Voici la partie la plus importante de la fiche : les anecdotes. Elle devra contenir 10 anecdotes minimum (sur 25 lignes minimum). -
#1.
Jedediah Doyle n'était pas ce que l'on pourrait appeler quelqu'un de mauvais. Il était au contraire animé par un profond désir de faire le bien. Mais il était également jeune et influençable. Le bien pour lui consistait à défendre son pays contre ce qu'il pensait être l'obscurantisme, l'occupation d'un pays dont il était si fier, obéir à une mission presque divine. Jamais il ne lui était venu l'idée que ces peuples natifs étaient là bien avant les colons, qu'ils avaient été spoliés de leur liberté et de leur terre. A ses yeux, il se battait pour ce qui était juste et n'éprouvait pas l'once d'un remord. Jusqu'à cette année 1870. Il avait alors vingt-quatre ans, et n'était nullement préparé à s'en prendre à des femmes et des enfants sans défense. Poussé par l'élan de ses compagnons d'arme, il s'exécuta néanmoins, étouffant ses scrupules. Jusqu'à ce qu'il frappe cette jeune femme de son arme. Il ne sut pourquoi ce fut elle, son regard qui lui fit prendre conscience de ce qu'il était en train de faire. Mais il était trop tard. Elle allait mourir, il le savait, elle le savait également. Elle lui parla, d'un ton suppliant, bredouillant quelques mots d'Anglais, le suppliant d'emmener avec lui sa fille, sa Nuttah. Il avisa alors cette petite fille trois ans, debout au milieux des cadavres, qui pleurait à s'en arracher les poumons, le visage maculé d'un sang qui n'était pas le sien, des plaies sur ses jambes. Il cessa de réfléchir, et profita de la confusion générale pour attraper l'enfant et fuir.
#2.
Désormais déserteur, il se cacha avec la fillette durant quelques temps, prenant soin d'elle. S'il ne parlait pas sa langue, il comprenait aisément qu'elle appelait ses parents de tout son coeur. Son jeune âge permit que cela finisse par passer et rapidement elle commença à intégrer l'Anglais. Les intentions de Jedediah étaient alors de passer quelques temps à l'écart, puis de trouver une famille qui saurait s'occuper de Nuttah. Mais l'affection qu'il finit par éprouver pour la fillette ne tarda pas à le faire changer d'avis. Sa raison lui soufflait que c'était une décision stupide, et sans doute cruelle. Mais il se persuada que Dieu lui donnait une opportunité de se racheter pour le mal qu'il avait causé, de sauver cette enfant, de lui offrir, selon sa perception, un avenir meilleur que celui auquel elle aurait eu droit dans sa tribu d'origine. Le destin voulut que son oncle, seule famille qui lui restait, quitte ce monde, lui cédant la ferme familiale. Nul ne le connaissait à Imogen. Il emmena Nuttah, dans l'espoir de démarrer une nouvelle vie avec elle.
#3.
Nuttah grandit parmi les animaux, dans un environnement qui lui laissait tout l'espace qu'elle souhaitait. Vive et curieuse, le temps ne fut guère long avant qu'elle commence à poser des questions. Jedediah ne lui cacha jamais ses origines, mais ne parvint pas à lui avouer ce qu'il avait fait, que son véritable père était très certainement encore en vie. Il prétendit l'avoir trouvée, alors qu'elle errait seule, après la destruction de sa tribu entière. Il se persuada qu'il lui dirait la vérité tôt ou tard, quand elle serait prête. Bien sûr, ce jour n'arriva jamais.
#4.
Les souvenirs des moments heureux auprès de ses parents et de sa tante, de l'horreur passée n'étaient plus. Mais ce que son esprit avait oublié, son corps l'avait imprimé et semblait vouloir le lui rappeler régulièrement. Elle souffrait de saignements de nez impromptus régulièrement, mais ce n'était rien en comparaison de ses jambes. Un jour, alors qu'elle avait onze ans, celles-ci cessèrent tout bonnement de lui obéir. Jedediah fit venir divers médecins mais le mal ne semblait avoir aucune cause d'ordre médical. Elle fut incapable de marcher pendant presque un an, jusqu'au comme par miracle elle retrouva le contrôle de ses membres inférieurs, sans que personne ne comprennent ni comment, ni pourquoi. Par la suite elle continua d'avoir certains épisodes de ce genre mais sur des durées beaucoup plus courtes, ainsi que des douleurs chroniques, en plus de certains cauchemars récurrents.
#5.
Son père adoptif faisait de son mieux pour lui rendre la vie la plus douce possible, habité à la fois par l'affection et la culpabilité. Il lui offrait sans compter tout ce qu'elle pouvait demander, et plus encore. Après les premières années, quelque peu expérimentales, la ferme devint de plus en plus prospère. Jedediah attirait naturellement la sympathie et ses employés lui étaient loyaux. A Imogen, on admirait sa générosité, lui qui avait eu la bonté d'accueillir sous son toit une "petite sauvage" pour en faire une jeune fille bien éduquée.
#6.
Il ne fallut guère de temps avant que Nuttah comprenne que sa couleur de peau pouvait être un problème aux yeux des Blancs, les quelques fois où elle allait passer du temps à Imogen. Alors que les adultes la regardaient avec condescendance, lui parlant comme si elle était incapable de comprendre quoique ce soit, les jeunes de son âge avaient plutôt tendance à la fuir ou à se moquer d'elle. Elle avait quatorze ans lorsqu'elle osa s'en prendre verbalement à des garçons qui l'insultaient. Ils la firent tomber et l'un d'eux lui piétina la main droite. Celle-ci finit par guérir, mais son pouce resta légèrement tordu.
#7.
Plus elle grandissait, plus Jedediah voyait en elle cette femme à qui il avait donné la mort, et moins il le supportait, malgré l'amour qu'il éprouvait pour celle qu'il considérait comme sa fille. Nuttah, quant à elle, qui avait toujours été d'une nature heureuse, commença à éprouver une colère constante, sans savoir d'où elle pouvait venir. Elle l'ignorait, mais elle grandissait sans avoir la moindre idée de qui elle était vraiment, de son héritage et son passé. C'était comme marcher sur une terre si friable qu'elle s'effondrait un peu plus à chacun de ses pas. Les relations entre le père et la fille se dégradèrent peu à peu.
#8.
Jedediah, supportant de plus en plus mal la culpabilité qui le rongeait et les mensonges dont il se sentait prisonnier sombra chaque jour un peu plus dans l'alcool. Il était animé par la terreur que Nuttah découvre la vérité, le regarde comme un monstre. Elle en arriva à souvent prendre le relai dans la gestion de la ferme. Le temps ne fut guère long avant qu'il tombe sérieusement malade. Sur son lit de mort, il supplia sa fille de lui pardonner. Elle ne sut pourquoi.
#9.
Nuttah n'eut pas le temps de pleurer cette homme qu'elle considérait comme son père, qui l'avait élevée, lui avait appris tout ce qu'il savait, qu'elle aimait profondément. Rapidement elle dut prendre la tête du domaine et si elle avait conscience que la tâche serait ardue, elle n'imaginait pas à quel point. Les hommes qui avaient toujours été fidèles à son père refusèrent de travailler pour elle. Les acheteurs ne lui faisaient pas confiance. Et le temps ne fut guère long avant que des propriétaires alentours ne se précipitent à sa porte pour la convaincre qu'il vaudrait mieux pour elle vendre cette ferme, qui ne serait qu'un poids pour les frêles épaules d'une fillette qui n'avait pas sa place ici.
#10.
La parade nuptiale dura quelques temps. Devant ses refus inflexibles, les conseils paternalistes prirent la couleur de menaces. Et les rumeurs commencèrent à ce moment là. On raconta qu'elle avait empoisonné son père, qui lui avait pourtant tout donné. Qu'elle utilisait de la "magie indienne" (quoique cela puisse signifier) et impie pour avoir de meilleures récoltes que ses voisins. Qu'elle empoisonnait également les terres des autres. La société d'Imogen, bien trop heureuse d'avoir quelque chose de si juteux à se mettre sous la dent, sauta sur l'occasion. Elle ne fréquentait plus l'église, n'était-ce pas une preuve ? On l'avait vu regarder le ciel d'une étrange manière la nuit, comme si elle lui parlait, c'était bien un signe ! Elle commença à retrouver des inscriptions insultantes sur la barrière délimitant l'entrée de la ferme, ainsi que du matériel cassé.
#11.
Alors que la récolte avait été fructueuse, elle ne put la vendre que pour une fraction de son prix. Elle fut également contrainte de se défaire de quelques bêtes, après avoir compris que son père adoptif avait contracté des dettes de jeu au cours des derniers mois avant sa mort. Une large partie de l'argent qu'il avait précieusement mis de côté fut ainsi dilapidée. Incapable de retrouver des employés et faute de pouvoir les payer correctement, elle commença à engager des vagabonds contre le gîte et le couvert, ne pouvant qu'espérer éviter de faire entrer un loup dans son foyer. Sa seule employée régulière était une fille d'Imogen qui venait plusieurs fois par semaine faire un peu de cuisine, de ménage et quelques autres tâches dans la maison.
#12.
En six mois à peine, elle dut devenir maîtresse de ses actes, de ses gestes, de sa maison. Elle étouffa sa tendresse, son humour souvent acide, sa vive curiosité, son innocence. Les traits de son visage, encore marqués par la douceur de l'enfance, se durcirent peu à peu, l'éclat de son regard s'éteignit. Elle cessa de rire, de s'amuser, de s'adonner à des activités qui pourtant lui avaient été si indispensables autrefois. Elle devait montrer qu'elle était solide, qu'elle n'avait pas la moindre faille, toujours se méfier. Et surtout cacher à quel point elle avait peur, à quel point elle se sentait seule.
#13.
L'arrivée de l'hiver fut pour Nuttah l'occasion d'un peu de répit, mais également source d'inquiétude. Elle qui n'avait en vérité jamais été certaine de vouloir reprendre l'affaire familiale s'y trouvait liée plus que jamais par un coup du destin. Elle se sentait en équilibre précaire sur un fil, dans la crainte de ne pas passer la saison si d'aventure le froid hivernal durait, mais aussi de ce qu'il adviendrait d'elle si elle venait à perdre cet endroit.

Pseudo/Prénom › Cy.- âge, pays › France. - type de personnage › Pré lien de @Makoyepuk Blackfoot. - Fréquence rp › Fréquente à partir de lundi huhu. - comment as-tu connu le forum ? › J'y suis déjà :P. - Chose à dire ? › Je vous aimeuuuuuh.

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