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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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Clyde King est la fondatrice du forum ! Elle se genre au féminin et ses autres comptes sont : Isaac, Mila, Amitola et Cole. PROFIL + MP
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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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The sun rose slowly (Blair)
Charles Beaver
Charles Beaver
Since : 29/07/2023
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The sun rose slowly (Blair) 460a1e8e099949df01fa4811e33533eed8668036
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Statut : Type plutôt important dans la région
Job : Conducteur de travaux à la scierie
Habitation : Le ranch des Beaver, dans la pinède et proche d'Imogen
Jeu 17 Aoû - 20:01
“The sun rose slowly
as if it wasn't sure it was worth all the effort.”

“- Un dernier verre Sam !

- Mais c’était le dernier verre il y a déjà deux verres … » Voulu négocier Sam dans un soupir. Il s’acharnait à essuyer de la vaisselle déjà propre pour faire mine d’être occupé. Il avait réussi à mettre dehors les derniers clients depuis plus de trente minutes. Il aurait dû fermer il y avait plus d’une heure et demie. Ne restait plus le fils du maire qui avait du mal à décrocher du bar, mais rien de nouveau depuis un an. C’était la troisième fois qu’il lui racontait une histoire de coude dans les dents et de citronnade sur la robe. Et à chaque fois, il avait réussi à insulter les boissons servies dans l’établissement d’Imogen en chantant les louanges de grappes ou Dieu seul savait quoi. Si c’était du raisin qu’il voulait, il pouvait bien aller le chercher en France bougonnait Sam dans sa barbe.

« Oui, mais là c’est vraiment le dernier verre. » Charles se redressa difficilement sur son tabouret, les mouvements rendus pataud et lourd par l’alcool, pour s’avachir à moitié sur le comptoir. Il fit tambouriner ses doigts contre son verre vide, les sourcils hauts sur son front et un grand sourire aux lèvres qui lui pinçait les joues rondes rongées par une barbe mal taillée. « Tout à l’heure j’ai dit ça pour t’avoir. Pour te faire croire que j’allais p…partir après. J’en avais pas l’intention. Mais là… cette fois je te jure que c’est vraiment le dernier, d’accord ? Pour de bon. » Charles laissait traîner ses s et avait un drôle d’accent aussi lourd et lent que ses mouvements. Il poussa un peu plus son verre vers Sam. Il le poussa tant et si bien que le verre tomba au sol. Bonk. Et roula par terre. Charles ne pouvait pas le voir mais il planta ses yeux bleus dans le regard plus brun de Sam. Ses lèvres pincées dans des excuses silencieuses. « S’il te plait. Le dernier. » Le long et profond soupir de l’homme derrière son comptoir accompagna son geste alors qu’il se penchait pour récupérer le verre à ses pieds. Sam était un brave type et c’était peut être son principal défaut. Souvent il pensait plus au bien d’autrui qu’au bien de son établissement. Tout le monde l’appréciait bien à Imogen et c’était une bonne chose parce que c’était important pour un actionnaire d’un débit de boisson. Mais sa petite Rosalie l’attendait à la maison. Elle était déjà passé deux fois pour le chercher et devait fulminer de ne pas le voir rentrer.

« - Ecoute Charles. Regarde ce qu’on va faire…

- Je le bois vite. Je te fais un tour de magie. En cinq minutes c'est plié.

- Prends la bouteille pour chez toi, d’accord ? Je la met sur ta note. Mais prends la bouteille et bois-la tranquillement sur la route. » En réalité, ce n'était pas un deal très arrangeant pour Charles. Après tout, il avait tout ce qu’il fallait pour se retourner la tête dans la cave de son père. Il cherchait plus la compagnie que la boisson puisque s’en procurer n’était pas un problème. Sam se mordit l’intérieur de la lèvre. « Super idée. » Mais Charles était bien trop ivre pour réfléchir à tout ça et le marché lui sembla très raisonnable.

Charles se retrouva en un rien de temps debout avec une bouteille d’alcool entre les mains et poussé prestement vers la sortie. Il balbutiait ici et là quelques rassurances vis-à-vis de Sam et Sam le coupait pour le presser dehors. (« Ne t’inquiète pas, je te paie dès demain. » « Oui, oui. Je ne m’inquiète pas du tout, va. Aller ! Bon retour ! » « Dès demain ! Ou après-demain si… attend mais je crois… je peux te p-» « Non Charlie, demain c’est très bien. Rentre te coucher, il est tard. Bonne nuit. ») Charles était peut-être très souvent complètement ivre mais il réglait toujours ses dettes. Il fallait bien lui concéder cette qualité.

La chaleur était écrasante dehors et Charles se retrouva assoiffé, la bouche pâteuse et la gorge sèche comme les plaines du Nevada. Du sable s’écoulait dans sa gorge à chaque bouffée d’air chaud qu’il prenait. « De l’eau… Un bain.» Il fallait qu’il trouve de l’eau et qu’il aille se tremper la nuque. Il y avait une petite rivière que le soleil avait réduit en ruisseau pas loin de la ville. Il suffisait de s’en éloigner de quelques kilomètres et c’était à peu près dans la direction du ranch Beaver.

Charles se mit en route, tenant fermement contre lui la bouteille que Sam lui avait donnée. Il ne marchait pas tout à fait droit mais avait le cœur bourré de motivation. Il s’arrêta bien vite pour froncer le nez et les yeux. Il avait cru voir des ombres s’agiter à quelques pas de lui. Un glapissement de terreur s’était retrouvé avalé dans sa gorge. Il transpirait davantage. « Eh ! » Sans lâcher sa bouteille, il se mit à tâter sa ceinture en espérant avoir amené son arme avec lui. C’est qu’un vagabond tueur de prostituées courait encore libre dans la nature et que selon la nature de cette ombre il pourrait soit avoir besoin de défendre sa vertu soit avoir besoin de rassurer et protéger une pauvre innocente. « Eh oh ! J’ai une arme... Tout va bien !» Charles lança quelques coups d’œil fiévreux aux buissons ou se cachait son monstre alors qu’il essayait de dégainer son colt sans faire tomber sa bouteille. Cela lui prit plus de temps qu’il ne le pensait. Il avait l’impression de se mouvoir au ralenti, ses bras tirés par des poids invisibles. Alors qu’il était simplement ivre. « Regardez… » Il lui sembla deviner une toute petite silhouette qui s’éloignait dans la pinède qui devenait de plus en plus dense et de plus en plus ténébreuse. Petite comme une chèvre. Et il lui sembla qu’elle avait fini sa course à quatre pattes. C’était peut-être vraiment une chèvre. Ou un gros chat. Son cœur battait la chamade alors qu’il ne s’était rien passé, mais personne n’aimait les rencontres nocturnes.

Le calme était revenu sur la ville et la forêt. Une petite brise d’air frais vint même mettre le point final à cette drôle de rencontre dans la nuit, comme une bise délicate sur la joue. Trop délicate. Charles hésita à retourner sur ses pas, à prévenir Sam que le vagabond enragé était peut-être de retour et qu’il était vraiment très petit. Ou alors que s’en était un nouveau.

Charles se retourna brusquement et poussa un hurlement de terreur perçant alors qu’il fit un bond de côté. Son colt lui échappa des mains et se retrouva dans la poussière. Il posa la main à sa poitrine, agrippant sa chemise trempée de sueur et se plia en deux pour reprendre son souffle alors qu’il reconnaissait finalement le visage de l’institutrice. « Nom de Dieu de- Désolé ! Sainte Mère de petit Jésus … vous m’avez fait peur. » Au moins il avait un minimum désaoulé. « J’vous ai pris pour un tueur de-de femmes. » Il ne voulut pas heurter la sensibilité de la demoiselle en mentionnant des travailleuses du sexe.


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Charles Beaver
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Blair Smith
Blair Smith
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The sun rose slowly (Blair) B3i8
Age : 35 ans
Statut : Mariée (de circonstances) à Laurie Smith | Mère (d'emprunt) d'Ann
Job : Institutrice à Imogen
Habitation : Un petit appartement dans la rue principale d'Imogen
Ven 18 Aoû - 23:22
“The sun rose slowly
as if it wasn't sure it was worth all the effort.”

Blair ne savait pas l’heure qu’il était lorsque le chien se mit à aboyer.
Elle se réveilla, déboussolée, avec le cœur qui battait la chamade ; comme lorsque l’on sort d’un mauvais rêve dont il est impossible de se rappeler.
En plus des jappements, la rue palpitait d’une vie nocturne propre aux étés étouffants, et ce qui lui semblait lointain durant son sommeil l’ébranla aussi bien que si elle s’était tapée sur l’index avec un marteau. Les voix, les rires, les cris, les verres brisés au sol et les hennissements lui parvenaient plus violemment désormais que la nuit était faite car, c’était connu, elle accentuait aussi bien les sons que les malheurs.

Avec un soupir las, elle se retourna pour étouffer son visage sous son oreiller avant de déchanter. Les draps trempés de sueur l’emprisonnaient et la privaient de s’étirer. Fatiguée et agacée, elle se débattit à grands renforts de coups de pieds jusqu’à se libérer. Un cri (à moins qu’il ne s’agisse d’un rire) à l’extérieur lui fit péniblement ouvrir les yeux.

La lumière distante du saloon et de l’étage d’en face encore faiblement éclairé jetait un rayonnement diffus et mouvant sur la chambre.
Blair laissa courir sa main sur l’oreiller intact à côté d’elle. Laurie était parti depuis plus d’une semaine, maintenant. Rencontre un confrère à New York, lui semblait-il… Maintenant qu’elle essayait de s’en rappeler, elle se rendit compte qu’elle ne se souvenait plus vraiment (ou qu’elle n’avait guère compris). Ses départs s’accompagnaient toujours d’une sourde inquiétude chez Blair. Allait-elle s’en sortir sans lui ? Qu’allait-elle préparer à manger ? Pourrait-elle s’occuper d’Ann au mieux ? Elle ne se faisait que peu de souci pour Laurie ; elle savait qu’elle réussissait tout ce qu’il entreprenait.
Cette nuit, pourtant, elle était contente d’avoir le lit pour elle toute seule.

Le chien continuait de hurler.

En soupirant, l’institutrice s’assit et tâtonna pour trouver le seau d’eau qu’elle avait pris soin de remplir avant d’aller au lit. Elle s’aspergea le visage et la nuque. L’eau était tiède.

“Maman ?”

Il y avait encore quelques temps, Blair aurait pu se laisser surprendre par les arrivées silencieuses d’Ann. Mais elle avait appris le bruit que faisaient ses petits pieds nus sur le parquet. Désormais, elle le connaissait par coeur.
En revanche, même après un an, le fait qu’elle l’appelle “maman” l’émouvait toujours autant, elle qui s’était persuadée qu’elle mourrait vieille fille et sans enfant, elle en avait désormais une. Et peut-être serait-ce la seule qu’elle ait jamais.

“Qu’est-ce qu’il y a ma petite chérie ?” lui demanda-t-elle doucement.

La fillette se frotta les yeux. Une de ses nattes était défaite.

“Charles aboie.”

Blair sourit en soufflant par le nez.

“Charles aboie tout le temps.” Madame Johnson lui était d’ailleurs tombée dessus peu après le départ de Laurie ; sûrement qu’elle avait attendu de voir la diligence s’éloigner -.

“J’ai chaud,” se plaignit Ann en tirant sur sa chemise de nuit.

“Viens, je peux te mettre un peu d’eau si tu veux… Oh, mais oui, regarde-toi, on dirait que tu sors de la rivière ! Voilà, là, ça va mieux ?”

“Non,” ronchonna-t-elle. Elle essuya les gouttes qui lui tombaient sur les yeux. “J’ai toujours chaud.”

Ann s’assit sur le lit. Blair écarta les mèches noires qui lui collaient à la peau avant de lancer un regard désespéré vers la fenêtre laissée grande ouverte. Aucun air ne s’infiltrait. Même pas moite.

“Je vais te refaire ta natte. Et regarde.” Elle souffla sur la nuque trempée de la fillette. Elle gloussa. “C’est frais ?”

“Oui, continue.”

À chaque brin tressé, plus elle soufflait et plus la petite fille riait.

“Tu veux dormir avec moi ?” proposa-t-elle finalement une fois la natte sécurisée.

Ann grimpa sur le matelas sans demander son reste. Blair poussa les draps au fond du lit, histoire de ne plus les avoir dans les jambes.

Le saloon continuait à déverser sa musique et ses voix. Et Charles…

“Charles aboie encore,” marmonna la petite fille.

“Mh-mh,” répondit Blair.

Et bientôt, elle n’entendit plus rien du tout.


*


L’ex miss Bell se réveilla dans un grand sursaut.

Dehors, il n’y avait plus le moindre bruit si ce n’était les grillons qui chantaient leur sérénade.

D’un revers du bras, elle essuya son front dégoulinant.

À côté d’elle, le lit était vide.

“Ann ?” appela-t-elle d’une petite voix.

Elle tenta de fermer le clapet à la panique qui grimpait. “Elle est sûrement allée se recoucher dans son lit. Elle devait avoir trop chaud.”

Dans la chambre d’enfant, le lit était défait, mais point d’Ann.

“Dans l’armoire, alors ?” Une cachette de choix pour la petite fille où, cette nuit-là, ne se battaient en duel que les costumes de Laurie et les robes de Blair.

“Ann ?” répéta-t-elle un peu plus fort. “Où es-tu ?”

Elle n’était pas dans l’appartement.

L’angoisse lui fracassa le crâne.

Maladroite, elle rouvrit des portes qu’elle avait déjà ouvertes en les faisant claquer contre les murs. Elle souleva les matelas, ouvrit les meubles de cuisine - même ceux où un chat aurait peiné à entrer -.

“Ann ? Ann, réponds moi !”

La chaleur l’accablait plus si cela était possible. Le silence paisible la rendait sourde.

Charles n’aboyait plus.

Elle se précipita à la fenêtre.

“Oh Seigneur.”

L’effroi lui fit siffler les oreilles.

Le petit portillon de bois était grand ouvert. Dans la cour, il n’y avait plus de Charles. Simplement Caroline et Compote qui mangeaient les fleurs de madame Johnson.

Étranglée par son propre souffle, elle trébucha dans les escaliers jusqu’à la grande rue d’Imogen. Elle était vide. Elle était silencieuse. Le sol semblait mou sous ses pieds.

“Ann, oh mon Dieu, Ann.” Sa voix était sourde, muette presque, tant la gorge lui serrait.

Elle était dehors, toute seule. Les mots du shérif, prononcés pendant la réunion hivernale dans le saloon, lui revinrent en mémoire, comme s’ils étaient hurlés, déformés. “Il y a un tueur ici. Et Ann est toute seule. Elle est toute seule. D’abord, je perds une chèvre ! Et maintenant… et maintenant… Je n’y vois rien.”

Un long hurlement la fit crier à son tour.

Dans un réflexe stupide, elle ferma les yeux et mit ses bras devant elle. Puis, elle reconnut la voix de monsieur Beaver.

“Monsieur Beaver, vous n’auriez pas vu une petite fille ?” le supplia-t-elle en oubliant toute notion de politesse (et sa tenue, présentement une chemise de nuit mouillée de sueur). “Elle est grande comme ça. Elle s’appelle Ann, vous l’avez sûrement déjà aperçue ? Elle a deux nattes noires et elle doit être en pyjama.”

Elle débitait les mots comme la scierie débitait les troncs d’arbre.

“Elle est peut-être avec un chien. Nous l’avons appelé Charles. Le fermier a dit à mon mari que c’était un chien-loup, mais il a menti, en réalité Charles est vraiment tout petit et long comme une chenille. Je vous en prie, dites-moi que vous les avez vus ?”

Charles avait des allures de phare au milieu de l'obscurité ; Blair était en perdition.



crédit - Deadparrot & ghoest

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Charles Beaver
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Lun 21 Aoû - 12:53
“The sun rose slowly
as if it wasn't sure it was worth all the effort.”

Deux long hurlements stridents se firent écho dans la nuit, brisant la tranquillité du petit village qu’était Imogen. Quelques aboiements et un bêlement leur répondirent alors que l’un et l’autre retrouvaient un peu de leur prestance. Charles soufflait, peinant à reprendre son souffle maintenant que l’effroi avait laissé son estomac aussi serré qu’une serviette qu’on essore. La vague de froid qui l’avait envahi quelques secondes plus tôt n’avait rien d’agréable, prenant aux tripes et à la gorge et le laissant avec la sensation d’être un linge accroché par une corde pour sécher au vent. Le bout de ses doigts le chatouillait.

« Bonsoir… Charles marqua une pause, réalisant qu’il avait le nom de l’institutrice sur le bout de la langue mais qu’il n’arrive pas à l’attraper. Sarah. » Non. Merde. Pourtant il y avait un S quelque part, il en était sûr. Charles espérait de tout son cœur que la Sarah qui n’en était pas une ne l’avait pas entendu alors qu’elle lui exposait la raison pour laquelle elle se trouvait…nue... Au beau milieu de la nuit. Il laissa trop longtemps traîner son regard sur les formes qui se découpaient au travers du tissu trempé, quelque peu perturbé par l’audace de la dame. Elle ne laissait plus grand-chose à l’imagination (malgré la taille tout à fait respectable de la jupe). Charles avait un égo de belle importance qu’avait largement travaillé sa mère, aussi il se trouvait bien fait de son corps et de son esprit et ne pouvait pas s’étonner de trouver un certain succès auprès d’autrui. Mais ce n’était pas une raison pour se jeter nue et humide comme une truite toute juste tirée de l’eau sur lui, ainsi, au beau milieu de la nuit et de la rue.

« Mais vous êtes mariée… Ann vous dites ? » Il avait du mal à se concentrer convenablement sur ce qu’elle racontait quand ses pensées parasitaient son esprit. Charles chassa des moustiques invisibles d’un geste de la main et ça ne l’aida pas particulièrement à mieux se canaliser. Il avait chaud et des mèches de cheveux lui collaient aux tempes. « Ann… Elle n’est pas rousse, c’est sûr ? » Marmonna-t-il alors que l’institutrice qui avait parfaitement bien retrouvé son souffle reprenait de plus belle.

Comme si toute l’existence du monde lui pesait sur les épaules il s’accroupit pour récupérer son arme à feu qui était au sol. Il chercha à tâtons, peinant à attraper le reflet de l’acier sous la lune. Ses doigts remuaient la poussière sale que des centaines de gens avaient déjà fait danser toute la journée. « Long comme une chenille… » A Imogen les femmes étaient souvent plus discrètes et moins bavardes. Il était aussi moins courant de les rencontre à une heure si avancée de la nuit et à chercher gamine et chenille, certes. Charles battait des cils comme si cela pouvait l’aider à mieux digérer les informations que lui déversait madame Smith (Pas Sarah Smith, non… définitivement pas). « … c’est moi Charles. » Il articulait difficilement, la bouche rendue pâteuse autant par l’alcool que la chaleur. C’était sans parler de la difficulté à relier les points entre eux. Et enfin, comme se souvenant qu’il n’était pas très courtois de tenir une discussion en restant accroupit au sol, il se releva et rangea son arme dans son étui.

En étendant le bras comme un bourreau rendant sa sentence, il pointa la direction qu’avait pris la silhouette sans nom ni visage.  « Là-bas. Elle est partie là-bas. » Un dernier coup d’œil à la jeune femme suffit à le convaincre. « Laissez-moi vous accompagner. Les bois ne sont pas sûr et vous ne ressemblez pas vraiment à une femme respectable dans cet accoutrement. » Charles ne cherchait pas tant à l’insulter qu’à la rassurer, mais son état rendait plus difficile à bien s’exprimer. « Venez, je viens tout juste de la voir passer. Nous la rattraperons sans problème. » Charles alla s’enfoncer vers les bois qui rongeaient les premières maisons de la rue avec la hardiesse d’une personne ignorant le danger et ne sachant pas vraiment dans quoi elle s’embarquait. Il avait le cœur léger de cette bonne action et la confiance du crétin qui l’habitait. D’un bras, il tenait toujours fermement la bouteille que Sam lui avait légué un peu plus tôt. « Regardez ici, il y a des traces. La terre et l’herbes ont été remués récemment. » Crut-il sensible de lui expliquer. Il indiqua vaguement d’un geste des doigts de quoi il parlait. Dans la nuit, on ne voyait pas grand-chose. Mais cela le réconfortait dans son idée que c’était bien la gamine qu’il avait vu. Puisqu’en vérité Charles n’avait pas vu quoi que ce soit à proprement parlé et n’était sûr de rien. Mais ça, il l’avait déjà oublié.

« Ann ! » Appela-t-il, pensant avec justesse que sa voix porterait plus que celle de l’institutrice. Il répéta l’exercice une seconde puis une troisième fois. « C’est quand même bizarre Charles comme nom pour un chien. Long comme une… comme une chenille. » Parfois il écartait les branches d’un arbre pour ne pas se le prendre dans le visage, mais la plupart du temps il ne les voyaient pas et se faisait quand même griffer les joues et juraient lourdement. Les brindilles et l’herbe séchées par le soleil craquaient sous chacun de leur pas. Ce n’était pas l’expédition nocturne des plus discrète.  De quoi faire pâlir d’horreur les meilleurs officiers de Fort Randall. « La mienne elle s’appelle Willow. Willow c’est un nom normal pour un chien. Personne ne s’étonne qu’une chienne s’appelle Willow ! Et pourquoi long comme une saucisse ? Non- comme une chenille. Ça aussi c’est bizarre. La mienne elle est… elle est haute comme ça, à peu près… » En même temps qu’il marchait il essaya d’évaluer la hauteur de l’animal par rapport à ses jambes en l’indiquant avec sa dernière main disponible. Il n’était visiblement pas tout à fait sûr de lui et y réfléchit tant et si bien qu’il trébucha sur ses propres jambes avec un hoquet de surprise, fit quelques petits pas en essayant de se rattraper mais n’y arriva pas. Il s’écroula de tout son long par terre, se prenant des ronces dans les mains, se tapant le menton contre un caillou qui se trouvait là. Sa bouteille lui échappa des mains et alla rouler plus loin, invisible sous le drapé de la nuit. Aouch, aïe, merde.


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Sam 17 Fév - 15:47
“The sun rose slowly
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Tandis que Blair parlait comme si le Diable était à ses trousses, monsieur Beaver baragouinait dans sa barbe, oscillant sur ses deux jambes comme un brin de blé ballotté par la brise. Une odeur âcre secoua les narines de l’institutrice ; il empestait. “Il est ivre !” se rendit-elle enfin compte. “Saoul comme une grive !” Il refluait le cigare et la sueur, un véritable bouquet de saloon avec en note de tête l’ambré du whisky et de la bière. Hagard, il chassait les moustiques qui leur tournaient autour d’une main molle. L’autre main, elle, tenait fermement une bouteille. Cela aurait dû la mettre sur la piste. “Quelqu’un d’autre… Je dois aller voir quelqu’un d’autre,” réfléchit-elle à toute allure. “Comment pourrait-il m’aider ? Ses yeux sont à peine ouverts… Monsieur le Pasteur, peut-être ?” L’homme de Dieu lui avait fait très bonne impression ; il y avait peu de risques qu’il lui refuse son aide et sa crainte pour Ann annihilait tout ce qui aurait pu la gêner d’ordinaire - comme par exemple toquer au beau milieu de la nuit chez le pasteur vêtue d’une simple chemise -.

“Non, non, elle est brune,” répondit-elle en regardant autour d’elle, dans l’espoir d’apercevoir la petite silhouette de sa fille. “Mais qu’est-ce que vous… Attention, vous allez tomb-”

L’imogenois bascula en avant, mais ce qu’elle avait pris pour une chute inévitable s’avéra être un simple accroupissement dans la poussière. “Il va vomir ?” s’alarma-t-elle. Ann lui avait déjà vomi dessus deux fois durant l’hiver et elle ne souhaitait pas renouveler l’expérience, en particulier avec un presque inconnu. Elle recula d’un pas alors qu’il tâtonnait le sol.
Ses yeux tombèrent sur le pistolet qui gisait près de ses pieds. Un grand frisson la pétrifia sur place. “Et si… ?” Tétanisée, elle l’observa se saisir de l’arme à pleine main, ses gestes rendus patauds par la boisson. “Non, ne sois pas idiote Blair, s’il tire ici, toute la ville sera au courant…” Enfin, même s’il n’en avait pas l’intention, ses gesticulations hasardeuses auraient tôt fait de lui faire manger les pissenlits par la racine.

“C-Charles ? Mais non, il s’agit de mon chien, je viens de vous le dire. Il…”
bredouilla-t-elle toute prise dans sa panique. Puis, elle se souvint du prénom de monsieur Beaver. “Oh, je vois… Oui, c’est un joli prénom.”

Un rire nerveux s’échappa de ses lèvres tandis qu’il ramassait revolver et qu’il le rangeait dans son étui. Son cœur ne cessa pas de battre la chamade pour autant. Ses membres en devenaient gourds.

“Vous êtes sûr ?” demanda-t-elle en regardant dans la direction que l’homme indiquait. “Ann est une petite fille brune. Elle a deux tresses,” se sentit-elle obligée de rappeler.

Il pointait du doigt les bois qui encerclaient la zone Ouest d’Imogen. Comme des langues ombreuses, les ifs et les pains grignotaient les maisons les plus éloignées du centre de la ville. Il aurait autant pu s’agir d’un gouffre sans fond ; il y faisait plus noir que dans un four. C’était à peine si on devinait les contours des arbres. Les yeux de Blair tombèrent sur l’arme qui pendait à la ceinture de monsieur Beaver. “Là-bas, c’est certain, personne à Imogen n’entendra s’il y a un coup de feu… Ou quoique ce soit d’autre.”
À la remarque de monsieur Beaver, elle cligna des yeux avant de baisser le nez sur sa chemise de nuit. Elle ne s’était pas rendue compte que… Mais tout cela n’avait pas d’importance.

“Très bien, je vous suis. Allons-y,” le pressa-t-elle, fébrile.  

Vite. Vite. Vite. L’idée qu’Ann soit perdue, toute seule dans les bois, ou pire, lui serrait si fort la gorge qu’elle peinait à respirer.

Progresser entre les racines en liquette se révéla être un exercice périlleux. Les pans de la chemise se prenaient dans les buissons et Blair ne cessait de trébucher sur les lacets de ses chaussures enfilées à la va-vite. Elle aurait aimé serrer ses bras contre sa poitrine, mais la perspective d’une chute prochaine la forçait à tenir ses mains devant elle pour anticiper la cascade. Des effluves d’écorce et d’épines lui donnaient le vertige ; la chaleur et la nuit faisaient ressortir les odeurs.
Derrière eux, Imogen était avalé par les ténèbres. Devant eux, c’était pire encore.

“Ah, oui…” répondit-elle, le coeur au bord des lèvres, sans pourtant apercevoir la fameuse terre remuée que monsieur Beaver lui désignait. “N’allez pas trop vite, monsieur Beaver, je n’y vois rien… Oh, nous aurions dû prendre une lampe…”

Elle peinait à distinguer sa silhouette dans l’obscurité.

Le cri qu’il poussa la fit sursauter avant qu’elle ne joigne sa voix à la sienne.

“Ann !” héla-t-elle. “Ann, s’il te plaît répond nous ! Je ne te gronderai pas, promis !”

Même si la petite fille ne devait pas trop craindre d’être corrigée par Blair.

“Je me tuerais,” pensa-t-elle. “S’il lui arrivait quelque chose, je me jetterais dans une rivière. Ou d’une falaise. Voilà, ça sera très bien. Il faut que je la retrouve. Ou sinon… Ou sinon…”

“Aïe !” se plaignit-elle en se recevant une branche dans l'œil.

L’institutrice geignit en appuyant sa paume contre sa paupière fermée. “Ça fait mal…” L’idée de se mettre à pleurer l’effleura, mais le monologue de monsieur Beaver la laissa hébétée. Sa fille avait disparu et il lui parlait de son chien ?

“Ah… Je connais une petite fille qui s’appelle Willow… Oh, attention !”

Cette fois, c’était la bonne. Le fils du maire tituba avant de tomber tout en longueur, comme un arbre que l’on viendrait d’abattre.

“Monsieur Beaver !” s’épouvanta Blair. “Est-ce tout va bien ? Est-ce que vous vous êtes fait mal ? Oh, mais vous saignez !”

En s’agenouillant à côté de lui tandis qu’il se relevait péniblement, elle remarqua le sang qui s’échappait en filaments inégaux de son menton.

“A-Attendez, restez assis, ne bougez pas.”

D’une main tremblante, elle essaya de déchirer le bas de sa chemise de nuit, comme dans le roman épisodique qu’elle lisait à la fin du journal. Malheureusement, ce qu’arrivait à faire Suzie Sweet pour soigner Cassidy Veilmont n’était pas si aisé à reproduire que cela. Le tissu refusait tout bonnement de s'effilocher.

“Oh, zut !” s’énerva-t-elle en tirant de toutes ses forces. Elle essuya la sueur qui perlait à son front avec son avant-bras. “Vous pouvez essayer si vous voulez.”

“Et s’il meurt à cause de moi ? Si sa plaie s’infecte ?”

Un bruissement lui fit lever le nez. Cernés par les ombres, elle ne distinguait rien au-delà de quelques centimètres devant eux.

“V-Vous avez entendu ? C’était comme…”

Un nouveau bruissement la jeta sur ses jambes. Il y avait quelque chose qui approchait. Désormais, elle entendait nettement l’herbe sèche craquer.

“Il y a quelqu’un !” chuchota-t-elle.

“Ouaf !”

Un petit chien brun japa joyeusement à leurs pieds, tout frétillant d’avoir trouvé des humains.

“Charles !” s’écria Blair en se jetant sur l’animal. “Oh mon Dieu ! Tu es là !”

Charles se jeta sur ses genoux ; l’institutrice l’accueillit les bras ouverts. Il sentait le romarin du jardin contre lequel il aimait se frotter. Cette fois, Blair s’autorisa à sangloter, tiraillée entre terreur et espoir.

“Ouh Charles… Où est-elle ? Où est Ann ?”

Mais le chien se contenta de s’échapper de son étreinte pour se rouler dans les feuilles grillées par le soleil pour montrer son ventre. Sa langue pendait sur le côté.

“Viens là… Ouf !”

Elle prit le chien dans ses bras et il entreprit de lui lécher le côté du visage tandis que ses sanglots redoublaient.

“S’il lui arrive quelque chose, monsieur Beaver… S’il lui arrive quelque chose… Je ne sais pas ce que je ferai…”




crédit - Deadparrot & ghoest

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And now that you don't have to be perfect,
You can be good
Blair Smith
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