babies. You should not threaten babies. »

La deuxième phrase est prononcée d’une voix un peu plus forte à mesure que le cheval s’enfonce dans les bois. À travers les arbres, le canon est visible par intermittence. Le soleil l’éclaire parfois d’un éclat doré. La course-poursuite dans les bois a griffé ses bras et son torse. Certaines entailles perlent d’un sang frais.
D’un geste brusque, la slave ramène Irina sur le droit chemin qui reparaît à côté de l’homme et de Wyatt qui continue à sangloter en reniflant. La jument s’arrête enfin et la russe peut viser la tête de l’inconnu.

« Come, little one, » invite-t-elle le garçonnet. Elle tend sa main gauche vers le bas, mais son regard reste rivé sur le front blanc du kidnappeur. Son index titille la gâchette. « Come to Tetushka. »

Elle fait claquer ses doigts contre sa paume.

« You move and I blow your brain like confettis, » menace-t-elle l’inconnu. « I do not do it now because Clyde would be mad, » se sent-elle obligée de rajouter. « I will not be happy if Wyatt is full of blood. But you move and I do it anyway. Better a soaked blood Wyatt than no Wyatt at all. »

La lumière fait une tache entre les sourcils de l’homme. Elle n’aura qu’à le viser là une fois que Wyatt sera en sécurité avec elle.


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Irina N. Valanova
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Sam 10 Déc - 18:13



***
La jument piaffe, renâcle et piétine le sol meuble et feuillu du bois. Devant l'obstacle, elle semble à la fois hésitante et volontaire : si ça n'était pas pour les rênes durement serrées derrière sa nuque, elle l'aurait probablement passé à l'arrêt, abandonnant derrière elle ses deux cavaliers. Au lieu de ça, Jaime force d'un coup ample des épaules le volte-face jusqu'à ce que le fusil lui vienne droit dans la tête. Le canon est pointé, sa monture et lui sont mis en joue, et l'assaillante a l'air déterminée, prête à en découdre. Le vicaire a la sensation qu'un seul geste de trop, et son torse se crible de plomb. Nowhere to run now little rabbit, l'appellation, en d'autres circonstances, l'aurait fait pester ― mais les deux juments ne tiennent pas en place, et si la sienne est plus disciplinée ( faute au mord qui lui détruit les dents ), l'autre en face dérobe la menace à sa cavalière. À les voir passer dans le bois, Jaime serre les rênes, voyant là sa chance de peut-être s'échapper. Mais elle tient toujours le trio à portée de fusil, se plaignant des maux causés par l'attaque. L'ironie voudra que Jaime ne dise rien des siens, lui qui s'est crispé sur les habits du gamin, sentant encore ses oreilles siffler comme les balles qui ont manqué de le toucher à plusieurs reprises. You threaten babies. " What the- " You should not threaten babies. Les yeux bleus du vicaire se couvrent d'un voile d'incompréhension. Une femme âgée, torse nu, montée sur une jument intenable, le tient en joue tandis qu'elle l'accuse de faire du mal à un enfant. Enfant que Jaime a bien pris soin de tenir contre lui durant toute la course poursuite, alors que le plomb sifflait de part et d'autre dans les bois. Quelque chose en lui crie à l'injustice, et autre chose encore lui fait penser à un quiproquo ― il ignore tout de cette femme, si ce n'est ce que la lumière filtrant à travers le feuillage veut bien le laisser voir. Ni qui elle est, ni les raisons qui l'ont poussé à s'en prendre à lui. Il n'y a que son regard fixe, qui ne cligne même pas des paupières une fraction de secondes. Come, little one, et le vicaire serre un peu plus l'enfant contre lui. Come to Tetushka. Un regard échangé entre oncle et neveu, puis Jaime l'aide à descendre doucement de cette montagne de poils, appuyant un " go " discret et peu assuré. C'est ça, ou Wyatt risque d'être un dégât collatéral.

Fort heureusement, le petit galope de ses jambes rondouillettes en direction de la fameuse Tetushka, comme s'il la connaissait. Mort de trouille, il ne semble trouver de réconfort ni auprès de son oncle ( qui lève lentement les mains lorsque le canon se raffermit sur lui ), ni auprès de l'assaillante enfin parvenue à stabiliser sa monture. Lourdement, Jaime déglutit. You move and I blow your brain like confettis, il n'y a que les yeux du vicaire qui bougent, suivent la trajectoire de son sang qui rejoint la main tendue vers le sol. Cette scène sonne faux. I do not do it now because Clyde would be mad, à ces mots, Jaime fronce les sourcils. Elle connaît forcément Clyde si elle connaît Wyatt ; néanmoins, il tente de connecter les événements. Une O'Reilly ? Une qu'il n'a jamais vu dans le camp malgré ses nombreuses visites. Qu'à cela ne tienne, il n'avait pas remarqué Arthur durant tout un été. But you move and I do it anyway. Better a soaked blood Wyatt than no Wyatt at all.

Easy, easy ", sonne le vicaire, les mains toujours en évidence. " 'M not even armed. " La jument sous lui piaffe encore un peu, et il se tortille pour tenir sur la selle. " Wanna check ? " Un hochement de tête pour désigner sa ceinture. Il n'y a que la sueur des plis de son ventre qui sont remarquables à cet endroit. " There's a misunderstanding ", puis il hoche la tête vers le petit, désormais monté sur la selle de l'étrange attaquante. " 'M his uncle, and his dad's ma' friend. He might not like you terrorising his kid. " En un sens, le vicaire n'est pas sûr de ce qu'il fait ; l'avis de Clyde semble être d'une grande importance pour sa poursuivante, aussi risque-t-il tant de s'en sortir que de voir une balle rapidement logée entre ses côtes. Pour une raison ou pour une autre. " 'Was only takin' him to Imogen for a while. He of'en comes with me, to the parish ", et à défaut de s'en remettre à Dieu, Jaime implore l'aide d'un enfant. Tremblant, larmoyant, terrorisé. D'un regard haussé, aussi doux peut-il être, le vicaire insiste pour que le gamin donne une réponse à Tetushka.

*** lancé de dés : impair, Wyatt confirme le discours de Jaime. ***


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