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| | Jeu 6 Mai - 0:38
Sous tension
@Benjamin Blackship & Roy WalkerLa lumière accentuée du matin auraient pu contraster fortement avec la sombre aura de Roy, si seulement il ne la dissimulait pas aussi aisément. Un sourire paraissant toujours aimable et un regard qui se voulait bienveillant; personne ne soupçonnait qu’une bête sauvage puisse se cacher dans le coeur du barbier. Le commerçant savait très bien jouer le jeu, et il avait su se faire une clientèle plus qu’appréciable. D’ailleurs, si ces quelques souvenirs de son passé ne lui étaient jamais soudainement apparues, il aurait pu se convaincre lui-même de sa bonté.
Debout devant la glace ternie, qui repose contre le mur de son petit logement, il observe son reflet que lui rend péniblement la surface du miroir. Quelques traits tirés traverses sa peau, pourtant toujours propre et bien entretenue. Grimaçant, il passe une brosse faite de poils fins, dans sa chevelure parsemée d’à peine quelques touche d’argent. Puis, faisant fondre un bout de cire entre ses doigts, il vient lisser quelques mèches de cheveux, ainsi que sa moustache parfaitement taillée. Soucieux de son apparence, cette minutie lui est particulièrement utile afin d’exercer son métier. Quand on travaille sur l’apparence d’autrui, n’est-il pas essentiel d’arborer soi-même une image soignée ? Roy en est parfaitement convaincu. De plus, il doit se l’avouer, il adore faire bonne impression. Relevant le menton devant un reflet qui lui plais davantage, il fait un pas vers l’arrière pour passer un coup de main rapide sur son veston qu’il a pris soin de repasser avant de l’enfiler.
Dehors le soleil a tout juste commencé sa course à travers le ciel matinal, découpé par les bâtiments qui se dressent dans la charmante ville de Silverstone. Walker s’y ai trouvé un petit nid, et il semble s’y plaire pour le moment. Du moins, il s'efforce d'y croire. Que pourrait espérer de plus, un amnésique ? Il a déjà beaucoup de chance de ne pas avoir perdu ses facultés motrices. Les souvenirs sont-ils essentiels à sa vie ? Pas forcément. Des contacts, il saura s'en refaire. Il lui faut juste du temps.
Ses bottes claquent sur les marches de l’escalier extérieur qui mènent à la façade du commerce où il se rend sans plus attendre. Une journée de travail l’attend...et pourquoi pas quelques ragots alléchants ? Un sourire cynique se dessine sous les poils parfaitement lissés de sa moustache. Grace aux informations qu’il a obtenu le mois passé, il a pu envoyer une lettre de chantage à l’intention d’une nouvelle victime. Petit stratagème qui s’avère particulièrement payant auprès de ceux qui tiennent à leur réputation. Mari infidèle, femme à la cuisse légère, association douteuse, vol; rien ne lui échappait. Évidemment, il devait faire fit de certaines rumeurs et ne se préoccuper que des plus scandaleuses...après les avoir vérifier, bien évidemment. Quel n’avait pas été son contentement en réalisant qu’il était effectivement tombé sur un fonctionnaire véreux ! Se délectant intérieurement de cette réussite, il commence à préparer soigneusement son matériel.
Assied, faisant doucement glisser la lame d’un rasoir sur le cuir afin de l'aiguiser, le tintement de la clochette attachée à la porte d’entrer attire son attention. Il relève la tête vers celui qui vient de faire son entré. Un gamin, 20 ans à peine. Il porte toutefois des habits très chic et de bon goût. Ce jeune homme, il l’a déjà vu, il en est persuadé. Ses tripes se serrent les unes contre les autres; lui hurlant à tue-tête de se méfier de cet individu qui pourtant semble si inoffensif.
Roy se relève, plaquant un faux sourire sur son visage. Un pistolet est toujours calé dans son dos, entre sa veste et son pantalon. Pourquoi a-t-il donc envie d’y glisser la main ? Il se ressaisit et tâche de se montrer le plus aimable possible. Impossible qu'il l'ait connu dans sa vie d'autrefois, il est bien trop jeune...puis après tout, un client reste un client, non ?
«Bienvenue dans mon salon de barbier, jeune homme.
Un rafraîchissement ?»
Demande-t-il en pointant du menton la légère repousse qui se forme autour de la bouche du nouveau venu. Il tire alors la chaise pour l’inviter à s’y asseoir.
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| | Lun 17 Mai - 7:17
Sous tension
@Benjamin Blackship & @Roy Walker Benjamin dort peu. Depuis la veille de ses 15 ans, le sommeil ne semble pas vouloir de lui. À croire que Morphée avait compris qu’il avait mieux à faire que de s’abandonner aux rêves pour une durée conséquente. Il se souvient pourtant de cette nuit, où un certain hors-la-loi avait partagé sa tente. Il avait dormi comme un loir et, bien qu’il doutait encore de la nécessité de l’exercice, il fallait avouer qu’il était du coup plus frais qu’auparavant. Allongé sur le lit dans l’auberge de la ville, il regarde le plafond à peine éclairé par la lueur de l’aube. Les habitants ne tarderont pas à se lever, et il est enfin temps de sortir de sa torpeur réparatrice.
Le déjeuner avalé et la tenancière saluée, il sort de l’auberge, bien décidé à obtenir des informations rapidement pour retourner au plus vite à Imogen. Un coup d’œil à la montre attachée à son veston lui indique qu’il est beaucoup trop tôt pour visiter le bordel. Une cigarette au bec, il lève un peu les yeux vers la rue et ses passants, à la recherche de ce qu’il pourrait bien faire pour passer le temps. Sa main libre trouve machinalement son menton auquel quelques poils donnent une texture intéressante mais probablement disgracieuse. Ben n’a jamais eu la barbe pleine, des trous sous le coin gauche de sa lèvre et sur la pommette droite rend toute tentative de rejoindre le club très sélect des barbus ridicule. Par chance, les poils existants ne poussent pas vite et le chasseur de primes peut souvent passer une semaine avant que sa pilosité ne devienne un vrai problème. Aujourd’hui, il faut bien avouer que ce qu’il a sous les doigts est trop long. Il lache sa barbe pour plonger sa main dans sa poche, comptant à l’aveugle les pièces qu’il a sur lui. Il écrase son mégot contre la poutre du patio avant de se fondre dans la petite foule.
L’établissement semble désert à cette heure matinale et Ben pousse la porte, s’attendant presque à ce qu’elle soit fermée. La clochette tinte, cependant, et le propriétaire l’accueil avec un sourire. Lui, par contre, ne sourit pas. Une sale habitude qu’il a prise au fil des années. Il retire son chapeau et l’accroche sur le porte manteau à l’entrée. Il se permet d’observer les lieux avant de s’attarder sur l’homme. Une moue appréciative se dessine sur son visage tandis qu’il détaille la décoration. L’homme a du goût et même si Ben est plus habitué à la nature, il doit bien avouer que la pièce est agréable. Finalement, il croise le regard du barbier. Par déformation professionnelle, il analyse ses traits, sa tenue et note l’accent subtilement différent du reste de la populace alentour. Il retire ses gants avant de se toucher la barbe.
« Pour le menton et pour le crâne, oui. »
Il s’approche de la chaise, les mains dans les poches, mais ne s’assoit pas immédiatement. Parce que Benjamin aime lier l’utile au nécessaire et qu’il sait très bien que les établissements de toilette délient les langues. Reste simplement à la jouer fine pour ne pas effaroucher le barbier qui semble déjà un peu tendu.
« Sur les nouvelles de la ville, aussi. Voyez, je viens de débarquer. »
Ce qui est vrai, si on ne compte pas son premier séjour qui date d’au moins un mois, ni le second qui n’avait duré que quelques jours. Il s’intéresse aux différentes pommades qui décorent une petite étagère, près de la chaise, en prend une entre ses mains.
« Avec un établissement aussi beau, vous devez recevoir la crème de Silverstone. »
Il a rencontré deux types de gang organisé dans sa vie: ceux qui connaissent leur place et se contente de pourrir une ville par le bas et ceux qui tentaient de s’infiltrer par le haut, mimant les habitudes des bonnes gens en faisant miroiter leurs billets tachés de sang. La Silvergang est l’une ou l’autre et peut-être que Ben peut découvrir laquelle grâce à l’homme qui lui fait face. Il lui tend la main droite, la gauche tenant toujours le petit pot.
« Benjamin Blackship. »
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