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Guns & WhiskyFORUM WESTERN · NOUS SOMME EN ÉTÉ

1889. À la lisière de l'Etat de New Hanover, la petite ville forestière d'Imogen compte un peu plus de 500 habitants. Plus connue pour ses ranchs que pour ses pépites, elle est l’exacte représentation des espoirs et des échecs de tous ceux qui ont pu croire au rêve américain. Son seul lien avec la civilisation est le chemin de terre creusé par le passage des diligences, droit vers la station de gare de l'autre côté de la frontière qui mène vers l'Etat de West Esperanza. Cette route est connue pour ses braquages incessants, causés par le gang des O’Reilly. En plus de terroriser la population - leurs méfaits sont racontés dans tous les journaux de la région ; ils rendent périlleux les voyages vers la grande ville : Silverstone. Cité minière dirigée par la respectable famille des Rosenbach, prospère et moderne ; on pourrait presque croire que c’est un lieu où il fait bon vivre. Mais, derrière la bonhomie de son shérif, les sourires de ses prostituées et les façades fraîchement repeintes, l'influence criminelle du Silver Gang grandit de jour en jour. Lire la suite

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On ne cherche pas de nouveau Shérif pour l'instant, mais qui sait, un jour tu feras peut-être régner l'ordre et la lois sur ce forum ?
FAIT DIVERSDepuis l'attaque de la banque, Mr le maire, Henry Rosenbach, invite les citoyens à redoubler de prudence - il craint que cet acte n'inspire d'autres scélérats, et met en garde ses concitoyens quant au danger qui rôde dans les grandes plaines. Ainsi, il préconnise les voitures de poste, ou encore le train pour se déplacer.
BONNES AFFAIRESN'oubliez pas de passez par le quartier commerçant de Silverstone pour faire vos emplettes dans l'épicerie des Rinaldi ! Vous y trouverez moultes boîtes de conserve, ainsi que quelques plats tout chaud, tout droit sortis de la cuisine et parfois même servi par la petite fille des propriétaires.
RUMEURUn prisonnier se serait échappé du Fort de Silverstone. Les rumeurs les plus folles circulent : certains s'imaginent qu'il s'agit encore d'un coup des bandits qui ont attaqué la banque, d'autres, un peu moins terre-à-terre, parlent d'une attaque d'anciens confédérés. La justice, quant à elle, ne commente aucune e ces hypothèses.
PETITE ANNONCEDepuis la fonte des neiges, le village d'Imogen est fière d'annoncer la réouverture de son marché agricole ! Chaque mercredi, les producteurs de New Hanover sont invités à monter leur stand dans la rue principale et faire commerce de leur légumes, viandes, poules et autres peaux ! Troc autorisé.
RUMEURDes histoires de Dame Blanche circulent dans la région de West Esperanza : certains habitants de Silverstone et des alentours jurent avoir apperçu un fantôme ! Les plus jeunes s'amusent même à invoquer l'ectoplasme dans un nouveau jeu ridicule - mais qui passera bientôt de mode : celui du ouija. Le temple prie pour leur salut.
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Voyage au centre de la Terre | Benile
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Mer 14 Avr - 7:36


Voyage au centre de la Terre

@Basile Duflot

Silverstone était aussi poussiéreuse que toutes les villes de l’Ouest sauvage qu’il avait visitées. Il allait avoir du mal à garder son costume sans poussière et allait probablement devoir le secouer plusieurs fois par jour pour respecter le dress code qu’il s’était lui-même imposé. Attablé dans la salle à manger de la petite auberge qu’il avait choisie pour passer ses premiers jours à Silverstone, Benjamin observait les gens en silence. La poussière s’immiscait jusque dans la bâtisse, traversant les murs grâce aux bottes et manteaux des visiteurs, lui compris. Il balaya la table de la main avant que la tenancière ne pose son déjeuner devant lui puis la remercia d’un bref hochement de tête.

Par chance, la pièce n’était que peu peuplée et il eut tout le loisir d’écouter les quelques conversations qui fusaient autour de lui. Rien d’important pour sa quête, malheureusement, la plupart des clients venant profiter des repas peu chers étant des mineurs pour la Hennessy Company. Les seules galeries souterraines qui auraient pu l'intéresser étaient celles qui pouvaient abriter une raclure en fuite et il doutait que la fourmilière de la ville soit assez calme pour être une bonne cachette. Heureusement, il n’avait pas à séparer deux ivrognes, comme il l’avait fait la veille au soir. Quelques échanges de coups ne le dérangeaient généralement pas, mais il préférait tout de même s’économiser pour de vraies altercations. Aider la pauvre femme avait tout de même ses avantages, vu qu’une saucisse supplémentaire agrémentait son assiette.

Désintéressé par ce qu’il se passait autour de lui, Benjamin regarda par la fenêtre. La porte de l’auberge choisie par la Kingsley pour Baby Outlaw était bien en vue, depuis sa place. C’était la raison principale pour son choix, sa chambre offrant aussi un point de vue optimal de la porte principale. Il n’eut cependant pas le temps de se laisser aller à sa traque. La tenancière s’approcha de lui à petits pas avec un sourire désolé.

« Mr Blackship, j’aurais besoin de votre aide encore. »

Décidément, cet établissement gagnerait à embaucher un videur, pensa-t-il en posant la saucisse qu’il tenait grâce à la fourchette qu’il y avait plantée. Il s’essuya les lèvres sur la serviette blanche et se leva pour suivre la petite femme. Il posa une main sur son colt, accroché à sa taille, et la tenancière secoua la tête.

« Non, non. Pas comme ça! C’est au sous-sol. »

Benjamin fronça les sourcils mais se laissa guider vers le petit escalier si pentu qu’il aurait pu être une échelle.

« Vous voyez, j’ai des caisses de bières à monter de là. »

Le chasseur de primes voulut exprimer son incompréhension, mais la femme grisonnante avait déjà disparu, le laissant seul face au trou béant. Il n’y avait personne d’autre dans le couloir et Ben décida d’aider la pauvre patronne qui semblait en avoir un peu trop sur les épaules à son âge. Il descendit les marches à reculons pour débarquer dans une cave dont le sol était en terre battue. L’odeur de l’humidité lui fit plisser le nez. Il avait l’impression d’inspirer la moisissure qui noircissait le bois des murs.

Le sous-sol était d'une bonne taille, il devait couvrir toute la surface de l´auberge. Il voyait des bouteilles de vins, des barils de whisky, des sacs de farine et de la viande séchée qui pendait dans un spectacle un peu lugubre, mais aucune caisse de bière. Il s'avança alors plus profondément dans les entrailles de l’auberge.

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Ven 16 Avr - 23:37
Dans l’ombre de ces lieux, un chien s’avançait aux aguets. Seul l’échos de quelques gouttes en souffrance brisait le lourd silence.  L’animal se mouvait  sans un bruit émis, une  faible  lueur chassant l’épaisse noirceur ambiante. Son maître lui avait fabriqué  une lanterne. Il avait récupéré un petit cylindre de verre qu’il avait fermé dans sa partie supérieure, percé à l’avant et isolé thermiquement à l’arrière à l’aide de laine et de papier afin d’éviter tout contact avec le pelage du boxer. Équipé de la sorte, Protagoras se déplaçait seul en tête ainsi qu’il l’entendait.

Quelques pas en arrière, un prétendu chroniqueur français tentait vainement de déchiffrer un bout de parchemin  déplié. Le problème ne provenait pas du manque de luminosité car le flamboiement de sa torche lui permettait de lire clairement et distinctement les lignes tracées. Non. À cet endroit précis, Basile aurait dû parvenir à un embranchement. Du moins, s’il se repérait correctement… Or, c’était désormais certain. Le reporter était bel et bien pommé.

- Ouaf, ouaf !

Les aboiements énergiques de son chien le tirèrent de son intense réflexion. Basile hâta le pas. Protagoras venait de faire une découverte. Jusque-là, les deux précédents grognements avaient été provoqués par la présence inopinée d’un pic à carrier et d’un charriot abandonné. Le jeune homme espérait cette fois apercevoir un rai de lumière significatif d’une sortie.

C’était une impasse qui avait toutefois  poussé l’animal à sonner l’alerte. Quelque peu désespéré, Basile laissa échapper un profond soupir. S’il tardait à se repérer ou trouver une issue, il finirait probablement ses jours ici, seul dans le noir, achevé par l’inanition. Chassant ces idées noires, - des jérémiades et des atermoiements n’apportaient jamais rien de bon- il s’assit afin d’examiner de plus près l’obstacle rencontré.

Il s’agissait d’un mur de briques en panneresse et boutisse. Le reporter se saisit de la pioche dont il s’était muni avant de partir et qu’il avait placée en bandoulière dans son dos. Il frappa la paroi de deux coups secs à l’aide de l’outil. Le bruit lui appris qu’il ne s’agissait pas du parement d’un blocage quelconque mais bien d’un parpaing, d’une unique épaisseur donc.

Bon bah … pas le choix… Il va falloir passer au travers … À la dynamite ? Non pas moyen.  Je risquerais de  provoquer un éboulement et par conséquent finir enterré. Ce serait très con comme mort quand même…

Non. Il ne demeurait qu’une seule possibilité : entreprendre de passer à travers cette paroi à l’aide de la pioche.

C’est l’occasion de vérifier si tu es toujours en forme.

Ni une ni deux, le chroniqueur se mit à l’ouvrage. Un bon quart d’heure plus tard, le mur se fissurait et une brèche se formait. Quand Basile l’estima suffisamment grande, il porta sa tête au niveau du trou. Ce faisant, il sursauta. En effet, de l’autre côté de la paroi, se tenait un homme avec qui il se retrouva nez-à-nez.

-Hi, handsome! Walking in the city's underground is a fashion, it seems..
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Mar 27 Avr - 6:46


Voyage au centre de la Terre

@Basile Duflot

Il s’enfonçait donc dans les bas-fonds de l’auberge à la recherche de ces fameuses bières. Ce fut lorsqu’il trouva un drap étendu si vieux qu’il s’effritait qu’il commença à penser qu’elle l’avait mené en bas pour se débarrasser de lui et de son air renfrogné. Ou alors pour le mener dans une embuscade. Les sens tout à coup aux aguets, la main sur le colt, il regarda autour de lui. Après tout, il ne s’était pas fait que des amis, en ville, en particulier hier soir. Le fait que l’aubergiste le vende en pâture de la sorte l’aurait surpris, cependant, mais il ne s’attendait jamais à de la fidélité de la part de ceux qui l’entouraient. Il aurait trouvé la situation dommag, mais n’en aurait pas voulu à la pauvre femme qui cherchait probablement à gagner son pain.

Il écoutait, donc, à la recherche d’une respiration ou d’un pas ou d’un chien reculé. Il n’entendait rien, si ce n’était quelques gouttes qui tombaient du plafond, le brouhaha étouffé des conversations, au-dessus de sa tête et un coup régulier venant de l’autre côté des murs. Il tourna la tête vers la source du dernier son, le sourcils froncés, prêt à dégainer au moindre mouvement brusque. Il s’était attendu à trouver une porte ou tout autre ouverture, mais il n’y avait rien d’autre que la surface lisse. À moins que…

Il s’agissait bien d’une fissure! Benjamin leva les yeux pour vérifier la solidité des fondations. Enfin, pour essayer, car il n’avait aucune idée de la science de la construction. Par contre, il ne fallait pas être un génie pour voir que le sillon qui remontait jusque sous les poutres de soutien n’étaient pas de bon présage. Il baissa les yeux et se trouva nez à nez avec un jeune homme, ou plutôt son visage. Il dégaina et visa, avec la rapidité de l’habitude. Il resta quelques secondes interdit face à la situation, les sourcils relevés d’incrédulité. Il était si surpris qu’il n’enregistra pas les paroles de l’européen. Des centaines de questions se pressèrent dans son esprit, mais il se contenta d’une seule.

« The hell are you doing here? » qu’il demanda, rengainant son arme.

L’homme était couvert de poussière et Benjamin s'avança machinalement pour lui venir en aide. Il tira sur les briques les plus lâches pour tenter d’agrandir le passage afin que l’homme puisse se glisser de son côté. Il ne remarqua même pas le chien-lanterne derrière l’individu, trop occupé à sa tâche. Encore quelques briques et il pourrait passer! Ce fut le grondement de la pierre qui lui rappela la précarité du sol qui était leur plafond. Lorsqu’un caillou s’écrasa sur sa joue, Ben releva la tête. Le tout n’allait pas tenir longtemps. Sans vraiment y penser, il se jeta sur le spéléologue, leur évitant à tous les deux de se prendre la montagne de terre et de roche qui venait de clore la sortie qu’ils s’étaient faite.

Toujours couché sur son compagnon, le chasseur de prime se retourna vers l’éboulement. Ils venaient d’éviter le pire! Enfin, il remarqua le chien qui leur fournissait la lumière ambiante et qui semblait sourire de leurs déboires. Il y avait plus urgent dans l’immédiat que de s’interroger sur ses énergumènes, alors il se releva avec un gémissement. Il allait sans doute avoir quelques bleus.

« Sorry, I had to... » lança-t-il à l’intention du brun en lui tendant la main pour l’aider à se relever.

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Dim 16 Mai - 23:51
Aucune réponse ne vint dans un premier temps. Rendu coi par l’effet de surprise, l’homme de l’autre côté du mur se contenta de fixer le reporter. Aussi, une telle réaction était-elle compréhensible. Quelle probabilité de voir débarquer, ainsi à l’improviste, un énergumène dans sa cave ?

Hello! My friend ! Dude ? My dear unknown ? My guy? My coconut ?

Rien à faire. L’inconnu, restant de marbre, semblait ne pas l’entendre.

- Wath the hell are you doing here ? finit-il par demander, se mettant en action afin d’agrandir la brèche dans le mur de briques.

It's a long story. I'll be happy to count it for you. However, if you don't mind, I'll do it on the other side.

Du fait de l’ancienneté de la construction et du piètre état des briques, la fissure s’agrandit sans opposer de grande résistance, devenant bientôt un véritable trou suffisamment grand pour laisser passer un homme.

-Ah ! well, it was easier than expected, déclara Basile tout joyeux à son animal de compagnie.

Pour toute réponse, le boxer lança à son maître un regard ennuyé. Assis depuis une bonne demi-heure à observer son propriétaire s’acharner contre la paroi, il était lasse. Qui plus est, ses narines canines étaient chatouillées par les senteurs de maintes douceurs que renfermaient les souterrains de la taverne. Depuis déjà quelques bonnes minutes, les gargouillis de son ventre se succédaient. Son corps requerrait pitance.

À peine le journaliste eût-il prononcé ces mots qu’un grondement sourd se fit entendre. Protagoras, étonné, baissa la tête en direction de sa petite bedaine. D’accord, la faim le taraudait et ses intestins criaient famine, mais de là à émettre un tel son… quand même !

Basile, quant à lui, comprit immédiatement. Le mur, pierre d’angle de la galerie, ainsi ébréché, ne pouvait plus supporter le poids de la voûte. Le plafond s’effondrait tout simplement. Le français tétanisé crut un instant à son trépas. C’est à un prompt réflexe de l’homme nouvellement rencontré qu’il dût son salut. L’inconnu sauta en travers de la béance murale et les projeta tout de au sol hors de portée des éboulis.

La violence du choc fut telle que Basile sentit son épaule gauche se déboîter. S’il avait voulu émettre un cri, il ne le put car le beau brun tombant de toute sa masse sur sa poitrine en avait chassé jusqu’à la dernière molécule d’air.

- Sorry, I had to... lança ce dernier qui, rapidement debout, lui tendit la main pour l’aider à se relever.

Basile s’en saisit tant bien que mal de sa main droite et ce se hissa sur ses deux pieds tant bien que mal. Il crut rêver. Cet individu s’excusait de lui avoir sauvé la mise. Sa saloperie de clébard, censée tenir un minimum à lui, était ni plus ni moins en train de se marrer, hilare d’avoir échappé au trépas de justesse.

Don't apologize, man. I'd rather be on the ground and damaged than dead. Thank you. By the way, would you mind putting my shoulder back in its place? That would be great.

Heureusement que j’ai pensé à fabriquer cet lanterne au chien, sinon on serait quand même vachement de la merde.

Toutefois, comme si le destin avait en ce jour décidé de donner tort aux reporters, Protagoras, soudainement attiré par une douce odeur s’en fit sans se préoccuper le moins du monde des deux compagnons d’infortune, les laissant ainsi dans le noir total.
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Ven 11 Juin - 7:10


Voyage au centre de la Terre

@Basile Duflot

Le chasseur de prime épousseta son pantalon tandis que le spéléologue se releva avec difficulté. Le regard de Benjamin glissa vers l’épaule de l’explorateur qui pendait sur son côté. Il ne put s’empêcher une grimace, ne connaissant que trop bien la douleur qui accompagnait la blessure avant qu’il la remette en place. Il s’approcha, les mains un peu moites, desserrant et serrant les doigts plusieurs fois. Il n’avait jamais eu à le faire, mais son mentor la lui avait déjà remise, ainsi qu’à un de leur compagnon de chasse à un moment donné. Si Ben s’était contenté de grimacer en tenant le pauvre bougre, il se sentait assez confiant pour le faire pour le pauvre homme en face de lui. La voix calme, aussi douce que celle qu’il aurait utilisé face à un animal blessé, le chasseur posa sa main sur l’épaule saine.

« It’s gonna be okay. I know it hurts, but don’t move it. I need you to lay on your back. »

Tout en parlant, il faisait pression à l’endroit qu’il touchait pour l’amener au sol. À coup sûr, l’étranger avait beaucoup plus de sang froid que le jeune chasseur de prime. La légèreté dont il avait fait preuve pour demander de l’aide avait totalement échappé à Benjamin. Le front perlé de sueur, il utilisait toute sa force de concentration pour ne pas aggraver la blessure de son compagnon. Comme il était facile d’ouvrir des arcades sourcilières et de casser des côtes! Comme le corps humain était fragile!

L’explorateur allongé, Benjamin plaça son bras blessé perpendiculairement au torse du son propriétaire. Il ne restait plus qu’à tirer lentement et le bras devrait retrouver sa position.

« I’m gonna need more light, buddy, » demanda-t-il au boxer qui reniflait on-ne-sait-quoi dans l’air.

Une main sur l’épaule démise, l’autre sur le poignet, il attendait l’accord de l’inconnu lorsque le chien qui les éclairait décida de prendre la poudre d’escampette. D’un geste vif, hâté par la surprise, il tira et l’humérus retrouva sa place dans son socle.

« Shit, shit, shit! Are you okay? »

Si tout s'était bien passé, la douleur devait s’être grandement atténuée. Benjamin n’attendit pas vraiment la réponse de son patient improvisé, cependant, se précipitant dans l’embranchement pour voir dans quelle direction le chien s’était enfui. Il avait dû prendre un autre virage car il ne voyait que du noir.

« Hey! Buddy! » appela-t-il avant de siffler dans les galeries. Seul l’écho de son sifflement lui revint et il jura dans sa barbe inexistante.

Benjamin n’était ni claustrophobe ni peureux ni profondément superstitieux. Mais le bruit des gouttes tombant du plafond suitant, les échos de leurs voix mêlés à ceux du vent, l’odeur lourde de moisissures et de terre, et surtout le noir complet ne le mettaient pas tout à fait à l’aise. Il avait l’habitude des chasses de nuit, mais même lors de la nouvelle lune, les étendues américaines étaient suffisamment éclairées pour distinguer la silhouette des malfrats. Là, il n'avait que son ouïe troublée par l’exiguïté des couloirs de la mine et son touché, qui ne trouvait rien d’autre que de la roche humide à se mettre sous les doigts.

« How long have you been stuck down here? » demanda-t-il à l’homme qui ne devait pas être trop loin maintenant.

Bien décidé à ne pas se laisser avoir par la peur, il tâtonna pour saisir la main du spéléologue. Au diable la bienséance! Ils auraient besoin de rester proches l’un de l’autre s’ils voulaient avoir une chance de sortir de là tous les deux.

« I think it went this way, » dit-il en tirant doucement dans la direction. « Stay close and try not to use your arm. »

Sa main libre sur la paroi, il avança.

« I’m Ben, by the way. You? »

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Lun 21 Juin - 15:41
Dans une galerie sans le moindre bruit, Basile, en péril, souffrait de son épaule déboitée au pied d’une voûte effondrée. Mais l’étranger était prêt. De son incroyable prestance, il allait tester la résistance du français.

-It’s gonna be okay. I know it hurts, but don’t move it. I need you to lay on your back.

Obtempérant et s’allongeant, Basile serra les dents. L’homme de la cave s’exprimait d’une voix douce et suave. Le soulèvement du bras arracha un gémissement.

-I’m gonna need more light, budd.y

Néanmoins, le chien, ce gredin pas bien malin, n’obéit point. Il disparut dans l’inconnu, abandonnant les deux manants. Déconcerté par ce départ, le beau brun, sans crier gare, répara la casse remettant l’épaule en place.

- Fa male come l'inferno ! Verdomme. laissa échapper Basile.

« Oh putain, j’ai encore parlé italien et même juré en néerlandais. Il faut que je me ressaisisse et que je réagisse. Tu es français, espèce de boulet ! Rappelle-le toi ou reste coi !!! »

-Shit, shit, shit! Are you okay?

Déstabilisé par ce qu’il venait de se passer, le garde-malade s’inquiétait du résultat des soins infirmiers qu’il venait de prodiguer.

-I feel as good as a Belgian with a beer.

« Il a agi d’un geste habile, comme si c’était facile » constata le reporter qui ne faisait pas le fier, souffrant en cet instant.

Son coéquipier contraint tenta alors d’appeler le chien.

-Hey! Buddy!

- This dog is way too sneaky. Protagoras cannot help but react to certain words. Erm... Drugs, champagne, … peanuts … farandoles, monkey, brazilian … katana, grapefruit ??

Rien cependant ne vint faire suite à ces hurlements. L’échos du silence ne révéla aucune présence.

Dans l’abysse, sans ordonnée ni abscisse, c’est-à-dire sans repère et loin de ses compères, Maître canidé, par l’odeur alléché, s’approchait d’un met à l’odeur bien affinée. Unique lueur, sans aucune peur dans toute cette noirceur, le chien lanterne, la queue en berne, progressait fièrement, la truffe au vent. Une analyse bien précise débuta et le chien identifia son festin. Vieux tas d’os, septante-cinq ans d’âge …. Bref bon repas pour molosse de passage. Plongé en pleine dégustation, il n’entendit pas son maître s’égosiller en exclamations !
Bien en arrière, la paire de coincés privée du flair du canidé continuait la discussion.

-How long have you been stuck down here?

- 2 years, 17 months, 42 days, 11 hours, 27 minutes and 82 seconds! I founded my own civilization! On a more serious note, I've been here for two hours but that's the impression I have.

Basile sentit alors sa main saisie par celle de son interlocuteur. Ignorant dans un premier temps les raisons de cette action, le français déconcerté suivit à tâton.

-I think it went this way. Stay close and try not to use your arm.

S’attendant à buter contre une pierre et à rapidement finir en bière, Basile s’étonna de progresser sans tomber. Il sut alors que cet individu qui qu’il fut s’avançait dans l’inconnu sans aucune vue mais maîtrisait cet exercice ardu. Ce charmant playboy serait-il un grand cow-boy ? Quelles mémorables aventures dans son insatiable démesure avait-il vécues ? S’agissait-il d’un malfrat, d’un scélérat au passé de soldat ? Ou bien un chasseur de primes vengeur de crimes ?

-I ’m Ben, by the way. You?

-I am Basil. But you can call me Base because it's the base. I am Basil. But you can call me
Base because it's the base. Personally, whether you like it or not, I'm going to keep on calling you my coconut. I think it suits you very well. Besides, you seem to know what you are doing... Don't you have an adventurous background? I can imagine you going up and down these lands armed with a whip and a hat! Let's not forget the hat... It is important...

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Sam 2 Oct - 7:18


Voyage au centre de la Terre

@Basile Duflot

« What the hell are you teaching to your dog? »

Champagne? Brésilien? S’il ne faisait pas aussi noir que dans les basses-entrailles du monde, Basile aurait pu voir les sourcils froncés de Ben, coincés dans une moue de jugement. Si le chasseur de prime voulut se concentrer sur la difficulté de la situation, la réponse de son compagnon d’infortune le fit s’interroger sur sa santé mentale. Il se garda de commenter et plissa les yeux inutilement pour tenter de percer les ténèbres.

Son froncement de sourcils s’intensifia lorsque l’étranger lui attribua un nouveau sobriquet.

« Please don’t... » maugréa-t-il. L’idée de l’abandonner lui caressa l’esprit, mais il connaissait probablement le lieu mieux que lui et son chien-lanterne - si la bête voulait bien les retrouver- pourrait s’avérer plus qu’utile. Il lâcha pourtant les doigts de Basile pour se saisir de son poignet. « I… travel for work. No whip, though. It would be useless in a gunfight. »

Il n’avait pas encore deviné si l’homme des cavernes méritait un petit séjour dans une des cellules de la ville. En cas de doute, Benjamin préféra taire son métier. Le tirant toujours plus loin dans la pénombre, il faisait glisser sa main gauche sur le mur froid et lisse. À leurs pieds, la terre battue faisait un sol dur que l’humidité rendait presque glissant. Ben jura dans sa barbe lorsqu’il se cogna dans une petite pierre qui alla voler Dieu sait où. Au moins, la pénombre leur assurerait de voir le moindre éclat lumineux, que ce soit la sortie ou le clébard, se répétait-il.

« And what about you? What’s your story? And, for God’s sake, why did you come down here? »

Il ne s’arrêta pas pour attendre sa réponse. Il pouvait très bien parler en marchant et plus vite ils seraient dehors, plus vite il pourrait retourner à sa surveillance. Une nouvelle pierre se dessina sous sa plante de pied et cette fois-ci, le chasseur de prime ne put retenir l’expression colorée.

« I swear to God, if… »

Avant qu’il ne puisse finir sa diatribe, sa main trouva du vide à la place du mur et il perdit l’équilibre. Il fut réceptionné par une flaque de boue dans un grand « sploch ». S’il y avait de la lumière, Basile aurait sans doute pu voir le teint légèrement tanné du chasseur devenir écarlate sous le mélange de colère et d’embarras. Benjamin prit une grande inspiration, tentant de garder un semblant de sérénité malgré son état.

« I just washed this shirt… » maugréa-t-il en tentant de se relever. »

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