Voici la partie la plus importante de la fiche : les anecdotes. Elle devra contenir 10 anecdotes minimum (sur 25 lignes minimum). -
#1. « La Po - quoi ? Mais enfin, vous rigolez ! Ce n’est même pas un pays ! »
Il n’existe de terre plus violée en Europe que la Pologne. Malmenée, torturée, écartelée, la belle slave est niée comme entité nationale. Au XIXème siècle, les choses n’ont guère changé : la Russie, la Prusse et l’Autriche dévorent les miettes de son corps décharné et aspirent le moindre de ses soupirs en espérant la voir trépasser, enfin. Malheureusement, le coeur des habitants bat de blanc et de rouge et les insurrection contre l’occupants vont bon train à Varsovie. Naturellement, les répressions sont violentes et on ne s’étonne plus de ne plus voir rentrer ses voisins et de les trouver pendus sur la place publique lorsque ceux-ci s’adonnent à des révoltes. Alors, quand on trouva Kacper et Anna Teczynski à se balancer au bout d’une corde au petit matin du 1er décembre 1830, on récupéra leur fille unique, Wladyslawa, et on la plaça à l’orphelinat avec tous les autres, comme un sac que l’on jetterait aux ordures.

#2. « Il y avait une femme qui venait tous les dimanches. Elle était énorme et sentait la pomme de terre. À sa ceinture, sous les plis de sa robe noire, elle cachait un chapelet et un pistolet. »
Si l’on cherchait des résistants, les regards ne se porteraient pas derechef vers les orphelinats. Et cela serait une grave erreur. Car n’y a-t-il pas plus aigris, plus amers et plus revanchards qu’une horde d’enfants malaimés ayant grandi sans parents et dont la plupart d’entre eux ont été assassiné par des soldats russes ? Entre les murs poisseux et fissurés, ce sont des centaines de petites bombes à retardement qui attendaient bien sagement qu’une flamme n’effleure leur mèche. Et cela, les résistants l’avaient compris avant tout le monde. Alors, on envoya une religieuse à l’orphelinat Korczak pour remplir le crâne des jeunes bambins de jolies idées sanglantes. C’est à son contact que la jeune et influençable Wladyslawa renforça sa haine intense pour les russes qui lui avait retiré sa famille, son avenir et son pays. Ses parents, la résistante le lui avait dit car elle les connaissait bien, avaient été des professeurs à l’université. Des gens bien qui s’étaient battus pour une cause noble. Alors, naturellement Wladyslawa eut envie de faire pareil. La petite polonaise commença sa carrière d’espionne en glissant des mots à la religieuse sur ce qu’elle entendait dans l’orphelinat, en particulier ceux des fonctionnaires russes qui travaillaient là. Et puis, un beau jour, la religieuse n’est plus venue. Et Wladyslawa resta seule avec ses petits papiers et une colère sourde et impossible à évacuer.

#3. « Tu as entendu ? Le Prince et la Princesse Valanov ont récupéré une de ces enfants comme domestique… Ils sont fous ! »
Wladyslawa ne s’attendait pas à être adoptée. Et par des russes, en plus ! Turbulente, revêche, farceuse et surtout un peu étrange, c’est pourtant elle que le Prince et la Princesse Valanova - des nobles russes résidant à Varsovie - choisirent parmi tous les autres. Leurs raisons ? L’un et l’autre étaient pétris de bonnes intentions, de charité orthodoxe et souhaitaient se racheter aux yeux de cette nation piétinée en adoptant l’une des leurs. Ainsi, ils n’étaient pas des monstres, non ? Oh et aussi, cette petite toute sèche ressemblait un peu à leur fille, Irina. C’était forcément un signe du ciel. Alors, on la rangea bien sagement dans le dortoir avec les autres, comme un trophée d’altruisme que l’on exhibait devait les invités pour s’assurer que tout le monde comprenne que les Valanov étaient des gens biens.

#4. « Elle était bien mignonne, la petite Irina. Avec ses grands yeux bleus et ses cheveux d’un blond presque blanc. Aussi jolie que les peintures sur les icônes. À côté d’elle, Wladyslwa ressemblait à un croquis grotesque. L’artiste avait essayé, pourtant. »
L’orpheline voulut les détester. Tous. Et en particulier Irina qui avait tout. Une jolie maison, des jolies robes. Des parents. C’était eux qui avaient tué les siens. Qui lui avait volé son pays. Et pourtant… Et pourtant, ils lui offrirent une éducation car ils avaient remarqué ses facilités d’apprentissage. Wladyslawa suivit les mêmes cours qu’Irina et perfectionna son russe, apprit l’anglais, le français et l’allemand, les mathématiques et la littérature. On l’emmena au théâtre où elle resta fascinée devant la beauté des costumes et les magnifiques histoires que ces personnages peinturlurés comme des mannequins racontaient. Avec Irina, elles rejouaient des scènes devant leur petit public et Wladyslawa était ravie que ses petits numéros plaisent. Elle était ravie qu’on fasse enfin attention à elle. D’être enfin au centre de la scène. Irina devint sa meilleure amie et rapidement, elles devinrent inséparables (au point qu’Irina oublia alors totalement Boris, son ami imaginaire de l’orphelinat). Mais la polonaise ne pouvait nier ni son sang, ni même la colère qu’elle s’efforçait si bien à écraser. Alors, par lâcheté, peut-être, elle ne put se résoudre à pardonner les Valanov et préféra la facilité de ce qu’elle avait toujours connu. Elle les espionna comme on observait des animaux en cage, au zoo, et reportait leurs faits et gestes aux insurrectionnistes. Pour se rassurer, elle se murmurait que c’était du courage. Que c’était la chose à faire. Que c’était de leur faute, après tout. Ils l’avaient bien cherché.

#5. « Insurrection de la Grande Pologne : l’échec de l’idéalisme national face à l’étau russe. On enjambait quelques corps pour lire les grands titres des journaux. Encore raté. On finirait bien par s’habituer. »
Du rouge et du blanc. C’était à peu près tout ce dont Wladyslawa se souvenait de cette journée d’avril 1848. Il neigeait et, dans la ville, il y avait des soupirs ouaté. Le sud de la Pologne était en proie aux affrontements contre les prussiens et Varsovie était une poudrière. Il régnait une ambiance fébrile et chaque murmure semblait être un outrage aux officiers russes qui patrouillaient, sur le qui-vive. Les Valanov étaient tout bonnement terrorisés et Wladyslawa aussi. Malheureusement pour la famille, la petite orpheline ne s’inquiétait pas pour les mêmes raisons. Ils lui avaient dit qu’ils viendraient. Et elle ne savait pas encore si elle ouvrirait la porte quand ils toqueraient. Pourquoi avait-elle dit qu’elle le ferait ? Lorsqu’elle regardait les visages figés des Valanov et celui larmoyant d’Irina, elle se convainquait qu’elle ne répondrait pas. Qu’elle les laisserait dehors. Mais lorsqu’elle jetait un regard par la fenêtre et qu’elle voyait le petit marchand de journaux, Feliks, se faire tabasser par des russes parce qu’il osait parler polonais, elle se persuadait que s’en était trop.
Toc-toc.

#6. « Il parait qu’elle a survécu aux polonais, la petite Irina Valanova. Tu le savais ? Elle est arrivée à Saint Petersbourg la semaine dernière chez sa tante. »
C’est une vive douleur dans le bras droit et l’incapacité de hurler qui tira Wladyslawa de la mort. Avachie aux milieux de corps mous et froid, incapable de respirer, c’est paniquée qu’elle se fraya un chemin à travers la fosse commune, muette de terreur et glacée d’horreur. Elle tenta de ne pas penser aux bouches entrouvertes qu’elle fermait d’un coup de genoux sec, aux cheveux qu’elle arrachait en se relevant laborieusement, aux membres qu’elle piétinait en s’enfonçant dans les chairs inertes. Elle les connaissait, tous ceux qui gisaient là. Elles les connaissait. Elle ferma les yeux lorsque ses doigts touchèrent la gorge boursouflée de Feliks et un rire de démente manqua de la secouer toute entière ; un mélange de joie furieuse d’être en vie et d’absurde tant la situation la dépassait. Derrière elle, le chien qui l’avait mordue regardait s’enfuir son casse-croute sans demander son reste. Après tout, il y avait bien d’autres plats au dîner.
De voler le nom d’Irina n’était pas son idée. D’y penser, même, la rendait malade de culpabilité. Après tout, elle l’avait ouverte cette fichue porte. Elle l’avait ouverte et ils étaient entrés. Et si elle avait couru plus vite, peut-être que les soldats ne l’auraient pas attrapée, mais finalement, elle était plutôt contente qu’ils l’aient fait. Comme ça, elle n’aurait plus eu à se torturer l’esprit. Mais non, il avait fallu qu’elle survive à la prison et à la pendaison et que la tante éplorée d’Irina - en quête de sa nièce qu’elle ne parvenait à croire morte - la reconnaisse dans les rues de Varsovie. Et sans trop savoir pourquoi, Wladyslawa avait remonté son col pour cacher les hématomes sur sa gorge et était tombée dans ses bras en pleurant à chaudes larmes. Alors, tata Evgenia l’avait mise dans ses valises et ramenée fissa à Saint-Petersbourg. Et Wladyslawa n’avait rien dit. Après tout, elle n’allait pas briser le coeur de tata Evgenia, maintenant. Oh, vraiment ?

#7.  « Roméo et Juliette est un succès national. On se presse des quatre coins de la Russie pour admirer la belle Juliette se languir de son Roméo. On pleure sur son fauteuil quand elle laisse échapper son dernier soupir amoureux. »
Le théâtre. La comédie. Voilà la passion de Wla - Irina. En se glissant dans la peau d’autres qu’elle, elle oubliait qui elle était. Ce qu’elle avait fait. Elle embrassait ces histoires à pleine bouche et s’oubliait un peu plus dans chacune des pièces où elle brillait comme un soleil. Une aristocrate comédienne, voilà qui aurait pu choquer si elle n’était pas si douée. Si jolie. Et que dire de son histoire dramatique ? Trahie par une de ces chiennes de domestiques polonaises ? Avoir assisté à la mort de ce bon et de cette bonne princesse Valanov ? Avoir dû se cacher dans un placard en priant pour en réchapper vivante ? Non, vraiment c’était insoutenable. Alors, on avait du mal à croire qu’elle puisse être si excentrique, si volubile et si amusante en société. Car lorsqu’elle ne brûlait pas les planches, Irina était une incontournable de la bonne société saint-petersbourgeoise. On se l’arrachait pour l’exhiber comme les Valanov l’avaient fait, on se bousculait pour être aux côtés de la princesse disparue à l’histoire si atroce. Et Irina en jouait. Désormais, elle connaissait si bien son rôle qu’elle l’incarnait sans y penser. Dramatique et grandiloquente, rien n’était trop triste et rien n’était trop joyeux pour elle. Reine de tous les excès, il en fallait encore un pour peut-être apaiser son âme révolutionnaire. Car, mine de rien, les russes avaient tout de même essayé de la tuer, non ? La Pologne mourrait toujours à petit feu, non ? Elle avait fait la paix avec ses actions passées et désormais, elle devait aller jusqu’au bout. Sinon, tout ça n’aurait servi à rien. Et puis, maintenant que tata Evgenia était morte, vraiment, elle ne pouvait plus décevoir personne. Son mari, ce joyeux drille d’Anatoli von Hügel et ses trois enfants (deux garçons et une fille), peut-être. Mais enfin, elle essayait de ne pas trop y penser. Sinon, elle risquait de prendre encore une fois de vue ses objectifs. Ils faisaient partis des artifices. Il fallait qu’elle s’en convainc.  

#8.  »Le 13 mars 1881, c’est un dieu qui est assassiné par des paysans. Ils sont juste un peu trop en avance sur leur temps. »
Le cortège du tsar déambulait mollement devant les militaires paradant et la foule grossissante. Et comme cette terrible journée d’avril, Irina attendait. Cette fois, néanmoins, plus d’angoisse. Plus d’ongles rongés. Plus d’yeux hagards. Simplement l’excitation morbide de la délivrance, enfin. Ses prunelles agrandies par l’impatience, elle suivait du regard le carrosse en comptant les virages alors que la foule baignait de la joie de voir d’aussi près le tsar.
Maintenant.
La première bombe explosa avec fracas et la polonaise ne put contenir un frisson de joie. Deux cavaliers furent projetés dans l’assemblée et la liesse se transforma en terreur.
Lorsqu’Alexandre II jaillit de sa voiture avec la solennité d’un pope, les sourcils de l’espionne se froncèrent en une moue contrite. Mais c’était sans compter sur l’insolence d’Ignati qui lui jeta la petite soeur au visage. Sans surprise, cette fois, le tsar succomba à son septième attentat et Irina fut dénoncée par son ami et amant, Ignati Grinivetski alors que la torture le tuait à petit feu (c'était elle qui, depuis les hautes sphères, les avait renseigné sur le cheminement du cortège). On l’envoya dans un camp en Sibérie en attendant sa sentence. Et son sort ému la Russie entière lorsqu’on la découvrit enceinte (à 51 ans ? Mais peut-être s’agissait-il encore d’un mensonge). Bizarrement, ils furent moins émus lorsqu’on leur révéla qu’Irina Valanova s’était faite la malle trois jours avant sa pendaison en prenant le soin de laisser derrière elle un cadavre dans la neige fraîche.

#9.  « C’est drôle comme ces choses-là peuvent être futile. La mémoire, les souvenirs… On croit qu’ils sont là pour toujours et puis pouf, tout fout le camp. Mais c’est amusant de tout devoir réinventer. On peut être qui l’on veut. »
C’est en septembre 1882 et délestée de trois orteils (deux au pied gauche, un au pied droit) qu’Irina reprit conscience au milieu de filets de pêche à Nice, dans le Sud de la France. Et son esprit n’était guère plus ordonné que son matelas de fortune. Elle était la princesse Valanova, enfin ! Pourquoi la regardait-on ainsi ? Attendez, une princesse ? N’était-elle pas plutôt Juliette ? Ou bien une danseuse étoile ? Non, non, elle était bien la princesse Valanova, mais elle vivait ici depuis ses quinze ans. Oui, c’était ça, c’était le fiancé de sa cousine qu’elle avait volé… Ou non, attendez… Tiens un portefeuille.
Bien sûr, le portefeuille était accompagné d’un corps, abandonné non loin, mais Irina sauta sur l’occasion et c’est riche de deux-cent francs qu’elle grimpa sur le premier bateau qu’elle vit en train de mouiller au port. Quelques longues semaines plus tard, ce n’est pas à Nice qu’elle ouvrit les yeux, mais à New York.

#10. « Euh… Elle sort d’où celle-là ? »
Comment Irina a-t-elle fini à la suite des O’Reilly, personne ne le sait vraiment. Elle-même change de version quand ça lui chante et en fonction de son interlocuteur. Mais malgré ses airs fantasques, ses rires de folle et ses drôles de lubies - elle dort nue, sait jouer de la flûte de pan et parle à Boris, un type que personne ne connait - personne ne peut nier sa loyauté féroce envers le trio de tête. Une loyauté tombée du ciel, inexplicable, puisqu’elle l’éprouva intensément dès que son regard se posa sur eux pour la première fois. Mais ils étaient trois. Deux garçons. Et une fille.
Alors, elle met à leur disposition son adresse au Colt - elle raconte qu’elle a appris à tirer auprès d’un natif renégat dans le Wyoming… à moins que cela ne soit lorsqu’elle s’était enrôlée dans l’armée allemande en tant qu’homme ? - et surtout, son incroyable habilité à endosser tous les rôles qu’on lui présente. Sûre d’elle, féroce et (un brin) impulsive, Irina n’a jamais froid aux yeux (elle n’a jamais froid tout court, elle est russe enfin) et cochera toutes les cases de la violence si un inconscient décidait de s’en prendre au gang. D’ailleurs, l’inconscient pourrait même se trouver au sein du gang que cela ne changerait pas grand chose si l’on s’avisait de remettre en cause sa parole ou de toucher à son précieux manteau de fourrure.

#11. Attendez. Vous avez vraiment cru à tout ça ?

Pseudo/Prénom › Cendre - âge, pays › Bientôt 27, bleu blanc rouge - type de personnage › Pré-lien des O'Reilly - Fréquence rp › C'est marrant dans la fiche de Fifi, j'avais mis le weekend, mais je suis en roue libre depuis - comment as-tu connu le forum ? › C'était sur PRD    - Chose à dire ? › Mae la plus belle

Bienvenue à la maison, fais comme chez toi, juste n'oublie pas de laisser les bottes dans l'entrée ! Tu as pris un PV déjà bien goldé et tu nous l'a encore plus pimpé. Le résultat final est incroyable, je suis absolument fan de cette charmante et toute jeune demoiselle qui promet de faire pas mal d'étincelles, ça va être magnifique. Évidemment ton style est toujours aussi agréable à lire, ta façon d'implanter les décors et les situations permettent de visualiser tout ça si facilement. J'aime tous les détails dissimulés partout puis le tragique ça fait toujours plaisir. En tout cas ça donne envie d'en découvrir plus, je vais suivre de près les aventures de la princesse russe paumée chez les cow-boys avec attention !

Boom baby ! Te voilà enfin des nôtres, prêt(e) à conquérir les indiens et faire du rodéo à gogo ! Avant toute chose n'hésite pas à vérifier que ta petite trombine se trouve bien dans le bottin, un oubli est vite arrivé. Tu pourras également te créer une petite fiche de liens, pour te faire quelques amis, car il y en faut même dans l'ouest américain. N'oublie pas de remplir ton profil, c'est plus beau ! Si tu te sens seule, tu peux à présent créer des pré-liens et venir à la CB (ou sur Discord)  pour discuter avec les autres. L'équipe reste à ta disposition pour la moindre question ou le moindre souci ! Have fun sur G&W.