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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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Makoyepuk est modératrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Kilian, Ichabod, Amelia, Benicio et Howard. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Colorblind | ft. Clyde King (TERMINÉ)
Blair Smith
Blair Smith
Since : 07/08/2022
Messages : 67
Faceclaim : Rosamund Pike
Crédits : Me (signature) | Moi (avatar)
DC : Fifi & Riri
Colorblind | ft. Clyde King (TERMINÉ) B3i8
Age : 35 ans
Statut : Mariée (de circonstances) à Laurie Smith | Mère (d'emprunt) d'Ann
Job : Institutrice à Imogen
Habitation : Un petit appartement dans la rue principale d'Imogen
Lun 2 Jan - 17:09


Colorblind

@Clyde King


TW : Racisme - Disclaimer : je ne soutiens personnellement aucun propos tenus dans ce RP. Le terme "indien.ne" est raciste et n'est utilisé ici que pour illustrer la triste réalité de l'époque.

Lorsque le regard de Blair se pose sur William Lyster, Major de la 6ème infanterie et commandant de Fort Randall, elle se dit que si elle doit un jour personnifier la droiture, cette dernière aurait exactement la même figure.
Des cheveux grisonnants sont dissimulés sous sa casquette militaire d’un bleu sombre. Il a de courts, mais longs sourcils couleur de cendre où sont encore piqués quelques poils noirs, rehaussant un regard d’un bleu délavé, comme un tissu que l’on aurait trop souvent lavé. Malgré les rides qui strient son visage, il garde un air alerte et sa silhouette - encore svelte pour son âge - lui laisse songer qu’il n’aurait aucun mal à la battre à la course (même si l’exploit n’en serait pas tellement un, Blair n’étant pas une adversaire d’exception). Sa moustache épaisse est taillée au millimètre et lui donne un air sympathique ; un peu comme ces jolis chiens de terrier tricolore.
« Peut-être devrais-je le lui dire ? » songe la jeune femme tandis que Laurie retire son chapeau rond pour saluer le militaire. « C'est un compliment... non ? La figure de la justice évidement, pas le chien de terrier. Oh non non non, tais-toi donc Blair, c'est absolument bizarre de dire ça comme ça ! » À la place, elle rit à une blague que son monologue mental l'a empêchée d'écouter.
Le Major tourne vers elle une moue étonnée. Ses paupières se soulèvent sur ses yeux gris  « Oh zut, qu’est-ce qu’il a dit ? Pourquoi ai-je donc ri ? N’aurais-je pas pu me taire ? » Déjà, elle sent la panique lui serrer le coeur tandis qu’elle jette un regard affolé à Laurie. Malheureusement (ou heureusement), le Major ne réplique jamais, puisque Laurie enchaîne sans laisser au silence le temps de devenir embarrassant :

« Votre lettre indiquait un prisonnier agité. L’est-il toujours ? Ou s’est-il calmé durant ces cinq jours ? »

« Oh, amen, » prie Blair en jetant vers son mari un regard d’admiration dont seuls les chiens foncièrement loyaux envers leur maître sont capables.
Me commandant soupire en lissant ses cheveux en arrière. De la paume, il ajuste son chapeau. Une brise glacée fait frissonner la plume de geai mouchetée piquée dans l’ourlet. Ses sourcils poivre et sel fournis se haussent en une moue désabusée. Il donne l’air d’avoir échoué sur la côté après un ouragan.

« Il est infernal, » avoue-t-il d’une voix lasse. « Il a encore hurlé toute la nuit dernière. Et lorsqu’il ne hurle pas, il vomit quantité d’inepties… auxquelles il me semble bien qu’il croit. C’est bien cela qui m’inquiète. Il empêche mes hommes de fermer l’oeil. Et nous sommes censés le remettre en liberté sous peu… »

Il s’interrompt avant de lancer un regard perçant vers une petite maisonnette en bois, à côté de ce que Blair imagine être l’infirmerie du fort. Une croix rouge grossière a été peinte sur la porte.

Devant l’ombre de la chapelle un peu en retrait, les baraques des soldats s’entassent les unes contre les autres dans l’enceintes de pieux. Certaines sont plus larges que d’autres - sûrement celles des soldats mieux gradés - et dotées de petites barrières blanches pour délimiter un jardinet. Les autres consistent en de simple rectangles de bois trouées de minuscules fenêtres.
L’institutrice compte environ une dizaine de cabanes. Sur les dix, seules quatre semblent occupées. Les autres tombent en miettes. Quelques toits sont effondrés ; ils n’ont pas survécu aux jours pluvieux de novembre. Les peintures, autrefois blanches, s’écaillent pour laisser le bois noir et pourri apparaître sous le cache-misère. « Cinq cent hommes environ, » lui a appris Laurie lorsque, sur la route, elle lui a demandé combien d’hommes pouvaient vivre à Fort Randall. Aujourd’hui, il doit y en avoir à peine une centaine. D’ailleurs, certains sont dehors, le visage buriné et l’oeil trainant vers les quelques blanchisseuses qui s’usent les mains dans des sceaux percés.
Il y a quelques voix moribondes qui s’élèvent deçà, delà. Des bruits de mors mâchonnés par les chevaux. L’eau des blanchisseuses qui éclaboussent le silence de leur labeur. Le vent sifflant qui fait claquer le drapeau américain au sommet du mât.

C’est tout.

« Je me demande bien ce que fait mon épouse, » grommelle le Major Lyster en regardant, cette fois, à l’opposée du poste de garde, vers la maison la plus imposante du fort. « Ah, tenez, la voilà enfin. »

En effet, la silhouette de madame Lyster apparait, encadrée d’un homme et d’une petite fille. En dépit de son retard, son visage n’exprime aucune contrition si ce n’est celle des femmes sévères et implacables. Sa robe d’un violet sombre, même si elle est de bonne manufacture, est surannée. D’une autre époque. Les années (et la gravité) attirent la peau de son visage vers le bas, lui créant ainsi d’étranges bajoues au niveau des mâchoires. Elle a des airs de musaraigne avec son nez pointu.
Blair réprime un frisson et jette un coup d’oeil vers Laurie qui a déjà retiré son chapeau à nouveau.

« Madame Lyster, » la salue-t-il.

« Oh, vous devez être le docteur Smith ? » Sa voix est plus douce que ne le laisse présupposer son allure. Blair s’aventure presque à sourire sous ses joues rouges de réserve. « Celui qui a étudié en Europe, c’est ça ? » Son regard tombe sur l’institutrice. « Et vous êtes son épouse, madame ? »

« Oh, elle semble parfaitement charmante ! J’avais tort de m’en faire… Et dire que je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit. Blair, il faut arrêter de s’angoisser pour rien. Regarde donc, tout est parfait ! » s’enthousiasme Blair en acquiesçant.

« Oui, je suis enchantée de faire votre connaissance, madame Lyster, » la salue-t-elle en inclinant sa tête en avant.

Des poignées de mains sont échangées pour clore les salutations. Puis, madame Lyster reporte son attention sur la fillette qui, depuis le début de la conversation, s’est murée dans un silence inhabituel pour une enfant de son âge.

« Et vous, mademoiselle, comment vous appelez-vous ? » demande Blair et se mettant à sa hauteur.

« Leddie Schultz, » répond pour elle madame Lyster. Elle sourit sans que la chaleur n’atteigne ses yeux. « Je l’ai surprise en train de fouiller dans vos papiers, » informe-t-elle le Major. « Elle a reçu sa correction. Le Lieutenant Seay va la raccompagner chez sa mère. »

Son air bienveillant n’a pas quitté son visage. Leddie a toujours les yeux rivés au sol, focalisés sur ses petites chaussures usées et crottées. Elle doit avoir l’âge d’Ann, mais elles n’ont rien en commun. Ann brille comme un feu de joie, bavarde et vive tandis que Leddie ressemble à une bougie dont on aurait soufflé la flamme. Éteinte et morose.

« Très bien, » soupire à nouveau William Lyster en jetant un regard exaspéré vers la fillette. « Allons voir Fraser, docteur. Madame, je vous laisse vous occuper de madame Smith ? Lui présenter l’Association et ce que vous y faites ? »

Même si les augures s’annoncent prometteuses, la perspective d’être séparée de Laurie fait déglutir l’ancienne miss Bell qui se tort les doigts. « Du courage, Blair ! Elle ne va pas te manger allons. Tu vas peut-être même apprendre des nouveaux points de broderie. »

« Nous nous retrouvons dans une petite heure. Le temps de rencontrer le patient, d’accord ? » l’encourage-t-il avec un sourire.

Elle acquiesçe. Laurie, le Major, le Lieutenant et Leddie partent vers le poste de garde. Madame Lyster et Blair à l’opposé, en direction de la Maison.

« Mon mari m’a dit que vous étiez institutrice, » commence madame Lyster sans la regarder. « Vous n’avez donc pas d’enfant ? »

Un peu décontenancée, Blair cligne des yeux.

« Si, une petite fille de cinq ans. Elle est très éveillée, c’est un vrai bonheur ! »

Cette fois, c’est à madame Lyster d’être surprise.

« Et vous travaillez ? Avec une enfant à la maison ? »

Cette fois, Blair se sent s’empourprer.

« J-Je, euh… »

« Non, non, » se dépêche de la rassurer madame Lyster en posant sa main sur son épaule. « Chacun fait comme il l’entend, voilà tout. »

Malgré le sourire charmant de son interlocutrice, l’institutrice a l’impression que l’on a déposé une enclume au fond de son ventre. Elle ne peut s’empêcher de planter ses ongles dans ses paumes. Heureusement, elle a des gants.

Dans le hall de la Maison, une indienne* se dépêche de les accueillir. Blair écarquille des yeux à la vue de la native habillée comme une domestique.
Elle déshabille docilement la maîtresse de maison et entreprend de faire la même chose avec Blair.

« Porte donc cela dans la buanderie, Catherine. Voilà, c’est très bien, bonne fille. Le thé est prêt ? Madame Seay, madame Pryor et madame Philips sont arrivées ? »

« Oui, madame. Oui, madame. Oui, madame. »

« Oh et voilà mes gants… »

La voix de la jeune femme meurt sur le dernier mot. L’indienne a disparu dans les entrailles de la maison sans demander son reste. Plantée dans le hall avec ses gants, Blair se trouve bête. Par réflexe, elle les roule maladroitement en boule, dans l’espoir de les dissimuler dans son poing serré.

« Mesdames, voici madame Smith, l’épouse du psychiatre. »

Trois femmes sont déjà installées dans un petit salon sentant l’humidité et la rose. Elles se retournent d’un même mouvement pour observer la nouvelle venue. Blair a l’impression d’être un chihuahua faisant l’équilibre sur un cerceau en feu. L’envie ne lui manque pas de se jeter par la fenêtre pour s’enfuir.

Elle les salue d’un sourire maladroit.

Sur les trois, deux doivent avoir la cinquantaine. La dernière semble un peu plus jeune que Blair.

Les présentations faites - la plus jeune est madame Seay, l’épouse du Lieutenant que l’institutrice a aperçu plus tôt -, on s’installe autour de la table avant que l’indienne n’apparaisse à nouveau pour les servir en thé noir. Blair se concentre pour ne pas la dévisager. Son malaise doit être visible puisque madame Seay engage la conversation :

« Catherine a essayé de libérer Sitting Bull, il y a quelques années, » explique-t-elle comme si Catherine n’était pas là. « Maintenant, elle sert les Lyster qui ont eu la bonté de lui ouvrir le logis et de la baptiser. S’en est fini de danser avec les tambourins, n’est-ce pas, Catherine ? Elle sait très bien préparer le thé, maintenant. Ne pensez-vous pas que c’est admirable, madame Seal ? »

Dans un sourire, madame Seay prend une petite gorgée.

« O-Oui, oui, tout à fait. Vous êtes très charitable, madame Lyster. »

Elle n’a pas le courage de corriger madame Seay sur la prononciation de son nom. Elle n’a pas non plus le courage de dire la vérité : elle serait terrorisée à l’idée de vivre sous le même toit qu’une native. Elle sait de quoi ils sont capables. On le lui a dit. Toutes ces années, elle a même cru que Sam avait été assassinée par les indiens.

« Oh non, bien sûr que non, » s’empourpre soudain la maîtresse de maison. « Je n’ai fait que mon devoir. Cette femme avait besoin d’éducation et je suis ravie de l’avoir prise sous mon aile. »

Tandis que les compliments affluent pour faire gonfler sa modestie, Blair contemple à nouveau l’idée de déguerpir par la fenêtre. Il y en a d’ailleurs une grande qui donne sur le jardin. Quelques ouvriers… Non, quelques prisonniers y arrachent des mauvaises herbes et retournent la terre pour préparer le sol au printemps. Le temps sera bien long jusqu’au printemps. Aujourd’hui, il n’y a que des arbrisseaux et des buissons gris, marrons et morts.

« Sitting Bull était détenu ici ? » demande madame Pryor. « N’est-il donc plus là ? »

Madame Philips - sûrement la plus âgée de la troupe - éclate d’un petit rire en coupant en deux un biscuit.

« Bien sûr que non ! Il y a plusieurs années qu’il a été déplacé avec tous ses barbares à Fort Yates. Je l’ai vu danser lors du Wild West Show de Buffalo Bill, il y a… un an ? Deux ans ? J’ai même gardé une affiche du spectacle. Il n’y a pas si longtemps, il nous tirait dessus et maintenant il fait jouer de ses grelots pour deux sous ! Mon petit garçon a beaucoup ri. Ça me rappelle ce spectacle au début de l’année, vous vous souvenez ? »

« Mais oui, tout à fait ! »

Blair, elle, ne se souvient pas du tout pour la simple et bonne raison qu’en début d’année, elle épluchait encore des navets à Sunshine.
Incapable de participer à la conversation, elle se contente de hocher la tête et de froncer des sourcils en fonction de l’humeur générale, les mains entortillées dans les plis de sa jupe. Ses gants oubliés pèsent plus lourds que des pierres.

Sous la grande fenêtre, un homme - jusque là invisible - se redresse en essuyant son visage couvert de terre.

La bouche de Blair forme un « o » parfait. Ses yeux aussi.

« Vous avez vu un fantôme, madame Seal ? » rigole madame Philips et se retournant sur sa chaise pour voir l’objet de l’ébahissement de leur invité du jour.

Madame Philips fronce les sourcils. Blair baisse subitement la tête, accrochant ses yeux à n’importe quoi plutôt que le regard bleu de Clyde, de l’autre côté de la vitre. Malgré les gerçures qui lui mordent les lèvres et son visage éreinté, elle l’a reconnu.
Ses doigts se serrent autour de la fine tasse de porcelaine jusqu’à faire blanchir ses jointures.

« O-Oh, non, non pas du tout, » bredouille l’institutrice en tachant de recomposer son visage. « J’ai été surprise, voilà c’est ça surprise. Je ne l’avais pas vu et il est apparu soudainement… Voilà haha, c’est tout. »

« Jésus, mais qu’est-ce que c’est que ça ?! » Elle manque de s’étrangler dans son thé en tentant de se donner une contenance.
Madame Lyster prend en air ennuyé.

« Je crains que le jardin ne soit pas prêt pour la réception de demain… » s’inquiète-t-elle. « Peut-être devrais-je en parler à monsieur Lyster ? Il trouvera un moyen de les motiver ? »

Madame Pryor hoche la tête.

« Surtout celui-là. Il est nouveau, il n’est pas encore très habitué. »

Désespérée de se trouver quelque chose à faire plutôt que de lorgner Clyde avec des yeux de merlan frit, Blair croque dans un gâteau sec.  

« Votre thé est fini, mesdames ? Devrions-nous passer à la revue des menus de demain ? » change de sujet l’épouse du Major Lyster.

Sous le commandement, toutes se mettent debout en vérifiant la netteté de leur toilette.

« Oh non, pas vous madame Smith. Nous ne voudrions pas vous embêter avec ces histoires qui ne vous concernent pas. Vous ne serez pas parmi nous, demain, n’est-ce pas ? » Madame Lyster sourit. « Restez donc ici. Détendez-vous. Le voyage depuis Imogen n’est pas des plus paisibles. Retrouvons-nous dans le salon dans une heure, d’accord ? »

Et elles disparaissent dans le bureau adjacent, emportant avec elles leurs voix pour ne plus laisser que le silence et le tic-tac de l’horloge.

Seule, minuscule dans cette pièce, dans cette maison inconnue, Blair reste une seconde debout, incertaine de ce qu’elle devrait faire, avant de finalement se laisser retomber dans son fauteuil. Elle n’ose toujours pas regarder par la fenêtre.
Son thé est froid, maintenant.
Ses doigts tirent sur les gants qu’elle garde en boule dans ses mains. « Que devrais-je faire ? »

Elle relève la tête. Clyde est toujours dans le jardin de la Maison du Commandant de Fort-Randall. Il est toujours vêtu du pyjama noir et blanc des bagnards. Désormais qu’il s’est un peu éloigné, elle voit ses chevilles entravées par des chaînes.
Il lève les yeux à son tour et Blair se dépêche de regarder ailleurs. « Il m’a vue ? Il a vu que je le regardais ? Peut-être qu’il ne m’a pas reconnue. Voilà, c’est cela, il faut l’ignorer. » Silence. « Et s’il y avait méprise ? Non, c’est cela, il y a sûrement méprise. Il nous a aidées, Ann et moi, avec Caroline. Il nous a raccompagnées… » L’effroi se peint soudainement sur ses traits. « Que va-t-il lui arriver ? Vont-ils le… pendre ? » Elle a vu la potence à l’entrée du fort.

« Oh Seigneur, oh Seigneur, oh Seigneur, » martèle-t-elle tandis que ses pas la portent vers la grande fenêtre. Elle observe l’encadrement. Le bois à gonflé à cause de l’humidité. Il sent la vieille cave.
« Comment ouvrir ça, maintenant ? » Elle glisse ses doigts sous la partie amovible et pousse de toutes ses forces. La fenêtre gémit en coulissant et c’est tout le visage de l’institutrice qui grimace. Elle couine lorsqu’une écharde se plante sous l’ongle de son index. Les prisonniers jettent vers elle un regard circonspect. Le froid s’engouffre dans la maison.

« Oh oh oh, quelle chaleur ! » ment-elle fort en claquant des dents. « J’aère ! »

« Mon doigt ! » se retient-elle de pleurnicher en se mordant la lèvre. « J’aurais dû mettre mes gants, ils m’auraient servi à quelque chose finalement ! »

Après quelques secondes d’intériorisation de la douleur, elle s’assoit précautionneusement sur la causeuse en velours brun et prend la Bible qu’elle ouvre à une page au hasard.
Puis, elle jette un oeil dehors, à la dérobée, ouvre la bouche, puis la referme subitement lorsqu’elle se rend compte qu’un des prisonniers du fond l’observe en fronçant les sourcils. Elle se saisit de la Bible et la hisse à hauteur de fenêtre - une position particulièrement inconfortable pour lire -.

« Monsieur King, » siffle-t-elle en faisant mine d’être absorbée par le quatrième psaume de David. « Monsieur King ! »

De l'apprentissage d'un point de broderie à une conversation avec un prisonnier, il n'y a qu'un pas.


Blair Smith
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Clyde King
Clyde King
Since : 19/11/2019
Messages : 617
Name : Maëlle.
Faceclaim : Cillian fucking murphy.
Crédits : gifs signature par sparkling-lux.
DC : mila + cole + isaac + amitola
Colorblind | ft. Clyde King (TERMINÉ) 992e1b28aeabc748c0bb49537f71ac0b5102de06
Age : 36 ans.
Statut : Le cœur noyé dans le fond d'une bouteille de Gin.
Job : Homme de main pour les O'Reilly, gunslinger.
Habitation : Campement des O'Reilly, Moonstone Pond.
Disponibilité : 3/3
Dim 5 Fév - 22:10
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Appuyés sur la pelle qu’on lui a donnée, ses chaines tintent comme des grelots lorsqu’il lève une main pour se protéger du soleil. Du poignet, il essuie la sueur qui coule depuis son front jusqu’à sa mâchoire, la respiration haletante. Attiré par du mouvement sur sa droite, Clyde jette un coup d’œil vers la fenêtre, croisant sa propre trogne émaciée sur le verre reflétant la lumière du jour. Pendant une petite seconde, il croit voir un visage familier derrière son propre regard. Il reste stoïque, incapable de savoir s’il hallucine ou non – après tout, ça ne serait pas la première fois que son sevrage forcé lui fasse voir des choses insensées.

« Hé toi! On s’magne! », lui hurle un officier en le voyant soudain immobile.

Les yeux plissés, la bouche entrouverte, Clyde regarde autour de lui avec un regard circonspect, se donnant volontairement l’air abrutit, avant de se remettre au travail. L’officier grogne, mais n’insiste pas - King pourrait presque l’entendre penser “qu’il est con celui-là”.

« Fait attention »
, marmonne Dmitri en envoyant valser une botte de terre derrière son épaule. « Tu pas étre discret…». Clyde se contente d’hausser les épaules, préférant rester silencieux en plantant sa pelle dans le terreau.  Il n’a pas articulé un mot depuis qu’il a retrouvé ses esprits - autant parcequ’il n’a rien à dire, que parceque le manque consomme toute son énergie. A cet instant, il donnerait cher ne serait-ce que pour une cigarette. Chaque geste, chaque pas, chaque pensée lui semble terriblement difficile et laborieuse.

« Celles à elles, c’est pas pour toi - ni pour moi… J’ai bien essayé, la Seay là, elle d’mande que ça… »,
dit le jeune slave en callant le manche de sa pelle sous son coude, avant de venir entourer ce dernier de son pouce et de son index, de façon obscène. Clyde ne peut s’empêcher de souffler par le nez, réprimant un rire. «…mais elle’s’croient trop bien pour les pauvre types comme nous, alors que si elles savaient… moi suis pas difficile, j’différencie pas l’cul d’une pute et c’lui d’une bourgeoise… ». Si Clyde reste apathique, par chance, Dmitri sait faire la conversation pour deux. Il essaye tant bien que mal de lui arracher un rictus, s’efforce de rendre son séjour à Fort Randall plus… supportable. S’il sort à peine sorti du berceau, il semble avoir passé sa vie au fort. Par un minuscule trou dans le mur entre leurs deux cellules, il lui raconte la vie du fort, détaillant religieusement qui est marié avec qui, qui couche avec qui (Clyde à découvert avec surprise que l’un ne s’aligne absolument pas sur l’autre), et qui il est bon d’avoir dans sa poche. King ne sait pas vraiment pourquoi il s’acharne à lui parler. Peut-être qu’il est atteint d’ivresse verbale ? Ou tout simple qu’ainsi ils s’empêchent l’un et l’autre de devenir fous ?

C’est également lui qui lui à vaguement expliqué la raison pour laquelle il se retrouve à retourner la terre du jardin de la maison du Commandant du fort. « Une récépetion », lui a avoué le captif en croisant son regard hagard face aux bottes de géraniums et autres plantes fleuries, «…les bonnes femmes ont qu’ça a faire ici, jouer les grande dames com’ si elles vivaient pas au milieu des bagnards et des fous furieux ». Pourtant, Clyde peut les comprendre - un semblant de normalité dans ce monde de fou, c’est bien la moindre des choses auquel elles peuvent aspirer.

« Profite donc d’étre dehors, c’ést p’t’etre la derniére fois qu’tu prends l’air avant l’grand jour ! », conclu le Russe en lui offrant un coup de coude affectueux, qui fait tintinnabuler ses chaines.

Au-delàs de la satisfaction de retrouver la lumière du jour, cette sortie s’avouait surtout étre une bonne opportunité pour Clyde de découvrir Fort Randall de l’intérieur - d’y trouver les failles du système. Car qui dit réception dit mouvement, qui dit également agitation pouvant lui servir de couverture pour mettre les voiles.

Perdu dans ses pensées, il n’avance visiblement pas assez vite pour l’officier, car celui-ci lui donne un coup dans l’épaule du bout de son fusil ; « Plus vite que ça ! ». King manque de trébucher mais se rattrape sur son camarade, non sans provoquer une vague de protestation chez ce dernier. « Fait attention », maugrée Dmitri, son fort accent russe résonnant dans la cour. « La ferme », ordonne l’officier en les affublant d’un deuxième coup, cette fois en plein milieu du dos. Tête baissée, le regard rivé sur les chaines entravant sa marche, Clyde note mentalement de penser à lui en coller une avant de partir.

« J’vais pisser un bol, si les rododridro… rododin… si ces putain d’fleurs sont pas dans l’partère quand j’reviens, vous allez passer un sale quart d’heure ! », somme le soldat en ponctuant ses ordres d’un mollard dirigé vers la terre retournée que brassent les détenus.
Alors qu’ils s’éloignent, le groupe de bagnard semble se détendre légèrement. D’autres sentinelles les gardent certainement en joue depuis les différentes tours de garde – mais ils sont trop loin pour leur hurler dessus. Clyde relève la tête au même moment, imitant les autres. Il remarque alors que tous les visages sont tournés dans la même direction. Une fenêtre vient de s’ouvrir dans la maison du Commandant. Dmitri fronce les sourcils, en marmonnant : « C’qui celle-là ? », son regard mi curieux, ni inquiet.

« Monsieur King… Monsieur King ! »

Clyde se raidit. Il n’a donc pas halluciné. Son codétenu lui lance un regard surpris, avant d’écarquiller grand les yeux. Sa bouche s’entrouvre, dessinant un « O » parfait, mais Clyde l’arrête en plaquant une main calleuse sur ses lèvres gercées. Il penche la tête, le défiant du regard de dire tout haut ce qu’il pense. Le slave hoche alors doucement le menton, non sans laisser à King le plaisir de découvrir un rictus amusé lorsqu’il éloigne sa main de son visage ragoutant.

D’un geste de la main qui intime le bagnard à la couvrir, il attrape une grappe de rhododendrons, et s’approche de la fenêtre. Il s’accroupit lors, pour faire mine de composer un arrangement floral juste sous ladite ouverture. Après s’étre raclé la gorge, il dit assez fort : « Miss Smith ? Que diable faites-vous là ? ». Creusant un parterre du bout des doigts, il ajoute : « Si on vous attrape à parler avec moi… », il hésite quant à la fin de sa phrase – il aura plus de problèmes qu’elle, ça c’est certain. Mais Blair lui apparait également comme une chance de se tirer du fort plus vite que prévu. « Vous êtes seule ? ».


(c) AMIANTE

Clyde King
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Sam 11 Fév - 22:54


Colorblind

@Clyde King


Jamais Blair n’a été aussi nerveuse en lisant la Bible. Quand je crie, réponds-moi, Dieu de ma justice ! Quand je suis dans la détresse, sauve-moi ! Les mots s’alignent et se mêlent avec ses propres suppliques mentales. Pitié pitié pitié, que mesdames Lyster, Seay et Philipps ne reviennent pas tout de suite ! Elle surveille les bruits de cette maison qu’elle ne connait pas ; chaque craquement manque de la faire sursauter.
Sous la fenêtre, elle entend les prisonniers bêcher la terre froide et glacée. Puis, plus près d’elle, le bruissement des chaînes qui s’entrechoquent. Et une voix. Ses yeux ne se détournent pas de sa lecture. Aie pitié de moi, écoute ma prière ! Oh oui, faites que personne ne nous voit  ! Ses mains serrent si fort la couverture que la pulpe de ses doigts blanchit. L’écharde coincée sous son ongle la fait grimacer.

« C-Ce que moi, je fais là ? » bégaye-t-elle, prise au dépourvu. « Mon mari est venu ausculter un prisonnier sur demande du Major Lyster et moi je suis venue apprendre un nouveau point de brod- »

Elle secoue la tête devant l’absurdité de la situation.

« Mais et vous ? » s’interrompt-elle. « Vous êtes… Qu’est-ce que… Que diable faites-vous là ? »

Son regard s’aventure au-delà de la Bible. Monsieur King est accroupi dans la terre, en uniforme de prisonnier à planter des rhododendrons pour la fête de madame Lyster. Légèrement en hauteur, elle ne voit pas son visage, mais le sommet de sa tête brune. Dans le jardin, des paires d’yeux curieux - les autres condamnés - l’observent. Elle s’enfouit à nouveau le visage dans le psaume en se maudissant pour son absence de discrétion.

« Il n’y a que moi pour l’instant, » chuchote-t-elle après quelques secondes. « Mon mari est avec le Major. Et mesdames Lyster, Seay et Philipps se sont isolées pour parler de la fête. »

Une ombre - qu’elle n’a pas remarquée jusqu’alors - la fait sursauter avec un glapissement de surprise.

« Madame Smith. Souhaitez-vous du thé ? »

Catherine est debout à côté d’elle, dans sa robe noire et austère. Sa voix hache menue les mots, comme si elle les prononçait sans en comprendre le sens. Ses cheveux sombres sont tirés en arrière en un chignon serré, dégageant un visage anguleux et des yeux en amande. A-t-elle entendu ? Depuis quand est-elle là ? Pourquoi ne l’a-t-elle pas remarquée avant ? A-t-elle vue monsieur King, tapi sous la fenêtre ?
Blair blêmit. Son coeur s’emballe ; elle le sent battre contre ses tempes et jusqu’au creux de son ventre.

« O-Oh Catherine ! » s’exclame-t-elle faussement après un temps d'attente beaucoup trop long. « J’étais si plongée dans ma lecture que je ne vous ai pas entendue… Mais euh oui, bien sûr, merci beaucoup. »

Elle tend la main pour attraper sa tasse, mais elle tremble si bien qu’elle la laisse prestement retomber pour l’enfouir dans les plis de sa robe qu’elle sert jusqu’à sentir ses ongles à travers le tissu.

Sans rien laisser paraître, la native s’empare de la tasse et tourne les talons, aussi silencieuse qu’une petite souris. La porte se ferme doucement dans son dos.  

« Oh mon Dieu, oh mon Dieu, oh mon Dieu, » marmotte-t-elle, fébrile. « Monsieur King, c’était la domestique. Je… »

Les yeux rivés sur l’entrée du salon, elle s’attend à voir débarquer le trio féminin à tout moment.
Les minutes s’égrainent silencieusement. Puis, des pas légers résonnent dans le couloir.

« F-Fils des hommes, jusques à quand ma gloire sera-t-elle outragée ? » récite Blair d’une voix tremblante. « Jusques à quand… Ah Catherine ! C’est mon passage préféré. »

Elle tapote de l’index sur la page. L’indienne* dépose une tasse de thé fumante devant elle, ainsi que la théière sur un petit plateau argenté.

« Je vous laisse la théière, » l’informe-t-elle de sa voix neutre et tranchante. « Pour que vous n’attrapiez pas froid. »

Elle jette un regard vers la fenêtre ouverte. L’air glacé fait onduler les rideaux.

Blair lui offre un sourire si crispé qu’elle craint que ses dents ne se brisent tant elles sont serrées. Ses joues lui font mal. Elle est si nerveuse qu’aucun son ne parvient à jaillir de sa gorge, si ce n’est un petit gloussement contrit.
La domestique s’en retourne à ses taches sans un mot de plus. Blair a envie de se décomposer.

« J-Je crois qu’elle ne vous a pas vu, » reprend-t-elle après avoir attendu assez longtemps pour être certaine qu’elle ne reviendra pas. « Elle doit me prendre pour une folle. Mieux vaut ça que la vérité… Qu’arrivera-t-il si… ? »

« Et si monsieur King est pendu à cause de toi ?! » L’idée semble incongrue, mais pas pour Blair qui s’horrifie derrière sa Bible.

Son regard manque à nouveau de glisser vers le prisonnier et ses compagnons d’infortune, mais elle se reprend juste avant que ses yeux ne débordent. Elle tremble toute entière de froid, mais également de se savoir scrutée par des voleurs et des meurtriers. Elle se sent parfaitement vulnérable, coincée entre madame Lyster et ses acolytes qui menacent de reparaître à tout moment et les prisonniers qu’elle s’imagine déjà grimper par la fenêtre pour lui faire la peau. « Mais il y a un gardien, enfin Blair, » tente-t-elle de se rassurer. Sauf que la présence du gardien n’a absolument rien de rassurant puisqu’il pourrait la surprendre en train de tailler la bavette avec un condamné.
Pourquoi a-t-il fallu qu’elle se mette dans le pétrin ?! De s’imaginer au chaud au fond du salon, paisible avec son point de croix, lui brûle mieux la gorge que le thé.

« Q-Que se passe-t-il ? » demande-t-elle finalement. « Et à quoi êtes-vous… Que doit-il… ? Depuis quand… ? Êtes-vous innocent ? C’est sûrement une erreur ! Je peux en parler… Pour vous aider ? Au Major ? À mon mari ? »


*Terme raciste, utilisé ici simplement pour calquer à la réalité de l’époque et aux préjugés du personnage sur les autochtone



Blair Smith
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Clyde King
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Ven 11 Aoû - 11:01
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Clyde réfléchit rapidement. La situation est délicate et risquée. Les événements se sont précipités bien plus vite qu'il ne l'aurait imaginé - il est partagé entre l'envie de saisir cette opportunité pour s'échapper, et la prudence nécessaire pour ne pas aggraver sa situation, pour ne pas mettre en danger Miss Smith. Le gardien semble encore loin, mais il ne peut pas prendre de risques inconsidérés.

Il réajuste sa position, s'accroupissant un peu plus bas pour qu'on ne puisse pas le voir de la fenêtre. Il murmure à Blair d'une voix à peine audible : « Calmez-vous, Miss Smith. Il faut rester discret. », et se passe la main sur le visage, faisant s’entrechoquer ses chaines, essayant de rassembler ses pensées dans la situation chaotique.

De l'autre côté, King entend les bruits de pas dans le couloir s’intensifiés. Il assiste ensuite à la mascarade de Blair, immobile entre les rhododendrons, prêt à prendre la poudre d’escampette.

« Q-Que se passe-t-il ? » demande-t-elle finalement. « Et à quoi êtes-vous… Que doit-il… ? Depuis quand… ? Êtes-vous innocent ? C’est sûrement une erreur ! Je peux en parler… Pour vous aider ? Au Major ? À mon mari ? » .

Clyde se fige lorsque les pas s’éloignent à nouveau. Il sait qu'il doit agir vite.

« Écoutez, Mme Smith. Je ne peux pas vous demander de prendre des risques inconsidérés. Vous devez agir comme si rien ne s'était passé. Faites en sorte que les femmes à l'intérieur ne vous trouvent pas ici en train de parler avec moi. Si vous voulez vraiment m'aider, essayez de rassembler des informations sur le plan de sécurité du fort, les rotations des gardes, tout ce qui pourrait m'être utile pour m'évader…»


Il n'a pas le temps de dire plus avant d'entendre des voix de femmes justes à l'extérieur d’une autre fenêtre. Clyde reste accroupi, le souffle court. Il attend patiemment que les femmes s'éloignent, puis se redresse lentement. Le vent froid lui fouette le visage alors qu'il prend une profonde inspiration et commence à élaborer un plan pour mettre en œuvre les informations que Blair pourra peut-être lui fournir.

« …si vous pouviez m’envoyer un ouvre lettres, ou des ciseaux de couture, je vous en serais particulièrement redevable », ajoute-t-il en observant le travail ridicule qu’il a fait en plantant ces pauvres fleurs.


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Mer 23 Aoû - 0:04


Colorblind

@Clyde King


On croirait leurs rôles inversés ; aux gesticulations affolées de Blair, monsieur King oppose un calme serein, presque olympien. Comme s’il n’était pas agenouillé sous une fenêtre, en tenue de prisonnier, en train de gratter la terre gelée en attendant d’être pendu. “Comment peut-il être si paisible ?” songe l’institutrice en claquant des dents. “Il n’y a qu’une foncière et profonde honnêteté et l’assurance de son innocence qui peut conférer une telle confiance.”
Leur discussion attire quelques regards désormais circonspects de la part des camarades d’infortune de l’écossais. La jeune femme se tasse un peu mieux contre le dossier de son fauteuil, sa bible comme bouclier. Son regard ne cesse d’aller à la porte, craignant de découvrir ses hôtesses (ou Catherine) dans l’embrasure.

Les demandes de monsieur King lui semblent aussi faciles à compléter que de faire une semaine de quatre jeudis. Des sueurs froides lui montent à la tête. Elle tire sur son corsage. Dans quoi s’est-elle embarquée ? Alors qu'il aurait suffit de tenir cette fenêtre fermée.

“Des plans de sécurité ?” manque-t-elle de s’exclamer d’une voix un peu trop forte. Regard vers la porte. “Les rotations des gardes ?” reprend-elle plus bas. “M-Mais enfin…”

Le simple fait de s’imaginer fureter à Fort Randall comme une criminelle lui donne la nausée. Blair a assez de son faux diplôme d’institutrice pour la tenir éveillée la nuit ; elle ne tient pas forcément à allonger son palmarès.

“Oh, mais des ciseaux de couture ! Ça, j’en ai,” s’émerveille-t-elle de servir à quelque chose.

Elle ouvre son nécessaire à couture - une petite boîte rose et ronde qu’elle a décorée d’un coquelicot brodé - et en sort un rouleau en cuir souple qu’elle déploie. Épingles, fils multicolores, bobines, aiguilles et petits ciseaux y sont soigneusement accrochés. Il y a aussi un mouchoir blanc qu’elle a commencé à orner du prénom d’Ann.

“Le voilà.” Elle le sort de son fourreau d’un mouvement expert. Son geste reste suspendu, pourtant. Puis, avec un froncement de sourcil, elle vient le serrer contre sa poitrine.

“Vous… Vous ne m’avez pas répondu, tout à l’heure… Êtes-vous innocent ?” chuchote-t-elle.

La réponse qu’elle obtient n’est pas celle qu’elle espère puisque à sa question rétorquent des éclats de voix joyeux provenant du couloir.

Blair se lève d’un bond. Le ciseau s’échoue sur le parquet avec un bruit métallique, le nécessaire à couture à sa suite.  

“Les voilà !” panique-t-elle. “Bonté divine !”

Elle regarde monsieur King, les yeux écarquillés par l’urgence. C’est la première fois qu’elle le regarde en face depuis le début de leur conversation. Il a le visage maigre et les joues creusées. Ses cheveux sales tombent en mèches désordonnées contre son front blanc. L’immensité de ses yeux bleus ressort d’autant plus, comme la relique inchangée de l’homme qui l’avait aidée l’été dernier.
Sauf qu’aider quelqu’un à s’évader de prison n’a rien à voir avec le fait de retrouver une chèvre égarée.

“Restez-là,” lui dit-elle. “Ne bougez pas. Je... Je vais vous aider.”

Blair appuie ses mains contre la fenêtre pour tenter de la fermer. Elle ne bouge pas d’un iota, obstinée à rester coincée.

“Oh allez, s’il te plaît !” supplie la jeune femme en poussant de toutes ses forces. “Ferme-toi… Juste un peu… Allez !”

Avec un gros grincement, la guillotine s’abat enfin. Ce n’est pas une nuque qui l’attend au bout de sa course, mais une phalange.

“Ah !” s’écrit-elle de surprise (d’abord) avant que ses geignements ne se transforment en glapissements.

La douleur trouve sans mal son chemin le long de son bras avant d’éclater à ses tempes et derrière ses yeux. Elle les ferme d’ailleurs en se mordant la langue avant de, par réflexe, tirer sur sa main pour la sortir de ce mauvais pas.
Avec l’élan, elle trébuche en arrière, renverse la tasse de thé froid à moitié vide, et ne doit son salut qu’à la mignonne table de lecture en marqueterie qu’elle aurait très certainement admirée dans d’autres circonstances.

“Aïe…” se plaint-elle, les larmes aux yeux. Le bout de son index gonflé est désormais pelé. Des gouttes de sang tombent sur les lattes humides.

La porte s’ouvre avec fracas.

“Madame Smith !” s’inquiète madame Lyster. “Nous avons entendu un cri… Seigneur, est-ce que tout va bien ? Mais qu’est-ce qu’il fait froid ici !”

Derrière elle se déploient mesdames Seay, Philips et Pryor qui jaugent la scène d’un seul regard.

“Je suis navrée, je suis désolée,” se confond Blair en excuses. “L-La euh… La tête me tournait, alors j’ai ouvert la fenêtre… J’ai eu du mal à la refermer et… Oh non, votre tasse !”

La porcelaine délicatement décorée de roses au rouge passé est fendue. La anse est allée voler un mètre plus loin et s’est échouée sur les franges du tapis.
Bredouillant de nouvelles excuses, l’institutrice se dépêche de reconstituer le corps et de ramasser son nécessaire à couture.

“Vous saignez sur le tapis !” s’offusque madame Seay.

Derechef, Blair serre son index dans son autre main. Le contact avec sa peau la fait grimacer.

“Je suis absolument désolée, je le nettoierai moi-même, je vous rachèterai une tasse, je…”

Madame Lyster s’approche pour aider l’ex miss Bell à se redresser. Son visage dur se fend d’un sourire amical, presque maternel.

“Ne vous tourmentez donc pas pour si peu !” la rassure-t-elle. “Catherine est là pour ça. Et ces tasses sont des vieilleries, de toute façon. Votre doigt, est-ce que ça va aller ?”

La gentillesse de l’épouse du Major lui serre le cœur.

“Je suis désolée…”

Elle balaie ses excuses d’un revers de main.

“N’en parlons plus.” Elle se saisit d’une clochette dorée posée sur la cheminée. “Catherine va s’en occuper.”

La domestique se présente si rapidement qu’on aurait pu la croire patientant derrière la porte. Les ordres donnés, elle se met à la tâche tandis que les dames se réinstallent autour de la table. Blair ne peut s’empêcher de jeter un regard désolé vers la pauvre Catherine. “C’est de ma faute.” Mais elle n’est pas assez courageuse pour aller l’aider à réparer son propre bazar.

“Au moins, le menu est prêt !” s’enthousiasme madame Pryor. “Cette réception s’annonce tout bonnement grandiose !”

Elles acquiescent tranquillement, avec la sérénité fatiguée des ouvriers en fin de journée. Blair se retient de regarder vers la fenêtre, là où elle sait monsieur King tapi silencieusement. Un fin filet d’air parvient encore à se glisser jusqu’à elle pour lui chatouiller la nuque. L’index toujours serré dans sa main, elle se convainc de se jeter à l’eau, mais à chaque fois qu’elle croit le moment venu, elle se dégonfle comme un sac de riz qu’on aurait troué.
Catherine continue à frotter le sol.

“J’ai invité quelques femmes d’officiers,” poursuit madame Lyster en reprenant une liste. “Madame Moore ne pourra pas venir. Une de ses filles a attrapé la tuberculose.”

“Encore ?!” s’étonne madame Philips. “Elle qui avait tant envie de voir le Fort… C’est une grande injustice que voilà.”

“Les invités n’ont-ils pas peur du Fort ?” demande brusquement Blair. “Les prisonniers sont jusque sous vos fenêtres…”

Les bêches tapent violemment le sol froid.

“Les rondes doivent être régulières…” Blanc. “Non ?”

Toutes les quatre froncent les sourcils d’un même mouvement et toisent Blair avec étonnement. “Ça y est, elles savent,” se morigène-t-elle en serrant plus fort son index blessé. “Les prisonniers peuvent laisser leurs rhododendrons, c’est moi qu’on enterrera dans ce jardin ! Tu aurais dû te taire ! Et il ne t’a même pas dit s’il était innocent !”

“Mmmmh,” madame Lyster réfléchit en portant la tasse fumante à ses lèvres. “La plupart de nos invités viennent eux-mêmes d’autres Forts. J’imagine qu’ils ont l’habitude.”

Madame Seay éclate d’un petit rire cristallin.

“Et que voulez-vous qu’ils fassent ? Ils sont entourés de soldats armés jusqu’aux dents qui font des rondes toutes les heures !”

Elle plisse ses petits yeux verts dans un froncement de nez.

“Vous tremblez comme une feuille, madame Seal. Craignez-vous donc tant que ça ces voyous ?”

“Un peu,” admet-elle sans mensonge. Elle baisse son nez pour se noyer dans sa tasse.

Par chance, madame Philips qui, elle, n’en a pas du tout peur, des voyous, se lance dans une histoire rocambolesque de braquage de diligence où son mari et elle ont participé en tant que victimes, mais également en tant que héros. “Est-ce que monsieur King a bien entendu ? Faites qu'il ait bien entendu, je vous en prie.”

Après une demi-heure de discussion (le sujet étant revenu à la broderie), Catherine se présente à nouveau en annonçant que monsieur Smith attend son épouse.
Blair retient un soupir soulagé en se redressant.

“Mesdames, madame Lyster, ce fut un plaisir,” sourit-elle, un peu gauche en sortant de table.

“Ah, ne partez pas sans votre nécessaire !” lui rappelle la femme du Major.

Le choix qu’elle a repoussé depuis l’arrivée des quatre cavaliers de l’Apocalypse lui tombe dessus comme la misère sur le pauvre homme.

Avec des remerciements, elle s’empare de sa petite boîte ronde laissée dans la précipitation sur le rebord de la fenêtre. À côté, les petits ciseaux dorés brillent comme un couteau.
D’un geste vif de la main, elle les envoie valdinguer sous la petite ouverture.

Elle regrette instantanément ce qu’elle a fait.

“Alors, comment était-ce, cet après-midi couture ?” l'accueille Laurie en lui présentant son bras.

Blair s’en saisit comme une noyée à une planche.

“C’était très bien,” ment-elle. “Vraiment très bien.”

Son faux diplôme vient de se faire un nouvel ami ; voilà une nouvelle raison de rester éveillée en suffoquant au plus noir de la nuit.

Le petit lancé de dé héhé:



Blair Smith
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