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Flowers in the attic

@Nancy & Peter

L’héritier Oakley combattait de tout son être l’air morne qui tentait de se frayer un chemin jusqu’à la surface de ses traits. Il n’aurait su dire à quel moment il s’était lassé de ces évènements mondains. Pendant longtemps, ils avaient été la distraction bienvenue à l’issue de journées tout sauf stimulantes, le nez passé dans des correspondances et des livres de comptes. Les quelques conversations qu’il y menait, des banalités, bien sûr, suffisaient à lui redonner un souffle pour le jour suivant. Ensuite, ils étaient devenus des moments clés dans sa quête de l’épouse idéale, celle qui le ravirait autant qu’elle rabrouerait les doutes de son oncle quant à sa compétence à hériter des affaires familiales. La charge qu’il portait sur ses épaules lors de ses rassemblements s’était intensifiée, mais ce n’était pas sans son charme. Il avait appris à connaître les jeunes filles éligibles de la région, déployant des trésors d’élégance et de politesse. Mais voilà, quelque part en chemin, il les avait toutes rencontrées et les connaissaient toutes à présent, à l’exception des occasionnelles nouvelles venues ou des visiteuses de passage. Pareillement, elles le connaissaient toutes. Au-delà de n’avoir été ensorcelé par aucune d’entre elles, il aurait été chanceux de nourrir d’honnêtes sentiments dans de telles circonstances, Peter n’avait pas formé de fiançailles. Dans le jeu savant des bonnes familles, il était, certes, bien positionné, mais un certain nombre de prétendants le devançaient. À commencer par les hommes Rosenbach, tous deux de retour à Silverstone, célibataires, et de véritables plaies pour les recherches du brun. Pas qu’aucun d’eux ne courtise activement à sa connaissance, pourtant. Les relations avec l’investisseur étaient entretenues, une brève compagnie lui était gracieusement accordée, mais il n’était pas le prospect principal de la plupart de ces dames. Son égo était soigné pour qu’il puisse faire œuvre de solution de repli si l’intention initiale devait ne pas aboutir. Les bases d’une union solide.

L’américain ne le prenait pas personnellement. Il savait qu’il s’agissait là d’une question de ressources et de richesse non historique des siens, plus que de son intégrité de bourgeois. De plus, il traitait ces demoiselles de la même manière, ayant des priorités dans le temps qu’il leur dédiait. Néanmoins, les évènements de bonne société étaient passés de légèrement sucrés à particulièrement amers pour ses papilles. Évitant de trouver réconfort dans les boissons alcoolisées qui garnissaient ces rassemblements, par peur de ternir un peu plus son image, il opta pour une bouffée d’air frais sur le balcon. La masse qui faisait pression sur son buste s’allégea quelque peu, sans le quitter pour autant. L’homme passa ses mains sur son visage, réarrangea son col et se dirigea de nouveau vers la salle principale, son sourire impeccable reprenant déjà place sur ses lèvres. Celui-ci se craquela lorsque au détour d’un couloir, il percuta une silhouette féminine.

Les excuses moururent dans sa gorge lorsqu’il reconnut ladite silhouette, son identification confirmée par le juron à l’épais accent irlandais qui fendit les airs. Peter resta coi quelques instants, les mots lui manquant. Il n’était pas mécontent de recroiser Nancy, bien au contraire, mais son esprit peinait à faire sens des circonstances de leur rencontre inopinée. Elle n’était pas une habituée des rassemblements sociaux tels que celui-ci et la robe qu’elle portait ne ressemblait pas à ses coutumes vestimentaires. « I am sorry, Nancy, I wasn’t paying attention. » Le trentenaire se rappela finalement que Monsieur Claret était présent aujourd’hui, afin d’introduire ces dernières créations, et que la dernière fois qu’il avait croisé la route de l’irlandaise, elle œuvrait dans sa boutique. Sa présence, et sa tenue, avaient beaucoup plus de sens à présent. Elle avait beau paraître absolument délicieuse, si l’intention du tailleur était d’exposer ses tenues sur la blonde, quelqu’un qui n’avait pas l’air de vouloir fuir les lieux en courant lui aurait peut-être rendu meilleur service. Il nota le rouge aux joues de la jeune fille et ses manières se manifestèrent enfin à lui. « Were you trying to get some air ? I am just coming back from the balcony, I’ll take you. » Joignant le geste à la parole, il guida la demoiselle, une main à proximité de son épaule, sans la toucher pour autant. Une fois le Saint-Graal de la fraîcheur atteint, il jeta un regard en coin à son interlocutrice, ayant de fortes suppositions quant à sa réponse. « Are you here on your own ? »

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@Nancy & Peter

Tout comme son interlocutrice, le regard du brun se porta sur le soleil, qui se parait de sa robe incandescente pour approcher son crépuscule. La jeune fille confirma sa supposition que c’était avec le tailleur en vogue de Silverstone qu’elle assistait à cette soirée et il combattit une envie de glisser ses mains dans ses poches, son décorum s’effondrant toujours quelque peu en compagnie de Nancy. « I see… Is it part of the job, coming here with him ? » L’investisseur l’interrogeait surtout par curiosité, mais une part de lui s’inquiétait également des intentions exactes du fameux Monsieur Claret. L’irlandaise n’était visiblement pas à son aise et lui imposer cela n’était pas des mieux avisé de sa part. Les réflexions suivantes qui parvinrent à ses oreilles lui firent tourner son visage en direction de la blonde, ses iris se posant confortablement sur elle. « It suits you though… But one can tell that you don’t believe it does, just by looking at you. That’s why it feels weird. » Complimenter la demoiselle ne l’embarrassait pas outre mesure. C’était la stricte vérité et bien plus sincère que bon nombre des ronds de jambe qu’il avait pu faire pendant ses différentes cours. Ceux qui diraient le contraire le ferait par envie, refusant qu’une femme n’appartenant pas à la bourgeoisie porte mieux qu’eux leurs toilettes.

Elle releva finalement le regard vers lui et un sourire naturel fleurit sur ses traits, sous le contentement de retrouver ces prunelles claires. Son questionnement, en revanche, lui fit détourner ses iris et lui arracha une toux de surprise. Ses lèvres demeurèrent étirées, en une expression beaucoup plus contrite cette fois. « Not exactly… It used to be… But not anymore. I just… Have to be here ? I am not really sure myself, but it feels like I would be failing at something if I didn’t attend. » Oui, il ne lui parlait pas des badinages et de la recherche d’une fiancée. Il serait trop étrange de mentionner cela à une femme qui avait partagé sa couche, aussi mercantiles qu’aient été leurs rencontres. De plus, Nancy semblait suffisamment prise de cours par sa simple présence en ces lieux pour qu’il n’ait pas le cœur de lui rajouter une découverte des pratiques absconses des gens de bonnes familles. L’héritier Oakley préféra donc opter pour un soupir et diriger ses pupilles vers la ligne d’horizon, de plus en plus écarlate. « Everyone here knows me or, at least, thinks they do. It’s not fun. »

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@Nancy & Peter

Les bonnes manières du jeune homme l’empêchèrent de justesse de se renfrogner alors que son interlocutrice lui assurait de quelques mouvements de tête que sa présence n’avait rien à voir avec son poste à la boutique du tailleur. Cela aurait dû être une bonne nouvelle. A priori, rien ne contraignait la demoiselle à assister à l’évènement et c’était donc bien un choix éclairé qu’elle avait effectué. Pourtant, il ne se sentait pas à l’aise avec cela. Un goût amer emplissait le fond de sa gorge à l’idée que Nancy se soit sentie obligée, d’une manière ou d’une autre, et s’impose cette situation en dépit de son inconfort évident. Peter retrouva son sourire alors que la blonde retenait une grossièreté pour mieux rabrouer le compliment qu’il avait formulé à son égard. Il n’y voyait rien de déplaisant envers sa personne, simplement cette tendance de l’irlandaise à se penser moins que rien. Le brun aurait pu débattre et argumenter, l’assurer de sa beauté, même dans une pièce remplie de la noblesse locale, mais il n’était pas certain de pouvoir le faire sans que l’interprétation de ses paroles soulève d’assez lourds questionnements. Alors, il se tut, un simple sourire amusé sur ses lèvres trahissant qu’il restait, pour sa part, convaincu de ses observations et de leur véracité.

La main de la jeune fille sur le dos de la sienne le prit de cours, mais il n’en broncha pas pour autant. L’entendre approuver ses complaintes lui arracha un ricanement moqueur, qu’il s’empressa de justifier, tenant à ne pas être mal compris par son interlocutrice. « I mean, it’s hardly anything to complain about though… Having to attend parties that aren’t as entertaining as they used to be… There’s way worse. » Il l’avait toujours ressenti, aussi loin que leur relation, et en particulier ses confidences à Nancy, remonte. À quel point cela était risible qu’il étale ses craintes et débats à quelqu’un de bien moins protégé. Certes, elle l’avait toujours écouté, avec une compassion notable, mais qu’aurait-elle bien pu faire d’autre. Ses épaules s’affaissèrent alors que l’air quittait une énième fois ses poumons, un soupir léger accompagnant ce mouvement. « I’m not sure I want that… It’s all about pretending, so it’s not easy to tell, but I don’t feel like most of them would understand why I feel so… Unsuited. » Un regard amusé s’échappa dans la direction de son interlocutrice, son commentaire secouant sa poitrine d’un rire. « Interesting… I never felt like it was my strong suit, weirdly. » Les doigts du jeune homme s’associèrent en un ballet maladroit. « I’m not saying that because you’ve just been nice to me… But you are fun to be around too. I think I have rarely known people as kindhearted as you are… It’s precious. » Peter corrigea sa posture, comme pour mieux s’ébrouer de son exploration de ses souvenirs partagés avec l’irlandaise. « So… Is it meant to become an habit ? Us running into each other at these events ? »

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