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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Comme un berger, Il paîtra son troupeau (ouvert à toutes les brebis de Silverstone et alentours)
John L. MacLachlan
John L. MacLachlan
Since : 19/01/2021
Messages : 147
Name : John Liam MacLachlan
Faceclaim : Robert Pattinson
Crédits : Bangerang
Comme un berger, Il paîtra son troupeau (ouvert à toutes les brebis de Silverstone et alentours) Damsel
Age : 28 ans
Mer 10 Fév - 14:43
AMEN ! cria une voix forte pour approuver des paroles accusatoires du pasteur.

John sursauta te manqua de renverser à terre le chapeau qu'il tenait sur ses genoux. Est-ce qu’il était en train de s’endormir en plein culte ? Il faut dire qu’il avait cinq jours de voyage dans les pattes et une nuit de sommeil léger ne lui avait pas suffit pour s’en remettre et les bancs de bois dur de l’église lui semblaient aujourd’hui  presqu’aussi délicats que les ailes d’un séraphin. Il se redressa, ravivant quelque douleur sur la face la plus raffinée de son postérieur (cinq jour de voyage assis, même sur des sièges rembourrés ça laisse des marques) mais n’en laissa rien paraitre si ce n’est une légère tension entre ses deux sourcils. On était à l’Eglise tout de même ! En communion avec le Seigneur notre Dieu Tout-Puissant ! S’il attirait la honte sur sa nouvelle famille devant tout Silverstone il ne se le pardonnerait jamais.
John essaya de se reconcentrer sur le sermon du Pasteur. Il nota qu’il était beaucoup plus agréable à écouter que son Parrain qui avait la désagréable habitude de laisser trainer ses « s ». Son Parrain… il n’en avait que le nom. Il ne lui avait jamais montré beaucoup de chaleur, même pas alors qu’il s’occupait de son instruction religieuse au presbytère. Probablement parce qu’il avait peur de sa mère. John avait noté à quel point ses yeux devenaient fuyants quand Betty était dans les parages.

Décidément ! Quel mauvais chrétien il faisait aujourd’hui ! John ne manquerait pas de rajouter trois Pater Noster à sa prière du soir pour se faire pardonner ses absences ! Mais était-ce vraiment sa faute s’il était si étourdi ? Après tout, il était enfin arrivé à destination, après un an d’errance qui l’avait conduit à travers tous les Etats-Unis ! Il avait enfin retrouvé une famille après que la nature cruelle l’ai rendu orphelin de mère. Il se sentait presque déjà chez lui dans ce village dont il ne connaissait pourtant rien ni personne. Ce matin, c'est tout excité qu'il s'était précipité hors de sa couche pour se préparer pour le culte qui se tenait tous les dimanches à 11h et avait bien entendu revêtu ses plus beaux habits. Quelle meilleure occasion que de se faire beau qu'un rendez-vous avec le Berger des Hommes ? Tous les visages autour de lui étaient inconnus et à découvrir. Par modestie, il s’était assis vers le fond mais cela lui donnait également une vue imprenable sur les fidèles et tout autant de distractions. Ce grand moustachu était-il l’épicier ? Et ce petit chauve qui triturait son chapeau entre ses doigts il le voyait bien comme l’adjoint nerveux du Marshall. Et cette jolie brune à la peau bronzée et au regard si pénétrant, peut-être tenait-elle un ranch à la sortie de la ville…

John jeta un coup d’œil discret du côté de son père et sa famille pour s’assurer qu’il ne se faisait pas remarquer et continua de laisser errer ses yeux sur les autres brebis du troupeau du Seigneur. Il leur imaginait des métiers, des personnalités, des vies et les oubliait aussitôt. C’est alors que John fut victime d’une apparition. Un homme à l’impressionnante stature bougea près de la fenêtre et un rayon de soleil reflété dans une chevelure blonde comme la plaine en été vint frapper sa cornée en même temps que son cœur. Sous cette chevelure relevée en chignon élaboré se trouvait un visage de profil. Mais quel profil. Le front était haut, les grands yeux entourés de cils légers comme les ailes d’un papillon, le plus mignon des nez et une bouche rose pâle comme un bonbon.
L’homme bougea de nouveau et l’apparition disparue si rapidement que John se demanda s’il ne devait pas monter sur son banc pour crier au miracle.
John L. MacLachlan
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Mer 17 Fév - 0:26

Comme un berger...


Février 1887, Silverstone
Amen ! beugla une voix - beaucoup trop proche d’elle à son goût.

Ils sont obligés de bramer comme des cerfs en rut ? Qu’ils fassent ça au saloon, je veux bien, mais à l’église, sérieux ? On ne peut plus dormir tranquille nulle part, maugrée Rose. Qui, pour changer, est d’une humeur massacrante. Humeur sans doute due aux verres de rhum de la veille - ou au verre de sherry de ce matin, allez savoir. La brune est du genre à combattre le mal par le mal et, ces derniers temps, elle a beaucoup à combattre.

Chaque soir, elle revoit la chambre du First Chance. La baignoire dont l’eau déborde, s’étale sur le sol, imbibe le tapis. Ses mains, rougies par le froid et par autre chose. Et le bruit.

Pour oublier tout ça, Rose s’est mise à boire. Un verre le soir, avant de dormir. Puis deux. Puis trois. Puis un de plus, en journée, pour faire face au froid mordant de l’hiver à Imogen. Un autre, pour cesser de pleurer et parvenir à haïr.
@Liam Hennessy, d’abord. L’enflure qui lui sert de beau-père. L’ordure à qui elle doit son exil à Imogen. Exil dont elle est revenue, certes. Mais pas indemne. Pour se venger, elle a résolu de passer sa rage sur la collection de bouteilles du pseudo-paternel. Un verre à la fois, parfois une bouteille entière, lorsqu’il est absent - rassurez-vous, elle partage : Clark et Luke, ses acolytes de toujours, ont passé quelques excellentes soirées depuis son retour d’Imogen, et le tout aux frais de beau-papa.
James, ensuite. Lui, c’est plus une question de principes : pourquoi a-t-il été autorisé à s’en tirer sans la moindre conséquence, après le fiasco du bal de l’été dernier ? Parce que c’est un garçon. Pouah. On est en 1887, vous savez, il serait peut-être temps de changer vos mentalités d’arriérés, hurle-t-elle intérieurement.
Elle en veut à  @William Fraser, aussi, même si elle ne sait pas encore comment s’y prendre avec lui. Est-ce qu’on a le droit de faire des sales coups à un prêtre ? Après ce qu’elle a fait l’automne dernier, elle est sans doute déjà en route pour le Purgatoire… Mais quand même - on n’est jamais trop prudent. Elle ne sait pas trop pourquoi elle lui en veut, à la réflexion, alors elle cesse de réfléchir.
Parce que quand elle réfléchit trop, elle se dit que celle à qui elle en veut vraiment, c’est sa mère ( @Pearl Hennessy). Parce qu’elle l’a forcée. Parce qu’elle l’a aidée. Parce qu’elle l’a abandonnée, ensuite. Comme si ce qu’elles avaient fait ensemble l’avait salie, elle. Rose, son bébé, sa princesse - tous ces surnoms ne veulent plus rien dire. Elle a vu le dégoût dans les yeux de sa mère, et si le reste l’avait déjà brisée, ce regard l’a achevée.

Peut-être que, si elle réfléchissait vraiment, elle comprendrait que ce n’est pas à sa mère qu’elle en veut, mais à elle-même. Que ce dégoût est le sien. Parce qu’elle prend le même chemin que sa mère il y a vingt ans à peu près… Mais, pour réaliser cela, il faudrait qu’elle parvienne à penser plus de cinq minutes d’affilée. Et, pour aujourd’hui, c’est hors de ses capacités.
Elle se contente de suivre à peu près les envolées lyriques du sermon, qui s’éternise beaucoup trop à son goût. Elle voudrait déjà être dehors, respirer l’air de la cité, cet air d’industrie et d’activité qui lui plaît tant. Tout, plutôt que d’être coincée ici, Will qui vocifère devant,  @John L. MacLachlan qui bave à sa droite, Maman et Liam un peu plus loin…

La seule qualité qui sauve ce service est la présence à sa droite. Une silhouette élancée et altière, qui domine d’une bonne tête le reste de la congrégation. Un bras ferme et musclé, sur lequel elle a discrètement placé le sien au début de l’office. Personne ne peut le voir, mais elle a glissé sa main dans celle de  @Thomas Rosenbach - mieux connu sous le nom de meilleur parti de l’Ouest.
Elle bâille, délicatement, la main devant sa bouche, comme surprise par son propre geste. Oups, son regard semble dire, je suis si fatiguée… ce doit être les nuits passées à rêver de vous. Thomas - elle l’appelle Monsieur Rosenbach en public, évidemment, mais dans son esprit calculateur il ne porte déjà plus que son prénom - voit tout cela dans son regard, elle en est persuadée. Après tout, l’homme est un politicien - ces gens-là savent. Mais, pour le cas où le doute subsisterait, elle se hausse sur la pointe des pieds et susurre à son oreille :

« Qu’avez-vous prévu de faire cet après-midi, Monsieur Rosenbach ? »

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Sam 20 Fév - 21:27

Comme un berger, Il paîtra son troupeau
God Bless You



Will se prépare dans le presbytère. La lumière filtrée par les rideaux crème se propage dans la pièce sobrement aménagée. Le pasteur de ce jour, William Fraser, revêt sa robe pastorale et son col à rabat blanc. L’habit est fait d’un tissu moiré noir, sans aucun pli. Il préfère toujours officier dans cette tenue lors des grands cultes. La cérémonie de préparation est essentielle. Il vide son esprit de tout ce qui pourrait entraver ses pensées et ses paroles face à l’assemblée. Il représente le Seigneur et il lui doit fidélité, force et courage. Remettre dans le droit chemin ces pauvres âmes égarées n’est pas une mince affaire et c’est un poids qu’il a choisi de porter. Jeune, il a toujours baigné dans une religion étrange, acquise par des parents déviants. C’était une sorte de manipulation pour son père et un prétexte pour sa mère. Will a donc commencé sa vie dans une hypocrisie religieuse qui allait parfaitement avec le rôle qu’il décida de se donner. C’était un moyen pour lui de survivre. C’est pourtant durant son adolescence que Fraser a découvert sa religion avec un regard neuf. Il a découvert Dieu et la foi avec sincérité. Il a appris à aimer le protestantisme, bien plus que tout autre chose. Les cultes sont alors un moyen pour lui de prouver son amour et sa foi inconditionnels et cela malgré ses mauvaises habitudes. Sa foi est un prétexte, bien trop souvent, mais il n’en reste pas moins sincère - dans le fond. Si la noirceur n’avait pas recouvert son cœur, il aurait pu être un homme bon, plein d’une foi bienveillante. Mais ce n’est pas le cas.

Avant de sortir, Fraser revêt une étole en tissu irisé violet, qu’il passe sur ses épaules, la laissant retomber sur son buste jusqu’à ses genoux. La barbe parfaitement taillée, élégant et distingué, William sort du presbytère pour rejoindre l’église dans laquelle il pénètre par la porte arrière. Femmes et hommes sont déjà assemblés, grouillant, dans une église emplie de lumière. Il les saluera après. Pour le moment, il est l’heure de son sermon. Se plaçant sur l’estrade, Fraser prend la parole. Les bras écartés, le visage sérieux, il demande à tous ses fidèles de se saluer par ces mots : « Le Seigneur est ressuscité. ! Il est vraiment ressuscité ! ». Un sourire se dessine sur ses lèvres, tandis qu’il parcourt l’assemblée de ces yeux bleus. « Mes bien chers frères, mes bien chères sœurs, nous sommes réunis aujourd’hui pour célébrer notre Père à tous. » Il ferme les yeux, rejoignant ses mains sur le pupitre face à lui. Il l’empoigne de part et d’autre. « La grâce et la paix vous sont données de la part de Dieu notre Père et de Jésus-Christ notre Sauveur. Le Seigneur nous appelle. Le Seigneur nous rassemble. Le Seigneur nous unit. Il est présent parmi nous. » À ces mots, Will lève la main vers l’assemblée, sans désigner qui que ce soit, regardant les visages qui l’observent.

Se raclant la gorge, il ouvre le culte comme il se doit : d’un chant grave, mais juste. « Grâce étonnante, au son si doux, qui sauva le misérable que j'étais ; J'étais perdu, mais je suis retrouvé, j'étais aveugle, maintenant je vois. C'est la grâce qui m'a enseigné la crainte, et la grâce a soulagé mes craintes. Combien précieuse cette grâce m'est apparue à l'heure où pour la première fois j'ai cru. De nombreux dangers, filets et pièges, j'ai déjà traversé. C'est la grâce qui m'a protégé jusqu'ici, et la grâce me mènera à bon port. Le Seigneur m'a fait une promesse, sa parole affermit mon espoir; il sera mon bouclier et mon partage, tant que durera ma vie. Oui, quand cette chair et ce cœur auront péri et que la vie mortelle aura cessé,  je posséderai, dans l’au-delà, une vie de joie et de paix. La Terre fondra bientôt comme de la neige, le Soleil cessera de briller, mais Dieu, qui m'a appelé ici-bas, sera toujours avec moi.* » Regardant ses fidèles, il plonge ses yeux dans ceux de certains de ses proches, avant de poursuivre par un deuxième chant. « Quel repos céleste, jésus, d'être à toi ! À toi pour la mort et la vie, dans les jours mauvais de chanter avec foi : tout est bien, ma paix est infinie ! Quel repos, quel repos, quel repos, quel céleste repos ! Quel repos céleste ! mon fardeau n'est plus ! Libre par le sang du calvaire, tous mes ennemis, jésus les a vaincus, gloire et louange à dieu notre père ! Quel repos céleste ! tu conduis mes pas, tu me combles de tes richesses, dans ton grand amour, chaque jour tu sauras déployer envers moi tes tendresses. Quel repos céleste, quand enfin, seigneur, auprès de toi, j'aurai ma place, après les travaux, les combats, la douleur, à jamais je pourrai voir ta face !* » L’instant était exceptionnel, grandiose. Tous chantaient en chœur, élevant leurs voix au ciel et William en fut ému un instant, avant de lever de nouveau sa main vers l’assemblée.

« Comme nous l’avons appris du Seigneur, disons ensemble : Notre Père qui est aux cieux que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés, et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal, car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, pour des siècles des siècles. AMEN. »

Baissant son bras, William calme ses paroles en entamant un récit qui lui est arrivé dans la matinée. « Aujourd’hui, j’ai vu un homme se traîner sans bras ni jambes dans les rues de Silverstone. Il ne demandait que la grâce des passants et personne n’a daigné poser son regard sur lui. Alors, dans ma bonté dictée par notre Père, je me suis avancée. » Le pasteur s’avance et descend de l’estrade. « J’ai posé ma main sur son front. » Pour illustrer ses propos, William Fraser pose sa grande main sur la tête de son meilleur ami : Liam Hennessy. « Et je lui ai dit « Mon fils, toi qui n’as pas su attirer l’œil du divin, toi qui te traînes et qui souffres, je te pardonne. Que Dieu soit miséricordieux et qu’il te soulage de tes blessures. Ne crains plus rien, il t’accueillera au regard de ta vie et de tes péchés. Va et porte la parole nouvelle : Dieu est dans ton cœur. » La pauvre âme m’a regardé et une larme a perlé sur sa joue sale. » Il essuie une larme imaginaire sur la joue de son ami. « Puis j’ai attrapé son visage de mes deux mains et j’ai embrassé son front, sans crainte ni dégoût. » Il fait de même avec Liam, avant de le lâcher, pour retourner vers son estrade. Ce qu’il avait oublié de préciser, c’est que cet homme, une fois la rue contournée, avait vu son âme être libérée. « Mes frères, ne détournez pas le regard de celui qui souffre. » Sa voix fluctuait selon l’effet qu’il souhaite donner à son sermon. « Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres chez moi, mais dis seulement une parole, et je serai guéri. »

Faisant face à l’assemblée, il prend un instant pour regarder qui se trouve devant lui. Des visages qu’il connaît très bien. Il s’arrête un instant sur les Hennessy, à qui il sourit. Il embrasse des yeux May et ne manque pas d’adresser une marque de respect aux Rosenbach présents. « Nous allons prier pour les pécheurs, car notre église foisonne d’êtres qui ne se sont pas repentis. » Là, il désigne tour à tour plusieurs fidèles. Sophia Thompson, Maxence Burke, Carolina Watson et bien d’autres. « Vous, vous et vous, ou encore vous. Ne vous cachez pas, car Dieu vous aime. Repentez-vous avec moi. » William s’avance et effleure plusieurs mains tendues, en lançant vigoureusement « Tournons-nous vers Dieu pour lui demander son pardon et son aide afin d’être meilleurs : Seigneur notre Dieu, nous avons bien souvent préféré nos désirs à ta volonté; nous avons eu du mal à nous aimer nous-mêmes, alors que tu fais de nous une merveille. Nous avons trop souvent méprisé notre prochain, et toi-même, notre Dieu, la source de la vie, nous t’avons souvent oublié. Pardonne-nous, Seigneur. Viens au secours de notre faiblesse. Toi qui nous connais mieux que nous-mêmes, toi qui nous aimes encore et toujours, accordes-nous ton pardon et la joie de mieux t'aimer et te suivre, pour avancer et accomplir de bonnes choses. Au nom de Jésus-Christ. Amen. » Tous le suivent dans ses paroles et dans ses prières.

Exalté par l’instant, Fraser continu, chantant plutôt justement « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous ! » À ce chant, deux femmes s’avancent vers le pasteur, portant chacune une boite qu’elles tiennent du bout des doigts. Will les remercie d’un hochement de tête, tandis qu’elles posent les deux contenants sur le sol.





« Quelle est votre plus grande peur ? » Demande William à l’assemblée, plus calme, les observant intensément. « Peu importe la peur qui peut vous tourmenter, l’Enfer en sera pavé. Nuit et jour, vous serez ensevelis dans un bain grouillant d’araignées, de cobras ou de rats. Ils vous dévoreront de l’intérieur, sans cesse, pendant un million d’années. Vous ne pouvez imaginer cet Enfer, car nul ne peut concevoir pareille souffrance. Pareille agonie. » Solennel, il regarde le ciel. « Ma plus grande peur a toujours été les serpents. Les imaginer glisser sous mes vêtements, me mordre, entraînant une mort sans pareille… Rien n’était plus effrayant que cet animal infâme, à l’image de celui du jardin. Et tandis que j’habitais avec ma mère, une charmante fermière, une de ces choses s’est glissée dans mon lit. Mon père, pasteur, est venu me voir et m’a dit : si tu as peur maintenant, qu’en sera-t-il lors de ton jugement ? Et j’ai alors compris. Le Seigneur m’a donné la foi et la force de vaincre ces idées noires, ces craintes stériles. Et je suis là, aujourd’hui. »

Il s’approche d’une des boîtes, la désignant. « Qu’un homme, quel qu’il soit, pensant que son âme est pure et qu’il a pu expier ses péchés comme il se doit, s’avance et vienne à ma gauche. » William désigne l’estrade vide, proche de lui. Un homme d’une quarantaine d’années se lève, le regard fier et sûr de lui. « Moi, mon père. » Fraser, sérieux, le regarde, le jauge et lui sourit. « Viens avec moi si tu es certain de ton âme et de ta foi. Que Dieu l’accompagne et lui donne la force. Amen ! » Deux hommes s’approchent, se tenant près des boîtes. « Dans ces réceptacles se trouve l’Enfer incarné. Si Dieu est dans notre cœur, rien ne pourra nous atteindre, pas même ces êtres alimentant les cauchemars de beaucoup d’entre vous. » Il jette un regard à celui qui s’est désigné. Celui-ci n’a plus l’air si sûr de lui, mais tente de garder un visage impassible, alors que des gouttes de sueur perlent sur son front.

Chacun des hommes en symétrie exerce un geste maîtrisé : ils soulèvent les couvercles et en sortent deux crotales. Dans l’assemblée, des voix s’élèvent. La peur est palpable. William observe le reptile et lève une manche, le visage sérieux et la mâchoire serrée. L’homme à ses côtés fait de même, bien moins serein. Le sifflement des serpents glace le sang de certains. « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous ! » Lance Fraser, tandis que les bêtes plongent leurs crocs dans les bras des hommes. Regardant le ciel, William ne tressaille que très peu. Juste assez pour montrer la douleur que doit être cette morsure. Son compère l’imite, et cela même s’ils se font mordre une deuxième fois. Les deux hommes tenant les serpents dans leurs mains finissent par reculer en leur coupant la tête au même moment.

Le silence s’installe dans la salle et tous regardent ces bras marqués par des morsures sanguinolentes. Rien ne se passe. Alors, William lève les bras vers le ciel. « Voyez comme le Seigneur est miséricordieux. Il nous protège, nous donne la force et la foi, car notre âme est sainte et… » Seulement, à cet instant, l’homme à ses côtés vomit. Autour des trous formés par les morsures, les veines deviennent bleus, puis noires. William, théâtral, s’approche de lui, le prenant entre ses mains. « As-tu donc menti à la face de Dieu ? Ne te tais pas. Parle, pendant qu’il en est encore temps. » L’homme, les yeux exorbités, se met à genoux et pleure. « Pardon mon Père, car j’ai péché. Mon âme est pas pure et je m’suis pas repenti… J’ai… » William s’écarte, sévère. « Le Père des mensonges est ici, parmi nous. Soyez conscient des ravages qu’il peut causer. Voyez la souffrance de cet homme. » Il pose sa main sur la tête de l’homme qui souffre. « Je te pardonne. » À ces mots, deux personnes l’amènent tandis qu’il s’agite dans des spasmes de terreur, alors que son bras se noircit peu à peu.

William se tourne vers l’assemblée et scande « Dieu notre Père, nous faisons devant toi mémoire des souffrances innocentes de celui qui nous apporte le salut, de sa croix qui est sa victoire, de son ensevelissement qui est son secret, de sa résurrection qui nous donne la vie, et de sa présence à ta droite, d’où il reviendra dans la gloire. D’une seule voix, nous t’acclamons et te glorifions, Père, Fils et Saint-Esprit, maintenant et toujours, et pour les siècles des siècles. »


* Amazing Grace
* It Is Well With My Soul

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Filippa Rinaldi
Filippa Rinaldi
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Comme un berger, Il paîtra son troupeau (ouvert à toutes les brebis de Silverstone et alentours) Boeq
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Job : Cuisinière officiellement | Nouvelle comptable des Hennessy en compagnie de Wyatt Smith | Réalise des petits boulots illégaux avec un groupe d'italiens de Silverstone | Ancienne contaiuola de la famille Rinaldi
Habitation : Petit étage en piteux état au-dessus de l'épicerie de ses grands-parents, Silverstone
Disponibilité : Dispo [1/3]
Dim 21 Fév - 11:45

Comme un berger, Il paîtra son troupeau
ft. les hérétiques de Silverstone
Il existait peu de choses en ce monde capables de laisser Filippa abasourdie.

Assister à une messe protestante faisait visiblement partie de cette courte liste.

Assise sur le dernier banc de l’église neuve et dépourvue d’élégance, elle fixait avec une mine perplexe l’estrade vide où aurait déjà dû se tenir le prêtre - le pasteur -. Il lui semblait étrange que l’on se tasse ainsi, les yeux rivés sur un autel désespérément vide.
Autour d’elle, les citoyens de Silverstone affichaient une population bigarrée, tous ayant sorti leurs plus beaux vêtements et leurs plus beaux chapeaux. Ils pépiaient tous un peu à leur droite, un peu à leur gauche, lorsqu’ils ne dormaient pas à moitié avachis. Et leurs voix ne mourraient pas dans l’écho mystérieux des volutes dentelées des dômes et des arches légères des églises catholiques. Leurs yeux n’admiraient pas avec l’ébahissement du sublime les toiles d’artistes ayant touché du doigt la perfection. Non, leurs murmures s’écrasaient dans un mélange de mollesse et de vulgarité sur les panneaux de bois nus, uniquement percés par des fenêtres. Quant à leurs regards inquisiteurs, ils fouillaient les visages en quête de pêcheurs. Ici, il n’y avait aucune place pour la Grâce. Il n’y avait aucune place pour le recueillement silencieux et la voix éthérée de l’homme de Dieu.

Bien que l’idée la répugne, la décision de sa présence lors du culte avait été longuement réfléchie. Elle avait volontairement posé son doigt dans l’engrenage du Silver Gang et devait désormais jouer le jeu de l’intégration. Son index et son pouce se saisirent de sa médaille de baptême qu’elle ne quittait pas même pour dormir. « Je n’y crois pas, » se dit-elle comme une promesse. « Ni au culte, ni aux paroles, ni aux inepties de cette fausse religion. » Elle n’était là qu’en observatrice. Et peut-être, devait-elle l’avouer, éprouvait-elle un soupçon de curiosité devant les talents de William Fraser à officier.

À ses côtés, Vitale semblait plus à l’aise. Faisant parti des premiers italiens débarqués à Silverstone, le culte protestant n’était pas un monstre étrange à ses yeux tant il avait eu à coeur de se fondre dans la masse dès le départ.

L’homme de main du Silver Gang jaillit sur scène avec le charisme d’un comédien. Et c’est avec la voix tonitruante d’un acteur de théâtre qu’il posa ses mots à mesure que son regard balayait l’assemblée. Même si elle le savait, Filippa eut un petit pincement de lèvre ; la messe n’était pas célébrée en latin.

Si la napolitaine saisit les premiers mots, elle dut rapidement se rendre à l’évidence : elle ne comprendrait plus rien de ce qu’il racontait. Il s’exprimait avec tant de ferveur et avec une telle vélocité qu’elle baissa tout simplement les bras. Laissée sur le carreau, elle observait le train défiler devant ses yeux avec un haussement d’épaules.
Vitale, lui, avait plissé les yeux de concentration. Ses doigts pianotaient sur son genoux, une manie qu’il avait lorsque son attention était absorbée.

Puisqu’elle ne pouvait pas suivre le sermon, l’italienne s’attacha à l’allure du pasteur ; car elle ne connaissait que peu William en dépit de l’alliance qui semblait se profiler à l’horizon entre le Silver Gang et elle.
Il avait - avec une facilité déconcertante - éveillé les plus somnolentes des brebis et haranguait le troupeau comme un chien de troupeau exalté. Cela ne faisait aucun doute, sa connaissance de la psyché humaine était redoutable. Il ne savait que trop bien qu’un homme endoctriné en valait deux. Avant le sang et la mort, il savait faire chanter les coeurs et raviver les bonnes conscience. Dans toute équipée de malfrats, on combattait la démission face à la loi, on combattait le renoncement à l’exercice de sa liberté au profil de la tranquillité et pourtant, William semblait aimer ces non-armés qui le faisait se sentir armé, ces lâches qui le faisait se sentir puissant. Il connaissait bien son public. Et parce que l’argent ne comblerait jamais le manque d’un père ou la crainte de la mort, William se transfigurait et devenait pasteur, devenait un père pour chacun. Et comme un père, il savait aimer et châtier.

Filippa connaissait les hommes de la stature de William Fraser ; elle les côtoyait depuis sa plus tendre enfance. Elle se sentit rassurée. Ses doigts se délièrent.

Enfin, c’était avant qu’elle aperçoive les serpents ondulants et menaçants qu’on sortit des paniers. Des exclamations horrifiées parcoururent l’assemblée de la même manière qu’auraient frissonné des enfants devant un spectacle de marionnettes. Était-on toujours en train de se recueillir et de Le prier ?

« Peut-être est-il simplement dérangé, en réalité, » songea-t-elle en restant de marbre. « Qu’est-ce que je fais ici ? »


Filippa Rinaldi
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Dim 7 Mar - 19:24

Comme un berger, Il paîtra son troupeau
Les croyants ou non...
Je suis en retard. Cela ne me ressemble pas de me réveiller bien après l'aube. Ces derniers temps, plus rien ne va. Je trouve mon attitude parfaitement déplacée. Je considère le retard comme un manque de respect. Surtout pour une première venue au lieu de culte locale... le seul il me semble et cela malgré une diversité religieuse qui ne peut aller qu'en s’accélérant...

Je marche vite.. presque autant pour le retard inévitable que pour mettre une distance avec le servant occasionnel imposé par mon frère pour cette journée. Il dit s’inquiéter pour pour moi et un chien aussi imposant qu’Arès n'est pas suffisant.

Vertaï Amstrong... Quel nom étrange pour un homme qui l'est davantage. C'est un métis chinois reconnu par son géniteur anglais. Cultivé, combattant, parlant plusieurs langues... si je ferme les yeux, je pourrais penser entendre un lord, tant sa maitrise est grande... Mais son visage trahit l'exotisme de ses origines.

Je pousse la porte escortée d'une ombre imposante derrière moi.

Comme il est impossible d’être discret. Je choisis de marcher tranquillement jusqu'à un siège libre à l'arrière de la salle. Vertaï se place debout derrière moi. J'ai le sentiment d'avoir un mur dressé ou m'appuyer tant il est grand.

Je jette un regard circulaire. Je suis surprise de voir à quelques mètres, des personnes certes moins exotiques que Vertaï, mais visiblement très loin du protestantisme. Je tente de ne pas les fixer mais le protestantisme se reconnait de loin et le catholicisme encore mieux. Surtout quand une femme porte une croix autour du cou.

je sors de ma contemplation en entendant vociférer le pasteur

Qu'est-ce donc que cet homme? Je l'écoute à peine... Une grand mère dévote jusqu'au fanatisme m'a apprise des l'enfance à fermer mon esprit aux paroles des puritains. Et qu'importe leurs religions, ce sont eux les serpents de ce monde.

Plus un homme crie, éructe et moins je l'écoute. Mais je souris. J'ai toujours su donner le sentiment  d'entendre sans prêter la moindre attention. La meilleur école pour cela est d'assister depuis l'enfance aux offices religieux.
Discourir sur la Peur ébranle les âmes pures et simples. Je ne suis sans doute ni l'un ni l'autre.

Je regarde l'assistance. J'en connais si peu. Je ne suis pas surprise par la proximité des Rosenbach avec l'estrade... mais certaines personnes par leur positionnement physique, occupent une place qui semble presque toute aussi importante.
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