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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Sweet Caroline | ft. Clyde King
Blair Smith
Blair Smith
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Mer 17 Aoû - 15:17


Sweet Caroline

@Clyde King


Le bel enthousiasme d’Ann s’étiole à mesure que le soleil grimpe dans le ciel. La fillette a arrêté de caresser la crinière auburn du cheval et d’essayer de lui toucher les oreilles ; elle se dandine maintenant en geignant.

« On arrive quand ? » se plaint-elle en se dévissant le cou pour essayer de regarder Blair. Son chapeau en tombe sur sa nuque, simplement retenu par la cordelette de cuir autour de son cou.

Le fait est, Blair n’en sait trop rien. Elle a pourtant bien suivi les conseils d’un des éleveurs d’Imogen : elle a tourné à gauche après le gros saule pleureur pour continuer plein sud. Mais voilà plus d’une heure qu’elles avancent et toujours pas de pâturages et de chèvres en vue. « Peut-être que je me suis trompée ? » commence-t-elle à s’angoisser. « Il y avait un autre saule et je ne l’ai pas vu ? Oh mon Dieu. Où est-ce que nous sommes ? »

Cette fois, Ann se retourne complètement pour toiser sa mère adoptive.

« Tu es perdue, » déclare-t-elle avec le fatalisme blasé d’un adulte sur lequel la vie serait passée.

« Non, non, pas du tout ! » réplique-t-elle en lui servant un sourire qui se voulait rassurant. « Nous y sommes bientôt, vraiment très bientôt. »

Elle réajuste le chapeau un peu trop grand sur la tête brune d’Ann. Cette dernière tord sa bouche en une grimace peu convaincue.

« Mouai. J’aurais préféré papa, » assène-t-elle en se remettant droite sur la selle.

« Moi aussi ! Moi aussi, j’aurais préféré qu’il soit là ! J’aurais dû l’attendre, évidemment ! » a envie de sangloter Blair. Mais Laurie est parti à Silverstone pour continuer ses recherches sur l’hypnose. Voilà trois jours qu’il a quitté la maison et son épouse a la désagréable impression qu’elle est seule avec Ann depuis des mois. L’enfant ne veut rien manger (à raison, chacun des plats de Blair est un désastre) et est d’une humeur exécrable. Parfois, elle se laisse convaincre par des courses à l’épicerie, des gribouillages (la soeur de Sam a découvert qu’elle aime dessiner) et quelques histoires racontées pour l’aider à s’endormir.
Mais aujourd’hui, Blair a dû innover.

« Alors, comment tu voudras l’appeler notre chèvre ? »

« Caroline. »

L’ex-Bell manque de s’étrangler avec sa salive.

« Oh vraiment ? C’est bizarre comme nom pour une chèvre, non ? Pourquoi pas Blanchette ? Ou Pâquerette ? » propose-t-elle, la gorge un peu serrée.

Blair n’a pas tellement envie de donner le nom de sa mère à une chèvre. Elle s’imagine déjà l’appeler pour l’attirer du fond du jardin. Un frisson remonte le long de son dos. Elle sert les dents de gêne. Quelle horreur. Maintenant, elle pense à un corps de chèvre avec la tête de sa génitrice. L’envie de s’ouvrir le crâne pour se laver la cervelle la taraude. D’ailleurs, il y a plein de pierres coupantes ici. L’affaire sera vite réglée.

« Non, » tranche Ann d’une voix affirmée.

La jeune femme soupire, vaincue.

« On arrive quand ? »

Nouveau regard vers les pierres.

« Avec ma petite soeur, on chantait cette chanson quand elle avait ton âge. Ça commençait comme ça : Oh my darling, Clementine, you are lost and gone forever… Je ne connais plus la suite des paroles, la la la, » chantonne-t-elle sur le même air que la chanson.

« Et ils l’ont retrouvé Clémentine ? Elle était où ? Perdue ? Comme nous ? Pourquoi elle était partie Clémentine ? »

Les questions dévalent plus vite de la bouche d’Ann que la rivière qu’elles longent depuis de longues minutes. L’orage d’il y a deux jours a bien rempli le lit du cours d’eau.

À l’horizon, il y a la silhouette d’un bâtiment.

Blair a envie de pleurer de joie.

« C’est le ranch, regarde Ann ! » s’exclame la nouvelle mariée en pointant du doigt l’immense structure en bois.

Des bêlements répondent à leurs joyeux éclats de voix.

Le fermier, un vieil homme à la face buriné par le soleil, les dirige vers l’enclos des chèvres. Il y en a de toutes les couleurs : des noires, des blanches, des marrons, des tachetées, des mouchetées… Certaines - les plus vieilles - ont une clochette accrochée autour du cou. C’est un concert de gling-gling et une forte odeur de purin qui les accueillent alors qu’ils s’accoudent à la barrière pour mieux les voir.
Ann entreprend de grimper sur la palissade, mais ses petites jambes peinent à se soulever. Blair la porte pour qu’elle puisse mettre ses pieds sur la partie basse de la clôture.

« Ça pue, » déclare Ann en s’agrippant au bois de la partie haute pour ne pas tomber. Elle se pince ostensiblement le nez.

L’éleveur rigole et tout se visage se plisse de rides de soleil. Il lui manque une des deux dents de devant. Le trou lui sert à caler sa pipe.

« Pas autant qu’mon tabac, gamine, » ajoute-t-il en craquant une allumette. « J’suis étonné d’voir des gens débarquer par ici pour une chèvre… C’est qu’y’a la vente aux enchères d’bestiaux à Imogen à la fin d’la semaine. Samedi après-midi. Vous saviez pas ? »

Des petits ronds de fumées s’élèvent. Blair hésite à rentrer dans l’enclos dans l’espoir de se prendre un coup de sabot dans la tempe. Bien sûr qu’elle ne savait pas. « J’aurais dû regarder les affiches devant le bureau du maire ! » se flagelle-t-elle mentalement. « Mais des idiotes comme moi, on en fait plus ! »

« Ha ha ha, si si, bien sûr que je le savais, » bredouille-t-elle en baissant le nez sur ses mains. « Mais ça nous a fait faire une jolie balade ! C’est un beau pays que vous avez là et - »

« Baban s’est perdue, » la coupe Ann, les yeux rivés sur les chèvres.

Les joues de madame Smith se mettent à brûler.

« Celle-ci ! » s’écrie soudain la fillette en pointant du doigt un animal. « On adopte celle-ci ! »

La chèvre est grise avec de mignonnes pattes noires.

« On dirait qu’elle a des bottes ! » s’amuse Blair en regardant la chèvre se redresser de sa position couchée.

« Oh, excellent choix, excellent choix ! » s’enthousiasme soudainement l’éleveur. « Elle a très très bon caractère. Une vraie crème, vraiment ! »

Ann tourne un visage luisant de fierté vers sa mère adoptive.

« T’as vu. J’ai choisi la bieux. »

Toutes à leur contentement, ni Ann ni Blair ne voient le fermier manquer de se faire mordre par l’heureuse élue, ni le coup de sabot qu’elle lui flanque dans le tibia.

Les comptes réglés et les chèvres attachée au pommeau de la selle, elles repartent dans la direction opposée après un dernier signe de main à l’éleveur ravi de sa bonne affaire.

« Comme il était aimable ! » songe Blair, bien contente. « Finalement, tout s’est très bien passé ! Ça ne servait à rien de paniquer, voilà. Laurie va être bien étonné ! »

Déjà, elle pense à l’expression surprise qu’il aura sur le visage quand il découvrira la chèvre au fond du jardin. « Félicitations, Blair ! » lui dira-t-il. « Tu as été bien inspirée ! Quelle excellente mère tu fais ! » Elle se fait d’ailleurs rougir toute seule en imaginant la scène.

Un sursaut brusque du cheval la tire de sa rêverie.

La chèvre s’arcboute comme un beau diable. Elle tire de toute ses forces sur la corde en bêlant. Paniqué, le cheval penche sur le côté, tire sur les rênes, hennit. La tête complètement tournée vers elles, Blair surprend son regard affolé, le blanc de ses yeux trop visible et elle se doute qu’elle a la même expression ahurie peinte sur ses traits. La cloche enragée de la chèvre résonne comme une alarme dans la quiétude de la nature.

« Maman ! Caroline est folle ! » hurle Ann.

Mais la seule image qui vient à la nouvelle mère, c’est sa propre mère en train de hurler, comme possédée.

Soudain, ce n’est plus le chemin terreux qu’elle voit devant elle, mais le bleu du ciel. La selle n’est plus sous ses fesses. Un cri étouffé et la voilà renversée sur le dos, une tortue qu’on aurait retournée. Elle ouvre grand la bouche comme un poisson à l’agonie, les yeux révulsés et avale plus de terre de que d'air. Elle tousse tandis qu’elle tente de rouler sur le côté. En vain.
Ann gesticule contre elle ; elle peine à s’asseoir sur sa poitrine et Blair a l’impression d’étouffer.

« Ah, » lâche la petite fille. « Ils s’en vont. »

À l’horizon, les deux silhouettes sombres disparaissent au trot dans le soleil, ne laissant derrière elles qu’une trainée de poussières volantes. Gling gling. Gling gling... Et puis, plus rien.

« N-non… Non ! » halète Blair en parvenant enfin à s’asseoir. « Caroline ! »

À nouveau, elle s’imagine la tête de sa mère sortir de derrière un tronc d’arbre. Elle grimace.

Bien sûr, ni la chèvre, ni le cheval ne font demi-tour.

« J’aurais préféré papa, » répète Ann en retirant la saleté de sa robe chasuble. « On va mourir ici ? »

« Mais non enfin ! Ouh, mes fesses ! » geint-elle en se massant les lombaires. « Je vais nous tirer de là. »

Sa conviction sonne aussi faux qu’un piano mal accordé. La fillette lui lance un regard apitoyé. Elle n'est pas dupe.





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Dim 4 Sep - 20:02
Sweet Caroline
La petite voix (pourtant brayarde) de Wyatt se perdait dans le sous-bois, tandis que Clyde battait du tambour sur le pommeau de sa selle. « Lavender's blue, dilly dilly, lavender's green », chantonnait le gamin, changeant tantôt les couleurs en se bidonnant tout seul : « Lavender’s… pink, dilly dilly, Lavender’s red, hihihi… ». Clyde aurait bien aimé que le petit puisse réduire l’intensité de son récital pour éviter l’ameuter toute la région, mais c’était bien vain – Wyatt était lancé, et inarrêtable. Il y avait beau ne rien avoir à comprendre à ce qu’il baragouinait, Clyde était surpris de le voir si investi dans cette mélodie. King, qui de toute façon n’avait rien de mieux à faire que de poursuivre à ses côtés, poussa à son tour la chansonnette : « When I am king, dilly dilly, you shall be queen: Who told you so, dilly dilly, who told you so? ».

Mais Wyatt ne poursuivit pas. « Je chante si mal que ça ? », demanda Clyde en fronçant les sourcils, presque vexé. Le gosse ne lui répondit pas, et se contenant de pointer du doit quelque chose sur la droite. « Da, regarde la chèvre. Elle a des bottes. » King, interloqué, tourna rapidement la tête dans la direction opposée. Il découvrit en effet une chèvre, accompagnée d’un cheval, tous deux en train de paitre, accrochés l’un à l’autre. Si la biquette n’avait pas de bottes à proprement parler, des balzanes noires lui montaient jusqu’en haut des jambes. Le cheval avait encore sa selle et son mord, et il n’en fallut pas plus pour que l’écossais comprenne que le propriétaire des bêtes ne devait pas étre loin.

Il hésita quelques, puis préféra continuer leur route sans rien faire. Ils se rendaient à Imogen pour retrouver Jaime, et devaient initialement se faire aussi discrets que possible. Par précaution, il plaça sa casquette sur la tête de Wyatt, comme si cela suffirait à cacher son visage s’ils venaient à croiser quelqu’un. Celle-ci tombait sur les yeux du gamin qui s’écria : « …y fait tout noir, j’y vois plus rien ! ». Clyde ricana, et se surprit à retorquer : « C’est qu’il est l’heure de la sieste », avec l’espoir que l’enfant prenne ses mots au sérieux. « Oh », fit alors Wyatt en secouant sa tête comme pour regarder autour de lui, non sans relever pour autant la casquette.

Tout de même en alerte, l’écossais s’apprêtait à voir un Beaver déparquer de derrière les fourrées à tout moment, prêt à lui coller une balle entre les deux yeux. C’est donc avec une certaine surprise (tout de même teintée de méfiance), qu’il arrêta sa monture en entendant une vois de femme et de petite fille. « On va aller voir », dit-il plus pour lui-même que pour Wyatt. « Tu es sage, d’accord ? ».

Il suffit de quelques minutes pour rejoindre la source des bruits. King haussa un sourcil en découvrant une petite dame et ce qui semblait étre sa fille, seules au milieu des bois entourant Imogen. Il observa l’une, puis l’autre, et fut forcé de conclure qu’elles n’étaient pas accompagnées. Le foret était immense, que faisait-elle aussi loin de la bourgade ? Il se risqua à le lui demander, espérant que ce contre temps ne soit pas une mauvaise idée : « Ma’am ? Tout va bien ? », puis ayant une illumination soudaine, il ajouta : « Vous avez pas perdu un cheval et une chèvre par hasard ? ».


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Mar 20 Sep - 18:31


Sweet Caroline

@Clyde King


Le soleil rasant de la fin d’après-midi fait grandir l’ombre des arbres. Les feuilles bruissent comme des milliers de murmure au-dessus de leur tête. Tout est silencieux, si ce n’est Ann qui sifflote quelques pas devant sa mère adoptive.
Blair jette un coup d’oeil inquiet au ciel. À travers les feuilles, le bleu vire à l’orange. Le mois d’août touche à sa fin ; les jours raccourcissent. « Seigneur Dieu, » s’alarme-t-elle en mordillant l’ongle de son pouce. « Il faut rentrer avant la tombée de la nuit… Il y a des ours ici, non ? » À mesure que sa pensée se construit, elle sent son visage s’affaisser et blanchir. « Et des bandits ! Laurie m’avait pourtant dit de faire attention ! » Derrière chaque tronc d’arbre, elle s’imagine tantôt le gueule brune et poilue d’un plantigrade, tantôt la face crasse et couverture de cicatrices d’un brigand (car dans l’imagination de Blair, ils sont forcément vilains).

« Ann vit une aventure avec mamaaaaa ! » chantonne la fillette, visiblement plus aussi blasée que lors de leur chute.

Elle trottine en analysant des branches et en soulevant des tas de feuilles.

« On suit la piste ! » s’amuse-t-elle. « On recherche Caroli - MAMAN REGARDE ! Ça y est, l’indice ! »

Elle pointe du doigt quelque chose d’invisible en trépignant d’impatience.
Le dernier indice était un horrible scolopendre (Blair a hurlé). Et celui d’avant un cadavre de lapin à moitié mangé. Il y avait même des asticots.

« Oooh, vraiment ? » demande Blair en faisant de son mieux pour paraître enthousiaste. « Fais moi… voir ? »

Des empreintes de fer à cheval. La demie lune est nettement imprimée dans la terre rendue meuble par la pluie d’il y avait deux jours.
Mais pas d’empreinte de chèvre à côté. « Caroline s’est échappée pour de bon ? Non, pire, les bandits ?! Un bandit, plutôt ? Oui, parce qu’il n’y a qu’un cheval… Ils peuvent être deux dessus peut-être ? Non, non, c’est un chemin emprunté, non ? Pour rentrer à Imogen ? C’est sûrement un passant très bien sur lui ! Ouh, non, pourquoi quelqu’un couperait-il par la forêt plutôt que de suivre le chemin dégagé ? »

« Héhé, » ricane Ann bien satisfaite. « C’est moi qui ai trouvé la piste ! On va résoudre l’enquête ! »

« Hahaha, » rigole faiblement la nouvelle mère en regardant tout autour d’elle. « O-Oui, oui, tu as raison… »

Un craquement derrière elle. Blair se retourne subitement, un hurlement prêt à jaillir de sa gorge. Elle n’a le temps d’apercevoir qu’une paire d’ailes grisâtres disparaître dans les feuilles des arbres. Son coeur qui s’était mis à tambouriner ralentit subitement et elle a la désagréable impression qu’il s’enfonce au fond de ses entrailles. La main sur le coeur, elle sert sa chemise entre ses doigts tremblants.

« Mama est une trouillarde, » se moque la petite fille. « Je dirai tout à papa ! »

À nouveau, Blair sent le rouge lui monter aux joues. Elle n’a aucun mal à imaginer un sourire d’indulgence étirer les lèvres de Laurie. Il est trop gentil, trop élégant pour se rire d’elle. Prendre pitié, en revanche…

Devant elle, Ann trébuche sur une racine et s’étale de tout son long, ventre à terre. Il y a une seconde de silence avant la tempête.

« MAMAAAAANNNN AAAHHHHH ! »

Son cri s’élève comme le son d’un cor de chasse. Une nuée d’oiseau décolle des arbres.
Blair remonte ses jupes et s’élance jusqu’à sa fille adoptive pour l’aider à se relever. Cette dernière ne fait aucun effort et se laisse ballotter comme une poupée de chiffon.

« Je vais MOURIR, » pleurniche-t-elle.

« Mais non, enfin… » tente de la rassurer (vainement) Blair. « Tu pleures parce que tu as mal ? Ou bien tu as eu peur ? »

Accroupie devant elle, l’ex-Bell époussette sa robe beige et retire les feuilles qui se sont collées sur ses jupes.

« On va me couper la jambe, ouuuuuh, » continue-t-elle, inconsolable.

Elle agrippe les épaules de sa mère adoptive et plante ses petits ongles avec la force du désespoir.

Une voix grave résonne dans le dos de Blair. Cette fois, elle frôle l’arrêt cardiaque. D’un bond, elle se redresse pour s’interposer entre le cavalier et Ann.

Il y a un homme à cheval qui les observe, à quelques pas. Son visage est moucheté par les ombres mouvantes des feuilles soulevées par la brise. « Ça y est. Une balle entre les deux yeux et s’en est fini de moi. Que vont-ils écrire sur ma croix ? Mère et épouse aimante ? Ça ne fait qu’une semaine que je suis l’un et l’autre ! »
Mais une petite tête blonde apparaît de derrière l’encolure de la monture. Il les observe curieusement, loin d’être perturbé. Les bandits ne se promènent pas avec des enfants… Non ?

Puis, il pose la question fatidique. Et c’est tout le visage de Blair qui reprend des couleurs.

« Oui, oui, tout à fait ! Enfin, je veux dire, o-oui tout va bien… Enfin, maintenant oui… Vous avez retrouvé notre cheval ? Et Caroline ? Oh, c’est le nom de notre chèvre. Nous venons de l’acheter et je crois que l’éleveur s’est bien fichu de nous… Il nous a dit qu’elle était facile, mais - »

Le cours intarissable des paroles de la nouvelle institutrice s’interrompt soudain lorsqu’elle se rend compte de l’impression pathétique qu’elle doit donner. Elle s’empourpre alors soudainement en réajustant son chignon.
Dans son dos, elle sent Ann qui se pend à ses jupes pour sortir se tête de derrière ses jambes.

« Caroline est folle, » affirme Ann, soudainement plus si éplorée que ça. « Et maman va devoir me couper la jambe. Et toi, t’es qui ? »

Une expression horrifiée passe sur le visage de madame Smith.

« Ann ! Olala, je suis désolée, vraiment. Je - »

« Il est mieux ton cheval. On change ? »

Elle finit par sortir des jupes de sa mère pour se planter à côté d’elle, les mains sur les hanches. Ses yeux verts sont plissés de méfiance. Elle penche légèrement le visage en avant pour mieux distinguer le nouveau venu, s’immobilise et s’effondre à nouveau en geignant.

« Ma jambe aaaahhhhhhh, » se plaint-elle. « J’ai maaaaaal ! »

Elle se roule dans les feuilles en tenant son genou (à peine égratigné).

« Tu as si mal que ça ?! » s’angoisse Blair en se baissant pour essayer de mieux voir sa blessure (mission impossible tant la petite fille se tortille comme une anguille). « Tu vas pouvoir marcher ? Non, non, je vais te porter, d’accord ? »

« NOOOOOON, » s’égosille-t-elle.

À travers ses larmes, elle jette un coup d’oeil au bon samaritain.

Complètement dépassée, Blair lance un regard rempli d’excuses au cavalier, témoin malheureux de ce triste spectacle.

« Je suis absolument navrée ! Je vous en prie, je ne voudrai pas vous retarder. Je - » Ann se met à geindre et Blair doit augmenter le volume de sa voix. « Si vous pouviez avoir le gentillesse de m’indiquer où sont notre cheval et notre chèvre ? Nous nous mettrons en route lorsqu’elle se sera calmée… »





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Lun 2 Jan - 14:03
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Il semble que Clyde ait vu juste, car le visage de la petite dame s'illumine. Ce denier hoche doucement la tête en entendant le nom de la chèvre, puis écarquille de plus en plus les yeux a mesure que la jeune femme parle - et qu’est ce qu’elle parle !

La petite fille semble bien moins paniquer que sa présumée génitrice. Celle-ci est même visiblement résolue à se faire très prochainement amputer d’une jambe. Clyde hausse un sourcil en esquissant un sourire entre la moquerie et le questionnement, tandis que Wyatt fixe l'autre enfant avec contemplation. « La gamine à raison, j’me suis pas présenté. Clyde King, Ma’am », annonce-t-il en soulignant ses mots d’un hochement de tête, maintenant défaussé de sa casquette. Alors que la petite fille propose d'échanger les chevaux, le fils King ouvre maintenant grand les yeux, outré. « Ah non, pas Tempête ! », s’exclame alors l’enfant, qui avait décidé de nommer le canasson là où son père ne s’en était pas embarrassé. Ce dernier gronde alors l’enfant du regard, avant d’ajouter : « Et voici Jules Davis, mon neveu… ». Il avait expliqué plusieurs fois à Wyatt que s’ils croisaient des gens hors du camp, ils devaient jouer à un jeu, où l’enfant n’était plus le sien mais celui des Davis - maigre protection, mais effort non-négligeable plutôt que de crier sur tous les toits que Wyatt Scott n’est pas six pieds sous terre comme il est supposé l’être.

L’écossais regarde autour d’eux, en essayant de calculer à combien de minutes de marche se trouve leur monture (sans oublier Caroline) pour répondre à la question de la bonne femme, mais la gamine se (re) met à hurler. Wyatt met instinctivement ses mains sur ses oreilles alors que Clyde demande malgré lui : « Qu'est-ce qui s'est passé ? ». Sans attendre la réponse, il descend de cheval et s'approche de la malheureuse. « Allez vient là… », ni une ni deux, il soulève la gamine et la fait passer sur la selle, aux cotés de Wyatt. Ce dernier grimace en la dévisageant, visiblement pas très partageur. Il ne lui fait aucune place sur la selle. « On pousse ses fesses pour les demoiselles, buddy », ordonne-t-il avec un regard qui se veut entendu.

Puis, aprés une grande inspiration, l’écossais se retourne vers la jeune mère : « J'vais v'nir avec vous Ma'am, les routes sont pas sures dans l'coin », il en sait quelque chose. Une fois encore, Clyde n’attends pas vraiment de réponse, et se met en marche, guidant Tempête par la bride.

« Vous vivez loin ? », demanda-t-il autant pour faire la conversation que pour savoir si elles allaient pouvoir facilement rentrer chez elles une fois leurs bêtes retrouvées. « C’est qu’il va bientôt faire nuit… », se justifie-t-il en relevant le nez pour observer la ligne rougeâtre qui se dessine à travers les arbres pour souligner l’horizon. « Mieux vaut pas s’attarder dans les bois, vous pourriez vous perdre », à nouveau, manque-t-il d’ajouter.
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Sam 11 Fév - 21:50


Sweet Caroline

@Clyde King


Les larmes d’Ann se tarissent instantanément lorsque monsieur King la perche sur la selle de Tempête - un nom qui fait sourire Blair -. Elle se dandine même pour s’installer et vrille les côtes du petit garçon d’un coup de coude pas forcément involontaire. Lorsque son oncle lui demande de se décaler, la fillette tourne son visage légèrement vers Jules pour les décocher un sourire goguenard.

« Oh non non, pas du tout, » lui répond prestement Blair en trottinant pour rattraper le bon samaritain qui s’était mis en route. « À Imogen, sur la rue principale. Nous venons d’emménager et nous ne sommes pas de la région alors… »

Maigre tentative de justification. Blair se sent si piteuse que ses oreilles rougissent de honte. En moins d’une après-midi, elle a réussi à perdre leur unique cheval, la chèvre qu’elle vient acheter (et qu’elle a visiblement mal choisie) et son chemin. Et Ann s’est faite mal. Un nouveau record personnel.

« Ça va mieux ? » demande-t-elle, inquiète, en observant la jambe de la petite fille.

Heureusement le genou n’est ni enflé, ni bleu. Un peu égratigné, c’est tout. Une vague de soulagement l’ébranle si bien qu’elle lâche un léger soupir.  

« Oui, » répond simplement la petite fille en s’agrippant à la crinière de Tempête. « C’est mieux sur le cheval. »

Derrière elle, le petit garçon a juste assez d’espace pour ne pas tomber.

« Ann, fais lui un peu de place, d’accord ? C’est très gentil, Jules, de partager ton cheval. Oh, mais peut-être te verrais-je bientôt à l’école d’Imogen ? »

Elle se tourne vers monsieur King, les yeux brillants, et se souvient brutalement que si eux se sont présentés, elle ne l’a pas fait. Madame Smith rougit de plus belle.

« Quelle malpolie… » bégaye-t-elle. « Je suis désolée, nous ne nous sommes même pas présentées ! Voici Ann, m-ma fille… »

Les mots peinent encore à sortir naturellement. A-t-elle seulement le droit d’appeler Ann ainsi ? Elle ne l’a ni mise au monde, ni élevée. Et cette dernière tâche lui semble si ardue, si impossible, qu’elle ne parvient pas à se sentir légitime dans ce rôle emprunté. Un peu lorsque, petite, Sam et elle s’amusaient à enfiler les vêtements de leur mère. Les robes étaient tellement grandes qu’elles peinaient à faire les gestes les plus simples ; et il n’était pas rare que l’une ou l’autre (surtout Blair) se prenne les pieds dans les tissus baillants pour venir s’étaler sur le parquet.

« Et je suis Blair Smith, la nouvelle institutrice d’Imogen. L’école est en piteux état, un arbre est tombé sur le toit cet été, mais j’espère pouvoir l’ouvrir dans deux ou trois semaines. Je suis peut-être optimiste ! »

Elle a un petit rire qu’elle aurait souhaité enthousiaste, mais qui sonne creux à ses oreilles. À côté d’eux, Jules et Ann se chamaillent en pépiant de leurs petites voix aiguës.  

Clyde a eu raison ; la nuit ne tardera pas à tomber. Déjà, leurs ombres s’allongent, difformes derrière eux, entrecoupées des racines et des pierres de la forêt. Malgré les branches feuillues qui masquent le ciel, il est évident que la luminosité baisse. Ce n’est pas encore le crépuscule, mais le jour agonise. Ici, plus qu’à Sunshine, la nature semble hostile. Blair ne reconnait aucun paysage.
Frissonnante, l’ex miss Bell resserre sa veste et jette un coup d’oeil par-dessus son épaule. Le chemin de terre est marqué de leurs pas. Le soleil couchant ondule au-dessus de la canopée, tâchant la forêt de lumières mouvantes et insaisissables. Bientôt, ces trous clairs se délaveront jusqu’à se mêler avec les ombres. Au loin, un oiseau siffle.
Il n’y a personne.

« Vous avez dit un peu plus tôt que les routes n’étaient pas sûres… Quelques voisins nous ont dit la même chose lorsque nous nous sommes installés. Des ranchs brûlés, des brigands… » Elle se retient de claquer des dents. « C’est très gentil de nous accompagner. Je vous suis redevable. »

Ann s’arrête de houspiller Jules pour s’intéresser à ce que racontent les adultes.

« C’est à cause de Caroline. Elle est folle. Et elle a rendu Compote maboule. » Elle glisse un petit regard fier au neveu de monsieur King. « C’est moi qui ai choisi le nom du cheval de papa. Tout le monde aime la compote. »

Blair ne peut retenir un petit rire en se souvenant de la gêne de son époux lorsque Ann avait hurlé devant public le prénom du fidèle destrier baie dans la rue d’Imogen, il y a quelques jours. Il est rare de voir Laurie décontenancé ou mal à l’aise.

« Caroline s’est mise à tirer sur la bride vraiment très fort, » explique l’institutrice pour compléter l’histoire laconique de sa fille adoptive. « La selle a basculé et nous sommes tombées. Le temps que nous nous remettions, Compote et Caroline étaient déjà loin… »

« On a failli MOURIR ! » hurle la petite fille en levant les bras au ciel.

Une nuée d’oiseaux surpris par le cri s’envolent dans de grands claquements d’aile. Blair n’a pas pu, elle aussi, retenir un hoquet. Elle pose un index sur sa bouche avec un « chhhh » pour intimer à Ann d’être plus discrète. Les routes ne sont pas sûres, Clyde l’a dit. Il ne faudrait pas qu’ils attirent tous les voyous de la région !

« Vous rentriez chez vous, vous aussi ? Vous vivez à Imogen ? J’espère que vous ne faites pas un détour… »

« Tu parles trop ! » La petite voix de sa tête - qui s’était tue jusqu’à maintenant - se réveille. Soudain consciente de son flot de paroles, la jeune femme baisse le nez sur ses chaussures et se repasse, horrifiée, le monologue. Est-elle donc incapable de supporter le silence quelques minutes ?

Désormais murée dans un silence d’ecclésiastique, elle s’autorise après quelques minutes un regard de curiosité vers monsieur King. Il a de très beaux yeux bleus, les plus clairs et les plus limpides que Blair ait jamais vus. Comme si un bout de ciel s’était détaché pour venir se réfugier là. De longs cils noirs viennent ourler son regard. « Il a les mêmes cils que des génisses, » songe l’institutrice, un peu jalouse. Les siens, de cils, sont raides comme la justice. « Ce n’est pas juste, » se plaint-elle intérieurement. Il a des pommettes hautes, creusant ses joues d’ombres nettes, comme découpées au couteau. Sans savoir pourquoi, la jeune femme se dit que ce n’était pas un visage fait pour les sourires.
Craignant d’être surprise dans son observation silencieuse, elle détourne rapidement les yeux pour se concentrer sur le chemin devant elle.

Au loin, un tintement de cloche résonne.

Blair lève le nez, les yeux écarquillés et l’index pointé en l’air.

« Vous avez enten- »

« C’est Caroline ! » s’écrie Ann.





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Mer 14 Juin - 21:21
Sweet Caroline
Elle vit a Imogen mais vient d’emménager - bien, peu de risques qu’elle reconnaisse Wyatt, alors.

Mais alors même que le soulagement permet à Clyde de baisser un peu sa garde, la jeune femme demande au petit si elle aura la chance de le croiser à l’école. Clyde fronce les sourcils. Dans le dos de la blonde, il secoue la tete vers son fils pour lui intimer de ne rien dire. Par chance, celui-ci n’a pas le temps d’ouvrir la bouche que la blonde s’introduit.

L’écossait sent son coeur manquer un battement quand il prends conscience de la postition de celle qui remplacera bientôt le rôle qu’avait tant aimé Alice. Il ne dit rien, et offre un petit hochement de tête à Blair en lui faisant un petit signe de sa casquette, ponctué d’un : «…ravi d’vous rencontrer, mam’. »

Voilà maintenant qu’elle parle de brigands et des racontards de la région. Clyde la regarde de biais, comme s’il pouvait voir à travers son profil si elle n’est pas en réalité un agent de la Pinkerton. Alors qu’il en vient à la conclusion qu’elle serrait bien conne de s’emmerder d’une gamine pour faire ce sale job, mais que ce serait une couverture parfaite, l’enfant en question prends la parole, et vient complèter leur alibi.

King ne peut s’empècher de rire devant le spectacle qu’offre Ann au reste du monde, et rassure tant bien que mal Blair sur sa bonne foi : « J’vis un peu plus loin dans les montagnes mais j’peux vous racommpagner jusqu’en ville, ma soeur vit pas loin, on passera la nuit chez elle.» C’est Allison qui va etre ravie de voir tout ce petit monde débarquer. Wyatt en profite pour protester : « Nan, j’veux pas, j’veux dormir avec Nancy. » Clyde lève les yeux aux ciels et se retourne vers son bambin. Il prends une profonde inspiration, et tente de lui expliquer :  « Je comprends buddy, mais on doit aider la gentille dame.» Wyatt, ronchon, balance sa petite tête en arrière, désespéré. «Nan, j’veux renter.» « D’accord, vas-y, mais tu devras renter a pieds ». Ses yeux équarquillés prouvent qu’il est surpris par le réponse de son paternel. « Mais non j’peux pas, j’ai pas mis de chaussettes.» «Et ?», demande Clyde en arquant un sourcil devant cette réponse incongrue, «Et bha ducoup j’ai des lampes aux pieds.» King se retient d’exploser de rire.  «Tu veux dire des ampoules?» «Non, des lampes! Là, regarde !», s’énerve le petit en tirant sur ses petits souliers de cuir.

Par chance, cette tirade digne d’un vaudeville est interrompue par la future institutrice qui pointe souvent le ciel de son indexe fin et élégant.

Avant même que Clyde ne réponde que non, il n’a rien entendu, Ann hurle le nom de leur chèvre. A l’affu, l’écossais se concentre alors sur les bruits alentours, et part à la recherche de la dite chèvre. L’index sur ses lèvres pour leur intimer à tous de se taire.

Sans perdre de temps, ils se mettent en marche. Les branches craquent sous leurs pas alors qu'ils avancent, s'enfonçant plus profondément dans la forêt dense.

L'air est chargé de l'odeur de la mousse et de la terre humide, et le chant des oiseaux résonne doucement dans les branches des arbres se dressant majestueusement au-dessus d'eux, créant un toit verdoyant qui obscurcissit la lumière du soleil. Les rayons filtrés qui atteignent le sol révèlent un tapis de feuilles mortes et de mousses douces, absorbant soudain le son de leurs pas.

Après un certain temps, Wyatt pointe du doigt une série de traces fraîches sur le sol. « Regardez ! Il y a des empreintes de sabot ici. C'est sûrement Compote.»

Soudain, un bêlement résonne derrière eux. Clyde se retourne dans un sursaut et aperçoit la chèvre qui les observe avec méfiance. Elle est debout sur une petite colline, à une certaine distance, ses yeux perçants fixés sur le groupe.

Clyde cherche à s’approcher. Il n’est pas particulièrement doué avec les bêtes à cornes, mais il a du sucre dans ses poches qu’il garde pour amadouer Tempête ou faire taire Wyatt - et espère que cela va également fonctionner sur la briquette. Ses pas sont lents et mesurés,  cherchant à rassurer la chèvre. Ils parle d'une voix apaisante, murmurant des mots réconfortants en gaélique pour que personne ne comprenne lorsqu’il dit « Saltée de briquette de malheur, vient là ma jolie où on va régler ça autrement et faire un bon pique-nique ce soir…», espérant que sa présence amicale fasse pencher la balance en leur faveur.

La chèvre les observe avec une certaine curiosité, ses oreilles pointées dans leur direction.

« Doucement, ma belle », murmure-t-il d'une voix apaisante. « Nous ne te ferons aucun mal. Nous voulons juste te ramener à la maison, où tu seras en sécurité

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Le membre 'Clyde King' a effectué l'action suivante : Lancer de dés


'Dé 4' :
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Mar 20 Juin - 21:16


Sweet Caroline

@Clyde King


Blair ne sait pas vraiment si elle doit être ravie ou non de retrouver une chèvre qui avait manqué de leur rompre le cou il y a peu. « Maudit éleveur ! » peste-t-elle intérieurement en se dépêchant à la suite de monsieur King et des enfants juchés sur Tempête. « Il savait très bien ce qu’il faisait, le sacripant ! Un très très bon caractère, qu’il disait. Une vraie crème, mon oeil ! » Mais consciente qu’elle n’emportera pas ses mauvaises pensées au paradis, elle se dépêche bien vite de demander pardon au gardien des Cieux en se faisant la promesse d’aller se confesser au Pasteur de la Fuente (qui lui avait semblé tout à fait charmant).

Une exclamation joyeuse de Jules l’interrompt dans son auto-flagellation mentale. L’institutrice n’a pas le temps de regarder les fameuses empreintes dénichées par le petit garçon qu’un bêlement manque de la faire sursauter.

« CAROLINE ! » s’égosille Ann en se rétamant par terre après s’être laissée glisser du cheval.

Cette fois, ni larmes ni protestation, la fillette se relève d’un bond, débraillée et couverte de poussière. Bras en avant, elle s’élance en direction du bruit, avant d’être cueillie au vol par sa mère adoptive qui peine à la tenir tranquille.

« Doucement, Ann, » lui intime-t-elle en la retenant par les épaules. « Tu pourrais l’effrayer. Monsieur King s’en occupe, regarde. »

En effet, en plus de les avoir sauvées d’une mort certaine en pleine brousse, leur bon samaritain s’aventure la fleur au fusil, sans peur ni reproche, au devant de la chèvre.
Cette dernière, perchée sur une petite bute, les observe en mâchonnant une touffe d’herbe. Blair plisse des yeux, la main en visière pour se protéger des taches de soleil qui filtrent à travers les branches feuillues. Des grandes dents cassées jaillissent de la bouche de l’animal.
À côté d’elle, il n’y a pas trace de Compote.
Et pour cause, ce n’est pas Caroline.

« C’est qui celle-là ? » s’exclame la fillette qui a compris en même temps que l’institutrice.

À grand renfort de mots doux susurrés dans une langue incompréhensible, monsieur King charme la chèvre non identifiée en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Après un sursaut d’hésitation, elle se laisse approcher sans rechigner, signant définitivement le fait que ce n’est pas du tout Caroline. « Ce n’est peut-être pas si mal ! » se réconforte Blair en observant monsieur King revenir avec la biquette blanche. « Celle-ci a l’air très gentille. Elle a des quenottes un peu bizarres, mais enfin ! Nous avons gagné au change, alors ? »

Gagnée par la facilité qu’a eut l’inconnu à dompter la bête, Blair se laisse aller à quelques applaudissements admiratifs.

« Vous lui avez fait les yeux doux ! » rigole-t-elle. « Elle n’a pas pu résister ! C'est une drôle de langue que vous avez parlé tout à l'heure, qu'est-ce que c'ét- »

« C’est pas Caroline, » tranche Ann en croisant ses petits bras devant elle. « Caroline, elle a des bottes. Elle, elle en a pas. »

En effet, on devine sous sa couche de poils sales et emmêlés, un pelage immaculé. Pas de patounes noires en vue.
Blair grimace, gênée.

« En effet… » se désole-t-elle en s’accroupissant vers l’animal. « D’où sortez-vous madame ? » Elle lève le nez vers monsieur King. « Je ne savais pas qu’il y avait autant de chèvres dans cette forêt, décidément ! » Elle éclate d’un petit rire avant d’ajouter : « Plus que des brigands, finalement ! Quel soulagement. »

Mais cela ne semble pas faire rigoler Ann qui répète en tapant du pied :

« Et Caroline alors ? Et Compote ? Les loups ! » s’écrie-t-elle, horrifiée.

La perspective d’abandonner leur cheval en pleine nature n’enchante guère Blair. Les pires scénarios défilent dans sa tête, mais un seul coup d’oeil vers le ciel rougeoyant la convainc dans sa prise de décision.

« Nous devons rentrer, Ann. Regarde, le soleil va se coucher et après il fera nuit. Il ne faut pas rester dehors trop tard. Rentrons, monsieur King a la gentillesse de nous raccompagner jusqu’à Imogen. Demain, je te promets que j’irai chercher Compote… et Caroline. Je demanderai à… euh… » Certainement pas à madame Johnson. « À… Au shérif de nous prêter son cheval ! D’accord ? »

Ann éclate en sanglots. Pas la crise d’il y avait dix minutes, non, de vraies grosses larmes de tristesse dévalent ses joues rebondies. Elle hoquette, s’étrangle, s’essuie maladroitement les yeux.

« Oh non, ma petite chérie… »

Mais la petite s’évade lorsque Blair tente de lui faire un câlin, avec un énorme « NON » dans la bouche. Elle lui tourne le dos et finit par s’accroupir pour pleurer de tout son saoul.
Le coeur brisé, l’institutrice lance un regard d’impuissance et de honte profonde - non pas envers Ann, mais envers elle-même - à monsieur King. A-t-elle pris la mauvaise décision ? Devrait-elle poursuivre les recherches, quitte à ne pas imposer cela à leur sauveur du jour ?

« Je… euhm… » Un soupir l’ébranle toute entière. « Ann… »

« Je veux Caroline ! » gémit-elle. « Et Compote… Il va se faire manger par les loups… »

La chèvre blanche arrache une branche d’un buisson proche, visiblement pas atteinte par le drame de la situation.

Blair a soudain très envie d’être courageuse. De proposer à monsieur King de rentrer avec les enfants à Imogen pour les mettre en sécurité pour la nuit pendant qu’elle s’enfonce dans la forêt en quête du cheval et de la chèvre. « Comme cela serait bien, » pense-t-elle, abattue par sa propre couardise. « Toute cette histoire est de ma faute. Quelle mauvaise mère je fais. » Il est bien loin, le fantasme qu’elle s’était représentée en revenant de la ferme, avec Laurie la félicitant pour ses prises d’initiative et sa gestion impeccable des aléas.

« E-Excusez-moi de vous le demander encore… » balbutie-t-elle en n’osant pas regarder monsieur King dans les yeux. « Voudriez-vous chercher encore un peu avec nous ? L’affaire de quinze minutes ? »

Elle lance un regard inquiet vers le soleil.

« Pensez-vous que nous ayons le temps ? »

Elle tord ses mains d’embarras jusqu’à ce que cela lui fasse mal.

« C’est que, je me fais aussi du souci pour Compote… Je saurais me faire pardonner mes bêtises, » s’empresse-t-elle d’ajouter. « Je… Je ferai le repas, le dîner de ce soir ! Même pour votre soeur ! Et j’offrirai des chaussettes à Jules ! C’est de bon coeur, vraiment ! »

Plutôt que de se tarir, les pleurs d’Ann redoublent.  





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Jeu 10 Aoû - 18:34
Sweet Caroline
Plutôt que d'exprimer de l'exaspération ou de l'impatience face aux sanglots de la fillette, Clyde demeure stoïque. Il observe la scène avec une empathie silencieuse, comprenant que cette situation est bien plus qu'une simple quête pour retrouver des animaux égarés. « Ce n’est qu’une chèvre, troquez celle-là pour l’autre », aurait-il répondu a n’importe qui d’autre - mais il voit en Ann la vulnérabilité de l'enfance, la crainte de la perte et de l'incertitude. Blair, quant à elle, semble tout autant touchée par cette détresse, son embarras palpable indiquant sa propre culpabilité.

Ses yeux fatigués parcourent le visage de Blair, et abdiquent. King laisse échapper un souffle, comme un signe d'approbation à ses propositions, un consentement tacite à son plan. Il hausse ensuite les épaules d'un air compatissant, indiquant que oui, ils ont un peu de temps à consacrer à la recherche.

Wyatt, qui a jusqu'alors suivi la scène avec intérêt, s'approche de la gamine et tente maladroitement de la réconforter. Avec une candeur touchante, il murmure des paroles rassurantes qui lui viennent à l'esprit. Leurs mots semblent presque issus d'un monde secret entre les enfants, un langage de compréhension mutuelle.

Clyde pose une main réconfortante sur l'épaule de la petite et adresse un sourire amical a Blair. Il ne parle pas, mais le regard qu'il lui offre est rempli d'une reconnaissance discrète pour sa sollicitude envers les enfants, et pour sa volonté de remédier à la situation. « Promis, on va les retrouver, Ann, » déclare l’écossais avec douceur, non sans cacher sa fatigue.

Le soleil poursuit sa descente derrière les arbres, projetant des ombres de plus en plus longues. Le groupe reprend la marche. Ils avancent d'un pas prudent à travers les bois, suivant les pistes que Caroline et Compote ont laissées derrière elles.

La forêt s'embrase d'une lueur dorée à mesure que les derniers rayons du soleil filtrent à travers le feuillage dense. Les bruits de la nature environnante se mêlent au doux murmure de la conversation entre les membres du groupe. Wyatt partage des histoires sur les animaux sauvages qu'il a entendu raconter par ses oncles, tandis que Clyde propose tour à tour une cigarette a Blair et un sucre à Ann.

Au fur et à mesure que la luminosité décroît, que la forêt devient graduellement obscurcie par le voile de la nuit, les étoiles commencent à briller au-dessus d'eux, éclairant doucement leur chemin. Clyde marche en tête, suivant les empreintes avec une attention méticuleuse.
Alors qu'ils suivent le sentier, les bruits nocturnes se font plus audibles : le hululement lointain d'un hibou, le bruissement des feuilles dans la brise légère et même le doux clapotis d'un ruisseau caché.  C’est un bruit inattendu qui attire leur attention. Un froissement dans les buissons voisins. Clyde lève la main pour signaler aux autres de s'arrêter, et tous se figent, retenant leur souffle. C'est le doux son des bruits de mastication, qui l’intrigue le plus.

Et puis, sortant de l'obscurité, une silhouette apparaît. C'est Compote, (il espère vraiment que c’est Compote) qui émerge des buissons avec une expression aussi décontractée que possible pour un animal de sa taille. Le cheval fixe le groupe avec ses yeux étrangement expressifs, semblant dire : "Hé, que faites-vous ici ?".

Un soupir de soulagement collectif se fait entendre. Clyde s'avance lentement vers la jument, tendant une main amicale pour la caresser. La brave bête s'approche avec une méfiance feinte, puis se frotte contre sa main, presque comme pour s'excuser pour le chaos qu'elle a causé, avant de retourner à son repas (une pomme de pin) avec une indifférence à peine feinte.

Clyde se tourne vers Blair, un sourire chaleureux éclairant son visage fatigué mais satisfait. Il ne manque plus que Caroline. « Vous savez, il va bientôt faire nuit. Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée de repartir aussi loin dans le noir. Ma sœur Lili n’habite pas loin, et je suis sûr qu'elle serait heureuse de vous offrir un abri pour la nuit. »

« Et j’irais chercher votre chèvre demain »
, ajoute-t-il pour la gamine.

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Mer 23 Aoû - 22:28


Sweet Caroline

@Clyde King @Allison King


Au milieu des bois, l’obscurité menaçante au-dessus de leur tête et au devant de leur pas, Jules réconforte Ann. Il entoure ses épaules secouées de spasmes de son petit bras et l’encourage doucement. Sa tête est aussi blonde que celle de la fillette est brune. Entre deux reniflements, Ann retire une feuille morte qui s’est émiettée sur la manche du garçon.
Cette simple vision enchante tout bonnement Blair qui sent sa gorge se serrer. Le tableau est si charmant qu’on l’aurait cru né sous les traits d’un peintre.
Enfant, elle avait peu d’amis ; trop sage, trop ennuyante, peu bavarde, peureuse. De voir Ann se lier aussi facilement l’émeut assez pour qu’elle lève un regard luisant vers monsieur King qui vient à son tour d’adresser quelques mots à la petite fille.

“Votre neveu est très gentil. Il doit tenir ça de son oncle,” sourit-elle alors qu’ils reprennent leur marche. “Merci encore de nous aider. Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans vous…”

“Oh si ma grande, tu sais très bien ce qu’il te serait arrivé,” songe-t-elle en s’imaginant le pire. “Déjà, tu te serais perdue dans les bois. Tu aurais probablement fondu en larmes et Ann t’aurais abandonnée là. Avec un peu de chance, tu aurais croisé une meute de loups rassasiée qui t’aurais adoptée comme l’une d’entre eux. Et ensuite, tu aurais fini dans un cirque.” Enfin, il ne fallait pas se leurrer, la chance ayant oublié l’institutrice à la naissance, les loups l’auraient très certainement croquée.

“Oh mais…” L’institutrice se retourne vers la chèvre blanche à la bouche tordue. “Qu’est-ce que nous allons faire de toi ?”

L’animal la regarde en mâchonnant. Puis, comme si une guêpe l’avait soudainement piquée, elle jette sa tête en arrière, hurle, et se carapate à travers les branches.

“Oh euh bon eh bien, voilà qui est réglé…” dit-elle après avoir sursauté.

Les deux enfants marchent derrière en papotant. Jules explique mille choses à Ann qui, plus en retrait, se contente d’acquiescer en répondant laconiquement. “Elle n’a pas le moral,” se désole sa mère adoptive. Heureusement, le sucre proposé par monsieur King l'égaye un instant. Blair refuse la cigarette poliment ; elle ne fume pas.

Sans cette joyeuse troupe, la forêt aurait eu un tout autre aspect. Les arbres commencent à se draper de bleu. Les ombres grossissent, grignotant le peu de lumière restante. Les tâches orangées à travers la frondaison fanent comme des fleurs sur une tombe. Pourtant, ainsi escortée, la jeune femme se sent bien.

“Ouch !” s’exclame-t-elle en se prenant une fine branche au milieu du front.

Elle se frotte entre les yeux en se maudissant d’avoir gagné en confiance. Blair n’est pas une femme tout terrain, à son grand désarroi. Il ne s’agirait pas d’oublier.

Monsieur King, à l’inverse, est beaucoup plus à l’aise. Tout en tenant les rennes de Tempête, il progresse entre les racines et les buissons comme s’il s’agissait de la grande rue d’Imogen. La direction qu’il suit est définie. Blair ne sait pas vraiment par quoi - suivre une piste est un art qui lui est parfaitement inconnu -, mais elle lui accorde une confiance totale et aveugle. “Un vrai garçon du pays. Il doit connaître ce bois comme personne ! Quelle bénédiction, vraiment, d’être tombée sur lui !”  
Il ne faut pas qu’elle oublie ses promesses. Offrir des chaussettes à Jules. Préparer le dîner. “Oh, cela risque d’être un carnage.” Prise dans le feu de l’action, elle en a oublié qu’elle était une piètre cuisinière (pour chaque plat qu’elle cuisine, un chef français meurt).

“Une empreinte !” s’exclame soudain Ann en pointant du doigt le sol. “Viens voir !”

Blair se dépêche de faire demi-tour. Malheureusement, elle a beau fouiller des yeux, elle ne voit rien.

“Eh oui, c’est une empreinte !” s'enthousiasme-t-elle. “Tu as des yeux de lynx, aussi bons que ceux de monsieur King !”

Ann fait la fière et coule un regard arrogant vers Jules.

Mais un “chut !” intimé par leur pisteur attitré les cloue sur place. “Il y a quelqu’un ? Des brigands !” s’alarme Blair qui, en plus de ne rien voir, n’entend rien.
Après quelques secondes d’un silence angoissant, elle s’autorise à murmurer, incertaine :

“Qu’y a…”

Ses yeux s'écarquillent. Ça y est, elle entend, elle aussi !

“Compote !” crie la petite fille.

La jument jaillit de nulle-part, imperturbable et la selle de travers. Monsieur King est le premier à l’atteindre pour flatter son encolure. Il est rapidement suivi d’Ann qui vient lui taper vigoureusement les côtes. Blair s’inquiète toujours quand sa fille adoptive s’agite près des chevaux. On ne sait jamais ce qui peut leur passer par la tête. Il y a longtemps, un petit garçon à Sunshine s’est pris un coup de sabot à la tempe et il en est mort.

“Doucement, d’accord ? Compote aussi a eu peur.”

La jument n'a pas du tout l'air angoissée. La fille de Laurie adoucit son geste. L'institutrice peut enfin souffler de soulagement. Elle n’a jamais été aussi heureuse de voir un cheval de sa vie.

“Vous avez raison, ce ne serait pas raisonnable.” Cette fois, le soleil a définitivement disparu derrière l’horizon. “C’est très aimable de votre part…”

Elle hésite un peu à s’inviter chez une inconnue. Elle a toujours trouvé ces moments atrocement gênants. Son regard tombe sur Ann qui explique à Jules comment elle a choisi Compote parmi tous les chevaux de l’écurie (comment Laurie lui a expliqué que cette jument serait très bien, en omettant bien sûr son prix compétitif).
Elle n’a pas vraiment le choix.

“Nous acceptons avec plaisir. Je vous suis.”

Une chance que Laurie soit en déplacement à Silverstone. Comment aurait-elle pu lui expliquer toute cette malheureuse histoire ?

Après avoir réajusté la selle de Compote, Blair hisse Ann sur son dos avant de la rejoindre. Elle caresse les oreilles douces comme du velours de la jument. Peut-être tomberont-ils sur Caroline, au hasard d’un détour ?

Monsieur King les fait sortir sans mal des bois (point de chèvre sur la route, ni la grise, ni la blanche), jusqu’à une petite maison isolée. Une lumière jaune, chaleureuse, scintille derrière les carreaux. Il y a quelques fleurs accrochées au rebord des fenêtres.

“Ann ? On est arrivés,” chuchote Blair en secouant doucement les épaules de la fillette qui s’est endormie pendant le trajet.  

“Hein ? Quoi ? Où ?” Elle balbutie, s’agace un peu, aussi, en repoussant Blair vers l’arrière de la selle.

“Chez la soeur de monsieur King.”

La perspective de rencontrer quelqu’un de nouveau la ranime. Elle glisse le long des flancs de Compote et se précipite à la suite de leur bon samaritain, déjà à la porte.

“On va chez ta maman, Jules ?”

La question résonne encore quand la porte s’ouvre.   





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Allison King
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Mer 3 Jan - 4:08

- sweet caroline -
Blair & Clyde & Allison
« Only the children know what they are looking for. » - Antoine de Saint-Exupéry
Plénitude paisible. Un moment de répit apprécié, mérité. Les rayons du soleil caressaient doucement les fenêtres de la maison, s'immisçant dans la pièce principale délicatement, là où Allison s'était installée avant même le lever du jour. La routine chaotique de sa vie avait atteint des sommets aériens et l'insomnie s'était présentée à elle en amie. Pour une fois, elle avait choisit de ne pas lutter, de ne pas se lever en grommelant ou rester au lit en se tournant et retournant.
La jeune femme avait passé une longue matinée à lire et se faire du thé, assise près de sa fenêtre. La lumière de sa petite lampe lui avait fait plisser les yeux quelques heures, puis la lumière du soleil s'était progressivement étalée sur les pages blanches, jusqu'à ce qu'Allison n'éteigne son ampoule, de nouveau consciente du temps qui passait.

Elle avait fait quelques tâches de routine, profitant de ces moments de liberté pour rattraper ce qu'elle avait oublié quand le travail l'avait trop occupée. Puis, heureuse à l'idée de profiter de tout ce temps, heureuse à l'idée de se concocter un repas plus spécial, plus élaboré, elle s'était rendue au marché.
Elle avait croisé beaucoup de gens qu'elle connaissait depuis sa jeunesse, discuté avec la plupart d'entre eux.
Et elle était revenue avec plusieurs produits, de quoi faire quelques tranches de bœuf tendres accompagnées de légumes mijotés.

Calmement, elle avait passé le début de l'après-midi à ranger la maison, à nettoyer les outils de cuisine dont elle aurait besoin.
Elle était finalement prête à commencer et avait coupé quelques légumes quand on cogna à sa porte. Elle fronça légèrement les sourcils, surprise, intriguée. Elle était heureuse à l'idée d'avoir des invités mais ne s'y attendait pas pour la journée et se demandait qui pouvait bien se présenter. Allison essuya distraitement ses mains et alla ouvrir.
Son sourire se figea un peu lorsqu'elle entendit les quelques mots prononcés par la nouvelle arrivée, se questionnant naturellement. Sa maman ? Son regard effleura rapidement chacun des gens devant elle et, heureusement, elle compris promptement.
Wyatt était devant elle, son neveu qu'elle aimait tant qu'elle n'eût même pas à feindre pour l'accueillir comme si c'était son fils. Elle le serra contre elle et déposa un baiser sur son front.

« Bonjour ! Vous êtes des amis de Jules ? »

Sa main s'agita d'un mouvement imperceptible, hésita à saluer son frère affectueusement, à tapoter son épaule ou caresser son dos, mais s'interrompit pourtant, laissant place à un simple sourire chaleureux, complice.
Le temps était à la trêve, propice à ces moments où elle l'aimait sans savoir comment l'aimer.
Elle ne savait pas vraiment ce qui l'avait poussé à mentir à la jeune femme, mais elle décida que, dans le doute, c'était mieux. Pour ne pas s'attirer ses foudres si elle le savait ou pour ne pas que ce qu'avait craint son frère ne se réalise.
Elle était certaine qu'il avait toutes les raisons du monde, les pires comme les meilleures, de vouloir protéger son fils.

« Je m'appelle Allison, même si je suppose que mon grand frère vous a parlé un peu de moi si vous êtes ici. » L'affection n'était pas feinte, même si leur famille paraissait, d'un seul coup, étrangement unie. Elle serra la main de la mère et s'accroupit un instant pour parler aux enfants. « Je commençais à faire à manger... Il n'y a plus qu'à attendre pour le repas mais est-ce que vous voudriez m'aider à faire un gâteau, tous les deux ? » Elle leur fit un clin d'oeil complice.  « Au chocolat, c'est encore mieux ! »

La sage-femme se releva alors que les enfants entraient déjà, se tournant vers Clyde et Blair. « J'en oubliais la politesse, dans ma joie de les accueillir ; vous êtes évidemment, vous aussi la bienvenue à entrer. » Elle s'éloigna, leur laissant un peu d'espace et les guida vers la table ronde de la salle à manger, pendant qu'elle s'approchait du comptoir pour réunir les ingrédients du gâteau, elle les regarda de nouveau. « Qu'est-ce que vous aimeriez boire ? J'ai un peu de tout, vraiment ! »
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Ven 9 Fév - 10:22
Sweet Caroline
Clyde sent ses membres s'alourdir au fur et à mesure qu'ils approchent de la maison d'Allison. La pluie persistante des jours précédent avait transformé le chemin de terre en une boue épaisse et glissante, rendant chaque pas plus pénible que le précédent.

Il se tient debout sous l'auvent de l'entrée, secouant légèrement la tête pour éliminer quelques gouttes rebelles tombées de ce dernier qui s'accrochent à ses cheveux noirs. L'air est imprégné de l'odeur fraîche de la pluie, mêlée à celle de la terre humide et des feuilles en décomposition. Des éclairs zèbrent parfois le ciel gris, illuminant brièvement le paysage avant d'être suivis par le grondement lointain du tonnerre.

Allison apparaît alors dans l'embrasure de la porte, un sourire chaleureux illuminant son visage ; on aurait pu croire qu’elle avait prédit leur arrivée. Lorsqu'elle demande si Blair et Ann sont des amis de Jules, Clyde secoue discrètement la tête dans l'ombre de la jeune institutrice. « J'en oublie la politesse, dans ma joie de les accueillir ; vous êtes évidemment, vous aussi, les bienvenus à entrer », s'exclame-t-elle en tendant une main secourable après avoir invité les enfants à entrer. Clyde hoche la tête avec reconnaissance et franchit le seuil de la maison, sentant immédiatement le réconfort de la chaleur de l'intérieur. Les murs en bois de la maison émettent une chaleur rassurante, contrastant avec le froid humide de l'extérieur.

Il se fait la réflexion qu’il espère qu’elle ait des enfants un jour si c’est quelque chose qu’elle désire, car elle ferait une excellente mère ; ils n’ont jamais discuté des désirs de la jeune femme en la matière. Il ne lui connaît même pas de soupirant. « Qu'est-ce que vous aimeriez boire ? J'ai un peu de tout, vraiment ! »

« Un peu de whisky, si tu en as, serait parfait, » répond-il poliment à la question d'Allison concernant les boissons. Un verre de whisky serait amplement mérité après avoir couru après des chèvres pendant une partie de l’après-midi.

Il suit sa sœur jusqu'à la cuisine, s'installant à la table tandis qu'elle fait bouillir de l'eau pour le thé. Tandis qu'Allison se dirige vers le comptoir pour rassembler les ingrédients du gâteau au chocolat, Clyde suit Blair vers la table ronde de la salle à manger. Il s'installe sur l'une des chaises avec un soupir de soulagement, sentant le poids de la journée s'alléger légèrement.

Le regard de Clyde dérive vers les enfants, qui semblent déjà bien intégrés à leur nouvelle activité de préparation de gâteau. Il ne peut s'empêcher de sourire devant leur enthousiasme contagieux, une lueur d'optimisme perçant à travers la fatigue qui le pèse.

« Vous savez, Blair, » murmure-t-il à voix basse, « Peut-être que cette journée n'est pas aussi maudite que ça... ». Il se tourne légèrement vers elle, ses yeux bleus brillant d'une lueur amusée.

Puis, reportant son attention sur sa sœur, il lui raconte la raison de leur débarquement impromptu : « Tu ne devineras jamais qui nous avons rencontré aujourd'hui, » commence-t-il, un sourire amusé étirant ses lèvres malgré sa fatigue. « Voici une noble institutrice nommée Blair, accompagnée de sa fille, Ann. Elles étaient en train de chercher leur chèvre perdue dans les bois. » Il explique ensuite comment ils se sont joints à eux dans leur recherche, comment Wyatt a tenté de réconforter la petite Ann avec ses mots maladroits mais bien intentionnés, et comment ils ont finalement retrouvé Compote, la jument, cachée dans les buissons.
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Blair Smith
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Dim 11 Fév - 23:30


Sweet Caroline

@Clyde King @Allison King


Tandis que Blair s’émerveille devant l’adorable chaumière qui se découpe dans le crépuscule déjà bien entamé (vraiment, elle n’avait jamais vu de maisonnette aussi mignonne !), la question d’Ann lui fait cligner des yeux. D’instinct, elle est tentée de la corriger ; il s’agit de la sœur de monsieur King, pas de la mère de Jules. Néanmoins, elle est dans la région depuis peu de temps… Et dans ces coins reculés… Il y avait bien un couple, à environ une heure à cheval de Sunshine qui… “Oh, Seigneur.”
Cette hypothèse l’ébranle si bien qu’elle blêmit, muette comme un francolin pris.

Une jeune femme brune aux cheveux tirés en arrière apparait sur le perron. La lumière orangé dans son dos l'auréole comme d’un petit soleil et la drape d’ombres floues. On distingue pourtant d’incroyables yeux clairs ; les mêmes que ceux de monsieur King. Si elle n’est pas frappante, la ressemblance existe cependant. Des yeux en amande, des pommettes saillantes.
Un air de surprise passe sur son visage alors qu’elle détaille brièvement ses invités tombés du ciel. Lorsque son regard se pose sur son frère, ses traits se détendent et elle se baisse pour embrasser… son neveu ? “Faites que ce ne soit que son neveu,” supplie mentalement Blair en osant un sourire contrit.

“B-bonsoir, je suis désolée de- ” commence-t-elle, décidément bien mal à l’aise.

“NON !” répond Ann en se détachant de la jupe de Blair. Elle se retourne pour décocher un petit sourire à Jules. “On n’est pas copains.”

La bouche décidément plus ouverte que celle d’une carpe, Blair observe sa fille adoptive tirer la langue au petit garçon.
Heureusement, les animosités entamées s’arrêtent nettes à la mention du gâteau, et surtout du chocolat promis par la jeune femme. La bouche d’Ann forme un “o” d’émerveillement béat, avant que son visage ne se froisse, soudain suspicieux.

“Maman ne cuisine pas, alors,” ordonne-t-elle en ne dissimulant pas une grimace. “Ça gâche sinon.”

Ce coup de couteau-là, Blair le connaît bien ; il fait pourtant toujours aussi mal. De livide, son visage passe au pivoine tandis qu’elle bafouille :

“Oh, tu exag-”

“Après, papa reste longtemps aux toilettes.”

L’envie de se comprimer le visage de honte à la seule force de ses paumes la traverse. Finalement, peut-être vaut-il mieux qu’elle reste dehors. Avec un peu de chance, elle finirait sûrement par mettre la main sur Caroline. Oui, l’orage qui grondait au loin valait mieux que subir pareille gêne. “Peut-être même qu’un éclair me tombera dessus. Voilà qui serait bien commode !”

Pour dissimuler son embarras grandissant, Blair choisit de faire ce qu’elle sait faire de mieux : rire bêtement.

“Hahahahahaha, les enfants !”

La phrase reste en suspens parce qu’elle n’a rien d’autre à ajouter, comme si l’excuse se suffisait à elle même.

L’intérieur de la maison est aussi charmant que l’extérieur. Il y a une petite table ronde, en bois autour de laquelle sont installées des chaises aux dossiers usés par les dos s’y étant reposés. Un livre fermé et une tasse ont été oubliés sur le rebord de la fenêtre, à côté de laquelle trône un petit fauteuil au tissu élimé. Côté cuisine, un tas d’épluchures de légumes et des carottes à moitié pelées témoignent des occupations d’Allison, dérangée par leur arrivée soudaine.

“Votre maison est très jolie,” la complimente l’institutrice en tachant de ne pas trop laisser son regard courir partout au risque d’être impolie. “M-merci pour votre hospitalité… Nous débarquons à l’improviste…”

Monsieur King semble être comme chez lui. Son whisky commandé, il s’attable avec un soupir de fatigue. “Il a couru tout l’après-midi à cause de moi,” se flagelle Blair. Un peu gauche dans cet environnement inconnu, elle hésite un instant à s’asseoir puisqu’elle n’y a pas été invitée. “Mais, c’est un peu bizarre de rester debout, non ? Oui, il vaut mieux s’asseoir, je suis l’exemple de monsieur King, voilà.” Dans un crissement un peu trop bruyant, elle tire sa chaise pour s’y installer, les fesses sur le rebord.

“Du thé, ça sera très bien,” s’empresse-t-elle de répondre à la maîtresse de maison qui s’est déjà emparée de la théière.

“Ah bravo, Blair, bravo ! Du thé ? À cette heure-ci ? Tu ne vas rien dormir de la nuit !” De toute façon, se trouvant chez une inconnue, dans une maison aux bruits qu’elle ne connaît pas, elle n’aurait pas fermé l'œil. “Et je n’ai même pas de vêtements de rechange… Et que va penser la voisine ? Voilà Laurie parti pour son travail et moi qui ne rentre pas de la nuit ! Heureusement que maman n’est pas là pour voir ça… C’est une catastrophe.”

Jules et Ann ont déjà le nez dans le sucre, à se lécher les doigts avant même que l’activité n’ait commencé. Les deux enfants se chamaillent comme larrons en foire. Un petit sourire las étire les lèvres de l’ancienne miss-Bell. “Peut-être pas une si grosse catastrophe que ça…”

La remarque de monsieur King lui tire un petit rire.

“J’étais justement en train de me dire la même chose.”

Réussir à faire plaisir à Ann est une mission quotidienne pour Blair, comme pour se convaincre qu’elle est digne de son nouveau rôle. Chaque risette décrochée, chaque “maman” qu’elle prononce est une petite victoire qui disparaît dès le lendemain. À chaque levé de soleil, il semble que les compteurs sont remis à 0 (lorsqu’ils ne sont pas à -10). C’est un travail qui n’en finit pas. Qui n’en finira jamais.

Le conte de leurs aventures par monsieur King la fait rougir à nouveau. Elle plonge son museau dans le thé chaud qu’Allison lui a servi comme pour s’y noyer.

“Décidément, je ne cesse d’oublier de me présenter aujourd’hui… Quelle tête de linotte ! Je m’appelle Blair Smith et comme l’a dit votre frère, je suis la nouvelle institutrice d’Imogen. La ville est jolie et très dynamique ! Pas plus tard qu’hier, j’ai vu des trappeurs faire leurs courses à la quincaillerie et les fermiers des environs installer des stands pour le marché.”

“Mais enfin, de quoi tu parles ? Tu divagues complètement !”

“Eumh, enfin, voilà,” sourit-elle niaisement en se mordant la langue. “Je ne connais pas encore bien la région… Et avec cette chèvre, nous n’étions pas aidées…”

“Caroline est folle,” répète Ann qui laisse traîner ses oreilles. “Maboule.”

Elle tapote son index contre sa tempe, étalant au passage de la farine dans ses cheveux noirs. Dehors, un grondement lointain résonne.

“Heureusement que votre frère était là ! Nous serions probablement encore dans les bois à l’heure qu’il est… Et nos voisins nous ont mis en garde, visiblement les routes ne sont pas très sûres, dernièrement… Dans notre malheur, point de brigand !” Elle prend une gorgée de thé pour s’obliger à se taire. “Merci pour le thé, il est vraiment très bon.”

Désormais qu’ils sont en pleine lumière (autant que peuvent éclairer les lampes à huile et les bougies), Blair constate un peu mieux la ressemblance entre Clyde et Allison. Elle l’avait sous-estimée à cause de l’obscurité. Leur lien de parenté ne fait aucun doute. Ce qui rendrait d’autant plus dérangeant ce qu’elle s’était imaginée un peu plus tôt.

“Vous semblez bien installés dans la région,” commence-t-elle autant à l’intention du frère que de la sœur. “Vous y vivez depuis longtemps ?”

Comme une cheffe d’orchestre, Allison cadre le rythme en cuisine. Ann, d’ordinaire si difficile à contenir, obéit sagement à chacune des indications données. Une pointe d’envie serre le coeur de Blair. Pourquoi cela semble-t-il si simple chez les autres ? Pourquoi pas chez elle ? Pourquoi ? Ses mains se serrent autour de la tasse. Jamais elle n’aurait réussi à faire ce gâteau, elle.

“J’ai hâte de le goûter,” sourit-elle aux enfants. “Mais… Je peux peut-être aider ? À peler les carottes, au moins ? J’avais promis mon aide en cuisine à monsieur King, en échange de son aide pour Caroline et Compote, et me voilà à vous observer, les bras ballants…”

Un craquement déchire le ciel et, moins d’une seconde plus tard, des torrents d’eau se déversent des nuages qu’on semble avoir brutalement éventrés.

“Eh bien, nous l’avons échappé belle,” murmure Blair en jetant un oeil par la fenêtre.
  





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Blair Smith
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